Dictionnaire de théologie catholique/ANNA François

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Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 1.1 : AARON — APOLLINAIREp. 678-679).
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rait communiqué, avec l’impulsion motrice, la faculté de se développer ; les autres, les spermalistes, disent que c’est l’âme du spermatozoïde, dans lequel préexistait également tout l’organisme et qui aurait pris une énergie nouvelle et le pouvoir de s’accroître en se nourrissant de la substance renfermée dans l’ovule. Cf. T. Pesch, Jnstitutiones psychologicse, n. 445, t. il, p. 72. Les partisans de Yépigénèse nient que, dans l’œuf, existe la moindre trace des organes futurs. Pour eux, l’œuf fécondé construit lui-même les organes humains. L’âme qui commence cette œuvre est-elle la résultante de la transformation des deux âmes et des deux substances de l’ovule et du spermatozoïde ? Et alors est-elle une pure âme végétative, ou plutôt une âme déjà animale et sensitive ? La seconde hypothèse serait plus pausible. Est-elle autre chose que la résultante des deux âmes de l’ovule et du spermatozoïde ; est-elle déjà l’âme humaine créée par Dieu au moment de la fécondation et unie à l’œuf fécondé pour y poursuivre l’impulsion vitale qu’elle y trouve ? La chose est possible. — Dans l’état actuel de la question, il semble qu’il n’y ait, ni dans la sainte Écriture, ni dans la tradition, ni dans les documents pontificaux, ni dans la théologie, ni dans la philosophie, ni entin dans la biologie, aucun argument décisif en faveur de l’une des deux animations. La question reste donc libre ; cependant on doit reconnaître que la biologie et les biologistes s’accommodent mieux, de jour en jour, de la théorie de l’animation immédiate.

III. conclusions théologiques.

La question de l’animation intéresse la théologie dogmatique, la théologie morale et la théologie sacramentaire.

La théologie dogmatique étudie les mystères de la conception de Notre -Seigneur et de celle de Marie. — 1. Au sujet de la première de ces conceptions, elle enseigne que l’âme humaine du Christ a été créée par Dieu et unie hypostatiquement au Verbe, dès l’instant même de la conception. Les partisans de l’animation médiate sont obligés de recourir à de nombreux miracles pour expliquer la prise de possession anticipée d’un corps dans le sein de Marie par l’âme humaine du Christ. Cf. Suarez, In Il Impartent, q.vi, disp. VI, Paris, 1866, t. xvii, p. 271 ; q. xxxmi, disp. XI, sect. I, Paris, 1866, t. XIX, p. 180. Les partisans de l’animation immédiate restreignent l’intervention de l’Esprit-Saint dans l’ordre physiologique à l’œuvre d’une fécondation miraculeuse faite par le Tout-Puissant. A partir de cet instant l’âme du Christ est apparue et a organisé le corps adorable de l’Homme-Dieu, suivant les lois communes à toute génération humaine. — 2. Au sujet de la conception immaculée de Marie, les théologiens attestent : a) que la puissance de procréer ayant été donnée miraculeusement à sainte Anne jusque-là stérile, la conception de Marie se fil suivant les lois ordinaires ;  ! >) ce que l’Église célèbre, sous le titre d’Immaculée Conception, c’est la sainteté surnaturelle de l’âme de Marie et sa préservation du péché originel, au moment précis où cette âme fut créée par Dieu et unie à son corps virginal ; c) quoique l’Église célèbre ce mystère le 8 décembre, cependant elle n’a jamais voulu délinir par là que l’âme de Marie ait été créée et unie au corps au moment même de l’acte de la fécondation.

La théologie morale s’occupe de l’animation au sujet de l’avortement. Quoi qu’il en soit de la législation ancienne sur ce point, cf. Salmanticenses, tr. XIII, De viliis et peccalis, disp. X, dub. vi, n. 225, Paris, 1877, p. 391 ; Diana, Résolut, moral., part. VII, tr. V, De aborlu, résolut. 6, Venise, 1652 ; la constitution Aposlollcie Sedis, c. ni, § 2, frappe d’excommunication tous ceux — sauf la mère — qui intentionnellement provoquent l’avortement de quelque fœtus vivant que ce soit. La distinction entre le fœtus formé et le fœtus informe n’existe plus. La suppression voulue de l’un comme de l’autre l’ait encourir la même peine. Cf. Gury, Compendium t/ieol. moralis, De præceplis decalogi, n. 402 ; Lehmkubl, Theologia moralis, t. il, n. 970.

La théologie sacramentaire envisage le problème de l’animation relativement au baptême. Quand un fijetus est mis au jour prématurément, doit-on le baptiser toujours ? ou faut-il ne le baptiser que s’il aalleint un certain degré de développement ? Quelque opinion que l’on suive par rapport à l’époque de l’animation, le doute doit profiter à l’âme, et la solution la plus sûre doit être admise. Par conséquent le fœtus, pourvu qu’il soit vivant, sera baptisé sous condition à n’importe quelle période de son développement.

Outre les auteurs cités dans le corps de l’article, consulter Aristote, De anima, et ses commentateurs sur ce livre et sur le De generatione animalium, l. II, c. iv ; spécialement j. Dandini. De cor pore animato libri VII, seu in Aristotelis très de anima libros commentarius peripateticus, l. II, Cesène, 1651 ; Jean Philoponos, De anima, ad text., 1Il et XXIV, Vienne, -1536 ; Galien, De formatione fœtus, Bàle, 1529 ; Alexandre de Halès, Summa, part. II, q. lxii, ræmbr. ii, Venise, 1575, t. n ; Albertle Grand, Summu de homine, q. vi et vii, Lyon, 1651, t. xix ; S. Bnnaventure, /n IV Sent., l. II, dist. XXXI, a. 1, q. i, Quaracchi, 1885, t. Il ; Cosmas Alamannus, Summa philosophix exvariis libris D. Thomæ Aquinatis, Physicae III pars, q. lxxxix, a. 2, édit. Ehrle, Paris, 18’JO, t. n.sect. iv ; Goudin, Phitosophia thoi istica, Physicae IV pars, disp. unica, q. I, a. 3, 1° conclusio, ad 2°, Civitta-Vecchia, 1859, t. III, p. 362 ; Nouvelle revue théologique, 1879, t. xi, p. 164, De animatiune fœtus ; Palmeri, Instituliones philosophiez, Anthropologia, c. iii, th. xvii, Rome, 1875 ; t. n ; Zigliara, Summa philosophica, Psychologia, l. II, c. H, a. 3, n. 9, 10, Rome, 1886, t. il, p. 165, 166 ; Tongorg, Inslitutiones philosophicæ, Psychologia, n. 213, Bruxelle*s, 1869, t. iii, p. 109 ; Zeph. Gonzalès, Philosophia elementaris, 1868, 1. 1, p. 479 ; La Scicnza italiana, an. III, 1878, t. i, p. 347 ; an. I, t. ii, p. 338 ; an. III, t. I, p. 227 ; Debreyne, Physiologie catholique et philosophique, Paris, 1872, p. 291 ; P. Hilaire de Paris, Notre-Dame de Lourdes et l’Immaculée Conception, Dissertation sur le moment de la création des âmes, Lyon, 1880 ; S. Alphonse de Liguori, Theologia moralis, l. III, tr. IV, c. I, dub. iv, n. 394 sq. ; Revue des sciences ecclésiastiques, janvier 1870, Étude sur l’animation du fœtus, par le docteur Dunot de Saint-Maclou ; D. Mercier, La psychologie, IIP part., c. H, n. 244, 5’édit., Louvain, 1899, p. 540 sq. ; P. Hertwig, Traité d’embryologie, trad. Julin, Paris, 1891, I" part, c. i-vu ; W. Preyer, Plnjsiologie spéciale de l’embryon, trad. Wiet, Paris, 1887, IX’part, et append. i-h ; H. Lebrun, La reproduction, dans Revue néo-scolastique, février et mai 1899, février 1900, Louvain ; Edm. Perrier, La philosophie zoologique avant Darwin, Paris, 1884, c. xviii-xix.

A. CHOLLET.



ANIMISME, voir Vital (Principe).



1. ANNAT François, jésuite français, né à Estaing (Aveyron), le 5 février 1590, admis dans la Compagnie le 16 février 1607, professa la philosophie et la théologie à Toulouse, fut recteur des collèges de Montpellier et de Toulouse, devint assistant de France (1618-1652), provincial, confesseur de Louis XIV en 1654-1670 ; il mourut à Paris le 14 juin 1670. Dès 1644, il commença à publier ses nombreux ouvrages qui sont, presque tous, de controverse contre les jansénistes, dont il fut l’adversaire déclaré. Des polémiques très vives s’ensuivirent. — Scientia média contra novos-ejus impugnatores defensa, in-4o, Toulouse, 1615. La faculté de théologie de Toulouse le censura, le 1° mai 1645, et le Père Charles de l’Assomption (de Bryas), carme, publia contre lui : Scientia média ad examen revocata, in-8o, Douai, 1670. Le Père Ant. de la Loubère, S. J., défendit son confrère contre la censure de Toulouse, et le Père Annat se justifia dans Solutio quæstionistheologiciB, liistoricæ etjuris ponti/icii, quæ fuerit mens concilii Tridenlini circa gratiam ef/icæem et scientiam mediam, in-4o, 164-5 ; — Catholica disceptatio deEcclesia præsenlis lemporis, in-4o, Paris, 1650, contre le Père Gibieuf, de l’Oratoire ; —De incoacta libertate, in-4o, 1652 ; — Augustin/us a Baianis vindicatus, in-4o, Paris, 1652 ; — Informatio de guinque propositionibus ex Jansenii t/trologia collcrtis, qnas episcopi (lalli ; r Romano Pontifici ad censurant obtulere, in-4o, Paris, 1653 ; Ainauld et Nicole répondirent à cet ouvrage ; — Jansenius a thomistis gratiæ per seipsam efficads defensoribus condemnatus, in-4o, Paris, 1653 ; Noël de la Lane critiqua ce traité ; — Cavilli J ansenianorum contra latam in ipsos a Sede apostolica sententiam, in-4o, Paris, 1654. Il fut traduit en français et de la Lane l’attaqua. — Il serait trop long de citer tous les autres ouvrages publiés par le Père Annat en français, contre les jansénistes ; le plus considérable est La conduite de l’Église et du roi justifiée dans la condamnation de l’hérésie des jansénistes, in-4o, Paris, 1664. En 1661, il prit part à une polémique qui fut provoquée par une thèse sur l’infaillibilité du pape, soutenue le 12 décembre 1661 par le Père Jacques Coret, S. J., au collège des jésuites de Paris. Tous les tenants du gallicanisme s’élevèrent contre elle avec fureur. Le Père Annat ne put les convaincre par son Expositio theseos. Arnauld et Nicole se distinguèrent parmi ses adversaires. L’ouvrage le plus important laissé par le jésuite est Opuscida theologica ad gratiam speclantia, 3 vol. in-4o, Paris, 1666, où sont insérés quelques-uns des traités cités plus haut.

De Backer et Sommervogel, Bibl. de la C" de Jésus, t. I, col. 399-410 ; t. viii, col. 1658-1659.

C. Sommervogel.

2. ANNAT Pierre, né en 1638, mort en 1715, est le neveu du précédent. A l’exemple de son oncle, Pierre professa la philosophie à Toulouse, et s’adonna spécialement à l’étude de la théologie positive pour laquelle il composa une vaste introduction sous le nom d’Apparatus ad positivant theologiani methodicus, 2 vol. in-4o, Paris, 1700, 1705 ; Venise, 1717, 1725, 1744, 1766, 1775 ; Bamberg, 1755. Ces nombreuses éditions attestent suffisamment la valeur de l’ouvrage, bien que plusieurs de ses opinions quelque peu hasardées l’aient fait condamner par le Saint-Office le 31 janvier 1713 ; mais l’ouvrage corrigé fut autorisé par décret du 3 octobre 1714. Il se divise en 7 livres ainsi disposés : 1° nature propre de la théologie positive et de la théologie scolastique ; 2° Écriture sainte ; 3° tradition ; 4° principaux Pères de l’Église ; 5° conciles ; 6° constitutions papales et décisions de l’Église ; 7° hérésies, et, par manière d’épilogue, une dissertation détaillée sur le collège des cardinaux. L’auteur de V Apparatus était supérieur général de la congrégation de la doctrine chrétienne.

Feller, Biographie universelle, Paris, 18’15, t. III, p. Il ; Michaud, Biographie univers, anc. et mod., Paris, 1811, t. ii, p. 189 ; Glaire, Dicl. des sciences ecclésiast., Paris, 1868, t. i, p. 108 ; Hurler, Nomenclator Literarius, Inspruck, 1892 sq., t. ii, col. 710.

C. Toussaint.


ANNEGARN Joseph, né à Ostbevern, le 12 octobre 1794, professeur d’histoire ecclésiastique au lycée de Braunsberg, mort le 8 juillet 1 8 i 3. On a de lui, entre autres ouvrages, Handbuch der Patrologie, Munster, 1839.

Hurter, Nomenclator literarius, 3’édit., Inspruck, 1895, t. III, col. 1046.

A. Vacant.

ANNIBAL DES ANNIBALDI. Né à Borne, de la famille sénatoriale de ce nom. Entra dans l’ordre des frères prêcheurs, fut l’auditeur’de saint Thomas d’Aquin à Paris, y reçut la licence (1258) et la maîtrise en théologie. Peu après, maître du Sacré-Palais, cardinal du titre des Douze-Apôtres (décembre 1262), il mourut à Orviéto en 1272. Il fut lié d’une étroite amitié avec saint Thomas qui lui dédia les trois dernières parties de son exposition des quatre Évangiles d’après les Pères (Chaîne dorée). On a d’Annibal un commentaire sur les quatre livres des Sentences, longtemps attribué, à tort, à saint Thomas d’Aquin, parce qu’il est presque un résumé de l’ouvrage de ce dernier sur Pierre Lombard. Il a eu, grâce à cette confusion, un assez grand nombre d’éditions, et se trouve plusieurs fois parmi les œuvres complètes de saint Thomas. La première édition est de Bàle, 1192. Il est placé dans le t. xvii de l’édition romaine, 1570, et dans le t. xxx de l’édition Fretté, Paris, 1889.

Quétif-Echard, Scriptores ordinis prxdicatorum, t. i, p. 261 ; Hurter, Nomenclator literarius, t. iv, col. 255 ; Gregorovius, Geschichle der Stinlt Boni, Stuttgart, t. v (1865), p. 155 sq. ; Eubel, Hicrarcliia caiholica, t. i, p. 8 ; Potthast, Begesia pontiftcum romanorum, p. 1541, 1649.

P. MANDONNET.


ANNIBALE (d’) Joseph, cardinal, né le 22 septembre 1815 à Borbona, diocèse de Bieti, fut professeur au séminaire de Bieti et conquit dans cette charge, par son enseignement et ses publications, la réputation d’un théologien consommé. Il devint ensuite vicaire général de Bieti, mais ne resta que peu d’années dans ce nouveau poste. Il fut préconisé évêque titulaire de Cariste par Léon XIII, le 12 août 1881, et nommé en même temps assesseur de la S. C. du Saint-Office. Enlin, il fut créé cardinal-prêtre du titre des Saints-Boniface et Alexis, dans le consistoire du Il février 1889. Le souverain pontife, dans son allocution consistoriale, rendait au nouveau cardinal ce témoignage particulièrement élogieux : « Il est illustre par son intégrité, sa modestie et la richesse de sa doctrine. » Univers, 15 février 1889. Le cardinal d’Annibale fut préfet de la S. C. des Indulgences. Il mourut à Borbona, sa ville natale, le 18 juillet 1892. On a de lui une théologie morale publiée sous ce titre : Summula iheologise moralis, 3 vol. in-8o, Milan, 1881-1883. C’est un résumé substantiel des leçons que l’auteur professait au séminaire de Bieti. L’ouvrage est divisé en trois parties : 1° Prolégomènes ou traités généraux de la théologie morale ; — 2° Devoirs de droit naturel, communs à tous les hommes ; — 3° Devoirs particuliers aux chrétiens, touchant les choses saintes et religieuses, comme les sacrements, les fêtes, etc. Dans ce cadre, toutes les questions de morale ont trouvé place ; toutes ont une solution concise, mais nettement formulée et appuyée sur les meilleures autorités. Les notes occupent dans l’ouvrage plus de place que le texte et renferment, avec dés citations bien choisies, d’utiles références bibliographiques. Le cardinal d’Annibale écrivit aussi un Commentaire de la constitution « Apostolicse Sedis », Bieti, 1880. Ce commentaire est apprécié et a été mis à profit par la plupart des auteurs plus récents, théologiens et canonistes,

Hurter, Nomenclator literarius recentioris Iheologix catholicx, Inspruck, 1892 sq., t. iii, col. 1448.

A. Beuc.net.


ANOMEENS, secte d’ariens dont la caractéristique était le radicalisme et l’intransigeance de leurs assertions hérétiques ; aussi formèrent-ils comme l’extrême gauche du parti. Leur nom vient du mot grec àvôu.oioç, dissemblable, dont ils se servaient à l’égard de Dieu le Fils, par opposition à l’ôu-Doûa-toç des orthodoxes, à l’ipotoûs’ioç des semi-ariens, et même à l’6’u.oioç trop accentué de certains ariens plus politiques et moins intransigeants, comme Acace de Césarée et ses amis. On les appelait aussi aétiens et eunomiens, de leurs deux coryphées, Aétius et Eunomius. Les appellations d’exoucoutiens et d’hétérousiens, par lesquelles on les désigne encore, ne leur étaient pas propres, mais communes avec tous les partisans de l’arianisme strict, qui soutenaient que le Fils avait été tiré du néantt ï ovx ovtwv, et qu’il était d’une autre substance que le Père, éTepoo-jucoc. —
I. Histoire.
II. Doctrine.

I. Histoire.

Au début, les anoméens n’ont pas d’autre histoire que celle de leurs chefs, Aétius et Eunomius. Quand, sous l’empereur Constance, la division se mit parmi les adversaires de la foi de Nicée, ils firent cause commune avec les autres ariens, tant qu’il s’agit seulement d’affirmer la supériorité du Père sur le Fils ou de rejeter 1’ôu.oo-jtio ; et l’ô|j.oto’j(Ttoç, comme au troisième synode de Sirmium en 357 et au synode tenu à Anlioche l’année suivante, sous l’évêque arien Eudoxe.