Dictionnaire de théologie catholique/CYRILLE TRANKVILLION-STAVROVETZKY

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Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 3.2 : CONSTANTINOPLE - CZEPANSKIp. 656-657).

6. CYRILLE TRANKVILLION STAVROVETZKY, hiéromoine et prédicateur de la laure Pétchersky de Kiev, en 1628 recteur du monastère de l’Assomption d’Életz à Tchernigov. Sa mort eut lieu après 1646. Il a publié un ouvrage intitulé : Le miroir de la tltéotogie (Zerlzalo bogoslovii), imprimé au monastère de Potchæv en 1618, et réimprimé en 1679, 1692. 1695. Karatev, Opisanie slaviano-russkikh knig, Saint-Pétersbourg, 1883, p. 343-344. C’est un essai de théologie dogmatique divisé en trois parties : dans la première il est question de l’essence de Dieu, dans la seconde du monde quadruple, c’est-à-dire des anges, de la terre et du ciel, de l’homme et des esprits diaboliques, dans la troisième des ténèbres et de la lumière et de l’éternité bienheureuse. Dans ses démonstrations l’auteur utilise les données des sciences naturelles de son temps. parle des éléments de la terre et considère l’homme au point de vue physiologique, etc. Un autre ouvrage intitulé : Perlo mnogotziennoe, imprimé à Tchernigov en 1646 et à Moghilev en 1690, Karatæv, p. 516, contient des considérations sur les remèdes contre le péché, sur le jugement dernier et la fin du monde, et des lou ; i à la sainte Vierge, aux esprits angéliques et aux apôtres. Cyrille Trankvillion eut du renom comme prédicateur. Ses sermons sur les évangiles des dimanches et des fêtes eurent plusieurs éditions au xviiie siècle et avaient été brûlés à Moscou par ordre du tsar en J627 on les accusait de soutenir les doctrines de l’Église romaine.

Philarète, Aperçu sur la littérature ecclésiastique russe, Saint-Pétersbourg, 1884, p. 187-188 ; Id., Histoire de l’Église russe, Saint-Pétersbourg, 1895, p. 554-555, 573-586 ; Zapiskiûs la faculté d’histoire et de philologie de l’université impériale do Saint-Pétersbourg, 1900, t. Liv, p. 156-157 ; Philarète, Description historique et statistique de l’éparchie de Tchernigov, Tchernigov, 1873, t. iii, p. 2-11 ; Éfrémov, Matériaux pour servir A l’histoire de la littérature russe, Saint-Pétersbùiug. 1867 ; P. Zabielin, Utchitelnoe evatighelie Kirilla Trankvillionastavrovetzkago, dans Rukovodstvo dlia selskikh pastyrei, Kiev, 1873, t. I, p. 272-279, 302-309, 403-411, 448-453, 568-573 ; t. u. p. 71-79, 200-205, 271-278, 328-334, H6-422, 466-471, 486- V.’I. Katæv, Otcherck istorii russkoi tzerkovnoi propoviedi, Odessa, 1883, p. 11H18.

A. Palmieri.


7. CYRILLE DE SAINTE MARIE est né le 5 mai 1662 à Milan, où il entra chez les carmes déchaussés en 1678. Les cours qu’il donna comme professeur de théologie portaient ce caractère de clarté et de profondeur qui distinguait leur auteur. Il mourut à Lodi, en mai 1733, après une vie toute consacrée à la piété et à l’étude. Il a publié un résumé de la célèbre théologie de Salamanque sous le titre de Theologia juxta sacras litteras, concilia et sanctos Patres, in-4°, Crémone, 1720, et a laissé en manuscrits Consultationes variæ tam de jure canonico quam de aliis rebus sacris, ainsi que Decisiones plures de casibus ad theologiam moralem pertinentibus.

Cosme de Villiers, Bibliotheca carmelitana, Orléans, 1752, t. i, col. 365 ; Henri du T.-S.-Sacrement, Collectio scriptorum ordinis carmelitarum excalceatorum, Savone, t. i, p. 149.

P. Servais.


8. CYRILLE DE SCYTHOPOLIS, hagiographe et historien byzantin du vie siècle, naquit en Palestine, dans la riante ville de Scythopolis, aujourd’hui Beisan, non loin du Jourdain, vers l’année 524. Comme ses parents étaient fort pieux et offraient d’ordinaire l’hospitalité à saint Sabas, ils laissèrent leur jeune enfant suivre la vie religieuse, d’abord dans son pays natal, ensuite dans les monastères de la Judée. A la fin de 543, Cyrille se retirait au couvent de Calamon, près de Jéricho, et, en juillet 544, il se faisait inscrire parmi les religieux de Saint-Euthyme. Le 21 février 555, après l’expulsion des moines origénistes de la Nouvelle Laure, qui avaient troublé, de leurs clameurs et même de leurs bandes armées, la Palestine pendant près de vingt ans, Cyrille était désigné pour habiter la Nouvelle Laure. Il y resta jusqu’aux premiers mois de l’année 557, où il s’était procuré une cellule à la laure de Saint-Sabas. C’est là, selon toutes les probabilités, qu’il mourut à une date qui n’est pas connue, mais qui ne doit pas être fort éloignée de 557.

Cyrille de Scythopolis passe aux yeux des connaisseurs pour un des meilleurs hagiographes grecs, peut-être même pour le meilleur. Il a laissé au moins sept vies de saints, éditées maintenant :
Vita S. Euthymii, dans les Ecclesiae græcae monumenta de Cotelier, édit. des mauristes, Paris, 1692, t. iv, p. 1-99 ; la recension de Métaphraste se trouve dans Cotelier, t. ii, et dans P. G., t. cxiv ; 2° Vita S. Sabbæ, dans Cotelier, op. cit., t. iii, p. 220-376 ; un russe, M. Pomjalovski, a reproduit l’édition grecque de Cotelier, en y ajoutant une ancienne traduction slave, in-8°, Saint-Pétersbourg, 1890, p. 1-533 ; 3° Vita S. Joannis Silentiarii, dans les Acta sanctorum, t. iii maii, en appendice, p. 16-21 ; 4° Vita S. Cyriaci, dans les Acta sanctorum, t. viii septembris, p. 147-158 ; 5° Vita S. Theodosii, dans Usener, Der heilige Theodosios. Schriften des Theodoros und Kyrillos, Leipzig, 1890, p. 105-113 ; 6° Vita S. Theognii, dans les Analecta bollandiana, 1891, t. x, p, 113-118, et dans le Pravosl. Pal. Sbornik, Saint-Pétersbourg, 1892, édition de M. Papadopoulo Kerameus ; 7° Vita S. Abramii, éditée d’après la version arabe dans Al-Machriq, Beyrouth, 1903, t. viii, p. 258-265 (voir aussi Analecta bollandiana, 1905, t. xxiv, p. 350-356 ; Bytantinische Zeitschrift, Munich, 1905, t. xiv, p. 509-518 ; Échos d’Orient, 1905, t. iii, p. 290-294), el d’après l’original grec par H. Grégoire dans la Revue de l’Instruction publique en Belgique, 1906, t. xlix, p. 281-296, et Kl. Koikylidès dans la Νέα Σιών, Jérusalem, 1906, t. iv. supplément, p. 1-7. Ces sept biographies aujourd’hui, chacune prise à part, un tout complet. Tel ne paraît pas avoir été le but de l’auteur, qui édita séparément la vie de saint Euthyme et celle de saint Sabbas et se proposait de grouper toutes les autres petites biographies dans un seul ouvrage. La mort ne lui laissa pas le temps de mener à bout son dessein.

Les ouvrages de Scythopolis constituent une source hors de prix pour l’histoire des querelles religieuses en Orient, pendant les ve et vie siècles, depuis le concile de Chalcédoine, 451, jusqu’après le concile des Trois-Chapitres, 553. Ils composent même souvent notre unique information pour les querelles monophysites et origénistes. Tous les critiques s’accordent à vanter son sens historique et sa grande impartialité.

Pour la vie et les œuvres de Cyrille de Scythopolis, voir Usener. Der heilige Theodosios. Schriften des Theodoros und Kyrillos, Leipzig, 1890, préface, et surtout F. Diekamp, Die origenistischen Streitigkeiten im sechsten Jahrhundert, Munster, 1899, p. 1-25, où sa chronologie est particulièrement étudiée. Cf. Ul. Chevalier, Répertoire. Bio-bibliographie, 2° édit., t. i, col. 1097.

S. Vailhé.


CYRUS, patriarche grec monothélite d’Alexandrie, au viie siècle. La première fois que nous rencontrons ce personnage, c’est à Phasis, métropole de la province de Lazie, sur la mer Noire. Cyrus était métropolitain de cette ville, lorsque, en l’année 626, durant un long séjour qu’il fit dans ces contrées, l’empereur Héraclius tâcha de gagner le prélat aux idées monothélites, que Sergius, patriarche de Constantinople, répandait dans l’ombre et pour lesquelles il recrutait des adhérents de marque. Cyrus fut donc prié d’approuver un décret de l’empereur à Arcadius, archevêque de Chypre, et une lettre du patriarche Sergius au même Arcadius, deux écrits, dans lesquels il était défendu « de parler des deux énergies de Notre-Seigneur Jésus-Christ après l’union des deux natures. » Cyrus protesta tout d’abord contre cette doctrine, qui lui paraissait être en contradiction avec le tomos du pape saint Léon Ier, mais, remarque-t-il lui-même, « je reçus l’ordre de me taire à l’avenir sur ce point, de ne pas contredire et de te (Sergius) demander de nouvelles instructions sur la nécessite d’admettre, après l’union des deux natures, une seule énergie dirigeante. » . Cyrus écrivit, en effet, aussitôt à Sergius une lettre, d’où nous avons extrait ces renseignements. Mansi, Concil., t. xi, col. 557-561. On a la réponse de Sergius, Mansi, op. cit., t. xi, col. 524-528, laquelle, d’après le Libellus synodicus, Mansi, t. x, col. 606, aurait été rédigée dans un synode tenu à Constantinople en 626 ou 627. Sergius y confirme pleinement Cyrus dans les idées monothélites que lui avait déjà suggérées l’empereur et il lui envoie à cet effet tous les documents qu’il avait réunis depuis quelques années afin de conquérir des adeptes.

Pour tant de bonne volonté, Cyrus obtint en récompense le siège patriarcal d’Alexandrie, que l’empereur lui fit offrir, après la mort de Georges II, entre les mois de mai et d’août de l’année 631, d’après A. von Gutschmid, Kleine Schriften. Leipzig, 1890, t. ii, p. 178, à l’automne de la même année, d’après A. Butler, The arab conquest of Egypt, Oxford, 1902, p. 176. Il arriva en Egypte avec les pouvoirs d’augustalis ou de vice-roi, et rien que le bruit de sa venue mit en fuite le patriarche copte Benjamin, qui quitta Alexandrie. Réunissant entre ses mains les deux pouvoirs, spirituel et temporel, Cyrus, le terrible Mukaukas (Le Caucasien), comme l’appellent les indigènes, avait pour programme déterminé d’opérer l’union de l’Église copte ou mieux des diverses Eglises coptes avec l’Église byzantine officielle. Il s’y employa de son mieux, ne reculant pas devant la persécution, mais ses cruautés, loin de ramener les dissidents, eurent pour résultat de les préparer contre la domination byzantine et de les préparer à l’occupation arabe. Cependant, avec sa formule ambiguë monothélite, Cyrus obtint un petit succès. Le 3 juin 633, il réconciliait avec l’Église grecque la secte des théodosiens, fraction importante du parti monophysite d’Egypte. La lettre et le document d’union en 9 articles, souscrit par les théodosiens et qu’il envoya à Sergius après la cérémonie, Mansi, t. xi, col. 561-568, montrent bien qui c’est la doctrine catho