Dictionnaire de théologie catholique/CLÉMENT XI, pape
12. CLÉMENT XI, pape (1700-1721), successeur d’Innocent XII. — I. Biographie. Ii. Politique. III. Conduite à l’égard du jansénisme. IV. Clément XI et les missions. V. Actes divers.
1. Biographie.
Jean-François Albani naquit à Urbin
III. - 4
le 22 juillet 1640 Ipri - de solides étudei i Urbin 1 1 -"i
collège romain, il prit son doctoral en l’nn et l’autre
droit, c-t lit < : i carrière dana l’adminiatration dee Étala
romains ; référendaire dei deux lignaturee, conaulteur
de la Congrégation consistoriale, gouverneur de Rieti et
de Spolète, vice légal d Urbin, vicaire et juge de l
Saint-Pierre, il B’acquil dana cea différentes chargea la
confiance « l Innocent l qui, en 1687, < la mort du savant
cardinal Sluai, le nomma secrétaire dea brefi aecrets.
Cette charge importante le mil en rapport avec toutea
les coure européi nnea ; on le voil en 1687 chargé par la
reine Christine < l * - Suède mourante de traiter auprès du
pape lea intérêts des gens de sa maison ; le.’i février
1600, Alexandre VIII le nomme cardinal-diacre en lui
conservant ses fonctions ; en cette qualité il rédige la
bulliqu Alexandre VIII promulgua de son lit de
mort contre l’assemblée de 1(>82 et ses doctrines. Voir
Alexandre VIII. t. i, col. 748. Sous Innocent XII, il
compose la bulle contre le népotisme, qui excita de
violentes irritations dans la cour romaine (lfi’Jl) ; il
négocie la réconciliation de la France et du saint-siège,
en obtenant des membres de l’assemblée de 1682 que le
roi avait nommés à des évéchés une lettre au pape où
ils regrettaient de lui avoir déplu et affirmaient n’avoir
rien voulu décréter. Il est chargé’de recevoir et de
secourir les Anglais catholiques partisans de Jacques II,
que le triomphe de Guillaume d’Orange avait forcés de
s’exiler à Rome (1604) ; à la mort de Jean III Sobieski,
roi de Pologne, il soutient de toutes ses forces, au nom
d’Innocent XII, la candidature de Frédéric-Auguste,
électeur de Saxe, qui venait d’embrasser le catholicisme
(1008). En juin 1700, Charles II d’Espagne ayant envoyé
consulter Innocent XII sur l’affaire de sa succession,
dans le conseil réuni par le pape pour préparer sa réponse,
le cardinal Albani se déclara avec force en
faveur des droits du duc d’Anjou, et le pape répondit en
ce sens au roi d’Espagne ; jamais l’Autriche ne pardonna
cette attitude à Albani. Reboulet, Histoire, 1. 1, p. 39. 40.
Albani n’était pas encore prêtre ; au moment où la faiblesse
d’Innocent XII annonçait sa fin prochaine, le
cardinal se décida à prendre le sacerdoce à la suite
d’une retraite à la maison de Saint-Lazare, à Rome ; il
célébra sa première messe le 6 octobre 1700 ; le pape
venait de mourir et le conclave allait s’ouvrir.
On s’attendait à ce que ce conclave, composé de cinquante-huit cardinaux, fût long et orageux. La nouvelle de la mort de Charles II décida les électeurs à se hâter pour que le nouveau pape pût intervenir dans les terribles complications qu’amènerait la succession d’Espagne ; en quatre heures les suffrages se réunirent sur le nom d’Albani ; trois jours celui-ci résista, se rendant compte mieux que personne des difficultés qui l’attendaient ; il ne céda qu’à une consultation de quatre théologiens pris dans divers ordres religieux, qui lui fii nt une obligation de conscience d’accepter la tiare ; le 23 novembre 1700, l’élection se lit dans les formes ; le 30, le cardinal de Bouillon, évêque de Porto, sacra évêque le nouvel élu ; le 8 décembre, eut lieu le couronnement à Saint-Pierre. Reboulet, Histoire, t. i, p. 40 sq.
Clément M ne changea rien aux habitudes de piété, de mortification et de bienfaisance, qui l’avaient rendu cher au peuple de Rome dès le temps de son cardinalat. Malgré les épineuses affaires qui remplirent son pontificat, il trouvait chaque jour le temps de deux méditations, et récitait son office à genoux. Il aimait à remplir en personne ses devoirs d’évéque de Rome, prêchant et confessant à Saint-Pierre, et officiant ponlilicalement aux grandes fêtes, Les homélies prononcées par lui dans ces circonstances ont été’conservées. Sa vie était si mortifiée qu’il dépensait à peine quinze baloques (seize sous de France) pour sa table chaque jour. Lalilau, Vie, t. il, p. 281. Il tint à se conformer strictement à la constitution d’Innocent XII sur le népotisme, dont il avait été
l’inspirateur, ef la Fortune modeste ( ! x ne
i ut de lui BU( un M pjj.<. il i. ii dans leurs diocèseï les prélats dont la ;
" i’it pai Rome et stimula leui / p <r
de fréquentes inspections des év< de - 1 1 mon* liens. Il veilla toujours soigneusement au bon onlr la ville de Rome, faisant
1 1 ij tion il Innocent XI contre lea fraie ambassades, établissant de nouveaux règlements : lice, et surveillant de près la conduite de ses officii magistrats ; le premier mardi de chaque mois était consacré à une audience où chacun pouvait librement apporter ses plaintes. Reboulet, Hiitoire, t. i. p pape, si modeste dans ses goûts, -- montrait magnifique lorsqu’il s’agissait de secourir les pauvres ou d encour les lettres et bs arts, trie congrégation spéciale fut instituée pour assurer les approvisionnement Home et de l’État pontifical, et des greniers crèV - n 17(1.") pour les pauvres de la ville ; lors de la peste (le Marseille, en 1720. le pape secourut j ment BV 1 zunceenlui envoyant 2000 charges de blé, avec un bref très élogieux pour son héroïque conduite. Opéra, i. iv, p. 2411. Cf. Lafitau. lie, t. n. p. ->iC. On doit à ment XI l’établissement au Capitole d’une Académie des beaux-arts, et de nombreux encouragements donnés aux peintres et sculpteurs de son temps ; il porta une défense d’enlever de Rome les objets antiques sans une permission pontificale. Cf. Reumont, Getchiekte, t. iii, p. 773. Surtout il envoya en Syrie et en Egypte Elie-Joseph Assémani et plusieurs autres savants maronites qui firent pour la bibliothèque du Vatican les plus fructueuses récoltes de manuscrits orientaux. Lafitau. t. il. p. 258. Clément XI mourut pieusement le I’.' 1721. en la fête de saint Joseph, pour lequel il avait toujours eu une grande dévotion.
IL Poi.itic.iie. — A peine élu, le nouveau pape envoya des brefs à l’empereur, et aux rois de France et d’Espagne, pour les supplier de régler pacifiquement la succession de Charles II ; il s’offrait à prendre en sa garde, et sous son séquestre, les Ftats d’Italie qui appartenaient à l’Espagne, jusqu’à ce qu’un accord eut été conclu à leur sujet ; repoussé des deux côtés, il s’efforça du moins, sans plus de succès, de sauvegarder la neutralité de l’Italie par une ligue des princes italiens qui empêcheraient les compétiteurs de faire passer des troupes â Naples ou dans le Milanais ; malgré ses protestations, les troupes impériales envahirent le duché de Ferrare. En même temps Philippe V et l’archiduc Charles sollicitaient à la fois du pape l’investiture du royaume de Naples ; Clément XI se contint d’abord dans la plus stricte neutralité ; comme aux approches de la fête de saint Pierre, en 1701. les ambassadeurs des deux compétiteurs se préparaient a présenter au Vatican la i vance que les rois de Naples payaient tous les ans comme feudataires du saint-siège, il prit le parti de refuser la douille ambassade, et pour empêcher que ce refus ne tirât à conséquence pour l’avenir, le 25 juin, il publia un décret par lequel il renvoyait à uneépoque indéterminée la réception de l’hommage du chaque année aux p par les rois de Naples, sans que ce délai put apporter aucun préjudice aux droits de l’Église. » Reboulet, Histoire, t. I, p. 70.
Pour les évéchés qui vaqueraient dans le royaume de Naples, Clément convint avec Philippe V qu’ils seraient pourvus sur les propositions secrètes du roi. de telle sorte que l’initiative clés choix semblerait venir du pape. Ibid., p. SU. Clément XI. qui avait toujours penché du côté des Bourbons, fut vivement irrité par l’acte de l’empereur Léopold qui. pour obtenir l’appui de l’électeur de Brandebourg, avait érigé en royaume la Prusse ducale, donnant ainsi une nouvelle force aux protestants allemands ; le pape protesta dans une allocution a : toriale, et s’efforça vainement d’obtenir des princes estholiques qu’ils ne reconnussent pas le nouveau royaume. Opéra, t. i, p. 3 ; t. iv, p. 44. L’empereur, en réponse, fit envahir les Romagnes par ses troupes ; chassées d’abord par le prieur de Vendôme en 1704, elles reparurent dans l’État pontifical après les désastres des armées françaises et la levée du siège de Turin qui laissait les Impériaux maîtres de l’Italie du Nord. En 1708, l’archiduc Charles avait plus de 20000 hommes sur les territoires de Ferrare et de Bologne, et ces troupes, en majeure partie protestantes, se livraient aux pires excès ; en même temps l’archiduc, qui dominait sur le royaume de Naples et le Milanais, défendait à ses sujets d’envoyer de l’argent à Rome sous aucun prétexte, faisait séquestrer les revenus des ecclésiastiques qui résidaient hors du pays, et interdisait d’exécuter les bulles et brefs expédiés par le pape. Reboulet, Histoire, t. I, p. 136, 226 sq. Clément XI, indigné de ces violences, protesta solennellement et menaça les envahisseurs de l’excommunication, Bullarium, p. 180, 214, 217 ; il linit par lever contre les Impériaux une vingtaine de mille hommes. Mais cette petite armée, à laquelle Louis XIV ne put envoyer de renforts, ne fit qu’un simulacre de résistance. Le 15 janvier 1709, dans un traité signé à Rome, le pape subissait toutes les conditions de l’empereur et de l’archiduc. Il licenciait son armée et promettait de réunir une congrégation de cardinaux pour délibérer sur la reconnaissance de Charles comme roi d’Espagne ; à ce prix l’archiduc retira ses ordonnances et fit évacuer à ses troupes l’Etat pontifical. Baudrillart, Philippe V, t. i, p. 302 sq. ; Pometti, Sludii, p. 397 sq. La congrégation cardinalice ayant laissé la décision au pape, il donna, le 15 octobre 1709, une déclaration qui reconnaissait Charles III comme « roi catholique des Espagnes, sans porter préjudice à aucun autre, et de telle sorte que les droits des deux prétendants à la succession d’Espagne restent également saufs et intacts » . Opéra, t. I, p. 42 ; t. iv, p. 70 sq., 319 sq. L’empereur Joseph I er et l’archiduc se contentèrent de cette déclaration. Ce fut au tour de Philippe V de s’irriter. Malgré les conseils de Louis XIV, qui lui représentait la nécessité où s’était trouvé le pape, et l’imprudence qu’il y aurait à rompre avec lui dans les circonstances où l’on se trouvait, le roi d’Espagne chassa de Madrid le nonce Zondodari (3 avril 1709), et interdit aux évêques espagnols toute correspondance avec Rome ; sur les remontrances du pape et des prélats, il eut le bon sens de rapporter peu après cette seconde ordonnance. Baudrillart, Philippe V, t. I, p. 316 sq. ; Reboulet, Histoire, t. i, p. 248 sq. Cf. Bullarium, p. 450 ; Opéra, t. iv, p. 686 sq. L’empereur Joseph I er étant mort prématurément en 1711, après avoir eu avec la cour de Rome les plus mauvais rapports, Clément XI refusa généreusement de s’opposera l’élection de son frère l’archiduc Charles, et le reconnut comme « roi des Bomains et futur empereur » . Bullarium, p. G00. Il lui concéda même le droit dit « de premières prières » ou la nomination au premier bénéfice qui vaquerait après son avènement dans chacun des chapitres d’Allemagne, lbid., p. 603. L’empereur reconnaissant rétablit les bons rapports avec le Saint-Siège.
L’attention du pape se dirigea bientôt tout entière vers les négociations engagées à Utrecht, Les plénipotentiaires traitaient du sort de la Sicile et de la Sardaigne, pays vassaux du saint-siège, sans le moindre égard pour les droits du pape ; surtout il était question de supprimer l’art. 4 de la paix de Byswick qui avait stipulé le maintien de la foi catholique dans les pays restitués à des princes prolestants, et de revenir aux décisions des traités de Westphalie qui laissaient le prince imposer son culte à ses sujets. A Bastadt, le nonce Passionei et faillie de Polignac firent adopter des dispositions qui maintenaient expressément celles de Ryswick. Il était Stipulé en particulier « que tout ce qui concerne la religion catholique, apostolique et romaine, sera maintenu
dans l’état où les choses étaient avant la guerre, tant à l’égard des magistrats, qui ne pourront être que catholiques romains, comme par le passé, qu’à l’égard des évêques, chapitres, monastères, et généralement de tout le clergé » . Art. 27 de Bastadt et de Baden. Cf. Pometti, Studii, p. 448. Au même traité, les électeurs catholiques de Cologne et de Bavière, dépossédés par Joseph I er comme partisans de la France, retrouvaient leurs dignités (art. 15). De nombreuses précautions furent stipulées à Utrecht pour que le catholicisme lut respecté dans les places de la Barrière, dont les Hollandais avaient la garde (art. 23), et à Gibraltar et Minorque cédés à l’Angleterre (art. 11). Cf. l’allocution consistoriale du pape à la suite de ces traités, Opéra, t. i, p. 110 sq. ; les textes dans le Corps universel diplomatique de Dumont, t. VIII, p. 370, 395, 419.
Les événements qui se passaient à l’est de l’empire n’avaient pas laissé le pape indifférent. Charles XII de Suède, ayant vaincu en plusieurs rencontres l’électeur de Saxe roi de Pologne Frédéric-Auguste, fit élire à sa place le 12 juillet 1704 par la diète polonaise Stanislas Leczinski, palatin de Posnanie ; Clément XI prit vigoureusement le parti de Frédéric-Auguste sur qui il comptait pour ramener la Saxe à l’Église ; il refusa de répondre aux lettres par lesquelles Stanislas lui avait fait part de son avènement, défendit aux évêques polonais d’assister à son couronnement, et enferma au château Saint-Ange l’évêque de Posnanie, partisan de Stanislas, que Frédéric-Auguste avait fait prisonnier et envoyé à Borne ; il fit parvenir enfin à Frédéric-Auguste de fortes sommes qui lui permirent de se relever de ses défaites. Beboulet, Histoire, t. i, p. 131 sq. Lorsque, par le traité d’Alt-Banstadt, l’électeur de Saxe eut renoncé à la couronne de Pologne, Clément XI protesta contre le traité, Opéra, t. iv, p. 1688, et encouragea par son nonce les partisans du roi déchu à lui rester fidèles. Une ambassade russe envoyée par le tsar Pierre à Borne en 1707 fut bien reçue, lbid., p. 439. Clément XI obtint pour son protégé l’appui de la Bussie qui triompha des Suédois à Pultawa le 8 juillet 1709 ; Frédéric-Auguste rentra aussitôt dans son royaume de Pologne, et le pape profita de son bonheur pour obtenir de lui maintes concessions ; bien des abus que le séjour des troupes suédoises avait occasionnés en Pologne furent supprimés ; l’intervention du roi auprès du tsar Pierre obtint plus de paix et de liberté aux catholiques de Bussie ; enfin, le jeune princeélecteur de Saxe fut élevé dans le catholicisme, et ne tarda pas à abjurer l’hérésie. Beboulet, Histoire, t. i, p. 257 sq. Cf. Opéra, t. iv, p. 84, 138, 223, 234, 454, 654, 724, 1526, 2170.
A peine la paix rendue à l’Europe par les traités d’Utrecht et de Bastadt, le siège mis par les Turcs devant Corfou, et leur invasion en Hongrie inspirèrent au pape de nouvelles inquiétudes. Il secourut généreusement le comte de Schulembourg assiégé dans Corfou, et le prince Eugène de Savoie auquel il envoya en 1716 une épée et un chapeau bénits. La prise de Temeswar en 1716, et celle de Belgrade en 1717, par les Impériaux, sauvèrent une fois de plus la chrétienté. Beboulet, Histoire, t. il, p. 123 sq., 146 sq.
A la faveur de la guerre de succession d’Espagne, de tristes événements avaient séparé la Sicile du saintsiège. En 1712, l’évêque de Lipari excommunia des collecteurs d’impôts qui avaient frappé de certaines taxes des biens d’Eglise exempts ; ceux-ci firent appel de l’évêque au tribunal de la Monarchie de Sicile. Ce tribunal, dont les membres étaient à la nomination du roi de Naples, prétendait exercer au nom du roi en Sicile les pouvoirs de légat a latere, qu’une bulle d’Urbain 11 avait, disaient les juristes siciliens, conférés à Bogcr comte de Sicile et à tous ses successeurs dans le gouvernement du pas. Les papes avaient toujours protesté contre cette bulle. Sentis, Die Monarclua, p. 25-55. on observai ! d’ailleuri que Llpari m dépendail pai nie la Sicile Malgi letribunalde lalâo
narch ie se déclara compétent, et cassa ta sentence de l, .., , , „. deLipari. Clément XI cassa i son tour la sentence d’absolution du tribunal ; celui-ci ne soumit roya a Lipari un commissaire qui Bdmil aux
sacrements les exe niés. Clément U « commenta
.e commi « .ire et tous ceui qui avaient eu part
, ; il publia de plus un décret réservant au pape aeul l’appel des excommunications épiscopales en ma, „., ., . d’immunités ecclésiastiques. Bullarium, p. & « , e, ice-roi de Sicile, jugeant que ce décret était la ruine ,, ., tribunal de la Monarchie, rendit une ordonnance , . aéclaranl nul et de nul effet ; plusieurs évoques sicili ms avant, malgré la défense du pouvoir civil, promulla constitution du pape, furent exilés, et se retint a Rome après avoir jeté l’interdit SUT leurs diocèses ; cet interdit fut confirmé par le pape. Cf. bentis, Die Monarchia, p. 140 sq. ; Reboulet, Hvtotre,
"a situation’s’aggrava, lorsqu’en 1713 le duc de Savoie fut devenu, par le traité d’Utrecht, maître de la Sicile. Victor-Amédée Il avait, depuis plusieurs années, rompu avec la cour de Rome ; des les débuts de son pontificat. Clément XI avait dû protester contre plusieurs ordonnances par lui rendues contre les immunités ecclésiastiques et les droits du saint-siège en matière de nomination aux bénéfices. Reboulet, Histoire, t. i, p. « 5 sq. In 1710 de nouvelles entreprises sur la juridiction eçcb siastique amenèrent de nouvelles protestaUons Rel.oulet, ibid., p. 260 sq. Cf. Bullarium, p. 2/1, 40, , * 13. Quand Victor-Amédée eut obtenu le royaume de Sicile, il ne lit même pas part de son avènement au pape dont il devenait le vassal ; Clément XI s’éleva sans succès contre cet abus dans des lettres adressées au nouveau roi lui-même et aux plénipotentiaires réunis a Utrecnt et à Rastadt (1713 et 1714). Cf. Opéra, t. i, p. 110. Comme il fallait s’y attendre, le roi de Sicile poussa a 1 extrême les difficultés pendantes entre le Saint-Siège et le tribunal de la Monarchie ; il cliassa du royaume nombre de gentilshommes et d’ecclésiastiques fidèles à observer les interdits lancés par les évoques et le pape, et plus de 500 prêtres se trouvèrent à la fois réfugies a Rome, ou Ton pourvut généreusement à leurs besoins ; il porta de plus un décret interdisant l’entrée du royaume a ton document pontifical. Clément XI se décida a en finir, et le 20 février 1715 la bulle Romanus pontifex cassa et abolit entièrement le tribunal de la Monarchie de Sicile Bullarium, p. 651 ; un bref qui accompagnait la bulle établissait de nouveauxtribunaux.dontlesmembres, désignés par le pape, jugeraient les causes im » £ réservées au tribunal de la Monarchie. Bullarium, p. 008. Le roi de Sicile refusa absolument obéissance a cette bulle, et fut appuvé dans sa révolte par la France et l’Espagne ; le parlement de Paris, à la réquisition du procureur du roi, condamna plusieurs décrets rendus, en vertu de la bulle Romarins pontifex, par 1 auditeur de la Chambre, et défendit d’en recevoir de semblables dans le royaume. Reboulet, Histoire, t. H, p. 70. Lest seulement’en 1718 que Philippe V, ayant conquis la Sicile, conclut avec le pape un concordat qui permettait aux exilés de rentrer dans le royaume et prescrivait l’obéissance à la bulle pontificale. Reboulet, *6uL, p. 196, 197 ; Sentis, Die Monarchia, p. 156 ; Rrosch, Œscltichte, . ii, p. 49 sq..
L’ambition d’Alberoni mit une dernière fois uement XI aux prises avec l’Espagne. Le pape avait fait cardinal en 1717 à l’occasion du rétabuasemen par I hilippe V du tribunal de la Nonciature. Ln 1718, le roi nomma son ambitieux favori au siège de Sev.lle ; le pape qui soupçonnait avec raison le cardinal d avoir, par ses intrigues, lancé l’Espagne dans uneguerre désastreuse
pour la chrétienté, refusa l’institution du nouvel arche véque Philippe rompit tontes relations avec le m nui quitta Madrid, et ordonna à Iouj enta a Rome de l’en retirer ; cette nouvelle querella dura jusqu’au traité de la Haye qui réconcilia et l’empire et amen :, la disgrâce d’Alberoni 1720). Celuici exilé <1 Espagne, en Italie. Clémi nt XI
d’abord di le i
mencer wn procès, puis se radoucit en voyant apai les querelles qu’il avait suscitées. Alberoni rc-sida lors a la cour pontificale. Brosch, Geschxchte, t. H,
Ace même traité de la Haye, la Sardaipne était cédée à Victor-Emmanuel II en échange de la Sicile : la S.cile, conquise pendant la guerre par l’Espagne, était par elle remise a l’empereur, qui en retour assurait a des intante d’Espagne l’investiture desduchés de Toscane, de Parme et de Plaisance, au cas ou les possesseurs actuels rendraient à mourir sans enfants. Le pape protesta de nouveau contre ces dispositions de fieldu Saint-Siegesur lesquelles il n’avait même pas étt consulté ; tout t inutile. Reboulet, histoire, t. ii, p- 193 sq.
III. CONDUITE ^L’ÉGABDDUJANSÉNlSME.-l’BrtFrOWŒ.
— Lorsque Clément XI monta sur le trône pont, les controverses jansénistes venaient de se réveiller I Paris par la publication du ProbU-me r « f,
condamné par le Saint-Office le 2 juillet 1700. Noir Jansénisme. Bientôt après, l’affaire du Cas
ice allait forcer le pape à se prononcer une fois de plus contre les jansénistes. Pendant l’été de l.Ol, un cas de conscience, soi disant présenté à la Sorbonne par un confesseur normand, circulait parmi les docteurs. Le confesseur demandait s’il pouvait donner I absolution à un prêtre, son pénitent, qui ne voulait pas admettre le fait de l’attribution des cinq propositions au livre je Jansénius, mais se contentait à cet égard d un silence respectueux, et signait avec ces restrictions le formulaire d’Alexandre VlI.Quelqu’ait été le confesM-uren question Eustace, confesseur de Port-Royal. Sainte-Beuve, Port-Royal, t. vi, p. 169 sq., ou Fréhel, curé de Notre-I du Port a Clermont, Le Roy. La France et Rome p. 9 cas fut rédigé par Roulland, docteur en Sorbonne et connu, avant sa publication, parle cardinal de Noa.lles, archevêque de Paris. 40 docteurs déclarèrent que le pénitent pouvait recevoir l’absolution. 23 autres tirent quelques réserves, mais admirent une rédaction pratiquement équivalente. En juillet 1702, 1e cas fut imprimé et fit naturellement scandale ; le 12 février 1, 03, il fat condamné par Clément XI. BuUarium, p. 80. Noai les. sur le conseil de Rossuet, avait rédige une instruction pastorale contre le Cas, et la fit répandre dans I ans quarante-huit heures avant la publication du document pontifical ; il écrivait ensuite à Clément XI en se félicitant d’avoir publié sa censure au moment où le bref arrivait en France. « Rien des gens crurent, dit le chancelier d’Aguesseaudans le spirituel récit qu’il a laisse de cette affaire, qu’il auroit pu renverser la phrase, et dire quti avoit publié sa censure le même jour qu il avoit reçu le bS. » Œuvres, t. viii, p. 229- Noa.lles fit circuler aussitét parmi le clergé de Paris un formulaire d adhésion à son instruction ; cinq docteurs seulement refusent de le signer et furent exilés en diueren.es villes. , ;, Roy, La France et Rome, p. 110 sq. ; Lal.tau, Hte tol 5 mesur^n’alanl pas suffi à rétablir la paix, et les controverses continuant à propos du Cas, Louis M demanda au pape une bulle qui condamnera, , le silence v s c.ueu. Cléinent XI hésita longtemps car le ro. S -ai. que la bulle ne contint aucune formule contraire Sx usais gallicans ; après que 1. » « * e.e
cmmuniquér,, . oll is XIV. la bul ! Domu »
StaoM paru, à Rome le li juillet l.U, t^llam, ^ p 233 sq. Après avoir rapporté les condamnations portées par ses prédécesseurs contre les cinq proposition, le pape blâmait ceux qui, par un silence respectueux, prétendaient obéir aux constitutions apostoliques, et ajoutait : « Le sens condamné dans les cinq propositions du livre de Jansénius, tel que les mots le comportent, doit être condamné par tous les fidèles comme hérétique, et cela non seulement de bouche, mais de cœur ; et on ne peut licitement souscrire avec d’autres dispositions le formulaire. » Voir Jansénisme.
L’assemblée du clergé de France reçut cette bulle au mois d’août, mais en l’accompagnant de commentaires qui blessèrent profondément Clément XI, car les prélats y enseignaient « que les constitutions des papes obligent toute l’Eglise, lorsqu’elles ont été acceptées par le corps des pasteurs » . Le Roy, La France et Rome, p. 187. Cf. Procès-verbaux du clergé, t. vi, p. 838 sq. ; Pièces, p. 319 sq. Des lettres patentes promulguèrent la bulle et furent enregistrées au parlement ; tous les évêques français la reçurent, sauf celui de Saint-Pons, Percin de Montgaiilard, dernier survivant des 19 prélats qui avaient amené en 1667 la paix de Clément IX. Dans un mandement, Montgaiilard se borna à enregistrer le fait accompli, opposant Clément IX à Clément XI ; son mandement fut censuré par le pape le 18 janvier 1710. Bullarium, p. 365.
Le 31 août 1706, Clément XI envoya deux brefs sévères l’un à Louis XIV, l’autre au cardinal de Noailles, pour se plaindre des commentaires dont le clergé de France avait accompagné son acceptation de la bulle Vineam Domini. Le pape blâmait les évêques « d’usurper la plénitude de puissance que Dieu n’a donnée qu’à cette unique chaire de Saint-Pierre » , et leur enjoignait « d’apprendre à révérer et à exécuter ses décrets, loin d’avoir la prétention de les examiner ou de s’en rendre juges » . Opéra, t. iv, p. 319 ; Le Roy, La France et Rome, p. 214. Louis XIV refusa de recevoir les brefs ; et comme des copies en circulaient en France, le parlement rendit un arrêt pour les faire saisir ; le bon sens du roi l’empêcha de laisser publier l’arrêt.
L’acceptation par écrit de la bulle Vineam Domini était imposée au clergé et aux communautés du diocèse de Paris. Le 21 mars 1706, les religieuses de Port-Royal des Champs refusèrent de donner cette signature sans une addition conçue en ces termes : « sans déroger à ce qui s’est fait à leur égard à la paix de l’Église sous le pape Clément IX. » Louis XIV sollicita aussitôt du pape une bulle supprimant l’abbaye des Champs, et transférant ses revenus à Port-Royal de Paris. Le 27 mars 1708, Clément XI donna cette bulle ; Port-Royal de Paris devenait propriétaire des deux maisons ; Port-Royal des Champs était supprimé ; mais les 26 religieuses, âgées pour la plupart, qui l’habitaient encore, en garderaient la jouissance jusqu’à la mort de la dernière d’entre elles, et recevraient une pension du monastère de Paris. Louis XIV fut très mécontent de ces délais qui ne lui permettraient pas « de voir de son vivant la destruction de l’ort-Royal » . Il refusa de recevoir la bulle pontificale et en sollicita une autre plus rigoureuse. Clément XI la donna le 15 septembre, en l’antidatant du 27 mars ; elle fut enregistrée au parlement le 19 décembre. Elle permettait à Noailles de transférer les religieuses des Champs, « ensemble ou séparément, dans le temps, la manière et la forme qu’il le jugerait à propos, suivant sa discrétion st conscience, en d’autres maisons religieuses ou monastères par lui choisis. » Le Roy, La France et Home, p. 263 sq. On sait comment Noailles usa de ces pouvoirs, et porta le II juillet 1709 la sentence de suppression de Port-Royal ; le 29 octobre, elle fui exécutée par d’Argenson ; dans la suite l’église fut rasée et le cimetière violé. Sainte-Beuve, Port-Royal, t. vi, p. 224 sq.
Entre temps, de nombreuses dénonciations étaient
parvenues à Rome conlre l’ouvrage de Quesnel, Abrégé
la morale de l’Évangile. Voir JANSÉNISME. Le
13 juillet 1708, il fut condamné par Clément XI, Uulla rium, p. 327, comme contenant une doctrine « séditieuse, pernicieuse, téméraire, erronée et manifestement janséniste » ; la lecture en était défendue, de même que la réimpression. Les exemplaires possédés par les fidèles devaient être remis aux évêques ou aux inquisiteurs et brûlés par eux. Ce bref, donné motu proprw, et dont l’exécution était confiée aux inquisiteurs en même temps qu’aux évêques, ne fut pas reçu en France ; les documents pontificaux promulgués en cette forme y étaient considérés comme non avenus, et l’Inquisition romaine n’y avait pas de pouvoir. Il ne put donc circuler que clandestinement, et ne termina pas les controverses qui se multipliaient au sujet du livre de Quesnel. Louis XIV fit prier en novembre 17Il le pape de remplacer son bref par une bulle dans laquelle il éviterait toute formule contraire aux libertés gallicanes ; le roi promettait « de faire accepter cette nouvelle constitution par les évêques de France avec le respect qui lui est dû » . Le Roy, La France et Rome, p. 385. Une congrégation spéciale fut instituée pour la rédaction de cette constitution dont tous les termes furent pesés avec un soin scrupuleux, le pape tenant à étudier lui-même chacune des propositions dont la censure était proposée. Thuillier, La seconde phase, p. 144 ; Bliard, Saint-Simon, p. 278 sq. Le 8 septembre 1713, la fameuse bulle Unigenitus Dei Filins était promulguée à Rome. Après avoir rappelé les anathèmes du Fils unique de Dieu contre les faux prophètes qui, semblables aux loups couverts de peaux de brebis, « introduisent des sectes de perdition sous une apparence de sainteté, » le pape condamnait en bloc 101 propositions, extraites mot à mot du livre de Quesnel, « comme fausses, captieuses, suspectes d’hérésie, contenant diverses hérésies et spécialement celles renfermées dans les propositions de Jansénius. » La traduction même de l’Écriture, qu’accompagnait le commentaire de Quesnel, était déclarée défectueuse, comme reproduisant la version de Mons déjà condamnée. Rullarium, p. 574 sq. Pour le détail des propositions, voir Jansénisme. Thuillier, p.- 159 sq., renvoie aux passages mêmes de Quesnel. Noailles se soumit d’abord, dès l’arrivée de la bulle (28 septembre 1713), et révoqua par un mandement l’approbation qu’il avait donnée comme évêque de Châlons, en 1695, au livre de Quesnel. Sur l’avis de Fénelon et du P. Le Tellier, une assemblée des évêques présents à Paris se réunit à l’archevêché le 10 octobre ; 49 prélats y prirent part ; c’était à peu près le tiers de l’épiscopat chu royaume. Dès la seconde séance Noailles, revenant sur sa soumission à la bulle, déclara ne pouvoir l’admettre sans explications, surtout à cause des qualifications jetées en bloc sur les 101 propositions, sans que chacune d’elles fût l’objet d’une note spéciale ; huit de ses collègues le suivirent dans sa résistance, tous les autres votèrent l’acceptation pure et simple de la constitution. Le 15 février 1714, elle fut enregistrée en parlement ; le 28 mars, une instruction pastorale de Noailles, qui défendait à ses prêtres, sous peine de suspense, de recevoir la bulle sans son autorisation, fut censurée par le Saint-Office, en même temps que le pape envoyait des lettres pleines d’éloges aux Î0 évêques de la majorité. Dans les premiers jours de mars, la Sorbonne, contrainte par une lettre de cachet du roi, reçut à son tour et enregistra la bulle. Parmi les évêques qui n’avaient pas assisté à l’assemblée, une douzaine se joignirent à ceux de la minorité ; les autres acceptèrent sans restrictions l’acte pontifical. Thuillier, La seconde phase, p. 195 sq. Les pièces sont dans les Procès-verbaux ilu clergé, t. iii, p. 1255 sq.
Pour faire céder les évoques protestataires, Fénelon suggéra au roi l’idée d’un concile national qui jugerait, s’il le fallait, et déposerait les accusés, en même temps que le pape dépouillerait Noailles de la pourpre. Clément XI répugnait à cette idée, el aurait bien préféré que Noailles fut envoyé à Rome pour y être jugé ; dmnl la volonté da roi" qui menaçall deconvoquer lui-même, el - ul, le concile national, le pape aaa ei
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le, formes qu’il faudra observer, et lei mesures qui sont à prendre, afin que tout ae commence, se pourguiveet ae conclue, de manière qu’en mettant a couvert l’autoriU du siège apoatolique, et 1 obéissance due à la constitution dont il s’agit, on f. t„ut dan ger de confusion et de rupture qui sont si abh
?œur paternel de Sa Sainteté.. Cf. Le Roy, LaFra et
Rome, p. 647 Bq. La mort de LouiaXI arrêta ce projet 1 1 septembre 1715).
Le roi i t, il ne fut plus question d’urger 1 acceptation de la bulle ; Noaillea et ses partisan » , parmi lesquels se trouvaient de nombreux docteurs de Sorbonne, étaient en faveur. Le 1° mai 1716, Clément XI envoya deux brefs en France, l’un au régent, l’autre, très énergique, aux évoques protestataires ; le régent refusa de les recevoir sous prétexte que le texte n’en avait pasété soumis à ses ministres avant leur promulgation. LaHtau, Histoire, t. i, p. 293. Cf. Opéra, t. IV, P- « B, « ri. 2146 2187. Le 10 novembre 1716, Clément XI adressa un nouveau bref au régent, et le 20 novembre, un autre aux évoques qui avaient accepté la constitution pour les encourager à peser sur leurs collègues rebelles. Opéra, t iv I » 2180. Le 18 novembre 1716, la Sorbonne. avant rétracté l’acceptation de la bulle qui lui avait été imposée deux ans auparavant, fut privée par Clément M de tous les pouvoirs qui lui avaient été jadis concèdes par les papes, et spécialement de celui de promouvoir aux grades académiques. BuUannm, p. /.S9. Cl. Lalitau, Histoire, t. i, p. 324 sq. Le 5 mars 171/, quatre des évoques qui avaient refusé d’admettre la bulle Unigenitus Soanen, évêque de Senez, Colbert, évêque de Montpellier, Delangle, évêque de Boulogne, et La Broue, évêque de Mirepoix, firent appel au concile général de la constitution Vnigenitm, et cet appel lut approuveen assemblée de Sorbonne. Le régent, qui voulait la pacification de cette querelle, envoya en exil les quatre appelants. Le 3 avril, Noailles à son tour forma appel « du pape manifestement trompé, et de la constitution Unigenitus, en vertu des décrets de Constance et de Baie au pape mieux informé, et a un concile gênerai libre et célébré en lieu sur » ; mais il ne voulut pas publier pour le moment cet appel, et le déposa aux archives de l’officialité de Paris. Lafitau, Histoire, t. ii, p 1-15 ; Bliard, Dubois, t. il, p. 280 sq.
Le 25 mars, le pape lui avait écrit de sa main pour le supplier de se soumettre ; il lui envoyait en même temps une lettre que lui adressaient dans le même but les cardinaux présents à Borne. Opéra, t. iv, p. 2225. Le 6 mai, Noailles répondit sans faire la soumission demandée ; peu après, son appel était publié. Ufitau, ffwtoire, t. ii, p. 40 sq. ; Crousaz-Crétet, L’Église et lEtat, p 10 sq. Le 8 février 1718, un décret du Saint-Office, donné dans une congrégation tenue en présence du pape fut promulgué à Borne ; il condamnait 1 appel des quatre évoques « comme schismatique et contenant des propositions hérétiques » , celui de Noailles « comme schismatique et approchant de l’hérésie » . Le pape fixa aux appelants un délai pour venir à résipiscence. Ce délai étant écoulé, la bulle Pas/, iralis of/iai fut promulguée à Borne le 26 août 1718. Bullanum, p. 80/ sq. File’excommuniait tous ceux qui faisaient opposition a la constitution Unigenitus. Le 3 octobre de la même année, Noailles forma de nouveau appel contre cette seconde bulle. Dubois, qui pour obtenir le chapeau, 1e cardinal prétendait pacifier l’Église de France, fit composer, en mars 1720, un Cot-ps de doctrine auquel adhérèrent une centaine de prélats ; il expliquait la bul e Unigenitus ; le 19 novembre 1720, Noailles accepta la bulle « suivant les explications approuvées par un très
dementambign.t obscurne satisfit pu le pape qui exigeait u. « on pore et simple. LUne M
, , , „ ;, „, que soua Benoit MI. Voir t…. col. Kb ;
On s : „, , , sec quelle verve et quelle partialité Saint-Simon a narre l’histoire de la bulle Unigenitus,
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dana les deux ouvrages du P. Bliard, Samt^m , , 270 iq. ; Dubois, t. H, p. K8 w l, …
2 » EnHollande.- Pierre Codde, archevêque di avait été établi par InnocentXH vicaire apostoliqu. Pays-Bas. Bientôt on s’aperçut qu’il favorisait ouy. ment les jansénisti s, dont le nombre se multipliait s. m administration ; dénoncé a la suite dune enq par l’internonce de Bruxelles, il fut cite a Ro. une commission de cardinaux pour répondre de sa conduitele procès suivait son cours lorsque mourut Innocent XII. Clément XI continua l’instruction ; Codde se défendit en personne pendant cinq séances ; le, mai 1702, le vote unanime des cardinaux charges du procès le condamna à la déposition. Le pape nomma a sa pi Théodore Cock. Opéra, t. iv, p. ICO. Les janséni parvinrent a attirer dans leur parti le grand pens naire Heinsius et des membres influents des Ltats néraux en 1703, les États rendirent une ordonnance qui interdisait de reconnaître tout vicaire apostolique non approuvé par eux ; Cock en particulier recevar défense d’exercer ses pouvoirs, et tous les actes j déjà par lui en qualité de vicaire apostolique étaient déclarés nuls. Par amour de la paix. Clément M consentit à le rappeler à Rome, et le remplaça successivement par plusieurs vicaires apostoliques dont aucun ne parvint à se faire agréer. Codde, qui avait eu du pape la permission de rentrer en Hollande, mena une campagne acharnée contre les représentants pontificaux el une foule de pamphlets furent publiés en sa foreur ; l’Inquisition romaine en condamna plusieurs. Jhdlarium p. 103. Les choses allèrent si loin que Codde étant mort quelques annéesaprès fut, par ordre du pape. privé de la sépulture ecclésiastique.
A la même époque, plusieurs prêtres jansénistes l’Église d’Utrecht. a l’instigation de Quesnel alors furie en Hollande, prirent le titre de chanoines de cette Église, dont le siège était vacant depuis lo80. et prétendirent exercer la juridiction épiscopale jusqu a la nomination d’un archevêque ; les ellorts de Clément XL ne parvinrent pas à les ramener. Après sa mort. s osèrent davantage, et l’élection qu’ils firent en 1-23 de Corneille Steenhoven pour le siège dl trecht donna naissance au schisme janséniste de Hollande qui dure encore aujourd’hui. Reboulet, Histoire, t. i. p. 12 sq. IV Clément XI ET les missions. - En 1708, le parlement de Dublin avant voté une série de mesures vexatoires contre les catholiques, Clément XI écrivit a la reine Anne, et lit appuyer sa lettre par l’empereur et le roi de Portugal. Opéra, t. iv, p. 601. La reine ne consentit pas à refuser son approbation a la loi. mais ferma les veux sur son inexécution. In moment le pape espéra que la reine Anne adopterait comme héritier son neveu le jeune Jacques III. que Louis XIV avait reconnu pour roi d’Angleterre, au détriment de la maison Hanovre ; la mort prématurée de la reine rompit Us négociations engagées. Reboulet, Histoire, L l, p. IWj t „ p 4 Du moins Clément accueillit magnifique ! à Borne en 1719 le tenue prince que le régent axait abandonné ; il lui lit épouser Clémentine Sobi petite-fille de Jean 1Il roi de Pologne. Lafitau t., n l" » l t n p. 183. Nous avons vu le pape profiter de [amba’ssade que lui envoya en 1707 le tsar Lierre de Russie pour obtenir aux catholiques de son empire un peu plus de liberté. En 1701 et 1702, des persécutions avant éclate eu Arménie et en Syrie, Clément Xlobt.nt. par l’intermédiaire Je l’ambassadeur de France, que justice lût rendue aux catholiques ; une mission fut envoyée en Perse. Opéra, t. iv, p. 172, 286, 314, 474, 718, 1847, 1934, 2356.
En 1711, de sérieuses négociations furent engagées pour faire rentrer les coptes et les Abyssins dans la communion romaine ; la mort du roi Dodemanus, favorable à l’union, rompit les négociations. Reboulet, Histoire, t. il, p. 16. Cf. Opera, . iv, p. 206, 642, 1631. L’année suivante, un schisme éclata chez les maronites dont une partie, accusant de crimes énormes le patriarche Jacques, l’avait déposé et élu à sa place Joseph Raifunensi, évéque de Sidon. Les deux partis en appelèrent à Rome ; la Propagande donna raison à Jacques, l’ancien patriarche. Un franciscain de Jérusalem, Laurent de Saint-Laurent, se rendit au mont Liban au nom de Clément XI et obtint la soumission des schismatiques. lbid., p. 21, 22. Cf. Opéra, t. iv, p. 1684, 1866, 1995. Le même moine ramena à l’union le patriarche d’Alexandrie, Samuel Capazalis, venu en pèlerinage à Jérusalem ; Samuel envoya à Rome en 1713 sa soumission, et le pape le confirma dans sa dignité ; le patriarche persévéra jusqu’à la mort dans la communion catholique. lbid., p. 52 sq. Cf. Opéra, t. iv, p. 643, 1633. Clément XI confirma en 17Il la règle desMekhitaristes, ou règle de saint Benoit appliquée aux Arméniens unis par Pierre Manoug surnommé Mekhitar. Chénon, L’Église catltoliijue, p. 275.
C’est en Chine surtout où les missions catholiques étaient alors dans toute leur prospérité, que Clément XI dut intervenir pour régler la grave affaire des rites chinois. Sous Innocent XII, de violentes controverses s’étaient de nouveau élevées entre les jésuites et les franciscains d’une part, les dominicains et les prêtres des Missions étrangères de Paris de l’autre, sur le sens de certaines formules chinoises que les uns considéraient comme idolâtriques, les autres comme orthodoxes, et aussi sur le culte rendu aux ancêtres et à Confucius, toléré par les uns, interdit par les autres. Voir Chinois (Rites), t. ii, col. 2364-2375. Clément XI fit continuer l’examen du différend et envoya comme visiteur en Chine, avec les facultés de légat a latcre, le Piérnontais Thomas Maillard de Tournon, qu’il sacra lui-même patriarche d’Antioche (1701). Le Saint-Office condamna l’opinion des jésuites, et interdit l’emploi des formules chinoises incriminées, et le culte rendu aux ancêtres et à Confucius ; Clément XI approuva le décret le 20 novembre 1701, et l’envoya en Chine. Bullarium, p. 204 sq. Tournon, qui connaissait le sens de cette décision, avait donné à Nanking un mandement dans le même sens (25 janvier 1704) ; les jésuites et les franciscains en appelèrent du légat au pape, auquel l’empereur Kang-Hi avait envové une ambassade pour lui donner des explications sur les usages condamnés. Tournon fut exilé à Macao par Kang-Hi, et les Portugais le jetèrent en prison comme ayant, par sa légation, lésé les droils de patronage de leur roi sur les missions de Chine. Clément XI ordonna que le mandement de Tournon sur les cérémonies chinoises fùlexactementobservé..# ! (/ta>-iwm, p. 419-434 ; Opéra, t. iv, p. 125, 359, 367, 2262, 2366. Quand ces actes pontificaux parvinrent ; ’! Macao, Tournon était mort (8 juin 1710) des mauvais traitements dont les Portugais l’avaient accablé ; le pape rendit un éclatant hommage à sa mémoire en consisfoire, louant « la fermeté invincible, la force sacerdotale, avec lesquelles, bien qu’on le fit vivre de pain de douleur et d’eau d’affliction, il n’avait jamais cessé de faire son devoir » . Opéra, t. i, p. 58 ; t. iv, p. 1500, 1590.
Massez nombreux missionnaires de divers ordres, trouvant les actes pontificaux insuffisamment promulgua-, continuaient leurs anciennes pratiques, Pour couper court à ces désobéissances, Clément XI en 1715, par la constitution Ex illa die, Bullarium, p. 670, renouvela
les condamnations précédentes et imposa à tous les missionnaires présents en Chine, et à ceux qui y aborderaient dans la suite, la signature d’un formulaire contenant le serment de se soumettre aux décisions données par le Saint-Office en 1704. Cette constitution ne rétablit pas l’unité de vues et de pratiques. Le pape envoya en Chine un autre légat, Jean-Ambroise Mezzabarba, référendaire des deux signatures, qu’il créa patriarche d’Alexandrie, avec les pouvoirs de légat a latere pour les Indes Orientales. Opéra, t. i, p. 162. Mezzabarba, débarqué à Canton en octobre 1720, trouva l’empereur Kang-Hi décidé à ne rien céder sur la question des cérémonies chinoises, et la plupart des chrétiens résolus à faire schisme si les prescriptions de Rome étaient maintenues ; devant cette opposition, le légat concéda le maintien de plusieurs des usages condamnés. Ces permissions donnèrent lieu dans la suite à de nouvelles discussions, qui ne furent terminées que sous Benoit XIV. Voir t. il, col. 2375-2389. Cf. Reboulet, Histoire, t. i, p. 144 sq., 196 sq., 272 sq. ; t. ii, p. 207 sq. ; Lafitau, Vie, t. i, p. 2Il sq. ; Launay, Histoire générale, t. i, p. 381 sq., 466 sq.
V. Actes divers.
En 1703, le Code Léopold, promulgué par Léopold-Joseph, duc de Lorraine, fut dénoncé par l’évêque de Toul comme contenant de nombreuses propositions contraires à la doctrine de l’Église sur la juridiction ecclésiastique et l’autorité du siège apostolique ; Clément XI le fit examiner par une congrégation de cardinaux et de théologiens, et le résultat fut une condamnation qui frappa ce code et les arrêts rendus en vertu de ses lois. Bullarium, p. 99 sq. Après une lutte de plusieurs années, le duc de Lorraine se décida à modifier les articles condamnés. Cf. Opéra, t. iv, p. 179, 218, 346, 728 ; E. Martin, Histoire des diocèses de Toul, de Nancy et de Saint-Dié, Nancy, 1901, t. ii, p. 398-413. Clément XI a promulgué les canonisations, faites par plusieurs de ses prédécesseurs, de saint Isidore le laboureur, saint André Corsini, saint Philippe Béniti, saint François de Borgia, saint Laurent Justinien, saint Jean de Capistran. Il a canonisé lui-même Pie V et André Avellin (22 mai 1712), Bullarium, p. 506, 518 ; béatifié François Régis (8 mai 1716), ibid., p. 704, et composé l’office de saint Joseph inséré au bréviaire romain. Reboulet, t. ii, p. 240. Il a statué que la fête de la Conception de la sainte Vierge serait de précepte dans l’Église universelle (6 décembre 1708), Bullarium, p. 338, et enrichi d’indulgences la récitation du chapelet dit de sainte Brigitte, lbid., p. 626.
I. Sources.— Bullarium romanum, Turin, 1871, t. xxr ; démentis XI pontifiais maximi opéra omnia, édit. du cardinal Albani, 4 in-fol., Francfurt, 172’J : t. i, Vrationes consistoriales, p. 1-183 ; t. ii, Homilix in Evangelia, p. 1-75 ; t. iii, Bitllarium, p. 1-1283 ; t. IV, Epistol : v et brevia selectiora, p. 1-2423 ; L. Mention, Documents relatifs aux rapports du clergé avec la royauté, Paris, 1893, p. 103 sq. ; Procès-verbaux des assemblées du clergé de France, Paris, 1774, t. VI.
II. Travaux.
Artaud de Montor, Histoire des souverains ponti/es, t. vi, p. 283 sq. ; Audisio, Histoire des papes, t. v, p. 138 sq. ; BaudriUart, Philippe Y et la cour de France, Paris, 1890 sq. ; Bliard, Dubois cardinal et premier ministre, Paris, 1903, t. n ; Bower, History of tlia roman popes, t. x b, p. 233 sq. ; Brosch, Geschichte des Kirchenstaates, t. il, p. 29 sq. ; Chénon, L’Église catholique au xviiie siècle, dans l’Histoire générale de Lavisse et Rambaud, t. vii, c. xviij de Crousaz-Crétet, L’Église et l’État au xviif siècle, Paris, ls.93 ; Guarnacci, Yitse et res gestX, t. II, p. 1 sq. ;.hingmann, Dissertationes selectse in hist. ceci., Ralisbonne, 1887, t. vii, p. 290 sq. ; Lafitau, Vie de Clément XI, Padoue, 1752 ; Id., Histoire de la constitution UnigenitttS, Avignon, 1737 ; Le Roy, Le gallicanisme au xviir siècle, la France et Rome de 1100 à l~ /.">. l’aris, 1892 ; Muratori, Annali d’Italia, Milan, 1749, t. xi, p. 448 sq ; Petrucelli délia Gattlna, Histoire diplom. des conclaves, t. iii, p.’iin sq. ; Polidorl (anon.), De vita ei rébus gestis Clem< ntis.M, Drbin, 1727 ; Pometti, Studii sut pontificale di Clem. M. dans Archivlo d<-iia sue. Romana, Rome, 1898, t. xxi ; Ranke, Dis rômiseken Pàpste, t. iii, p. 120 si). ; Reboulet, Histoire de Clehlehu’ii-r Stadl i
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U an Ma Sleula, Frla rare -, 18 r, La
im &u Janêénlam » , Pai It, 1901.
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