Dictionnaire de théologie catholique/GENÈSE. Prophéties messianiques

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Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 6.1 : FLACIUS ILLYRICUS - GEORGIEp. 613-620).

II. GENÈSE, PROPHÉTIES MESSIANIQUES.

Les plus anciennes prophéties messianiques sont contenues dans la Genèse. Ce sont :
1° le protévangile, va, 15 ;
2° la bénédiction de Sem, ix, 26, 27 ;
3° les promesses faites aux patriarches Abraham, Isaac et Jacob, xii, 2 ; xiii, 6 ; xv, 5 ; xvii, 4-6 ; xxvi, 4 ; xxviii, 14 ;
4° la bénédiction de Jacob mourant à Juda, xlix, 8-10.

I. Le protévangile, iii, 15.

La première bonne nouvelle du salut de l’humanité par le Messie, qu’on a nommée pour cette raison le protévangile, a été donnée par Dieu lui-même au paradis terrestre à Adam et à Eve immédiatement après leur péché. Elle est contenue dans la mystérieuse sentence portée contre le serpent séducteur. Après s’être adressé directement à l’animal visible, qui avait servi d’instrument au démon, voir t. v, col. 1649, et lui avoir infligé une punition, appropriée à sa nature, 14, Dieu vise l’être invisible et mauvais, qui s’était caché sous les apparences du serpent et qui avait été le véritable tentateur. Il lui dit : « J’établirai une inimitié entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance ; celle-ci te brisera la tête et tu lui briseras le talon, » 15. Parce que le démon a tenté la femme, Dieu mettra un jour, il établira à l’avenir une inimitié, dont il est l’auteur et qui est son œuvre, une inimitié morale, telle qu’elle peut exister entre deux êtres raisonnables, ennemis l’un de l’autre. Num., xxxv, 21, 22 ; Ezech., xxv, 15 ; xxxv, 5. Il ne s’agit pas d’une simple antipathie ou d’une aversion naturelle, de l’horreur naturelle et instinctive que les hommes éprouvent pour les serpents, comme l’ont entendu saint Éphrem, In Gcncsim, dans Opéra syriace et lutine, Rome, 1737, t. i, p. 36, et saint Chrysostome. In Genesim, homil. xvii, n. 7, P. G., t. lui, col. 143. mais d’une inimitié spéciale et surnaturelle entre la femme et le serpent tentateur. Sa nature et ses effets seront décrits plus loin. Cette inimitié sera établie par Dieu d’abord entre le serpent et la femme. La femme dont il est ici question, ce n’est pas le sexe féminin en général, quoique l’expression hébraïque employée puisse avoir ce sens ; c’est une femme déterminée, dont la détermination est fixée par l’article hébraïque. Or, dans tout le récit biblique il n’a encore été parlé que d’une femme, à savoir, Eve, la femme tentée par le serpent, comme le serpent lui-même est le serpent tentateur. D’ailleurs, il n’y a pas d’aversion spéciale, établie par Dieu, entre le démon et le sexe faible. D’autre part, Dieu ne vise pas, directement au moins, une femme future, une autre Eve, la femme par excellence, la mère du

Messie, puisqu’il n’a pas encore nommé le Messie. Cependant cette inimitié, Dieu l'établira aussi entre la descendance du serpent et celle de la femme. Comme cette inimitié est d’ordre moral, il faut exclure la postérité de l’animal, dont le serpent tentateur a pris les apparences. Appliquée au démon, l’expression « descendance » est nécessairement métaphorique. Les anciens commentateurs l’ont entendue, ou bien des hommes mauvais comme le démon, ou bien des mauvaises pensées que le démon suggère aux hommes. Procope de Gaza, In Genesim, P. G., t. lxxxvii, col. 205 ; S. Isidore de Séville, Quevsf. in Gcn., c. v, n. 5, P. L., t. lxxxiii, col. 221 ; Angelomme, Comment, in Gcn., P. L., t. cxv, col. 141 ; Walafrid Strabon, Glossa ordinaria, P. L., t. cxiii, col. 95 ; S. Bruno d’Asti, Exposilio in Genesim, P. L :, t. clxiv, col. 169. Raban Maur, Comment, in Genesim, 1. I, c. xviii, P. L., t. evu, col. 495, et Hugues de SaintVictor, Adnotationes clucidatoriw in Genesim, P. L., t. clxxv, col. 42, ont reconnu dans la descendance du serpent les dénions. AJcuin y avait vu le péché originel, Inierrogalion.es et respunsioncs in Genesim, int. lxxvi. P. L., t. c, col. 524, et Rémi d’Auxcrre l’entendait des œuvres d’iniquité, commises par les hommes. Comment, in Gen., P. L. y t. cxxxi, col. G6. En vertu du parallélisme rigoureux qui existe entre la descendance du serpent et celle de la femme, tous ces commentateurs ont donné à celle-ci une signification collective et l’ont entendue soit du genre humain tout entier, qui descend directement d’Eve (Aleuin, Raban Maur, Angelomme, Hugues de Saint-Victor), soit des élus ou des chrétiens (Raban Maur, S. Bruno d’Asti), soit des bonnes œuvres produites par l’esprit (S. Isidore de Séville, Rémi d’Auxerre), soit des institutions divines, les saintes disciplines (Procope de Gaza). Cette inimitié aboutira à une lutte, que le texte hébreu décrit autrement que ne le fait la Vulgatc. La version latine, après les Septante, attribue la victoire à la femme : Ipsa conlerel capul tuum ; le texte original la rapporte à la descendance de la femme. Or, tons les manuscrits hébreux, sauf trois, les autres versions anciennes, tous les Pères grecs et la plupart des latins ont un pronom masculin : ipse. Le premier verbe hébreu est d’ailleurs à la troisième personne du masculin, et le pronom sullixe du second verbe est aussi du masculin. J.e pronom HVt se rapporte donc à "~ï et non pas à ~-n. Le leçon latine est donc fautive, et on l’explique généralement par une erreur de copiste. D’autre part, dans le texte hébreu, la lutte est exprimée par le même verbe "*'-', répété dans les deux membres de la phrase, l.a signification de ce verbe a été discutée. En dehors de ce passage, il ne se rencontre dans la Bible que deux autres fois..lob, ix, 7 ; Ps. cxxxix, 11. Son emploi dans Job permet de lui donner le sens de briser ; cependant on lui donne plus généralement i' il d’oi erver pour tendre des embûches. Cette dernière signification a été adoptée par les Septante, par les Pi qui les ont cités et par Onkelos.

' luoique saint Jérôme, Liber quaul. hebraic. in Genesim /'. /… 1. xxii, col. 943, préférât la signification : conlerere, il a traduit le second verbe par tnstdtaberts. Si on prend les deux verbes dans ce dernier sens, les combattants s’observent, s'épient et s’apprêtent a l’attaquer conformément a leur nature, l.a race

de la femme, qui al laque le serpent, car c’est lui.

el non pas sa raie, qui est al laqué, cherche à lui

'i la li le. la pallie du corps par laquelle les

hommes cherchent a tuer le serpent : mal

qui rampe sur la hue. vise le talon de l’homme el

cherche < le mordre, l.a race de la femme bi donc un joui la tête du serpent. L’expression, appliquée au démon, est évidemment métaphorique. Ôr, don

l'Écriture, briser la tête de quelqu’un, c’est briser ses forces, sa puissance, le rendre incapable de nuire, le vaincre. Amos, ii, 7 ; Ps. lxvii, 22 ; cix, 6. La postérité de la femme brisera donc la puissance de Satan, soit en détruisant les suggestions mauvaises qu’il suggère, lorsqu’on est attentif et sur ses gardes, en y résistant dès le début de la tentation, Procope de Gaza, loc. cit., col. 208 ; S. Isidore de Séville, loc. cit. ; Aleuin, inter. lxxvii ; S. Bruno d’Asti, loc. cit. ; Jacques de Saroug, In Genesim, dans les Opéra syriacc et latine de S. Éphrem, t. i, p. 141, soit, par la résistance que l'Église fait aux embûches du démon (Raban Maur, Rémi d’Auxerre). De son côté, le démon, écrasé sous le talon de son adversaire, l’attaque au seul endroit du corps qu’il puisse atteindre encore, en le mordant au talon. Plusieurs des commentateurs cités ont vu dans le talon des hommes, attaqué par le diable, la fin de leur vie, quand le démon redouble d’attaques et d’embûches pour les perdre et les empêcher de persévérer dans le bien jusqu’au boni. mais dont ils triompheront, s’ils sont attentifs et s’ils veillent (Aleuin. Angelomme, Rémi d’Auxerre Hugues de Saint-Victor). Le diable, en marchant de travers, cherche à mordre l'Église au talon, pour la faire tomber. S. Bruno d’Asti, lue. cil. Dans celle interprétation, la signification messianique du protévangile est très atténuée. Dieu, en punissant le serpent tentateur, lui prédit que les hommes triompheront de ses embûches et finalement remporteront la victoire sur lui. Sa tête sera écrasée sous leur talon, qui, tout au plus, aura été mordu par cet adversaire de leur salut. Saint Augustin, De Genesi contra manichseos, 1. 11, c. xvi ii, P. L.. t. xxxiv, col. 210, et saint Grégoire le Grand, Moral, in Job, 1. I, c. xxxvi. n. 53, P. L., t. i.xxv, col. 552, oui aussi entendu cette promesse divine de la lutte des hommes avec le serpent infernal et de leur triomphe par leurs bonnes œuvres sur les perverses suggestions de Satan.

Cependant, d’autres commentateurs ont accentué davantage, quoique à des degrés différents, le caractère messianique de ce passage de la Genèse. Les targums d’OnkelOS et de Jérusalem en axaient reconnu la signification messianique générale. Clément d’Alexandrie y avait vu seulement l’annonce prophétique du salut de l’humanité. Cohorlatto ad gentes, i, /'. G., t. VIII, col. 64. Dans un sens 1res précis, plusieurs Pères oui reconnu dans la femme, figurée par Eve, la mère du Messie, qui écrasera de son talon la tête du serpent infernal. S. Justin, Dialogus ciim Tryphone, 100, /'. G., t. vi, col. 709-712 ; s. [renée, Conl, hier., I. III. c. xxiii, n. 7 ; I. V, c. xix. n. 1 ; c. xxi. n. I. /'. <" ;.. I. vu. col. 964, 1175-1 176, 1 179 : S. C.vpricn. Testim. adversus Judœos, 1. II, c ix, /'. /… t. iv, col. 7nl : s. Épiphane, Heer., lxxvii, 18, 19. /'. », .. I. xi ii, col. 729 : pseudo-Jérôme, Episl., vi, ad amicum devolum <l<- viro perfecto, I'. /… t. xxx, col. N’j-.s.-, ; s. Léon le Grand, Serm., xxii, /'. L., I. liv, col.

729 ; S. Isidore de l'éhlse, Epist., I. I, episl. CC( CXXVI,

/'. (, .. i. i.wviii. col. 117 ; pseudo-Bède, Qiuesttones super Genesim, I'. !.. t. xciii, col. 282 ; s. Fulbert de Chartres, Serm. iv. de nallvtlale II. Vtrgints, /'. /.. t. ( xi. i. coi. :  ; _ ! < 321 : s. Bernard, //>/ » //.. n. supei Mtssus est, ii. l. /'. /.. l- clxxxiii, col. 63. Saint Isidore de Séville ajoute celle interprétation a celle que nous avons rapportée plus haut. Qua si. in Genesim.

c. v. n. 6, 7. /'. /… i. lxxxiii, col. 221. Raban Maui la signale comme soutenue par quelques nus. Loc. cit. Ingelomme termine l’Interprétation précédente par

ces mois : PotUt ilimn et de luala Maint l’in/mr.

ii qua nains est Dominas, non incongrue accipi. i

ni. Sa.nl Jérôme reconnaît dans la descendance de

la femme a la fois les hommes qui marchent sut le serpents et Domtnut content Salanam sub pedtbus

nostris velociter. Liber hebraic. quæsl. in Gen., P. L., t. xxiii, col. 943. Rupert de Deutz voit dans cette descendance le Christ lui-même. In Gen., 1. III, c. xx, P. L., t. clxxvii, col. 306.

S’appuyant sur ces interprétations et les dépassant, plusieurs exégètes modernes ont entendu la « descendance » de la femme d’un « rejeton » unique, le Messie. Lorsque y 1 a le sens collectif, le pronom qui s’y rapporte se met régulièrement au pluriel, ainsi qu’on le constate, Gen., xv, 13 ; xvii, 8, 9, etc. A cette règle on n’a trouvé que trois exceptions. Gen., xvi, 10 ; xvii, 17 ; xxiv, 60. Or le pronom est ici au singulier. Le nom désigne donc un rejeton spécial, déterminé, comme ailleurs, Gen., iv, 25 ; II Reg., vii, 12, 13 ; I Par., xvii, 11, 12. C’est donc lui (ou sa mère par lui) qui écrasera la tête du serpent infernal, tandis que celui-ci cherchera à le mordre au talon. La victoire définitive a été remportée sur le diable par le fils de la femme, le Messie, quand celui-ci, par sa mort sur la croix, brisa réellement la tête du serpent infernal. Joa., xii, 31 ; Col., ii, 15 ; I Joa., iii, 8. Mais le serpent, en faisant mourir le Messie par ses suppôts, lui mordait le talon. Cette blessure, quoique mortelle, n’empêcha pas la victoire, puisque la mort de Jésus-Christ fut suivie de la résurrection. Le Christ ressuscité fut donc le vainqueur du démon pour le salut de l’humanité. Calmet, Commentaire littéral sur la Genèse, 3e édit., Paris, 1724, t. i, p. 39-40 ; Patrizi, Biblicarum qusestionum deeas, Rome, 1877, p. 47-53 ; De N-n, hoc est de immaculala Maria Virgine a Deo prædicta, Rome, 1853 ; C. Passaglia, De immaculalo Deiparse conceptu, Rome, 1853, t. ii, p. 812-954 ; Mgr Gilly, Précis d’introduction, Nîmes, 1867, t. ii, p. 345-356 ; Mgr Lamy, Comment, in librum Gcneseos, Malines, 1883, t. ii, p. 235-236 ; Science catholique, 15 février 1887, p. 145-147 ; F. Vigouroux, Manuel biblique, 12e édit., Paris, 1906, t. i, p. 567-571 ; Fillion, La sainte Bible, Paris, 1888, t. i, p. 32 ; C. Trochon, Introduction générale aux prophètes, Paris, 1883, p. lxviii-lxx ; E. Mangenot, Les prophéties messianiques. Le protévangile, dans Le prêtre, Arras, 18941895, t. vi, p. 802-808 ; J.-B. Terrien, La mère de Dieu et la mère des hommes, Paris, s. d. (1902), t. i, p. 26-49 ; II. Bremer, Die unbejleckte Empjangnis und die ersle Propheziung der Erlôsung, dans Theolog.-praklisch Quartalschrift, 1904, p. 762 sq. ; M. Flunk, Das Protocvangelium (Gen., iii, 15) und seine Beziehung zum Dogma der unbefleckter Empjangnis Maria, dans Zeitschri/t fur kalholische Théologie, Inspruck, 1904, p. 641-671 ; G. Arendt, De Protoevangelii habiludinc ad immaculatam Deiparæ conceptionem analgsis theologica, Rome, 1905 ; S. Protin, Le protévangile et l’immaculée conception, dans la Revue auguslinienne, Paris, 1904, t. v, p. 449-460 ; G. Hoberg, Die Genesis, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1908, p. 49-51 ; M. Hetzenauer, Commentarius in librum Genesis, Graz et Vienne, 1910, p. 75-82 ; Willems, Das Proloevangclium, dans Pastor bonus, 1911, t. xxiii. p. 129-137 ; I. Rinieri, La donna del Protoevangelo, Disquisizionc letlcrale inlorno al v. 15 ( Gen., ; //), dans Scuola cattolica, 1912, t. xxi, p. 160-169, 358-365 ; L. Murillo, op. cit., p. 298-309. Pour tous ces commentateurs et d’autres encore, le protévangile est messianique au sens littéral.

Cependant, pour d’autres exégètes catholiques, il ne l’est qu’au sens spirituel. La prophétie divine vise directement Eve et sa descendance, qui sont des figures prophétiques du Messie et de sa mère, vainqueurs du démon. Corneille de la Pierre, Comment, in Gen., Lyon, 1732, p. 66-67 ; Hengstenberg (protestant), Christologie des A. T., Berlin, 1829, t. i, p. 26-46 ; Reinke, Beitrage zur Erklàrung des A. T., Giessen, 1857, t. ii, p. 272 sq. ; J. Corluy, Spicilegium dogmalico-biblicum, Gand, 1884, t. i, p. 347-372 ;

card. Meignan, De V Éden à Moïse, Paris, 1895, p. 165192 ; Crelier, La Genèse, Paris, 1889, p. 54-56 ; F. de Hummelauer, Comment, in Genesim, Paris, 1895, p. 159-167 ; W. Engelkemper, Das Proloevangclium, dans Biblische Zeilschri/l, 1910, t. viii, p. 351371 ; G. Schmidt, La révélation et les données actuelles de la science, trad. Lemonnyer, Paris, 1914, p. 5661. Finalement, je me range aujourd’hui à cette interprétation spirituelle.

Quoi qu’il en soit, le trait initial du portrait prophétique du Messie est qu’il sera un fils d’Eve, un descendant de la femme coupable (quoique fils d’une mère dont la conception aura été immaculée), un membre de cette humanité qu’il arrachera définitivement à l’empire du démon. Cf. Dictionnaire de la Bible de M. Vigouroux, t. v, col. 111-113.

II. La bénédiction de Sem, ix, 26, 27. — Le déluge terminé, Noé cultiva la terre et planta la vigne. Ayant bu du viii, dont il ignorait sans doute les efïets, il fut surpris par l’ivresse et il se découvrit dans sa tente. Un de ses fils, Cham, se moqua de son père, mais plus respectueux, les deux autres fils de Noé, Sem et Japhet, marchant à reculons, couvrirent d’un manteau la nudité de leur père. Celui-ci, à son réveil, ayant appris la conduite si différente de ses fils, et la prenant pour base de l’avenir de leur race, prédit cet avenir. Il maudit Cham, le coupable, dans la personne de son fils Chanaan, et prédit qu’il serait le dernier des esclaves et l’esclave de ses frères, ix, 20-25. Les fils respectueux, Sem et Japhet, reçurent, au contraire, une bénédiction. Celle qui fut portée pour Sem est exprimée à l’optatif, comme un souhait. On s’attendrait à ce que Sem lui-même ait été béni, comme Chanaan avait été maudit directement. Or, au lieu de bénir son fils, Noé bénit Dieu : « Béni soit Jéhovah, l'Élohim de Sem ! Que Chanaan soit son esclave 1° Jéhovah, l'être suprême, voir t. iv, col. 956-957, le Dieu de la révélation, de la grâce et du salut, est dit l'Élohim de Sem. C’est la première fois que Dieu est nommé l'Élohim d’un homme, et cet honneur a échu à Sem. Plus tard, Jéhovah se nommera lui-même l'Élohim d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Gen., xxviii, 13 ; Exod., iii, 6. Cette dénomination exprime les rapports tout spéciaux de Jéhovah avec ces patriarches, dont il est l'Élohim : il est leur Dieu, celui de leur famille ; il a contracté avec eux et avec leur postérité une alliance perpétuelle ; il leur a promis à eux-mêmes et à leurs descendants des bénédictions particulières d’ordre à la fois temporel et spirituel. Ces bénédictions ne sont qu’une conséquence de celle qui est adressée indirectement par Noé à son fils Sem. Si donc Jéhovah est dit l'Élohim de Sem, cela signifie qu’il aura comme apanage d’avoir, lui et sa race, des relations spéciales avec Jéhovah, qui sera son Élohim ou son Dieu. La véritable religion à l'égard du vrai Dieu, Jéhovah, se conservera donc toujours dans la race de Sem. C’est de cette race que viendra le salut, promis à l’humanité pécheresse ; c’est d’elle que naîtra le rédempteur, qui triomphera définitivement du serpent infernal. Tel est le sort de la postérité de Sem dans l’ordre religieux et spirituel. Théodoret, Quæsl. in Gen., q. lviii, P. G., t. lxxx, col. 164. Dans l’ordre temporel et politique, Chanaan sera son esclave. La bénédiction spirituelle est la première. Cf. Dictionnaire de la Bible, t. v, col. 113-114.

Japhet, au contraire, reçoit d’abord une bénédiction temporelle, exprimée dans le texte hébreu par une belle paronomase : Qu’Hlohim (et non plus Jéhovah) dilate Japhet, dont le nom signifie : « dilatant Noé ajoute : « Qu’il habite dans les tentes de Sem ! » Quelques commentateurs pensent qu'Élohim est encore le sujet de cette phrase, de sorte que Noé

reviendrait sur la bénédiction de Sem et souhaiterait de nouveau à Sem les faveurs spirituelles que Dieu réserverait à sa postérité en habitant toujours sous ses tentes. Cette interprétation paraît peu vraisemblable, et il est plus probable que Japhet est le sujet de cette seconde phrase. Noé annonce donc que Japhet habitera un jour les tentes de Sem. Japhet sera donc maître de Sem et de ses fils, mais alors, selon quelques commentateurs, il aura part aux biens spirituels, promis à Sem. Bar-Kappara déduisait de ce verset « que l’on parlera la langue de Japhet sous la tente de Sem. » Talmud de Jérusalem, traité Meghilla, i, 9, trad. Schwab, Paris, 1883, t. vi, p. 211. Le targum du pseudo— Jonathan ben Uzziel sur le Pentateuque observait que les deux frères, Sem et Japhet, ayant été unis dans leur acte de respect filial, seraient unis, dans leur postérité, dans l’amour du vrai Dieu. Saint Chrysoslome, In Genesim, homil. xxix, P. G., t. lui, col. 271, saint Jérôme, Liber hebraic. qusest. in Gen., P. L., t. xxiii, col. 958, et saint Augustin, Contra Fauslum manichseum, I. XII, c. xxiv, P. L., t. lxii, col. 206, ont vu dans ce souhait l’annonce prophétique de l’accession des fils de Japhet aux bénédictions divines, promises a la race de Sem et de la vocation des gentils au christianisme. Voir aussi S. Isidore de Séville, Qusest. in V. T. In Gen., c. viii, n. 8-10, P. L., t. i.xxxiii, col. 236 ; Bède, In Pentaleuchum commentarii, P. L., t. xci, col. 228 ; Alcuin, Interrogation.es et responsiones stijicr Genesim, int. cxliii, P. L., t. c, col. 532 ; Rupert de Deutz, De Trinitate et operibus ejus, In Gen., 1. IV, c. xxxix, P. L., t. clxvii, col. 363-301. Noé promet en fin à Japhetqu’il aura, lui aussi.Chanaan pour esclave.

Voir Corneille de la Pierre, Comment, in Genesim. Paris, 1859, t. i, p. 162-163 ; Calmet, Commentaire littéral, 3 « (dit., Paris. 1724, t. i, p. 38-39 ; card. Mcignan, De l’Éden à Moïse, p. 258-268 ; F. Vigouroux, Manuel biblique, t. i, p. 656-660 ; Mgr Th.-J. Lamy, Comment, in libnim Geneseos, t. i, p. 342-343 ; F. de Hummelauer, Comment in Genesim, p. 240-242 ; Crelier, La Genèse, p. 120-122 ; Cl. Fillion, La sainte Bible, t. i, p. 50-51 ; < ;. Hoberg, Die Genesis, p. 10 5-1 (>7 ; M. Hetzenauer, Comment, in libnim Geneseos, p. 165-167 ; L. Murillo, op. cit., p. 413-415.

III. LES PROMKSSKS FAITES A ABRAHAM, A ISAAC

et a Jacob. — Voir t. i, col. 1 06— 111.

IV. La bénédiction de Jacob mourant a Juda, xlix, 8-10. — Le morceau, xlix, 1-28, est nommé tantôt « bénédictions » , 28, tantôt « prophétie » de Jacob, comme l’indique le l et verset. Le blâme y est mêlé a l’éloge ; ce n’est donc pas une universelle bénédiction ; mais pour Juda. Jacob n’annonce que de bonnes choses. Le patriarche mourant rassemble ses fils pour leur prédire ce qui arrivera à leur postérité, et dans sa bouche le poème vise certainement L’avenir des tribus.

Après Ruben, Siméon et Lévi, à qui leur père refuse la prééminence à cause de leurs crimes, Juda reçoit la promesse de la souveraineté en Israël, que mus n’avaient pas méritée. Voici la traduction île l’oracle qui le concerne. Nous l’empruntons au P. Lagrange, /.</ prophétie de Jacob, dans la Revue biblique, 1898, t. vii, p. 520. Elle est faite sur le texte hébreu :

H. Juda, c’est toi que célébreront tes tréres,

li main sera sur le col île 1rs ennemis,

i Us de ton père se prosterneront devant toi

9. Juda est un lioini.ni.

|in s avoir pillé, mon lils, tu es remonté :

il a plié le genou, n s’est accroupi comme un lion cl

comme une lionne ;

nui Irait le taire lever 1

10. I.< s i pire ne sortira pas de Juda,

M le bâton de commandement d’entre ses i

Jusqu’à ce que vienne — celui auquel il appartient » , A lui l’obéissance des peuples !

11. Liant à la vigne son poulain, Et au cep le fils de l’ânesse,

Il a lavé son vêtement dans le vin.

Et son manteau dans le sang de la grappe,

12. Par le vin ses yeux s’assombrissent, Et ses dents sont blanches de lait.

Interprétation ancienne.

 Dès la première

moitié du iie siècle, la prophétie de Jacob sur Juda a été interprétée au sens messianique. Quelques Pères l’ont entendue entièrement dans ce sens et ont exclu toute signification historique. D’autres, en plus grand nombre, ont mêlé plus ou moins les deux explications, historique et messianique, qui sont devenues plus tard une interprétation littérale et une interprétation mystique. Le fond de l’explication est resté identique, les exégètes postérieurs dépendant presque tous de leurs prédécesseurs, et les variations n’ont porté que sur des leçons différentes du texte ou des explications mystiques de quelques détails.

Saint Justin n’a commenté que les versets 10-12 et il a mêlé les deux interprétations. Jacob a prédit deux avènements du Christ. Jusqu’au premier, il y aura en Juda des prophètes et des rois, il se produira sous Hérode, le premier étranger qui ait régné sur les Juifs, et après cet avènement, les Juifs n’auront plus ni prophètes ni rois. Aux versets. Il et 12, Jacob dit ce que le Christ fera à son premier avènement et quelles nations croiront en lui. Le poulain de l’ânesse, non encore asservi au joug, représente les gentils qui recevront le joug de la doctrine de Jésus. Celui-ci est entré à Jérusalem sur une ànesse et sur son ânon pour montrer que la synagogue et les gentils devaient croire en lui et qu’il les a lavés dans son sang. Son vêtement ainsi lavé représente ceux qui seront purs à son second avènement. Le vin figure son sanu. qui, comme le fruit de la vigne, n’a pas été produit par la génération humaine, mais par la puissance divine. Le Christ homme n’est donc pas né comme les autres hommes. Dialogus enni Tnjphone, 52-54, /’. I-, ., t. vi, col. 589-5911.

Saint Ilippolyte de Rome entend la bénédiction de Juda par Jacob presque entièrement du Messie. Juda sera loué, parce que David et le Christ seront de sa race. Le Christ sera le seigneur et le juge de tous ses ennemis. S’il est lils du lion, c’est qu’il est le Fils de Dieu, conçu du Saint-Esprit. Il dormira trois jours et trois nuits dans son tombeau, puis i ! ressuscitera par sa propre puissance.. Il n’y aura plu. ni ancien ni roi ni piètre de la race de Juda jusqu’à sa seconde venue. C’est comme rédempteur qu’il csl l’espérance des nations, il est entré à Jérusalem sur un ânon et une ànesse. Il a été baptisé dans le Jourdain pour laver son vêtement, c’est-à-dire sa chair par laquelle il appartient à la race de Juda. Le vin est l’esprit de son l’ère. Ses eux, ce sont les prophètes el ses dénis, les apôtres. C. N. lîonwetseh. Drei

georgisch erhalten Sehriften mm Hippolylus. Dus Segen Jacobs, n. 15-1 !), dans Texte mut Unlersuchungen, Leipzig. 19(11, I. i. fasc. L p. 23-32 : C. Dm bouniotls et N. Beïs, Hippolyls Sehri/l iiber die Segnungen Jacobs (texte grec retrouvé et publié), dan. Texte und Unlersuchungen, Leipzig, 1912, t. xxxviii, lise. L p. I 13. La même interprétation se retrouve dans les Griechische Fragmente : nr Genesis de saint Hippolyte, ou les versets 10-12 sont appliqués a Jésus Christ. Hippolylus Werke, Leipzig, 1897. part. II. p. 59-61.

Nous dirons plus loin que l’homélie « vu 1 d’Origéne sur la Genèse est l’œuvre de Rufln, le traducteur

latin des seize homélies précéilenles.

Dans son II. fi. I. I. c, m. /’.’-.. I.. col. S

Eusèbe de Césarée remarque, à propos d’Hérode, qu’il est le premier prince étranger qui ait régné en .luda et qu’ainsi s’est réalisée la prophétie de Jacob, rapportée par Moïse. Dans sa Démonstration évangèlique, 1. VIII, c. i, P. G., t. xxii, col. 572-596, il développe cette explication.. Il observe d’abord que les mots : ta àrcoxetfieva aÙTû du verset 10 dans la version des Septante désignent les promesses faites à Abraham, à Isaac et à Jacob. Les rois des Juifs sont issus de .luda et le Messie sortira de lui, quand il n’y aura plus de prince de sa race. Hérode a été le premier étranger qui ait gouverné la Judée. Juda lui-même n’a pas été adore par ses frères ; cette adoration concerne le Messie, son descendant. La comparaison avec le lion dépasse Juda. L’espérance des nations, c’est Notre-Seigneur Jésus-Christ, né sous le règne d’Hérode, quand il n’y avait plus de prince de la tribu de Juda. Toute la prophétie lui convient : il a été adoré ; son nom a été annoncé ; il a triomphé de ses ennemis à sa passion. S’il est de la race de Juda, il a germé d’une vierge (d’après la version des Septante) ; il est mort et il est ressuscité. L’ànon représente le chœur des apôtres qui a été lié à la doctrine du Verbe de Dieu. Le Christ a lavé son vêtement à sa passion. Ses yeux et ses dents montrent la splendeur et la pureté de l’eucharistie.

Saint Éphrem applique les versets 8 et 9 à Juda. A propos du verset 10, il réfute ceux qui voient dans David celui qui doit venir ; ce n’est pas David, c’est Jésus, le fds de David, et il viendra quand il n’y aura plus de roi ni de prophète de la race de Juda. Il faut entendre très certainement cette prophétie du Fils de Dieu. L’Église, formée des gentils, l’attendra et il a lié cet ânon à la synagogue. Il est venu à Jérusalem monté sur un ânon ; il a lavé son corps dans son sang. Ses pensées étaient plus claires que le vin et sa doctrine plus pure que le lait. In Genesim, dans Opéra syriace et latine, Rome, 1737, t. i, p. 107-109.

Du fragment de Théodore de Mopsueste sur Gen., xlix, 11, 12, P. G., t. lxvi, col. 045, il résulte que cet exégète entendait du Messie la prophétie de Jacob : il parle de la passion de Notre-Seigneur et il y dit que Jésus recevra une nouvelle beauté après sa mort. Cf. L. Pirot, L’œuvre exégélique de Théodore de Mopsueste, Rome, 1913, p. 258-260.

Saint Jean Chrysostome déclare que cette bénédiction mystique présignifiait ce qui devait arriver au Christ : sa croix et sa sépulture. La nation juive avec son chef durera jusqu’à ce que vienne celui qui est l’espoir des gentils pour leur salut. In Genesim, homil. lxvii, n. 2, P. G., t. liv, col. 574.

Pour Théodoret, la bénédiction est portée, non pour Juda, mais pour sa tribu, qui est une tribu royale. La prophétie s’est très exactement réalisée dans le Christ : il est sorti de cette tribu ; sa mort a été formidable pour la mort et pour le diable ; il est fds de roi et fds de Dieu ; il s’est ressuscité ; le temps de son avènement est fixé, puisqu’il n’aura pas lieu tant qu’il y aura des rois, des princes, des prêtres et des prophètes chez les Juifs ; il se produira sous le règne d’un étranger ; le Christ est l’attente des nations, selon les promesses faites aux patriarches. Israël est sa vigne ; l’ànon représente les gentils indomptés. Les apôtres ont fait monter Jésus sur lui pour montrer qu’il les dompterait. C’est dans sa passion qu’il a lavé son vêtement, c’est-à-dire son corps, dans son sang. Cette passion a été salutaire : elle a procuré la joie des yeux. Les dents blanches indiquent la splendeur de la doctrine du Christ. Quæstioncs in Genesim, q. ex, P. G., t. lxxx, col. 217221.

Saint Cyrille d’Alexandrie voit, dans cette bénédiction, une prophétie de l’incarnation. C’est Jésus, sorti de la tribu de Juda, qui doit être célébré, loué

et adoré par tous les hommes, ses frères, comme leur créateur et leur seigneur, qui a triomphé de tous ses ennemis, qui, comme lion, est le Fils du Dieu toutpuissant, et, comme lionceau, le fils d’une vierge, quia été crucifié, niais s’est ressuscité lui-même. Le temps de sa venue est marqué par l’absence de rois, issus de Juda, en Judée : ce qui est arrivé du temps d’Hérode. Il était l’attente des nations, qu’il a liées par son amour à la synagogue. Sur la croix, il a été lavé dans son sang, et, malgré sa mort, il a été, comme Dieu, dans la joie, et il a toujours dit la vérité. Glaphyr. in Gen., 1. VII, P. G., t. lxix, col. 349-356.

Procope de Gaza serre davantage le sens littéral de l’oracle. Jacob loue son fils Juda, parce que de lui devaient sortir des rois et le Christ roi. Il annonce aussi le temps de la venue de celui qui était l’attente des gentils, quand le sceptre a cessé d’être tenu par la tribu de Juda. Cette tribu royale domina ses ennemis, parce qu’elle était forte comme un lion. Mais la prophétie convient aussi au Christ, que ses frères, les apôtres, ont loué, qui a chassé les démons, ses ennemis, par sa doctrine et ses miracles, et encore plus par sa mort sur la croix. Les Juifs aussi l’ont loué, et comme lion, il est roi et le Fils du tout-puissant. Il est encore fils d’une vierge ; il est mort volontairement et il s’est ressuscité lui-même. Par sa charité, représentée par la vigne, il a lié à la synagogue un peuple nouveau, celui des gentils. Il a monté une ânesse et son ânon, non pas comme les princes de ce monde, mais pour faire des deux peuples une seule nation fidèle sous son joug Ce peuple nouveau, il l’a lavé dans son sang au baptême et il l’a abreuvé du vin de son eucharistie. Il lui a dispensé une doctrine pure, et ses yeux étaient exempts de toute tache, n’ayant jamais été attirés par la convoitise. Comment, in Gen., P. G., t. lxxxvii. col. 493-502.

Pour Jacques d’Édesse, la bénédiction de Jacob à Juda s’applique surtout au Christ, qui est le fils de Juda par David et la vierge Marie, qui est un véritable Juda, puisqu’il a loué Dieu et a appris à ses frères à louer le Seigneur, qui est notre frère et que nous devons louer. Ses frères sont ceux qui croient à sa divinité et qui ont reçu l’adoption divine. Il a vaincu les anges apostats. C’est un roi puissant qui répand le carnage sur ses ennemis. Il est mort volontairement, mais son Père l’a ressuscité et lui-même a repris la vie par sa propre vertu. Il a été l’attente des nations et il est venu quand Juda n’a plus eu la principauté. Il est en lié à Jérusalem sur un ânon et il est mort pour nous sur la croix. Ses jugements sont justes et sa doctrine est pure. Jésus-Christ est donc le véritable Juda. In Genesim, dans S. Éphrem, Opéra sijriace et latine, Rome, 1737, t. i, p. 189-190.

Si de l’Orient nous passons à l’Occident, nous trouvons des explications semblables, et cela n’a rien d’étonnant, puisque les anciens écrivains latins, qui ont interprété la prophétie de Jacob, dépendent de saint Ilippolyte de Rome, qui, après saint Justin, a donné le ton aux exégètes. Nous profiterons, pour les exposer, de l’étude littéraire du P. H. Moretus : Les bénédictions des patriarches dans la littérature du VIe au viii ( siècle, Toulouse, 1910 (extrait du Bulletin de littérature ecclésiastique, 1909-1910). Le plus ancien commentaire latin de ces bénédictions est celui de Grégoire d’Elvire, si c’est bien à lui qu’il faut attribuer les Traciaius Origenis de libris S. S. Scriplurarum, édités par P. Eatiffol et A. Wilmart, Paris, 1900. Le Tractatus VI roule sur la prophétie de Jacob. Juda n’a mérité d’être loué ainsi par son père que parce que Jésus-Christ devait naître de sa tribu. Tous loueront aussi le Christ, né de Juda, parce qu’il sera le plus grand prophète d’Israël ; ses ennemis, qui seront vaincus au dernier jugement, les saints, qui

l’adoreront. Semblable au lion, le roi des animaux, Jésus-Christ est le roi des rois, qui a vaincu le diable ; comme lionceau, il est le Fils de Dieu le Père ; il est aussi le fils d’une vierge. Comme le lion, il a dormi tranquille dans la mort, et son Père l’a ressuscité. Le royaume des Juifs a eu un chef de la tribu de Juda jusqu’à sa venue, mais les Juifs n’ont plus de royaume, depuis qu’il est venu. Les deux peuples, juif et païen, sont liés à la vigne de son corps par la foi. Il a lié le peuple juif, quand il lui a prêché la pénitence : si ce peuple ne croit pas, il sera maudit par la loi ; s’il croit, il aura à expier ses fautes passées. Jésus a lavé sa chair dans son sang à la passion. Son vêtement (anaboladium ) représente les croyants, élevés de bas en haut. Ses yeux figurent la grâce spirituelle qui vient sur nous du sang de Jésus-Christ, et les dents, la prédication des apôtres, qui sont plus blancs que la loi juive et que les anciens prêtres, p. 57-75. Grégoire s’est inspiré de saint Hippolyte, mais son commentaire ne semble pas avoir été utilisé du ive au vie siècle.

Saint Ambroise dépend aussi d’Hippolyte. Son De benediclionibus patriarcharum liber unus est postérieur à 386 et probablement de 387. Le discours paraît être adressé à Juda, et annoncer que de lui sortiront des rois, David, Salomon et le Christ. Mais celui-ci est un dernier Juda, un vrai conjessor, né de sa tribu et seul loué par ses frères. C’est sur la croix qu’il a eu les mains étendues sur ses ennemis. Comme lionceau, il est le Fils du Père, puisqu’il est son égal : à l’incarnation, il a germé d’une ierge, et il s’est endormi en mourant sur la croix. Jusqu’à lui, il y aura en Juda une succession régulière de rois ; il est né sous Hérode, le premier prince étranger qui ait régné sur Juda. Il est l’espoir des nations. Il est monté sur un ânon et sur une ânesse. Sa chair a été lavée dans le vin au baptême ; ses yeux et ses dents sont les prophètes et les apôtres, c. iv, n. 16-25. P. L., t. xiv, col. 678-682 ; Corpus de Vienne, 1897, t. xxxii, p. 133139. L’explication historique est donc mise au second plan.

Saint Jérôme écrivit son Liber hebraicarum queestionum in Genesim de 387 à 392. Il attache plus d’importance à l’explication historique qu’aux interprétations allégoriques que pourtant il ne rejette pas. Le verset 8 est dit de Juda, dont le nom signifie con/essio ou laus. Sur le verset 9, Jérôme dit : Licet de Christo grande mijslcrium sit, (amen juxta lilleram prophelatur quod reges ex Juda per David slirpem generentur et quod adorent eum omnes tribus. La leçon de l’hébreu : « Il fera les peuples captifs, » ne peut convenu qu’au Christ, qui emmènera au ciel les âmes captives qu’il aura délivrées, ou mieux qui, après sa passion et sa mort, ressuscitera. L’ànon représente le peuple des gentils qui a été joint à la vigne des apôtres ou au peuple juif ; l’ânesse est la figure de l’Église, formée par la réunion des nations et comparée a Sorec, une vigne de choix. Jacob apostrophe Juda : Flli mi, pour lui apprendre que le Christ fera tout cela. Au lieu de pullum, il y a dans l’hébreu urbem suam, qui est encore l’église. P. /.., t XXIII, col. 10051006.

Pour répondre à une demande de Paulin, le futur lie de Noie, au sujet de la leçon latine rut cilicium, Rufln écrivit une explication de la bénédiction de Juda par Jacob, Après avoir expliqué comme une erreur de copiste la leçon latine, il sait que quelques uns entendent du Christ l.i prophétie entière et prétendent que rien ne concerne Juda. Mais le verset 10 in— peut convenir au Christ, puisqu’il est dit qu’il ira plus de chef en Juda a la venue du Christ. Donc qiuedam <ni Judam referuntur et l’explication

doit être tantôt historique et tantôt myiliqur. Judn est loué, parce que de lui sont sortis des rois et le

D1CT. DE l Ml mi.. CATHOL.

Christ ; c’est un lion que personne n’ose déloger. Au sens mystique, il est dit que le Christ naîtra d’une vierge et qu’il mourra sur la croix. Ea quæ reposita sunt se rapportent manifestement à Juda et signifient les récompenses qu’il recevra au jugement dernier. La première partie du verset. Il parle proprie et singulariter de Christo, qui réunit à sa vigne les Juifs et les gentils. Mais la seconde partie de ce verset se rapporte uniquement à l’histoire, et c’est au sens mystique seulement qu’il est question de l’Église, lavée dans le sang de Jésus-Christ. Le verset 12 exige une interprétation spirituelle : les yeux représentent les savants qui ont bu le vin de la doctrine, et les dents blanches, la candeur et la pureté de l’Église. De benediclionibus patriarcharum libri duo, préf., et 1. I, n. 1-15, P. L., t. xxi, col. 295-307.

Selon le P. Moretus, op. cit., p. 12-21, la xviie homélie d’Origène In Genesim, n. 4-9, P. G., t. xii, col. 256-262, est identique à l’explication de Rufin, et il est vraisemblable que celle-ci a été jointe comme xviie aux seize homélies d’Origène sur la Genèse que Rufin avait traduites en latin. De fait, les deux textes donnent la même interprétation.

Le De benediclionibus patriarcharum libcllus, attribué à Paulin de Milan, à tort selon le P. Moretus, op. cit., p. 22-29, mêle aussi l’interprétation historique et l’interprétation mystique ou typique. Les versets 8 10 sont entendus de Juda à la lettre et du Christ au sens mystique, tandis que les deux derniers, . Il et 12, sont appliqués exclusivement au Christ. Les jeux figurent les dons du Saint-Esprit, et les dents, les prédicateurs du Nouveau Testament, le lait étant la doctrine du Nouveau Testament, c. ni, n. 0-9. /’. /… t. xx, col. 720-723.

Dans son écrit Contra Fausium manicheeum, 1. XII. n. 42, P. L., t. xli, col. 275-277 ; Corpus de Vienne. 1891, t. xxv, p. 367-370, saint Augustin se demande ce que Jacob a dit de son fils Juda, dont le Christ est issu secundum carnem. Or, il déclare que la bénédiction serait fausse si elle ne s’appliquait pas clairement au Christ. C’est du Christ qu’il est dit que ses frères l’ont loué ; c’est lui qui a étendu ses mains sur le dos de ses ennemis ; ses adversaires sont tombés à ses pieds.

11 est devenu parvulus à sa naissance ; il est monté sur la croix, où il s’est endormi, el il est ressuscité. Ces princes de la famille de Juda ont existé jusqu’à ce que les anciennes promesses aient été réalisées en leur temps. Hérode a été le premier étranger qui ait régné sur Juda. Le Christ a lié son peuple à sa vigne, en lui prêchant la pénitence : l’ànon. attaché aux rameaux, est le peuple des gentils. Le Christ a lavé les pécheurs dans son sang. Les yeux brillants île vin sont les hommes spirituels, ravis en extase, et les dents représentent les enfants nourris du lait de la doctrine. Dans son De civitate Dei, 1. XVI, c. xli, /’. /.., t. xi.i, col. 519-52(1 ; Corpus de Vienne. 1900, t. ni., p. 198-199, l’évêque d’Hippone, parlant du même sujet, renvoie à son traité précédent. Le sommeil du lionceau est la mort du Christ, qui a été suivie de la résurrection. Son vêlement est l’Église lavée dans les eaux du baptême. I es antres traits de la prophétie sont expliqués comme précédemment.

Avec saint Isidore de Séville, commence la série des compilations des explications antérieures. Pour la bénédiction de Juda, il emprunte a saint Augustin, a Rufin

el a saint Ambroise. Il entend tout du Christ, sauf le

verset 10, qui manifestement concerne Juda. Qtuuth m. i. in Genesim c. xxxi, n. 14-29, /’/… 1. 1 xxxiii, col. 278-281. Les commentaires, faussement attribués à saint Eucher ri ; i Bède et qui sont postérieurs au

rie, sont des compilations du même uenre. des sortes de chaînes, qui mettent bout à bout diverses explications. I. pscudo-Bède indique même lr< nom

VI. — 39

121 y

GENÈSE

1220

des Pères, dont il utilise les œuvres. Pour le premier, Commentarii in Genesim in 1res libros distribua, P. /.., t. ii, col. 1039-1041, et pour le second, Quæsliones super Genesim, P. L., t. xciii, col. 357-359. Ils se ressemblent, ils dépendent surtout de saint Jérôme et de saint Isidore, mais ils sont indépendants l’un de l’autre. Le pseudo-Eucher a utilisé Grégoire d’Elvire.

Le vénérable Bède emprunte son commentaire à saint Jérôme pour l’interprétation historique et à saint Isidore pour l’explication spirituelle. In Penlateuchum commentarii, c. xi/viii-l, P. L., t. xci, col. 275-279.

Le commentaire d’Alcuin sur la bénédiction des patriarches a été édité comme un traité spécial, attribué souvent à tort soit à saint Jérôme, P. L., t. xxiii, col. 1309-1310 (pour Juda), soit à saint Augustin, P. L., t. xxxv, col. 2201 (pour Juda), ou bien comme formant une question de ses Inlerrogationes et responiones in Genesim, q. ccxxxi, P. L., t. c, col. 562564 ; il joint à l’explication historique et littérale l’interprétation spirituelle, mais il dépend entièrement de Bède. Voir Moretus, op. cit., p. 40-45.

Un traité inédit, conservé dans un manuscrit de la seconde moitié du xiie siècle à l’évêché de Portsmouth, ayant appartenu à l’abbaye de Reading et écrit peut-être en Angleterre, a pour titre : Liber Rodberli abbatis De benedictionibus patriarcharum. C’est un ouvrage du ixe siècle, qui doit avoir été composé par saint Paschase Radbert. Or, il est tributaire de saint Ambroise, de Rufin et de saint Isidore. P. Blanchard, Un traité De benedictionibus patriarcharum de Paschase Radbert ? dans la Revue bénédictine, 1911, p. 425-432.

Les commentateurs de la Genèse, du ixe au xiie siècle, dépendent tous à des degrés divers de leurs devanciers. Walafrid Strabon ne donne que l’explication historique et copie saint Jérôme. Glossa ordinaria. In Genesim, P. L., t. cxiii, col. 178. Raban Maur applique la prophétie tout entière au Christ, en réunissant diverses interprétations (saint Ambroise, Rufin, saint Jérôme). Commentarii in Genesim, 1. IV, c. xv, P. L., t. cvii, col. 659-660. Angelomme suit principalement saint Jérôme. Commentarius in Genesim, P. L., t. cxv, col. 233-234. Saint Bruno d’Asti distingue l’interprétation littérale de l’explication spirituelle. Il entend la lettre de la tribu de Juda, qui fournira des rois, sera conquérante et se reposera après ses combats. Le verset 10 annonce manifestement l’époque de la venue du Christ. L’explication spirituelle concerne le Christ. Expositio in Genesim, P. L., t. clxiv, col. 226-227. Remy d’Auxerre entend les versets 8 et 9 de David selon la lettre et du Christ spirituellement. Le verset 10 annonce l’époque de la venue du Messie, à qui conviennent exclusivement les versets. Il et 12. Comment, in Genesim, P. L., t. cxxxi, col. 126-127. Rupert de Deutz revient à l’application de la prophétie entière au Christ. Il a connu Grégoire d’Elvire. Comment, in Genesim, 1. IX, c. xxviii-xxx, P. L., t. clxvii, col. 552-555 Hugues de Saint— Victor, au contraire, ne donne que l’explication historique et il a des traits originaux. La comparaison de Juda avec le lion est une métaphore, qui signifie qu’on n’ose pas le déranger. Il lit : Douce ueniat Silo, et il l’entend de la localité de Silo, où Saiil est venu, pour en conclure qu’à partir de Saiil Juda aura la principauté et que les Hébreux auront confiance en lui. Les versets. Il et 12 annoncent la fertilité de son territoire. Adnotaliones elucidatoriæ in Genesim, P. L., t. clxxv, col. 59. Cf. A. Posnanshi, Shiloh. Erster Teil. Die Aufjassung von Genesis, xli.x, 10, in Altertum bis zum Ende des Mittclallers, Leipzig, 1904.

Nous ne poursuivrons pas nos recherches dans les commentateurs postérieurs. Denys le Chartreux applique encore au Christ toutes les métaphores de

la prophétie et il entend de Juda le seul verset 10, qui annonce l’époque de la venue du Christ. Comment, in Genesim, dans Opéra. Montreuil, 1896, t. i, p. 441446. Corneille de la Pierre n’applique ptur la prophétie entière au Christ qu’au sens allégorique. Comment, in Genesim, Paris, 1859, t. i, p. 394-403. Calmet développe aussi surtout l’explication historique. Commentaire littéral. 3e édit., Paris, 1724, t. i, p. 334-338. C’est le sens unique, auquel s’arrêtent les commentateurs catholiques du xixe siècle, qui laissent de plus en plus de côté les applications messianiques purement allégoriques. Il nous reste à exposer brièvement cette explication.

2 n Interprétation moderne. — La bénédiction de Juda, comme celle de ses frères, s’adresse directement à lui ; c’est lui qui est interpellé. Jacob joue ensuite sur le nom de Juda, qui signifie « louer, glorifier » , et, comme des noms de ses autres fils encore, il tire un présage de sa grandeur future. Ses frères le loueront, les autres tribus d’Israël glorifieront celle de Juda et se prosterneront à ses pieds, parce qu’il sera fort et puissant ; ils reconnaîtront sa suprématie et choisiront dans sa race leurs rois, comme ses ennemis eux-mêmes seront subjugués par lui. Il est, en effet, un lionceau qui quitte sa tanière, les montagnes de sa tribu, pour aller déchirer sa proie et qui, le carnage accompli, remonte dans son repaire et s’y accroupit dans un repos qui accroît sa force. La répétition de l’image : « comme un lion, comme une lionne » ne fait que donner plus de force à la comparaison. La tribu de Juda, victorieuse de ses ennemis, une fois installée sur son territoire, n’en sera plus délogée : qui oserait réveiller ce lion au repos ?

La prophétie messianique se trouve au verset 10, qui annonce l’époque de la venue du Messie. La première partie est claire : Le sceptre ne sortira pas de Juda, ni le bâton de commandement d’entre ses pieds. Le sceptre est le symbole de la puissance royale. Jacob annonce donc que la tribu de Juda donnera des rois à sa postérité. Le mot hébreu ppo signifie « législateur » , mais aussi « bâton » . Num., xxi, 18. On a adopté l’un ou l’autre des deux sens ; mais le parallélisme avec « sceptre » exige le second. Il s’agit dès lors du bâton de commandement, que les chefs de tribu placent entre leurs pieds comme signe de leur pouvoir. Les traducteurs qui ont accepté le sens de « législateur » ou un sens analogue ont entendu les termes « d’entre ses pieds » comme une métaphore euphémistique pour désigner la génération, et par suite la race. La seconde partie du verset est difficile à expliquer à cause du terme hébreu nb>r, que les anciennes versions ont rendu différemment et que les exégètes modernes comprennent dans des sens divers. Avec le P. Lagrange, on peut ramener tous les systèmes d’interprétation à trois : 1. Il s’agirait d’une circonstance qui devait marquer l’arrivée de la tribu de Juda sur son territoire : il y serait arrivé « pacifique » ou « en paix » , rrW étant pour —---— ou Q-fytf. Mais cette interprétation ne convient pas au contexte : Juda est déjà au repos, et on ne voit pas pourquoi il perdrait le sceptre après avoir terminé ses victoires. 2. Il s’agirait d’un lieu où Juda arriverait avec une gloire spéciale. Le texte massorétique semble l’avoir compris ainsi et l’avoir entendu de Silo. C’est le sens adopté par Hugues de Saint— Victor. Voir plus haut. Mais la tribu de Juda n’a jamais été en ce lieu, et il ne peut être question du séjour de l’arche à Silo. Jud., xviii, 31 ; I Reg., i, 3 ; ii, 12 sq. Quelques commentateurs remplacent Silo par Salem ou Jérusalem. Mais rien n’autorise cette conjecture, et on ne voit pas pourquoi le nom de Salem aurait disparu du texte hébreu. 3. Il s’agit d’une personne. Quelques-uns ont vu dans ——z ; signifiant « pacifique » , un titre du Messie. Ce nom convient bien au Messie, il est vrai ; mais aucun Père de l’Église n’a eu connaissance de cette interprétation. Puisqu’il est question d’un sceptre et d’une personne à qui l’on obéira, il faut qu’entre les deux la personne qui recevra ce sceptre soit mentionnée. Toutes les anciennes versions l’ont ainsi compris, quoique diversement. Sauf saint Jérôme, qui a lu l’hébreu autrement que les autres traducteurs et qui a traduit : qui millendus est, « celui qui doit venir » (un des noms du Messie), voir E. Seydl, dans Der Katholik, 1900, t. i, p. 159-163, les anciens ont lu nîbtf et ils ont divisé ce mot en deux : le pronom relatif ut, « qui, que » et’-, « à lui » , qui peut s’écrire —-’— ou —-. Ils ont donc traduit : « Jusqu’à ce que vienne celui auquel (le sceptre appartient) » . Cf. Ezech., xxi, 32 (heb.). Le sens est par suite que le sceptre est tenu par Juda jusqu’à ce que vienne celui auquel il est destiné et qui doit dominer les peuples. Ce personnage, à qui le sceptre est réservé, est un fils de Juda, qui le prendra pour régner sur les païens ; c’est le Messie qui devait avoir un empire universel. Il n’est donc pas nécessaire de dire avec les anciens que le sceptre était sorti de Juda à la naissance du Messie, puisque celui-ci le reçoit de ses ancêtres et l’étend sur tous les peuples, dont il recevra l’obéissance. La prophétie messianique s’arrête là ; elle annonce le règne messianique de Jésus-Christ. Les versets Il et 12 conviennent à Juda et à sa tribu et célèbrent la fertilité de son territoire en vin et en lait. Ce guerrier victorieux liera sa monture de combat au cep de vigne de son domaine, et le vin y sera si commun qu’il pourra y laver ses vêtements couverts de la poussière de la bataille, en pressurant sa vendange. Le vin qu’il boira étincellera dans ses yeux ou bien troublera son regard, et ses dents seronl blanches du lait que ses troupeaux lui fourniront en abondance.

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E. Manglnot.