Dictionnaire de théologie catholique/DODWELL Henry (le jeune)

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Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 4.2 : DIEU - EMSERp. 122).

2. DODWELL Henry (le jeune), déiste anglais, mort en 1784, était le quatrième enfant du tbéologien Henry Dodwell. Il naquit â Shollesbrooke, dans le Berkshire, probablement après le début du xviiie siècle. Il lit ses études littéraires à Magdalen Hall, Oxford, puis se donna à la carrière juridique. En 1742, il devint tout d’un coup célèbre par un livre intitulé : Christianitynot founded on argument ; le livre était anonyme, mais l’auteur connu de tous. Dodwell y développe les trois propositions suivantes : « La raison, ou toute autre faculté intellectuelle, ne peut pas, soit à cause de sa nature, soit â cause de celle de la religion, être le moyen voulu de Dieu pour nous conduire à la vraie foi. En fait, il n’en est pas ainsi, si nous en jugeons par les données claires de h sainte Écriture. On peut décrire nettement, en s’appuyant sur la même indiscutable autorité, ce qu’est positivement la foi, et établir les moyens propres et voulus de Dieu pour parvenir â la connaissance des vérités âivines. » Christianity, p. 7 sq. Il prouve les deux premières par la critique de la démonstration classique du christianisme, et des réllexions sur l’impuissance de la raison bumaine. Et il développe ainsi la troisième : « Le motif qui amène l’bomme à recevoir les mystérieuses vérités de l’Evangile est un don particulier, une munificence spéciale du ciel, en dehors et au-dessus des communs privilèges de notre nature, » p. 57. Telle est la foi que décrit l’Évangile, celle que montre l’observation des âmes chrétiennes, celle qui a l’ait les martyrs. L’examen rationnel de cette foi ne peut qu’être fort dangereux, et conduit presque infailliblement au scepticisme, p. 81 sq. Et il conclut : « Mon lils, confiez-vous au Seigneur de tout votre cœur, et non à votre propre raison, » p. 118. Naturellement une vive polémique s’ena â propos de cette profession du fidéisme le plus outré. Doddridge, Leland, Benson, Randolph réfutèrent Dodwell. et son propre frère, William Dodwell, chanoine de Salisbury et archidiacre de Berks, prononça, le Il mars et le 21 juin 174’i, deux sermons contre ses doctrines, devant l’université d’Oxford ; ils furent publiés à Oxford en 1745. Dodwell se défendit toujours d’avoir voulu détruire la foi chrétienne dans l’âme de ses lecteurs, et prétendit leur avoir donné seulement une notion plus exacte de cette foi. Les méthodistes crurent d’abord pouvoir tirer parti de sa thèse, et s’employèrent â répandre son livre. Mais Weste Lui-même comprit mieux la portée de l’œuvre de Dodwell ; il écrivait justement : « Le dessein poursuivi dans cet ouvrage est de rendre odieuse et ridicule l’institution du christianisme… Il s’efforce de démontrer que le christianisme est contraire â la raison, que l’homme agissant conformément aux principes de la raison ne saurait être un chrétien. » Earnest appeal to men of reason and religion, Dublin, 1750, p. 16.

Ahhey et Overton, The english Chureh in the 18’* century, Londres, 1878 ; Ilnnt, Tieligious thought in Èngland, Londres, 1870 sq. ; Leland, A view of the principal deistical writers, Londres, 1807 ; Overton, art. H. Dodwell, dans le Dictionary of national biography, t. xv, p. 181 sq. ; Steplien (Lestiej, History of the english thought in the 18"’century, Londres. 1881, t. il.

J. DE LA SERVIÈRE.