Dictionnaire de théologie catholique/CANADA. Protestantisme

La bibliothèque libre.
Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 2.2 : CAJETAN - CISTERCIENSp. 93-98).

II. CANADA. Protestantisme. — Après quelques mots sur le protestantisme au Canada avant la conquête de ce pays par l’Angleterre (1763), nous résumerons l’histoire des principales sectes, nous ferons enfin connaître l’état actuel des sectes.

I. Avant la conquête.

Le premier protestant dont le nom a été conservé dans les annales du Canada, c’est le calviniste Chauvin. Henri IV lui avait octroyé le privilège exclusif du trafic des fourrures en ce pays, à condition qu’il y donnât commencement à une colonie. Mais il n’en fit rien. Champlain, Mémoires, 1640, 1. 1, c. vi, p.3338. Quatre ans plus tard (1603), Pierre Dugas, sieur de Monts, calviniste lui aussi, se mit à la tête d’une association et obtint le monopole du commerce des pelleteries. Il fonda Port-Royal (aujourd’hui Annapolis, Nouvelle-Ecosse ) ; mais cet établissement périclita, échoua même d’abord, par suite des divisions entre catholiques et huguenots. Faillon, Histoire de la colonie française en Canada, t. i, p. 89. Lorsque, quinze ans après, les récollets introduits par Champlain s’appliquent à convertir les sauvages, leur zèle est contrarié et leurs efforts mis en échec par l’hostilité, à peine palliée, des calvinistes nombreux que la Compagnie des marchands compte parmi ses chefs et ses agents. Leclerc, Premier établissement de la foi, t. I, passim ; Sagard, Histoire du Canada, et voyages que les frères mineurs réeollets y ont faits pour la conversion des infidèles, etc., réimprimé par Tross, Paris, 1866. Les frères de Cæn, préposés à la seconde Compagnie des marchands, sont huguenots et suscitent de telles difficultés aux catholiques et à L’évangélisation des Indiens, que les colons, réunis en assemblée générale à Québec (1621), demandent au gouvernement français l’exclusion des réformés du Canada. Faillon, op. cit., t. I, p. 196. En 1628, David Kertk, Dieppois, protestant au service de l’Angleterre contre sa patrie, s’empare de Port-Royal au nom de Charles I er et laisse là quelques familles protestantes. Ferland, Cours d’histoire du Canada, 1. 1, p. 246. L’année suivante, il prend Québec (1629) par la trahison d’un autre huguenot français ; et le Canada reste trois ans aux mains de l’Angleterre,

A dater de 1632 jusqu’au traité d’Utrecht (17131 qui céda l’Acadie aux Anglais, il n’est plus question de protestants au Canada. L’invasion réformiste se produisit surtout après la conquête, comme on va le voir en suivant les progrès de chaque secte en particulier.

II. Histoire des principales sectes.

1° Anglicans.

— Les anglicans font remonter le plus haut possible leur prise de possession de la terre canadienne. Fntre 1729 et 1738, ils signalent un maître d’école qui instruit quelques familles à Annapolis ; de 1736 à 1743 un second s’installe à Canso (Cap-Rreton) aux frais de la S. P. C. (Société de propagande chrétienne). Fn 1749, lord Cornwallis fonde Halifax, qui devient pour plusieurs années le centre anglican du pays. Cinq ans après la capitulation de Montréal (1760), le lïas-Canada ne comptait encore, an rapport de Murray lui-même, que 19 familles anglicanes et un seul ministre. Le nombre dis anglicans était fort petit, quand la conclusion de la guerre de l’indépendance américaine lit affluer sur le territoire canadien les protestants fidèles à la couronne d’Angleterre ou loyalistes. Leur Ilot se déversa sur le Haut-Canada, on 10000 se fixèrent, et sur les provinces maritimes, alors connues *ni< le nom de Nouvclle-Lcosse, où ils vinrent au nombre de 29U00. La 1 197

CANADA PR0TESTAN1 ISM l

1498

province de Québec fut m peu près exempte : en 1784 in. us n trouvoni qu un seul ministre.

En 1787 l’ut érigé le premier évéché. Le titulaire lu fixé à Halifax avait juridiction sur toul le Canada. L’année suivante, lord Dorchester divisa le Haut-Canada en l district

  • , et, en 1789, - tinl à Qui bi c la premii re

de M licane. Vers ce temps, le ministre des

colonies, pressé par le gouvernement, par la Société de propa aussi par les colons d’outre-mer, s’ai

à l’étrange projet di a ni r au protestantisme tous les Canadiens - I donne au gouverneur des ordres

.n conséquence. Pours’3 conformer et réussir, celui-ci lit venir des pasteurs de langue française, Suisses pour la plupart, et leur assigna un poste. Mais rejetés ; ’t la fois des anglicans et des catholiques, ces ministres échouèrent .t. avec eux, le projet.

Kn lT’.tl. le Canada, en vertu d’une constitution nouvelle, fut divisé en deux parties : le lias-Canada ou province de Québec et le Haut-Canada ou province d’Ontario. Par un article spécial, sous le nom de Clergy reserves act, on réserva un septième du territoire, soit 2500000 acres, pour les besoins du clergé protestant. Cette concession fut plus tard (1840) l’objet de graves discussions parlementaires.

En 1793 fut créé l’évêché anglican de Québec. Sa juridiction s’étendait aux deux Canadas. Le titulaire, Jacob.Mountain, l’occupa jusqu’en 1826. Il fut mêlé (dus ou moins directement aux luttes qu’eut à soutenir l’Église catholique contre le protestantisme au début du xixe siècle. En 1800, nous le voyons à la tête de l’Institution royale, société formée en apparence pour encourager l’instruction du peuple, mais destinée en réalité à faciliter l’anglification du pays. Les membres en étaient tous protestants : le lord-évêque en avait la présidence ; si bien que l’instruction publique dans une province toute catholique se trouva dans des mains protestantes. Il fit également partie de ce groupe d’hommes fanatiques qui, sous le gouverneur Craig (1801-1811), s’employèrent avec acharnement à substituer la hiérarchie protestante au clergé catholique. Cf. Garneau, Bist. du Canada, t. XIII, C Il, t. III, p. 108 ; et plus haut, col. 1468. Cependant les anglicans augmentaient par l’émigration. En 1814, l’Ontario en comptait 70000 avec 5 ministres, lui 1817, la population anglicane des provinces maritimes était desservie par 23 pasteurs et instruite par 28 maîtres d’école. Quand mourut Jacob Mountain en 1825, 60 ministres étaient employés dans le Bas-Canada. Son successeur, Stewart, trouva 5000 anglicans fixés à Québec même. Sous lui (1830) se forma la Société pour convertir et civiliser les Indiens du Haut-Canada, dénomination qui suffit à en indiquer le but principal el à laquelle on ajouta bientôt et de propager l’Evangile parmi les pauvres colons [settlers).

En 1840, la question des réserves du clergé protestant, dont nous avons parlé plus haut, reçut une solution. Depuis 1817 elle faisait chaque année le sujet d’ardents débats devant la Chambre. Le parlement de Londres arrêta qu’une moitié des terres réservées au clergé protestant par l’acte de 1701 ferait retour au domaine public et que l’autre moitié sérail remise pour les deux tiers à l’Église anglicane et p. muun tiers à l’Église presbytérienne. Plus tard, en 1853 et 1854, le parlement, d’accord

avec la Chambre Canadienne, affecta les terrains concédés à ces Eglises aux corporations municipales et accorda en compensation 1 103405 dollars à l’Église d’Angleterre il 509703 à elle d’Ecosse.

A partir de 1840 les fondations se multiplient. Renvoyanl pour les établissements de haute éducation an

tableau plan plus loin, noiiiinuiiici la Société eeclé siastique [Church Society) (1849. destinée i assurer la prospérité’financière des diocèses où elle est établie.

En 1839 avait été érigé le diocèse de rerre-Neuve ; m 1840 fut crée celui de Fredericton pour le Nouveau 1850 celui de Montréal. L’ann

dente 18’é->. un évi eni a tu le non

de Rupert Ru| lit tout le

Nord < luest canadien.

L’année 1851 vit les sept évêques angli mir

en vue de préparer un synodi ayant pour but 1 établi ment dune Eglise colonial.- a.. aisme.

L’année suivante, tou oies

britanniques te réunissaient.n An pour déli bi n r sur l’opportunité d’organi indépen dantes de la métropole. Un bill présenté dan aux Communes par Gladstone fut rejeté. Néanmoins, avec l’autorisation de la Chambre canadienne, cans purent s’assembler en synode général

Avec l’accroissement de la population se fait sentir le besoin de diocèses nouveaux ; et l’on en b Lon don et de Huron (1857), d’Ontario 1861. de M

Saskatchewan, de Qu’Appelle et de Calgarv (U d’Algoma 1874. d’HamUton 1871

En 1800, Montréal reçut le titre de métropole. L’octroi titre comme la nomination aux sièges épjscopaux étaient des privilèges de la couronne. Le svnode canadien résolut de s’émanciper et il élut en 1863 VV. Williams évéque de Québec. Ce personnage, entrant dans les dispositions d’esprit de ses électeurs, acheva l’émancipation commencée, en se passant du concours de l’Angleterre. et pour procurer des ressources a l’anglicanisme canadien et pour lui recruter des ministres. Des lors, la dignité de métropolitain devint élective. Le siège de Montréal la conserva sous les évéques Fulford et Ox.-nden (18(50-1879). Mais après, elle passa au siège de Fredericton (Xouveau-Brunswick 1. Eli nue à Montréal depuis 1901, année où Pévêque anglican de cette ville a reçu le titre d’archevêque.

Signalons encore, en IS71. laparticipation au synode général des anglicans des provinces maritimes qui jusque-là s’étaient tenus à l’écart ; en 188 : $, la création de la g Société des missions domestiques et étrangères » qui, aidée par une association de i - appelée Womun’t auxiliary, réunit annuellement 2a0000 francs, somme qui permet d’entretenir des missionnaires au Japon, en Chine, aux Indes, en Afrique et même en Palestine.

Aujourd’hui les anglicans comptent au Canada 2 archevêques, celui de Bupert’s Land qui a le titre de primat de tout le Canada, et celui de Montréal qui est métropolitain, 20 évêques et environ 1 150 ministres. Leur nombre s’élève à 680346.

Les doctrines et l’organisation de l’anglicanisme au Canada sont les mêmes qu’en Angleterre. Ici comme là-bas il se divise en trois branches : la llaute-l. i//i ; //i Church), la Basse-Églis - (broad) : aussi n’v insistons-nous pas. Voir Anglicanisme. 2 1 Presbytériens. — On ne saurait compter comme ancêtres des presbytériens actuels du Canada, ni les huguenots du début du xvii> siècle, ni le groupe protestant fort mêlé’qui s’établit (1750) près d’Halifax. DOUT v être aux mains des gouverneurs de ce pays un instrument de vexation contre Ks Acadiens. Les premiers vinrent d’Ecosse et se fixèrent à Truro MT’.'ô el a l’iclou (1796) dans la Nouvelle-Ecosse. Deux autres groupes s’étaient arrêtés, l’un à Montréal, l’autre à Québec. 11 faut arriver en 1817 pour trouver un svnode établi, c*lui de la NoUVelle-ÉCOSSe. Il compte alors 42(*lO.’m.

19 ministres. L’année suivante (1818 fut érigé le i bytère des Canadas qui devint plus tard le Synode uni du Haut-Canada. Les presbytériens étaient alors tout 89(.hki et avaient ôl ministres.

Il serait difficile de suivre dans leurs divisions et dans leurs unions successives les’riennes ;

disons seulement que toutes lescissions qui se produisent en Ecosse donnent naissance à de semblables .m Canada. L’Église établie d’Écoi affiliations

sur la terre canadienne et l’Église séparée a aussi les

siennes. Lorsqu’en 1843 se forme en Ecosse la libre Église protestante d’Ecosse (Free protesting Church), qui se sépare de l’Église établie dont elle condamne la servilité à l’égard de l’autorité civile, aussitôt la même division éclate parmi les presbytériens des provinces maritimes, et tandis qu’au Nouveau-Brunswick la majorité reste fidèle à l’Église établie, dans la Nouvelle-Ecosse elle se rallie à l’Eglise libre ; dans Ontario, sur 68 ministres, 23 se prononcent pour l’Église libre. En 1844, il y avait au Canada 265000 presbytériens et 185 ministres.

Entre 1845 et 1875 un mouvement de rapprochement se produit entre les divers rameaux presbytériens. Dans les provinces maritimes toutes les sectes affiliées à l’Église d’Ecosse s’unissent entre elles, vers 1808, tandis que les rameaux de l’Église libre s’allient avec les autres dissidents. Un mouvement semblable se dessine dans Ontario, et aboutit en 1861 à l’organisation du synode de l’Église canadienne presbytérienne.

Enfin en 1875 presque toutes les Églises presbytériennes Concluent une union générale. Pour arriver à cette entente, elles ont dû s’arrêter à des points admis par tous et rédigés en trois articles qui forment la base de leur union. Les voici : 1° les Écritures de l’Ancien et du Nouveau Testament étant la parole de Dieu sont la seule règle infaillible de la foi et des mœurs ; 2° la Confession de foi de Westminster constituera la règle de subordination de cette Église ; le grand et le petit catéchismes seront adoptés par l’Église et désignés pour servir à l’instruction du peuple. Il est bien entendu que rien de ce qui est contenu dans les susdits confession et catéchisme touchant l’autorité civile ne sera regardé comme sanctionnant aucun principe ou opinion en désaccord avec la pleine liberté de conscience en matière religieuse ; 3° le gouvernement et le culte de cette Église seront conformes aux principes et à la pratique reconnus dans l’Église presbytérienne, ainsi que le porte la « Eorme du gouvernement de l’Église presbytérienne » et le « Directoire du culte public de Dieu ». On le voit, cette base est assez large pour prêter à une union extérieure qui n’exclut presque aucune division de croyances. Depuis, les presbytériens du Dominion ont augmenté d’année en année. En 1897 ils étaient 800000 et avaient 1 179 ministres. Aujourd’hui ils sont 850000 et comptent i 300 ministres, répartis dans 6 synodes. Ils ont des missions aux Nouvelles-Hébrides, à la Trinité, en Corée, aux Indes et en Chine.

Méthodistes.

La secte des méthodistes compte un peu plus d’un siècle au Canada, et déjà, parmi les sectes protestantes, elle est devenue la plus nombreuse (017000). Elle apparut d’abord dans les provinces maritimes vers 1779. Quelques familles l’apportaient d’Angleterre. Ellese recruta parmi les soldats nombreux qu’entretenait le gouvernement dans la Nouvelle-Ecosse et bientôt parmi les loyalistes, si bien qu’à la mort de John VVestey (1791) elle avait trois foyers dans la Nouvclle-Écosse.

Jusqu’en 1828, le nrv’thodisme au Canada vécut sous la tutelle des conférences méthodistes des Etats-Unis et sous la forme épiscopalienne que Westey avait cru devoir adopter pour l’Amérique, lies 1794, la Conférence île NewYork lit du Canada un district particulier relevant d’elle. En I8K), elle en érigea deux : Haut-Canada el Bas-Canada. Les méthodistes n’étaient alors que 2863. La gui rre de 181-2 ayanl éclaté, les citoyens américains des États-Unis reçurent des autorités anglaises l’ordre de repasser la frontière : parmi eux la plupart des ministres méthodistes. Les divisions politiques ameim ren en 1824, l’eiection d’uni’Conférence canadienne ;

t. quatre ans plus tard, 1828, l’organisation du méthodisme canadien en Église distincte.

Néanmoins, les attaques contre la secte nouvi Ile

ient nombreusi Les anglicans, l’évéque Strachan

en tête les accusaient de sympathie pour la république

américaine contre l’Angleterre et leur disputaient dans l’Assemblée législative le droit de célébrer les mariages, de posséder des immeubles pour leurs réunions, refusant de reconnaître leur existence légale. Sous ces inlluences et sous d’autres, les méthodistes, au moins en très grande quantité, s’agrégèrent à la Conférence britannique (1834) et en acceptèrent la forme presbytérienne ; tandis qu’un fragment, tout en se proclamant indépendant des États-Unis, préféra garder la forme épiscopalienne.

Depuis, les méthodistes sont allés se multipliant surtout dans la province d’Ontario, où ils sont près de 700000 sur 917 000 dans tout le Canada. Leurs sectes sont nombreuses. Nommons la secte westeyenne, organisée par Elder Ryan en 1829. Séparée de la Conférence d’Angleterre en 1840, unie de nouveau en 1847 ; accrue en 1854 et 1874 de plusieurs autres sectes, elle porte aussi aujourd’hui le nom d’Église méthodiste du Canada et compte un nombre d’adhérents de beaucoup plus considérable que celui des autres sectes. Nommons encore l’Église méthodiste épiscopalienne, l’Église primitive méthodiste, enfin l’Église libre méthodiste et L’Église chrétienne de la Bible.

Les doctrines des méthodistes n’ont rien de particulier au Canada. Elles sont celles de Westey sur la justification, le témoignage de l’Esprit et la sanctification.

Ils ont plus de 1 900 ministres répartis entre les 8 conférences que renferme le Dominion. Ils tiennent une conférence générale tous les 4 ans dans un lieu déterminé à l’avance. Les délégués sont des ministres el des laïques en nombre égal. Les élus ont plein pouvoir ; cependant ils doivent respecter les points suivants : 1° ne changer, ni altérer aucun article de religion, ni établir aucune règle nouvelle de doctrine contraire à ce qui est actuellement établi ; 2° ne point toucher au système de l’amovibilité des ministres ; 3° ne rien changer aux règles de la société qu’aux trois quarts des voix ; ne rien changer à la base de l’union en ce qui regarde la constitution, les droits et privilèges des ministres et des laïques qu’aux trois quarts des suffrages. Outre cette conférence générale, il en est de particulières et annuelles qui s’assemblent dans chaque division territoriale, appelée conférence. Il y a de plus les assemblées de districts ; et encore, des comités, des sociétés, soit pour aviser aux nominations, soit pour fixer les émoluments, soit enfin pour promouvoir l’extension de la secte et de ses œuvres.

4° Baplist.es. — Leur centre est dans les provinces maritimes où leur nombre atteint 13O0C0 ; alors qu’ils ne sont que 116 000 dans Ontario. Ils paraissent être venus au Canada de l’Ile de Jersey vers 1700. Us se propagèrent lentement. En 1774 ils avaient 4 temples dans ces contrées. En 1800 se forma leur première association. Ils en eurent deux en 1821, l’une pour la Nouvelle-Ecosse, l’autre pour le Nouveau-Brunswick. Plus tard (1847), cette dernière province se divisa en deux associations, l’une pour l’Est, l’autre pour l’Ouest ; et la Nouvelle-Ecosse en trois : l’Est, le Centre et l’Ouest. En IS97, les baptistes avaient 405 temples dans les provinces maritimes et 496 dans le reste du Canada. Dans la province de Québec, ils n’ont jamais pu s’implanter profondément ; et le recensement de 1901 indique qu’ils n’y sont qu’au nombre de 8 480.

III. ÉTAT Ai. M il. DES SECTES. — A ces seeles protestantes, les principales au Canada, s’en ajoutent un grand nombre d’autres moins importantes : luthériens, COngrégationalisteS, disciples du Christ, frères unis dans

le Christ, adveniisies, quakers, universalistes, unitariens et d’autres encore. Toutes ces sectes prises ensemble forment à peu près les 58 100 de la population Canadienne ; les catholiques seuls en lui nient les 42, 1U0.

1501

>.l> PROTESTANTISME) TABLEAU GÉNÉRAL

Nous avons ajouté les juifs et les non spécifiés à ce tableau afin de donner une idée complète de l’état actuel de la population au point de vue religieux. A ce tableau joignons celui de la province de Québec, qui intéresse particulièrement la France, puisqu’elle est habitée surtout par les Canadiens français.

distinction d’origine, seraient éduqués dans les écoles publiques. Cf. C. Derouet, La nationalité française en Acadie, dans Le correspondant, septembre 1888. Même chose est arrivée au Manitoba (1890), où une Chambre

inspirée par le fanatisme a supprimé du rnème coup, en dépit de la constitution de culte province, la lai

DATES.

POPULATION TOTALE.

    1. CATHOLIQUES##


CATHOLIQUES.

PROTESTANTS

NOMS.

1891

1901

1831 1844

1851 1861 1891 1901

511000

681763

886356

1110664

1488535

1 658 898

425 000 572 600 746866 942 724 1 291 709 1 429 260

86 000 109163 139 490 167 940 196 826 229 638

Anglicans

52 673

39 544

7981

4296

11 275

81563 58013 42 014 8480 5173 14 771

Méthodistes

Ecoles.

L’instruction primaire est distribuée dans les public schooïs (écoles publiques), qui dépendent d’une commission scolaire, choisie par la municipalité. Dans la province de Québec, les protestants bien qu’en minorité reçoivent une partie des taxes pour le soutien de leurs écoles. Dans les provinces où la majorité est protestante, les autorités n’ont pas la même courtoisie’envers la minorité catholique, lui 1864, un député du Bas-Canada proposa que la minorité catholique <hi Haut-Canada fût mise sur le même pied, quant à V éducation, que la minorité protestante du Bas-Canada. Cette proposition si juste a toujours été rejeter. Le Haut-Canada se retranche derrière les nécessités de son système d’éducation, dont l’unité serait brisée, assure-t-on, si on y reconnaissait l’égalité de toutes les écoles. Cf. E. Rameau. Situation religieuse

de l’Amérique anglaise, dans Le correspondant, juillet 1866. C’est à peine si l’on a pu obtenir ça et là. à force de réclamations, une petite part du fonds commun de l’éducation. Presque partoul les catholiques paient l’impôt commun qui va : ni écoles protestantes et doivent de plus suffire aux besoins de leurs pt(’cnles. Il e^t même arrivé que la législature du Nouveau-Brunswick supprima, en 1871, les écoles françaises d’Acadie et décida qu’à l’avenir tous les enfants, sans

française, comme officielle, et les écoles séparées. Cf. Ph. Deniers, Les écoles séparées dit Manitoba, dans la Revue canadienne, novembre 1892. Dans ces deux provinces l’attitude des catholiques a été telle que, faute de pouvoir mettre leurs lois à exécution, les protestants en sont venus à îles compromis, qui tolèrent les écoles séparées, leur accordent même parfois de parcimonii allocations, mais ne leur donnent pas une existence légale et laissent en définitive suspendue sur leur tête 1 de Damoclès.

L’instruction secondaire est donnée par des instituts collégiaux [collegiate insti tûtes) el par des écoles supérieures (high scliools) et s’achève il.ui^ les universités. Le high school tient le milieu entre l’école publique et l’université. On > étudie parfois les langues anciennes, mais assez superficiellement. Le cours classique se fait aux universités. Un Inglt school doit avoir pour principal un gradué d’une université d’Angleterre ou des Colonies, el peut devenir institut collégial à condition d’avoir une moyenne de 60 élèves. La province d’Ontario comptait, en 1908, 10 instituts et 94 higheekooU réunissant 21 iT2 élèves,

L’n tableau des universités protestantes destinées à la haute éducation, indiquant le nombre des élèves qui les fréquentent, les dotations qui les enrichissent, permet

tra de juger plus rapidement de l’état actuel des choses. Nous y ajoutons les collèges, qui sont des écoles de préparation pour les futurs ministres. Chaque secte en a un ou plusieurs, ordinairement attenant à une université dont il forme la faculté de théologie.

s’est heurté vainement contre la citadelle de l’Église catholique. Entre elles les sectes vivent de luttes. L’anglicanisme semble stationnaire ; il est dépassé par le méthodisme et le presbytérianisme. Ces dernières sectes se recrutent aux dépens de la première et aussi

DATE

DE FONDATION.

VALEUR DE I.A PROPRIÉTÉ.

NOMBRE d’élèves.

De King’s Collège, à Windsor (N.-Ec).. Du Nouveau-Brunswick, à Fredericton

(Nouveau-Brunswick)

Mac GUI, à Montréal

Dalhousie, à Halifax

De Toronto

D’Acadia Collège, à Wolfville (N.-É.)…

De Queen’s Collège, à Kingston

De Bishop’s Collège, à Lcnnoxville….

De Trinity Collège (Toronto)

Mount Allison (N.-Br.)

De Manitoba, à Winnipeg

Victoria (Toronto)

Me Master (Toronto)

Knox (Toronto)

/ à Montréal.. Presbytérien ! à Winnipeg.’à Halifax… Westeyen, à Montréal…. Méthodiste, à Winnipeg… De Wyclifîe (Toronto)…. Albert, à Belleville (Ontario).

1790

1800 1821 1821 1827 1838 1*41 1843 1852 1862 1877 1836 1837

1844 1867 1870 1820 1873 1888 » 1857

dollars.

Universités. 155 000

78 844 2 977 000 340 000 1 187 683 155 000 400 000 190 300 750 000 117 500 150 000 280 000

Collages.

270 000 215 000

15 000 120 000

50 000 »

63900

250 000

2 026 894 siinim

1 457 339 120 000 125 000 157 000 325 000 120 000 600000 320 000

200 000

160 000

50 000

H

60 000 » 65 000 75 000

9 000

12000

303 000

22 700

119 087

12 000

46 400

21150

35 000

22 500

5 500

26 000

13 000

16U00

23 000 »

6 000

10 000

1114 340

1322 142 635 221 350 175 135 234 134

119 175 55 70 71 »

40 250

En général la culture classique est moins répandue chez les protestants que chez les Canadiens français catholiques. En revanche, ils ont plus d’écoles commerciales et industrielles. Ils apprennent peu le français, non par antipathie, mais parce qu’ils n’en sentent pas le besoin pour leurs affaires. Sauf en certains centres où le catholicisme est mal connu, il n’y a pas de fanatisme contre lui. Si à diverses époques du passé les protestants ont essayé du prosélytisme à l’égard des catholiques, comme nous l’avons dit et comme en témoignent, pour des temps postérieurs, des mandements de Ma r Lartigue (21 juillet 1839) et de Ma’Bourget (12 avril 184-1), leur peu de succès les a invités à y renoncer. Eux-mêmes en font l’aveu. On trouve bien çà et là des colporteurs de pamphlets hérétiques ou de bibles interpolées ou falsifiées, agents des sociétés bibliques ; mais leur action n’ose s’afficher en public de peur d’y rencontrer l’indignation ou le ridicule. Cet apostolat de contrebande porte peu de fruits. Nous dirons la même chose des maisons ouvertes gratuitement à la jeunesse canadienne-française par des ministres parlant notre langue. Quelques hôpitaux protestants s’ouvrent également à nos coreligionnaires, comme le grand hôpital Victoria, à Montréal, mais les prêtres catholiques y ont libre accès pour l’administration des Sacrements. L’école mixte et les mariages avec hérétiques sont plus à redouter, parce qu’ils minent lentement la toi. en en supprimant peu à peu les pratiques i t en habituant à n’envisager l’erreur qu’à travers un cour aimé ou un maître respecté. Aussi, à maintes reprises, les évéques ont-ils élevé la voix pour rappeler aux parents catholiques leurs devoirs et pour donner aux curés d"s directions concernant les mariages mixtes. Grâce à la vigilance du clergé’, le protestantisme

des sectes moins nombreuses qui sont en baisse évidente. Pour accroître leurs forces, les presbytériens ont conçu le projet de s’unir dans tout le monde. Le comité exécutif de cette Alliance projetée s’est transporté à Toronto le 27 janvier 1904 afin d’y former la section de l’Ouest, c’est-à-dire des deux Amériques. Cette section de l’Alliance se composerait des onze Églises presbytériennes répandues sur le continent américain ; et réunirait 38000000 d’adhérents, se présentant comme le groupe presbytérien le plus nombreux du monde. Le conseil général de l’Alliance doit s’assembler tous les cinq ans. Liverpool a été désigné pour le lieu de la première session, qui s’est tenue au mois de juin 1904. 3° Le protestantisme n’a-t-il pas subi l’influence de l’Église catholique et dans quelle mesure ? A Cette question nous répondrons en citant les paroles que M. Rameau écrivait dans Le correspondant, juillet 1866, au cours d’un article très documenté sutla situait, » ) religieuse de l’Amérique anglaise. Pourdater de quarante ans elles n’ont point vieilli et conviennent à la situation actuelle du catholicisme en face des sectes protestantes. « En constatant, écrivait-il, l’influence active et passive

que le catholicisme exerce depuis un demi-siècle (et maintenant depuis un siècle) sur les populations angloaméricaines, il serait impossible, d’ailleurs, d’expliquer autrement l’histoire flagrante de ses énormes progl si cette influence n’avait point existé, la religion catholique, au lieu de se fortifier, aurait inévitablemi nt décliné dans ces contrées, surtout au Canada, où elle présentait une musse préexistante et vulnérable ; elle était dans celle alternative, qu’elle devait dominer les esprits, entraîner les convictions, ou céder sou la pn siorr des événements. Contre une propagande habile el redoutable qui possédait tous les avantages matériels, ino"

CANADA’PROTESTANTISME) — CANDORSKY

ne pouvait lutter que par le dévouement di ministres, par une puissance supérieure dans le dor intellectuel, el par la grâce providentielle qui vient , i i m haut, Se confier à la force des habitua" courant de la routine, eût été tout compromettre ; il fallait empêcher i attii di tsement du zi le, et, pourri : s, mcesse dans les intelligences une foi bien comprise et vivante, il fallait cou tammi ni le travail i igilant i I infatigable de l’esprit. Les adversaires étaient actifs, habiles et puis ants ; l’affadissement dans les idées, entraînant le refroidissement des cœurs, leur eût donné trop de facilités pour pénétrer dans les consciences défaillantes. Tels sont les périls et les angoisses de la lutte, il n’est point loisible d’j sommeiller, mais aussi quels profils ne retire-t-on pas de ces opiniâtres labeurs. Les catholiques du Canada ne se plaignent point de cette existence militante ; ils savent en effet qu’ils ont trouvé, dans les difficultés même de cette libre concurrence des opinions, le principal élément de leur force. »

Outre les ouvrages ou articles de revues cités au cours de ce travail, nous avons consulté : Castell Hopkins, Canada, an encyclopœdia of the country, 6 in-4’, Toronto, 1899 ; cet ouvrage contient de nombreux articles sur les seeti - protestantes, rédigés par des ministres ; Nicolas Flood Davin, The Irishman in Canada. in-8", Londres et Toronto (18") ; J. Guérard, La France canadienne, La question religieuse, Les races française et anglo-saxonne, in-8°, Paris, 1877, ouvrage écrit sous ce pseudonyme par M. Lefaivre, consul français à Québec ; Hawkins, Historical notices of the missions of England in the North American colonies prenions l<> the in dépendance of the United States, in-8° Londres, 1815 ; Oregg, History of the presbyterian Church in Canada, Toronto, 1893 ; Kempt, Hand-Bouk of the presbyterian Church i « Canada, Ottawa, 1-83 ; J. Robertson, Jlr^t.of the m issionof the sécession Churchito Nova Scotia Prince-Edward Island, Edimbourg, 1847 ; H. Campbell, A) tory of the Scotch presbyterian Church S. Gabriel, in-v, Montréal, l887 ; Taylor (Fennings), The last three bishopsappointed Inj the crotvn for the anglican Church of Canada, Montréal, 1870 ; S. Pagnuelo, La liberté religieuse en Canada, Montréal, 1872.

Pour les statistiques nous avons consulté le compte rendu du recensement de 1901, Fourth census vf Canada 1901, Ottawa, 1902 ; le Canadian Almanac et les Annuaires des différentes sectes.

A. FOURNET.