Dictionnaire de théologie catholique/DÉMON

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Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 4.1 : DABILLON - DIEU philosophie modernep. 169-213).

DÉMON, ce nom, qui désigne dans le language ecclésiastique un ange déchu, est la transcription française des termes grecs δαίμων et δαιμώνιον. Δαίμων, dont l’étymologie est incertaine, est, en grec, un terme très complexe, étant données la multiplicité et la variété des acceptions dans lesquelles il a été employé et dont les nuances sont parfois difficiles à saisir. Ainsi Homère a désigné par ce mot la divinité en tant qu’elle exerce une influence bienfaisante ou funeste. Tandis que, pour lui, θεός ; est la personnalité divine elle-même, δαίμων représente une puissance secrète, indéfinissable, à laquelle tous les dieux participent et par laquelle ils font sentir à l’homme leur supériorité. Quand l’influence exercée est favorable, le δαίμων remplit en quelque sorte le rôle de la providence ; mais le plus souvent, cette action est funeste et Homère appelle δαιμόνιος ; un homme frappé par une puissance surnaturelle. En beaucoup de passages, δαίμων est simplement synonyme de θεός. Par conséquent, pour lui, les δαιμόνες sont les puissances divines s’occupant des destinées des mortels. Mais, pour Hésiode, ce sont des êtres intermédiaires entre les dieux et les hommes, chargés de fonctions qu’Homère attribuait aux dieux. Tels étaient les héros de l’âge d’or, devenus les gardiens souterrains des mortels, ou des personnifications soit des vertus et qualités morales, soit des forces cosmiques, mêlées très intimement à la vie des hommes. Δαίμων, a désigné aussi la destinée, τυχή. Le démon a encore joué le rôle de protecteur personnel ou d’esprit malfaisant, attaché à un homme qu’il accompagne pendant la vie, dont il dirige les pensées, les désirs et les inclinations. On connaît assez le démon de Socrate. Lélut, Du démon de Socrate, in-8°, Paris, 1856. Plutarque a reconnu aussi dans les démons des êtres intermédiaires entre les dieux et les hommes et participant à la fois à la nature divine et â la nature humaine. Ils sont les serviteurs des dieux, accomplissent des actions que la sublimité de ceux-ci leur interdisait de faire et répandent sur les hommes les bénédictions et les châtiments des dieux. Il y a de bons démons et de mauvais démons. Ces derniers, véritablement malfaisants, produisent ce qu’on a attribué aux dieux de méchant et d’indigne. De defectu oraculorum, c. XII ; De Isid. et Osir., c. xxvi. Cf. Daremberg et Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, v° Dæmon, Paris, 1892, t. ii, p. 9-19 ; Chantepie de la Saussaye, Manuel d’histoire des religions, trad. franc., Paris, 1904, p. 509, 514, 536, 656. Les deux mots grecs δαίμων et δαιμώνιον n’ont désigné des anges déchus que dans la version des Septante, dans le Nouveau Testament et dans la langue ecclésiastique. En passant dans le grec hellénistique des Juifs et des chrétiens, ils ont donc pris une acception nouvelle, étrangère à leur signification primitive, quoique présentant avec elle une certaine analogie. C’est dans l’acception juive et chrétienne d’anges déchus qu’il sera parlé ici des démons. Nous étudierons successivement les démons :
1°dans la Bible et la théologie juive ;
2° d’après les Pères ;
3° d’après les scolastiques et les théologiens postérieurs ;
4° d’après les décisions officielles de l’Église.


I. DÉMON DANS LA BIBLE ET LA THÉOLOGIE JUIVE
I. Dans l’Ancien Testament.
II. Dans le monde juif postérieur.
III. Dans le Nouveau Testament.

I. Dans l’Ancien Testament.

Comme on a prétendu que la doctrine juive sur les démons avait subi, après la fin de la captivité de Babylone, l’influence perse, il importa de distinguer ce que les Israélites pensaient des esprits mauvais jusqu’à l’exil et à partir de l’exil.

Avant l’exil.

Dans les plus anciens livres bibliques, il n’est pas explicitement question des anges déchus. Cependant, il y est fait mention de puissances malfaisantes et d’esprits mauvais. Dans le récit de la chute de nos premier parents, intervient un serpent.  : 523

DÉMON DANS LA BIBLE ET LA THÉOLOGIE JUIVE

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Ce n’est certes pas un simple animal, mais bien un esprit méchant et malveillant, qui, sous la forme ou l’apparence d’un serpent, tente Eve, lui suggère l’idée de désobéir au précepte de Dieu et l’amène, elle et Adam, à manger du fruit défendu. La manière d’agir de cet animal cauteleux trahit un être supérieur, spirituel et invisible, qui pousse au mal, et la sentence divine contre le tentateur atteint cet être fourbe et dissimulateur plus que l’animal, dont il avait pris la forme. Gen., iii, 13-15. Dans tout ce récit, le serpent est un prète-nom et un porte-parole de celui qui sera appelé plus tard le diable. P. Lagrange, L’innocence cl le péché, dans la Revue biblique, 1897, t. vi, p. 350, 365-366. Cf. F. de Hummelauer, Comment, in Genesini, Paris, 1895, p. 150-151, 158-159 ; G. Hoberg, Die Genesis, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1908, p. 44-51. Cette intervention du serpent pour expliquer la déchéance de l’humanité est exclusivement propre à la Genèse ; elle n’a son pendant dans aucun mythe ancien relatif à la destinée de l’humanité primitive. Il n’y en a aucune trace dans le mythe babylonien d’Adapa, dans lequel quelques mythographes ont prétendu découvrir l’origine du récit jéhoviste de la création. Le serpent ne remplit qu’un rôle secondaire dans le mythe d'Étana, et s’il se venge, c’est contre l’aigle qui avait conçu le projet de manger ses petits ; il ne fait rien relativement à l’homme. P. Dhorme, Clioix de textes religieux assyro-babyloniens, Paris, 1907, p. 148-181. Si le serpent intervient, dans les mythes de différents peuples, pour représenter une puissance mauvaise, on ne le trouve jamais mêlé à la perte de la félicité première de l’humanité. Les exemples, cités par F. Lenormant, Les origines de l’histoire, 2e édit., Paris, 1880, t. i, p. 98-106 ; Histoire ancienne de l’Orient, 9e édit., Paris, 1881, t. i, p. 39-41, n’ont point d’analogie avec le récit biblique de la chute, et si le serpent des Iraniens, Agrà Mainjou, incarne en quelque sorte le mal, s’il a quelque rapport avec le serpent de l'Éden, c’est très probablement parce qu’il en est dérivé par imitation. Les documents persans ne sont pas aussi anciens que le croyait Lenormant, et la dépendance entre la Bible et l’Avesta est l’inverse de ce que Ton prétendait autrefois. P. Lagrange, loc. cit., p. 350, 373, 377. Le serpent tentateur reste donc exclusivement propre à la tradition israélite.

Moïse, qui avait parlé du serpent de façon à faire reconnaître plus tard en lui l’esprit tentateur ou le diable, ne le mentionne plus dans le reste du Pentateuque. On a pensé que ce silence était intentionnel, que Moïse, pour maintenir plus aisément dans l’esprit de son peuple l’idée monothéiste, s’est tu sur l’existence d'êtres spirituels déchus, de peur que les Israélites, entraînés par les conceptions des peuples voisins sur des dieux malfaisants, ne se soient représenté, à coté du Dieu tout-puissant et bon, des êtres spirituels et invisibles, voulant le mal et capables de contrecarrer les volontés divines et de travailler dans le monde à rencontre des desseins de Dieu. Chez les Babyloniens en particulier, les démons étaient toujours prêts à mal faire et ne pensaient qu’au mal. Aussi, une partie de la religion consistait-elle à se les rendre favorables ou à écarter leurs attaques par des incantations et des pratiques magiques. Lenormant-Babelon, Histoire ancienne de l’Orient, 9e édit., Paris, 1887, t.'v, p. 194-214 ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, 1895, t. i, p. 630-636 ; Chantepie de la Saussaye, op. cit., p. 133, 134 ; P. Lagrange, Eludes sur les religions sémitiques, 2e édit., Paris, 1905, p. 223. C’est pourquoi le législateur hébreu interdit si sévèrement toutes les formes de la magie. Exod., xxii. 18 ; Lev., xx, 6 ; Deut., xviii, 9-11.

Les plus anciens livres de la Bible hébraïque, pour la même raison sans doute, parlent rarement des

esprits mauvais ou démons. On doit oir cependant l’un d’eux dans l’espril mauvais qui tourmentait Saûl,

quand l’esprit du Seigneur l’eut quitté-. | Sam.. XVI, 1 i, 15..Mais cet esprit ne paraît pas indépendant de Dieu ; il est présenté comme envoyé par Dieu lui-même pour agiter le roi coupable ; on l’appelle mémo l’esprit mauvais de Jéhovah » . I Sam., xvi, 16, 23 ; xvin. lu ; xix. 9. C’est Dieu encore, qui, entouré de toute l’armée des cieux, permet à un esprit de mensonge de tromper les faux prophètes d’Achab, et met lui-même sur leurs lèvres cet esprit de mensonge qui les fait parler. I(III) Beg., xxii, 19-23 ; II Par. ! Win, 18-22. Ces esprits n’agissent donc que par la volonté- divine. Ce ne sont pas des êtres malfaisants par leur nature et leur volonté propre ; ils sont des agents, subordonnés à Dieu et n’exécutant le mal que parce qu’il le leurcomrnande ou leur en laisse la liberté.

On peut rapprocher de cette conception le rôle attribué à Satan dans le livre de Job. Cet écrit, qui est probablement antérieur à la captivité, rellète les idées anciennes des Israélites sur le démon. Satan, nommé pour la première fois dans la Bible, est un être surhumain, comme les anges au milieu desquels il paraît, agent du mal, mais dans une absolue subordination à Jéhovah. Bien qu’il soit envieux du juste Job et veuille éprouver sa vertu par le malheur, il ne peut agir qu’avec l’autorisation divine. Il a besoin d’une permission, sinon même d’une délégation du Seigneur. Son action est strictement limitée à la volonté de Dieu, qui permet d’abord d’attaquer son serviteur exclusivement dans ses biens, et pas en sa personne, Job. 1, 6-12, puis dans sa personne, en sauvegardant toutefois sa vie. il, 1-7. Si Satan n’apparaît pas ici comme un esprit mauvais par essence, il se montre malfaisant et tentateur. Ce rôle de tentateur envers l’homme vertueux, en vue de le détourner de Dieu, le rattache manifestement au serpent de la Genèse. D’ailleurs, son nom. Satan, employé ici avec l’article, haSsâtân, dérive du verbe sâlan, « dresser des embûches, persécuter, être adversaire. » Ce n’est peut-être pas encore un nom propre, mais plutôt un nom de qualité, désignant un être malveillant, rusé, tendant des pièges et adversaire des hommes justes. Ce ne serait que plus tard qu’il serait devenu le nom propre du démon. Il a été traduit en grec par S ; 'aôo)oç, signifiant étymologiquement « celui qui se met en travers » , mais ayant ordinairement le sens d’ennemi, d’adversaire, et spécialement d’accusateur et de calomniateur. Si le Satan de Job ne désigne pas expressément le prince des démons, il ne convient pas non plus à un adversaire indéterminé : c’est un ange mauvais, ennemi de l’homme, dépendant de Dieu, et n'étant pas par conséquent une puissance du mal, essentiellement opposée à Dieu et représentant dans le monde le principe mauvais. La doctrine monothéiste d’Israël écartait toute idée dualiste et considérait les esprits mauvais comme inférieurs à Dieu et soumis à sa volonté, même dans l’exercice de leur malice et l’accomplissement de leurs desseins malveillants. Bien comprise, l’idée de ces esprits ne faisait courir aucun danger au monothéisme israélite et ne portait pas les Hébreux à déifier Satan et a en faire, en face de Dieu, principe du bien, le principe du mal.

Ces faits montrent la fausseté du sentiment de quelques critiques, qui ont prétendu à tort que les Hébreux n’avaient eu la notion distincte du démon qu’après la captivité, à la suite de leurs rapports avec les Perses, à qui ils auraient emprunté l’idée du prince des démons et le nom de Satan, La connaissance d’esprits mauvais est, chez eux, bien antérieure à la captivité. Nous allons voir si elle s’est développée à partir de la captivité sous l’influence des doctrines étrangères, et notamment des Perses et des Grecs.

A partir de la captivité.

I. Dans les livres ca

noniqæs. — Le livre de Tobie nomme le démon Asmodée, qui avait tué les sept premiers maris de Sara, fille de Raguel, iii, 8 ; vi, li ; vil, 11 ; viii, 12. Le jeune Tobie, en épousant Sara, échappa au même sort, grâce aux moyens de préservation que lui avait suggérés l’ange Raphaël, son guide, vi, 5, 8, 16-10 ; viii, 2 ; xii, 3, H. Raphaël saisit le démon et le relégua dans le désert de l’Egypte supérieure, viii, 3. Plusieurs critiques ont prétendu qu’Asmodée avait été emprunté par les Juifs au mazdéisme, que son nom et son rôle venaient de la Perse. Asmodée, Esmadai, 'Aa|i.oSa ?oç, ne serait que la transcription de Aêshma-daêva, le démonde la concupiscence, une sorte de Cupidon, nommé plusieurs fois dans l’Avesta comme le plus dangereux de tous les démons. F. Lenormant, Les origines de l’hisloire, 2e édit., Paris, 1880, p. 325-327. En réalité, l’Avesta ne connaît que Aêshma et n’a pas une seule fois la forme complète Aéshnia daèva. Le Bundehesh a bien le nom pehlvi Aêshmshêdâ, qui suppose une forme avestique Aèshma-daêva. Mais l’histoire de Tobie est antérieure de plusieurs siècles à tous les livres pehlvis, et les spécialistes conviennent que l’iranien daèva n’aurait pu devenir dai en hébreu. Ii'.iilleurs, VAcshma avestique n’est pas le démon de la concupiscence ; il est partout le démon de la colère et de la violence. Son attribut principal est une lance sanglante. Lnlin, aucun déva iranien n’eût aimé une femme. Le démon Asmodée du livre de Tobie n’est donc pas un emprunt iranien. C’est un esprit mauvais et malfaisant, dont les maléfices ont été déjoués pur un procédé magique, indiqué à Tobie par l’ange Raphaël. Pour la plupart des commentateurs, la relégation de ce démon dans le désert de l’Egypte supérieure

i lie seulement que l’ange l'éloigna et le mit dans l’impossibilité de nuire à Tobie. Voir Dictionnaire de la Bible de M. Vigouroux, t. i, col. 1 103-1 lui. Nous verrons plus loin que pour les Juifs les démons habitaient spécialement dans les déserts. La mention d’Asmodée dans l’histoire de Tobie ne reflète peut-être qu’une tradition populaire, dont il n’y a pas d’autre trace dans la Bible, mais qui a été singulièrement développée par 1rs.luifs talmudistes et 'cabalistes, tandis qui' la tradition chrétienne n’en a tenu à peu près aucun compte.

tan est nommé quatre fois (hins les livres posté

- à la captivité'. Tandis que le récit de II Sam., XXVI, I. attribue à la colère divine contre Israël le projet que David conçut de dénombrer son peuple, le récit parallèle de | Par., sxi, I. le rappoi sèment à Satan,

qui apparaît comme l’instigateur de cette faute du roi

itnme la cuise de la peste, infligée par Dieu â punition. L'épreuve que Dieu avait permise (lins sa colère fut donc considérée plus tard comme i' provoquée par Satan, l’ennemi de Dieu et de son peuple Israël. F. de Hummelauer, Comnientarius Paris, 1905, t. r, p. 307-906. Uniuni' vision, b prophète Zacharie, m. I, 2. vil le granduéou Jésus debout devant l’ange de Jéhovah.

i droite | r s’opposer.i lui ; mais

'h ou Bon ange dit à Satan : a Que Jéhovah te réprime, Satan : oui. qu’il le réprime, lui quia Dxé

hoii sur Jérusalem. Selon la meilleure inter ition de cett< vision, Satan accompagne le gramlint ! tribunal de i ange 'lu Si u ni ur ; il l’accuse, non pas d’une faute i" rsonnelle, mais des incieiu prophètes < aient i eprochi i i a II le i '.n b ni - prévarication pi 1 1|

m luda lis châtiments dh ins l' n tu ulii r ii c ipti it< i Bab] lone Satan, l’ad

i Mde luda, renouvelait an inlnin.il divin ni par là B’oppOSM i i la

uration do suprême u i ni'" i Un mplil dont li ur devant bjoj.iv Loin d'é©

accusation, Dieu réprima l’accusateur. Satan cherche donc en vain à provoquer le ressentiment de Jéhovah contre le grand-prêtre. Dieu a pardonnéà.luda et sauvé Jérusalem de l’incendie, et Satan est débouté de sa plainte. J. Knabenbauer, Comnientarius in prophetas minores, Paris, 1886, t. H, p. 248-249. Marti a prétendu que Satan (selon lui, il serait une création de Zacharie) serait la personnification idéale de la voix accusatrice de la conscience qui s'élève contre le retour des faveurs divines. Dodekapropheton, Tubingue, 1904, p. 408. Nowak lui a emprunté cette idée, Die kleinen Propheten, 2e édit., Gœttingue, 1903, p. 352-353. Zacharie n’a pas créé le personnage de Satan, car il lui aurait donné un nom signifiant directement accusateur. Il a trouvé ce nom, déjà employé avant lui ; il l’a adopté et il l’a présenté avec l’article hassdtdn, pour faire jouer dans la scène actuelle, au personnage ainsi nommé, le rôle d’accusateur de Jésus. Il le voit à côté de l’ange de Jéhovah, vraisemblablement l’ange protecteur de Juda, non comme une simple personnification de la conscience accusatrice, mais bien plutôt comme un ange mauvais, subordonné à Dieu, se bornant à accuser, et rejeté par le juge, à qui il a recours. A. Van Hoonacker, Les douze petits prophètes, Paris, 1908, p. 605-607. Dans l’Ecclésiastique, xxi, 30, on lit : « Lorsque l’impie maudit le diable, x’ov o-sTaviv (le texte original de ce verset n’a pas été retrouvé), il se maudit lui-même, » Il s’agit du diable plutôt que d’un adversaire ordinaire, et le sens semble être que l’impie, en maudissant celui qui l’a tenté et l’a poussé dans son impiété, se maudit lui-même, puisque c’est par sa propre volonlé qu’il s’est laissé séduire et tromper et qu’il est tombé dans l’impiété. J. Knabenbauer, Ecclesiasticus, Paris, 1902, p. 243-244. Enfin, Sap., ii, 24, le diable est celui qui, par envie, a introduit la mort dans le monde. Satan est ainsi nettement identifié avec le serpent, qui a séduit nos premiers parents et attiré sur eux le châtiment de la mort corporelle. Gen., iii, 19. Cf. Smend, Lehrbuch der alltestatncntlichen Religionsgeschichte, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1899, p. 402-403, 454 ; B. Stade, Biblische Théologie des Allen Testaments, Tubingue, 1905, t. i. p. 327-328.

2. Dans la version des Septante.

Les premiers traducteurs grecs qui ont toujours rendu le nom propre Satan par 8Ïa60).o ; , ont, sous l’influence aies idées grecques, vu des anges mauvais en des passages où le texte original n’en parlait pas, et ont traduit par le mot 3a : |iti>v différents noms hébreux dont le sens iioins clairement déterminé. Leur traduction est l’indice des idées courantes de leur temps dans le milieu juif où ils vivaient. Mais ces idées, pour avoir été adoptées par des Juifs hellénistes, ne sont pas entrées par le fait même dans le domaine de la révélation divine, quoiqu’elles aient la prétention d’expliquer les livres Inspirés.

Ces traducteurs avaient rendu brnè ha-èlohim, Gen., vi, 2, utof toû Beoû. Mais quelques manuscrits présen taient la variante : kyysXoi toû Bcov, el cette leçon parait avoir été, BU moins a une Certaine époque, la plus répandue. Cf. Holmes, Velus Testamentum cum vai iù nibtit, Oxford, 1798, i. i. Il en résultait que des

Séduits par la beauté des filles des homme seraient unis i elles et auraient procréa des géants. Comme le ut nommés lils de Dieu, Job, i, 6 ; n. l. Pi, wwii. i. i wi, 7. Dan., iii, 9. beaucoup de critiques en ont conclu que la induction « les angi de Dieu ni littérale, et que les béni ha-êlohtm étaient réellement, dans I des anges déchus, Hais l’incorporéiti des anges n’autorisant pas la possibilité d’un pareil commerce, ils ont penaé que le récit biblique avait con i rvi la trace d*un mythe païen, lan les milieui populaires du judafi I'. Lent. Les originel de VhUtoire, i i p 291-890.

L’abbé Robert, pour les mêmes raisons, a supposé que le récit primitif, qui no parlait que de l’alliance des Séthites avec les ꝟ. 1 les des Caïnites, avait été altéré, sous l’influence du mythe populaire, par l’insertion des fils de Dieu s’imissant aux filles des hommes. Les /ils de Dieu et les filles des limantes, dans la Revue biblique, 1895, t. iv, p. 341-348, 5-28-535. Ces conclusions ne s’imposent pas. Quoique l’expression « (ils d’Elohim » dans le livre de Job et dans les Psaumes cités désigne certainement les anges, il ne s’ensuit pas qu’elle ait ce sens dans le récit de la Genèse. Le contexte, en effet, ne convient qu'à des hommes et nullement aux anges, dont le livre biblique n’avait pas encore parlé. Il n’est question que de l’accroissement de l’humanité sur terre. Cette humanité, accrue par l’union des fils de Dieu avec les filles des hommes, n’est que chair, n’a que des sentiments charnels. Aussi, en punition, Dieu qui ne veut pas laisser mépriser sur terre le souffle de vie dont il a animé les humains, le retirera de ces générations charnelles et abrégera leur vie, qui sera réduite à 120 ans. Le châtiment n’atteint donc que des hommes, seuls visés dans tout le récit. Les anges n’y apparaissent que dans l’hypothèse que l’expression « fils d’Elohim » ne peut absolument désigner qu’eux. Or, tous les traducteurs juifs de la Genèse ont écarté les anges. Aquila a traduit : oî vloi tgW 6ewv ; Symmaque, ulot twv ôuvacrTe’jôvToov ; et ïbéodotion : Ao : to-j ôeo-j. Dom de Montfaucon, Hexapla, P. G., t. XV, col. 188-190 ; Field, Origenis Hexaplorum qitæ supersutit, Oxford, 1875, t. i, p. 22. Le targum d’Onkelos rend l’expression hébraïque par les « fils des puissants » ou des grands. De plus, suivant le texte hébreu, les géants, qui sont des hommes de renom, ne sont pas tous issus de l’union des fils de Dieu avec les filles des hommes ; ils existèrent à la même époque, ils existèrent encore après, et quelques-uns naquirent peut-être des unions précédemment racontées. En tout cela, il n’est question que d’humains, et on peut penser très légitimement que les fils de Dieu étaient des descendants de Seth qui épousèrent les filles des Caïnites. M. Hoberg, Die Genesis, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1908, p. 75, interprète cette expression dans le sens de « hommes pieux ». Quoi qu’il en soit, le récit original ne mentionne pas les anges ni leur commerce charnel avec des femmes. Voir F. de Huminelauer, Commentarius in Genesim, Paris, 1895, p. 211-219 ; Dictionnaire de la Bible de M. Vigouroux, t. ii, col. 2255-2257. Les Juifs, dans leur contact avec les Grecs, ont connu les unions des dieux païens avec des femmes, et parce que les lecteurs grecs de la Genèse savaient que les benê ha-ëlohim désignaient ailleurs les anges de Dieu, ils ont donné ce sens à cette expression du récit génésiaque et ont introduit parmi leurs coreligionnaires l’idée du mariage des anges avec des femmes et de l’origine des géants, idée qui devrait recevoir, nous le verrons, de nouveaux développements. Mais elle était étrangère à la pensée des anciens Hébreux.

Toutefois, les premiers traducteurs grecs ont vu des démons en beaucoup d’autres passages de l’Ecriture, dans lesquels il est parlé de tout autres êtres. Ainsi ils ont fait des démons : 1. des ie'îrîm, qui désignent ou bien des boucs, c’est-à-dire de ces animaux honorés comme dieux en réalité ou en images, Lev., xvii, 7 ; II Par., xi, 15 ; ou bien des satyres, semblables à des boucs sauvages, vivant au désert, Is., xiii, 51 ; xxxiv, li ; 2. des sedim, ou « puissants », des idoles, pareilles aux be'àlim, seigneurs ou dieux, Deut., xxxii, 17 ; Ps. evi (cv), 37, dans lesquels beaucoup de critiques modernes reconnaissent les sedis ou génies babyloniens ; 3. des èlilîm, des choses vaines, c’est-à-dire encore des idoles, Ps. xevi (xcv), 37 ; 4. des syyim, animaux sauvages, Is., xxxiv, 14 ; 5. d’yâSûd, ce qui dévaste, Ps. xc (xcr),

6. Le texte grec de Baruch, iv. 7. 35, parle des démons dans un contexte, où il est question des idoles ou d’animaux sauvages habitant au milieu des ruines. Nous ignorons quels étaient les mots hébreux ainsi traduits. Cf..1. Knabenbauer, Commentarius in Danieiem prophelam, Lamenlationes et Baruch, Paris, 1891, p. 491, 197. Les traducteurs grecs ont vu encore des anges mauvais, Ps. i.xxvii ilxxviii), 49, dans un passage où le texte original parle seulement d’anges de malheur, qui sont probablement des bons anges chargés par Dieu de châtier les coupables.

II. Dans le monde juif postérielh.

1° Dans les livres apocryphes. — La démonologie, qui était déjà en voie de se développer lorsque la Bible hébraïque fut traduite en grec, prit des accroissements très considérables dans la littérature apocryphe du judaïsme. Comme elle a été connue et partiellement acceptée par les Pères de l’Eglise, et comme, d’autre part, on prétend qu’elle a influé même sur certains écrivains du Nouveau Testament, il importe de l’exposer sommairement. Le livre éthiopien d’Hénoch, qui comprend des éléments de diverse nature, échelonnés du second tiers du IIe siècle jusqu'à l’an 64 avant Jésus-Christ, reproduit aussi des traditions différentes sur les démons ou les anges déchus. Bien que les anges, esprits immortels, n’aient pas eu besoin de s’unir aux femmes sur la terre, pour se perpétuer, xv, 4-7. F. Martin, Le livre d’Hénoch, Paris, 1906, p. 4041, cependant deux cents veilleurs, sous les ordres de Semyaza, selon une tradition, vi, 3, p. 11, ou d’Azazel, suivant une autre, x, 4 ; xiii, 1, 2, p. 22. 31, ont été séduits par la beauté des femmes. Descendus sur le sommet de l’Hermon, avec leurs chefs de dizaines, dont 18 sont nommés, vi, 7, p. 12 (autre liste de 21, lxix. 2. p. 149-150), ils prirent des femmes et en eurent des géants, qui opprimèrent les hommes et se dévorèrent entre eux, vi-vn, 'p. 10-15. Ils révélèrent à leurs femmes les secrets éternels, découvrirent aux hommes les arts et leur apprirent toute impiété, vii, 1 ; viii ; îx, 6-8 ; xvi, 3, p. 14, 15-17, 21, 45. Les âmes de ceux qui avaient été opprimés par les géants les accusèrent, ix, 3, 10, etc., p. 18, 21, et malgré l’intervention d’Hénoch, xiii ; xiv. p. 31-33, 34-35, Dieu condamna les anges déchus, d’aboi d à des châtiments temporels, la perte de leurs enfants, x, 9-12, 15 ; xiv, 6, p. 24-25. 26, 35, et à une étroite captivité loin du ciel, x, 5, 12 ; xiv. 5 : xxi, 10 p. 23, 25-26, 35, 37, puis, à partir du jugement dernier, au supplice éternel, dans l’abîme de feu, x, 6, 13, p. 23, 2ô. Cependant une autre tradition suppose que, du lieu où ils sont réunis, ces esprits peuvent prendre toute espèce de formes et tromper les hommes jusqu’au jugement dernier, xix, 1, p. 33. Ailleurs, i.xvii. 4-13, p. 143-146, ils sont condamnés au supplice des eaux brûlantes, qui communiquent leur chaleur aux sources thermales. Dans le Livre des songes, les anges déchus sont comparés à des étoiles descendues des cieux, qui se changent en taureaux et ont des relations coupables avec les génisses, c’est-à-dire les filles des hommes, lxxxvi, p. 200-201. Un archange fidèle les saisit, les lie et les jette dans un abîme sous la terre, i.xxxviii, 202203. Au jugement dernier, ils seront précipités dans un abîme de feu, xc, 21, 24, p. 230-231. Cette tradition connaît d’autres anges coupables : les 70 anges ou pasteurs à qui Dieu avait confié le soin de veiller sur Israël à partir de l’invasion assyrienne, et qui, ayant été infidèles à leur mission, seront condamnés, au jugement dernier, à parlager le supplice éternel des étoiles tombées, xc, 23, 25. p. 231. Quant aux géants, les esprits sortis de leurchair, à leur mort, sont demeurés sur terre ; ce sont des esprits mauvais, qui attaqueront les hommes jusqu’au jugement, xv, 8-12 ; XVI, 1, p. 41-ii. Les hommes les adorent sous l’image d’idoles, comme ils adorent les démons, xcix. p. 261. à l’instigation des anges déchus, xix, 1, p. 53 ; cf. p. 46, note. Les tradi

tions du Livre des paraboles, xl, 7, p. 87, et d’une apocalypse de ; Noé, i.xv, 6, p. 139, parlent des satans. Ce sont des esprits méchants, qui ont entraîné les hommes au mal, liv, 6, p. 110, et les accusent devant Dieu. Ils sont chargés de châtier les coupables et sont appelés les anges du châtiment, lui, 3, p. 108 ; préparent les instruments de Satan, fouets et chaînes de fer pour les rois et les puissants de la terre, lvi, I ; lxii, 11 ; lxiii, 1 ; lxvi. 1, p. 112, 133, 134, 141. Ces satans diffèrent des ?.nges déchus et des géants, car ils ne sont pas voués aux tourments de l’enfer et peuvent se présenter au ciel devant le Seigneur. Ils existaient avant la chute des anges qu’ils ont provoquée. Leur chef est Satan ; les veilleurs ont préféré son service à celui de Dieu. Il représente donc un pouvoir hostile au Seigneur, bien qu’il dépende de lui, puisque ses subordonnés exécutent les sentences divines. F. Martin, op. cit., p. xxviiiXXXI. Cf. Robert, dans la Revue biblique, 1895, t. iv, p. 366-373, 539-545. Voir aussi, t. i, col. 1480-1481.

Le livre slave des Secrets d’Hénoclt, qui est de la fin du i « r siècle ou du commencement du if siècle de notre ère, parle aussi de deux sortes d’anges coupables. Au second ciel, c. vii, il y a des ténèbres plus sombres que celles de la terre, et dans ces ténèbres des prisonniers qui sont gardés pour le dernier jugement. Ce sont les anges qui n’ont pas obéi aux préceptes de Dieu, qui ont pris conseil de leur volonté propre et qui, ayant péché avec leur prince Satanail, ont été relégués du 5e ciel, où ils devaient être, dans les ténèbres du 2e ciel. Ils sont plongés dans la douleur et ne cessent de pleurer. Ils demandent à Hénoch d’intercéder pour « ux auprès du Dieu ; mais Hénoch s’en défend. Leurs frères, demeurés fidèles, restent, depuis la faute des coupables, tristes et désolés, ils ont cessé de louer Dieu. Trois de ces anges, relégués au second ciel, descendirent sur l’Ilermon, s’unirent à des femmes et donnèrent naissance aux géants, fin punition de cette faute, ils furent condamnés à habiter sous terre jusqu'à la fin du monde. Hénoch les a vus dans leur prison et a vainement intercédé auprès de Dieu en leur faveur, c. xviii. Le chef des anges désobéissants avait voulu uietlre son trône au-dessus des nues et égaler Dieu en puissance, c. xxix. Devenu Satan et l’esprit mauvais

igions inférieures après qu’il eut quitté les cieux, il voulut déranger l’ordre établi par Dieu, parce qu’il voyait qne t'.ui sur la terre ('tait soumis à l’homme.

qu’il eut changé de nature, il conservait l’intelligence du bien et du mal. Satan trompa Eve, et Dieu le maudit a cuise de son ignorance, c. xxxii. Voir t. i, col. 148-2-1

Le Livre des jubilés, composé vers le milieu du « le de notre ère, m. 17 sq., raconte la tentation d i par I' Berpent, el il la place au 17 jour du 2 « mois de la 8° année ; q>res la création. A la 11" semaine de la 6' année du lu jubilé, les anges gardiens descendirent sur terre pour apprendre aux hommes le droit et la Justice, iv. I.".. Au 25< jubilé, du temps de Noé, quand les hommes se furent multipliés et qu’ils eurent des filb- - de Dieu virent qu’elles étaient belles,

M choisirent des femmes parmi elleet engendrèrent i hommes devinrent mauvais et Dieu résolut de les détruire, < l’exception de Noé, Irrité contre "iges qu’il avait envoyés sur terre, il décida de leur enlever toute leur puissance, et il les m enchaîner

let profondeurs de la terre. Quant aux géants, il le » fit tuer. Leun pères, enchaînés, lurent témoin arar ra’au jour du

jugement, MO Plus loin, ce livre rapporte que, emainc do H jubilé, après le déluge, lei d. monimpui i ommi ne. r. m., tromper leQU de Noi

ren Ire in i Ici fain péi Ir Les Qls d.

vinrent trouver leur père et lui parlèrent des démon qui., aient tromp. Nl)i.

pria le Seigneur, lui demandant que les mauvais esprits ne puissent dominer ses petits-enfants ni les faire périr sur terre. Il rappela à Dieu que les gardiens, pères de ces esprits, avaient vécu de son temps, et il demanda que ces esprits, qui étaient encore en vie, fussent enfermés par Dieu et retenus au lieu de la damnation, pour qu’ils ne puissent plus faire périr ses descendants. Ils sont créés pour la perte des hommes. Que Dieu ne les laisse pas dominer sur les esprits des vivants et ne leur donne aucun pouvoir sur les enfants des justes pour toujours. Dieu ordonna de les lier tous. Mastema, leur chef, demanda qu’une partie fût laissée libre pour accomplir ses propresvolontés, car la malice des hommes est grande. Dieu permit que la dixième partie de ces esprits ne fût pas enfermée au lieu de la damnation. Ses ordres furent exécutés, et les neuf dixièmes des démons furent emprisonnés, x, 1-11. KautLsch, Die Apoknjphen und Pseudepigraphen îles Alton Testaments, Tubingue, 1900, t. H, p. 45, 47, 48-49, 57-58. Plus tard, Abraham, dans ses dernières recommandations à Jacob, dit à son petit-lils de ne pas agir comme les païens, qui offrent des sacrifices aux morts et adorent les démons, xxii, 16, 17. Ibid., p. 78.

Dans la préface des Oracles sybillins, citée par saint Théophile d’Antioche, Ad AutoL, ii, 36, P. G., t. VI, col. 1109 sq., la Sybille juive reproche aux païens d’offrir des sacrifices aux démons qui habitent sous terre. Cf. KautLsch. t. il, p. 184.

Dans le Martyre d’isaïe, il est raconté que Sammæl entra dans Manassé et que ce roi servit Satan, ses anges et puissances. Le prince de l’injustice, qui règne sur le monde, y est aussi appelé Reliai. KautLsch, t. ii, p. 124-126. Dans le Testament des douze patriarches, Béliar est le nom du diable ou de Satan. Ruben, 2, i ; Levi, 18 ; Dan, I, 5 ; Kautzsch, t. n. p. 460, 462, 471, 483, 485. Cet esprit habite dans l’air. Benjamin, 3, p. 503. Satan lui-même y est nommé, Cad, 4, p. 493, avec ses anges. Aser, 6, p. 496. Les anges ont été séduits par les femmes. Ruben, 5 ; Nephtali, 3, p. 462, 487. Ces écrits sont du i" et du IIe siècle de notre ère..

La Vie d’Adam et d’Eve raconte une seconde tentation que Satan fit subir à Eve après sa pénitence, Kantzsch, t. il, p. 513, et fait raconter par Eve ellemême sa première tentation parle serpent, qui était le diable. Jbid., p. 520 sq. Le récit est tout légendaire.

Dans la doctrine du judaïsme postérieur.

Au I er siècle de notre ère, nous avons encore les témoignages de.losèphe et de Philon..losèphe, tant qu’il suit les Livres saints de sa nation, est fidèle à la doc trine commune de son temps. Il rapporte exactemen. le rôle du serpent tentateur dans l'épreuve de nos pre ira parents. Ant. jud., I, i, 4, Opéra, Amsterdam,

1721). t. i. p. 7. Mais il adopte aussi les idées des Juifs hellénistes. Il attribue l’origine des géants au commerce charnel des anges de Dieu avec les tilles des hommes. Ant. jud.. I. III, I, p. 12. Il parle des démons qui provoquaient en Saïil des suffocations et îles étranglements, dont les médecins ne pouvaient le guérir, et il ajoute que le calme était rendu au malade par le son de la harpe de David. Ant. jud., VI, vtii, 2 ; ii, 2, p. 332-333, 338.

On a remarqué qu’il n’a pas nommé une seule fois

Satan i l>e plus, sous l’influence sans doute des ni

grecques, il appelle démons les is des hommes

mauvais, el il dit que ces âmes tuent les vivants qui entrent sans précaution dans les eaus de Machéronte. II. vi, : <, t. n. p. 117. Philon, plus profondément imbn d.- phili 1 1 cque, mélan) é dan

sa théorie des puii ance Intermédiaires entre Dieu el

i tun I ' doctrine juive -mle anges et les Idi i

, i. i, , ., Mir les démons Pour lui. les angi et li démons sont di puri i, qui volent dans l’air el

rident dan ' corps. Aussi alli l-il le récit

biblique de i oi if le n iju’il reprod la leçon : ἄγγελοι τοῦ θεοῦ. De gigantibus, dans Opera, Paris, 1040, p. 284-285. Sa doctrine n’a plus rien de spéciquement juif ; il ne garde que le nom d’anges. Schürer, Geschichte des judischen Volkes im Zeitalter Jesu Christi, 3° édit., Leipzig, 1898, t. iii, p. 553. Il déclare aussi que les païens ont par erreur pris les anges pour des dieux. De prof agis, 48, p. 481.

Plus tard, la démonologie prit, dans le monde juif, une très grande extension. Il importe peu à notre sujet d’en poursuivre l’étude, soit dans les targums, soit dans les Talmuds, soit dans les commentaires de la Bible. Disons seulement que, selon le targum du pseudo Jonathan sur Num., xi, 26, c’est Samæl qui tenta Eve. Pour quelques idées populaires, voir le Talmud de Babylone, traité Berakhoth, i, 1-4 ; vii,6 ; ix. 9, trad. Schwab, Paris, 1871, p. 227, 239, 240, 433, 495, 496, 497 ; Talmud de Jérusalem, traité Troumoth, I, 4, trad. Schwab, Paris, 1879, t. iii, p. 4 ; traité Sanhédrin, x, 2, Paris, 1889, p. 51 ; Weber, Jüdische Theologie auf Grund des Talmud und verxwandter Schriften, 2° édit., Leipzig, 1897, § 54. Plus tard encore, sous l’influence de la superstition populaire et grâce aux spéculations de la cabale, le nombre des anges et des démons ayant un nom déterminé, et la variété des moyens inventés pour écarter leur action néfaste formèrent toute une théologie nouvelle, sans relation avec la révélation de l’Ancien Testament. Voir M. Schwab, Vocabulaire de l’angélologie d’après les manuscrits hébreux de la Bibliothèque nationale, in-4°, Paris. 1897 ; Id., Le ms. 1380 du fonds hébreu à la Bibliothèque nationale, Supplément au vocabulaire de l’angélologie, in-4°, Paris, 1899 ; S. Karppe, Étude sur les origines et la nature du Zohar, Paris, 1901, p. 56, 445, 447-448.


III. Dans le Nouveau Testament.

Dans les Evangiles.

La doctrine de Notre-Seigneur et des évangélistes sur les démons ressortira l’abord de l’étude des relations du Sauveur avec Satan et les esprits mauvais, puis de la doctrine même de Jésus sur le diable et le monde infernal.

1. Relations de Jésus avec les démons.

Tout au début de sa vie publique, Jésus, retiré au désert, fut tenté par Satan. Marc, i, 13. L’Esprit l’y avait conduit à cette fin. Matth., iv, 1. Satan y remplit son rôle de tentateur. Il éprouve Jésus et l’interroge sur sa nature et sa mission messianique, afin de le détourner, s’il le pouvait, de cette mission qu’il pressent contraire à ses mauvais desseins sur le monde. Le récit de la triple tentation, Matth., iv, 3, 11 ; Luc, iv, 3-13, montre l’habileté du tentateur, qui a recours à l’attrait de la concupiscence pour détourner Jésus de sa mission et l’induire en erreur. Satan y apparaît capable d’agir, non seulement sur l’intelligence des hommes en suggérant des pensées, mais encore sur leurs corps, puisqu’il transporte Jésus à Jérusalem, sur le sommet du temple, puis sur une haute montagne. Dans une des trois tentations, il se donne comme le maître du monde, et veut se faire adorer. D’autre part, Jésus résiste à ses suggestions et prouve par son exemple que Satan n’a pas d’empire absolu sur les hommes et qu’il influe seulement sur ceux qui cèdent volontairement à ses suggestions. Vaincu dans sa première tentative, il ne se retire que pour un temps, Luc, iv, 13, avec l’intention de revenir à l’assaut et de reprendre la lutte. Les rencontres ne manqueront pas, et elles auront lieu par l’intermédiaire des démoniaques. On traitera à l’article Démoniaques de la réalité et de la nature des possessions diaboliques ; nous ne dirons ici que ce qu’elles nous apprennent sur Satan et les démons. Durant son premier séjour à Capharnaïnn, Jésus fut abordé à la synagogue par un possédé de l’esprit immonde, qui l’interrogea sur sa nature et sa mission, qu’il devinait hostile et dirigée contre lui pour sa perte. Jésus le chasse du possédé et la première manifestation de ce pouvoir divin sur les esprits im mondes fit grand bruit dans toute la Galilée. Marc, i, 23-28 ; Luc, iv, 33-37. D’autres possédés acclamaient Jésus comme Fils de Dieu ou Messie. Jésus leur imposait silence et les chassait. Marc, i, 34, 39 ; Matth., viii, 16 ; Luc, iv, 41. Ces faits se reproduisaient fréquemment et en divers lieux. Marc, iii, 11, 12 ; v, 1-20 ; vii,24-30 ; Matth., viii,28-34 ; ix, 32-33 ; xv, 21-28 ; Luc, vi, 18 ; ix, 37-43. Des scribes, venus de Jérusalem, en prirent occasion pour calomnier Jésus et le dire possédé lui-même ; ils prétendaient qu’il chassait les démons au nom de Beelzébub, leur prince. Ce nom, emprunté à la mythologie des Philistins, qui honoraient Baal comme dieu des mouches, désignait dans le langage populaire des contemporains de Jésus, le chef des habitations infernales. Voir Dictionnaire de la Bible de M. Vigouroux, t. i, col. 1547. Jésus réfuta cette calomnie par ce raisonnement sans réplique que Satan ne peut agir contre lui-même, ni détruire son propre empire. Marc, ni, 22-26 ; Matth., ix, 34 ; xii,22-27 ; Luc, xi, 14-19. Déclarer que Jésus est possédé de l’esprit immonde, c’est un blasphème contre le Saint-Esprit et un péché irrémissible. Marc, iii, 29, 30. Voir t. n. col. 910-916. C’est par l’esprit de Dieu, c’est par son doigt, c’est-à-dire par sa puissance, que Jésus chasse les démons, et l’exercice de ce pouvoir est une marque que le royaume de Dieu est venu sur terre. Matth., xii,28 ; Luc, xi. 20. Il y avait donc opposition entre le royaume de Dieu et le royaume du diable, et Jésus était veuu pour détruire ce dernier. Aussi, en choisissant ses apôtres, leur conféra-t-il le pouvoir de chasser les démons. Marc, ni, 15 ; Matth., x, 1, 8. Il renouvela ce pouvoir, en les envoyant en mission, durant laquelle ils chassèrent beaucoup de démons. Marc, vi, 7, 13. Les soixante-douze disciples, chargés plus tard d’une mission spéciale pour préparer celle de leur Maître, relatèrent avec joie à leur retour que les démons leur étaient soumis par la vertu du nom de Jésus, et Jésus leur déclara qu’il avait vu Satan tomber du ciel comme l’éclair. Luc, x. 17, 18. Il ajouta que le pouvoir sur les démons n’était pas pour ceux qui le possédaient une marque de salut ; il leur était donné pour le bien des autres, et ils n’en seront pas récompensés. Luc, x, 20. Cf. Matth., vu. 22. Toutefois, les apôtres ne pouvaient pas chasser toute sorte de démons et Jésus leur expliqua que quelquesuns de ces esprits ne pouvaient être expulsés que par le recours à la prière et au jeûne. Marc, ix, 13, 28 ; Matth., xvii,14-20 ; Luc, ix, 40. Jésus reconnaissait donc diverses classes de démons, dont quelques-uns avaient un pouvoir plus malfaisant que les autres. Les Juifs, comme les Galiléens, ont traité Jésus de possédé du démon. Joa., viii, 48, 52. Au moment de la passion, la puissance des ténèbres, que Jésus avait comprimée durant sa vie publique, eut un instant pouvoir contre lui, et les Juifs, ses suppôts, purent se saisir de Jésus et le faire mourir. Luc, xxii,53. Judas, qui l’avait trahi, avait agi sous l’influence de Satan. Luc. xui, 3. Cf. Joa., vi, 71, 72 ; xiii,2. 27. Mais Jésus, vainqueur de la mort par la résurrection, donna de nouveau à ses apôtre droit de chasser les démons en son nom. Marc. xvi. 17.

2. Enseignement de Jésus sur les démons.

Jésus ne s’est pas contenté de lutter contre Satan, qui le tentait, et contre les démons, dont Satan est le prince et qui faisaient sentir aux hommes leur puissance malfaisante, il a encore caractérisé, dans ses paraboles et ses discours, la nature de cette puissance mauvaise.

Dans les Synoptiques, en décrivant sous forme parabolique l’avenir du royaume messianique, il a indiqué en quelques traits l’opposition que lui fera Satan dans les âmes et dans le monde. Si la parole de Dieu est une semence, jetée sur divers terrains, Satan ou le méchant vient promptement, pareil aux oiseaux du ciel, enlever le grain tombé sur le chemin et la bonne parole semée dans les cœurs pour qu’elle n’y germe

pas et n’y porte pas de fruit, Marc, iv, 15 ; Mat th., xiii, 19, de peur que les auditeurs, s’ils étaient attentifs à la parole jetée dans les cœurs, ne soient sauvés. Luc., vin, 12. Satan est encore l’homme ennemi qui, après que le père de famille a semé dans son champ la bonne semence, vient la nuit répandre l’ivraie avec le hon grain. Cette ivraie est le symbole des méchants, semence du diable, qui, dans le royaume de Dieu, se trouveront avec les bons et y seront conservés jusqu’au temps de la moisson, la fin des temps, pour être alors séparés et jetés au feu. Matth., xiii, 24-30, 36-42. Lorsque se fera cette séparation, exposée ailleurs comme celle des brebis et des boucs du troupeau, Matth., xxv, 32, 33, les boucs, ou les méchants, placés à gauche, seront maudits et envoyés au feu éternel, qui est préparé pour le diable et pour ses anges. Matth., xxv, il. Les hommes mauvais partageront donc le soit réservé aux démons. En suivant les inspirations de Satan, ils appartiennent à son royaume, et en se rangeant à sa suite, ils méritent le même châtiment que lui. Satan avait demande'" de cribler les disciples de Jésus comme le moissonneur crible le froment. Mais, tout en lui laissant le droit de les attaquer, Jésus a prié pour que la foi de Pierre ne défaille point et pour qu’il confirme ses frères. Luc, xxii, 31-32. Cependant il faut craindre cet adversaire, qui est capable de perdre le corps et l'âme en enfer. Matth., x. 28. Quand l’esprit immonde est sorti d’un homme, il erre dans les lieux arides et y cherche le repos sans le trouver. Aussi cherche4-il à rentrer dans la maison qu’il a quittée, et la trouvant purifiée etornée. il prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui ; ils pénètrent ensemble dans cet homme délivre'-, et rendent son état pire que le premier. Matth., XII, 43-45. Marie-Madeleine avait été délivrée de sept démons. Luc, viii, 2 ; Marc, XVI, il. Parfois même les démons, qui habitaient dans un seul homme, s’appelaient ", tant ils étaient nombreux. Marc, v, 9 ; Luc, vin, 30, 36. Us demandèrent d’entrer dans un troupeau de porcs, pour ne pas quitter la région. Marc, v. 10-16. Dana sis discours que rapporte le quatrième Évangile, Jésus est plus précis encore sur l’origine et la nature du diable. Il appelle les Juifs, qui refusaient de croii irole, les lils du diable, ses partisans,

décidés à réaliser les désirs de leur père. Celui-ci a été

I licide 'les le commencement (allusion à la chute

de nos premiers parents et à l’introduction de la mort

en punition de leur faute). Il n’est pas demeuré dans

li vérité, qu’il avail posi -i la vérité n’est-elle

en lui, et n’est-il lui-même qu’un menteur. Joa.,

vin. il. Par la venue de Jésus sur terre, le jugement

du monde est commencé, el le prince de ce monde

. xii, 31. Le Sauveur est entn i d

veille de i.i passion, le prince du

muiid'.i dressé ses batteries contre lui ; m. us il n’a

p.is pouvoir sur lui. Joa., xiv, 30, el il est déjà jugé.

xvi. II.

on. — Notre-Seigm ur > donc reconnu Pexis des d é m o i prou ven I

qu’il lei tenail ; i els, des esprits déchus,

impurs, puissants, i nnemia des hommes et tes propres

ni partie d’un royaume,

le i bel ei les méchants sont les mem Leur puii ubordonnée qu’elle

divine et incapable de Forcer la volonté

humaine qui lui résiste. Elle est appliquée au mal.

nt iriii.it. m. esi le prlnie de ce

tnond que le monde si mauvais el (ait

l" hé Mais I un | i détruire

ondamm I I enfer. quelque droil a lollii ife r '- au mal, i omma il a h lui ne ne audronl pa i onti

les méchants, qui feront leurs œuvres, partageront après le jugement dernier leur sort et seront condamnés avec eux au feu éternel, qui leur est préparé. Notre-Seigneur a véritablement affirmé l’existence de ces esprits mauvais, et il est impossible de prétendre, avec quelques théologiens protestants, ou qu’il a partagé sur les démons les idées erronées de son temps, ou qu’il s’est accommodé, dans son enseignement, aux idées régnantes pour exprimer seulement, sous cette forme populaire la lutte du bien et du mal dans le monde. Voir A. Polz, Das Verhidlnis Clirisli zu den Dàmonen, Inspruck, 1907.

Bans les Actes des apôtres.

La doctrine de

Jésus sur les démons est réalisée dans les événements de l’histoire de l'Église. En application du pouvoir que leur avail donné leur Maître, les apôtres à Jérusalem chassent les esprits immondes. Act., v, 16. Philippe faisait de même à S a ma rie. Act., vu i, 7. Saint Paul guérit à Philippes une jeune fille qui avait un esprit de python, Act., xvi, 16-19, et à Éphèse, il chassa des esprits mauvais. Act., xix, 12. Un de ces esprits frappa les sept fils de Scevé, exorcistes juifs, dont il ne reconnaissait pas le pouvoir, alors qu’il reconnaissait celui de Jésus et de Paul. Act., xix, 13-16. Saint Paul déclare à Agrippa que Jésus ressuscité, lui ayant apparu, le chargea de retirer les gentils de la puissance de Satan et de les ramener à Pieu. Act., XXVI, 18. Satan avait tenté Ananie et l’avait fait mentir au Saint-Esprit. Act., v, 3. Barjésu était un fils du diable et l’ennemi de la justice. Act., XIII, 10. Les Athéniens, entendant saint Paul leur prêcher une doctrine religieuse qui leur était inconnue, disent qu’il leur annonce de nouveaux démons, c’est-à-dire de nouveaux dieux. C’est l’idée grecque que les dieux païens étaient des démons ou des esprits ; elle est exprimée par des Grecs, et saint Luc ne la prend pas à son compte, en la rapportant. 3° Dans les EpUres de saint Paul.

Sur Satan et

les démons, l’apôtre a exprimé les idées juives et chrétiennes. — 1. Il s’est fait l'écho de la Genèse, en rappelant que le serpent avail séduit Eve. II Cor., XI, 3 ; I Tim., ii, 14. Cette première faute nous avait mis sous la puissance des ténèbres, et Dieu le Père, par la rédemption de son Fils, nous en a rachetés et nous a fait passer dans le royaume de son Fils bien-aimé. Col., I, 13, li. Jésus a détruit le décret qui était porté contre nous, en l’attachant à sa croix, et il a enlevé aux principautés et aux puissances le droit qu’elles avaient sur nous. Col.. II, 14, 15. Par sa mort, il a détruit celui qui avait l’empire de la mort, le diable. et il a délivré ceux qui, par crainte de la mort, étaient pour toule leur vie asservis à son esclavage, lleb., il, li. 15. Les Ephésiens, avant leur conversion, vivaient dans le péché, marchaient selon le train du monde, selon les inspirations du prince des puissances de l’air, de cet esprit qui agissait encore a cette époque sur les hommes rebelles a la nouvelle foi. t. pli., ii, 1, 2. Le diable était donc le prince de ce monde. Il voulait maintenir son empire, détruit par la mort de Jésus, et il tendaii des pièges même aux chrétiens, qui doivent revêtir l’armure de Dieu pour résister va embûches du diable, lis ont, en effet, à lutter, non

seulement contre la chair et le sang, mai

contre les prini puissances, contre les

verneurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits de malice. Eph., vi, 11, 12. il ne faut donc pas, dans cette lu lie, donner (le prise au diable. I pb.. i. 27. Lea époui ne doivent garder la continence entre eui que pour un temps, de peur d'être tentés d’incontinence

tan i I "i.. vu. "> s. uni Paul a pardonné à un Corinthien qui l’avait offensi à cause des autres chréie M-, pour qui noua ne devenions pas les dupei da Satan, i ai m^ i lui, non

. n. 10, 11.Il les tromperait, en li p ml <

ne pas pardonner, car l’absence de charité fraternelle est son œuvre. Il tient captifs dans ses pièges et soumis, à toutes ses volontés, ceux qui résistent à la vérité el qu’il faut tirer de l’erreur, en les reprenant avec modestie. II Tim., ii, 2.">, 26. Il faut que l'évéque ne soit pas néophyte, et qu’il soit un homme à qui on rend bon témoignage, de peur qu’autrement il ne tombe dans les pièges du diable. I Tim., ni, 6, 7. Ceux qui veulent être riches sont tentés par le diable et tombent dans ses pièges. I Tim., vi, 9. Quelques veuves sont retournées en arrière et revenues à Satan. I Tim., v, 15. Satan, qui est esprit de ténèbres, se transforme en ange de lumière pour mieux tromper. II Cor., xi, li. Saint Paul souhaite que le Dieu de la paix broie rapidement Satan sous les pieds des Romains. Rom., xvi, 20. Jésus triomphera finalement de toute principauté, pouvoir et vertu, et mettra tous ses ennemis sous ses pieds. I Cor., xv, 24-, 25. Les chrétiens seront les juges des anges mauvais. I Cor., vi, 3. En attendant, Satan fait obstacle à l'œuvre de l’apostolat, et il a empêché l’apôtre d’aller à Thessalonique. I Thés., il, 18. L’aiguillon que l’apôtre ressent dans sa chair est un ange de Satan. II Cor., xii, 7. Mais les puissances et les vertus adverses ne pourront rien contre lui et ne le sépareront pas de la charité de Jésus-Christ. Rom., xin, 38, 39. Au cours des siècles, plusieurs abandonneront la foi, croiront aux esprits trompeurs et adhéreront aux doctrines des démons. I Tim., VI, 1. L’avènement de l’Antéchrist, à la fin des temps, sera l'œuvre de Satan. II Thés., il, 9. L’apôtre livrait à Satan les chrétiens coupables, laissait leurs corps soumis à sa puissance, pour sauver leurs âmes. I Cor., v, 5 ; ITim., I, 20. Ainsi le serpent tentateur, Satan, était le chef du monde pervers, le prince des puissances ténébreuses et des esprits qui habitent dans l’air. Il tenait les hommes captifs dans le péché, et il luttait contre les chrétiens, en les tentant et en leur tendant des pièges. Vaincu par Jésus, il n’a d’empire que sur ceux qui se livrent à lui, et finalement, sa puissance sera broyée sous les pieds de son vainqueur.

2. Saint Paul a reconnu dans le culte des païens un culte rendu aux démons. Leurs sacrifices sont offerts aux démons et non pas à Dieu. Les chrétiens ne doivent pas manger des victimes immolées aux idoles, pour ne pas s’associer aux démons. Ils ne peuvent pas boire à la coupe du Seigneur et à celle des démons. I Cor., x, 19-21. Les chrétiens ne doivent même pas avoir de relations, sinon celles qui sont absolument nécessaires, avec les païens. La justice ne s’allie pas à l’iniquité ; la lumière n’accompagne pas les ténèbres ; le Christ ne s’associe pas à Bélial. II Cor., vi, 15. Saint Paul prend comme un nom propre l’expression de Bélial qui, dans l’Ancien Testament, caractérise les méchants. En l’opposant au Christ, il désigne le mauvais par excellence, Satan, qu’il tient, non certes pour le principe du mal opposé au principe du bien, mais comme le chef des méchants, le prince des païens, l’adversaire irréconciliable du Christ qui l’a vaincu. On peut en conclure qu’il le regardait comme le dieu qu’adoraient les païens. Cf. Dictionnaire de la Bible de M. Vigouroux, t. i, col. 1551-1562. Voir Simar, Die Théologie des heiligen Paulus, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1883, p. 67-71 ; Everling, Die paulinische Angelologie und Dàmonologie, Gœttingue, 1888.

4 » Dans les Épitres des autres apôtres. — Saint Jacques nous apprend que les démons croient en un seul Dieu, mais leur foi, parce qu’elle est jointe en eux aux actes mauvais, ne leur profite pas ; ils croient, mais ils s’irritent contre le Dieu unique, auquel ils croient, ii, 19. Il conseille de résister au diable, en avertissant que cette résistance le fera fuir, iv, 7. Saint Pierre, dans sa I" Épitre, v, 8, 9, recommande la sobriété et la vigilance, vertus nécessaires pour résister

au diable, adversaire des chrétiens, qui circule comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer ; la principale force de résistance est de demeurer ferme dans la foi. Dans sa !  ! Épitre, II, 4, il parle des anges pécheurs, à qui Dieu n’a pas pardonné, et qu’il a précipités dans l’abîme, chargés des chaînes de l’enfer pour être tourmentés et réservés pour le jugement. La même mention des anges prévaricateurs se retrouve dans l'Épitre de .Inde, 6, qui présente d’ailleurs une si grande ressemblance avec la IIe de Pierre. Ces anges n’ont pas conservé leur dignité première, mais ont abandonné leur demeure. Dieu les a réservés pour le jugement du grand jour dans des chaînes éternelles et d'épaisses ténèbres. Or, saint Jude, 14, 15, cite presque textuellement Hénoch, i, 9. Voir F. Martin, op. cit., p. 4. Aussi beaucoup de critiques pensent-ils que le verset 6 est emprunté au même livre, x, 4-6, aussi bien que le passage correspondant de II Pet., ii, 4. F. Martin, op. cit., p. cxvii, 22-23. Si l’on admet cette dépendance, il en résulte que les apôtres, Pierre et Jude, parleraient, comme le Livre d’Hénoch, des anges prévaricateurs et souillés avec les femmes et ayant subi une double condamnation : une première, l’enchaînement préalable dans une prison ténébreuse, et une seconde, la peine du feu dans l’enfer après le dernier jugement. Cette conclusion ne ressort pas seulement, dit-on, de la ressemblance et de l’emprunt au Livre d’Héuoeh, mais encore du contexte des deux Épitres. Saint Jude, en effet, prétend-on, attribue aux anges le péché de luxure puisqu’il rapproche leur faute de celle des habitants de Sodome et de Gomorrhe, 7, et menace des mêmes châtiments ceux qui souillent leur chair, 8. De même, saint Pierre rattache au péché des anges le déluge produit pour punir les impies, et le péché des Sodomites. II Pet., ii, 5. Dans sa conclusion. 10, il renferme aussi les hommes adonnés â l’impureté. F. Lenormant, Les origines de l’histoire, t. I, p. 297. Mais cette interprétation ne s’impose pas. au moins pour la nature de la faute des anges et du châtiment. Les passages cités de> deux Épitres se ressemblent, il est vrai. Les deux apôtres ont le même but : ils veulent préserver les fidèles contre les faux docteurs et les impies de l'époque, et ils citent des exemples historiques à l’appui de la leçon qu’ils tirent. Saint Jude, 5-7, rapporte trois faits : les espions envoyés par Moïse au pays de Chanaan, les anges prévaricateurs et les crimes commis dans la Pentapole. Il ne suit donc pas l’ordre chronologique. Saint Pierre a aussi trois exemples, qui se suivent chronologiquement : la faute des anges, la punition des crimes du monde primitif par le déluge et les actes des Sodomites. Quelque soit l’ordre, les exemples sont choisis en vue du châtiment et sans rapport direct avec la nature des fautes. Par conséquent, on ne peut rien conclure du rapprochement des péchés qui ont provoqué le déluge et la ruine des villes de la Pentapole. Cette faute n’a pas, dans le texte, de rapport nécessaire avec les péchés de luxure. D’autre part, dans leurs conclusions morales, les deux apôtres ne menacent pas de châtiments analogues les luxurieux seuls ; ils visent d’autres coupables : ceux qui méprisent l’autorité et blasphèment la majesté. De la variété des coupables visés on peut inférer celle des fautes historiques citées en exemple. Par suite encore, le péché des anges n’est pas nécessairement la luxure. Reste la dépendance avec le Livre d’Hénoch, qui rapporte, lui, le châtiment deanges qui se sont souillés avec les femmes. Mais il suffit de rappeler que les citations ne sont pas textuelles, et que, s’il y a emprunt, il n’existe que pour certains traits, concernant le châtiment plutôt que la faute elle-même. D’ailleurs, pour saint Jude, le péché des anges qui n’ont pas conservé leur dignité première et ont abandonné leur demeure, correspond au mépris de la domination du Seigneur, second péché nommé au verset 8.

Ce péché est donc plutôt la révolte contre Dieu. Quant au châtiment, il n’est pas double dans les deux Epitres comme il est dans le Livre d’Hénoch ; les deux apôtres ont décrit, en des traits empruntés à ce livre ou à la tradition qu’il reproduit, l’unique peine des anges coupables : leur enchaînement dans l’abîme infernal jusqu’au jugement. Ils parlent donc seulement d’anges déchus et rebelles, sans allusion à une faute charnelle, et enchaînés dans les ténèbres de l’enfer. De la sorte, même en admettant la dépendance littéraire de ces deux Epitres relativement au livre d’Hénoch, on est en droit de nier l’identité de doctrine sur la nature de la faute et du châtiment des anges coupables. Voir Robert, dans la Revue biblique, 1895, t. iv, p. 521-527, 546-550. — saint Jude, 9, cite un passage qu’on croit être de l’Assomption de Moïse, bien qu’il n’ait pas été retrouvé dans les fragments conservés de cet écrit du I er siècle de notre ère. L’archange Michel, en discutant avec Satan sur la sépulture de Moïse, n’osa pas proférer contre son adversaire un jugement de malédiction ; il se borna à dire : « Que Dieu te commande ! » L’emprunt n’est pas certain, et on ignore l’origine de ce renseignement. Lueken, Michæl, Gœttingue, 1898, p. 44.

L’apôtre saint Jean déclare que l’homme pécheur est fils du diable, « car le diable pèche depuis le commencement. Mais le Fils de Dieu s’est manifesté précisément pour détruire les œuvres du diable. » Quiconque est né de Dion ne pèche pas et ne peut pas pécher. Les enfants de Dieu se distinguent donc des enfants du diable. I Joa., iii, 8-10. Gain, <|ui égorgea son frère Abel. était Mis du malin, ni, 12. Il y a donc deux catégories d’hommes, les pécheurs et les justes. Si ceux-ci sont fils de Dieu, ceux-là sont fils du diable, parce qu’ils en opèrent les œuvres. Le diable a été le premier pécheur, et tous ceux qui pèchent appartiennent à sa race. Précédemment, l’apôtre avait dit auxjeunes gens qu’ils avaient vaincu le Mauvais, ii, 13, 14, c’est-à-dire le diable ou Satan, contre qui ils avaient dû soutenir des luttes pour professer la foi chrétienne.

5 Dans l’Apocalypse. — Kn décrivant l'état des sept Eglises d’Asie et les destinées futures de toute l'Église chrétienne, saint.lean nous a fourni plusieurs détails sur la lutte entreprise par Satan contre cette Eglise. — 1. A Sinyrne, des Juifs qui forment une synagogue de Satan, persécutent les chrétiens, el le diable, qui est leur inspirateur, fera jeter plusieurs fidèle^ en prison ; mais ce ne sera qu’une épreuve passagère, qu’il faudra supporter avec courage, ii, 9, 10. l’ergame est le trôni de Satan, parce que cette ville est le

t qu’on j portail les chrétiens à manger des viandes immolées aux idoles, n. 1, 't, 11. Des chrétiens de Th y a tire avaient connu i les profondeurs de Satan, ii, 24 ; c'étaient ci-u qui avaient parts doctrine idolâtrique, professée par la soi disant prophétesse lézabel, 20-22. Philadelphie possède ; elle aussi, un ue de Satan, composée de Juifs menteurs et ennemi de la communauté chrétienne de cette trille, ni. 9. Les ennemis et les persécuteurs di s chrétiens appartiennent.< Satan, parce qu’ils son ! méchants. 2 A la cinquié Irompette, le puits de

l’abîme fut ouvert. Ce puits est I empire de Satan, d’où

m la fumée et de : sauterelles. Celles-ci étaient

chargées de tourmenter les hommes qui n’avaient pas

di Dieu i Iles avaient pour chef l’an. l’abîme, nommé en hébreu Abaddon et en grec Ipollyon, tx, 1-11. Ces deux noms signifient perdition ». Abaddon est probablement un des noms di Satan et il

n rôle 'i exii i minati ur dans la i m di cette vision, Après.pic la sixième trompetti sul retenti,

il i ordre d< di liei quali sur II upl poui lui r le tiers des hom

ix. 13 15 < -..ut quatre gi nia malfaisanti, lié qu’ils m puissent accomplir li de destruction

qu'à l’heure voulue de Dieu. — 3. Le grand dragpn, l’antique serpent, qui est nommé diable et Satan et qui a séduit le monde, se leva contre la femme qui était prête à enfanter et qui représentait l’Eglise. Il vient la combattre avec le tiers des étoiles du ciel. Mais Michel et ses anges combattent dans le ciel le dragon et son armée, qui sont jetés sur terre et n’ont plus de place au ciel, xii, 1-9. Cette scène est décrite d’après les idées du temps sur le dragon. Il y a une simple allusion à la chute de l’antique serpent entraînant peut-être le tiers des anges. Mais le combat entre les bons et les mauvais anges concerne l'Église. Il a lieu dans leciel, parce quela vision est céleste ; mais la vision vise l’avenir terrestre de l'Égliseetles luttes des bons anges avec les mauvais sur terre à son sujet. Le sens en est donné par la voix céleste, 10 ; l’accusateur de nos frères, celui qui les accusait jour et nuit devant Dieu, a été rejeté du ciel. C’est le diable qui est descendu sur la terre et la mer et qui est animé d’une grande colère, parce qu’il a peu de temps à poursuivre les chrétiens avant le jugement, 12. Suit la description de la lutte du dragon ou serpent contre la femme ou l'Église, 13-17. Ce dragon donna sa puissance, son trône et une grande autorité à la bête qui montait de la mer, c’est-à-dire à l’Antéchrist, xiii, 2, et les hommes adoraient le dragon et la bête, 4. Des esprits impurs sortent de la bouche du dragon, de la bête et du faux prophète, et ces démons opèrent des prodiges et rassemblent les rois de la terre pour le combat du grand jour du Seigneur, xvi, 13, 14. Après la victoire de l’Agneau, un ange descend du ciel avec la clef de l’abîme et une grande chaîne à la main. Il saisit le dragon, l’antique serpent, qui n’est autre que le diable et Satan, et le lie pour mille ans. Il le jelte dans l’abîme qu’il ferme et scelle sur lui, afin qu’il ne séduise plus les nations. Après mille ans, il sera délié pour quelque temps, xx, 1-3. Sorti de sa prison, il ira séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre et les rassembler a pour la guerre contre les saints. Le feu du ciel dévorera son armée, et le diable séducteur sera jeté dans le gouffre de feu et de soufre avec la bête et le faux prophète et ils y seront tourmentés jour et nuit pendant tous les siècles, 7-10.

Destraits de ces descriptions prophétiques il reste à dégager la doctrinede saint Jean sur Satan et sesanges, et aussi à en déterminer l’origine. Il est clair que le dragon, l’ennemi de l'Église, est Satan, l’antique serpent, le chef des anges déchus qu’il lance dans la lutte conlre les chrétiens. Les Juifs, ennemis, 1, . l'Église, et les mauvais chrétiens lui appartiennent, suivent ses inspirations et accomplissent ses œuvres. Les idol l’adorent dans leurs idoles. I)anss ; i lutte contre l'Église il est combattu par l’archange Michel et les bons -m Us contiennent sa fureur et finalement il sera vaincu par eux. Enchaîné dans l’abîme, il reparaîtra sur terre à la fin des temps, recommencera ses séductions, renouvellera la lutte conlre les saints, mais sera enfin enfermé définitivement dans l’enfer pour y être lour ni. éternellement, hivers critiques modernes ont

prétendu que l’origine de-- symboles de l’Apocalypsi était babylonienne, et qu’en particulier le dragon, adversaire de l'Église, était Tiamat, le chaos priinonli.il innifli. en lutte contre Mardouk, le dieu créateur. Mais le monstre de l'épopée cosmologique s’est trans en puissance néfaste de l’ordre moral, qui joue le rôle de l’adversaire de Dieu dans le drame escnatologiqui La lutte entre le bien et le mal.i donc passé de

i ordre physique a l’ordre i "al et de Pi on « lu

monde cosmique ! la Qn des temps. C est, aui deui extri mités des temps et dans deuj ordres différents, le m

du mal en lutte contre Dieu, Cf Qunkel, Schôp », e/ CAaoi tu i, eil und Endteit, Gœttingue,

^. / ! I. coIypM devant la tradition et devant In critique, Paris, 1905, p. 57-63. Celle opinion fait partie d’un système d’explication des symboles de l’Apocalypse, dont la réfutation ne serait pas à sa place ici. Disons seulement qu’entre l’Apocalypse et le mythe cosmologique babylonien, « il n’j a guère de commun que l’idée du combat. Ce ne sont pas des dieux que saint Jean nous montre en guerre les uns contre les autres, mais des anges et de pures créatures, et il n’entre dans aucun des détails que décrit longuement le poète chaldéen. » F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. i, p. 227. L’origine babylonienne du dragon n’est pas démontrée et les symboles de l’Apocalypse, notamment ceux duc. xii, sont plutôt d’origine juive. Les Septante avaient traduit par dragon plusieurs passages de l’Ancien Testament, où il est question du serpent. Exod., vii, 12 ; Deut., xxxii, 33 ; II Esd., il, 13 ; Ps. xci (xc), 15 ; Jer., lx, 31 ; Dan., xiv, 22, 27. Bousset, Die Oflenbarung Johannis, 2e édit., Gœttingue, 1896, p. 408413 ; Swete, The Apocalypse of St. John, Londres, 1906, p. 147-155. La démonologie de l’Apocalypse ne diffère pas, pour le fond, de celle de l’Ancien Testament ; elle est appliquée seulement aux destinées futures de l’Eglise, telles que les prévoit et les prédit le voyant de Patmos. Cf. Swete, op. cit., p. clxv-clxvi.

E. Haag, Théologie biblique, Paris, 1870, p. 346-347, 356, 415417, 460-462, 502-506 ; Ed. Stapfer, Les idées religieuses en Palestine ii l’époque de Jésus-Christ. 2’édit., Paris, 1878, p. 67-80 ; Smith, Dictionary of the Bible, 2e édit., Londres, 1893, art. Démon, Devil, t. I, p. 750-751, 779 ; art. Satan, t.JUI, p. 1143-1149 ; Schenkel, Bibellexikon, art. Satan und Dàmonen, t. v, p. 185191 ; Lindsay, Cyclopsedia of biblical literature, art. Démon, Satan, t. I, p. 659-661 ; t. iii, p. 773-777 ; Kirchenlexikon, art. Teufel, 2’édit., t. xi, col. 1439-1445 ; Hauck, Healencyclopàdie fiir protestantische Theologie und Kirche, art. Dàmonen, Teufel. t. iv, p. 408-410 ; t. xix, p. 564-574 ; Hastings, Dictionary of the Bible, art. Devil, Satan, t. ii, p. 590-594 ; t. IV, p. 407-412 ; Cheyne, Encyclopxdia biblica, art. Démon, Satan, t. I, col. 1069-1074 ; t. iv, col. 4296-4300 ; J. Schwane, Histoire des dogmes, trad. Degcrt, Paris, 1903, t. i, p. xviii-xxi ; H. Dulitn, Die bôsen Geister im A. T.. Tubingue, 1904 ; Hastings, Dictionary of the Christ and the Gospels, Edimbourg, 1906, t. i, p. 438-443 ; Œsterley, The Demonology in the Old Testament, dans Expositor, avril et juin 1907, p. 316-332, 527544 ; août 1907, p. 132-151 ; M. Hagen, Lexicon biblicum, art. Dæmones. Draco, Paris, 1907, t. ii, p. 3-10, 114-115 ; M. Hetzenauer, Theologia biblica, Fribourg-en-Brisçau, 1908, t. i, p. 560-574.

E. Mangenot.

II. DÉMON D’APRÈS LES PÈRES.

Les réflexions que M. Bareille a faites au début de son article : Angélologie d’après les Pères, t. i, col. 1192-1193, peuvent être répétées ici. Les Pères n’ont parlé des démons qu’en passant et n’ont publié aucun traité ex professo à leur sujet. Ils ont, d’ailleurs, présenté souvent des opinions divergentes, et parfois erronées, parce que l’Ecriture et la tradition ne leur fournissaient pas d’enseignement fixe sur la plupart des points qui constituent la démonologie. Beaucoup ont subi l’influence des écrits apocryphes, en particulier du livre d’Ilénoch. Aussi plusieurs sentiments, qui semblaient avoir d’abord prévalu sur les démons, ont-ils disparu à une étude plus attentive de la nature des anges déchus selon l’Ëcriture. — I. Dans les trois premiers siècles. II. Du ive au vie siècle. III. Du vie au xie siècle.

I. Dans les trois premiers siècles.

Les Pères apostoliques.

Ils ne disent à peu près rien sur la nature des démons. Ils parlent du diable, de Satan et doses anges, mais seulement dans un but pratique pour tenir les chrétiens en garde contre leur pernicieuse inlluence. L’Epitre dite de Barnabe, parlant des deux voies, met les anges de Dieu à la tête de celle du bien et les anges de Satan à la tête de celle du mal. Si Dieu est le Seigneur des siècles, Satan est le prince du temps présent, qui est un temps d’iniquité, xviii. Funk, Patres aposlolici, 2— édit., Tubingue, 1901, t. i. p. 90. Ses lecteurs, qu’on croit être des Juifs convertis, étaient, avant leur conversion, un temple où régnait 1 idolâtrie, et la maison des démons, parce qu’ils faisaient ce qui était contraire à Dieu, xvi, 7, p. 88. Saint Ignace met les Tralliens en garde contre les embûches du diable. AdTrall., viii, 1, p. 248. Selon lui, le chrétien qui honore l’évéque est honoré par Dieu ; celui qui secrètement agit contre l’évéque sert le diable. Ad Smyrn., ix, 1. p. 282. Dans les rapports avec le prochain, il faut imiter la bénignité de Xotre-Seigneur, pour qu’a aucune herbe du diable ne se trouve » en nous. AdEph., x, 3, p. 222. Quand les fidèles sont réunis nombreux pour louer Dieu, les puissances de Satan sont sans force, et l’accord des chrétiens dans la foi fait disparaître le mal que Satan apporte. Ibid., XIII, 1, p. 224. Ignace ne redoute par les durs tourments du diable, c’est-à-dire les persécutions des méchants, pourvu qu’il soit uni à Jésus-Christ. Ad Rom., v, 3, p. 258. Satan apparaît donc comme l’adversaire de Dieu et des chrétiens, et celui qui porle au mal et fait le mal. Parlant des docètes, l’évéque d’Antioche semble dire qu’après leur mort, quand ils seront sortis de leurs corps et devenus comme des démons, ils n’auront pas part à la résurrection glorieuse du Christ. Ad Smyrn., Il, p. 276. Il tient donc les démons comme incorporels. Cf. ibid., iii, 2. L’auteur de la 11* ad Cor., xviii, 2, p. 208, craint le jugement des impies, parce qu’il est pécheur, qu’il n’a pas encore fui toutes les tentations et qu’il est çncore au milieu des organes du diable. Le diable est donc pour lui l’esprit tentateur, qui pousse au mal. Hermas, dans le Pasteur, Mand., VII, i, 2, 3, p. 490, recommande de ne pas craindre le diable ; celui qui craint le Seigneur dominera le diable, qui n’a aucun pouvoir sur lui. Mais il faut craindre les œuvres du diable, qui sont mauvaises. Celui qui craint le Seigneur craint les œuvres du diable ; il ne les accomplit pas, mais s’en abstient. Ailleurs, rîermas dit que ceux qui marchent dans les commandements du diable doivent se convertir, parce que ces commandements sont difficiles, amers, durs et impurs. Il répète que les chrétiens n’ont pas à craindre le diable, qui n’a sur eux aucun pouvoir. Le diable veut faire peur, mais la peur qu’il inspire est vaine. Si on ne le craint pas, il s’éloigne. Mand., XII. iv, 6, 7, p. 51 1, 516. Le diable est dur pour ceux qui lui obéissent et il les opprime. Mais il ne peut dominer les serviteurs de Dieu. Il peut les attaquer, mais pas les vaincre. Si on lui résiste, il fuit vaincu et confus. Ils sont vains ceux qui le craignent comme s’il était puissant. Le diable tente les serviteurs de Dieu. Ceux qui ont une foi pleine lui résistent fortement, et il s’éloigne d’eux, n’ayant plus de piace par où entrer. Il va alors vers ceux qui sont vains, il trouve un en"droit par où entrer, et il fait en eux ce qu’il veut, et ils deviennent ses esclaves. C’est pourquoi l’ange de la pénitence recommande de nouveau de ne pas craindre le diable. Dieu apardonné aux coupables repentants, et les menaces du diable ne sont pas à redouter ; il est sans force comme les nerfs d’un homme mort. Mand., XII, v, 1-i ; vi, 1, 2, p. 516, 518. Tous ceux qui ont lutté avec le diable et l’ont vaincu seront couronn*’> : ce sont ceux qui ont souffert pour la loi. Sim., VIII, ni, 6, p. 562. Ces considérations morales nous présentent le diable comme l’adversaire et le tentateur des chrétiens, mais un adversaire qu’ils peuvent vaincre et qui n’a de pouvoir que sur ceux qui font ses œuvres.

Les Pères apologistes.

Tandis que les Pères apostoliques ne font guère que signaler l’existence du diable et son rôle de tentateur à l’égard des hommes, et demeurent ainsi dans la ligne des Evangiles, les Pères apologistes traitent explicitement de la nature des anyes déchus et de leur chute ; mais ils subissent

visiblement l’influence du livre d’Hénoch et du livre des Jubilés ainsi que des idées grecques sur les démons. Ils sont loin, du reste, d’être d’accord sur tous les points, et ils suivent des voies différentes.

Saint Justin, s’adressant aux païens dans ses Apo logies, ne s’exprime pas sur les démons de la même manière que dans son Dialogue avec Tnjphon, parce que ses sources sont diverses. Il dit que les démons manifestent leur existence par des impuretés, commises sur des femmes et des enfants, par des terreurs répandues parmi les hommes. Ceux-ci, épouvantés, ignorant que c’étaient des démons, les appelèrent dieux et donnèrent à chacun d’eux un nom particulier. Apol., I, 5, P. G., t. vi, col. 336. Quand Justin expose la doctrine des chrétiens sur les démons, il se réfère à l’Ecriture et il déclare que le prince des mauvais démons est le serpent, Satan ou le diable. Jésus-Christ a affirmé qu’il serait précipité dans le feu avec son armée et livré à des tourments éternels. Si leur châtiment est retardé, c’est à cause du genre humain. Ibid., 28, col. 372. Avant Jésus-Christ, les démons ont introduit sur terre les dieux, les fils de Jupiter, Bacchus, Proserpine, l’adoration du serpent, les lustrations, par imitation de l’Écriture sainte. Après l’ascension, ils ont envoyé des trompeurs, Simon. Ménandre, Marcion, etc., et toutes les erreurs qui circulaient alors. Ibid., 23-27, 56-58, 62, col. 368, 372. 413, 416, 421, 425. Dans VApol, il, 5, col. 452-453, Justin raconte la chute des anges. Dieu avait confié aux anges la charge de veiller sur les hommes et sur toutes les créatures ; mais ils ont transie l’ordre que Dieu avait établi. Ils ont eu commerce charnel avec des femmes et en ont eu des fils, nommés démons. Ils mirent ensuite le genre humain sous leur joug par la magie, des terreurs et les sacrifices qu’ils ut offrir, et ils répandirent dans l’humanité les violences, les guerres, les adultères et tous les vices. Les poètes et les fabulistes ignorant que les anges et les démons, mâles et femelles, engendrés par eux, avaient répandu ces maux dans les villes et parmi les nations, ont attribué ces œuvres mauvaises aux dieux et à leurs lils. Ils appelaient dieux les anges déchus et ceux qui étaient nés deux. Ces traits répondent évidemment, -ères différences, auxélucubrations des Livres lubilés et d’Hénoch et n’ont rien de commun avec l’enseignement de la Bible. Du reste, les démons ni les bom 9 bons et vertueux, et en particulier les chrétiens qu’ils détestent. Ils provoquent contre ci la persécution ; ils ont fait porter les lois persécutrices et ils poussent les magistrats < poursuivre les chré-Mais eux et ceux qui les honorent seront enfermés ibironl les peines qu’ils onl méritées’ ! des supplices dans le feu éternel. Les prophètes l’ont prédit et Jésus

13, col. 144, 457, 160, (65,

Dans le Dialogue avec Tryphon, la doctrine sur les el sur le diable est exclusivement tiréi l’Ecriture. Le diable a recouru à des ait. rations pour tromper les hommes ; il a agi.hum par le moyen des’" igii : par les faux prophètes du temps

d’1 lie, 69, col. 636, Tryphon reproche à Justin de dire que q| —, p, , , .., ], . Dieu,

mal i i criture, Justin prouve l’exlapai ls.. xx. i 5 ; L, , ii, m.

I. Job, 1, 6 ; le serpent de la Genèse, les magi id I jjypte,

! - l. X l dii i di nations

Poui prouver que Jésus Chri

lustin dit que la seule adjura tion de ion nom luffll poui vaincre les démons, 85, 876. H déclare q al.. amené 1 1

100, col. 709. Jésus-Chrl’e dominé par le mauva nous

ii qn’notre moi t,

il ne prenne p me. Il > pouvoil

comme le montre i histoire de la i d i ndoi

105, col. 721. Le texte : Sicut unus de principibus cadilis, Ps. lxxxi, 7, que Justin entend de la mort des hommes, lui sert de point de départ pour prouver la chute de Satan. Ce prince, qui a fait une grande chute, c’est celui qui est appelé le serpent ; et il a fait une grande chute en trompant Eve, 124, col. 765. M. Turmel, Histoire de l’angélologie, dans la Revue d’/iistoire et de littérature religieuses, 1898, t. iii, p. 290, interprète ce passage dans ce sens : « En induisant l’homme dans le péché, Satan pécha lui-même, et en causant la perte du genre humain, lui-même se perdit. » Il attribue ainsi à saint Justin l’explication de la chute de Satan par la jalousie, explication qui fut « classique », ajoute-t-il, p. 291, pendant un certain temps. Cette interprétation est particulièrement forcée. Saint Justin parle seulement de l’introduction de la mort dans l’humanité, introduction qui est due à la tromperie d’Eve par le serpent, et s’il fait consister la chute de Satan dans cette tromperie (ce qui n’apparaît pas clairement), il n’en dit pas le motif et il n’insinue même pas la jalousie du serpent. Quoi qu’il en soit, M. Tunnel n’a pas remarqué la référence scripturaire au Ps. lxxxi, 7, pour prouver la chute de Satan. Cf. Histoire de la théologie positive, Paris, 1904, p. 115. Les chrétiens sont persécutés par les démons et l’armée du diable, par le ministère des Juifs, 131, col. 780. Si les hommes et les anges doivent être punis, c’est parce que Dieu a prévu qu’ils seraient mauvais, et non pas parce qu’il les a fait tels. S’ils faisaient pénitence, ils obtiendraient miséricorde, 141, col. 797. Ce texte signifie que les démons et les damnés ne feront pas pénitence et par suite seront punis ; il ne veut pas dire que Dieu a offert aux démons le moyen de faire pénitence.

Saint Irénée, Cont. User., l. V, c. xxvi, n. 2, P. G., t. vii, col. 1194, rapporte un passage d’un ouvrage inconnu de saint Justin. Celui-ci y déclare qu’avant l’avènement de Jésus-Christ, Satan n’a pas osé blasphémer Dieu, parce qu’il ne connaissait pas encore sa condamnation. Eusèbe a reproduit ce fragment d’après saint Irénée, H. E., I.IV, c. xviii, P. G., t. xx, col. 376. Ce témoignage, nous le verrons, a été souvent cité au moyen âge par les écrivains grecs. Voir col. 377-379.

Selon Tatien, Oral, adrersus Grœcos, n. 7, ibid., col. 820, 821, 1e Verbe de Dieu a créé les anges avant les hommes ; il a créé les uns et les autres libres. Devenus mauvais, les démons sont punis de leur malice ; ils ne sont donc pas nécessairement mauvais. Les hommes onl suivi un des mauvais anges, le plus rusé et qui es ! plus ancien qu’eux, el malgré la loi de Dieu, ils l’ont pris pour Dieu. L’homme, fait à l’image de Dieu, est devenu mortel, l’esprit supérieur à lui (c’est-à-dire l’image de Iheu, cf. n. 12, col. 829), qui est en lui, s’éloignant de lui. Le démon, qui était avant l’homme, a manifesté son existence par la faute qu’il a fait commettre. Tatien semble dire que le démon, qui était protogène relati ut à l’homme, a montré sa malice en faisant pécher

l’homme : ce qui signifierai ! que le démon avait péché déjà aant la tentation de l’humanité, sans que rien n’indique la nature de son péché. Ceux qui onl imité la folie du démon sont devenus l’armée des démons el ont été livrés à la folie par leur propre volonté. Les démons onl été l’occasion de ls chute des hommes. Comment ? Par l’invention de l’astrologie. Les démons oui montré aux hommes quelle était la position des asti es, el de cette connai ince les hommes ont conclu , . l’existence du destin, ii, 8, 9, col. 822, B24. Jupiter eel le chel des démons, au heu d’adorei les démon

trompent, les chrétiens adorent Dieu qui m trompi luanl I la uaturi

démon ni des êtres composes de matière, i

m poi tés vers la matlèie la plus pure, les autres vers la plus vile, A laquelle ils ont

conforme leur vil I Gl id I ni ceux qui se sont

ventes du bon ordre. Insensés et animés de vaine gloire, rompant tout frein, ils se sont efforcés d'être des voleurs de la divinité, ).raxaï Œôt-^to ; (ils se sont l’ait passer pour dieux). Le Seigneur a permis qu’ils trompent les hommes jusqu'à la fin du monde et jusqu’au jugement dernier. Quiconque, bien qu’il ait été attaqué par les démons, a gardé la connaissance parfaite de Dieu, recevra au jugement un meilleur témoignage, parce qu’il a lutté, n. 12, col. 832. Les erreurs des païens sont des stratagèmes des démons, col. 833. Les démons ont subjugué les Grecs et les ont dominés, comme un voleur se met à la tête de ses pareils. Parvenus à une plus grande malice, ils ont trompé les âmes. Ils ne meurent pas, puisqu’ils sont sans chair ; mais, tout en vivant, ils connaissent la mort. Ils meurent, lorsqu’ils apprennent à leurs sectateurs à pécher. Parce qu’ils ne meurent pas réellement comme les hommes, ils auront à subir un plus fort supplice : ils n’auront pas la vie éternelle, mais ils subiront la mort dans leur immortalité. Ils pèchent plus que les hommes, parce qu’ils vivent plus longtemps, n. 14, col. 836, 837. D’autre part, les démons, qui commandent aux hommes, ne sont pas les âmes des hommes. L’homme, après sa mort, n’a pas plus de puissance que de son vivant. C’est par malice qu’ils poursuivent les hommes, les pervertissent et les portent au mal par de fausses manœuvres très variées. Ils sont vus parfois par les psychiques, et ils se montrent souvent sous des apparences humaines, soit afin d'être tenus pour quelque chose, soit pour que leurs amis, mal inspirés par eux, puissent nuire aux autres, soit pour amener ceux qui leur ressemblent à les honorer. S’ils le pouvaient, ils pervertiraient le ciel avec les autres créatures. Ne le pouvant pas, ils attaquent la matière qui leur est semblable et inférieure. Pour les vaincre, il faut donc répudier la matière. Ils s’attribuent les causes de nos maladies ; parfois, ils frappent notre corps par malice. Mais atteints par la vertu de Dieu, ils s’en vont épouvantés, et le malade est guéri, n. 16, col. 840, 841. Ils promettent en vain de rendre la santé par des moyens magiques ; ils joignent de bons remèdes aux mauvais, ils trompent et ne guérissent personne, n. 17, 18, col. 841, 844. Ils Ilattent les passions par leurs œuvres et leurs prédictions, n. 19, col. 849. Ils ont été exclus du ciel, n. 20, col. 852. Tatien, en se convertissant, a compris qu’il était délivré de beaucoup de princes et de tyrans, n. 29, col. 868.

Athénagore, Legatio pro clirislianis, n. 23, 24, ibid., col. 941, 914, 945, 948, compare la doctrine des païens sur les démons à celle des chrétiens. Les païens admettent l’existence de dieux bons et de dieux mauvais, et ils appellent démons ceux qui agissent parle moyen des idoles. Thaïes le premier a distingué Dieu, les démons, les héros : les démons sont de nature spirituelle, oùuia ; voeï i-jyiv.kz ; les héros sont des âmes séparées des corps. Platon a refusé de se prononcer sur les démons. Les chrétiens reconnaissent en dehors du Père, du Fils et du Saint-Esprit, d’autres Suvàixei ;, tte^'i ttjv ûXï)v àyoùira ; xa St' otJttjç. Une de ces puissances est àvu’Œov, adverse de Dieu, non pas, comme l’a dit Empédocle, comme la nuit l’est au jour, mais parce qu’au bien de Dieu, qui coexiste en elle, s’est ajoutée une propriété, comme la couleur s’ajoute au corps, qui la rend contraire à Dieu. Cet esprit, ennemi de Dieu, a été fait par Dieu comme les autres anges, et il avait été chargé de veiller à la matière et aux choses matérielles. Dieu, en effet, avait créé les anges pour gouverner toutes choses. Il y en a de bons et de mauvais. Tandis que les uns ont persévéré librement dans la charge que Dieu leur avait confiée, d’autres ont abusé et de leur nature et de leur charge. Ces données sont conformes à celles du Livre des jubilés. En particulier, le prince de la nature et des choses de la nature, et ceux qui étaient établis

sur le premier firmament (Athénagore expose ce qu’ont dit les prophètes ; évidemment lli’nochj sont déchus. Le prince a été négligent et coupable dans l’administration de sa charge ; les autres ont été attirés par li femmes et dominés par l’amour charnel. D’eux sont nés les géants, dont les poètes ont parlé. Ces an tombés du ciel, vivent dans l’air et sur terre et ne peuvent pas s'élever au ciel. Les âmes des géants, qui errent autour du monde, sont des démons, et ils excitent des troubles. Les géants sont démons par la nature et la constitution qu’ils ont tirée de leur origine ; les anges tombés sont démons en raison des passions qu’ils ont ressenties. Le principe de la matière agit, on le voit par ses actes, à rencontre du bien de Dieu. Euripide et Aristote l’ont dit. Parce que les démons produisent des troubles, quelques hommes irréfléchis ont nié l’ordre du monde, n. 25, col. 948-949. Les démons favorisent l’idolâtrie ; ils s’attachent au sang des victimes et le lèchent. Les dieux, dont les noms sont donnés aux idoles, furent des hommes. Les démons ont pris leurs noms pour les donner aux idoles. Leurs actes montrent leur malice. Ils agissent par le moyen des statues ; ils ne sont pas ceux à qui on dresse des statues, n. 26, col. 949, 951. Cf. n. 28. 29, col. 953-957. où Athénagore prouve que les dieux étaient des hommes. Les démons emploient des artifices pour faire croire qu’ils opèrent des guérisons, n. 27, col. 952.

Pour saint Théophile d’Antioche, les dieux sont aussi des hommes morts ; on le voit par ce qu’on raconte de leurs générations. Advutolyc., l. I, n. 9 ; 1. II, n. 2, 161d., col. 1037, 1049. Au sujet de la chute de l’homme et du rôle du serpent tentateur, il se borne à citer le récit biblique, 1. II, n. 21, col. 1084-1085. Il dit un peu plus loin que Dieu avait prévu que la multitude des dieux, qui n’existent pas, serait introduite dans le monde par le serpent. Celui-ci a répandu l’erreur polythéiste, en disant à Eve : « Vous serez comme des dieux. » Eve fut trompée par le serpent. Le démon est donc la cause du mal ; il est Satan, puisqu’il parlait par le serpent. Il est aussi nommé le dragon, parce qu’il s’est éloigné de Dieu par la fuite. Il avait été ange dès le commencement. Il y aurait beaucoup à dire sur lui ; Théophile l’a fait ailleurs, n. 25, col. 1096, 1097. Lorsqu’il parle du déluge, 1. III, n. 18, 19, col. 1 145, il ne dit rien de sa cause morale et de la corruption qui l’a amené.

Sans vouloir trancher ici la date de YOctavius, ni la patrie de son auteur, Minucius Félix, nous joindrons son témoignage sur les démons à celui des apologistes du iie siècle. Traitant des augures, qui sont menteurs, il parle des esprits trompeurs, vagabonds, dégradés de leur vigueur céleste par les fautes et les passions terrestres. Ayant perdu la simplicité de leur nature et chargés de vices, ils cherchent, pour se consoler de leurs malheurs, à perdre les autres, et séparés euxmêmes de Dieu, à en éloigner les autres par de faux actes de religion. Les poètes les appellent démons, les philosophes en parlent, Socrate en avait un spécial, les mages font par eux leurs prestiges. Oclavius, 26. P. L., t. iii, col. 321-323. Ces esprits impurs se cachent sous les statues et les images des dieux païens. Ils agissent par leur intermédiaire, trompent leurs sectateurs, mais fuient les chrétiens. lbi>L, 27, col. 323-327. Minucius Félix dépend évidemment de la tradition du livre d’ilénoch pour ce qui concerne l’origine et la nature des démons.

Les hérétiques du w siècle.

Les gnostiques ont

fait entrer des anges bons et mauvais, ou, au moins, un principe du mal, dans les séries de leurs Éons. Leurs doctrines s'écartent tellement de l'Écriture et du sentiment commun des chrétiens qu’il est inutile de les exposer : elles ne nous apprendraient rien sur les diluons. Plusieurs faisaient de Satan le principe du mal. Iléracléon disait que le diable n'était pas libre, et

au rapport d’Origène, In Joa., tom. xx, n. 22, P. Gt. r t. xiv, col. 637, 640, qu’il était plus malheureux que blâmable, puisqu’il était porté au mal et menteur de sa nature. Dans un passage de son commentaire sur l’Évangile de saint Jean, cité par Origène, In Joa., tom. xiii, n. 59, ibid., col. 516, Héracléon reconnaissait dans le serviteur du centenier les anges du créateur du monde, par conséquent des esprits mauvais, Satan et ses anges, et il se demandait à leur sujet si quelques-uns seront sauvés, il s’agit de ceux qui sont descendus vers les femmes. Ainsi Héracléon admettait la faute charnelle de quelques anges et il posait la question de la possibilité de leur salut. Cf. P. G., t. vil, col. 1316 ; Brooke, The fragments of Héracléon, dans Textes ami Studies, Cambridge, 1891, t. i, n. 4, p. 93.

4° Saint 1 renée. — L’évêque de Lyon parle souvent de l’apostasie des anges transgresseurs. Vont, hær., 1. I. c. x. n. 3, P. G., t. vii, col. 556. Il distingue le serpent maudit et les anges apostats, pour qui a été préparé le feu éternel, quoique ce feu ait été surtout préparé pour le séducteur, qui a été cause de la chute de l’homme, l. III, c. xxiii, n. 3, col. 963. Adam a été séduit sous prétexle d’immortalité, n. 5, col. 963. Le serpent a persuadé l’homme, l’a rendu transgresseur, inûium et materiam sux aposlasix habens homir ncm, n. 8, col. 965. Ces mots obscurs veulent-ils dire que Satan a péché, en faisant pécher l’homme ? D’autres passages en préciseront le sens. Le serpent est l’ange apostat et ennemi, qui sème l’ivraie dans le champ du père de famille ; il a jalousé la créature de Dieu et il a cherché à la faire l’ennemie de Dieu. C’est pourquoi Dieu l’a séparé de lui eta reporté sur le serpent l’inimitié de l’homme, I. IV, c. xl, n. 1, 2, col. 11131 1 1 î Les anges du diable sont réservés au feu éternel, et tous ceux qui sont séparés de Dieu appartiennent à ce prince de la transgression. Le diable est une créature de I » ieu comme les autres anges, lia élé pour lui-même et pour les autres cause de séparation d’avec Dieu. Aussi l’Écriture appelle-t-elle (ils du diable et anges mauvais ceux qui persévèrent dans l’apostasie, c. xi.i, n. 1, 2, col. 1115. Le serpent s’est montré l’ennemi de Dieu. Son nom de Satan est un mol hébreu qui veut dire apostat. Après qu’il eut persuadé à l’homme de transgresser le précepte de son créateur, il a eu l’homme sa puissance, I. V, c. xi. n. -2. 3, col. 1181, 1182. Le diable, qui est un ange apostat, a séduit l’homme, l’a détourné d’obéir au précepte de Dieu et l’a poussé à l’adorer lui-même comme Dieu. C’est un des anges préposés sur l’air, comme dit saint Paul. Kph., Il, 2. Invident homini, apostata a c&vina factus est lege ;

i est a Deo. Son apostasie a pa

l’homme. Il a envié la vie du Verbe qui venait sauver l’homme. C’est pourquoi le Verbe a donné’à l’homme le pouvoir de fouler aux pieds les serpents, a cause de l’apostasie a laquelle le serpent l’a porté’, I. V, c. xiv, n’'<. i. col. IIW. Le feu éternel est préparé pour tous les apostats. A l’origine, le diable a téduil l’homme par le serpent, </uasi lalens Deum. Après avoir cité la parole de saint Justin, suivanl laquelle s.itan ne connaissait pas sa condamnation avant l’avènement de Jésus, -uni Irénée développe cette pensée. Par les discours de Jésus et des apôtres. s. ; i ! , m a appris maniement que le feu éternel lui était préparé, parce qu’il s’était éloigné « le Dieu, comme il l’était pour ions qui ne feraient pas pénitente el et tient

dans i api 1 1 i Par suite, il impute a Dieu lui-même, lonté propre, la hôte de son apostasie, I. V, c. w.i. d. ï, col 1194, 1196 Ci il donc bien par envie que, selon saint [renée, Satan a f : ui pécher l’homme, toutefois l’objet de sa jalousie d i pas été le pouvoir que Dieu avail donné > Adam sur la terre, mais l’amour que li Vertu manifestait à l’humant ! voulanl la a donc pn cédé la tenta tion de l’homme ; elle est la cause de sa propre apostasie, mais aussi celle de l’apostasie d’Adam, puisque la séduction de l’homme a suivi l’apostasie de Satan. Devenu Satan, le diable s’est servi du serpent pour tromper l’humanité.

Quant aux anges apostats, dont Satan est le prince, ce sont des anges déchus qui sont tombés sur terre pour le jugement. Hénoch leur a été envoyé comme ministre et comme prophète, l. IV, c. xvi, n. 2, col. 1016. Saint Irénée semble attribuer leur apostasie à leurs relations coupables avec des femmes. Il dit seulement, il est vrai, que Dieu, au temps de Noé, amena le déluge sur la terre pour détruire la race mauvaise d’hommes qui vivaient alors et qui ne faisaient aucun fruit pour lui, cuni angeli transgressons commixti fuissent eis, l. IV, c. xxxvi, n. 4 col. 1093. En réalité, l’évêque de Lyon affirme seulement la présence des anges transgresseurs parmi les hommes mauvais du temps de Noé ; il ne dit rien de précis sur la nature de leur transgression. S’il fait allusion à leur péché charnel, on peut soutenir avec dom Massuel, diss. III, n. 103, P. G., t. vii, col. 357-358, que cette faute n’a’pas été la cause de leur chute, mais qu’elle est postérieure à leur apostasie, quoique la pensée reste obscure. Quoi qu’il en soit, saint Irénée, en parlant des anges transgresseurs, est le premier écrivain ecclésiastique qui vise le récit biblique et parle du déluge, bien qu’il y mêle des renseignements puisés au livre d’IIénoch. Les précédents, s’appuyant exclusivement sur cet apocryphe, ne parlaient ni du récit de la Genèse ni du déluge. Voir Massuet, diss. III, n. 106, 108, P. G., t. vii, col. 363, 364-368. Dans son ouvrage K ! ç ËTuSetltv xov ànoTToXizoO Y.-i)piyy.à- : oz, récemment retrouvé dans une version arménienne, saint Irénée appelle les démons les ennemis du Fils : ce sont des anges, des archanges, des puissances et des trônes, qui ont abandonné la vérité. Karapet Ter-Mëhërttschian et Erwand Ter-Minassiantz, Desheiligen Irena’ûs Schrift

: iou Erweise der apostolischen Vcrkundigung, 85, dans

Texte und Untersuchicngen de Harnack, Leipzig, 1907, l. xxxi, fasc. 1 er, p. ii-’tô, 63. Ce texte semble bien attribuer l’apostasie des anges à une autre cause qu’à leurs relations avec des femmes. En tout cas, il compte parmi les anges déchus des esprits ayant appartenu aux diverses classes d’anges fidèles à Dieu. Cf.Cont. Iixr., I. II. c. xxx, col. 818. Voir t. t, col. 1206.

& Clément d’Alexandrie. — Il distingue, lui aussi, le serpent séducteur des anges déchus. Le serpent a déformé l’esprit de l’homme par le désir de la gloire. Psed., I. III, c. ii, P. G., t. viii, col. 562. Il a appris à l’homme la volupté. Coh. ad Grsecos, c. xi, col. 228. Le diable, des qu’il a eu péché, n’a pu se convertir, parce qu’il a persévéré à pécher. Adumbrationea in Ei>isi. I Joa., P. G., t. ix, col 738. Traitant de la volupté, Clément dit que les anges ont abandonné la beauté de Dieu pour la beauté qui se flétrit, et qu’ils sont descendus du ciel sur terre. Leur faute précède celle des Sichiniites. P.e, L, I. III, r. il, P. < : ., t. viii, col. 576. Il cite Jud., 5, 6, ifcid., C. Vin, col.616. Au sujet de la continenee. il dit encore que quelques anges incontinents ont été vaincus par la passion et sont descendus « lu

ciel sur terre. Slrinii., III, C. vu. roi. 1161, Les anges,

qui avaient un soi t supérieur, ont déchu par la volupté

el ont dévoilé BUS femmes les secrets qu’ils devaient

garder, et tout ce qu’ils connaissaient, tandis que les

autres anges cachaient ci i ouplutdl les <

ni pour l’avènement du Seigneur, De Ut, -ont venues

de la providence et la révélation des

chose-, sublimes. Strom., . c i, P. c… t. ix. col. 34.

Ils ont abandonné le ciel et i. - étoiles et sont devenus

ilhabitent dani l’ail ténébreux, proche de

la terre Hont perdu leur honneur, ont convoit

Chos’’ne peuvent -e COnVI i lu t iii, , , 1 .347

DÉMON D’APRÈS LES PÈRES

348

nés in Episi. Judée, P.’.'., t. îx, col. 732. Clément est en cela tributaire tin livre d’Ilénoch. Les anges sont tombés à cause de la faiblesse de leur volonté. Simm., VII, c. vii, col. 465. Les philosophesontappelé le diable le prince des démons. Strom., V, c. xiv, col. 136. Si les démons sont des dieux, chaque ville a les siens. Coh. ad Grsecos, c. ii, P. G., t. viii, col. 121. Saint Paul a dit qu’il fallait s’abstenir des viandes immolées, parce qu’elles sont offertes aux démons. Psed., l. II, c. I, col. 392. On a cru que les Ames des morts étaient des démons. Strom., VI, c. ni, P. G., t. ix, col. 249. Le feu éternel est préparé au diable et à ses anges. Coh. ad Grœcos, c. ix, P. G., t. viii, col. 193. Quand nous sommes délivrés du péché, nous sommes séparés de la conversation du diable. Ilml. Barnabe, qu’il cite, a bien dit que les pécheurs font les œuvres du diable, mais il n’a pas dit que les esprits habitent dans l’âme du pécheur. Strom., II, c. xx, col. 1060. Les pestes, les grêles, les tempêtes et choses semblables ne viennent pas seulement de troubles matériels ; ils sont produits habituellement par les mauvais anges. Strom., VI, c. ni, P. G., t. ix, col. 248. Voir t. i, col. 1196 ; t. iii, col. 156, 187. Si les Eclogse prophéties ; sont de Clément, il y dit que les démons avaient cru que Salomon était le Messie. Quand ils l’ont vu pécher, ils ont su clairement qu’il ne l’était pas. Les démons savaient tous que le Messie devait ressusciter des morts. Hénoch dit aussi que les anges transgresseurs ont appris aux hommes l’astronomie, la divination et les autres arts, 53, P. G., t. ix, col. 724.

L’Église d’Afrique.

De Carthage, nous avons les écrits de Tertullien et de saint Cyprien.

Selon Tertullien, l’existence de substances spirituelles ou démons a été admise par les philosophes. Socrate avait eu dès l’enfance un démon familier, Platon n’a pas nié l’existence des démons. Les poètes en parlent et le peuple, par ses imprécations, maudit Satan. Mais il y a deux catégories d’anges corrompus : l’une, plus corrompue, dont l’Écriture nomme le prince et dont l’activité est entièrement employée à la perte des hommes, et l’autre, qui est moins corrompue et qui est née d’eux. Les magiciens ont recoursauxdémonsqui rendent des oracles et sont adorés dans les dieux du paganisme. Apaloget., 22, 23, P. L., t. i, col. 404-416. Les génies sont aussi des démons. Ibid., 32, col. 447448. Cf. De anima, 39, P. L., t. ii, col. 718. Du reste, l’existence des démons est sentie par l’âme en raison des maux qu’ils produisent. On maudit Satan ; on l’appelle ange de malice, ouvrier d’erreur, celui qui a jeté le trouble dans le monde. A l’origine, en effet, l’homme a été trompé par lui et condamné à mourir en punition de la désobéissance que Satan lui a fait faire. De testimonio animai, 3, P. L., t. I, col. 612-613. Le diable n’est pas toutefois le créateur du monde, comme le prétendait Marcion ; c’est un archange menteur. Adv. Marcion., l. V, c. xviii, P. L., t. ii, col. 518-519. D’autre part, Dieu n’est pas le créateur du diable. Dieu a fait un ange ; il n’a pas fait le diable. Celui-ci s’est fait lui-même, en s’éloignant de Dieu. Par malice, il a menti et a trompé l’homme ; il a diffamé Dieu. Satan est un archange, le plus élevé des anges et le plus sage de tous, c’est le prince de Tyr, Ezech., XXVIII, 12, tombé du ciel ; il est l’auteur du péché ; mais il est puni par le moyen des hommes qu’il a vaincus. Il a lésé l’homme, et ex illo deliquit, ex quo deliclum semitiavil. Sa faute semblerait avoir existé du jour où il a fait pécher l’homme. Ibid., I. II, c. x, col. 296-297. Tout a été changé par le diable. De corona, 6, ibid., col. 84. Si Dieu est optimus, le diable est pessimus ; tout le mal vient de lui. Le mal a son origine dans l’impatience du diable : il supporta impatiemment que Dieu ait lait l’homme à son image ; il en conçut de la douleur, de l’envie, et il a trompé l’homme. Tertullien

ne veut pas rechercher s’il a élé mauvais avant d’être impatient, ou s’il a été mauvais et impatient simultanément ou séparément. Ce qui est certain, c’est qu’il a péché le premier et qu’il a profité de son expérience pour faire pécher l’homme. De patientia, ">. l’.L., t. i, col. 1256-1257. Aussi Tertullien appelle-t-il le diable semulus, le jaloux. De psenilenlia, .">. ibid., col. 1235 ; De anima, 20, P. L., t. ii, col. 683. Il le dit : Noster i>b divortium semulus et ob Dei gratiam iniidus. Il fait persécuter les chrétiens par les païens ; mais il est soumis aux chrétiens. Apologet., 27, P. L., t. i, col. 135. La persécution vient du diable, mais par la permission de Dieu, pour éprouver les chrétiens. De fuga, 2, P. L., t. ii, col. 104-106. Il a envié Notre-Seigneur et l’a tenté. De patientia, 16, P. L., t. i, col. 1285-1287. Les hérésies viennent du diable. De prsescript., 40, P. L., t. n. col. 54-55. Satan se change parfois en ange de lumière, Adv. Marcion., l. V, c. XII, ibid., col. 502 ; mais, alors même, il ne perd pas sa nature corrompue. De resurrectione, 55, ibid., col. 677.

C’est au livre d’Hénoch, qu’il tient pour canonique, que Tertullien emprunte le récit de la chute des anges. Ils se sont précipités du ciel sur les filles des hommes. Pour leur donner la beauté qu’elles n’avaient pas, ils leur révélèrent les secrels de la nature, l’art de la parure, les autres arts et l’astrologie. Nous les jugerons ; nous renonçons à eux, au baptême. Ils ont abandonné le ciel pour contracter un mariage charnel. De cultu fœminarum, l. I, 2-4, P. L., t. I, col. 1305-1308. Ils ont été condamnés par Dieu pour cette faute. Ibid., l. II, 10, col. 1328. Ces desertores Dei, amalores fxminarum, furent proditores hujus curiosilatis (l’astrologie). D’eux vient aussi l’idolâtrie. C’est pourquoi ils ont été condamnés. Le ciel est interdit aux mathématiciens comme à leurs anges : la même peine d’exil est appliquée aux maîtres et aux disciples. De idololatria, 9, ibid., col. 671. Les femmes doivent être voilées pmpter angelos, a dit saint Paul, I Cor., xi, 8, 10. parce que angeli propter filias hominum desciverunt a Dec. Ici, Tertullien se réfère au texte de la Genèse, vi, 2, et de l’expression : « filles des hommes >. il conclut que les anges aimèrent des filles vierges, encore chez leurs parents, et des veuves, mais pas des femmes mariées. De oratione, 22, ibid., col. 1186-1187 ; De virginibus velandis, 7, P. L., t. ii, col. 899. Voir t. i, col. 11951196.

Satan et ses anges ont rempli le siècle : il y a des idoles partout. Vénus et Bacchus sont deux démons. Les démons sont dans les idoles, dans les théâtres, au cirque, qui sont les pompes du diable. De spectacuUs. 7, 8, 10, 12, 26, P. L., t. i, col. 639, 640, 643, 645, 657. Dans le paganisme et le mithriacisme. ils ont imité le christianisme. De prsescript., 40, P. L., t. ii, col. ôi. De corona, 15, ibid., col. 102 ; Ad uxorem, l. I, 6. 7. P. L., t. i, col. 1284. Les songes viennent souvent des démons. De anima, 47, P. L., t. il, col. 731-732. Presque en chaque homme il y a un démon ; aussi faut-il recourir aux exorcismes pour échapper à son inlluence. Les démons sont auteurs des prestiges des magiciens. Ibid., 57, col. 748-750. Cf. A. d’Alès, Lu théologie de Tertullien, Paris. 1905, p. 151, 156-161 ; , 1. Tunnel, Tertullien, Paris, 1905, p. 123, 182-185, 188-189, 238-240.

Saint Cyprien a, sur la chute de Satan et des anges, les mêmes idées que Tertullien. Il faut toujours être prêt à repousser les tromperies du diable et à lutler contre lui. Le diable est trompeur par envie. L’exemple de nos premiers parents le montre, lnter initia slalini mundus et periit primus et perdidit. llle angelica majestale subnixus, ille cselo acceptas erat et chants, poslquam hominem ad imaginem Deifaclum conspexit, in zelum nialivolo lirore prorupit, non prius alterum dejiciens instinctu : e10 quam ipse : elo ante dejectus, captivus antequam copient ; , perditus antequam perdens… ipse tjuoque id quod prius eral amisit, Et en preuve, saint Cyprien cite Sap., ii, 24. De zelo et livore, 3, 4, P. L., t. iv, col. 610 ; édit. Ilnrtel. Vienne, 1868, t. i, p. 299. Dès le commencement du monde, il a trompé l’homme, en mentant et en le flattant ; il a tenté Notre-Seigneur, et il se cache encore, le vieux serpent, pour tromper les chrétiens. De catholicx Ecclesiae unitate, 1, édit. Hartel. t. i, p. 209210. Ab inilio mundi fallax, semper et menda.r, mentitur ut fallat, etc. Suit la description de ses ruses. Epist., xuir, 6, Vienne, 1871, t. n. p. 596. Tous les jours, il faut combattre avec lui. De mortalilate, i, 1. 1, p. 299. Ailleurs encore, saint Cyprien parle des tentations diaboliques, qui n’ont lieu qu’avec la permission de Dieu et auxquelles les chrétiens peuvent résister victorieusement. Si le diable a péché par jalousie à l’égard de l’homme, les mauvais anges ont péché par luxure. Ces anges pécheurs et apostats ont, en effet, enseigné aux femmes à se farder et à se friser, quando, ad lerre. na contagia devoluti, a csclesti vigore reccsserunl. De habilu virginis, li. P. L., t. iv, col. 453-454. Ces détails viennent du livre d’Hénoch.

7° A Rome, saint Hippolgte. — Caius avait interprété Apoc. xx, 2, 3, en ce sens que Satan est déjà lié. puisque le Christ est allé à la maison du fort, l’a enchaîné et lui a enlevé ses instruments de ruine. Malth., xii, 29. Il est lié pour mille ans, après lesquels il 9era délié pour tromper les peuples. Saint Ilippolyte résolut cette objection de l’hérétique. I ! montra par des textes de l’Évangile que Satan n’est pas encore lié, puisqu’il trompe les chrétiens et persécute les hommes. Jésus a recommandé de prier pour être délivré du malin. Il faut combattre avec les puissances mauvaises. Eph., vi, 12. Il sème l’ivraie dans le champ du père de famille. Matin., xiii. 19. A la fin des temps seulement, le diable sera lié et jeté dans l’abîme selon Isaïe, XXVI, 10. Les mille ans de l’Apocalypse ne sont pas à prendre comme un nombre exact ; ils désignent le règne éternel du Christ, pendant lequel le diable sera lit’— et puni dans ls flammes de l’enfer avec tous ses adeptes. Capita advenue Caium, frag. v ou vu. publics par Gwynn, dans Hermatliena, 1888, t. vi, p. 415-416 ; cf. p. 402401 Zahn, Geschichte de » Neutestamentlichen Kcmoru, Erlangen et Leipzig, 1892, t H, |>. 978-980 ; llarnack, dans Texte und Unters., 1890, t. vi. fasc. 3, p. li"> 188 ; tchelis, Hippolyttu, Leipzig, 1897, t. i. p. 246-247 ; cf. fragment vieux-slave, il, ni., p. 238 ; d’Alès, La théologie de taint Ilippolyte, Paris, 1908, p. 199. Pour saint Ilippolyte, l’enfer, ou le lac de feu inextinguible, ride encore, préparé seulement pour que les démons et les méchants s soient torturés dant flammes pendant l’éternité. A. d’Alès. p. 200-201. Origène. Alexandrie, Origène inaugure, ., u njel des démons, une voie nouvelle qui, pour une part, aura du succès. M rejette décidément li du livre d’Hénoch, prouve l’existence des esprits mauvais par de nombreux textes de II enlui e, mais il imaiplications personnelli sur > chute de ces la possibiliti il" leur conversion finale. Il traite ea pmfrsio des anges mauvais, qui sont punis. parce qu’ils nl mal agi, au début de Dr prin -. I. I. c. v, n. i- : K / G., i. i. col. 157-165. Il étudie d’abord les diffén nts noms qu’ils ont dans

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Ince du monde est le n nu an antre

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condition premii re, et I n leur ma lice est dans leur propre volonté. Après avoir prouvé leur existence par l’Écriture, Origène ajoutera les raisonnements qui lui paraîtront les meilleurs. Il cite de nombreux passages de l’Ecriture" : le prince de Tyr, ange chargé des Tyriens, mais déchu, Ezech., XXVIII, 11-19 ; Lucifer, Is., xiv, 12 ; le malin, I, Toa., v, 19 ; le dragon pris à l’hameçon. Job, xl, 20. Ces esprits ne sont pas mauvais par nature ; ils n’ont pas été créés tels ; ils sont venus du mieux au pire et se sont tournés vers le mal. Origène ne leur attribue aucun péché spécial ; il se borne à exposer son hypothèse de la déchéance inévitable et graduelle des substances spirituelles, en dehors de la seule indéfeclibilité de Dieu. Sur la théorie de la chute graduelle de toutes les natures créées, cf. Prat, Origrnr, Paris, 1907, p. 82-86. Voir t. i, col. 1203. Un peu plus loin, il expose qu’ils seront rétablis dans leur premier état. l. I, c. vi, n. 2, 3, col. 168-169. Le diable lui-même n’a pas été incapable de faire le bien ; les prophètes précédemment cités le montrent. Il était bon, quand, dans le paradis, il était parmi les chérubins ; il s’est porté tout entier vers le mal, l. I, c. viii, n. 2, col. 178. Il ne peut maintenant revenir au bien ; mais il y a des degrés dans les principautés mauvaises, et d’autres se convertiront, n. 4, col. 179-180. Origène revient plus loin sur la possibilité de la restauration finale des démons dans leur premier état, et après avoir laissé au lecteur le soin de conclure, il semble bien, en finissant, affirmer la possibilité de cette restauration, l. II, c. I, n. 21, col. 302. Cf. Prat, op. cit., p. 106-107. Puis, il démontre de nouveau par l’Ecriture l’existence des mauvais anges, chassés du ciel, l. III, c. il, n. 1, col. 303-305. Il accumule les textes : dans l’Ancien Testament, le serpent de la Genèse, le malin, chassé du ciel, Azazel, figuré par le bouc émissaire, Lev., xvi, 8, l’esprit mauvais de Saiil, l’esprit de mensonge qui inspire les prophètes d’Achab. Satan qui pousse David à dénombrer son peuple, I Par., xxi, 11 ; Eccle., x, 4, la vision de Zacharie, III, 1, 2, le prince de Tyr, Lucifer, Satan du livre de.lob ; dans le Nouveau Testament, la tentation de Jésus, Satan qui pousse Judas à trahir son maître, et la nécessite de la lutte avec les principautés mauvaises, proclamée par saint Paul. S’il est dit que, à la fin des temps. Satan sera détruit par Jésus-Christ, cela ne signifie pis qu’il cessera d’exister, mais qu’il ne sera plus ennemi. Par là, Origène semble penser que même Satan pourra être replacé dans son premier état, car il n’y a rien d’incurable ni rien d’impossible. I. III, c. vi. n. 5. col. 338.

Origène a traité encore ex professo des mauvais anges dans sa réfutation de Celse. Il a remarqué, d’abord, que démon est un nom commun, appliqué le plus souvent aux mauvais anges, qui n’ont pas de corps grossier. Cont. Celsvm, 1. V. n. 5, P. G., t. », col. 1188. Celse avait prétendu que le Christ n’a pas été le premier ayvs)o ; , envoyé par Dieu sur la terre. Il avait entendu parler de 60 ou 70 anges, qui, devenus mauvais, ont été enchaînés et subissent sous terre les peîni leurs fautes, et il savait que les sources chaudes sont leurs larmes, I. n. 52, roi. 1261. Origène fait observer que ces renseignements proviennent du livre d’Hénoch, que Celse n’a pas lu et qui n’est pas tenu pour divin dans les Églises. De re livre. (i|se ii, . connaît que ce détail. Par bienveillance, Origène lui BUgiil in pai i) e.le i.i Genèse, i. 2. qu’il n’a pas lu ii qui à première vue pourrait l’interprétei dans li même sens Mais sur ce point. Origène se réfère à un

écrivain (PhïlOn. qui i vu daUS les filles des lioniiiH une métaphore employie i d< l( m r les.unes dési la vie humaine, Quelle qui’soit l’interprélaimn qu’on donm a l’expn — de Dieu. > réi m

biblique ne lui rien au sujet Le récit di 60 tombi o— i i" lu comme Écriture), chei les chré3M

DÉMON D’APRÈS LES PÈRES

352

tiens. Puis, Origène se moque agréablement des larmes de ces anges. Les larmes sont salées et les eaux chaudes sont douces, l’audra-t-il admettre que ces anges versent des larmes douces ? N. 54, 55, col. 1268, 1269.

Quelques esprits sont liés pour des siècles à certains édifices ou à certains lieux soit par l’effet de la magie, soit à cause de leurs vices. L. VII, n. 5, col. 1428. Les démons commettent des fautes. Ils ont dévié de la voie qui conduit au bien, et se sont éloignés de Dieu. La magie cherche à empêcher leurs mauvaises actions. L. VII, n. 68, 69, col. 1517. Les anges devenus vicieux sont les anges du diable. Entre eux et les démons, il n’v a point de différence : ils sont tous mauvais. Celse prétendait à tort qu’ils sont les anges de Dieu. Qu’on prouve, si on le peut, qu’ils diffèrent des démons ! Dieu n’est pas leur prince ; selon les Écritures, leur prince est Beelzébub. Il ne faut pas se fier aux démons ; il faut mourir plutôt que de leur offrir des sacrifices. Us ne sont pas bienveillants pour les chrétiens ; les anges veillent pour qu’ils ne leur nuisent pas. L. VIII, n. 2527, col. 1553 sq. Les maux de la terre sont produits par eux, n. 31, col. 1564. L’âme d’un enfant païen est, dès la naissance, sous l’empire d’un démon. Il y a beaucoup de démons sur terre. Us ont pouvoir sur les méchants, mais pas sur les chrétiens, armés de l’armure de Dieu, n. 34, col. 1568-1569. Ils sont vaincus par les martyrs, n. 44, col. 1581.

Satan avait été nommé par Celse. L. VI, n. 42, col. 1360. Origène expose par suite ce qu’il pense de lui. C’est le mauvais, qui a été chassé du ciel, le serpent tentateur, Azazel, figuré par le bouc émissaire, Bélial, le prince de Tyr et le roi de Babylone. Son nom signifie adversaire ; il est l’adversaire du Fils de Dieu, n. 43, 44, col. 1364-1368.

Dans ses autres écrits, Origène parle encore, mais en passant, de Satan et des anges déchus. Le dragon a été créé avant l’homme. In Joa., tom. i, n. 17, P. G., t. xiv, col. 52. Il n’a pas été créé mauvais, lbid., tom. xii, n. 7, col. 136. Il a résisté à Dieu. Dan., x, 13. Il a abandonné son état, où il était sans tache et dans lequel il aurait persévéré, s’il l’eût voulu. In Episl. ad Philem., ibid., col. 1306. S’il est dit le prince de ce monde, ce n’est pas qu’il ait créé le monde ; c’est que dans le monde il y a beaucoup de pécheurs. Aussi est-il le prince, le diable de la malice et de toute iniquité. Sa faute a été un péché d’orgueil ; il s’est élevé dans les cieux et a voulu être semblable au Très-Haut. Origène, qui ne lui avait pas appliqué expressément les paroles du prince de Tyr, dans le De principiis, les met ici formellement dans sa bouche. In Num., homil. xii, n. 4, P. G., t. xii, col. 664, 665. Pécheur depuis le commencement du monde, il ne subit ni feu ni tourment en ce monde. Selecta in Exod., ibid., col. 292. A la fin de notre vie, le prince du siècle est comme un puhlicain, qui recherche ce qui lui revient en nous. In Luc, homil. xxiii, P. G., t. xiii, col. 1862. Les démons sont de la même nature que les anges ; la seule différence entre eux est celle qui existe entre un œil sain et un œil perdu. In Joa., tom. xii, n. 20, P. G., t. xiv, col. 625. Ils sont princes pour la ruine, sont exécrables, et on les invoque pour le mal, parce qu’ils sont mauvais, par prévarication toutefois et non par nature. ]n Eœod., homil. viii, n. 2, P. G., t. xii, col. 352. Ils ont encore leur libre arbitre, et il est nécessaire qu’ils l’aient, afin que les chrétiens puissent être éprouvés par leurs attaques. In Num., homil. xiii, n. 5-7, ibid., col. 673-675. Ils tendaient dos pièges à tous. In Mattli., tom. XV, n. 5, P. G., t. xiii, col. 1269. Origène pense cependant que quelques anges déchus, frappés de la puissance et de la divinité de Jésus, ont recouru à lui et l’ont prié en leur faveur. In Joa., tom. xiii, n. 58, P. G., t. xiv, col.512. Mais les démons se faisaient généralement passer pour les faux dieux du paganisme. In Exod., homil. vi, n.5.

P. (’., t. xii, col. 335. Ils restent auprès des idoles, car ils ne sont pas encore jugés. Leur unique punition consiste à voir les idolâtres se convertir au christianisme, et les chrétiens qu’ils tentent pratiquer la vertu. /// Num., homil. xxvin. n. 8, ibid., col. 789. 790. Le lieu qu’ils occupent est l’air épais qui entoure la terre. Quelques-uns croient qu’ils ont besoin d’aliments. Origène pense qu’ils se repaissent de l’odeur des sacrifices. Ex/iorlatio ad martyr., n. 45, P. (’, ., t. xi. col. 621, 624. Cf. Cont. Celsum, l. III, n. 28, 36 ; l. IV, n. M ; l. VII, n. 5, 6. 35, 56, 64 ; I. VIII, n. 60. 61, ibid., col. 956, 965, 1070, 1428, 1429, 1489, 1501, 1512, 1608, 1609. Voir Iluet, Origeniana, I. II, c. ii, q. v, n. 30, P. G., t. xvii, col. 892-893. Les démons ne sont pas punis en ce inonde ; les supplices leur sont réservés pour l’avenir. In Exod., homil. ix, n. 6, P. G., t. xii, col. 359-360. Us périront et leur empire sera détruit, quand nos corps ressusciteront à la vie. ln t ibrum Jesu Nare, homil. viii, n. 4, col. 866-867 ; In Mat th., tom. xiii. n.9, P. G., t. xiii, col. 1116-1120. Il n’est pas permis d’adjurer les démons ; c’est une coutume judaïque. In Matlh. comment, séries, n. 110, ibid., col. 1269.

Jules l’Africain.

Ce contemporain d’Origène, dans un fragment de sa Clironograpliia, qui nous a été conservé par Georges le Syncelle, a donné une interprétation, qu’Origène n’avait pas su trouver, des fils de Dieu de Gen., VI, 2. Son texte contenait la leçon : ayye).oi to0 ÔsoO ; mais il lisait dans quelques manuscrits : -jio’t to0 6eov. Par ces fils de Dieu, il entendait les fils de Seth, ainsi nommés, parce que leur race n’a donné jusqu’à Jésus-Christ que des justes. Les filles des hommes étaient de la race de Caïn, si éloignée de Dieu et si dépravée. Il ajoutait toutefois que les « anges de Dieu », si on gardait cette leçon, ne pouvaient être que les mauvais anges, qui apprirent aux femmes le mouvement des astres, les nombres, les choses élevées et les arts, et qui furent les pères des géants, ensevelis par le déluge. P. G., t. x, col. 65. Sa première interprétation devait peu à peu faire disparaître la seconde.

10° Celle-ci pourtant avait pénétré jusqu’en Syrie, et Bardesane écrivait dans Le livre des lois du pays : « Nous comprenons que si les anges n’avaient pas eu aussi le libre arbitre, ils n’auraient pas eu commerce avec les filles des hommes, n’auraient pas péché et ne seraient pas tombés de leur place. » F. Nau, Bardesane l’astrologue, Paris, 1899, p. 31. — Les apocryphes clémentins, dont les sources sont syriennes et dont la rédaction n’est que du iiie siècle, voir t. iii, col. 213, connaissent la faute charnelle des anges qu’ils rattachent très explicitement au déluge. Dans les Récognitions, iv, 26, 27, P. G., t. i, col. 1325-1326, on attribue à ces anges déchus l’origine de l’idolâtrie, la connaissance des arts, la magie et la perversité humaine, qui a été punie par le déluge. Dans les Homélies, viii. 1219, P. G., t. ii, col. 232-237, on nous apprend que les esprits, qui vivent dans l’air, ne peuvent plus remonter au ciel. Ils enseignèrent aux hommes les arls et l’ornementation. Les géants, qu’ils engendrèrent, sont des anges inférieurs, qui mangent du sang. Ils furent lespremiers à manger de la chair, et leurs crimes furent la cause morale du déluge. — Dans les Actes de saint Thomas, œuvre gnostique du i IIe siècle, l’union des anges avec les femmes est aussi rapportée. Tischendorf, A et a apostolorum apocrypha, Leipzig. 1851, p. 218 ; M. Bonnet, Acta Philippi et Acta Thomse, 30, Leipzig. 1903, p. 149. — Zosime de Panopolis racontait aussi la. chute des anges et la révélation des secrets aux femmes d’après les Écritures anciennes et divines, c’est-à-dire d’après le livre d’Hénoch et le récit de la Genèse. Fragment cité par Georges le Syncelle, Gltronograpliia^ édit. Dindorꝟ. 1829, t. i. p. 24.

If 1 Le plus ancien commentateur latin de l’Apocalypse, dont l’ouvrage nous soit parvenu et qui est de la

fin du iiie siècle, saint Victorin de Pettau, nous fournit quelques traits nouveaux sur le diable et les démons. Malheureusement, le texte original de son commentaire ne nous est pas encore entièrement connu, et il faudra attendre l’édition de M. Haussleiter dans le Corpus de Vienne pour être parfaitement renseigné. On en connaît deux recensions, dont la plus courte est une revision faite par saint Jérôme à l’aide de Ticonius, et dont la plus longue est un remaniement de la précédente (on la trouve P.L., t. v). Bardenhewer, Patrologie, 2 édit., Fribourg-en-Brisgau, 1901, p. 198-199 ; Id., Geschichte der altkirchlichen Litteratur, ibid., 1903, t. ii, p. 595597. Cependant, pour Victorin, le dragon de l’Apocalypse est celui qui ab initio fuit homicida et omne gémis humanum non tant debilo mortis, reruni eliam variis gladiis obitibusque oppressif. Le tiers des étoiles, qu’il entraînera dans sa chute, indique le nombre des hommes qu’il séduira à la fin. des temps. Dans sa revision saint Jérôme a ajouté : Sed quod vertus intelligi debeal angclorum sibi subdilorum cuni adhuc princeps esset, cum descenderet constilulione sua, terliam partent sediu-’tsse. Bibliotheca Palrum, Lyon, 1677, t. m. p. 420 ; dom Férotin, Apringius de Béja, Paris, l’.HJO, p. 49. Cf. ht Apocalypsin B. Joannis, xii, 3. 4, P. L., t. V, col. 33(5. Victorin était millénariste. Voir L. Atzer, Geschichte der christtichen Eschatologie, l-’riboarg-en-Brisgau, 1896, p. 566-573. Par conséquent, il entendait les mille ans, durant lesquels Satan doit être enchaîné, du régne de Jésus-Christ sur terre. Mais, selon le remaniement de saint Jérôme, les mille ans, durant lesquels Satan est lié, comprennent tout le temps qui s’écoule depuis l’avènement du Christ jusqu’à la fin des siècles ; mille ans sont la partie pour le tout. En quoi consiste cet enchaînement de Satan ? Diabolus, exclusus a credenlium cordibus, cœpit impios possidere, tu quorum quotidie csecis cordibus tauquaitt in abyssi profundo inclusus est. lirco qu’il est scellé, il ne peut séduire ceux qui appartiennent à Jésus-Christ. Quand b’nombre des saints des vierges) sera complété, les hommes, séduits par bdiable, entreront en même temps que lui dans l’étang de feu. In Apocalypsin B. laannis, XX, 1-3. /’. /… t.. (îol 341-343. Pour saint Victorin, après brègne de mille ans. le diable sera

l> l’époque de la persécution de l’Antéchrist ;

mais à l’avènement de N’otre-Seigneur, il sera précipité avec -- ans, sa dans l’enfer. Voir Haussleiter, ! >’, ti’. ische Schlussabschnitt du echten Apokalypseimentar des Bischofs Viclorinus von Pettau, dans blatt, l890, u. 17. p. 195 198. II. lu iv ai vi’SIÈCLE. — Au iv siècle, nous conrona deux directions différentes, prises par les écrivains ecclésiastiques au sujet du diable et des démons : les uns, surtout en Occident, garderont les opinions de leurs pn - ; les autres, d’abord en Orient, puis en Occident, expliqueront d’une manière nouvelle la chute de tous les mauvais esprits. I Maintien des sentiments io-< ; <t : <ie)its. — I. /.’, / "’. Dans un fragment de son livre De resurrene, qui nous été conservé par saint I piphane, //<<. i XIV, n 19, 21, /’'-. t. xi.i. col. 110-2. fin ; i ! i"t Photius, Bi&ltol !  ; i. /’. a., t. cm. col. I [09, 1112. saint Méthode, évéque de ["yr, cite Athi a

admet que le diable a péché pai envie contre l’hoi e.

1 aux di mons, ils sont déchus par suite de leur i harnelle i de leur mai ia

lia avaient bons et libres,

le leur liberté Dam nu autre fragment,

il dit que le <ii un imposteur 1 1 a tendu des’ragm., 7. 8, P G., wni. col

Dan iii, or.it. viii, c. X, il reconnaît le

diable d m m de I Ai Ibid., col. 152,

163.

Dana ses Art’i, helai mi liane te,

DICT. DE THÉOL. c MOL.

que l’on rapporte à la première moitié du IVe siècle, Hégémonius traite de l’origine du diable et des démons : c’était un des points de doctrine, discutés entre Archélaiis et Manès. Celui-ci expliquait ainsi l’origine de la mort pour les hommes. Une belle vierge se montra aux princes, qui sont dans le firmament. Épris de sa beauté et enllammés d’amour, ils coururent après elle, afin de l’atteindre ; mais elle disparut subitement. Alors le chef de ces princes produisit des nuées, en assez grand nombre pour couvrir le monde entier ; le prince de la moisson répandit la famine et lit périr les hommes par des tremblements de terre. Œeson, IJegentonius, 9, Leipzig, 1906, p. 13-15. D’autre part, Manès prétendait que le prince des ténèbres était le créateur, 12, p. 19-20. A ces erreurs, Archélaus opposa la doctrine chrétienne. Le diable a été homicide dès le commencement ; c’est le semeur d’ivraie dans le champ du père de famille. Satan, l’auteur de tous les maux ; il mange de la chair et du sang. 15, p. 21-25. Or, il n’est pas inengendré. Quel mal faisait-il avant la création’.' 18, p. 29. Que convoitait-il ? Qu’enviait-il ? 20, p. 31. 11 n’a pas créé l’homme ; il est tombé du ciel, 23, p. 35. Il a été créé libre, et il agit librement sur les hommes. Quelques anges ont désobéi aux ordres de Dieu et ont résisté à la volonté divine. L’un d’eux est tombé du ciel sur la terre comme la foudre. D’autres, attirés par un bonheur misérable, se sont unis aux filles des hommes, ’ils ont été affligés par le dragon et ont mérité de subir la peine du feu éternel. Le diable a cherché à les tromper, parce qu’ils étaient libres. Il n’est pas de la substance de Dieu, puisqu’il a prévariqué. Il est tombé, parce qu’il n’a pas observé les commandements de Dieu, et il est resté l’adversaire des préceptes divins, 36, p. 50-52. Il a trompé Adam et Eve, en les faisant désobéir, il est le père de tous les méchants, 37, p. 53. Les juges de la discussion estimèrent que la question de l’origine du diable avait été suffisamment débattue.

Un des dogmes que soutenait Marinus dans le D’talogue d’Adamantins, qui est de la fin du IT siècle, élait que le diable n’a pas été créé par Dieu. Adamantins déclara que b 1 diable était bon d’abord, et non pas mauvais, mais que dès le commencement du monde, il envia l’homme et qu’il n’a pas cessé de l’envier. Van de Bande Bakhuysen, Der Dialog des Adamantius, sect. i, c. xxvii, Leipzig, 1901, ꝟ. 52. Il a élé créé par Dieu ; autrement, il > aurait deux principes, sect. il, c. i, vin. p. 116, 126. Mais il a été mauvais des l’origine du monde, et il a persuade l.ve de pécher. Dans l’Écriture, il est appelé Satan et le malin, c. ii, p. llfi. Il est jugé h condamné par Dieu, parce que, île bon qu’il était, il est devenu mauvais, en abusant de sa liberté, c. xi, p. 130.

roui en rejetant le mariage d. s.m.rs. Dr hominis opificio, c. xvii, /’. (’, ., t. miv. col. 189, saint Grégoire de Nysse pense encore que Satan est tombé par envie. Les anges sont des êtres incorporels, opposés au bien. qui agissent an détriment de l’homme. Us sont Bortis

d’eux un-, de leur dignité primitive h se sont

engagés dans la voie contraire au bien. L’apôtre b s appelle les puissances souterraines et infernales ; m. us l’air, où ils vivent, est dit parfois souterrain et in fernal. Quand li al abolis, les anges mau ronl rétablis dans leur premier état /’< anin m

. /’'’., t. xi VI, roi. 72. Ailleurs, s, uni

Grégoire de Nysse 'i>i encore que In Cbrisi a fait du

bien a celui qui a c.msr notre perte, et il BJOUte qui’h

mal disparaîtra un jour et que toute créature rendra

.i Dieu, Orat. catechei, c. xxvi, /’. G., t. i.

68. Le diable, lui aui ii, est un - - ii-iv

i una ture, il est xempl de la n et de man i.m jour

IV. - 12

:  ;  : 

y<>

DÉMON D’APRÈS LES PÈRES

350

ri nuit pour faire du mal. Ils tendent aux hommes des pièges de toute sorte, parce qu’ils sont jaloux des hommes qui sont unis à Dieu et qui parviendront au bonheur dont ils sont privés. De pauperibus amandis,

P. G., t. xi.vi, col. 456. Le diable est le malin, dont nous demandons, dans l’oraison dominicale, d’être délivrés. Il est BeelLébub, Mammon, le prince du monde, l’homicide dès le commencement, le père du mensonge, etc. De oratione dominica, orat. v, P. G., t. xliv, col. 1192. La cause de sa chute a été l’envie à l’égard de l’homme, confirmé par la bénédiction divine. Les dons surnaturels, faits par Dieu à Adam, ont été, pour l’adversaire, la source et l’excitation de l’envie ; il a machiné des embûches pour empêcher la force divine d’agir dans l’humanité. Déchu à cause de la beauté de l’homme, il a trompé l’homme par l’attrait de la nourriture. Orat. calechet., c. VI, xxvi, P. G., t. xi.v, col. 25, 68. Cf. De mortuis, P. G., t. xi.vi. col. 522.

Le péché d’envie est encore affirmé dans une homélie, faussement attribuée à saint Basile. Homilia dicta in Lacizis, n. 8, 9, P. G., t. xxxi, col. 1452, 1456. L’envie est un vice propre au diable. Satan n’a pas d’abord été diable ; d’ange qu’il était, il est devenu démon. Infecté d’envie, il s’est éloigné de Dieu. Sa défection provint de ce qu’il vit l’homme, qui lui était inférieur, élevé au-dessus des autres créatures. Créé avant l’homme, il assista à la création ; il vit que l’homme était supérieur au soleil, puisqu’il a été seul fait par les mains divines ; il le vit dans les délices du paradis, assisté par les anges, à qui il était égalé, parlant avec Dieu, et il l’envia. Tant que l’homme fut seul, le diable n’eut pas d’occasion de le prendre ; après la création d’Eve, il s’attaqua à la femme, qui était plus faible. Ennemi de l’homme, il fut aussi ennemi de Dieu, ; j.t<jav6pa)710 ; , êitetSï| xal Oso^tâ’/o ; . Il a haï Dieu d’abord, qui avait ainsi favorisé l’homme ; il se révolta contre lui, le méprisa, s’éloigna de lui. Il vit ensuite l’homme fait à l’image de Dieu, et ne pouvant attaquer Dieu, il s’en prit à son image.

2. En Occident.

Lactance mêle différentes traditions, et il distingue nettement le diable des démons. Avant la création du monde, Dieu fit d’abord un esprit, qui resta bon, le Logos, puis un autre, in quo indoles divinee stirpis non permansit. C’est par l’envie qu’il devint mauvais, abusant de la liberté qui lui avait été donnée. Mais ce n’est pas l’homme qu’il envia, lnvidit enini Me anlecessori, qui Deo Patri perseverando, cum probatus, lum etiam chorus est. Les Grecs l’appellent 81âêo).ov ; les chrétiens criminatorem, quod crimina, in quæ ipse illicil, ad Deum déférât. Div. instit., l. II, c. ix, P. L., t. vi, col. 294-296. C’est par envie qu’il a trompé l’homme. Criminalor Mc, invidens operibus Dei, omnes faUacias et calliditates suas ad decipiendum honiinem intendit ut ei adimeret immortalilatem, c. xiii, col. 323. Quant à la chute des démons, Lactance la raconte, en combinant la tradition du livre des Jubilés avec celle du livre d’Hénoch et en y ajoutant des traits de son imagination. Cum ergo numcrus hominum cœpisset increscere, providens Deus ne fraudibus suis diabolos, eux ab initio terrée dederat potestatem, vel corrumperet Itomines vel disperderet, quod exordio feceral, misit angelos ad tulclam culiumque generis humant : quibus, quia liberum arbitrium erat dation, præcepit, anle omnia, ne, terrez contagione maculati, subslantise cœlestis amitlerent dignitatem. Il leur défendit de faire ce qu’il prévoyait qu’ils feraient. Itaque illos cum hominibus commorantes dominalor Me terrée fallacissimus consuctudine ipsa paulatim ad vitia pellexit et mulicrum congressibus inquinavil. l’um in cselum ob peccala quibus se immerserant non recepti, cccidcrunt in terram. Siceos diabolus ex ange lis Dei suos fecit satellites ac’ministres. Leurs fils, o’étanl ni anges ni hommes, n’ont pas été refus dans les enfers. Lactance distingue donc deux genres de démons : les uns qui viennent du ciel, les autres de la terre. Ces derniers sont les esprits immondes, auteurs de tous les maux, et dont le diable est le prince. Les grammairiens croient que ce sont les dieux du paganisme. Ils savent beaucoup de choses futures, celles que Dieu leur permet de savoir, mais ils ne les connaissent pas toutes ; aussi leurs réponses, dans les oracles qu’ils rendent, sont-elles ambiguës. On les évoque par la magie. Per omnem terram vagantur et solalium perdilionis suæ perdendis hominibus operantur. Tout le mal, qui se fait dans le monde, vient d’eux. Aillteerent enim singulis hominibus, et omnes ostialim donws occupant, al sibi geniorum nomen assuniunl. On les vénère. Sunt spiritus tenues et incompreliensibiles. Us s’insinuent dans les corps et font du tort, c. xv, col. 330-333. L’astrologie, les aruspices, les arts, en particulier celui de faire des statues, sont de leur invention. Ils rendent des oracles et se font offrir des sacrifices humains, c. xvii, col. 336-341. Per terram volutantur. Ils y causent la mort, des tromperies et y répandent l’erreur, c. xviii, col. 343. Ils exercent leur fureur contre les chrétiens, l. V, c. xxii, col. 623. Ceux qui sont solides dans la foi n’ont rien à craindre d’eux ; ils ne peuvent leur nuire, 1. II. c. xvi, col. 334-336. Dieu est patient à leur égard jusqu’au jugement dernier, après lequel il leur réserve les ténèbres, l’enfer et ses supplices éternels, c. xviii, col. 341-342. Aussi craignent-ils le jugement dernier, après lequel ils seront tourmentés, 1. VIL c. xxi, col. 800-801. Au commencement du règne de mille ans, le prince des démons sera lié par Dieu ; ce règne fini, il sera délié et il sortira de prison pour faire la guerre contre les saints. Mais vaincu par Dieu, il sera condamné au feu éternel avec ses ministres, c. xxvi. col. 813-814. On le voit, Lactance a sur plusieurs points un sentiment particulier, qu’aucun autre écrivain ecclésiastique n’adoptera. Notons qu’il rapporte le déluge aux crimes des hommes, mais pas au péché des anges, l. II, c. xi, xiv, col. 313, 326. C’est un indice qu’il ne se réfère pas au récit de la Genèse.

L’auteur du De singuiaritate clericorum, que Harnack et dom Morin croient être Macrobius, qui écrivait vers 363-375, cite l’exemple des anges pour détourner de l’incontinence : Novimus et angelos cum feminis cecidisse. P. L., t. iv, col. 857.

Aux opinions anciennes qui sont en voie de disparaître, saint Ainbroise joint le sentiment nouveau que nous verrons prédominer. Il se rallie, en effet, à la théorie d’Origène, expliquant la chute de Satan par l’orgueil, mais il maintient la tentation d’Adam et d’Eve par motif de jalousie et le commerce charnel des anges avec les femmes. Le serpent au paradis terrestre était la figure du diable, ainsi que le prince de Tyr. Ezech., xxviii. 13. La plupart prétendent que le diable n’était pas au paradis ; il y était réellement, quoi qu’il soit écrit dans le livre de Job que Satan est au ciel avec les anges. Philon disait, mais à tort, que le serpent était la figure de la volupté. De paradiso, c. u. n. 9, 11, P. L., t. xiv, col. 278, 279. Le serpent fut le véritable ennemi du genre [humain, qu’il perdit par envie. Sap., ii, 24. Le diable ne put supporter le bonheur dont l’homme jouissait au paradis ; il envia le sort de l’homme, qui avait été formé du limon. Lui, qui avait été d’une nature supérieure et qui était tombé sur terre, il jalousait l’homme qui dépassait les choses éternelles ; il voyait avec peine que l’homme avait obtenu ce que lui-même avait perdu, c. xii, n.54, col. 301. Satan avait donc péché avant de tenter l’homme. L’archange n’a pas su s’abstenir du péché. Satan et ses anges n’ont pas su garder leur place. Expositio Ev. sec. Lucam, 1. IV, n. 67, P. L., t. xv, col. 1632-1633. Invidus et humani generis adversarius de statu superiori dejectus est. In ps. xxxvii enarrat., n. 21, P. L., t. xiv, col, 1019. Il avait péché par orgueil, selon Is., xiv, 14. In ps..v.v.vr enarrat., n. 11. col. 958. I’er superbiam naturæ suæ amisit gratiam…, consortiis excidil angelorum. In ps. cxviii, serin, vu. n. 8, P. L., t. XV, col. 1283. Son péché est plus grand que celui de l’homme, lbid., serm. viii, n. 28, col. 1306. Il est l’auteur de l’idolâtrie. De paradiso, c. xiii, n. 61, P. L., t. XIV, col. 306. Les anges des cieux, d’après l’Écriture, de sua virtute et gratia ti sunt, par la même faute que le roi David. Apologia pruphelse David, c. i, n. 4, col. 855. Il est écrit que les anges ont aimé les filles des hommes, eo quod terrenis rapti detineantur illecebris princeps mundi istius ministri ejus, in <juibus nequitia spiritalis veneris quibusdam carnis hujus irrctila et liumanis est infecta criminibus. In ps. < XVIII, serm. VIII, n. 58, /’. /.., t. xv, col. 1319. Cf. serm. iv, n. 8, col. 1243, où le passage de la Genèse, vi, 3, est expliqué des vierges dans un sens spirituel, qui exclut le mariage des anges : Qui ergo, cum angeli viderentur, capli sunt décore femineo, hi caro sunt. Qui autem corpora feminarum capiuntur libidine, caro sunt. Ils sont tombés du ciel dans le siècle propler iulemperantiam. De virginibus, 1. I, c. viii, n. 53, P. L., t. xvi, col. 203. Ils ont engendré les géants. Cependant, saint Ambroise ajoute que l’Écriture appelle souvent les anges fils de Dieu, parce que les âmes ex nul lu homine generantur, et il observe que viros fidèles filios suos dicere non est aspernalus Deus. De Noe et arca, c. IV, n. 89, /’. /.., t. xiv, col. 366. Les anges tombés habitent dans l’air, entre le ciel et la terre, pas au vrai ciel, bien qu’il soit écrit que Satan a été au conseil des anges. Pour ces esprits de malice, il n’y a pas de rémission ; le feu éternel leur est réservé, lu /..s. cxviii, serm.viii, J, /’. L., t. xv, col. 1318-1319. Si les hommes mauvais sont punis tout de suite après leur mort, la punilion du diable est renvoyée a plus tard. Differtur um, ut sit semper m punis reus, senimprobiUUii tux innexus catenis, conscienlia m perpetuum suslineal ipta judiciuni. lbid., serm. xx. n. 22. 23. col. 1491. Si Satan est tombé connu.’ta foudre, c’est qu’il a perdu ce qu’il avait. Le s ; enre de sa condamnation n’est pas la mort, sed posna diuturna. Il n 10, il. /’. /.., t. mv, col. 588. I.a légion des démons, qui demander* nt d’entn r dans des poi i’! subir avant le temps les tour ments qui leur sonl dus / Ev. sec. Lu

l. VI, n 16, P. / i xv, col, 1680.

Ru fin semble fane allusion aux légendes des Jubilés il d’Hénoch, quand il extrait de secrelioribus (des livres

inis : que Dieu ouvei m m. ni du monde. Dent., xxxii, 8, el que quelqui — uns, aussi bien que le prince di c< monde, ne remplirent p.i — la mission qu ils avaient reçue di Dieu et n’apprirent pas aux hommes obi de Dieu, mais i imiter

leur

IV / L., t. xxi, col. 353. Il ajoute, n. H » .

1 que la crois du Christ a soumis ceui qui ont

m. >l n-. de leurs pouvoirs, i i qne Jésus, en descendant

le pi m. < de la mort A l’hamei on,

i… . 3 ; P i hxiii, l i. Job, m. 20, et i i nfei —. Ru On plaçait donc ce ml li derniei jugement. Dana son Hit [t « n US), t. I, n

I’l.’96-97, Suij qu’à

1 époqui di’qui babil. lient.ni ciel,

fur. ot séduit par la beaul di

al poui e||. i. coupabli

dirent du ciel, les épousèrent et en eurent des géants dont la malice fut cause du déluge.

Le poète gallo-romain, Cyprien, qui vivait vers 400, chante en vers latins la tentation de nos premiers parents par le serpent, qui est le dragon, ainsi que le mariage des anges et la naissance des géants, qui provoquèrent le déluge universel. Genesis, c. iii, 72 sq., 106 sq. ; c. VI, 234-249, P. L., t. xix, col.348, 319, 353. Voir t. iii, col. 2471-2472.

Le poète Commodien, qu’on place généralement au IIIe siècle, voir t. iii, col. 414-415, mais que le P. H. Brewer, Kommodian von Gaza, Paderborn, 1906, croit être un laïque d’Arles, de la seconde moitié du ve siècle, admet aussi la chute charnelle des mauvais anges, que Dieu avait envoyés visiter la terre et qui furent séduits par la beauté des femmes. Ainsi souillés, ils ne purent retourner au ciel, et Dieu punit leur rébellion. Ils engendrèrent les géants, qui enseignèrent aux hommes les arts, notamment celui de teindre la laine, et l’idolâtrie. Parce qu’ils étaient de race mauvaise, Dieu refusa de les recevoir après leur mort. Ils sont donc vagabonds et ils font périr beaucoup d’hommes. Les païens les adorent et les prient comme leurs dieux. Jnstitutiones adversus gentium deos, . I, c. iii, P. L., t. v, col. 203-204 ; Dombart, Conimodiaui carmina. Vienne, 1887, t. xv, p. 7. Commodien mêle, lui aussi, la tradition du livre des Jubilés avec celle d’Hénoch, et ses idées se rapprochent de celles de Lactance.

Introduction d’une nouvelle doctrine sur la chute des anges.

Les docteurs tendent à ne plus distinguer Satan des autres démons et à expliquer leur chute commune par l’orgueil. Ils rejettent le livre d’Hénoch et ses rêveries sur le mariage des anges. Cette doctrine, empruntée à Origène, est acceptée d’abord en Orient et se répand progressivement en Occident, où elle finit par devenir universelle, quoiqu’on y repousse moins catégoriquement la légende du mariage des anges.

1. En Orient.

Eusèbe de Césarée, au début du ive siècle, s’occupe longuement des démons dans sa Préparation évangélique. En exposant la doctrine des Grecs sur les dieux, les démons, bons et mauvais, et les génies, d’après Porphyre etPlutarque, il affirme en passant quelques points de renseignement chrétien. Dans les saintes Lettres, il n’y a pas de bons démons, I. IV. c. v, P. G. a. xxi, col. 248. Les sacrifices païens sont offerts aux démons, c. XIV, xv, col. 265. 268. Ces esprits habitent dans les lieux voisins de la terre nourrissent de la fumée et de l’odeur des sacrifices, c. XXII, col. 300-304. Les prophéties et les oracles des démons ont cessé après l’avènement de Jésus-Christ, I. V, c. i, col. 309-313. Les puissances de l’air habitent dans l’air ténébreux, auprès des tombeaux, des statues, et se plaisent dans les matières impures, le sang, la .une, dont ils aiment l’odeur. Les sacrifices leur sont agréables et ils favorisent l’idolâtrie. Ces ntp’.ysw 5x1|j.ove ; sont auteurs des maléfices, c. ii, col. 313. 316. Les oracles païens étaient rendus pu eux, c iv, col. 3I7 ;  ; -j’i propos des titans, Eusèbe se demande si ce que l’Écriture dit des géants et de leurs pères s’y rapporte. Il cite tien, , vi. 2, avec la leçon : iyfti.ot to0 SioO, col. 324. Il ajoute qne ce qu.’les païens ont dit des géants, dont ils oui lait des dieux, est fabuleux, e. v. col, 321 sq Les Grecs croyaient que les démons étaient adonnés * la volupté, c. vii, col. 332 sq. i Hébreux ont connu les esprits déchus, qui se

-—. i i libre ni détourni de leur vote. Ils leur ont

donné différents noms. Le premier tombé, qui.. en traîné les autres dan

teur volontaire de la lun il i e— le dragon,

apent, la i" ti’-ruelle, lion, reptile, Eusèbe détermine tt et chute d’après l’Écriture et il la

Il ap pliqui.". xi. sur Lui Ifi i I sa chute, il était uni aux vertus les plus divines ; il s’en est séparé par son arrogance et sa rébellion contre Dieu. Il a sous lui une nation innombrable et infinie d’esprits, coupables des mêmes crimes, exclue par son impiété de la société des anges pieux et précipitée dans le Tartare, que les saints Livres nomment abîme et ténèbres. Une petite partie est demeurée autour de la terre, de la lune, et dans l’air inférieur, pour éprouver les athlètes chrétiens. Ils ont fabriqué la multitude des dieux. Ils sont appelés dans l’Kcriture esprits mauvais, démons, principautés, pouvoirs, princes du monde, esprits de malice. Au Ps. xc, 13, on leur donne les noms symboliques d’aspic, de basilic, de serpent et de dragon. Par haine de Dieu, ils affectent d’être dieux et se font rendre les honneurs divins, l. VII, c. XVI, col. 553, 556.

Eusèbe ajoute quelques traits à cette doctrine dans sa Démonstration évangélique. Les démons se font offrir des sacrifices partout. Ils trompent, en rendant des oracles, parce qu’ils sont ignorants ; ils disent des obscénités, l. V, proœm., P. G., t. xxii, col. 337. Ils ont en horreur le nom de Jésus, l. III, n. 4, col. 233-236. Les puissances, ennemies de Dieu, sont les esprits les plus dépravés, qui sont sous les ordres du grand démon, leur prince. Les premiers, ils ont chancelé dans le culte divin, et comme ils enviaient le salut des hommes, ils leur ont tendu des pièges. Ils sont les auteurs du mal. Isaïe, x, 13, 14 ; xiv, 12, 15, a parlé du grand démon. Les mauvais démons sont partout, disposés et armés sous sa conduite. Ils portent les hommes aux voluptés, l. IV, n. 9, col. 272-273. Cf. In Isaiani, xiv, 9, P. G., t. xxiv, col. 192.

Saint Athanase unitaussi les démons au diable. Celuici est l’inventeur du mal ; c’est le grand démon, le serpent, le dragon, le lion qui cherche à dévorer. Il a trompé les hommes et séduit Eve ; il a mis ainsi les hommes sous son pouvoir ; mais le Christ a détruit sa puissance. Epist. ad episc. JEgypli et Libyse, n. 1, 2, P. G., t. xxv, col. 540-541. Cet ennemi du genre humain est tombé du ciel ; il erre dans l’air, où il commande aux autres démons, qui subissent son empire ; il séduit les hommes et s’efforce de s’opposer à ceux qui tendent en haut. Notre-Seigneur est venu le renverser, purger l’air de sa présence et nous ouvrir le chemin du ciel. Oral, de incarnatione Verbi, n. 25, ibid., col. 140. Depuis lors, il n’y a plus d’oracles ni de magie, n. 46, col. 177. Comment le diable a-t-il péché ? Saint Athanase est peu précis à ce sujet ; il dit seulement que le diable était en désaccord avec Dieu, et qu’il a été expulsé du ciel, pour n’avoir pas conservé l’accord avec son créateur. De synodis, n. 48, P. G., t. xxvi, col. 780. Toutefois, il aurait admis la chute par orgueil, si le traité De virginilale était certainement de lui. Selon l’auteur de cet écrit, Satan a été jeté hors du ciel, non pas pour fornication, adultère ou vol ; c’est l’orgueil qui l’a précipité dans le fond de l’abîme, Is., xiv, 14, et le feu éternel est son partage, n. 5, P. G., t. xxviii, col. 257. Dans la Vita S. Antonii, n. 24, P. G., t. xxvi. col. 877s 880, saint Athanase déclare que Job, xli, 9-11, 18-21, a décrit Satan que Notre-Seigneur a pris par l’hameçon comme le dragon marin.

Pour saint Cyrille de Jérusalem, le démon est le premier auteur du péché et le père de tous les maux. I Joa., iii, 8. Il est le premier pécheur, et il a péché librement et pas par nécessité. Créé bon, il est devenu mauvais et a mérité son nom : c’est un archange devenu diable, Satan l’adversaire. Ezech., xxviii, 12-17 ; Luc, x. 18. En tombant, il a entraîné beaucoup d’autres avec lui. Cal., ii, n. 3, 4, P. G., t. xxxiii, col. 385, 388. Dieu le lient sous sa puissance, mais il le supporte avec patience et le fait contenir par les anges. Il lui a permis de vivre pour deux raisons : 1° pour lui inlliger une plus grande honte ; 2° pour couronner les hommes. soumis à ses tentations. Cal., viii, n. 4. col. 628-029. Sachant que Dieu devait naître d’une vierge, le démon, par calomnie, a inventé les fables des idoles et des dieux, engendrant avec des femmes. Cal., xv, n. ii, col. 884. Il est appelé esprit, mais c’est un esprit immonde. La manière dont il agit sur les possédés montre qu’il n’a pas un corps épais. Cal., xvi, n. 13, 15, col. 936, 937-91O. Le prince des mauvais démons est un tyran. Il habite à l’Occident, dans les ténèbres sensibles, où il règne. C’est pourquoi les baptisés se tournent vers l’Occident pour renoncer à Satan. C’est le serpent rusé, qui a inspiré la défection à nos premiers parents. Cal., xix, n. 3, i, col. 1068, 1069. Il est le mauvais, dont nous demandons d’être délivrés, en récitant l’oraison dominicale. Cal., xxiii, n. 18, col. 1124. Saint Basile, dans ses ouvrages authentiques, est nettement partisan de la chute de Satan par orgueil. Le diable est une substance simple, tombée du ciel ; il a perdu la véritable vie, en changeant de volonté ; il est devenu diable par sa manière d’agir ; sa sainteté première a disparu, et sa puissance a été portée au mal. Epist., l. I, epist. viii, n. 10, P. G., t. XXXII, col. 264. Le premier-né des démons est l’auteur de tout mal. In Uexæmeron, homil. VI, n. 1, P. G., t. xxix, col. 117. Si le mal ne vient pas de Dieu, d’où vient le diable ? De même que l’homme, le diable est mauvais par sa propre volonté. Il était libre et pouvait persévérer dans le bien ou s’en éloigner. Satan était ange comme Gabriel. Celui-ci a assisté Dieu constamment ; celui-là est entièrement sorti de son ordre. Il n’est pas l’adversaire du bien par nature, mais par volonté. Pourquoi nous fait-il la guerre ? Il a eu la maladie de l’envie ; il nous a envié l’honneur qui nous était fait. Il n’a pu sans regret voir notre vie au paradis, et il a trompé Adam. Comme il se voyait exclu de l’assemblée des anges, il ne put soutenir que l’homme, formé de terre, soit élevé à la dignité des anges. Il nous a donné son inimitié contre Dieu. Il se nomme Satan, parce qu’il est l’adversaire du bien. Sa nature est incorporelle. Eph., vi, 12. Il habite l’air. Eph., n. 2. Il est dit le prince de ce monde, parce que sa principauté est sur le globe, déchu qu’il est de sa principauté première. Quod Deus non est auctor matorum, 8-10, P. G., t. xxxi, col. 31ô-352. L’orgueil, ô ~jtpo ; , est le premier des vices de l’homme ; c’est le crime du diable. Adversus Eunomium, l. I, n. 13, P. G., t. xxix. col.51l. C’est l’orgueil quil’a fait tomber du ciel. Quand Adam a été créé, il l’a tenté par envie. Peut-être avant la création de l’homme, restait-il au diable lui-même quelque place à la pénitence. Bien que l’orgueil ait été pour lui une maladie très invétérée, elle aurait pu être guérie par la pénitence, et ce remède eut fait réintégrer le diable dans son état primitif. Mais après la création d’Adam, après l’envie portée à l’homme, après la tentation, il n’y a plus eu pour le démon de place à la pénitence. In Isaiani, xiv, 19, P. G., t. xx. col. 609. Cependant, ailleurs, saint Basile semble joindre l’envie à l’orgueil. C’est par esprit de fausse gloire que le diable a trompé l’homme. En voulant nuire à l’homme, il se montra transfuge et fut destiné à la mort éternelle. Il fut ainsi victime de sa propre astuce et pris dans ses pièges. Orgueilleux à l’occasion de l’homme", il a été humilié par l’homme. Homil., xx, De humititate, n. I, 2, 5, P. G., t. xxxi, col. 525, 528, 533. Dans deux ouvrages douteux, saint Basile, s’il les a composés, aurait été résolument partisan de la chute du diable par envie. Ce défaut suit le diable. C est lui qui l’a poussé à faire la guerre aux hommes : il a été puni par lui en luttant avec Dieu lui-même. Mécontent de Dieu à cause de sa munificence envers l’homme et ne pouvant se venger sur Dieu, il se vengea sur l’homme. Il est donc tombé par envie. Homil., xi, De invidia, n. 1. 3, 4, ibid., col. 372-376, 377.  : tôi

DÉMON D’APRÈS LES PÈRES

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Saint Grégoire de Nazianze déclare que les anges ne se marient pas. Poem. moral., sert, ii, 1, P. G., t. xxxvii, col. 525. Il attribue à l’orgueil la chute de Lucifer et de tous les anges. Lucifer a péché le premier ; il s’est élevé et enorgueilli. Il voulait obtenir la gloire même de Dieu ; mais il a perdu sa beauté, est devenu ténèbres et est descendu sur terre. Il hait les hommes prudents et il cherche à les détourner du ciel, par colère causée par son propre malheur. Par envie, il a chassé l’homme du paradis. Il a péché par orgueil, non pas seul ; il est tombé avec beaucoup d’autres, à qui il avait appris le mal. Il était envieux du chœur d’anges pieux, qui formaient la cour du roi du ciel, et il désirait commander à beaucoup. Nombreux, en effet, sont les démons, qui portent au mal. L’armée est mauvaise comme son chef. Il y eut une grande guerre entre les anges : les uns eurent la vie éternelle ; Satan indompté porta plus tard la femme à désobéir. Le Christ l’a réprimé, et le feu allumé de l’enfer sera sa récompense. Il souffre auparavant dans ses ministres, tandis qu’eux sont torturés ; tel est le supplice du premier méchant. Poem. dogntal., sect. i, 56 sq., col. 444-445. L’envie a obscurci Lucifer, qui est tombé par orgueil. Il s’indignait, 6eïo ; wv, de n'être pas Dieu. Il a chassé Adam et Eve du paradis, (haï., XXXVI, n. 5, P. G., t. XXXVI, col. 269. Par l’envie du cruel dragon, l’homme a été chassé du paradis. Poem. moral., sect. ii, 1, P. G., t. xxxvii, col. 531. Les démons ont envié et détesté l’homme, qu’ils poussent au mal. Oral., xxxix, 7, P. G., t. XXXVI, col. 341.

Pour réfuter Manès, saint Kpiphane dit seulement qu'à l’origine le diable n'était pas mauvais, et que plus tard il a pensé au mal, qu’il a réellement accompli. Dieu l’a permis, parce qu’il avait créé le diable libre. Béer., i.xvi, n. 16, P. G., t. xlii, col. 52.

Théodore) réfutait la même erreur. Marcion, Cerdon et Hanès prétendaient que les démons n’avaient pas été créés. S il eu était ainsi, ils auraient donc été les égaux de Dieu en honneur. Dans ce eus, ils n’auraient pu être créés ; mais ils n’auraient pu davantage être punis. Or, ils seront justement punis par le feu éternel, parce qu’ils ont été les auteurs du vice. Satan a été mauvais par volonté, lui et ses anges. Ils sont tous incorporels. Ne se souvenant pas de la bienveillance que Dieu leur avait témoignée, mais cédant au faste et à l’arnt il. chude leur sort précédent. La cause pour ! < diable est l’orgueil, el Théodore) cite en preuve de nombreux textes des deux Testaments, entre antres ceux d’Isaïi i.1 I zéchiel. Heeret. fabul. conipendium, I. V. n. 8, P. G., t. i. xxxiii. col. 173, 170, 177. La doctrine chrétienne sur les démons est contenue dans les saintes Lettres, qui parlent des démons, de leur prince, itan, l’apostat, el du diable, le calomniateur. Ils n’ont pas mauvais par Dieu ; ils le sont de venupar le vice de leur volonté. Pas satisfait dons qu’ils avaient reçus, ; i-|>ir.-ini i un sorl plus i I ilont contræti la tache de l’orgueil et on) été exclus de leur dignité. Ilont tourné leur rage contre

l’hoi -i qui ilont déclaré la guerre. Dieu nous pro auts i.n l< s angi gai dii us G

. lll ibid., col.893, 896.A la^octrim tienne, il opposi celle de Platon, col. 896-897, el il tuteur du mal. i

i acifer, qui est tombé du

orgueil. />< / aiam, xiv,

19, /..i i xxxi pro.

m le démon mauvais, qui exerçait en lui sa ma-I ' i M était iniiii.i

diri

In l m ibid. col. 1096 1097 II est tombé,

qu’il n i i'-ioulu -e i ontenter di ni lui

lu p$. m v/, /'. e, '., i. i.xxx,

1529 I erpent tentateui était le démon, qui,

usant de son pouvoir sur les êtres irraisonnables, a pris cet animal comme organe. Aussi a-t-il reçu la malédiction divine. Dieu l’avait créé, prévoyant qu’il ferait le mal ; il l’a laissé abuser de sa liberté, pour éprouver les autres. In Gen., q. xxxi, xxxiv, xxxvi, ibid., col. 128, 129, 132. Quelques hommes stupides ont prétendu que les fils de Dieu, Gen., VI, 2, 4, étaient les anges, qui pourtant sont immortels. Le père du mensonge n’aurait pas osé le dire. Ces fils de Dieu étaient des hommes méchants, qui ont été punis ; le texte l’exige. Du reste, les hommes sont nommés fils de Dieu ailleurs dans l'Écriture. In Gen., q. xlvii, col. 148-149. Avant sa chute, le diable avait la puissance de l’air. Déchu à cause de sa malice, il est devenu le maître de l’impiété et de l’improbité. Il n’a pas pouvoir sur tous les hommes, mais seulement sur ceux qui n'écoutent pas les divins enseignements. Interpret. Epist. ad Epli., ii, 2, P. G., t. lxxxii, col. 520. Pour Théodoret, les démons sont inguérissables. In Mich., vi, 7, P. G., t. lxxxi, col. 1772.

Saint Chrysostome tient pour absurde le sentiment de ceux qui, dans les fils de Dieu de la Genèse, voient des anges et non des hommes. Ils ne peuvent indiquer aucun endroit de l'Écriture, où les anges soient appelés fils de Dieu. Ils prétendent que’les anges sont descendus du ciel pour s’unir à des femmes et ont ainsi déchu de leur dignité. C’est une fable. Voici, d’après l'Écriture, la cause de leur ruine. Avant que l’homme ne fût créé, le diable était tombé, aussi bien que ceux qui, avec lui, ambitionnèrent une plus haute dignité. Sap., ii, 24. S’il n'était pas tombé auparavant, comment, demeurant dans sa dignité première, aurait-il pu envier l’homme corporel ? Parce qu’il avait passé de la gloire suprême à l’ignominie extrême, quoique incorporel, il vit l’homme honoré par le créateur, et jaloux de lui, le trompa. Il n’a pas pu supporter le bonheur d’autrui. C’est ainsi que lui et sa cohorte sont tombés. Une nature incorporelle n’a pu avoir de concupiscence. Les hommes sont dits fils de Dieu dans l'Écriture ; dans la Genèse, ce sont les fils de Seth. In Gen., homil. xxii, 2, 3, P. G., t. lui, col. 187-189. Le diable n’a été rejeté et n’est devenu diable que par son orgueil. Ce vice l’a jeté loin de celui qui faisait sa confiance antérieure, l’a précipité dans la géhenne et en a fait l’auteur de tous les maux. In Joa., homil. XVI, n. 4, P. G., t. i.ix, col. 106. Le diable a été bon : sa paresse et son désespoir l’ont fait tomber, et sa malice est telle qu’il ne pourr.i jamais se relever. De pœnil., homil. i, n. ?, /'. G., t. xi. ix, col. 279. Au paradis, le serpent a i lé l’instrument du diable. In Gen., homil. xvi, n. 1, 2, /'. G., t. i.iii, col. 126-127. Le feu éternel n’a pas été Fait pour nous, mais pour le diable et ses anges ; pour nous, le royaume a été préparé. Mais le diable travaille à nous faire aller avec lui dans la géhenne. Ad Tbeodorum lapsimt, I, n. 9, /'. G., t. XLVII, col. 287. Dieu a laissé le démon dans le monde, parce que ses.ill.iont pour nous des causes de mérites et l’objet de couronnes. Ad Stagiriutn a dœmonc ve.ratnm, l. I, n. 'i, à. rttd., col. 132-436. Il est resté pour noua tenter Homil. - diabolo tenlatore, P. G., t. xi.ix, col. 257-' / i, . t. iii, col. 509, Nombreux sont ses anges qui volent dansli - aire l rposii in / ». v ; I. n."5, P. G., t. i.v, col. 162, Ce -oui l.s principautés et les puisaan ites, c’est-à-dire qui sont sous le ciel. Le

ciel leur est inaccessible, et ils exercent leur lyrannie sur le monde seulement. De incomprehetuibili D « i s homil. i. n. 2, /'. g., t. xlvii, col. 730. H pendant. Uomil. quod

non gubernantf}iundutn, P. G, t. eux, col. 241258. I -. que Jésus chassait, étaient horrl

ut 1 1.mi i m i eule pi 'i oyanl que

l'époque de leur châtiment était proche et craignant urmenls qui leui sont réservés, ils demandaient 363

DÉMON D’APRÈS LES PÈRES

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au Sauveur de ne pas être jetés dans l’abîme. Us habitent les sépulcres, parce que beaucoup pensent que les âmes îles morts sont des démons. In Malllt., hoiuil. xxviii. n. 2, P. G., t. i.vn, col. 352. Ils aiment l’odeur des sacrifices comme s’ils mouraient de faim, et ils se complaisent dans les mystères obscènes. De S. Babyla, n. 13, P. G., t. î., col. 553-654. Saint Chrysostome donne aux fidèles de nombreux conseils pour la lutte contre Satan l’adversaire

Pour saint Cyrille d’Alexandrie, le dragon apostat était parmi les anges, ainsi que les autres puissances mauvaises. Il était avec les chérubins. ELech., XXVIII, 14. Satan est tombé avec les autres anges ; de son propre mouvement, il a offensé Dieu. Par arrogance et par faste, il a oublié sa propre dignité et a troublé une création admirable. Glaphyr. in Gen., I. I, n. 3, P. G., t. lxix, col. 21, 24. Dieu a chassé le diable de la cour céleste, parce qu’il demandait un honneur, supérieur à celui de sa condition, Is., xiv, 14, et il l’a condamné. Le diable s'était imaginé pouvoir s'élever à la nature du créateur et siéger sur le même trône que Dieu, Mais il est tombé comme la foudre. In Joa., l. V, c. IV, P. G., t. i.xxiii, col. 809. Son envie a fait entrer la mort dans le monde, l. I, n. 24, col. 145. Il était un ange excellent, le premier de tous. Ezech., xxviii. Il est le prince des démons. Sa tyrannie n’a pas commencé au temps de Notre-Seigneur, et les esprits mauvais avaient été condamnés auparavant à s’ensevelir dans l’abîme. Ils étaient torturés déjà cependant, et ils attendaient à son futur avènement les supplices qui leur étaient dus. Si l’un de leurs princes est lié, un autre a trompé Adam et n’a pas cessé de tenter les hommes. S’il en est ainsi. le premier n’aurait pas fait de mal parmi les hommes. Quoi qu’il en soit, Satan est le père des méchants, ses fils, et l’auteur du mal, Glaphyr. in Gen., l. VI, P. G., t. lxix, col. 893. Julien l’Apostat avait parlé du mariage des anges avec les filles des hommes. Mais les saints anges n’ont pas de corps et ne recherchent pas les voluptés. Julien lisait donc au c. vi de la Genèse la leçon : oc ayyEXoi toO 6so0. Mais l'Écriture véritable, que Cyrille a entre les mains, a : oi uîo toO ÔeoC. Les autres traducteurs grecs ont connu cette leçon, et les fils de Dieu sont la postérité d'Énos. Cont. Julian., l. IX, P. G., t. i.xxvi, col. 953, 956-957. Puisque les anges sont incorporels, comment auraient-ils pu avoir des rapports avec les femmes ? Les filles des hommes étaient de la race de Caïn. Quatre traducteurs grecs après les LXX ont connu la leçon : « fils de Dieu. » Il est absurde de penser que les anges puissent accomplir un acte contraire à leur nature. Quelques exemplaires ont bien la leçon : ayyzkoi, mais à la marge ; la vraie leçon est : « fils de Dieu. » Adi’ersus anlliropomorphilas, c. xvii, ibid., col. 1105, 1108. La même explication est répétée. Glaphyr. in Gen., l. II, n. 2, P. G., t. lxix, col. 51-56. Les voluptés sont naturelles aux hommes, qui sont de chair. Les démons sont impurs, parce qu’ils portent à toutes sortes de turpitudes. Les géants étaient des hommes. Pour expliquer qu’ils peuvent être fils d’anges, on a prétendu que les démons étaient entrés dans le corps d’hommes méchants et par eux avaient engendré. L’explication est absurde, et la vraie leçon scripturaire est « fils de Dieu », qui désigne des fils de Seth et d’Hénoch, les hommes pieiiN, unis aux filles de Caïn, race perverse.

Basile de Séleucie déclare qu’avant sa chute le diable avait la puissance de l’air, Eph., ii, 2. qu’il a perdu par son orgueil. C’est par orgueil qu’il a machiné la perte de l’homme. Orat., xxiii, n. 1, P. G., t. i.xxxv. col. 269, 272. Il a été envieux à la vue du pouvoir qu’Adam avail reçu sur toute créature terrestre. Il recourut au mensonge pour le tromper, el fut ainsi homicide dès le commencement. Oral., ni, n. 3. col. 53. 56. Dans le récit de la Genèse, VI, i, liasile lit : -Ao' : roO

Beoû. Quelques-uns y reconnaissent les anges ; c’est leur attribuer une action contre nature, puisqu’ils n’ont point de corps. Les Orecs racontent bien les fables des noces des démons ; les saintes Lettres mparlent pas d’anges mariés ; elles parlent des lils de Seth. Oral., vi. n. 2, col. 85, 88, 89.

Saint Isidore de Péluse enseigne que, même après la venue de Notre-Seigneur sur terre, la peine du fui attend encore le démon. Epis t., l. II, epist. XC, P. G., t. i.xxvin, col. 533.

La doctrine est donc, dans l’ensemble, identique chez tous les Pères grecs du ive et du ve siècle. On la retrouve aussi dans des écrits, dont les auteurs sont inconnus et qu’on a attribués à des écrivains de cette époque. Si l’auteur du De passione et cruce Domini, 27, 28, dans les Spuria de saint Athanase, P. G., t. XXVIII, col. 232, 233, ignore la cause de la chute du diable, il en constate le fait dans Is., xiv, 12, et Jer., L, 23, et s’en étonne. Il sait que, par son envie, la mort est entrée dans le monde et qu’il a trompé Eve ; il dit aussi que l’empire du diable a été détruit par la croix de Jésus.

L’auteur des Quæstiones ad Antiochum ducem, q. vii, parmi les Spuria du même docteur, ibid., col. 601, après avoir déclaré que les démons ne diffèrent pas des anges par nature, se demande quand et pourquoi le diable est tombé. Q. x. Quelques-uns disent qu’il est tombé pour n’avoir pas voulu adorer Adam. C’est une sottise. Il est tombé avant la création d’Adam et par orgueil. Mais s’il est tombé du ciel, comment s’est-il trouvé au conseil des anges ? Q. xii, 'col. 605. L’Ecriture ne dit pas que ce conseil s’est tenu au ciel. Il a eu lieu sur la terre, car, partout où les anges se trouvent, ils assistent Dieu. Dieu a parlé au diable par un saint ange, comme un roi parle à un condamné par un intermédiaire.

Les Dialogues, attribués à saint Césaire de Nazianze. sont certainement inauthentiques. Leur auteur, quel qu’il soit, a sur les démons les mêmes sentiments que les écrivains précédemment cités. Il se demande d’abord comment les anges, s’ils sont incorporels, ont pu avoir commerce charnel avec des femmes et engendrer les géants. Bien qu’il admette encore que les anges ont un corps subtil, il tient pour une absurdité et une folie que les démons aient pu avoir des relations charnelles. Ils ont abandonné leur état, non leur nature. C’est donc un blasphème de prétendre qu’ils ont corrompu di s femmes. L'Écriture n’en parle pas. Ce sont les fils de Dieu qui ont cohabité avec les filles des hommes. Nulle part, les anges ne sont dits fils de Dieu, tandis que l'Écriture donne ce nom à des hommes. Il s’agit des fils de Seth et d'Énos, qui ont épousé des Biles de Caïn. Dial., i, q. xlviii. /'. G., t. xx.xviii. col. 917. 920. Si le diable est tombé du ciel, comment a-t-il pu prendre part au conseil des anges ? Q. xlix. col. 920, 921. Il n’y a pas assisté au ciel, d’où il a été chassé pour sa fureur. Mais Dieu est partout, et tous, même les démons, se trouvent en sa présence. Plus loin, cet écrivain dit que le diable est notre adversaire, non par nature, mais par volonté. Il a d’abord été le premier des anges ; il a été précipité en bas, parce qu’il a été l’ennemi de Dieu, avant que l’homme n’ait été créé. Plus tard, il a séduit l’homme, en lui suggérant l’envie contre Dieu. Dial., ni. q. cxxiii, col. 1016.

En Occident.

La doctrine sur les démons, commune en Orient, pénètre peu à peu en Occident et linit par y devenir prédominante, bien que le mariage des anges avec des femmes ne soit pas d’abord si catégoriquement rejeté.

Pour saint Hilaire. le diable est le prince des orgueilleux. Is.. x. 13, li. Il n’est pas seul, et il a pour ministres les esprits marnais. In ps. CXYltt, litt. xvi, n. 8. P. L., t. ix, col. 608-609. Il est l’auteur de tous les maux ; il tenddes pièges aux hommes et suggère tous

les crimes. In ps. < xi., n. 16, col. 832.Il parcourt en un instant toute l’amplitude de ce monde. In ps. CXVUI, litt. I, u. 8, col. 507. Sa puissance est brisée ; il n’est pas encore brûlé tout entier ; le feu éternel lui est préparé ainsi qu'à ses anges. In ps. CXLIII, n. 11, col. 849. Il doit être jugé à la résurrection. In ps. rxviii, litt. xi. n. 5, col. 574. Les démons sont des montagnes, abaissées par Jésus-Clirisl, qui leur a préparé le feu éternel. Us sont torturés par les paroles des croyants. Ils sont invisibles et incomprébensibles pour nous. Puniuntur, cum vales silenl, eu » ) muta sunt lempla. In ps. i.xiv, n. 9, 10, col. 418, 419. Ce sont des oiseaux du ciel ; ils ont de quoi vivre sans récolter, vivendi tribuitur de seterni

ilii potestate substanlia. Comment, in Malth., v, n. 9 ; viii, n. 9, col. 947, 957. Tombés du ciel, ils fuient devant Dieu ; mais la mort et la peine du jugement suivront leur fuite. In ps. LXVtr, n. 2, col. 443144. L'évêque de Poitiers n’ignore pas ce qu’on raconte, de quo etiam nescio cujus liber estât, que des anges sont descendus du ciel sur le mont Hermon, attirés par la concupiscence des femmes. Sed hœc prselermiltamus. Quse enim libro legis non conlinentur, ea nec nosse debemus. In ps. < xxxii, n. 6, col. 748-749. Saint Hilaire dédaigne donc cette légende, et il ne voit pas le mariage des anges dans la Genèse.

S.iint riiilastre range résolument cette légende au nombre des hérésies, et il la réfute par des arguments

'tiques, assez singuliers. Nemrod, le premier géant, nommé dans l'Écriture, était né après le déluge et pas d’un esprit, c’est-à-dire d’un ange, puisqu’il était fils de Chus et petit-fils de Chain. Les géants étaient des hommes puissants, forts, pillards, des monstres, comme plus tard Goliath. Les anges, chassés du ciel, ne sont pas semblables à la nature humaine ; on ne peut en douter. Avant le déluge, ils suggéraient le mal aux hommes, comme plus tard à Judas, comme ils le font encore maintenant. Croire qu’ils se sont transformés en hommes cl sont devenus charnels, c’est violenter l’histoire. C’est un mensonge des poètes de dire que les dieux et les hangés en hommes, ont entre eux des relations. Comtii' cela ne s’est pas fut, il n’y a pas d’hésitation

oir que c’est impossible. D’ailleurs, le nom de géant

pris en bonne part dans l'Écriture. Ps. xviii, 6. de hmresibus, 108. P. ].., t. xii. col. 1224-1226. Uni autre hérésie était celle des manichéens, qui prétendaient que le corps a clé- fait par le diable, et qui honoraient les démons, 61, col. 1176. C'était enfin une prétendre que le diable pourrait se repentir. Loin de là, parce qu’il avail suggéré le mal à Adam, le diable méritait un jugi ment plus sévère ; parce qu’il

plus réfractaireâ la pénitence, il attend de J< Christ nue plugrande servitude et il est réservé avec

ment et au feu éternel. Malth., xxv. 41. Ha, /.. U4, col. 1238-1239.

liacre donatiste Ticonius interprète du diable les déni passages bibliques, [s., xiv ; Ezech., xxviii. Il attribue donc la chute du diable a l’ambition. Le prince de l’r voulait être semblable < Dieu ; il a été i Epuisé lu ciel. Le roi de Babylone représente le diabli peuples, qui jonl le corps du diable, w flnllt let in inferi Li anges n’ont point de

1 I > con l' s pieds di i chré. reg. vii, /'. I. i wiii

mont m diable. Celui-ci

'"Iil — ' 'f nu.h., 1, 1, - par -., propre

1 i n. :, . />. /.., i. xxv,

Dte le diable' qui est, comme lui, éthiopien et fila de la droite <

quodfitiut dr., 1,.., , ki., rr, dao Inecdota Va

1 ni/-, p 21. Il n i pa

fait diable, Dieu n’a pas créé une nature mauvaise. Il est le prince tombé, dont parle le psaume i/xxxi, 7. Il est tombé, et il n’est pas mort, l’ne nature angélique peut recevoir la ruine, mais pas la mort. Il est tombé, Lucifer. Is., xiv, 12. Il est tombé, quia semper in cœlestibus versabatur. C’est le prince deTyr, Ezech., xxviii, Il sq., qui primo eral in cœlo, nanc factus est princeps Tyri, hoc est Iribulationis istius sœculi. Il n’est pas tombé seul, puisqu’il est un des princes tombés. L’Apocalypse dit que le dragon, en tombant, a entraîné avec lui le tiers des étoiles, xii, 4. Tractatus de ps. i.xxxr, ibid., p. 77-78. Nous avons vu plus haut, col. 353, que saint Jérôme avait donné cette interprétation dans son remaniement du commentaire de l’Apocalypse de saint Yictorin de Pettau. Diabolus unde cecidit ? quia furtum fecil ? quia homicidium fecit ? quia adulterium fecil ? Et lisec qu’idem mala sunt ; sed diabolus non proplcr hoc cecidit, sed propler linguamsuam cecidit. Quid enim dixit ? In cœlum ascendant, super sidera cœli ponam Ihronummeum, et cro similis Altissimo. Is., xiv, 13. Tractatus de ps. cxix. ibid., p. 284. Lucifer, en effet, est tombé par orgueil. Ces paroles, il les a dites, ou bien avant sa chute, ou bien après. Avant, il voulait monter plus haut au ciel où le Seigneur habite, et il est tombé du ciel. Après, par arrogance, il se promettait encore de grandes choses, non ut inler astra, sed supra aslra Dei s’il. In Isaiam, 1. VI, c. xii, 12-14, P. L., t. xxiv, col. 219. Superborum est diabolus princeps. 1 ïim., ni, 6. Le prophète décrit son orgueil. Is., x, 13 sq. Tractatus de ps. xrin, dans Anecdola Maredsolana, 1903, t. me, p. 81-82. Le diable orgueilleux est représenté par Ezéchiel sous le type des princes et des rois superbes, qui, enflés d’orgueil, sont tombés sous son jugement et dans ses pièges. lu Ezech., 1. IX, c. XXVIII, P. L., t. xxv, col. 267-268. Judicium diaboli million est aliitd niai superbia propler quam de cœlestibus cecidit. Luc, XX, 18. In Isaiam, 1. II, c. III, 4, P. L., t. xxiv, col. 63. Cf. Epist., xxil, n. 27, /'. L., t. xxii, col. 413. Au sens mystique, le diable est le serpent de la Genèse ; il règne sur la terre, mais talus terra hæret. L’iniquité le presse sur la terre ; il ne pourra donc faire pénitence ; son iniquité desrendra : de civlo enim illipœnaveniet sempitema. Tractatus deps. ix, dans Anecdota Maredsolana. t. ni b, p. 24. Son vêtement est souillé de sang et il ne sera pas purifié. Ubi sunt ergo qui dont diabolo psanitenliam et dicunt illum possr mundarif In Isaiam, 1. VI, c. xiv. 20, P. L., t. xxiv, col. 224. In tempore resurrectinnis non erit. Si aillera mai ent, quoi respondebunt qui diabolo dantpssnitenliam ri Hli quantum m se est archangelicum fastidium pollicentur ? Ibid., 1. VII, c. xviii, 12. col. 215. Il a été' menteur dès le commencement et père du mensonge. Joa. ; VIII, i ' Quod mulli non intelligentes, palrem diaboli volunt esse draconem, qui regnel in mari (Lé viathan). Ibid., I. VI, c. iii, 24, col. 228. Cf. Tractatus in kfarc, i. 13-31. dans I Maredsolana, I III 6, p. 334-335. Il est

le prince di i air, où il habite, car il n’habite pas 'finie ciel. Lui Bl ses atellites, per mundum oagantur, ta insinuant. In Epist. ad Eph., I. I, c. n. I.

/'. /, ., t. XXVI. col. 460. Il est difficile de dire M que

sont les principautés, les puis le rertus de

damnation. Il faut les prendre dans un mauvais sens. Ce sont les nus, el le pi ince de ce monde, el

Lucifer, sur qui marcheront les saints. En attendant le nent, infreni n omir Mberlate abutentet passim vagantur et per prmeipitia corruunt im. Ibid, ,

n. 7. col. 109. Les puissances dl les

espi its de malice qui son) il. m ml les di mons, qui touii fi dans l’air,

C’est l’opinion de tons les docteurs que l’air, qu entre le ciel et la U rre et qui est vide, est n tnpli de puissant i [u’un dir.i peut-i tre qu<

le diable qui a distribué à chacun de ses satellites son oflice propre, el non pas Dieu. Ils sont libres, en effet, .1 ils nul chacun sa province de vices, comme dans une ville les fonctions diverses sont réparties ; c’est ainsi qu’ils gouvernent ce monde. Ibid., I. III. c. vi, col. 546517. Beaucoup de personnes du peuple prétendent qu’il a des démons de midi. Ps. xc, 6. Ceterum ego dico simplicité?, quoniani dœmon eo tempore potestatem Itabet in nos, guando peccamus. Sive mane peccaverimus, dœmon ingreditur in nobis ; sive vespere, sive nocte, quacumque pece.averimus hora, dœmon ingreditur in nobis. Si autem non peccaverimus meridie, non ingreditur in nobis. Videlis ergo qaod frivolum est qaod vulgo dicilar. Tractalus de ps. XC, dans Anecdota Maredsolana, t. m b, p. 116.

Bien que saint Jérôme ait dit que Lucifer orgueilleux avait entraîné avec lui le tiers des étoiles, bien qu’il ait déclaré que les démons n’ont point de sang, In Isaiam, 1. XVII, c. lxiii, n. 3, P. L., t. xxiv, col. 612, cependant il ne s’est pas prononcé avec netteté au sujet du mariage des anges avec les filles des hommes. S’il ne le rejetait pas, ce n'était pas qu’il s’appuyât sur le témoignage du livre d’Hénoch, qu’il rangeait résolument parmi les apocryphes. De viris, 4, P. L., t. xxiii, col. 615 ; In Episl. ad Tilum, i, 12, P. L., t. xxvi, col. 573. Il n’attache pas d’autorité à cet apocryphe au sujet du mariage des anges avec les filles des hommes. Il reproche, en outre, à Origène, sans le nommer, d’avoir confirmé par ce passage son hérésie des âmes descendant du ciel dans les corps ; Origène imitait en cela les manichéens. Saint Jérôme se borne à signaler ce mauvais argument en commentant le verset 3 du psaume cxxxii. Tractalus de ps. cxxxii, dans Anecdola Maredsolana, t. m b, p. 249-250 ; P. L., t. xxvi, col. 1293. Il donne un peu plus d’attention à ce mariage dans le commentaire d’Isaïe, liv, 10. Il se demande quelles sont ces montagnes troublées durant le déluge : sont-ce les saints ou les démons ? Quelqu’un pourrait les entendre des démons et des puissances adverses, qui viderunt /ilias hominum, quod essent bonæ, et amoris jaculo vulncrali, swnpserunt sibi uxores ex omnibus quas elegerunt et perdiderunt forlitudinem prislinam et nequaquam in hoc diluvio sunt futuri. Hoc ille dixerit, cujus explanationem lectoris arbitrio derelinquo. In Isaiam, 1. XV, c. liv, 10, P. L., t. xxiv, col. 521. Le saint docteur vise exclusivement le c. vi de la Genèse. Il ne rejette donc pas absolument l’interprétation appliquant aux anges cette union avec les filles des hommes ; il la laisse à la libre appréciation de ses lecteurs. En commentant brièvement Gen., vi, 2-4, il indique deux interprétations, puisqu’il voit dans les fils de Dieu, les saints ou les anges, et dans les géants, les anges encore et les fils des saints. Liber liebraicarum quæslionum in Genesim, c. vi, n. 2. 4, P. L., t. xxiii, col. 947-949. Selon sa coutume, le saint docteur signale, sans se prononcer, les deux explications en cours. Toutefois, s’il n’exclut pas l’interprétation des relations charnelles des anges avec les filles des hommes, il entend le verset 3 d’un répit de 120 ans laissé aux hommes coupables pour faire pénitence avant le déluge. Il semble ainsi préférer l’application du texte aux saints et aux fils des saints, c’est-à-dire à la race sainte de Seth, pervertie par des mariages avec la race coupable de Caïn. Saint Jérôme, à la suite d’Origène, avait admis la restauration finale de toutes choses, même des démons, verbi gratia, ut angélus refuga id esse incipiat quod creatus est. Comment, in Epist. ad Eph., 1. II, c. iv, 16, P. L., t. xxvi, col. 503. Rufin le lui reprocha. Apologia, 1. 1, n. 41, P. L., t. xxi, col. 579. Saint Jérôme répliqua qu’il n’avait pas parlé on son propre nom et qu’il s'était borné à résumer l’interprétation d’Origène, sans la faire sienne. Apologia advcrsns

libros Ru fini, 1. I, n. 26, P. L., t. xxiii, col. 418-419. Il enseigne, au contraire, très expressément que le feu éternel est dû an diable et à ses anges pour leurs crimes. Ibid., I. ii, n. 7. col. 428-430.

L’Arnbrosiaster (Hilarius Ililai -ianusi attribue aussi à l’orgueil la chute du diable. Il définit l’orgueil : alla sapere, et il ajoute : JJiabolus cum alla sapuit, aposlalavit. In Epist. ad Phil., xii, 16. P. L., t. xvii, col. 160. Avant la loi, le diable ne savait pas que Dieu devait le juger ; il croyait son péché mort : la loi donnée, son péché a revécu. Ibid., vii, 8, col. 109. Les princes mauvais sont dans le firmament, et cependant ils agissent sur terre. In Epist. ad Phil., iii, 20, 21, col. 417. Selon lui, quelques démons pouvaient se sauver, car, suivant saint Paul, la sagesse multiforme de Dieu a été manifestée par l'Église aux principautés et aux puissances célestes, ut agnoscenles per Ecclesiam, quee multifame ad vilam attracta est, in Christo unius Dei ntanere mysterium, desinant ab errore. La prédication ecclésiastique leur sera utile et elles abandonneront assensum tyrannidis diaboli, qua se adversus Dei unius fidem impia præsuniplione armavit. In Epist. ad Eph., iii, 10, col. 382-383.

Saint Augustin a exposé sur le diable et les démons une doctrine très ample et très complète. Tout en unissant les anges déchus au diable, leur chef, tant pour la chute que pour la punition, il en parle souvent séparément, et il sera bon de le suivre dans ses développements, propres à chaque catégorie.

Les manichéens prétendaient que le diable n'était pas une créature de Dieu. De Genesi ad litteram, 1. II, c. xiii, xiv, n.17, 18, P. L., t. xxxiv. col. 436. Ne comprenant pas qu’une bonne nature pût déchoir par orgueil, ils le disaient l'œuvre du mauvais principe, 1. XI, c. xiii, n. 17, col. 436. Avant d'être diable, il était ange et bon. De baptismo contra donatistas, n. 13, P. L., t. xliii, col. 162. Il est donc tombé..Mais est-ce ab initio mundi, ou bien a-t-il été quelque temps avec les anges, pariter justus et beatus ? Quelques-uns disent qu’il est tombé par envie à l'égard de l’homme, qui avait été fait à l’image de Dieu. Mais l’envie a suivi et n’a pas précédé l’orgueil : causa invidendi, superbia. Pourquoi est-il tombé? Quia amavit propriant potestatem. Quand ? L'Écriture ne le dit pas. En tout cas, c’est avant qu’il ait envié l’homme. Peut-être est-ce ab initio temporis, de sorte qu’il n’y eut pas de temps où il fut bon et heureux. Si ab initio homicida fuit, Joa., viii, 44, ce fut à la création de l’homme ; mais a verilate non stelil, et hoc ab initio ex quo creatus fuit. Était-il heureux avant d’avoir péché? S’il a eu la prescience qu’il pécherait, il n’a pas été heureux. En tout cas, il n’a pas été heureux comme les anges demeurés fidèles, non œqttaliler beatus, non ita plane beatus. Ils étaient certains que leur bonheur durerait ; lui, il était incertain de la durée du sien. Quelquesuns ont pensé qu’il n'était pas in sublimi, in supereselesti natura, mais parmi les anges inférieurs, qui pouvaient illicitum delectare. De Genesi ad litteram, c. xiv-xvii, n. 17-22, P. i… t. xxxiv. col. S30-'138. Un peu plus loin, l'évêque d’Ilippone revient sur le même sujet. Selon lui, le diable, ab initio suae conditionis, propria roluntate depravatus, non malus et Deo l> creatus, faclus conlinuo se a lace reritatis avertit, superbia tumidus et proprise potestatis delcctalione corruplus. Il n’a donc pas goûté la béatitude de la vie angélique. Continuo impius, conseqventer et mente csecus, non ex co quod acceperat cecidil, sed ex eoquod acciperel, si subdi voluisset Deo, parce qu’il n’a pas voulu se soumettre. De nouveau, il lui applique les textes d’Isaïe, xiv, 12-14 (au s.ns mystique] et d'Ézécbiel, xxviii, 12-13, c. xxiii. n. 30-32. col. 141-442, attribuant sa chute à l’orgueil. Lui-même résume enfin, c. XXVI. n. 33, col. 443, toute sa pensée en ces deux

alternatives sur la chute du diable : aut ab initia, impia superbia cecidit…, aul alios esse angelos inferioris ministerii in hoc mundo, inter quos secundum eoram quamdam nonprsesciam beatitudinem vixerat, et a quorum socielale cunt sibi subditis angelis suis tanquam archangelus cecidit per superbam impielatem. Si on ne peut admettre cette dernière partie de l’alternative, il y a lieu de se demander comment tous les saints anges, si le diable a été parmi eux aliquando beatus, n’avaient pas encore la béatitude parfaite, qu’ils savaient ne pas devoir perdre, ou par quel moyen le diable, avant son péché, fuit discretus cum sociis, puisqu’il aurait été incertain de sa chute, tandis que les autres étaient certains de leur persévérance. Quoi qu’il en soit de ces points non résolus, il n’y a pas de doute que les anges pécheurs, emprisonnés dans l’air. in judicio puniendos servari. II Pet., ii, 4. Le diable a tenté l’homme qu’il enviait, par l’organe du serpent, c. xxvii-xxx, n. 34-39, col. 443-445. Le serpent n’estpas interrogé, et il est puni le premier, quia nec coti/iteri peccatum potest, nec habet omnino unde se excuset. La punition qu’il reçoit alors, non ea pœna, qvæ ullimo judicio reservatur, Matth., xxv, 41, sed pœna quse a nobis cavendus est. De Genesi contra manichœos, 1. II, c. xvii, n. 26, P. L., t. xxxiv, col. 209. Le diable n’est donc pas puni pour adultère, ivrognerie, fornication ou rapine, mais pour son orgueil seulement, auquel se joint pourtant son envie. Enarrat. m ps. i.yiii, n. 5, P. L., t. xxxvi, col. 709. Duobus malis, superbia et invidentia, diabolus est. De sancta i irginitate, c. xxxi, n. 31. /'. L., t. xl, col. 413. In se exallato corde recessit a Deo. Cont. adversarium legis et prophetarum, c. xv, n. 23, P. L., t. xi.ii, col. 615. Il n’est donc pas une mauvaise substance. Deserens dilectioneni, et ad suam nimis conversus, si videri i ii/iit œi/ualis, superbix tumore dejectus est. Cont. Secundinum manicliwuni, c. xvii, ibid., col. 592. Il est devenu mauvais propria voluutate. Intuniuil per tuperbiam et a suninia essenlia defecit et lapsus est. ]) vera religione, c. xiii. n. 26, P. L., t. xxxiv, col. 133. Il n'était pas l'égal de Dieu ; il a voulu se faire

I de Dieu, (s., iv. li, I5, et ainsi il est tombé ; [m is il.i versé ci orgueil à l’homme. In Joa., tr. XVII. Mi. /'. /… t. xxxv. col. I"

questions de l’origine, de la nature et du péché

du diable que l'évêque d’flippone avaient traitées, en

De »' if-si ml lilteram, il les a re prisi il.">. dans les 1. XI et XII de sa Cité de

. mais au sujel (h 1 tous les.m ; … s déclins. An [.IX, il avail li la doctrine d’Apulée, de

Platon et de Porphyre sur les démons, en concluant que s, f. q| de l>"iis et de mauvais

démons, l'Écriture n’eu connaissait que de mauvais. /' /.-, tmi, entiment, ces mau j, avant leur chute, avaient la sagesse ; mais dans quelle m I au* aux bonsan

une n.' peut le dire. Ils se sont détourni l’illumination qui leur donnait la vie bienheureuse. Ils ont consené l, rat onnelle, bien qu’elle soit en eux ite Dei, I. XI, c m. col ml leur faute, la même félicité que les let ' — ^.. 1 1 > m_u tin pensait qu’ils u quelque félicité -.m-.noir toutefoi qu’elle durerai ! pour eux. Il Be pourrai) dent eu le même bonheur ju

bons ai' n' -u qu’il étaient conflr dans < boni

ni nu dial nditionii, m veritaie

ttetit. Iiir, , nunqnam beatut lis, i te tubdilum

< Imlalui, ii, /un faliu$ el fallait Mr.. l’est jamais soumis < Dieu qu’il fut, , , , , /

Néanmoins, on ne peut dire avec les manichéens que, ab inilio, sa nature a été mauvaise : a veritaie non stelit, c. xiii, col. 328-330. Ab inilio diabolus peccat.

I Joa., iii, 8. Le prince de Babylone a été sa figure. Is., xiv, 12. Il est le prince de Tyr tombé. Ezech., xxviii, 13, 14. In veritaie fuit, non permansit. Il a été péché, non ab initio quo creatus est, sed ab initio peccali, quod ab ipsius superbia cœperil esse peccatum. Au commencement, il était figmentum Domini. C. xv, col. 330, 331. La déchéance progressive des démons est une erreur d’Origène, c. xxiii, col. 336. Les démons ont donc péché, in ima hujus mundi detrusi, qui est velut carcer, usque ad fuluram in die judicii ultimam damnationem. II Pet., ii, 4, c. xxxiii, col.346. Dieu a donc prévu qu’il y aurait deux catégories d’anges, dont l’une, éprise de sa propre beauté, a été précipitée en bas du ciel aérien, où sont les ténèbresDieu a créé les deux sociétés d’anges. Les mauvais

le sont devenus, sua potestate potins deleclali, velut bonum sibi ipsi essent… habentes elalionis fastum, vanitatis astutiam. L. XII, c. i, n. 1, 2, col. 349. La cause de leur misère fut quod ab illo qui summe est aversi, ad seipsos conversi sunt qui non summe sunt. Hoc vitium, superbia, Eccli., x, 15, se illi præferendo. C. vi, col. 353. Dieu prévoyant quosdam per elationem qua ipsi sibi ad bealam vitani sufficere vellent, tanli boni deserlores, leur a laissé la liberté, dont ils ont abusé. L. XXII, c. i, n. 2, col. 751. Les démons n’ont donc pas été fait mauvais par Dieu ; ils le sont devenus peccando,

II Pet., ii, 4 ; aussi la peine du jugement dernier leur est-elle due pour leur malice. De natura boni contra maincliœos, c. xxxiii, P. L., t. xlii, col. 561-562. Les anges et les hommes sont l'œuvre de Dieu sine culpa ; culpa nala est per liberum arbitrium. Cont. Julian. pelagianum, 1. VI, c. xvi, n. 64, P. L., t. xliv, col. 819. Tous les anges ont été créés par Dieu ; les rebelles sont rebelles par abus du libre arbitre. Ils ont fui la bonté qui les rendait heureux ; ils n’ont pas pu fuir son jugement, qui les a rendus très malheureux. De correplione cl gratia, c. x, n. 27 ; c. XI, n. 32, ibid., col. 932, 935.

Sans nier absolument la possibilité pour les anges d’avoir des relations charnelles avec les femmes, saint Augustin a cependant refusé d’expliquer la chute des anges par la concupiscence. A propos de Vénus, il avait posé, en passant et sans la résoudre, la question de savoir si les esprits pouvaient roire corporaliter. Decivitate Dei, I. III. c v, /'. /… t. xi r, col. 81-82. Il en donna la solution, au sujet des (ils de Dieu, unis aux filles des hommes, lien.. VI, 2-4. Selon lui, ces Bis de Dieu sont des hommes. Mais comme, dans iture, les an^es sont appelés fils de Dieu, beaucoup pensent qu’il est question d’eux dans ce récit de la Genèse. Les anges, étant des esprits, non possunt

mire cnrpnralttcr. Toutefois, les anges onl apparu

dans des corps, el le bruit public parle de sylvaina ci

de faunes amoureux et d ncubes. (Test pour quoi, non hinc aliquid audeo defînire, utrum aln/n, spiritut, elemenlo uni" corporati (on sent cet élément, quand on agite un flabellum), jmssiut eiiam pâli libidinem, utquomodo possunt, sentientibut feniinii misceantur. Quoi qu’il en soit, ce ne sont

pas les saints anges qui sont i lu s avec le diable,

leur prince. D’autre part, les hommes son ! appi lés dam l'Écritun Li géants ne son) pas n

-.m. nt des Bis deanges ; M > eu des géants

avant etaprés le déluge. Le contexte montre qui Bis de Dieu étaient des le tient les liis de

Selh. allies aux BUeS de (..un. Saint AUgUStin ne lient

nipte des fables des apocryphes. Le livre d’Hénoch i canon des Êcritun i, et il n’i i oire,

quand il pai hde la nal : lis.

Ihi.i., I. v mi. xxiii. col. 167-470 Cl I W III. ( xxxviil, col. 371

DÉMON D’APRÈS LES PÈRES

En 419, l'évéqne d’Ilippone est revenu sur ce sujet, dans ses Quæsliones in Heplaleuchum, l. I, q. lit, P. L., t. xxxiv, col. 519. Il se demande comment les anges ont-ils pu concumbere cum filiabus hominum et engendrer des géants. Il fait observer que beaucoup de manuscrits latins et grecs n’ont pas angeli Dei, mais filii Dei. Quelques-uns résolvent la question en disant que les bommes justes sont appelés anges de Dieu. Cf. Mal., III, 1. Mais, si c'étaient des hommes, ontils pu engendrer des géants, et si c'étaient des anges, se miscere cum feminis ? Des géants ont pu naître des hommes ; il y en a encore aujourd’hui. D’où, il est plus croyable que des hommes justes ont été appelés ou anges ou fils de Dieu et que, "cédant à la concupiscence, ils ont péché avec des femmes, que d’admettre que des anges, qui n’ont pas de chair, aient pu commettre cette faute, quamvis de quibusdam dsemonibus, qui sinl improbimulieribus, amultis tam multa dicantur, ut non facile sit de liac re de/inienda sententia. Malgré ses hésitations au sujet de la possibilité de l’union des démons avec des femmes, saint Augustin déclare expressément que cette union n’a pas été la cause de la chute des anges mauvais. Ils sont tombés par orgueil. Il déclare aussi que ex nno angelo lapso et damnalo cseleri propagali non sunt. Enchiridion, c. xxviii, P. L., t. xl, col. 246.

Saint Augustin pensait que les démons avaient un corps. Bien qu’ils ne soient pas nés ex femina, verum habent corpus. Serai., xii, c. ix, n. 9, P.L., t. xxxviii, col. 104. Ils sont aeria animalia, quorum corporum aeriorum naturel vigent et propterea morte non dissolventur… Si autem transgressores illi, ante quani transgrederentur, cœlestia corpora gerebant, neque hoc mirum est, si conversa sunt ex pœna in aeriam qvalitatem. Ils auraient été changés de feu en air. De Genesi ad litleram, l. III, c. x, n. 14, 15, P. L., t. xxxiv, col. 284, 285. Cf. De divinatione dœmoniorum, c. ii, P. L., t. xl, col. 584-585. Ils ont un corps par lequel ils souffrent, puisqu’ils avouent qu’ils sont tourmentés. De civilale Dei, l. XXI, c. iii, n. 1, P. L., t. xli, col. 710.

A la question si le feu de l’enfer pourra par son contact brûler les malins esprits, qui sont incorporels, il faisait deux réponses. Si, avec les hommes doctes, on dit que les démons ont des corps, formés ex isto aère crasso atque humido, cujus impulsas vento fiante sentitur, cet élément peut subir le feu ; comme dans les bains, l’air chauffé brûle avant de brûler. Si on dit que les démons n’ont pas de corps (ce que l’auteur ne veut pas rechercher ni discuter), les démons souflriront néanmoins du feu de l’enfer. L'âme de l’homme, qui est incorporelle, souffre bien par le corps. Donc, bien qu’incorporels, les démons-esprits, corporeis ignibus cruciandi, non ut ignés ipsi, quibus adhserebunt, eorum junctura inspirentur et animalia fiant, quo constent spiritu et corporc, sed, ut dixi, miris et ineffabilibus modis adhserendo, accipienles ex ignibus pœnam, non dantes ignibus vitam. Qu’ils soient corporels ou incorporels, les démons seront brûlés par le feu de la géhenne. L. XXI, c. x, n. 1, 2, col. 724725.

Ces corps aériens habitent l’air, et pas les astres ; aussi les démons sont-ils dits volatilia cœli. Serai., ccxxii, P. L., t. xxxviii, col. 1091. Tombé des hauteurs des anges, le diable est descendu dans l’air, qui lui sert de prison ; il a été condamné à y vivre. L’enfer, où il est enfermé, II Pet., Il, 4, est cette partie inférieure du monde. Enarrat. in ps. OÏLV//J, 9, P. L., t. xxxvil, col. 1943. Quelques-uns pensaient que les anges déchus avec l’archange, leur chef, étaient in superiori parle aeris, la plus proche du ciel ; aussi distinguaient-ils les anges en célestes et supercélestes, Mais, après leur péché, les anges sont descendus dans

la partie inférieure de l’air. De Genesi ad litleram, I. III, c. x, n. 14, P. L., t. xxxiv, col. 284 ; Enchiridion,

c. xxviii, P. L., t. XL, col. 246. L’air dans lequel ilvivent leur sert de prison jusqu’au supplice éternel qui leur est réservé. Epist., Cil, q. iii, n. 20. P. L., t. xxxiii, col. 378 ; De civitate Dei, I. VIII, c. xv, n. 1. 2 ; c. xxii, /'. L., t. xli, col. 239-240, 2M5. Le diable habite à l’aquilon. Fs., XIV, 13, 11. Enarrat. in ps. i.x.x.xiii, 12, P. L., t. xxxvii, col. 1127. Si le dr est dans la grande mer, c’est qu’il est tombé de sublimi babitatione ceelorum. Il lui a fallu occuper une plat /toc mari magno et spatioso. C’est son royaume, qui est sa prison. Il n’a de pouvoir d’y faire du mal, jn’si j « missus. Il est dans cette rner, il ne peut en sortir. Ce siège paraît grand, parce qu’on ne connaît pas les sièges angéliques, dont il est tombé. Quse libi videtur ejus glorialio, damnalio est. Il se trouve, en effet, in infimis. Enarrat. inps. dit, n. 7, 9, 10, P. L., t. xxxvii. col. 1382, 1385.

Bien que, en punition de leur orgueil, les démons soient dépravés et in inferioribus ordinati, ils peuvent néanmoins entendre la voix de Dieu, qui leur parle comme aux bons anges. Cependant, cela ne veut pas dire qu’entendant la voix de Dieu, ils auraient pu avoir la foi chrétienne. Satan a pu paraître en présence de Dieu, qui voit tout et à qui personne ne peut échapper. Il a été aussi au milieu des anges, s’il s’agit des bons, sicut reus in medio apparitorum judicis ; s’il s’agit des mauvais, comme un chef au milieu de sa troupe. Hais il ne voyait pas Dieu, qui lui a parlé par l’intermédiaire d’un bon ange. Les manichéens prétendaient à tort qu’il avait vu Dieu. Il voyait le corps de Jésus, lorsqu’il le tentait, mais il n’a pas connu sa divinité. Serai., xii. c. iv-ix, n. 4, P. L., t. xxxviii, col. 102-104. Cf. De civitate Dei, l. IX, c. xxi, P. L., t. xli, col. 273. Saint Augustin, De divinatione dsemoniorum, c. v. n. 9, P. L., t. XL, col. 586, pour expliquer comment les démons connaissent l’avenir, avait dit qu’ils connaissent très facilement les pensées secrètes di s hommes. Dans ses Rétractations, l. II, c. xxx, P. L., t. xxxii, col. 643, il déclara qu’il avait affirmé trop audacieusement une chose très cachée, que les démons ne lisaient pas nos pensées, mais que quelques signes sensibles qui nous échappent étaient saisis par eux. Voir t. i, col. 2356. Le prince de la puissance de l’air, et ses anges, devenus ténèbres par l’abus de leur liberté, n’ont plus la liberté de bien faire, mais en punition de leur crime, ils ne peuvent que faire le mal. Epist., ccxvii, c. iii, n.9, 10, P. L., t. xxxiii, col. 981-982. Le diable sera lié pendant mille ans pour lui enlever le pouvoir de séduire les nations. Il sera enchaîné dans l’abîme, c’est-à-dire dans la multitude des impies qui seront dans l'Église. Il était déjà en eux ; il y demeurera, mais exciudendus a credentibus : ce qui signifie que. pendant ces mille ans, il ne pourra pas faire de nouvelles séductions. Il sera délié pour un peu de temps (trois ans et demi) avant le jugement. De civitate Dei, l. XX, c. vii, viii, P.L., t. xli. col. 667-670. Les démon-, créés immortels, seront précipités dans la seconde mort après le jugement. L. XIII, c. XXTV, n. 0. col. 102.

Saint Augustin a rejeté très explicitement la possibilité, pour les démons, de faire pénitence et d'être rétablis dans leur premier état. A Paul Orose, qui l’avait interrogé si le démon pouvait mériter le pardon, comme Origène l’avait prétendu, Commonilorium de errore origenistarum et priscillianistarum, P. L., t. xi.ii, col. 668, l'évêque d’IIippone répond : Sapere nihil audeas. La dernière sentence qui les frappera les condamnera au feu éternel. Si. dans l'Écriture, œternuni a parfois le sens de diuturnum, ce n’est pas le cas ici. Le feu éternel n’aura pas de fin. comme la vie éternelle. Dire que le diable ne sera pas rétabli, ce n’est pas diminuer le pouvoir de Jésus-Christ : (.'ion diaboli

pœnas dolemus, de regno Christi non dubilamus. Ad Orosium contra priscillianislas et origenistas, c. v, n. 5 ; c. vi, n. 7, ibid., col. 672, 673. Si l’homme, qui a été porté à la superhe par le diable, a été réconcilié et a eu un rédempteur, angeli qui, niilln suadente, spontanea prsevaricatione sic lapsi sunt, per tnedialoreni non réconcilia » tur. In Gai. exposilio, 24, P. L., t. xxxv, col. 2122. Les anges pécheurs ne nous sont pas supérieurs, parce que ni/iil cis tale unde sanarentur impensum est. Etant plus élevés que nous, ils devaient moins pécher ; ils sont d’autant plus coupables, qu’ils ont été plus ingrats et déserteurs. Il n’y n donc pas pour eux de rémission. In Joa., tr. CX, n. 7, ibid., col. 1924-1925. N'étant plus libres de bien faire, ils sont endurcis dans le mal. Unde nemo sanse fidei crédit aut dicit lios apostalas angelos ad prislinam pielalem correcta aliquando voluntate converti. Epist., ccxvii, c. iii, n. 10, P. L., t. xxxiii, col. 982. Discutant enfin avec le pélagien Julien, qui soutenait la cause du diable, saint Augustin raisonne ainsi : Tu attribues au diable ou la nécessité ou la possibilité de pécher. Si c’est la nécessité, tu ne peux l’excuser de crime ; si c’est la possibilité, il ne peut donc avoir la bonne volonté, ni faire pénitence et ainsi obtenir la miséricorde de Dieu. C’est l’erreur qu’on prête à Ori . Restât igitur ul ante supplicium ignis œlcrni, etiam nécessitas ista pcccandi magna sit diabolo mafjni pâma peccali, neque inde exeusetur a crimine. Il est parvenu à cette nécessité de pécher, parce que d’abord il a librement péché. Operis imperfecli contra Julianum, I. Y. n. 47. /'. /, ., I. xi.v, col. 1483-1484. Et encore : Si tu dis que le diable, volontairement éloigné du bien, reviendra, s’il le veut et quand il voudra, au bien qu’il a abandonné, tu renouvelles l’erreur d’Origène. Ibid., l. VI, n. 10, col. 1518.

Cassien a apporté d’Orient en Occident les mêmes doctrines sur la chute des démons, et il a rejeté' définitivement la légende du mariage de ces esprits avec lis femmes. Toutes les puissances spirituelles et les vertus célestes ont été créées par Dieu. Collai., viii, c. vii, P. L., t. xlix, col. 730-733. De leur nombre, quelques-unes sont tombées, i zéchiel et Isaïe parlent d’un prince déchu. Il n’a pas été seul, puisque l'Écriture dii que le tiers des étoiles a été entraîné par le

on. Apoc, mi. 'i. Saint Jude » sl plus clair encore, et le psaume ii. 6, mentionne un des princes tombés ; il y en a donc eu d’autres, heur diversité provient ou bien des degrés antérieurs, dans lesquels ils avaient ou bien des degrés de leurs péchés, connue 6 se diversifient par les degrés de leurs mérites, c. viii, col. 733-735. Un des moines dit qu’il

ail que le diable était tombé par jalousie à l'égard d’Adam et d’Eve. Cassien répond que tel n’a pas été le molif de sa chute La G( nèse montre que le serpent était mauvais avant la tentation ; de angelica ditcesserat sanctitate. La cause de sa chute est antérieuri jalousie envers les hommes. Se meminerat corruitse. Priorem tm, quo tuperbienda corruerat, que

etiai - monterai nuncupari, tecunda ruina

ividiam ubiecuta at. C. iv. x, col. 736 738. le ni i i i h une malédiction éternelle, c. ii, col. 739. i démons sont nombreux dans l’air ; tanta spirituum

. m que iii, n quieli 1 xii. col, 740 741, IIattaquent rcent leur domination chacun dam -"n domaine. C. xiii. xiv. roi. 71l boinio' i déni angei un bon et un mauvais, i de ce mauvais ange pour chacun est pp p u l’exemple de -lob ri celui de Judas, dont il est iin

; , u psaume i viii, Et diaboVut itel a <i<-.rtiis

n. eol. 750-751. <m demanda au conférencier, au

htm Hlteram convenire. Il ré pondit : Kullo modo credendum est spiritales naturas coire cum feminis posse. Si cela avait été possible autrefois, pourquoi cela ne le serait-il plus aujourd’hui ? On ne peut dire non plus qu’ils engendrent cum scmine viri. Le texte biblique appelle anges de Dieu des descendants de Seth, qui ont épousé des filles de Caïn et en ont eu des géants. Du reste, divers exemplaires ont la leçon : « lils de Dieu. » C. xx, xxi, col. 754-760. Il n’est pas question non plus, Joa., viii. 44, du père du diable. Spirilus spiritum non generat. Le diable, qui a été créé bon, n’a pas d’autre père que Dieu. Ouand par orgueil il dit dans son cœur : lu cselum consceiulam, Is., xiv, 13, faclus est mendax el in verilale non stelil. Il est devenu le père du mensonge, quand il dit : Eritis sicut dii. Gen., III, 5, c. xxv, col. 767-770. De la description que Cassien fait de l’action des démons sur les hommes, relevons seulement ces deux traits : ils ne connaissent nos pensées que par des signes extérieurs, et chacun d’eux inspire une espèce de passions exclusivement. Collât., vii, c. xv, xvii, col. 687-690, 691-692.

Les autres écrivains ecclésiastiques du V siècle ne font que répéter l’enseignement commun. Saint Prosper d’Aquitaine emprunte à saint Augustin ce qu’il dit de la chute du diable par orgueil. Liber sententiarum ex operibus.S'. Augustini dclibatarum, n. 59, P. L., t. li, col. 436. Cf. Epigr., 62, col. 516-517. Saint Pierre Chrysologue attribue cette chute tantôt à l’envie, Serrn., iv, ci.xxii, P. L., t. lii, col. 194-195, 649, tantôt à l’orgueil. Serm., xxvi, col. 272-273. Dieu, qui dazmones est perpeluo cremalurus incendio, euv inflige, en attendant, des peines temporelles. Scrm., i.n, col. 355. Saint Léon le Grand emploie les mêmes formules que saint Augustin pour dire que le diable est tombé par orgueil. Serm., ix, c. i ; xi.vm, c. il, P. L., t. i.iv, col. 160-161, 299. Les priscillianistes prétendaient que le diable n’a jamais été bon, ni l'œuvre de Dieu, mais qu’il était sorti du chaos et des ténèbres ; ils en faisaient le principe de tout mal. Le pape leur oppose la foi catholique. Il serait demeuré bon, s’il était resté ce qu’il avait été fait, mais il a mal usé de son excellence naturelle et il s’est éloigné du souverain bien, à qui il devait adhérer. Epist., xv, c. vi, col. 683. De nouveau. reparaissent les formules augustiniennes. L’auteur de Y Epis/nia ad Demelriadem, viii. /'. L., t. i.v. col. 168. dit : Superbia a diabolo sumpsil cxordium, qui, quoniam sua, quam a creatore acceperat, potentia cl dignilate sibi placuit seque auctorùt sut glorim com parai il, cum Us angclis quos in consensum impietatis su, x Irai c ni u cœlesti humililate dejectus est. Gennade, De ecclesiasticis dogmatibus, c. ix. P. L., t. i.vm, col. 983, rejette la restauration finale des démons et professe l'éternité de leur supplice dans le feu de l’enfer. Les anges sont corporels, bon qu iln’aient pas de chair, et les démons ont la substance le la nature angélique. C. xii, col. 984. Leur nature était bonne, el pis mauvaise. Le diable, qui était bon, a pèche, e. i. col. 995. Les anges mauvais sont tombés par orgueil, c. i.xi. col. '.l'.ni. Ils étaient libres ; unde Satan cum sequentibus tegionibus cecidit. C. i.xii, col. 996

Lee poètes chrétiens de l'époque mettent en vers la même doctrine. Saint àvil déclare 'i'"' l’ange était coupable, avant de tenter l’homme. Il décrit en ces termes son péché :

Se l

Quod fuerlt, i al

uctoremque nefans : Dlvli

N’iincn, ri i tornatn i icm

l vlribut impar.

. I, n. I. L.ii ii, roi. 331. H explique le déluge par la luxure des hommei i IV, col 345-347,

Pour Prudence, llamartigenia, 126-128, ibid, . col. 1021, Dieu n’est pas le père des crimes ; ce père est damnandus Averno. Dieu n’est pas l’auteur du mal ; c’est l’ange qui l’a inventé. Iiel astre, esprit, saint et le plus beau des anges,

nimis dum viribus auctus Inflatur, dum grande tumens sese altius effort.

Il a cru qu’il s'était créé lui-même et qu’il était sans principe.

Persuasit propriis genitum se viribus, ex se Materiam sumpsisse sibi, qua primitus esse Inciperet, nascique suum sine principe cœptum.

Il a voulu faire une secte, et il a entraîné d’autres avec lui. Ibid., 157-177, col. 1023-1025. Plus tard, il a été pris de jalousie pour l’homme, 178 sq.

Conclusion. — Parvenu au terme de cette longue enquête sur la démonologie pendant les cinq premiers siècles, il est nécessaire de dégager les principales pensées des Pères de cette époque sur le diable et les démons. Si l’attribution de la chute de Satan à la jalousie envers l’homme fut prédominante pendant les trois premiers siècles, elle ne fut pas cependant universelle ; quelques écrivains ne donnaient pas le motif qui avait porté Satan à pécher ou en indiquaient d’autres que celui-là. Le passage biblique sur lequel on étayait ce sentiment était la parole de la Sagesse, ii, 24, suivant laquelle la mort est entrée dans le monde par l’envie du diable. La plupart des écrivains ecclésiastiques, qui expliquaient la chute de Satan par la jalousie, rapportaient à la concupiscence charnelle la faute des mauvais anges. Mais ils étaient presque tous exclusivement tributaires des légendes du livre des Jubilés ou du livre d’Hénoch ; très peu se réfèrent explicitement au récit du c. vi de la Genèse, et ils le font, parce qu’ils suivent la leçon « anges de Dieu ». Quelques-uns de ceux qui lisaient « fils de Dieu » ne rejetaient pas absolument le mariage des anges avec des femmes, parce qu’ils attribuaient aux anges un certain corps et parce qu’ils admettaient les fables païennes des faunes, des sylvains, des esprits incubes et succubes. Tous étaient imbus des préjugés de leur temps. Mais en cela, ils ne formaient pas une tradition ecclésiastique, et ils ne donnaient pas une interprétation traditionnelle du récit de la Genèse. Aussi, quand le livre d’Hénoch cessa de passer pour une prophétie, quand les Pères admirent nettement l’incorporéité des anges, quand on attribua la chute de tous les anges à l’orgueil, c’en fut fait de la croyance à l’union des anges avec des femmes. Des textes* de l'Écriture, notamment les oracles d’Isaïe et d'Ézéchiel sur le prince de Tyr et le roi de Dabylone, entendus de Satan à la lettre ou selon l’esprit, et le passage de l’Apocalypse, XII, 4, sur le tiers des étoiles, entraîné par le dragon, déjà interprété ainsi par saint Jérôme, amenèrent les écrivains ecclésiastiques à reporter la chute de tous les anges avant la création de l’homme et à attribuer leur révolte contre Dieu à l’orgueil. En faut-il conclure avec M. Tunnel que <. dans le cours du ive et du Ve siècle, la doctrine des démons subit une transformation importante ». « Jusque-là, continue-t-il, on les croyait issus du commerce des anges avec les femmes ; on reculait par là même leur origine vers l'époque du déluge. A partir du iv siècle. l'Église grecque, puis plus tard l'Église latine, cessèrent de voir dans les démons des êtres à moitié ongéliques et à moitié humains ; et elles en firent des compagnons de Satan, tombés comme lui avant la création du genre humain. Cette transformation avait été provoquée par la disparition de l’ancienne doctrine qui expliquait la chute des anges parla luxure. » Histoire de l’angéloîogie, dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, 1898, t. iii, p. 302. Pour faire

essortir cette transformation, M. Tunnel attribuer à tous les anciens écrivains ecclésiastiques l’opinion de Lactance et de Commodien, qui font des géants, issus de l’union des anges, des démons. Mais ce sentiment a été isolé. La plupart pensaient surtout aux anges mariés et faisaient périr ou enchaîner leur progéniture géante. Il y a eu donc modification seulement, et pour les raisons indiquées plus haut, du motif de la faute. Si elle est importante au sujet des démons, elle l’est moins pour le diable lui-même, qui, tout en ayant péché par orgueil, est demeuré jaloux de l’homme. Les deux doctrines sur sa chute se sont superposées plutôt que remplacées. La nature des anges prévaricateurs est donc restée la même ; le motif de leur faute a seul changé-. Pour tous, les anges sont des esprits déchus de leur première constitution, des esprits, qui n'étaient pas nécessairement mauvais, que Dieu avait créés libres et qui avaient mal usé de leur liberté. Devenus prévaricateurs, ils ont été expulsés du ciel ; ils habitent dans l’air, et sont destinés à être enfermés pour toujours dans l’enfer après le jugement dernier. Eusèbe de Césarée et quelques autres mettent déjà cependant dans l’enfer la plupart des anges déchus. L’opinion commune leur réserve seulement pour plus tard le supplice du feu. Le sentiment de leur réintégration finale, proposé par Origène, n’a été admis que par quelques Pères ; la plupart l’ont repoussé catégoriquement. Les anges, confirmés dans le mal, sont laissés par Dieu dans le monde pour tenter les hommes. Leur pouvoir est dépendant de la permission divine et restreint. Plus tard, ils seront punis dans le feu éternel et de leur prévarication première et des nombreux péchés qu’ils ont commis depuis. La doctrine ecclésiastique sur le diable et les démons est fixée dans les grandes lignes ; elle ne subira plus dans la suite que des retouches ou des compléments de détail.

Petau, De angelis, l. III, c. i-viu, dans Dogmata theologica, Paris, 1866, t. iv, p. 57-121, et dans Cursus complétas theotogiat de.Migne, t. vii, col. 807-912 ; J. Sclnvane, Histoire des dogmes, trad. Degert, Paris, 1903, t. i, p. xxxvi-xui ; Robert, Les fils de Dieu et les filles des hommes, dans la Revue biblique, 1895, t. iv, p. 348-366, 370-373, 535-539 (article tendancieux, écrit eD vue de prouver une thèse fausse) ; J. Tunnel, Histoire de l’angéloîogie des temps apostoliques à la fin du v siècle, dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, 1898, t. iii, p. 289-308 (à compléter et à corriger) ; Id., Histoire de la théologie positive depuis l’origine jusqu’au concile de Trente, Paris, 1904, p. 115-118 ; F. Martin, Le livre d’Hénoch traduit sur le texte éthiopien. Paris, 1906, p. cxxii-cxxxvi.

III. Du vie au xi c siècle. — Durant cette longue période de six siècles, la doctrine sur le diable et les démons n’a fait presque aucun progrès dans l'Église. On se bornait à conserver et à répéter, bien maigrement encore, ce que les docteurs précédents avaient dit à ce sujet. Xous entendrons un écho affaibli de toutes les opinions anciennes. Nous nous bornerons à quelques indications, uniquement pour ne pas rompre la suite de la tradition.

1 » En Orient, — Au VIe siècle, Procope de Gaza, interprétant Gen., i. 2. rapporte que, selon quelques-uns, les ténèbres, créées le premier jour, représentaient le diable, et l’abîme, les mauvais démons. Il ajoute toutefois que, par sa création, le diable était bon et que c’est de lui-même qu’il est devenu calomniateur et mauvais. Comment, in Gen., I, 2, P. G., t. i.xxxvii, col. 45. Il parlait par l’organe du serpent, et sa parole à Eve : « Vous serez, comme des dieux. » signifiait que les hommes pécheurs ressembleraient aux anges, qui étaient tombés avec lui. Dieu ne l’interrogea pas, parce qu’il était incorrigible et inguérissable et qu’il ne méritait pas le pardon. Ibid., m. 1 sq., col. 180. 184. 201. Dans son commentaire sur Isaïe, Procope n’entend d’aucune manière du diable le C. xiv. Sur Gen., VI, 2sq. k

il observe que quelques exemplaires ont la leçon : « anges de Dieu. » Quelques-uns pensent que Moïse désignait par là les puissances déchues ou les anges apostats. Mais ces anges ne peuvent avoir des relations avec les femmes ; cela répugne à leur nature, quoiqu’ils abondent en malice. D’autres disent qu’ils avaient ces relations en même temps que des hommes. Si cela est vrai, cela ne se serait produit qu'à cette époque : ce qui serait bien extraordinaire. Le contexte prouve qu’il s’agit d’hommes sous ce nom d’anges de Dieu, lbid., col. 265, 268. On dit que les anges transgresseurs apprirent aux femmes, avec qui ils se souillèrent avant le déluge, certains secrets, et qu’ils les écrivirent sur des pierres. C’est pourquoi Dieu fit graver le décalogue sur des pierres. Comment, in Exod., col. 885-886.

Saint Sophrone. patriarche de Jérusalem, dit seulement que Lucifer, chassé par Jésus-Christ d’auprès de la demeure des hommes, habite dans l’abime. Laudes in SS. Cyrum et Joannem, n. 15, P. G., t. i. xxxvii, col. 3397. Saint Jean Clirnaque attribue à l’orgueil la perte de tous les démons. Scala jiaradisi, grad. xxv et schol. 40, P. G., t. i.xxxviu, col. 1001, 1012. Saint Maxime le Confesseur déclare que les liens éti-rnels et les ténèbres sont réservés aux anges tombés, après le jugement seulement. Qusest. ad Thalassium, q. xi, P. G., t. xc, col. 292-293. Il rapporte la chute du diable à l’envie : le diable a envié l’homme, parce qu’il participait à la gloire de Dieu, et il a envié Dieu, parce que Dieu sauvait l’homme. Capita, cent. iv, n. 48, ibid., col. 1325. Anastase le Sinaïte est, sur ce point, mais à sa façon, du même sentiment. Isaïe et Ézéchiel nous apprennent que l’un des premiers anges, qui sont des êtres incorporels, faisant le fanfaron envers Dieu, tomba avec toute sa troupe. Il se croyait le maître de la nature. Quand il vit Adam créé et constitué chef du monde visible, brûlant de jalousie, il trompa l’homme par Eve. Iles le principe, il s’arma donc contre l’homme. Via dii.i, iv, /'. G., t. i.xxxix, col. 90. Ailleurs, Anastase résout la question de savoir comment le diable put se tenir devant Dieu avec les anges. Ce n’est pas au ciel qn’il était devant hieu, il n’en était pas digne ; Dieu étant partout, on est devant lui partout où il est avec ses anges ou ses ministres. Si Satan a reçu de Dieu la mission de frapper Job, Dieu ne lui a pas parlé ; les que hieu lui concède de faire contre les hommes sont tenus pour des paroles. Qusest. ad Thalas^ q. xxxi, col. 568-569. On avait demandé à Anastase si les paroles de Jérémie, xxvii. il. sur le roi de Babylone étaient dites allégoriquement du diable. Il se borne à répondre que le diable est l’ennemi de hieu ; mais que, pour nous châtier péchés, hieu lui permet

ir contre nous. Q. xxxii, col. 569, 572. Knlin, il affirme que le diable ne force pei onne a mal foire, qu’il suggère aeule ni le mal à accomplir, et il en

conclut qu’il n est pas l’auteur ( ! toutes les faut.

hommes. Q. xcviii, col. 752. Un moine de la laure de

Saint-Sabas, nommé Antoine, altril à l’orgueil la

chute du diable et cite 18., xiv, Il Uomil., i, /'. G., t. i xxi. col. 1572.

Saint André di I sarie a interprété àpoc, , 3sq rie la première chute de Lucifer. Le tiers des 'toiles, Iné pai la queue du dragon, désigne ou bien les par i envie et l’orgueil à la suite de

n. ou bien les ho es broyés par la queue du

monstre. Le i ombal a c Hichei peut modi ' dnl Justin a dil que le diable

i - mi ni au premier av< nement du Christ qu’il ndamné à l abîme el à la géhenne du

in A), . ; , , .i :  ; ji. 335 il ition de ainl Jual ! jus

109

au Olympio loi 1 d Uexandrie dil que Dieu

parlai) au di ible par 1 Intermédiaire de

et qu’il dut accorder à Satan l’autorisation d’attaquer Job. In beatum Job, P. G., t. xcii, col. 24, 28. Pour saint Jean Damascène, De /ide ortltodoxa, l. il, c. iv, P. G., t. xciv, col. 873-877, qui transcrit saint Grégoire de Nysse, Oral, catech., 6, le prince des vertus angéliques, à qui Dieu avait donné la charge de veiller sur la terre, n'était pas mauvais par nature ; il a été créé bon et capable de bien, sans avoir reçu du créateur la moindre trace de malice. Il ne supporta pas la beauté et l’honneur qu’il avait reçu ; il a changé librement sa nature, il s’est révolté contre son Dieu, et le premier, il est devenu mauvais. Créé lumière, il s’est librement changé en ténèbres. En même temps que lui, une troupe innombrable d’anges s’est tournée vers le mal. Toutefois, ils ne peuvent rien faire sans la permission de Dieu. Ils prédisent l’avenir, qu’ils ont quelquefois prévu dans ses causes éloignées ou par simple conjecture ; aussi mentent-ils souvent. Ils ne peuvent faire violence à l’homme. Le feu inextinguible et des supplices éternels leur sont préparés. La pénitence ne leur est pas plus possible qu’elle ne l’est à l’homme après sa mort. Dieu a créé le diable, bien qu’il ait prévu qu’il deviendrait mauvais. Dialogus contra manicliœos, n. 46, col. 1548. La défection du diable a été libre. De diaconibus, col. 1600. Dans ses Sacra parallela, litt. A, tit. vi, P. G., t. xcv, col. 1096-1097, il prouve que les anges pécheurs seront punis, en citant Job, XXVI, 13 ; II Pet., ii, 4 ; Jud., 6, et des passages de Didyme, de Nil et d'Évagre. Plus loin, litt. A, tit. xxv, col. 1406-1409, il démontre la chute du diable par I Reg., xvi, 23 ; I Par., xxi, 1 ; Job, xl, 11, 12 ; xli, 21, 24, 1 1, 19, 30 ; Zach., III, 1, 2 ; Is., xiv, 12-20 ; Dan., viii, 25 ; Sap., ii, 24 ; Matth., IV, 1-10 ; Luc, x, 18, 19 ; Jac, iv, 7 ; I Pet., v, 8, et par une citation de saint Basile (sur l’envie) et une autre de saint Grégoire de Nazianze (sur l’arrogance du diable). Saint André de Jérusalem signale l’orgueil de Lucifer. Oral., xx, P. G., t. xcvii, col. 1256. Saint Grégoire d’Agrigente déclare qu’on ne peut admettre que les démons lisent les pensées des hommes ; ils les découvrent seulement à l’aide de quelques indices ou signes extérieurs. In Ecclesiaslen, 1. IX. § 18, P. G., t. xcviii, col. 1124-1125.

Au ixe siècle, Photius répond à plusieurs questions sur le diable et ses anges. Quel est le père du diable ? Quelques uns disent que c’est celui qui s’est élevé à la plus grande malice et a commis les plus grandes fautes. D’autres répondent que c’est le serpent et qu’il est tombé avant la création de l’homme..Mais le diable n’a pas de père ; il a des (ils qui sont les pécheurs. Le diable lui-même (el pas son frère) est homicide dés le commencement ; il ne s’est pas maintenu dans la vérité, parce qu’il a menti contre son créateur. Qumsl. ad Arnphilochium, q, xi.vn, /'. G., t. ci, col. 352-356. Satan est le diable apostat. Q. ccxli, coi. 1040-1041, Les principautés [el les puissances résident dans l’air. Q. i.wn, col. 712-713. Ceux qui pensent que les Bis de hieu. Gen, , vi, étaient des.m^es. s, , trompent grossii r< ment : c'étaient les fils de Seth. Q. cclv, col. 1065-1068.

Au e siècle, saint Aréthas de Césarée reproduit partiellement les explications de saint André, avec quelques particularités cependant. Pour lui, la queue du on est l’air ; ses sepl têtes sont des puissances spirituelles. Comment, ni Apoc., c, xxxiii, /'. G., t. evi, col. OUI. 664, 865 1 saint Justin eal citéi

encore, r. 1 v. col. 749. Georges Hamarlolos reconnall le diable dans le serpent tentateui. I. VII,

14, /'. '.., t ex. col. 1272. Le patriarche d Uexandrie Eutychius 1 ntend des Qla de s. il les (lia de hieu de la Genèse, toul en ajoutant A son interprétation dei di taila légendaires, th se trompent ceux qui j voient des

h passions

oluptueuses. S ent 1 omml cette faute, Ms ne

laisseraient pai une nie fille vierge. Annal

l. cxi, col. 911-913. Œcuménius cite à son tour la parole de saint Justin. Il applique au diable Is., XIV, 14, et il ajoute qu’une fois tombé, il a cherché à faire aux hommes le plus de mal possible. Comment, in Episl. I Pelri, c. vii, P. G., t. cxix, col. 573.

Au xie siècle, Georges Cedrenus empruntée la Petite t'.encse, c’est-à-dire au livre des JuLilés, des détails sur la cbute des Kgrégores ou des veilleurs, mais il voit en eux des fils de Seth, nommés fils de Dieu à cause de la beauté de Setb. Ils vécurent proche du paradis jusqu'à l’an mille, menant la vie des anges. L’auteur premier de tous les maux, ne supportant pas leur genre de vie, les poussa à se souiller.vec les filles de Caïn. Ile ces unions naquirent les géants. Dieu en fit dévorer beaucoup par des globes de feu ou par la foudre ; les autres périrent dans le déluge sans s'être repentis. Les Egrégores avaient pris leurs femmes sur le mont Herrnon ; ils leur apprirent les venins et les incantations. Azaël, leur chef, apprit aux géants à fabriquer des glaives et des instruments de guerre. Chaque prince (deux cents étaient descendus sur la montagne) enseigna des secrets particuliers. Ces derniers traits qui se rattachent mal aux précédents, sont empruntés au livre d’Hénoch. Hisloriarum compendium, P.G., t. CXXI, col, 40-44. Michel Psellus a écrit un traité De deemonum operatione, P. G., t. cxxii, col. 82087(5. Sur la nature des démons, il dit qu’ils ont des corps, et qu’ils remplissent l’air, la terre, les eaux et le monde entier. C. x, col. 841. On les distingue en six genres. C. xi, col. 844-845. Ils ne sont ni mâles ni femelles, quoiqu’ils prennent parfois les formes extérieures des deux sexes ; ils parlent les langues des divers pays, où ils sont ; on peut les frapper et ils souffrent des coups qu’on leur administre. C. xvii, col. 860. Psellus a composé un autre traité : Quænam sint Greecorum opiniones de dœmonibus ? Col. 876-881. Théophylacte explique que les puissances de l’air habitent dans l’air sans y commander ni le gouverner. Celui qui était leur chef avant la chute est demeuré à leur tête après leur transgression. Expofitio in Epist. ad Eph., c. ii, 2, P. G., t. cxxiv, col. 1052. Il cite, lui aussi, la parole de saint Justin. Exposil. in Epist. I S. Pétri, c. v, 8, P. G., t. cxxv, col. 1249.

Au xii c siècle, Théophane Krrameus se demande d’où le démon sait que Jésus peut le tourmenter. Marc, v, 7. Il ne le sait pas de lui-même, puisque depuis sa chute il était devenu ténèbres ; il le sait par dispensation divine. Les démons demandaient de ne pas aller dans l’abîme, où ils savaient que d’autres y avaient déjà été jetés par Jésus. Craignant un pareil sort, ils préféraient être envoyés dans le corps des pourceaux. HomiL, ix, P. G., t. cxxxii, col. 276. Zonaras rapporte que le dragon, qui agissait par le serpent, a fait tomber les hommes par jalousie. Annales, l. I, n. 2, P. G., t. cxxxiv, col. 56. Les fils de Dieu, Gen., vi, 2, sont pour lui exclusivement des fils de Seth ; il ne parle même plus de l’interprétation qui y voyait des anges, n. 4, col. 60. A la même époque, Michel le Syrien, patriarche des jacobites (1166-1199), rapportait cependant encore les deux explications de ce passage. Voir t. i, col. 1255-1256.

En Occident.

Dans son Thésaurus, Eugippius emprunte à saint Augustin sa doctrine sur la chute et la nature du diable : tombé par orgueil, il est l’auteur du mal. C. xxxvi-xxxviir, P. L., t. lxii, col. 631-637. Il sera damné à la fin du monde. C. clxxxviii, col. 643. Saint Fulgence est aussi tributaire de saint Augustin. Hien n’a été créé par le diable. De incarnatione Filii Dei, n. 51, P. L., t. i.xv, col. 600. L’orgueil est le premier des péchés. Eccli., x, 15. Ad Monimunt, l. I, c. xvii, col. 165. Le diable n’est pas mauvais par sa condition première, mais par sa faute ; il a commis le premier péché, qui fut un péché d’orgueil. Epist., iii,

c. xv, col. 334. Détourné deson créateur et condamné à la damnation éternelle, il a été jaloux de l’homme. De fide, n. 31, col. 687. Une partie des anges désobéirent au créateur et déchurent de leur rang. Ils seront punis au jugement, II Pet., Il, 4, et tourmentés par le l’eu éternel. Ils n’ont ^ardé rien de bon de leur condition première, et ils vivent dans l’air en attendant le jugement. De Trinitate, c. VIII, col. 501. Ils ont un corps aérien, tandis que les bons anges ont un corps élhéré ou de feu, c. IX, col. 505. Pour saint Césaire d’Arles, le diable est un archange. D’après les Statuta Ecclesise anliqua, 8, /'. L., t. lvi, col. 880, qui sont de lui, le diable n'était pas mauvais par nature comme le prétendaient les manichéens ; mais il a péché par orgueil. Serm., CCXCVI, n. 4, dans l’Appendice de saint Augustin, P. L., t. XXXIX, col. 2311. Voir t. ii, col. 21722173 ; P. Lejay, Le rôle llu’ologique de Césaire d’Arles, dans la Bévue d’histoire et de littérature religieuses, 1905, p. 161-162.

Dans son commentaire de l’Apocalypse, écrit sous le règne de Tbeudis (531-548), Apringius de Béja parle peu de Satan. C’est l’ennemi du genre humain, qui tentait les habitants de la terre et que Jésus-Christ a lié pour toujours dans l’abîme parla vertu de sa croix, pour qu’il ne put séduire encore les nations. Après mille ans, il sera délié peu de temps, une heure, et par la volonté de celui qui lui commande. Ce sera après la résurrection, pour le jugement. Alors, l’auteur des ténèbres sera lié pour aller aussitôt à sa perte éternelle dans le feu éternel, où il sera reçu avec tous ceux qu’il a entraînés dans la faute de son orgueil. Ainsi le séducteur périra avec ceux qu’il a séduits. Dom Férotin. Apringius de Béja. Son commentaire de l’Apocalypse, Paris, 1900, p. 63-66. Un autre commentateur du même livre, Primasius, évêque d’Adruinète (-j- 586), reconnaît dans le tiers des étoiles, entraîné par le dragon, omne corpus malorum, sive in angelis quos de cselo secum pari ruina delraxit, sive in liominibus quos seduxit. Le combat avec Michel a lieu, non dans le ciel, mais dans l'Église. Le dragon représente à la fois le diable et ses anges, qui ei natura et roluntate similes sunt, et les hommes mauvais. Les démons ont été jetés sur terre, avant d’y avoir séduit les hommes. Comment, in Apoc, l. III, P. L., t. lxvhi, col. 873-875. Cassiodore ne doute pas, lui, que le combat du dragon et de Michel n’ait eu lieu au commencement du monde, quand le dragon, præcipitalus in lerramcorruit, ita ut locum beatitudinis ulterius non haberet. Complexioncs in Apoc, xii, P. L., t. lxx, col. lill. Le diable a été créé bon ; mais, après qu’il eut volontairement péché. Dieu en a fait l’objet des moqueries des anges, quando propter exsecrabilem percersitatem nativa dignitate privatus est. Exposit. in psalterium, ps. cm. 26, ibid., col. 736. Satan ou le dragon est le plus méchant des démons. Sa tête a été brisée, quando superbia ipsius de cxlo dejecta est et nativam clarilatem retinerenon mentit, qui se voluntaria obscurilate maculavit. Ibid., ps. lxxiii, 13, col. 531. Lui et ses ministres seront condamnés au jugement dernier. Ibid., ps. cvn. 7, col Les hérétiques ne peuvent pas dire que le diable et ses suivants seront rappelés un jour en grâce, puisque leur nom est effacé in œlernum et in sœculum sasculi. Ibid., ps. ix, 5, col. 81.

Saint Grégoire le Grand a souvent parlé des anges déchus et de leur chef, surtout dans ses Morales sur Job, où il interprète du diable les descriptions de Béhémoth et de Léviathan. Le premier ange apostat, créé avant toutes choses, s'était promptement enivré d’orgueil, lu 1 Haï. expositio, l. III, C. V, n. 9 ; l. IV, c. 1, n. 9, P. L., t. i.xxix, col. 205. 222. Crée bon, il avait péché volontairement. Moral., i. XXXII. q. 17, IS, P. L., t. lxxvi. col. 646. Il était la première et la plus nobledes créatures, Ezech.. x..i. 8, 9, tenantle premier

rang dans les neuf ordres angéliques, un chérubin, Ezecli., xxviii, 14, surpassant tous les autres par sa science, principiwm viarum Domini. N. 47, 48, col. 664666. Cf. Homil. in EvangeL, xxxiv, n. 7, ibid., col. 1250. S’il a perdu sa félicité, il a gardé la grandeur de sa nature. Il avait été créé, ut conditorem Simm caste timere debuisset, mais il a perdu la crainte de Dieu. Ne craignant plus personne par suite de sa perversité, jus perversse libertatis appctiit ut et præesset cxteris et nulli subesset. Is., xiv, 14. Il ressemblait à Dieu, cujus eo ipso similitudinem perdidit quo esse ei superbe similis in celsitudine concupivit. Qui enim charilatem ejus imitari debuit, subditus ambiit ejus similitudinem, et hoc quod imitari poterat, amisit elalus. Sed dum privatam celsitudinem superbe appetiit ; jure perdidit participatam. Reliclo enim eo cui debuit inhssrere principio, suum sibi appctiit quodam modo esse principium. Relicto eo qui rere illi suf/icere poterat, se sibi sufficere posse judicavit. L. XXXIV, n. 39-42, col. 740-741. La faute du diable a donc consisté à vouloir se rendre indépendant de Dieu. Mais l’indépendance absolue est un bien propre de Dieu. Le diable a donc voulu se rendre ainsi semblableà Dieu. Ce fut là sa première folie. L. XXVIII, n. 11. col. 152 ; c(. l. XXXIV, n. 47, col. 744. Chassé du ciel, il est dans l’air comme dans une prison, ne ad ^tia evolare prxvaleal ; pactise sub pondère coarclatur ; il lui est interdit de tenter les bons autant qu’il le voudrait. L. VIII, n..'59, t. i.xxv, col. 824. C’est ainsi qu’il est lié ; à la fin des temps, il sera délié afin de pouvoir séduire plus librement les hommes. L. XXXII, n. 22,

XVI, col. 61H : cl. l. IV, n. 16, t. i.xxv, col. 645-646. A la fin du monde, il luttera avec saint Michel, extremis

licio perimendus. Homil. in EvangeL, XXXIV, n. ! ». /'. L., t. i xxvi, col. 1251. Malgré son exclusion de la compagnie des anges, Satan a pu aller avec eux, parce que, tout en ayant perdu sa béatitude, il n’a pas perdu sa nature angélique, nature subtile, quoique chargée de crimes. II s’est trouvé en présence de Dieu, parce que Dieu voil tout et que rien ne lui échappe. Si Dieu lui parle, il ne l’appelle pas à résipiscence ; il lui reproche ses actes, et le démon répond à Dieu, parce qu’il ne peut rien lui cacher. Il ne peut agir sans la permission de Dieu ; sa volonté est mauvaise, sa puissance est juste. L. II, n. 4, 6, 8, t. i.xxv, col. 557-5(>i. Bien que le diable et l’homme aient péché par orgueil, I. XXIX, n. 8, t. i. xxvi, col. '187. l’homme a été racheté, et pa parc que ce dernier n’avait pa

faiblesses de la chair et pouvait persévérer. Aussi, librement déchu, il ne fera pas pénitence. L. IV, n. 2, ol. 642. Tous les marnais esprits ont été créés ab$q infirmitate. L. Vlll. n. 50, col. 795.

Ils sont ton j I.- du ciel éthéré dans le ciel atmo rique et but terre, où ils sont errants et vagabonds. L. II. n. '", col. 590. C’est parce qu’ils avaient péché par orgueil que Dieu let a précipités hors du In l, I. ii, c. i. n. ii, P. L., t. I wix.

col. 81, 82. Ils uni ainsi perdu l'étal de vie éternelle. I. III. c. il, n. I. col. 160. 1U sont nombreux les tombés avec le roi d’Egypte, c’est-à-dire avec le prince vi ulent pa faiie pénitence de leui n. s. col. b v 7. ilseronl punis de toute

lel.mi l'éternité. Tout ce qui serl a faire


ntum. L. IV. c. iv. n In

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Ion Martin, d Braga Lucifei le premier

tombé par orgueil il < cru qu’il ti nail île luim., n de la le

: i tOUl I' I iv, 18, 14. // '

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gosse, déclare, après saint Augustin, que le mal n’est pas une substance et que le diable en est l’auteur. Sent., 1. 1, c. xv, P. L., t. lxxx, col. 748. Pour saint Isidore de Séville le diable était le premier des anges, un archange. Sa chute a été irréparable. Elle a eu lieu avant la création de l’homme, nam, mox ut faclus est, in superbiam erupit. Fuit quidem in veritate condilus, sed non slando confestim a veritate lapsus est. Il a péché par orgueil, se Deo œqualem e.vistimans. Il ne demanda pas son pardon, parce qu’il ne voulait pas faire pénitence. Les anges tombés n’ont pas été rachetés, parce qu’ils n’avaient pas, eux, comme l’homme, la fragilité de la chair. Sent., l. I, c. x, n. 5-11, P. L., I. lxxxiii, col. 554-555. Ils étaient mente rationabiles, superbia tumidi, et superbiam lapsi, nunc in aère commorantur. Différent., I. II, c. XIV, n. 22, col. 76.

Au VIIIe siècle, le Vénérable Bède reconnaît le diable dans le serpent tentateur. Hexæmeron, l. I, P. L., I. mi, col. 53 ; In Pentateucli. comment., Gen., iii, col. 210-211. Dans les fils de Dieu, Gen., vi, 2, il voit les lils de Seth. Si quelques manuscrits ont la leçon : « anges de Dieu », il faut l’entendre des hommes. Ilexae ncron, l. II, col. 82-83. Les anges déchus sont enfermés et liés dans l’air ténébreux, qui est l’enfer ; mais ils sont réservés pour de plus grands tourments au jour du jugement. In II Epist. S. Pétri, c. ii, P. L., t. xciii, col. 75. Ces esprits superbes sont dans l’air ténébreux. In Epist. Judse, col. 125. Le dragon de l’Apocalypse, qui est le diable, entraîne avec sa queue une partie des anges et des hommes.. Chassé du ciel, arclius in terrenis includitur. Explanalio Apoc, I. II, col. 166, 167. La géhenne est faite pour le diable et ses anges. Quelques-uns y sont déjà tourmentés ; mais tous subissent toujours et partout la peine du feu : Qui ubicumque vel in aère volitant vel in terris aut sub terris vagantur sire delinentur sitarum secum ferunt semper tormenla flammarum, instar febricitanlis qui elsi in leclis eburneis et si in locis ponatur apricis, fervorem (amen vel frigus insiti sibi languoris evilare non possunt. Expositio super Epist. calliolicas, Jac, ni, 6, col. 27. Saint Julien de Tolède décrit la terreur du diable, quand il sera enlevé pour être damne. Prognosticon, l. III, c. VI, P. L., t. xcvi, col. 500. Il sera précipité en enfer. Apoc, xx, 12, 14, c. XXXVIII, col. 515. Saint Paulin d’Aquilée cite des textes scripturaires pour montrer que le diable a péché par orgueil, Liber exliortationis ail Henricum Forojulienseni, c. xix, /'. L., t. XCIX, col. 210-212, et qu’il a été chassé du ciel. C. i.xiv, col. 275.

Au iv siècle, Alcuin se demande pourquoi le péché des anges est omis dans la Genèsi. tandis que celui de l’homme est raconte. La raison qu’il donne dans sa réponse est qui Dieu n’avait pas décrété de guérir le péché des anges, mais seulement celui de l’homme. Pourquoi le péché de l’ange est-il inguérissable ? Parce que l’ange n’a pas été tenté, mais la propre cause de son crime. Interrogations » ri responsiones ii, Gen., int. 3, i. /'. L., i. c, cul. 517. Le

diable s’est servi du serpent comme d’un instrui I

Int. 60, col. 522. Les lils de Dieu wnl des lils de Seth, ayant épousé di Caïn lui. '.ni. coi. 526. Quant

à la cause de la nu inges, ce fut la

suivante : Nolueruntad Ulum custodire fortiludineni

, '/ni est summum bonuni, sal arrrsi sont ni*

illo ri ad nvérsi iunt, sua)>, <.)iim détectait

. lui gueil ' -I il I |'i i mu i île tOUS les

ini. '.13. col. 636. Smaragda revient.i l’envie pour expliquer la chute du diable : Diabolus intei initia statim mundi teti Uvore percussut, periit prididit altos, Postquam vero honii

u, l, , . Un fOClU <i : ch hin.rm

/ni, ri hominetn mUerum tuademdo decepit, n bealiludinem quam Itabebal, mite) 383 DÉMON D’APRÈS LES SCOLASTIQUES ET LES THÉOLOG. POSTÉRIEURS 384

rimus antisit. Sap., ii, 24 ; Via regia, c. xxii, de zelo et livore, P. L., t. CH, col. 961. Saint Agobard do Lyon fait du diable l’inventeur de tout mal. Il a été homicide dès le commencement ; il a fait le premier mal par le serpent, en trompant nos premiers parents. Sermo de fidei verilate, 15, P. L., t. civ, col. 280. Halitgar, évoque de Cambrai, est plus précis. L’orgueil, dit-il, a été inventé par le diable. Ce superbe a amené les anges à mépriser les préceptes de Dieu et en a fait des démons. De psenitenlia, 1. II, c. il, P. L., t. cv, col. 659-660. Pour.lonas, évêque d’Orléans, il a fait aussi des anges des démons, et il a rendu les hommes égaux aux anges mauvais. De institulione laicali, 1. III, c. iv, P. L., t. evi, col. 239. Fréculph, évêque de Lisieux, sait encore que les fils de Dieu, Gen., vi, sont des anges de Dieu. Beaucoup pensent que les anges ont commis une pareille faute ; mais on ne peut aucunement croire que les saints anges soient tombés à cette époque. Saint Pierre parle des anges qui sont tombés avec leur prince auparavant. L’Ecriture appelle anges des hommes. Ces anges étaient donc des fils de Seth. Chrome., 1. I, t. i, c. XIV, ibid., col. 927. Raban Maur est peu original ; il copie les anciens. Le serpent tentateur était le diable (d’après saint Augustin). Comment, in Gen., 1. I, c. XV, P. L., t. cvii, col. 486-487. Les fils de Dieu de Gen., vi, sont les fils de Seth (d’après saint Jérôme et saint Augustin). Ibid., 1. II, c. v, col. 511-512. Lucifer, représenté par le prince de Tyr, était un chérubin. Comment, in Ezech., 1. XI, c. xxviii, P. L., t. ex, col. 790. Avant sa chute, il avait un corps céleste, qui devint éthéré après la chute. II habite non dans l’air pur, mais dans l’air ténébreux, où il est enfermé comme dans une prison jusqu’au jugement dernier. De universo, 1. XV, c. vi, P. L., t. exi, col. 427. Il a commis une double faute d’orgueil et d’envie : d’orgueil, par laquelle il est tombé ; d’envie, par laquelle il a cherché à faire tomber les autres. Comment, in l. I Reg., c. xiii, ibid., col. 42. Walafrid Strabon cite aussi les prédécesseurs : saint Augustin au sujet du serpent tentateur, et saint Jérôme à propos des fils de Dieu, qui sont des fils de Seth (les géants n’ont pas été engendrés par les anges). Glossa ordinaria, Liber Genesis, iii, vi, P. L., t. cxiii, col. 91, 104. Les anges apostats ont été précipités au fond de l’abîme, d’après le Vénérable Bède. Epist. II Pet., t. exiv, col. 691. Ils souffrent les tourments du feu de l’enfer, partout où ils se trouvent d’après le même auteur. Epist. B. Jacobi, ni, 6, col. 676. Le grand dragon de potentia et superbia loquitur. Apoc. Joa., col. 732. Angelomme, moine de Luxeuil, voit aussi le diable dans le serpent tentateur et déclare qu’on a faussement reconnu les anges dans les fils de Dieu, qui sont les fils de Seth. Comment, in Gen., iii, VI, P. L., t. cxv, col. 135, 155. Haymon d’Halberstadt voit en Nabuchodonosor l’image du diable, qui a péché par orgueil, et qui est tombé, non seulement en enfer, sedad ultimas partes inferi, quia quanlo altior gratins, tanto profxutdior casus. Comment, in Isaiam, 1. II, P. L., t. cxvi, col. 792. Le diable est conservé dans l’air cruciandus. Expositio in Epist. ad Eph., il, P. L., t. cxvii, col. 707. Il est lié dans les cœurs des infidèles, où il règne ; il sera délié à la fin pour séduire davantage. Expositio in Apoc., 1. VIII, col. 1182-1183. Les démons ont été créés sans péché, pour servir Dieu ; ils se sont dépravés volontairement, n’ayant pas voulu demeurer ce qu’ils étaient. Ils se sont élevés par orgueil contre le créateur, ont été précipités du haut du ciel et condamnés. Leur perdition est irréparable ; ils ont perdu le pouvoir de revenir en arrière. La géhenne a été faite, dès le commencement du monde, pour eux, et non pour les hommes. De varietate librorum, 1. 111, c. xli, xi.ii, p. L., t. cxviii, col. 950, 951.

Pour liérengaud, moine de Ferrières, le dragon e-t h 1 diable, dont l’envie a introduit la mort dans le inonde. Dans sa première tête, il reconnaît les réprouvés qui, avant le déluge, ont été appelés fils de l’homme et qui ont été un piège pour les fils de Dieu. Le diable, qui est le même que le serpent, mit primo per superbiam de cxlo, et cet ennemi de Dieu et des hommes fut précipité sur terre avec ses anges. In Apocahjpsin expositio, vis. IV, P. L., t. xvii, col. 876, 878. Les esprits immondes sont dans les airs, où more venlorum indesinenler discurrunt. Vis. v. col. 916.

Au xr siècle, saint Pierre Darnien dit que le diable est si mauvais qu’il ne peut devenir pire. Opusc., iv. Disceptatio synodalis, P. L., t. cxi.v, col. 84-85.

F. Mam.enot.

III. DÉMON D’APRÈS LES SCOLASTIQUES ET LES THÉOLOGIENS POSTÉRIEURS. — I. Au XIIe siècle. II. Au xiiie et au xive siècle. III. Depuis le xv siècle.

I. Au XIIe Siixle. — Le XIIe siècle sert d’intermédiaire entre l'époque patristique et la scolastique. Quelques écrivains de cette époque continuent la méthode de simple exposition ; mais bientôt les traités spéciaux commencent, dans lesquels on emploie la méthode scolastique. Voir t. I, col. 1222-1223. Recueillons d’abord les enseignements des auteurs non scolastiques.

Pour saint Bruno, fondateur des chartreux, les démons ont une certaine puissance dans l’air. Expositio in Epist. ad Eph., ii, P. L., t. cliii, col. 325. Guibert de Xogent enseigne aussi que le diable et ses anges viennent avant le jugement dans le monde qui leur est pervius, pour tenter les hommes, car ils habitent dans l’enfer, d’où ils ne pourront plus sortir après le jugement. Le monde sera alors entièrement purifié d’eux. De pignoribus sanctorum, 1. IV, c. ni. P. L., t. clvi. col. 672-673. Vves de Chartres, à propos de la divination, expose de combien de manières les démons connaissent l’avenir. Comme ils ont un corps aérien, ils précèdent facilement l’intelligence des hommes, qui ont un corps terrestre. Leur célérité à voler dans l’air facilite aussi leur connaissance ; ils vont incomparablement plus vite que les oiseaux et ils font des choses merveilleuses. Pour ces deux raisons, ils connaissent les événements actuels avant l’homme et peuvent les lui prédire. D’autre part, ils ont acquis pendant leur longue vie une expérience qui les aide à saisir plus promptement les faits. Panormia, 1. VIII, c. LXVIII, P. L., t. clxi, col. 1322. Saint Brunon d’Asti, évêque de Segni, explique de la chute de Satan le combat avec saint Michel de l’Apocalypse, xii. Les démons n’ont pas de place au ciel, où est le siège de Dieu. Le dragon avec ses anges a été projeté de supernis in terrant, et cette terre représente les pécheurs dans le co-ur desquels il règne, n’ayant aucune puissance sur les saints. Expositio in Apoc, 1. IV, P. L., t. clxv. col. 670. Béhémoth, tombé par orgueil, est lié pour qu’on puisse résister à ses ruses et à son astuce. Sent-, 1. III, c.vni. col. 964-965.

llildebert du Mans peut servir de transition entre les prédicateurs et les théologiens proprement dits. Dans ses sermons, il parle de la création et de la chute des an^es. Lucifer a été créé dans le ciel einpyrée ou igné ; inter prima Dei opéra conditus est. Stultus fuit, quia non providit sibi ht poslerum… Conditus est in eminentia et sublitttitate verse scientise. Il a péché par orgueil et de cette sorte : altitudine lantum inltiniuit. ut Altissimo sequari posse prxsumpseril. Hildebert cite Is., xiv, 13, 14 ; xxii, 15 ; Luc.. 8. Aliis angelis splendidior conditus (Lucifer), sho vilio cadens facttis est hesperus. Il a été précipité de l’empyrée dans les ténèbres de l’air. Ser » i., ix, De tempore, P. L.. t. a.xxi, col. : (87. PrsBCeUens aliis, ralde speciosus et sapiens, 385 DÉMON D’APRÈS LES SCOL ASTIQUES ET LES THÉOLOG. POSTÉRIEURS 386

Ezecli.. XXVHI, 12, 13, subtilior natura ; le premier des neuf chœurs, omnibus agminibus prælalus, ex eorum comparatione clarior, Me versus in superbiam. ex nimia clariiate. 1s., xiv, 14. Les autres anges déchus se sont mis d’accord avec lui, et dum Deo similes volebant fieri, sont devenus inférieurs aux hommes et aux anges demeurés fidèles. Une partie de chacun des neuf ordres tomba. Les hommes ont été créés pour les remplacer. Serm., xlix, col. 582. Lucifer est dans l’air comme dans une prison, et il y restera jusqu'à la lin des temps, quando miltelurinignem œtemum. Serm., l, col. 581-585.

Dans son Tractalus théologie us, c. xix, xx, ibid., col. 1110-1112, l'évêque du Mans aborde des questions qu’il n’avait pas traitées en chaire. Il se demande s’il y tut mora entre la création et la chute de Satan, et il répond négativement : sine intervallo, slatim ab inilio. Néanmoins, le diable n’a pas toujours été mauvais. D’après saint Augustin, il est tombé par orgueil. Il était le plus excellent de tous les anges. Job, XL, 14 ; Ezech., XXVIH, 12. C’est le sentiment de saint Grégoire le Grand et de saint Isidore. Jn creatorem super biit. Is.. xiv, 13. Il a voulu lui devenir semblable, non per imitalionem, sed per mqualitatem. Il a été jeté dans l’air ténébreux ad nostram probationem. Il n’est donc ni au ciel, ni sur la terre, mais dans l’air, qui est pour lui i/iiasi carcer usque ad tempus judicii. Alors, il ira en enfer. Matth., xxv, 42. Cependant, dubilatio est si tous les anges déchus sont dans l’air ou si quelques sont déjà dans l’enfer : </uod tic auctoritate non multum certum habemus. Selon les uns, Lucifer, qui a plus péché, a été précipité en enfer slalini après son avec i|iie|qucs autres. Origène pensait que ceux qui sont vaincus par les hommes qu’ils tentent, slatim demerguntur : ce qui est assez vraisemblable. Les dé ; obstinés et ne peuvent faire que le mal. Outils prévu leur chute ' Si oui, ou bien ils n’ont pas oulu l'éviter, et ils étaient mauvais avant leur chute, ou bien ils ont voulu l'éviter et n’ont pas pu le faire, et ainsi ils étaient miseri antequam codèrent. C’est pourquoi saint Augustin dit qu’ils n’ont pas prévu leur chute. Lu il le plus excellent de ordine supe tm. Il y avait des anges tombés de tous les ordres,

; . 1 1 1 ; .

Honoré d’Autun résume dans sud catéchisme la doc tim sur i' - démons. Lucifer, te voyant le premier de

sprelis omnibus, voluit Deo sequalis, imo major,

Il voulait avoir un meilleur sort que Celui

qu’il i et commander aui autres tyrannique II fut chassé du palais et enfermé en prison. Il

ni, il devint le plus noir et fut exécrable d hoi reur. Il ni pas prévu sa chute. Non plénum lit ; iii, , , ut creatus est, cecidit, >ûter le bonheur du ciel, qui ne lui suf - "lit péché en 'tant d'.e

lollentia, ri erant cogitantes

luisset, 1/ eferrenPur m

prima. Ils ont été précipités, les uns dans

, in quo tamen,

H enfer, , , , ., ; , plusieurs vivent dans l’air

me i, -s mauvais el êti e

in dernier jugement au feu éternel.

tenir leur pardon, pane qu’il » avait m

ayant

" par er-e. d i natun propn e, en

i té qu’un ption par la mort du Verbe, ayant pi i la d i ni Irrachi i ibles L)ii u m ne pouvai libre

HT qu’ils p | ; , , ri

odant

DICT. Dl T II I ». r. ( ATIIOI..

propter ornamentum sui operis, comme un peintre qui met du noir sur un tableau. Eluculariinn, l. I, n. 7, 8, P. L., t. clxxii, col. 1114-1115. Honoré s’occupe du nombre des anges tombés, dans son Liber duodecini quæstionibus, c. iv, v, col. 1180-1181. C’est donc, à ses yeux, une question discutée, qui n’a pas eu entrée dans son catéchisme. Quelques-uns pensent que la moitié des anges a péri et qu’il y aura autant d’hommes pour les remplacer. D’autres, à cause d’Apoc, xii, 4, n’admettent la chute que du tiers des anges. D’autres, reconnaissant dix ordres, disent que le 10e est tombé tout entier ; ils se fondent sur la parabole des dix dragmes ; aussi dit-on couramment : Decimus chorus angelorum cecidil. Quant à lui, s’appuyant sur l’autorité de l'Écriture, il ne reconnaît que neuf ordres angéliques et il prouve que quelques-uns de chaque ordre sont tombés. Pour cela, il cite divers passages de l'Écriture qui semblent faire rentrer des démons dans chacun des neuf ordres. Il dit encore, c. xi. col. 1183, que les anges ont un corps éthéré, et le diable un corps aérien, ce qui permet aux démons de se transformer en des formes diverses, de bêtes, etc.

Rupert, abbé de Deutz, exposa plusieurs fois, et très longuement, son sentiment sur le diable et les démons, Dans son traité De Victoria Vcrbi, l. I, c. vi-xxvi, /'. L., I. ci.xix, col. 1221-1240, il explique "d’abord les différents noms de l’adversaire du Verbe dans l'Écriture ; puis, il remonte au commencement du duel de Satan contre le Verbe. La cause de la rébellion fut l’orgueil et ce vice portait sur la beauté, la science et la grandeur de la propre nature du révolté. Ezech., xxviii, xxix, xxxi. C’est par orgueil qu’il devint aussi le père du mensonge. Il introduisit la sédition parmi les anges, troubla leur paix et fit de plusieurs des rebelles de la lumière. Il méprisa les autres anges, ambitionnant pour lui la majesté et l'égalité de Dieu. Ezech., xxix ; Is., xiv. Il voulait être adoré' et honoré par l’assemblée des an^cs tanquam Deus ci Dominas ipsorum. Il chercha à les persuader ut se pro Deo haberent. Ils ne cédèrent pas à cette tentation. Sed adulait sunt ci tantummodo…, gloriam suam queerebanl, non Dei, aimant mieux servir une créature que le créateur. Satan ayant été créé le premier, les autres anges n’avaient pas conscience de sa condition i m in-iin ne pouvait dire : .l’ai vu Dieu te créant. Seul, le Verbe pouvait le convaincre de menSatan se donna aux anges pour ce qu’il n'était pas réellement. Ils furent rebelles à la lumière par

orgueil ou envie. Jaloux du créateur, ils élevèrent Satan, haïrent et repoussèrent le Verbe. Satan fut condamné par le Verbe, battu par lesaints anges et jet.' hors du ciel. Cependant, non slatim ni conditus est cccidii, et Rupert réfute ceux qui le prétendaient. Leur sentiment favoriserait le soupçon que Satan a été créé mauvais tel qu’il est maintenant. Le dies conditionis n’est pas un jour de Ji heures, puisque le soleil

n’existait pas encore. Apres sa faute, la patience de Dieu l’a attendu, lui laissant le temps de se repentir.

A’ou / ici. ni iniquilate, pour que les bons

anges soient instruits, ie la justice du jugement qui le

erait. Dieu, qui avait prévu sa chute, l’a i néanmoins le plus grand, le plus sage et le plus i de ton i s. Il est tombé du ciel, non <u sien.

le celui du Seigneur, Il n’avait pas été créé dans . il avait été placé api i lion. Il fut jeté

abîme, c’est A dire dan - le chaos et dans les tém bre », qui existaient si uls alors. Le Qrmament n'était acoie Satan ei i donc tombé, non dans

l’enfi i. m. ii~ dans l’air, qui est le ciel inférieur.

Rupei i a reprit le suji t dan De i initale et

tt xvii, /'. /… t. CLXVII,

hors iln ciel,

où ils ont été tran ition. ils

iv. - i : j 387 DÉMON D’APRÈS LES SCOLASTIQUES ET LES THÉOLOG. POSTÉRIEURS 388

habitent donc par grvce, et non par nature. Ils sont corporels. Au premier jour, la lumière a été séparée des ténèbres, les bons anges des mauvais. Le diable est tombe par envie ou orgueil. Is., XIV. Il était plenu » sapientia, perfeclus décore, nihilo indigent sapienliæ Dei. Ezech., xxviii ; Is., xiv. Dieu avait prévu sa chute. Il l’a jeté dans l’air pour être précipité plus tard en enfer, II Pet., ii, 4 (où l’enfer désigne l’air). Les anges, délournés de Dieu, ne peuvent revenir à leur premier état, c. xxiv, col. 221. Le serpent tentateur était l’organe du diable, 1. III. c. il, col. 289. Les fils de Dieu sont les descendants de Seth, l. IV, c. xii, col. 337-338. Rupert ne parle pas des anges, quoiqu’il sût bien que les anges sont appelés fils de Dieu. Comment, in Job, P. L., t. CLXVIII, col. 967. Les démons, qui sont dans l’air en attendant le jugement, seront tourmentés par le feu qui leur a été préparé dés la création. Ils seront tourmentés conformément à leur nature, puisqu’ils ont des corps aériens. Lie S. Spirilu, l. IX, c. xxi, P. L., t. ci.xvii, col. 1824-1825.

Nouvel exposé dans le traité De glorificaiione Trinilalis et processione S. Spiritus, l. III, c. viii-xvii, P. L., t. clxix, col. 59-69. Les anges ont péché non par faiblesse ou ignorance, mais par orgueil. Ezech., xxviii, xxix. Le bel ange est devenu le prince des ténèbres. A cause de son orgueil, il est justement jugé par le Saint-Esprit, qui s’éloigne de lui. Non stalim cecidit. Ayant prévu sa chute, le Saint-Esprit ne l’a pas jugé tout de suite ni condamné ; il l’a éprouvé. Une fois la lumière séparée des ténèbres, les démons ne peuvent pas retourner à leur état primitif. Quelquesuns pensent que beaucoup d’anges de tous les ordres sont tombés ; cela n’est pas prouvé par l’Ecriture. Ils n’étaient pas encore établis dans leurs ordres avant la chute des démons, qui, autrement, n’auraient pas pu pécher. Satan est lié pour longtemps, plus tard il sera jeté dans l’abime.

Les esprits mauvais enviaient la gloire du créateur. Diabolus superbivit et sibimet ipse placuit tanquam sibi sufficiens. Comment, in Matlh., l. XIII, P. L., t. clxviii, col. 1627. Nabuchodonosor est le type du diable orgueilleux. In Danielem prophetam, c. il, P. L., t. clxvii, col. 1500-1501. Satan a été jugé par trois fois : quand il fut chassé du ciel à cause de son orgueil, à la malédiction du serpent, et au jugement de l’homme de péché. In Hab., l. II, P. L., t. clxviii, col. 603. Satan paraissait parmi les anges et devant Dieu, parce que Dieu voit tout. Dieu l’interroge, parce qu’il lui demande raison de ses actes, et Satan répond, parce qu’il ne peut rien cacher à Dieu. Comment, in Job, ibid., col. 967. Rupert n’entend pas des anges le tiers des étoiles entraîné par la queue du dragon. In Apoc, l. VII, ibid., col. 1047.

Quelques années plus tard, saint Anselme compose un traité spécial De casu diaboli sous forme de dialogue, 7’. L., t. clviii, col. 325-360. Voir t. i, col. 1338. Les anges ont tout reçu de Dieu, qui pourtant n’a pas donné au diable la persévérance, quia ille non accepit. Le diable, en effet, noluit tenere quod habebat, voluit deserere. Quomodo peecavil et voluit similis esse Dei : > Il n’a pas voulu reconnaître une volonté supérieure à la sienne ; il a voulu même que sa volonté propre soit supérieure à celle de Dieu. L’ange déserteur n’a pas pu revenir à la justice. Voir t. i, col. 1224. Il n’a pas pu prévoir qu’il tomberait. Il savait qu’il ne devait pas vouloir ce qu’il voulait et qu’il serait puni ; il n’a pas pu l’ignorer. Le mal est donc venu dans l’ange qui était bon, parce que celui-ci a volontairement abandonné la justice. Dans son Cur Deus liomo, 1.1, c. xviii, col. 389, saint Anselme a admis que le nombre des anges devait être complété par les hommes. II en tire cette conclusion relativement au nombre des anges tombes : Non sequitur tolangelos cecidissequot perseverarunt,

parce que le nombre des anges n’était pas parfait avant la chute des mauvais.

Abélard s’est peu occupé des démons. Il leur attribua la possession de la charité. Dialogué inlerphil judseum et christianum, P. L., t. CLXXViti, col. 1659. Dans son.Sic et non, 47, col. 1415-1417, il a reproduit des témoignages de saint Isidore, de saint Augustin et d’Eugippius en faveur de la chute des anges avant la création de l’homme, et d’autres de saint Cyprien et de saint Jérôme, affirmant quelle a eu lieu au moment de cette création. Dans le 16e de ses articles, qui ont été condamnés en 1141, il niait l’intervention directe du démon et bornait son action à l’emploi des forces naturelles, des éléments et des plantes. Voir t. i, col. 45. 47.

Hervée de Bourgdieu explique que Lucifer a voulu être le maître des anges : il semble le faire précipiter directement dans l’enfer. Comment, in Isaiam, l. II, P. L., t. CLXXXI, col. 164-166. Cependant, il appelle Satan le prince de l’air. Comment, in Episl. ad Epli., n, col. 1221.

Saint Bernard attribue la chute de Lucifer à l’orgueil. Serm., i, de lempore, n. 3, P. L., t. clxxxiii, col. 36 ; In rogationibus, serm. i, n. 1, col. 296 ; In Canlica, serm. xvii, n. 5 ; lxi.x, n. 3, 4, col. 857, 1113-1114. L’orgueil du diable appartient au premier degré de ce vice qui est la curiosité. Le diable n’avait pas prévu sa chute. Tractalus de gradibus superbiæ, part. II, c. x, n. 3136, P. L., t. clxxxii, col. 959-962. Il a été précipité dans l’air. In Canlica, serm. liv, n. 4, P. L., t. clxxxiii, col. 1040. Il ne subira la peine du feu de l’enfer qu’après le dernier jugement. Voir t. il, col. 770.

Robert Pullus déclare que l’ange, créé libre, poluit malum. Il se demande : Quale ? et il répond : De excellenli natura intumuit, au point de vouloir s’égaler à Dieu. Non perduravit in verilate. Dès qu’il fut, il vit Dieu, quoiqu’il ne l’ait pas connu complètement. Malgré cette connaissance de Dieu, il a pu cependant ne pas prévoir sa chute. Auparavant, il était opus Dei bonum, optimum ; après, il est devenu subslanlia non boita, nec Dei creatura (en tant que mauvais). Les démons, licet incorporel, peracto judicio, subiront dans l’enfer des peines corporelles. Ils soutirent déjà des affections de l’air, où ils habitent, mais ils sont réservés pour de plus grandes souffrances. Sent., l. II, c. iv-vi, P. L., t. clxxxvi, col. 721-725. Ils sont tombés des neuf ordres ; ils servent leur prince dans leur ordre. Robert Pullus essaie d’expliquer comment il peut en être ainsi et comment le service répond à la nature première de ces anges déchus. Quanta leur prince, il était summus ou inter summos, plus exactement un chérubin, Ezech., xxviii, 12, nisi forte ordine seraph, interprelatione cherub. Quoi qu’il en soit, magnus fuit et plus de se quam esset sentit. Les démons étaient d’accord avec lui et leur chute est irréparable. Quelquesuns pensent que le prince des démons n’était pas si élevé. Toutefois, il n’a pas goûté le bonheur de la vie parfaite : nolendo accipere, amisit ; continua cecidit. Sent., l. VI, c. xi.v-xi.vm, col. 887-891.

Roland Bandinelli. plus tard le pape Alexandre III, affirme que les démons ont été créés bons, et bien qu’il ait subi l’influence d’Abélard, il s’écarte du maître au sujet de leur béatitude et il n ion lie qu’ils n’eurent jamais la charité qu’Abélard leur avait attribuée. Gielt, Die Sentenzen Bolands, Fribourg-en-Brisgau, 1891, p. 8993. Ils n’avaient pas prévu leur chute, qui a été volontaire. Ils savaient qu’ils faisaient mal, aussi sont-ils endurcis dans le mal, p. 95. Selon lui, ils ne sont pas de tous les ordres, puisque la division hiérarchique des anges a suivi la chute du diable et l’entrée des bons anges dans la béatitude, p. 101.

Hugues de Saint-Victor enseigne que les anges ont été créés bons et libres. Leur séparation en bons et en mauvais s’est faite par la conversio des justes et Vaiersio 389 DÉMON D’APRÈS LES SCOLASTIQUES ET LES THÉOLOG. POSTÉRIEURS 390

des injustes. Ceux-ci n’ont pas eu de grâce coopérante. Un plus grand nombre d’anges sont demeurés fidèles, qu’il n’y en a eu de déchus. De sacramentis, l. I, part. V, c. xix, xx, xxiii, xxiv, xxxi, P. L., t. clxxvi, col. 254-257, 261. Le diable est lié : il ne petit faire tout ce qu’il veut ; à la fin des temps, il sera délié pour un moment, pour la dernière persécution, l. II, part. XVII, c. iii, iv, col. 597-598.

Son disciple, auteur de la Summa sententiarum (voir t. i, col. 52-54), tr. II, c. iii, iv, ibid., col. 83-85, ci’.e textuellement le Traclalus theologicus d’IIildebert du.Mans sur la chute du diable et sur sa prééminence avant la chute. Voir col. 385.

tnfin, Pierre Lombard connaît les sentiments différents de ses devanciers ; il les résume parfois et il prend souvent parti. Selon lui, les démons ont été créés nec beati nec miseri. Non erant præscii eventus sui, et ils n’avaient pas connaissance de ce qui devait suivre. Ils n’ont pas été bienheureux, à moins qu’on appelle béatitude leur état d’innocence. Donc, in creatione, boni et non mali, nec beati. Sent., I. II, dist.IV. n. I. : 1°. 6. P. L., t. cxcii, col. 660, 661. Quelquesuns ont pensé qu’il ne fallait pas leur imputer de s’être détournés de Dieu, parce que la grâce ne leur avait pas été donnée. Gralia non data ex merilis suis… Culpa eorum fuit, quia, cum stare possent, noluerunt quousque gratia apponcrelur… Poterantnon cadere, sedsua sponlanea voluntate declinaverunl, disl. V, n. 5, 6, col. 661-662. De majoribus et de minoribus quidam cccideiitnt. Le plus excellent de tous corruil. Job, xl ; Ezech., xxviii ; S. Grégoire le Grand. Il tomba par orgueil, de empyrco in catiginosum aerem, Apoc, xii, el beaucoup d’anges avec lui pour nous éprouver. Le prince de l’air n’est ni au ciel ni sur terre, mais dans l’air. Parmi les démons, il y a des chefs et des sujets ; leur science est plus grande ou moindre. Quidam prœsunt uni prov incise, uni homini, aliqui uni vitio. Quotidie i" infernum descendunt aliqui ; verisimile est, qui animas Mue cruciandas deducunt. A liqui setnper sunt. alternis forte vicibus, jîo » proculest a vero. Quelques-uns pensent que Lucifer a été relégué en enfer, dès qu’il a eu tenté Jésus-Christ ; d’autres, ex cecidit. Pierre Lombard ne se prononce pas. Sive m infernum demevsux, .sire non, il n’a pas maintenant le pouvoir qu’il aura au temps de l’Antéchrist. Il délié alors et il aura un plus grand pouvoir de i -. Quant aux (binons, semel victi a sanctis, non accédant ampli s, et Lombard cite en preuve

qi. Homil., xv, ivi libr. Josue, c. xii, dist. VI. n 1-8, col, 862-664 Obstinés dans le m. il. les démons ne peuvent pis vouloir le bien. Ils ont cependant le libre arbitre, mais ils ne peuvent ad utrumque flccli. Ils n uni pas perdu leur intelligence et il> l’exercent souvent de diverses manières. Ils ne peuvent pas se e de la matière ad nutum, ni créer (par exemple, les serrenouillea que produisaient les mages). Il> peuvent beaucoup pai leurs fora naturelles et leur subtilité, il permittantur ab angelit potentioribti

>’. dist. VII. n. I. 2,’.. 7. S. II. col. 664-667. Saint Augustin i ippelé les démons aerea animalia, III. n. 7

dil un eut mot de la chute du

diabli / / irituum,

il, i homini quod ettei m /><<

li, C. XXI, P. I.. t.CXCVIU,

1071. Plus loin, c. xxxi, col. 1061, il expo-e i, du di luge li m. n [ils de Dii n ou des

fils du pleui Seth, In. Il connut la

i lieu. mais il l’interpn le i di oi i ite toutefois cette i emarque

, ./ i/,

ganta, et il emprunte -i leur sujet > -uni Méthode di proviennent du livre di

Voir t. I, col. 1 222-1 226 ; A. Mignon, Les origines de la scolastique et Hugues de Saint-Victor, Paris, s. d. (1895), t. i, p. 343-319, 361-364 ; J. Tunnel, Histoire de l’angélologie, dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, 1899, t. IV, p. 289-309, 537-550, passim ; Id., Histoire de la théologie positive. Paris, 1904, p. 291-292. Voir aussi, parmi tes Indices de la P. L., de Migne, l’index, xxxv, De dsemonibus, t. ii, col. 43-50.

II. Au xiiie et.vr xiv c siècle. — Les vues des théologiens sur le diable et les démons vont se systématisant de plus en plus pour arriver à une systématisation complète dans les œuvres de saint Thomas et de Duns Scot. Les docteurs justifient par des arguments de raison les données qu’ils empruntent à l’Écriture et à la tradition et qu’ils groupent et ordonnent logiquement. Ils y joignent beaucoup de spéculations philosophiques.

Pierre de Poitiers.

Il pense que les anges ont été créés dans le ciel einpyrée. Une des preuves, c’est que Lucifer, cum esset in cselo, a voulu atteindre la sublimité de la divinité. Sent., l. II, c. ii, P. L., t. ccxi, col. 942. Quelques-uns prétendent que les anges déchus ont été créés mauvais et ils justifient leur sentiment par des autorités (Joa., viii, 44 ; Job, xl, 14 ; Ps. ciii, 26, et un texte de saint Augustin) et par des raisons. Ce sont trois raisonnements portant sur ces dilemmes : ils ont été créés justes ou injustes, parfaits ou imparfaits, bienheureux ou non. Mais Pierre de Poitiers conclut que si Dieu avait créé l’ange mauvais, il serait l’auteur du mal, ce qui est impossible. Lucifer non fuit ab initio malus, sed s talim post. Puis, il réfute les arguments opposés. Au cours de sa réfutation, il affirme qu’avant leur faute les anges déchus non habebant naturam glorificalam, c. ni, col. 943-944. Ils ont péché, parce que la grâce opérante ne leur a pas été donnée, et ils sont responsables, parce qu’ils n’ont pas attendu qu’elle leur fût donnée. Diabolo non est ablalum aliqiiod bonum naturalc. Loin d’obtenir mitigation de sa peine, magis ac magis punietur, parce que semper crcscil pœna a culpa. D’autre part, il sera puni davantage après le jugement ; tune Dcus puniet perse, non per ministros. Quelques-uns pensent que, depuis la passion, Lucifer a été jeté en enfer. Mais il est maintenant in acre caliginoso ; après le jugement, il ira dans l’enfer. Nondum patitur diabolus tenebras exteriores, quia noniium omnino obliviscitur Deum, c. iv, col. 945-951. Les ordres angéliques étaient-ils constitués avant la chute ? On lit : De singulis ordinibus cecidcrunl. Quelques-uns font de Lucifer un séraphin. Non ila distincti ab initio suse créai ionis. Que penser du 10’ordre tombé’.' Il n’y a pas eu dix ordres, mais neuf. lui angeli ceciderunt quod ex eis possei decimus ordo constitui. S’ils avaient persévéré, il n’y aurait cependant pas eu un 10" ordre. Il y aura au ciel plus d’hommes élus que d’anges tombés. Lucifer était le plus excellent des anges, c. v, col. 953-954. Les anges mauvais sont députés par Dieu, dit-on, pour le mal et on cite l’exemple des prophètes d’Achab. Dieu leur permet d’agir pour punir ou châtier les hommes, mais il ne veut pas le mal, et Pierre de Poitiers résout les objections contraires, c. vi, col. 957-056.

Guillaume d’Auvergne.

L’évêque de Paris, qui condamna le sentiment de ceux qui prétendaient que mon a été créé marnais, voir d’Argentré, Collectio judiciorunif Paris, 17-2^, t. i, p. 186, s’est occupé Ion nt. m. lis obscurément et sans ordre, des anges . i j démons dans ion trait* Di Non seule ment il ne distingue p ; is li i qu’il

traite, il mêle encore aux questions théologiques beaucoup de légendes populaires, Pour lui, le péché du

pre i n I orgueil, il 1 1… i ii Opéra om iiiu, m fol., Venise, 1591. p B48. i, o quoi s consi^ péché’l’i nette voluit 391 DÉMON D’APRÈS LES SCOLASTIQUES ET LES THÉOLOG. POSTÉRIE1

ipsum Dei Filtuni imitari voluisse. Unde fuit ausus non subesse creatori ? Ipsum prseesse tanta libidine ci placuit ut subesse von curaverit, adhærens ipsi prœesse amore. Comment en esi-il arrivé là? Inflammalus falsa pulchriludine et illusoria delectatione fuisse denominationis, c. i.vni, p. 849, 850. Aussi a-t-il été profondément perverti par l’orgueil. Apres cela, il a envié le Fils de Dieu, ayani vu que son règne devait se répandre parmi les hommes. Toutefois, il n’a pas été jaloux de sa gloire ni de sa divinité. Ambitieux adversus creatorem, il n’est pas loin de la probabilité qu’il a voulu être honoré comme Dieu, c. lix, p. 852854. Quant à la multitude des anges déchus, nonintendebal aliquid in creatoris injuriam altentare, cum sciret se contra eum penitus non jiosse. Bien que le premier ange ait eu la présomption d'être ohéi par beaucoup et de commander, il ne suggéra pas aux autres anges et il ne leur persuada pas non plus de l’adorer comme le Très-Haut. Son ambition ne fut que l’occasion de leur péché. Leur sédition s’est faite sans contrat. Chacun a péché par sa volonté, l’appliquant au faux bien, c. lx, p. 851, 830. Us ont admiré la sagesse prééminente naturelle du premier ange et se sont enorgueillis, c. i.xi, p. 857. Dieu ne leur permet pas de faire tout le mal qu’ils voudraient, et leurs pouvoirs sont limités. Surit in aère usque in dieni judicii, c. lxii, p. 859, 871. Ils sont dans la région inférieure et ténébreuse de l’air, a qua in cselitm ut expulsi transcendere non valent. Leur exil est perpétuel. Guillaume explique longuement la présence de Satan au conseil des anges et l’envoi d’un esprit de mensonge par Dieu aux prophètes d’Achab, ainsi que les apparitions des démons, qui n’empêchent pas qu’ils habitent dans la partie inférieure de l’air, c. xciii, xciv, p. 892, 893. Ils y sont légion et ils y tentent les hommes par permission divine, c. xcv, p. 893. Dieu leur maintient leurs pouvoirs, qui, cependant, sont incomparablement diminués, détériorés, liés et soumis aux bons anges, c. cxvii, cxviii, p. 910-911. Dieu permet à ces bêtes d’attaquer les hommes pour dévorer les impies (œuvre de justice) et pour nous inspirer une crainte salutaire (œuvre de piété), c. clxiii, p. 955. Dans la 11* lll a, c. i-iv, p. 957-961, Guillaume montre comment chacune des facultés naturelles des démons est diminuée et détériorée. Il explique par l’obscurcissement de l’intelligence, l’infatuation du chef des démons. Maximis bonis prseditus fuit et in donis creatoris præstantissinius. Par suite, son péché d’orgueil fut plus grand que celui des autres anges, qui n’ont fait que participer à sa faute en y consentant : Tanla quippe malignitate sitecensi sunt adversus creatorem et homines, ut libertatem arbilrii qnodammodo amiscrint. Ds se réjouissent de tout le mal qu’ils font, p. 961, 962.11s n’ont pas toutefois de pouvoir sur les bons. Ils sont nombreux et se trouvent partout. Us ne tombent pas tous les jours du ciel, ni de nouveaux ne sont pas créés tous les jours, comme d’aucuns le disent. Ils ne sont pas divisés en douze ordres, comme un écrivain l’a prétendu ; ils ne forment pas non plus des ordres contraires à ceux des bons anges : il n’y a pas d’anliséraphins, etc., c. VI-X, p. 965-976. Comme ils sont orgueilleux, ils sont toujours en querelle entre eux ; cependant, leur malignité les empêche de se révolter contre leur prince, quoiqu’ils lui soient soumis comme à un tyran. Les démons supérieurs punissent les inférieurs, c. xiv-xvi, p. 981-985. Ils souffrent des peines corporelles, c. xvii, p. 987. A propos de démons incubes et succubes, Guillaume signale la leçon « anges de Dieu d de (It’ii., vi. Bien qu’il admette l’existence des incubes et des succubes (voir c. ii, p. 958-959. l’explication du fait, produit non par convoitise, dont les démons ne sont pas capables, mais plutôt par malice pour souiller leurs victimes), il déclare impossible la

génération des géants par le commerce des anges avec des femmes, c. xxv, p. 1006.

.'S" Alexandre de Hoirs. ~ Le célèbre franciscain est plus sobre et plus didactique. Il parle des (binons en passant, lorsqu’il traite des anges. A propos de la prévoyance des anges, il déclare que les mauvais n’ont pas prévu leur chute ; tout au plus auraient-ils pu le faire, ea sallem raiione quod judicia Dei abyssus mulla et investigabiles vise ejus. Il explique la raison qu’en a donnée saint Augustin, à savoir qu’ils n’avaient pas scientiam deiformem. Dieu aurait pu la leur r 1er, mais cela n'était pas expédient. Summa theologix, part. 11, q. xxv, m ii, ni, Venise, 1575, p. 16. Ils peuvent connaître l’avenir conjecturaliter semper et subobscure, nique aul ex diulurna experientia aul ex acumine intelligentice aul ex revelatione supi spirituum, q. xxvi, m. iv. Ils ne sont pas devenus mauvais au moment même de leur création ; les deux instants sont distincts. D’où on suppose qu’il y a eu niorula quædam intermedia, in qua moverent nr motu naturali tantum, tuni secundum afjectum, tum secundum intellectum, nec tamen mererentur nec demererentur. Les instants ont pu être contigus. Néanmoins, on dit : Non statim fùerunt mali, ce qu’il faut expliquer : repente ou statim post. Il suffit d’un temps imperceptible, q. xxix, m. i, a. 7, p. 54. Dœmones naturali dilectione, etsi mm aclualiter, liabilualiter tamen Deum diligunt, se vero eliam actualité)-, q. xxx, m. ni, p. 58. Eliam malos Deus miltit, nec ideo perdit, sicut illi profecto perderunl. Quand leur action est nuisible, il dirige leur mauvaise volonté vers le bien, en permettant l'épreuve des bons, q. xxxvi, m. ii, p. 65. Præsunt ruait sibi invieem anle diem judicii ; mais après ce jour, il n’y aura plus entre eux de préséance, q. xxxvii, m. ni. p. 66.

Saint Bonavenlurc.

Le docteur séraphique développe davantage la doctrine sur les démons dans son Commentaire des Sentences, Opéra. Lyon. 1668, t. iv, p. 29-115. Il déclare impossible que Dieu ait créé l’ange mauvais. Celui-ci n’a donc pas péché statim a primo inslanli, et saint Conaventure admet aussi qu’il y ait eu quædam parvula monda. In IV Seul., l. II, dist. III, part. II, a. 1, q. i, n. Pas plus que les autres anges, il n’avait été créé in statu beatiludinis, ni en l'état de grâce sanctiliante, dist. IV, a. 1, q. I, n. Il n’a pas pu avoir une prescience certaine de sa chute, a. 2. q. n. Le péché des anges a commencé par là présomption, a été complété par l’ambition et confirmé dans l’envie et l’aversion de haine. Le premier péché a donc été un péché d’orgueil. Lucifer, rendu présomptueux à cause de sa beauté, appeliit quod supra se fuit et ad quod pervenire mut polerat. L’ambition l’a rendu envieux, lui quoi consista au juste son désir ? Il a désiré égaler Dieu quodam modo sequiparantise et quodam modo imita tionis. Quelle était la ressemblance avec Dieu qu’il désirait ? Celle-ci : eum sua auctorilate (de Dieu) aliis præesse, et ce ; , , itis

et datore, donc propria auctorilate, nullique subesse, dist. V. a. 1. q. i. ii. Les anges inférieurs ont aussi péché par orgueil, non tantum consentiendo au péché de Lucifer, sed sibi quoque e.rcellenliam appetendo, ad quam non passe sine ïpsius Luciferi sublimitate pervenire putaverunl. Les relations de leur péché avec celui de Lucifer furent, (uni quoad gravilatem

! t (le premier fui plus grave), tant quoad occasiom’tit (il servit d’exemple aux autres), tum quoad tht(il a précédé le leur. a. 2. q. l, il. Quant à

leur condition antérieure. Lucifer, quantum ad capacitatem vatunv, futurus crat de primo beutarum mentium ordine : qui, sistetisset, merito gratta inter printos annumerattts fuisset, dist. VI. a. 1, q. i. Les autres anges déchus étaient de tous les ordres. comme l’a dit Hugues de SaintVictor (en réalité, son 393 DÉMON D’APRÈS LES SCOLASTIQUES ET LES THÉOLOG. POSTÉRIEURS 394

disciple, auteur do la Summa sententiarum, copiant Hildebert du.Mans), q. n. Quant au lieu qu’occupent les démons, locus, antediem judicii, non est infernns subterraneus, sed aer caliginosus, licet probabile sil nonnullos eorum ad torquendas animas en descendre, a. 2. q. I. Licet nonnulli satis probabilité)' senserint malus angelos ubique et ante exlremi judicii diem infernali cruciatu torqueri, aliis tamen probabilior censetur sententia dicentium po’nam ignis usque ad novissimum diem illis differri, q. il. Juter mil, '* est onlo seenndum prxcellenliam natura, i, sed tamen perversus adjunctione cu ! parum, a.3, q. i. lut, r, ; >s est prselatio. Ils essaient d’imiter les bons anges, mais ils le font faussement et imparfaitement, et ils attaquent les hommes, q. H. Leur volonté ne peut être rectifiée de potentia. Dieu pourrait, absolument parlant, leur rendre la bonne volonté ; mais ils ni' peuvent se repentir, et le temps de la conversion et du mérite est passé pour eux, dist. VII, part. I, a. 1, q. i. Ils ne veulent que le mal. q. ii, m. Cette obstination dans le mal leur enlève le libre arbitre, quoad usum ; elle ne diminue pas Uberlalis dominium quant -sence, mais bien quant au sujet, a. 2, q. H, m. Le jugement de leur intelligence est un peu obscurci depuis leur faute ; leur jugement pratique est entièrement perverti, part. II, a. 1. q. i. Ils n’ont rien oublié, sinon la nécessité de faire leur salut et les bienfaits de Dieu, q. il. Ils n’ont pas une connaissance certaine de l’avenir ; ils peuvent parfois le prédire, en raison de l’acuité de leur esprit, de leur expérience et de leur ruse, q. ni. Ils sont incorporels, dist. VIII, pari. I. a. I, q. i. Voir un substantiel résumé de toute la doctrine de saint Bonaventure sur les (binons dans son Breviloquium, part. II. e. vii, Lyon, 1568, t. vi, p. Ui-17.

[Ibert le Grand. — Si de l'école franciscaine

i s passons à l'école dominicaine, nous constatons

ptalion d’opinions différentes sur divers points.

Le lî. Albert le Granda traité' du diable et des démons

dans -on Commentaire des Sentences, I. II. dist. III IX. Opéra, Puis. 1894, t. xxvii, p. 82-208, et dans sa

Somme théologique, tr. V, q. xx-xxv ; tr. VI, q. xwi xxvii ; tr.. q. xi.ii, ibni.. 1895, t. xxxii, p. 251-289,

03. Tous les anges ont été créés en état de grâce.

//- M' Sent., l. II, dist. III, a. 1-2, t. xxvii, p., s-2-s : ». Dieu

n’a pas pu créer un ange mauvais, a. 13, p. 85-88. L’ange

a-t-il été mauvais simul ac creatusf Muni fuit. a. li

Les l " 'Usanges seuls, confirmés en union avec Dieu,

onl été bienheureux, dist. IV. a. -i. p. 106. L’ange déchu

pan pu prévoir -a chute, pour la raison donnée

pu saint Anselme, a. 3, p. 107-108. L’ange a pu tomber,

V. a. I. p. I lu 1 1 1. Quel fut le premier péché de

Jeil : appelilUt dignitatis iml,

p. 1 1 II 13. C’est le sentiment d< saint Augustin,

ainl Vnsel t de -nui Gn --ne li Grand, I ». Sum. tin ; , t., tr. V. q. xi. m. n. t. xxxii, p. 260. Quid appeliitpec.uni Augustin et saint Anselme ; Albert répond que le démon.i di lire <</ '"/ qu nitsel,

si ttetissel, donc la simpl lion ou béatitude. Sa

faut-.|.i voulu avoir « se qu,

lite il.i voulu ttatim rapere b allerius gratia ctandum.

Il " - ibler a Dieu ni par équi té, '/ » <'/ /, , , „, ,), r, i, , t l, i, ilti, , , p0886

/ ni, ut. Relativement

.i Dieu, n iniii ', , , vi ' prmtulU voluntati

heureux de lui >, , . n ndum 'iin, i r, , ! , , , ! , fualis, I. 11. disl V, a. :  ! . p. I H. Vola

potetlaU

m. [lu ; , t., tr. V, q. l. m. I. p

a. i. p. 115. Il fut dès lors obstiné dans le mal ; il a eu la liberté, a été in via, mais maintenant immobilité)' voit malitm, a. 6, p. 120. Dicendum absqicë scrupulo quæstionis, iste Lucifer fuit de superioribus vel simpliciter superior, dist. VI, a. l, p. 127. Princeps, excellentior omnibus, tr. Y, q. xx, m. i, p. 251. Quant aux anges inférieurs, en quoi consiste leur faute ? Omnes voluerunt aliquid altius quam creati sunt, et ils ont voulu l’obtenir par l’exaltation de Lucifer, comme des chanoines qui ('disent à l'épiscopat un indigne, parce qu’ils en attendent des faveurs. En résumé, appetierunt altitudinem et consenserunt illo (à Lucifer), a. 2, p. 128.

Quel fut le rôle de Lucifer dans leur chute'? Il n’agit pas sur eux par acte de persuasion, sed unusquisque propria voluntate consensit ei. Videntes enim decorem ejus in naturalibus, dignum scqualilate Dei rcpulaverunt et quod propria potestate regeret et se el alios, nulli subjectus. Sa persuasion ne fut qu’occasionnelle, tr. V, q. xx, m. ii, p. 255. Telle fut la queue du dragon qui les entraîna. Ils consentirent à son désir en même temps que ce désir était produit, simul tempore, sed u<m causa vel natura, dist. VI, a. 3, p. 129. In solis naturalibus conditi sunt ; ils perdirent donc leur innocence ; non ceciderunt a gratia quam accepinri erant si stetissent, tr. V, q. xxii, p. 265. Cf. tr. IV, q. xviii, a. 1 ; l. II, dist. VI, a. i. p. 131. Le combai de Michel ne peut se rapporter à la chute des anges, puisqu’il a eu lieu dans l'Église, selon la Glosse, tr. V, q. xxiii, ». 266. Quand sont-ils tombés ? Incertum est el non determinatum. Ce qui est certain, c’est qu’ils ont été créés bons et que, volontairement dépravés, ils sont tombés du ciel, q. xxiv, p. 268. Ils avaient, été créés pour habiter le ciel empyrée ; par leur faute ils onl mérité d’habiter l’enfer, mais, en raison de leur office, ils sont dans l’air ténébreux près de nous pour nous tenter. I. II. dist. VI, a. 6, p. 132-133. Ils sont dans l’air usque in diem judicii, tr. V, q. XXV, m. iii, p. 285, Habent ignem corporeum secum et in se succensi sunt illo igné, l. ii, dist. VI, a. 7, p. 136. l’n démon, vaincu par un saint, peut-il en tenter un autre pour le même péché? Ego confiteor me nescire quid île ista quæstione sii nerum, sed judicio Dei sit relinquendum, a. 'K p. 138. Quant à leur état ac tuel, les dé us onl h' même libre arbitre qu’avant

la chute, quoique leur liberté soit, selon saint Anselme, moins grande que celle des anges. Ils ont une science naturelle et acqui le et ils peinent de quelque manière connaître l’avenir, dist. VII. a. 1-5, p. [43-149. Lucifer se complait toujours dans sa faute, mais il a horreur de la peine qu’il subit. Tout ce qu’il délibère et tout ce qu’il fait est mal ; il n’a aucune vertu. La cause de son obstination est double : son endurcissement dans le mal et la punition de sa finie par Mien. Il n’a pas de

puissance sensible naturelle, mais bien furor irrationabilis, démens concupiscentia, phantasia proterva, La syndérèse lui reste mi affliclionem et tristiliam con scientise, tr. V. q. xxv, m. i, ii, p. 271 384. Les anciens axaient des ais différents sur les corps des anges ; il n' a pas il doute qu’ils ne soient des substances spirituelles et pas des col’punis à une àmc. dist. V 1 1. a. I, p. 168. Cependant. A 1 1 km I ajoute an SUJCl de leur

pouvoir d’engendrer, eritatem quid

lin-mu ; il lui paraît toutefois pluprobable d’ad ttre

l’existence di d iueui.es, i succubes.., . 5.

p. 175. Les ordri [ues n'étaient pas constitués

a l’origine ; don.- le chus n’appartenaient à

aucun ordre. Sum. tkeol., Ir.. q. xi ii, m. i. p. 600,

Le n bn mnu de Dieu seul.

m. iii, p. 503, ainsi que le i i >re des élus qui doivent

i i — ' de hoc, nullus potesi

. a. s, p. 208. Comme / I a

i. il i di T95 DÉMON D’APRÈS LES SCOLASTIQUES ET LES THÉOLOG. POSTÉRIEURS 396

secundum ordinem tentationis. Suni. theol., tr. VI.

q. xxvi, m. i. p. 289.

Saint Thomas d’Aquin.

Il adopte et développe le plus souvent les sentiments de son maître Albert le Grand. Sa doctrine sur les démons se trouve surtout dans le Commentaire sur les Sentences, l. II, disl. III-VII, et dans la Somme théologique, I a, q. lxiii-lxiv. Il signale trois opinions sur la question de savoir si un ange peut être mauvais a principia sux creationis. La première prétend qu’il a été créé mauvais ; elle est hérétique et impossible, car Dieu ne peut créer que des êtres bons. Suivant la seconde, il a été mauvais ab inilio, non pas de la part de Dieu, sed actu propriai voluntatis ; cette opinion est vaine, parce qu’elle est sans fondement ; elle est erronée, voisine de la première opinion et condamnée par les maîtres ; elle est fausse enfin, parce qu’il est impossible qu’un être libre soit mauvais tout de suite après sa création, car sa volonté doit désirer le vrai bien avant le bien apparent. Il faut donc admettre la troisième opinion, qui nie qu’un ange puisse être mauvais dès sa création. In IV Sent., l. II, dist. III, q. 11, a. 1 ; Sum. theol., I a, q. lxiii, a. 5. L’opinion la plus probable et la plus conforme aux paroles des saints est que le diable a péché aussitôt après le premier instant de sa création. Et il faut nécessairement le dire, si on admet qu’il a fait alors un acte libre et a été créé en état de grâce. En effet, s’il avait fait un acte méritoire, il aurait acquis la béatitude, s’il n’y avait mis aussitôt obstacle par son péché. Voir t. i, col. 1238. Mais si l’ange n’a pas été créé en état de grâce ou s’il n’a pu faire au premier instant de son existence un acte libre, rien n’empêche d’admettre quelque intervalle entre la création et la chute, a. 6. Les anges déchus n’eurent pas la prévision certaine de leur faute, qui dépendait de leur libre arbitre ; ils ne l’ont pas même conjecturée. Ils pouvaient prévoir seulement qu’ils pouvaient tomber. Seule, une révélation divine aurait pu le leur apprendre ; elle n’était pas congrue. In IV Sent., l. II, dist. IV, a. 2. Il est certain pour tous les catholiques que des anges ont péché et sont devenus des démons. Il est difficile de voir comment ils ont péché, parce qu’on ne comprend pas comment ils ont pu se tromper dans le choix qui a décidé de leur sort. Ibid., dist. V, q. i, a. 1. Dans la Somme, I a, q. lxiii, a. 1, saint Thomas a déclaré que l’ange, comme toute créature raisonnable, peut pécher en raison de sa nature. Quant au péché du diable, saint Thomas dit ce qu’il n’est pas, avant d’en déterminer l’objet précis. Il a été un péché d’orgueil, puisque le diable a refusé de se soumettre à son supérieur, lorsqu’il devait le faire. L’envie toutefois a pu suivre l’orgueil, soit contre l’homme, par douleur de son bien, soit contre Dieu lui-même, parce que Dieu tire sa gloire de son excellence propre contre la volonté du diable, a. 2. Mais l’orgueil du diable, tout en consistant à lui faire désirer d’être comme Dieu, ne l’a pas poussé à vouloir égaler Dieu. Le diable savait naturellement que cette égalité était impossible, et il n’a pas pu désirer l’impossible. Cette égalité eût-elle même été possible, l’ange ne l’aurait pas désirée, car aucune nature ne peut désirer s’élever à une nature supérieure. Quant à la ressemblance avec Dieu, il aurait pu désirer la recevoir de Dieu. En désirant la recevoir propria virtute et non virtute Dei, il aurait péché. Mais il a péché, en réalité, en désirant avoir une propriété de Dieu, non pas toutefois celle de n’avoir aucun supérieur, qu’il est impossible de réaliser dans une créature, mais celle de parvenir de lui-même à sa béatitude naturelle, ne voulant pas de la béatitude surnaturelle, qui lui aurait été donnée par la grâce de Dieu, ou voulant obtenir cette dernière béatitude, non de la grâce divine, mais de sa propre vertu, a. 3. Cf. dist. V, q. I, a. 2, 3. Voir t. i, col. 1238. L’opinion commune, qui tient Lucifer poul ie premier des anges, est probable, à cause des autorités qui la professent, et des raisons qui l’appuient, en particulier parce que, pour céder à l’orgueil, il faut être supérieur aux autres, dist. VI. q. i. a. I. Or. les anges étant libres, leur chef n’était pas naturellement porté au mal, et on explique sa chute avec plus de probabilité, par le motif tiré de sa propre excellence : ce qui prouve que Lucifer était le premier des anges, a. 7. Les autres anges n’ont pu être naturellement mauvais. Étant des substances intellectuelles, nullo modo possunt liabcre inclinalionem naturalem in’aliquod qwnicumque malum, a. 4. Cf. Cont. gent., l. III, c. cvi. Ils le sont donc devenus. Saint Thomas en démontre la possibilité. Cont. gent., l. III, c. cviil-CX. Ailleurs, il en recherche la cause. C’est Lucifer, cause, non quidem agens, sed quadam quasi exhortatione inducens. Ils se sont soumis à lui, parce qu’ils ont cédé à ses suggestions. Toutefois, ils ont péché en même temps que lui. parce qu’ils ont consenti (acte pour eux instantané) à sa faute à l’instant où il la faisait, et tout en péchant par orgueil, ils ont accepté Lucifer pour leur chef, afin d’obtenir, comme lui, la béatitude suprême par leur vertu naturelle. Siun. theol-, I a, q. LXIII, a. 8 ; In IV Sent., l. II, dist. VI, q. i, a. 2. Le nombre des anges tombés a été moindre que celui des anges demeurés fidèles. Le péché est contraire à l’inclination naturelle. Or ce qui est contraire à la nature se produit in paucioribns, car la nature obtient son effet ou toujours ou dans le plus grand nombre des cas. Sum. theol., I a, q. lxiii, a. 9. C’est ainsi qu’un raisonnement sert à trancher une question diversement résolue par les Pères.

En raison de leur faute, les démons doivent habiter l’enfer, lieu horrible et ténébreux. Mais, parce que Dieu veut se servir d’eux pour éprouver les hommes, ils sont dans l’air ténébreux, et il y en aura jusqu’au jour du jugement, tant que durera l’épreuve. Cependant quelques-uns sont déjà dans l’enfer, pour y tourmenter les âmes des damnés ; après le jugement, tous y demeureront. On ne peut pas dire que, pour eux, la peine sensible soit différée jusqu’au jugement. Cela paraît être contraire aux paroles des saints et au fait que lésâmes des damnés souffrent déjà en enfer. Quant à la manière dont ils souffrent de ce tourment, saint Thomas a eu deux opinions successives. Dans le commentaire sur les Sentences, l. II, dist. VI, q. i, a. 3. il pensait que le feu de l’enfer agissait sur eux à distance. Dans la Somme, I a, q. lxiv, a. 4, tout en continuant à nier le contact immédiat du feu, il proposa une autre explication. Ainsi quelques-uns pensent qu’ils portent partout avec eux le feu de l’enfer ; mais, comme ils sont incorporels, ils ne peuvent porter un feu corporel. Il vaut mieux dire qu’ils brûlent de ce feu, bien qu’ils n’y soient pas liés, ou mieux, bien qu’ils n’y soient pas attachés, leur peins n’en est pas diminuée, parce qu’ils savent qu’elle leur est due. Il y a trois opinions sur la question de savoir si les démons, vaincus par les hommes qu’ils tentent, continuent à tenter d’autres hommes ou descendent immédiatement en enfer. Quid tamen horion vertus sit, incertum est, quia nec ratione nec auctorilate multum cou/irmari potest, dist. VI. q. i. a. 5. Il doit y avoir entre eux un certain ordre ; c’est conforme à leur nature, à la sagesse divine, qui les emploie à éprouver les hommes, et à leur malice, qui les fait se grouper pour attaquer avec ensemble et suite, a. 4. Quant à leur situation après la chute, leur connaissance naturelle ne leur a été ni enlevée ni diminuée ; leur connaissance spéculative et surnaturelle des secrets de Dieu a été diminuée, et la connaissance pratique surnaturelle, qui leur aurait fait aimer Dieu, leur a été totalement enlevée. Leur volonté est obstinée dans le mal. Cependant, quelques-uns de leurs actes peuvent être bons ex génère suo ; leurs actes délibérés sont tous 397 DÉMON D’APRÈS LES SCOLASTIQUES ET LES THÉOLOG. POSTÉRIEURS 398

mauvais. Ils souffrent d’envie, en ce qu’ils voudraient voir les élus se damner ; ils sont privés de la béatitude, qu’ils désirent naturellement et beaucoup ne font pas tout le mal qu’ils voudraient faire. In IV Sent., l. II, dist. VII, q. I, a. 2 ; q. il, a. 1 ; Sum. theol., I a, q. LXIV, a. 1-3. Même, quand ils ont pris un corps humain, ils ne peuvent engendrer. Un démon, successivement succube et incube, ne peut engendrer non plus. S’il le pouvait, persemen viri, il n’engendreraitqu’un homme, ainsi qu’il est dit des géants. Gen., vi. i. In IV Sent., I. II, dist. VIII, q. il.

7 Duns Scot. — Le docteur subtil, ayant sur plusieurs questions philosophiques un sentiment différent de celui de saint Thomas, a aussi sur les démons des opinions divergentes. Il les expose principalement dans son Commentaire sur les Sentences, l. II, dist. I V-VII, Opéra, Paris. 1893, t. xit, p. 291-372, et dans ses Reportata, l. II, dist. IV, VI, VII, 1904, t. xxii, p. 601-625. Il réfute longuement les opinions de saint Thomas. 11 admet pour les mauvais anges la possibilité d’avoir été misérables miseria pœnse et culpæ dès le premier instant de leur création (ce que n’admettait pas saint Thomas), parce que toute volonté peut mal agir dès le premier instant. Voir t. i, col. 1236. En fait, il y a eu, non seulement un intervalle entre leur création et leur chute, mais plusieurs, qu’ils aient été créés ou non dins la grâce, ce qui est problématique. Ils ont commis plusieurs péchés d’espèces différentes, avant d'être obstines dans le mal. Quant à l’objet du péché de Lucifer, Scot estime, à rencontre de saint Thomas, que Lucifer a pu désirer égaler Dieu, non pas sans doute d’un vouloir efficace, qui ne pouvait pas se réaliser, mais d’un simple désir de concupiscence, et tanto desiquanto concupiscerel, si essel sibi /lossibile. En d’autres termes, il n’a pas cherché à devenir l'égal de Dieu, ce qui est impossible ; il l’a cependant parfaitement voulu. Sa volonté est demeurée, en fait, une velléité. On dit généralement que ce premier péché' fut un péché d’orgueil. Mais l’ange a désiré son avantage, la béatitude, d’une façon immodérée et désordonnée, en ant l’amour ( ! < soi jusqu'à la haine de Dieu. Sa faute n’a donc pas été une faute d’orgueil à proprement parler, il n’a pas désiré sa propre excellence pour elleméme, ted propter delectationem quant imporlabat. [uent, sa faute se rapporte plutôt à la luxure. Voir t. i. col. 1239. Il a faitplusîeui successifs

dont il aurai) pu se repentir. Il a débuté' par un amour immi i il a consommé sa malice par la

haine de Dieu, parce que Dieu résistai ! à Bes désirs.

seulement de ce dernier vient pas di Dieu, - 1 1 1 <.n permissive. Dieu ne peut p ia, donner au

a, i resurgendum. lu f.iit donc, Satan

est dey< nu impénitent et il demeure nécessairement

le péché. Cependant, contrairement à l’opinion de

i de Henri de Gand, il peut vouloir

quelque i, i. ii, t lain di - actes bons, quoique par ma complisse probablement aucun. Il a

i qu’il puisse se disposer à la grâce. Il peut an ritei

ta : il n’y a pas de répugnance intrin ii mérite. Sa volonté ne veut pa uécessaire I le mal. i Ile ne p' m pas s être toujours pou

luoiqu’il ne pui lire un acte o

m point de ue moral. Il ne peut ci

peine, mén ai i idi nti lit m ir un nouveau demi i lu Voii t. i. col. i in lu puis t ut. — A partii de o th

ilisiin rtiennent à 1 école domini*

oii iiiomi t. ou bien i fi anciscaine ou

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système intermédiaire, en empruntant quelques traits à ses prédécesseurs, en y joignant des vues personnelles. Après lui, les docteurs adoptèrent son sentiment ou reprirent quelqu’un de ceux qu’ii avait réfutés.

Suarez.

Il a consacré deux livres entiers, VII et VIII, de son traité De angelis aux mauvais anges, étudiant successivement leur chute et leur faute, puis leur punition et la guerre qu’ils font à Dieu et aux hommes. Opéra omnia, Paris, 1856. t. ii, p. 791-1099. Il est de foi catholique qu’il existe des démons ou anges mauvais, et il n’y a pas eu d’anges terrestres qui auraient engendré les géants. Cf. I. I, c. vi, n. 31. C’est une hérésie des manichéens et des priscillianistes de prétendre que les anges étaient mauvais de leur nature. Les anges sont devenus mauvais par leur volonté propre ; d’ailleurs, aucune créature raisonnable ne peut être créée impeccable. Voir t. I, col. 1237. Les anges n’ont péché ni par ignorance ni par inconsidération ; ils ont pu pécher par orgueil et. contrairement à ce que pense Duns Scot, ils ont réellement péché par orgueil. Mais Suarez admet avec Scot que le point de départ de ce péché a été l’amour désordonné de soi, amour à la fois d’amitié et de concupiscence, et amour de sa propre excellence (dernier point que Scot déclarait impossible). En quoi Lucifer a-t-il recherché' et désiré' désordonnément sa propre excellence'.' Suarez discute les diverses hypothèses proposées avant lui, et d’abord, celle du désir désordonné de la béatitude naturelle, avec les différentes manières de l’expliquer. Aucune ne peut rendre compte du péché d’orgueil, qui fut celui de Lucifer ; elles lui attribuent d’autres fautes, la pusillanimité ou la paresse en face de la béatitude surnaturelle, OU la simple complaisance dans la béatitude naturelle. Le désir désordonné de la béatitude surnaturelle n’explique pas non plus la chute de Lucifer, qu’il ait voulu obtenir cette béatitude par ses seules forces naturelles et sans la grâce de Dieu, ou sans l’avoir méritée ou encore sans avoir pensé à la mériter. Ce désordre n’a -n, iv été' possible dans l’intelligence d’un ange ; l’eûtil été, il n’aurait pas constitué un péché d’orgueil, ni même un péché grave. I. explication de Duns Scot n’est pas plus acceptable, aux yeux de Suarez. que celle de saint Thomas. Il en discute les arguments. La velléité de s'égaler à Dieu, si elle a existé, ne paraît pas constituer une faute grave, parce qu’elle porle sur une impossible, à laquelle Lucifer se serait complu

en passant. On ne rendrait sa faute grave qu’en supposant qu’il - i -i déli clé dans l’objet de cette velléité : ce qui sérail possible dans un ange déjà dépravé, mais ce qui ne peut guère constituer le premier péché' d’une intelligi ace non encore corrompue. En fait, le péché de Satan n’a pas été mie -impie velléité, mais bien un acte de volonté, tendant à l’exécution. Il n’a donc pu se porter sur le désir d'égaler Dieu, dont la réalisation était impossible. Suarez adhère ensuite, comme à la plus probable, à l’opinion de quelques théologiens récents, su i va ni laquelle Lucifer a péché en désirant désordonnément l’union hypostatique du Verbe de Dieu avi nature angélique. Cette opinion est admissible seulement dans l’hypothèse que Dieu a révélé aux anges le mystère de l’incarnation, hypothèsi à laquelle se rallia le ihéolo) " n espaj ool, tout en apportant divi i modifications. Lucifer a désiré l’union hypostatique du Verbe », c lui, parce qu’il j voyait une prééminence à acquérir. Il a donc commis li | rgueil au sujet

de la divinité, « pie les Pèrei lui reprochaient, commettre aucune erreur d’appréciation, puisque la révélation divine lui avait appris la possibilité de l’union hypostatique. II a inlon i omme

ii n..il. à i n. Mm puis me lui étant due.

enfin comme lui étant reluséi injustement poui cordée > la nature humaine, fouie autre excellet telle que celle de l’indépendance relati ni > Dieu 399 DÉMON D’APRÈS LES SCOLASTIQUES ET LES THÉOLOG. POSTÉRIEl RS

WO

ou cpllf de l’ambition <1<' commander aux autres, n’a pu être l’objet de l’orgueil de Lucifer, puisqu’il savait que, comme créature, il était infiniment au-dessous de Dieu, et puisqu’il avait déjà le droit de commander aux autres anges, auxquels il était supérieur par les dons de la nature et de la grâce. Suarez examine ensuite quels péchés, autres que l’orgueil, Lucifer a pu commettre, tandis qu’il était encore in via, et il lui attribue divers péchés d’orgueil, la présomption, l’ambition, la vaine gloire, puis l’envie contre le Christ, devant s’unir hypostatiquement à l’humanité, pas toutefois l’impatience, mais plus probablement la colère et la haine contre le Christ et contre le genre humain, et d’autres péchés encore. Quant à la condition première de Lucifer avant sa chute, il n’appartenait pas aux ordres inférieurs de la hiérarchie angélique ; il était de l’ordre des séraphins, qui est le plus élevé ; il n'était pas cependant le plus parfait de cet ordre, et Michel, par exemple, pouvait être son égal.

Il est de foi que beaucoup d’anges ont péché, et il y en eut de tous les ordres. Leur nombre fut grand, inférieur cependant au nombre des anges demeurés fidèles. Ils ont été induils au péché par Lucifer, non pas seulement par l’exemple, mais par la persuasion, exprimée en paroles. Voir t. i, col. 1240. Us n’ont pas péché par concupiscence, dont ils sont incapables, cꝟ. l. I, c. v, mais par orgueil. Leur orgueil n’a eu pour objet ni la béatitude naturelle ni la béatitude surnaturelle ; il n’a pas été non plus l’assentiment au péché de Lucifer, qu’il soit le désir de l’indépendance ou celui de la domination, mais l’assentiment à son désir de l’union hypostatique. Comme lui, ils jugèrent que cet honneur aurait dû être réservé à l’un d’eux, à leur chef. Lucifer leur en avait donné la persuasion. Mais s’il a péché avant eux (selon notre.manière de concevoir le temps), ils sont tombés tous ensemble. Le péché des anges supérieurs a été plus grave que celui des anges inférieurs, parce qu’ils étaient plus instruits et plus forts. Il a été commis dans le ciel, où ils avaient été créés, et aucun n’a pu le faire au premier instant de sa création (nonobstant tous les arguments contraires, que Suarez discute longuement), ni aussitôt après sa création (in secundo instanti), sans qu’il y ait eu quelque intervalle, au moins très court. Si les anges ont été créés au commencement du premier jour de la création, il est plus probable aussi qu’ils ont péché le même jour, et que l’intervalle entre leur création et leur chute n’a compris qu’une partie de ce jour.

Tous les anges pécheurs sont damnés et aucun d’eux n’a fait pénitence. Ils avaient eu cependant un très court répit pour se repentir ; mais quoiqu’ils aient pu le faire, qu’ils en aient eu la liberté, qu’ils aient même reçu un secours suffisant, ils ont manqué du secours spécial, qui leur était moralement nécessaire pour ne pas s’endurcir, et ils se sont endurcis moralement, par leur faute. Dieu n'était pas tenu de leur accorder un répit plus long ou un secours plus grand. "Voir t. i, col. 1210. Ils ont été damnés aussitôt après leur obstination volontaire, et leur damnation n’a pas été réservée au jour du jugement. Suarez ne trouve même pas le sentiment contraire exprimé' par les Pères ni par aucun auteur catholique. Dien que les démons soient punis par l’aveuglement de l’esprit, ils ont cependant gardé leur intelligence naturelle, mais ils sont privés de toute connaissance surnaturelle. Leur obstination dans le péché rend impossible toute réintégration dans leur premier état ; ils sont dans l’incapacité de se repentir et ils ne peuvent accomplir aucun acte bon ou honnéle ; telle est la véritable cause de leur obstination. Ils sont tourmentés par un feu corporel et sensible, qui agit sur eux physiquement et matériellement leur causant une douleur réelle, et non per alligatio >ient solum. Malgré la tristesse que ces souffrances ipportent, ils peuvent goûter quelque petite joie sensible. L’enfer souterrain est le lieu de leurs tourments. Tous sont destinés à y souffrir. Quelques-uns n’en sortent jamais. Quelques autres vivent dans l’air pour tenter les hommes jusqu'à la fin du monde. Ils souffrent néanmoins la peine du feu. non pas parce qu’ils portent avec eux une partie de ce feu, dans laquelle ils seraient enfermés et à laquelle ils seraient unis, mais parce que le feu de l’enfer, rendu par Dieu capable de brûler un esprit, a reçu aussi la puissance d’agir à distance par un contact virtuel. Les anges, qui sont dans l’air, peuvent descendre à tour de rôle dans l’enfer. Il est probable que Lucifer lui-même est maintenant enchaîné, réservé qu’il est pour les combats des derniers temps. Tous les anges déchus sont sous la domination du chef, qu’ils ont suivi et qu’ils ont librement choisi. Il n’est donc pas un lran qui les domine et qui leur impose ses volontés, mais il ne peut non plus être privé de sa principauté par une rébellion des anges inférieurs. Il est probable aussi qu’il y a, parmi les démons, d’autres chefs intermédiaires, chargés d’oflîces différents et gradués. Ces charges ne proviennent ni de la nature ni de l'élection ; plus probablement elles sont une peine infligée par Dieu aux démons les plus coupables. Les ministères ne diffèrent pas suivant l’objet des tentations, mais plutôt d’après les personnes à tenter, et chaque homme a probablement, dès le moment de son animation, un démon spécialement chargé de le tenter. Chaque démon peut interrompre momentanément ses tentations, surtout lorsqu’il est vaincu. Mais il est peu probable que Lucifer ou un autre chef interdise à un subordonné négligent de continuer à tenter. Dieu plutôt peut obliger le démon à s'éloigner pour un temps. Les chefs, préposés peut-être à une cité, à une province, à un pays, interviennent directement, lorsque leur intervention est nécessaire ; mais ils excitent toujours leurs inférieurs à la lutte, en les instruisant et en les appliquant à tenter tel ou tel individu. Finalement, servata proportione, on peut dire de l’action des chefs des démons et de celle des bons anges sur les démons la même chose que de celle des bons anges les uns sur les autres. Voir t. i, col. 1244-1245. La seule différence consiste en ce que les bons anges, s’ils envoient les démons, les envoient seulement pour inlliger une peine juste et méritée, tandis que les chefs des démons envoient leurs subordonnés pour induire au péché.

.1. Schwane, Histoire des dogmes, trad. Degert, Paris, 1903, t. iv, p. 331-338 ; J. Turmel, Histoire de l’angélologie. dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, 1899, t. iv, p. 289-309, 537-550.

E. Mangknot.

Enseignement commun des docteurs.

Après Suarez, il n’y eut plus guère d’opinion nouvelle au sujet des démons, sinon sur quelques points de détail. Les théologiens postérieurs se bornèrent à choisir parmi les opinions précédentes celles qui leur paraissaient les plus probables.

I. Chute de Satan et des démons.

Tous l’attribuent à l’orgueil. Quant à l’objet du péché d’orgueil, les avis continuèrent à être partages. Les thomistes restèrent attachés au sentiment de saint Thomas. Quelques scotistes cependant se rangèrent à celui de Suarez et expliquèrent la chute par le désir de l’union hypostatique. Ainsi Frassen. Voir 1. 1, col. 1239. Estius. In IV Soit.. 1. 11. dist. VI, s 6, Paris. 1662, t. II, p. iô. adopte le sentiment de DunsScot. Voir Salmanlicenses, Cursus théologiens, tr. VII, De angelis, disp. X. dub. i-vin. n. 1-279, 21 in-8°, Paris. 1877-1883, t. iv, p. 555-684 ; Petau, Dogmata iheologica, tr. De angelis, l. III, c. n. n. 8, t. iv, p. 65-74 : Palmieri, De Dea créante et ri, Tante, part. 11. c. ii, a. 2. thés, i ix. in-8,

Rome, 1878, p. 444-446 ; Mazzella, De Deo créante, disp. II, a. 8, § 1, n. 429-433, in-8°, Rome, 1880, p. 295298. ^

2. Le chef des révoltes.

On le tient généralement pour le plus élevé de tous les esprits angéliques, ou au moins pour l’un parmi les plus élevés. Salmanticenses, Cursus théologiens, tr. VII, De angelis, disp. XII, (lui), iii, a. 7, n. 1-3, t. iv, p. 758 sq. ; Petau, Dogmata theologica, tr. De angelis, l. III, c. iii, n. 1-8, t. iv, p. 74-79 ; Palmieri, De Deo créante et élevante, pari. c. il. a. 2, thés, i.x, n. 5, p. 453 sq.

3. Le nombre des révoltés.

Il fut très considérable, sans qu’on puisse le tixer au juste.

Ces ^ révoltés appartiennent très probablement, suivant l’opinion commune, aux divers degrés de la hiérarchie angélique. Qu’il y ait eu des défections dans tous les ordres et dans tous les degrés, on le conclut de divers passages de l'Écriture. Rom., viir, 38, saint Paul désigne parmi les démons : des anges, des principautés, des vertus ; ailleurs, des archanges et des puissances. Epi, ., vi. 12. CI. I Cor., xv, 24. Ézéehieldit de même qu’il y eut des chérubins tombés, xxviii, li. 16. Salmanticenses, Cursus théologiens, tr. Vil' Dr angelis, disp. XII, dub. iii, q. i, xiii, a. 9, n. 1 S q.] t. iv, p. 761 ; Petau, Dogmata theologica, tr. De angehs, l. III, c. iii, n. 7, t. iv, p. 78.

'I. Durée de l'épreuve. - Il est impossible de savoir combien de temps a duré l'épreuve à laquelle fuient soumis les anges. Les esprits purs, ançes ou (binons, étant indépendants du lieu et de l’espace ne vivent pas dans le temps, comme l’homme. Leur existence oe saurait donc se mesurer, comme on mesure la nôtre, en comptant les heures, les jours ou les années. Les théologiens distinguent, dans la vie des

  • s, plusieurs instants ou périodes indéterminées en

mais différentes des autres périodes par les actes, ou séries d’actes qui les caractérisent Le premier instant est celui de la création des anges et de leur sanctification première par l’infusion de la grâce sanctifiante et des dons surnaturels qui l’accompagnent. Puis, vient l’instant ou période d'épreuve. Ensuite la correspondance des bons à la grâce par leur acquiescement a la volonté de Dieu, el l’infidélité « les mauvais par leur révolte contre le Maître suprême. Enfin, le quatrième instant est celui de la récompense des bons par le bienfait de la béatitude céleste et la punition n l'éternelle damnation.

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Par rapporl an résultat produit..Mais il non impossible d’avoir nu.' notion exacte de sa duré

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Poui Salmanticenses, Cursus théo logiens, tr. Ml. Dr angt, disp. ll.dnb. r-m, , , . I 86, i. iv. p. 720-738 ; Petau, Dogmata theologica, tr. De ' ; ""' ; ' ' '".< : i «. " H-I8, t. iv, p. 79-82 ; Palmieri, ue Ueo créante el élevante, pari II c n a 2

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n. 'ri : , , p. 291 sq.

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son propre mouvement et non sous l’impulsion d’un autre, et c’est pourquoi il est demeuré dans sa faute ; tandis que l’homme qui n’a pas péché de lui-même, mais à l’instigation du démon tentateur, a obtenu de Dieu les moyens de se repentir et de réparer sa faute avec la grâce du Christ médiateur. Néanmoins, les anges qui ont péché, entraînés par Lucifer, ne sont pas excusables comme l’homme, qui a été tenté par un être supérieur à sa nature. Aussi les anges coupables ont-ils tous été punis, aussitôt après leur péché, et ils ne peuvent faire pénitence. Salmeron cependant, In II Episl. Pétri, disp. III, dub. ni, a pensé que les démons pouvaient faire pénitence et que Dieu avait été disposé à leur accorder le pardon. Il interprétait dans ce sens II Pet., ii, 4, et il concluait qu’avant de les expulser du ciel, Dieu avait accordé aux anges rebelles un assez long répit. Cf. Suarez, De angelis, ]. VIII, c. i, n.6-8sq., t. ii, p. 960. Il ne les aurait condamnés définitivement qu’après leur refus de venir à résipiscence, et le mépris avec lequel ils auraient rejeté les moyens de con version et de salut qu’il leur offrait. Mais cette opinion singulière est opposée au sentiment presque unanime des saints Pères et des théologiens, qui interprètent différemment ces paroles de saint Pierre, et pensent que le répit, s’il a été donné, a été de très courte durée. D’autres vont même plus loin, et enseignent que Dieu n’a pas pu vouloir pardonner aux démons, car, vu leur nature uniquement spirituelle, exemple de cette mobilité de volonté que l'àme humaine tient de son union au corps, quand ils se sont déterminés librement à un acte, leur volonté y adhère avec tant de force qu’elle ne peut plus s’en détacher. Après avoir péché, ils no peuvent donc plus se repentir, et, par suite, Dieu ne peut leur pardonner. Salmanticenses, Cursus tkëologicus, tr. VII, De angelis, disp. XIII, dub. i, S 2-9, n.6-33, t. iv, p. 766-778 ; Petau, Dogmata theologica, tr. De angelis, l. III, c. iii, n. 18, t. iv, p. 82 sq.

Tous les théologiens cependant n’admettent pas chez les démons cette impossibilité radicale de se repentir, après que leur volonté a adhéré' au mal. Quoique incomparablemenl plus intelligents que les hommes, les démons et les anges ne sont pas néanmoins omniscients. Ils pourraient donc, ce semble, en considérant de nouveaux motifs qu’ils n’auraient pas envisagés d’abord, tourner leur volonté d’un objet vers un autre. Cf. Suarez, De angelis, l. III, c. x, n. 5 sq., Opéra onmia, t. n. p. 404 sq. Ce ne serait donc pas à cause de l’impossibilité intrinsèque et essentielle de se repentir, dans laquelle ils se trouvaient, que Dieu n’a point pardonné aux démons après leur chute ; mais ce serait parce que, vu l'énormité de leur faute, beaucoup plus grave et beaucoup moins excusable que celle de l’homme pécheur, Dieu avail décrété de ne leur accorder ni le temps, ni la grâce de la pénitence, suivant l’enseignement des saints Pères ci lés plus haut. Salmanticenses, Cursus theologicus, tr. VII. De angelis, disp. Mil. dub. îx-xii. t. iv. p. 778-787 ; Mazzella, De Deo créante, disp. ii, a. s, § 2, n. 142-444, p. 303-306. 6. Suture <lrs démons u), r. s lu chute. — Si. par leur révolte, les dénions perdirent à jamais la béatitude Me ri, avec elle, hais les dons surnaturels qu Ils ayaient reçus au moment d.' leur création, ils ne | dirent pas cependant les qualités essentielles a leur nature.

" l.a spiritualité des anges avail été nettem

Il (as. voir I. I. COl. 1230, ri par le

N le du Latran, >in, i.., —, , ]. [288. On ne i tu rail

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4(13 DÉMON D’APRÈS LES SCOLASTIQUES ET LES THÉOLOG. POSTERIEURS 404

Voir Cajetan, t. ri, col. 1321, 1325. Crediderim ego dæ mones esse spiitnus iereos, et id consonare verse philosophiæ rationi, ut quemadmodum invenitur vegetativum sine sensilivo, et sensitivum sine tecundum locum motivo, et intellectinum sine secundum locum motivo ; ita inveniatur seau/dam locum molivum sine sensilivo, quod est ponere BUJUS mohi AEREOS &P(imis, constantes ex intellectivo et secundum locum motivo. Et est sermo de motu progressivo, absqne sensilivo. Verum appellatione aeris, non intelligo elementum aeris, sed SUBTILE CORPUS, nostris sensibus ignotum ; corpus simplex et incorruptibile ; natum moveri localiter ab anima ad omnes différentiels posili 0711s, absejue pugnanlia aliqva ex natura corporis …ut nullus labor inveniatur in motu illo. Comment, in Epist. ad Eph., c. II.

Cette opinion singulière de Cajetan ne trouva aucun adepte, et il est, dans l’ordre des temps, le dernier des théologiens de quelque valeur, ayant attribué aux démons un corps matériel, fùt-il d’une nature inconnue. Aujourd’hui la spiritualité absolue des démons, aussi bien que celle des anges fidèles, est considérée comme certaine et il y aurait témérité à prétendre que les démons ont un corps éthéré, aérien, igné : en un mot, matériel, quelque subtil qu’on le suppose. Voir t. i, col. 1268-1269.

b) Intelligence des démons. —Elle fut obscurcie, en quelque façon, par la soustraction des lumières surnaturelles, provenant de la grâce ; mais non par la privation des lumières naturelles de leur entendement, car celles-ci leur sont restées entières.

c) Volonté des dénions. — S. Thomas, Sum. theol., I a, q. LXIV, a. 2. Elle est tellement obstinée, endurcie et confirmée dans le mal, qu’ils ne peuvent réellement accomplir aucun bien.

Les démons, dans tous leurs actes, ne cherchent et ne veulent que le mal. Si, parfois, un de leurs actes parait bon en soi, il est toujours vicié par quelque circonstance mauvaise. Quand les démons disent la vérité, par exemple, c’est pour mieux tromper ensuite. Quand ils confessaient la divinité du Christ sur la terre, ce n’était pas pour lui rendre gloire, et lui attirer des adorateurs, mais pour mieux le combattre. Les démons, en elfet, selon la doctrine de saint Thomas, ne peuvent faire des actes qu’en les conformant à la lin qu’ils se sont proposée dans leur révolte première, car ils y ont adhéré de toutes les forces de leur être, au point que, depuis lors, ils n’en peuvent vouloir une autre. Or, cette fin est perverse en soi : c’est la guerre à Dieu, et, par suite, à tout ce qui est bien. Donc, tous leurs actes, d’une façon ou d’une autre, sont dirigés vers le mal.

Pour infirmer cet argument. Vasque/., Commentarii et disputationes in l" m partent Summse theologicse sancti T/iomse, disp. CCLXXXIX, dit que, si cette raison était fondée, on aurait le droit d’en conclure que, sur la terre, tout homme en état de péché mortel ne peut rien faire de bon moralement, et pèche dans tous ses actes. Mais, comme le remarquent les Salmanticenses, Cursus theologicus, tr. VII, De angelis, disp. XIII, duh. il, § 2, n. 60 sq., t. IV, p. 788 sq., cette conclusion, vraie des damnés en enfer, est fausse pour les hommes qui, vivant encore sur terre, n’adhèrent pas au mal d’une manière inllexible, comme les démons, carils peuvent encore s’en détourner. lien est différemment après la mort. Comme le répète très souvent saint Thomas, le péché, une fois commis, est, pour 1rs purs esprits, ce que la mort est pour l’homme. Après la chute, le péché fait, en quelque sorte, partie de ia nature des démons, et n’en est plus séparable. Hoc ipso quod dmmon adhmreat indeclinabiliter ullimo fini perverso, illa adhœsio QUODAMMOD0 PBRTITUR fA n i// n 1/ akgeli. El ideo oporlet, ut sicut in quovis

actu angelico débet quodammodo splendere propria natura angelica ; ita etiam Hrix adhxsio uis, atque adeo quivis actu » , vel erit ipsa adh sive volitiit perverti finis, vel aliqua parlicipatio

illius. Luc cit., n. 61, t. iv, p. 789.

7. Châtiment.

En punition de leur révolte, les démons ont été condamnés, pour l’éternité, à la double peine du dam et du feu.

a) La peine du dam. — C’est incomparablement la plus terrible de toutes les peines de l’enfer, et, auprès d’elle, le tourment même du feu éternel, si atroce soit-il, n’est presque rien. Voir Dam, col. 9-11. Mais si cette peine du dam est si épouvantable, comment les démons peuvent-ils garder assez de liberté d’esprit, pour tenter les hommes sur la terre, les tromper, et travailler avec tant de persévérance et d’habileté à leur perdition ? Les sentiments que les démons manifestent parfois durant les exorcisines paraissent davantage encore opposés à la douleur de leur damnation. Ils ricanent, ils rient, et se moquent des assistants. Satan prend plaisir à être adoré. C’est à lui qu’étaient dressés les temples consacrés autrefois aux faux dieux. Maintenant encore, là où la lumière de l’Evangile n’a pas dissipé les épaisses ténèbres du paganisme, il règne, et il tient à garder son empire. Au sein même des nations chrétiennes, que d’ellorts ne fait-il pas pour reconquérir le terrain perdu ? Ces préoccupations et ces goûts ne paraissent guère compatibles avec la torture épouvantable que subissent les damnés, et que doit endurer surtout le prince des légions infernales, le plus coupable et le plus châtié de tous les maudits. La peine du dam, plus terrible que le feu même de l’enfer, ne fait donc pas tant soulfrir les démons.

Si une douleur intense suspend les opérations de nos facultés, même intellectives, parce que notre intelligence et notre volonté ont besoin du concours des oix corporels même pour les opérations qui leur sont propres, il n’en est pas ainsi des purs esprits, ni des âmes séparées de leur corps. Leur mode de souffrir est très différent du notre dans l’état présent, et la peine du dam n’enlève aux démons ni leur activité naturelle, ni une certaine joie à faire le mal.

b) La peine du feu. — Sur la nature de ce feu, et sur la manière dont il peut torturer de purs esprits, voir Enfer. On enseigna communément que les démons, qui sont répandus dans l’air, y éprouvent la peine du feu. Cajetan et Melchior Cano, In l : ’m part. Sum. theol., q. xciv, a. 4, pensèrent cependant que ce supplice leur était réservé pour l’époque qui suivra le jugement dernier. Toutefois Cano pensait que les démons les plus coupables restaient continuellement en enfer, et que les moins coupables demeuraient dans l’air pour tenter les hommes sans être alors soumis à la peine du feu. Le cordelier Feuardent rappela que saint [renée et les premiers Pères disaient que le diable ignorait sa condamnation avant la venue de Jésus-Christ. Bellarmin, De béatifie, et canonisai, sanctorum, c. vi, Controvcrs.. IV" controv., 1. 1. Milan. 1721. t. n. p. 635, déclara que saint Justin, saint [renée, saint tpiphane et Œcuménins, qui l’ont prétendu, se sont trompés. Mais Maldonat et Petau reconnurent que la plupart des anciens avaient ajourné le supplice de l’enfer pour les démons après le jugement, Petau tenait cependant l’opinion opposée pour vraie, parce qu’elle a prévalu dans l’Église, l’.slius, In 1 r Sent., 1. II, dist. VI. § 12. t. ii, p.."> :  !, rejette aussi le sentiment des anciens. Il n’admet pas que Satan suit lie’des maintenant et ne puisse venir sur terre ; et il semble dire qu’il est ordinairement dans l’air, quoiqu’il descende parfois en enfer et passe quelque temps entre deux missions. Quant à la manière dont les démons subissent sur terre la peine du feu, on se rallia on bien au sentiment de saint Thomas, Billuart, De angelis, diss. VI, a. 3. § 2, Lon, 405 DÉMON D’APRÈS LES SCOLASTIQUES ET LES THÉOLOG. POSTÉRIEURS 406

1839, t. ii, p. 217, 219, ou bien à celui de Suarez.

8. Hiérarchie des démons.

Les théologiens maintinrent le sentiment de Suarez sur le principat de Satan et sur les chefs intermédiaires entre lui et les démons inférieurs. Voir Mazzella, De Deo créante, disp. II, a. 9, § 2. p. 465. p. 323 sq.

9. Action des dénions sur les hommes.

Les démons, sortant de l’enfer et venant sur la terre pour faire la guerre aux hommes et les entraîner à leur pertepeuvent leur nuire de plusieurs façons : a) en les poussant au péché par la tentation ; b) en les affligeant de divers maux ; c) en leur procurant certains avantages matériels pour mieux les séduire ; d) en usurpant auprès d’eux la place de Dieu et en s’imposant à leur adoration.

a) L’office principal des démons sur la terre est de tenter les hommes. Voir Tentation.

b) Les démons peuvent aussi nuire aux hommes, en les affligeant de divers maux. — Souvent ce n’est là, de leur part, qu’une forme spéciale de tentation. S’ils font souffrir les hommes, c’est pour les faire tomber en des péchés d’impatience, de murmure contre Dieu, de colère, de blasphème, de découragement, et même de désespoir. Dieu le permet, pour faire éclater davantage la vertu de ses élus, comme il le permit pour Job, car l’Écriture attribue à l’esprit mauvais tous les maux que ce saint homme eut à souffrir. Cf. Job, I, 6, 8, 10 ; II, 5, 7 sq. Quelquefois aussi, Dieu se sert de cette milice des démons pour châtier les pécheurs. Dans les maux dont ils aflligent leurs victimes, ils ne sont alors que les instruments de sa justice. C’est pour un motif de ce genre, semble-t-il, que Ir démon Asmodée put mettre à mort, les uns après les autres, les sept maris de Sara, fille de Haguel. Tob., m. H.

L’Évangile affirme qu’une foule de maladies, dont il

fait mention fréquemment, étaient l’œuvre du démon.

Matlh., xii, 22 : xvil, Il sq. Voir DÉMONIAQUES. Aussi

ins beaucoup de ses bénédictions, par exemple

celles de l’eau, du sel. des saintes huiles, commence

par des exorcismes, el demande ensuite que, par ces

objets dont elle a chassé le démon, les fidèles soient

de ses funestes atteintes. Cf. Suarez, De

lis, I. VIII, c. xx. t. il, p. 1081-1088 ; Mazzella.

hr ii, ; , créante, disp. II. a. 9, g 2. a. 166-469 ; * 3,

6, p. 324-326, 333-337 ; 1’. Verdun, Le diable

, i, i, , -. in vie des saints, 2 in 12. Paris, 1895.

i. iction aéfaste du démon sur les hommes revêt divei L’une des principales est l’obsession.

lie le démon occupe, en quelque façon, le corps de l’homme, el se » erl il. rganes i ontre la volonté

même de cet homme. Il lui rail accomplir, parfois, certa qui dépassent les forces de la nature

humaine. Il > < dans l’obsession plusieurs il Voir Cel’lion du démon sur l’homme

— app< Ile possession, si l’espril mauvais s’empare complétemenl d< sa personn.’i exerce sur lui un ici empii ute action humaine cesse, pour ainsi

dire < : i Mazzella, />-— Deo créante, disp. II. a. 9, s 2,

37, 340. Voir Ci ient ce pouvoir d’obséder ain

b m< —’i il— ii rendre maîtres, cela ressorl de

Doml, l, . l’Écriture, en particulier d<

dit que Noti n indail aux

rlir du corps des hommes dans lesquels

ni introduits. Matth., su, 22 » q.. Marc., v, 9 :’I. wii. 27 ; . 17 iq. CI, i. XV i, 10

Voir lu m

h, , , murs, <>r Par b m— intelligence et leur i le dé i

effet, hommes, ii— i onnaissi n

la natun i gui bien mieux

qui

donc capables de produire des résultats surprenants, et même, quand cela sert à leurs desseins perfides, de procurer des avantages matériels à ceux qui ont recours à eux. Il peut donc y avoir un vérilable commerce de l’homme avec les démons.

Cette communication avec les démons (’tait, dans l’Ancien Testament, punie des peines les plus sévères, comme, par exemple, la peine de mort, par la lapidation, même pour les femmes qui s’en rendaient coupables. Lev., xx, 27 ; Deut., xviii, 11 ; 1 Reg., xxviii, 7, 9-10, 13. Elle constitue une faute très grave. Cf. Décret de Cratien, part. II, caus. XXVI, q. v ; S. Thomas, Sum. theol., IIa-IIæ, q. xcn-xcvi. Ce commerce de l’homme avec les démons est de diverses espèces. Voir Magie, Superstition.

De nos jours, l’intervention du démon dans les choses humaines est encore réelle, quoique, dans les nations chrétiennes, elle soit beaucoup moins fréquente qu’au sein du paganisme ancien et moderne. On ne doit cependant l’admettre, dans les cas particuliers, qu’avec preuves sérieuses à l’appui. Lorsque des faits extraordinaires sont constatés, on doit examiner avec soin si les forces de la nature ne suffisent pas à les expliquer. Souvent, en effet, des faits surprenants ne sont pas solidement établis, et leur fausseté devient, plus tard, manifeste. D’autres fois, ces faits ne sont que l’œuvre d’habiles prestidigitateurs, ou le résultat des agents naturels.

On aurait tort, néanmoins, de rejeter, comme des fables puériles, tout ce qui est raconté au sujet de pactes conclus entre l’homme et le démon. La théologie démontre la possibilité de ce commerce de l’homme avec le démon. Mais, comme en ces matières si complexes, et si différentes de l’ordre ordinaire des choses, les causes d’erreur sont nombreuses, l’examen des cas particuliers demande u ne grande prudence et une extrême circonspection. Seule, l’autorité ecclésiastique est compétente, pour porter, en dernière analyse, un jugement à leur sujet.

Jamblique, De mysteriis àSgyptiorum, Chaldseorum, Assy "’. in-fol., Oxford, 1678 ; in 8% Berlin, 18Ô7 ; Hebenstreit,

nblichidoctrina, in-4°, Leipzig, l764 ; Wier, Deprœsfifftis

ln-4*, Bale, 1583 ; Bodin, Traité de ta démonomemie,

in-i-, Paris, 1589 ; Boguet, Discours dessorciers, in-12, Rouen,

1006 ; Salmanticenses, Cursus theologicus, tr. vii, /). ange p. X-XIV, 21 in-8’, Paris, 1877-1883, I. iv, p. 554-796 ;

i. ancre, Tableau de l’inconstance des démons, in-V.

Paris, 1613 ; Psellus, Diatogusde dsemot ta-8",

Paris, 1615, et P. G. t. i xxii. ci Bin feld De con nibus maleflcorum et sagarum, in-12, Cologne, 1623 ; Pla lina, /> angelis et dssmonibus, In almet,

Traité sur les apparitions des esprits et sur les

2 ln-12, Paris, 1751 ; de Sainte-Croix, Recherches historiques

et critiques sur 1rs mystères du paganisme, S in-8°, Paris,

1 ^ 1 T ; ..,’, /, ,’, in 8-, Mali— 1842 :

ystique divine, naturelle ri diabolique,’i in-’r. I 1x62 ; CoUIn dePlancy, Dictionnaire infernal, in —8’, Paris, Is’ii. Thibaudet, Des esprits et tir U nie vi sible d’après lu tradUio Lecanu, Histoire

île Satan, su chute, son culte, ses manifestatU livres,

Paris, 1861. tfceui t et pi atiques d< n-8". Paris,

Bizouard, Des rapports de Vhon le démon,

6 in-8 1864 ; de Saint-Albin, / cuit

in-12. Paris, 1867 ; u. d’Anselme, >’ » avocat du diable, in-8°. 70 ; De Mirville, Des esprit »

. Perla, is Palmierl, De Deo

1878, pai i. n

lix-lx, lxiii-lxiv, ]i 144-466 471-490 ; M Deo’I

religieux

, Dio,

94, i i. i i 94 Mai llqultés d"

407 DÉMON D’APRÈS LES DÉCISIONS OFFICIELLES DE L’ÉGLISE 40 »

catholique, Démon, ln-4 « Paris, 1890, p. 774-782 ; P. Verdun, l.o diable dans les missions, 2 in-12, Parie, 1893 : Le diable dans la vie dessaints, 2 in-12, Paris, 1895 ; Itibet, La mystique divine distinguée des contrefaçons diaboliques, S in-8’, Paris, 1895 ; i esco m-. La science et 1rs fxits surnaturels contemporains, in-8", Paris. 1897 ; Godard, L’occultisme contemporain, in-12,

Paris, 1 !  : Pesch, Prælectiones dogmatiese, tr. DeDeo créante,

sect. v, Dr angelis, a. 2, n. 397-403, 408-416 ; tr. De novistimis. part. I, sect. iv, a. 2, n. 634 ; a. 3, n. 662-665, 668-671, 9 in-8 «, Fribourg-en-Brisgau, 1902, t. m. p. 213-216, 219-228 ; t. ix. p. 312 sq., 324-326, 327-329 ; Tixeront, Histoire des dogmes, Lu théologie antênicéen’ne, c. i, S 2-3 ; c. ii, § 1, S 5 ; c. v, S 3 ; Xiv, g 1, in-12, Paris, 1906, p. 38 si]., 65 sq., 108 sq., 243sq., 147 sq. ; Kirchenlexikon, v° Teufel, 2— édit., t. xi, col. 1445-4449.

T. Ortolan.

IV. DÉMON D’APRÈS LÉS DÉCISIONS OFFICIELLES DE L’ÉGLISE. — L’Église n’est guère intervenue, par l’organe de son magistère suprême, dans la détermination de la doctrine révélée sur les démons. Elle a laisse à ses docteurs le soin de l’exposer comme la liberté d’étudier les questions que la révélation divine ne nous a pas fait connaître. Il s’est élevé peu d’erreurs sur le diable et les anges, et l’Église a eu rarement l’occasion de condamner des enseignements faux ou hérétiques. Les points qu’elle a fixés officiellement et qu’elle impose à noire foi sur ce sujet sont donc peu nombreux.

1° La création des démons a été définie par divers conciles et imposée à la foi de tous les fidèles, dans les nombreux symboles, affirmant contre les doctrines dualistes, qui se renouvelaient presque à chaque siècle, que Dieu était le créateur des êtres visibles et invisibles, parmi lesquels étaient rangés les anges déchus aussi bien que les anges demeurés fidèles à Dieu. Voir t. i, col. 1264-1265 ; t. iii, col. 2078-2079.

2° Dans des réunions tenues à Constantinople avant le Ve concile œcuménique de 553, on condamna dans 15 analhématismes diverses erreurs des origénistes du vie siècle. La seconde partie du 2e anathématisme condamne leur opinion sur la déchéance des esprits. Les âmes préexistantes, tout à fait identiques les unes aux autres, lasses de contempler Dieu, se portent vers le mal, chacune suivant sa propension propre. Par suite, elles prennent des corps plus ou moins subtils et grossiers et portent des noms différents ; elles sont enfin réparties dans ce qu’on a appelé les ordres célestes. Les démons sont celles de ces âmes, qui ont atteint le suprême degré de malice et ont été liées à des corps froids et ténébreux (4e anathématisme). Le 5e repousse la théorie de la métempsycose ou du changement d’un animal ou d’un homme en ange ou en démon. Le début du 6e repousse la distinction de deux catégories de démons, l’une formée des âmes humaines déchues et des anges les plus élevés, entraînés plus bas par le poids de leurs fautes. Le 12e rejette l’union des anges, des hommes, du diable, des mauvais esprits et de l’âme elle-même du Christ au Logos dans le futur royaume de Dieu. Denzinger, Enchiridion, n. 188, 190192. 198. Voir t. i, col. 1265-1266, et OrigÉNISME, r vr siècle.

3° Au concile de Braga, tenu en 561, les évêques espagnols ont porté ces quatre anathématismes contre les manichéens et les priscillianistes :

7. Si qnis dicit diabolum non fuisse pn’us lionum angelum a Deo factumnec Uei opificium fuisse naturamejus, sed dicit eum ex tenebris emersisse nec aliquem sui habere auctorem, sed ipsum esse principium atque substantiam mali, sicut Manichasus et Priscillianus dixerunt, anathema sit.

8. Si quis crédit, quia aliquantasin mundo creaturas diabolus fecerit et tonitura et fulgura et tempestates etsiccitates ipse diabolus sua auctoritate faciat, sicut Priscillianus dixit, anathema sit.

12. Si quis plasmatlonem bumani corporis diaboli dicit esse uluin et conceptiones in uteris niatruin operibus dicit dæ monum Bgurari, …sicut Manichieus et Priscillianus dixerunt, anathema sit.

13. si quis’ii.it creationem univers » carnis non opificium Uei, bi’i malignorum esse angelorum, sicut Priscillianus dicit, ana thema sit. Cf. Denzinger, Enchiridion, 10e édit., I Brisgau, 1908, n. 237, 238, 241, 242.

i" Le IV* concile de Latran, XII* œcuménique, promulgua, en 1215, une profession de foi contre les erreurs des albigeois, qui avaient renouvelé la doctrine manichéenne des deux principes. Il y définissait que Dieu est le créateur de toutes choses, puisqu’il a fait de rien, simul ab initia lemporis, les créatures spirituelles et corporelles, les anges et le monde. Il ajoutait : Diabolus enim et alii dwniones a Deo quidem vatura creati sunt boni, sed ipsi per se facti sunt mali. Homo vero diaboli suggestione peccavit. Denzinger, n. 355 (128 de la I0e édition). De celle définition il résulte clairement que tous les anges, même ceux qui sont devenus mauvais, ont été créés par Dieu et qu’ils ont été créés bons, mais qu’ils sont devenus mauvais d’eux-mêmes, parleur propre dépravation ; il en résulte aussi que le diable a fait tomber l’homme dans le péché. La spiritualité des anges et des démons, bien qu’affirmée par le concile, n’a pas été cependant l’objet de sa définition, pas plus que la date précise de leur création. Voir t. i, col. 1268-1270 ; t. iii, col. 20802081.

5 U Parmi les 45 articles de Wikleff, condamnés par le concile de Constance et par le pape Martin V en 1418, le 6e est ainsi libellé : Deus débet obedire diabolo. Denzinger, n. 482 (586 de la 10 ? édition).

6° Le concile de Trente, sess. V, can. 1, a déclaré que, par sa transgression du précepte divin, Adam a encouru captivitatem sub ejus potestate <jui mortis deinde habuit imperium, hoc est diaboli. Denzin_ 10—.’dit., n. 788.

1° Le concile du Vatican, const. Dei Filins, c. i, a renouvelé le décret Firmiter du IVe concile de Latran et il a défini que toutes les choses du monde, les spirituelles et les matérielles, ont été produites de rien par Dieu dans la totalité de leur substance. Denzing 10e édit., n. 1783. Comme il a reproduit textuellement sur le point qui nous occupe le décret de Latran, il n’a voulu définir, comme lui, que la création par Dieu de tous les anges et il n’a pas imposé à la foi catholique ni la spiritualité des démons, ni la date précise de leur création. Voir A. Vacant, Etudes théologiques sur les constitutions du concile du Vatican, Paris, 1895, t. i, p. 219-227.

En résumé, l’autorité de l’Église nous impose d’admettre comme de foi catholique que les démons ont été créés par Dieu ainsi que toutes choses, qu’ils ont été créés lions, que, s’ils sont déchus, c’est par leur faute, et qu’ils n’ont pas créé la matière ni les corps. Il est de foi divine qu’il y a des anges déchus, que le diable, leur chef, a tenté l’homme et l’a fait tomber dans le péché, que Satan et ses anges tenii ni et persécutent les hommes et que, en punition de leur faute, ils ont été condamnes à l’enfer éternel, qui a été préparé pour eux. Il est certain par ailleurs que les démons, comme les anges, sont des espritn’ont pas de corps, qu’ils ont été créés avant les hommes ei au commencement du temps, avec les êtres corporels. Mais il n’y a rien de définitif sur la nature et l’objet du péché des anges, sur la date de leur chute, sinon quelle est antérieure à la création de l’homme : sur leur condition après la chute, sinon qu’ils sont les ennemis de l’homme, qu’ils portent au mal et qu’ils sont obstinés dans leur malice, sur la nature de leur peine, sinon qu’ils sont destinés à l’enfer éternel. Les sentiments des théologiens, que nous avons exposés plus haut, sur les points non contenus dans la révélation, sont plus ou moins probables et n’ont jamais été sanctionnés par l’autorité de l’Église. Les docteurs ne se sont pas crus liés par les opinions de leurs devanciers ; ils les ont copieusement critiquées, cher

chant à préciser davantage les points laissés à leur libre discussion.

Hagen, Der Teufel im Licht der GlaubensqueUen, 1899 ; Kirehliches Handlexikon, Munich, 1907, t. i, col. 1035.

E. Mangenot.

    1. DÉMONIAQUES##


DÉMONIAQUES. — I. Définition. IL Existence.

III. Cause. IV. Responsabilité des démoniaques.

I. Définition.

On appelle démoniaques les personnes dont le corps, par une permission de Dieu, est livré, plus ou inoins complètement, à l’influence malfaisante du démon. L’Ecriture les désigne sous le nom de 5<xi(i.ovtÇ(Su.evo[, ou de SaiptôvtadévTe ; , a deemonio vexali, Sa.aov.a ï/ovts : , dœmonia habenles, (re)iT)vtaÇôu.evoc, lunatici.

Cette inlluence du démon sur les possédés n’est pas simplement indirecte ou morale, comme, par exemple, dans les tentations, même les plus fortes ; elle est une action directe et physique, exercée par les esprits de ténèbres sur les organes corporels du malheureux soumis à leur empire. Il en résulte pour celui-ci un étal maladif, étrange, sortant des lois ordinaires des affections morbides, quoique souvent accompagné de phénomènes d’ordre purement naturel que le démon détermine en lui. simultanément avec ceux qui dépassent la sphère propre aux agents physiques. Ces phénomènes sont habituellement une surexcitation générale et profonde de tout le système nerveux ; l’épilepsie, Matth.,

IV, 24 ; Marc, III, 11 ; Luc, VI, ES ; ou bien des paraly locales, Luc, xiii, 11, 16, causant le mutisme, la cécité ou la surdité, bien que les organes des sens persistent dans leur intégrité native, Matth., ix, 3-2 ; xii, 22 ; Marc, ix, 21 ; et d’autres maladies de diverses formes. Matth., viii, 16 ; xv, 22 ; Marc, i, 32, 34, 39 ; vu, 25 ; Luc, iv. il ; vii, 21 ; viii, 2. D’autres fois, au contraire, le démon communique ictime un accroissement extraordinaire de force musculaire. Le malheureux entre en fureur, au point

d’éci : r de rage, de grincer des dents, de pousser

des cris épouvantables, de se précipiter dans l’eau ou dans le feu. Il devient alors redoutable pour ceux qui l’approchent, brise, comme des fétus de paille, les chaînes de fer dont on veut le lier ; et, s’il ne peut atteindre les autres, tourne sa fureur contre lui-même, se déchirant avec. et se meurtrissant

pierres du chemin. Matth.. viii, 28, 32 ; wu. Il ; Marc, v, 2, 4, 13 ; ix. 16, 17 ; Luc, viii, 27, 29, 33 ; ix, 39 ; v —t. six, 13-16.

Ci tl troublante et bouleversante du démon

sur I rporels se continue dans les fai illl

mixtes, comme l’imagination, la mémoire, la sensibilité. Elle s’étend même plus loin et plus haut dans humain, car elle a sa répercussion jusque dans l’intelligence. Les opérations intellectuelles présentent parfois un tel caractère d’incohérence, que les d niaquet parais ent frappés d’aliénation mentale. Il de voir se produire, dans le domaine de l’espi it. un phém lui qui se passe

le corps’Pi" le démon,

au le u de paralyser les i orporelles du di

niaque, en aug nte parfois la pui n de même,

au lieu de* diminuer si lumières naturelles, il communiqué, i ion intelligence des connaissances qui délucoup i poi tée. Matth., viii, 29 ; Marc, m, 2, v, 7 ; Luc, IV, 31 il ; viii, 28 ; Act., XVI,

peuvent i non

ment il un démon, mais de plusieurs, en même

temps ; et parfoii d’un m grand nombre qu’ils s’ap ion. Matth., vu. 13, i.">. m . 26.

II. l xi. L’Ai.lient ne (ail

ition explicite Aep démoniaques ; il parle n ulemenl du pouvoir qu ont li malin d’exercei

malheureux, dont ils s’emparent, une action néfaste, malfaisante et tyrannique. Il raconte, par exemple, comment l’esprit mauvais se précipitait sur le roi Saùl, l’agitait d’une façon affreuse et le rendait farouche et sanguinaire. I Reg., xvi, 14-16 ; xix, 9. Cf. Josèphe, Ant. jud., VI, viii, 2 ; xi, 2.

Au temps de Xolre-Seigneur, les démoniaques étaient fort nombreux, en Palestine, voir col. 331, et ils paraissent l’avoir été beaucoup plus que dans toute autre période de l’histoire. Il en fut ainsi, soit parce que la dépravation païenne avait pénétré jusqu’au sein du peuple de Dieu ; soit parce que c’était le moment d’une lutte décisive et sans merci entre le bien et le mal. La puissance céleste qui se manifestait si clairement dans les actes de Jésus, provoqua, de la part des anges tombés, une recrudescence de haine et de rage. De même que Dieu, par l’incarnation, se rendait visible et habitait parmi les hommes, Raruch, iii, 38 ; Joa., I, 14 ; ainsi le démon affirmait davantage son existence et son pouvoir, essayant, lui aussi, d’habiter d’une façon plus visible et comme tangible dans l’humanité. Le contraste entre la miséricorde de Dieu et la malice de Satan, poursuivant de sa haine jalouse l’homme que Dieu voulait sauver, s’accentuait ainsi davantage. Marc, v, 19. Cet antagonisme violent était nécessaire, afin que la victoire du Sauveur sur les puissances infernales lut plus éclatante. Cf. Delitzsch, System der biblischen Psychologie, in-8°, Leipzig, 1861, p. 305.

Depuis l’établissement de l’Église, le nombre des démoniaques a, de beaucoup, diminué dans les nations devenues chrétiennes. Cf. Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, in-i", Paris, 1889, p. 312. l’aile baptême et les autres sacrements, les fidèles sont préservés de ces atteintes sensibles du démon. lia perdu de son empire, même sur ceux qui, ayant été baptisés, vivent cependant d’une manière peu conforme à la foi de leur baptême. Membres de l’Église, quoique membres morts, ils trouvent dans cette union, pourtant si imparfaite, au corps mystique du Christ, un secours souvent suffisant pour que le démon ne puisse s’emparer d’eux, comme il l’aurait l’ait, s’ils étaient païens.

Néanmoins, non seulement dans les régions qui

n’ont pas reçu l’Évangile, mais aussi dans celles où

lie est établie, des démoniaques se rencontrent

encore. Leur nombre augmente en proportion du degré

de l’apostasie des nations qui, autrefois catholiques,

abandonnent peu à peu la foi, el retournent au ]

nisme théorique et pratique.

in a tenté, de nos jouis, au nom du progrès des sciences médicales et des sciences connexes, de nier l’existence des démoniaques. Dans leur état si étrange,

on n’a voulu voir qui lions morbides spéciales,

surtout des maladies nerveuses, d’origine toute naturelle. Cf. Ricbei. Les démoniaques d’aujourd’hui et refois, dan— la Revue des deux mondes, lô jani < et lô février 1880 ; Richer, Éludes cliniques sur la grande hystérie, in 8°, Paris. 1880 ; Charcot, / sur i es du systt ux, i<<iics à la Sal pêlrière, recueillies et publiées par le docteur Bourneville, in-8°, Paris, Issu. Charcot et Richer, L< moniaques dans l’art, in 8°, Paris, 1881 ; Bourneville gnard, L’iconographie photographique de l<> So’pi

i fuif a-t on dit, attribuaient aux démonc phénomènes morbides qui n’étaient que l’effet de l’épilepsie, de l hystérie, ou de la folie. Cf. Renan de Ji i. Ed. Stapfer, La Palestine <>" temps

de fésut Christ, 3 i dit — Pari. Il 85, p 113 iU I ern ur leur | beaucoup d’ani

peuples, qui rendaient li malfaisant respon me foule de maladies dont souffraient les