Dictionnaire de théologie catholique/JÉSUS-CHRIST III. Jésus-Christ et le dogme catholique 2. Au IIIè siècle

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Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 8.1 : ISAAC - JEUNEp. 635-638).

II. Le dogme de Jésus-Christ au IIIe siècle. —

I. LES DOCTEVRS ET CES THÉOLOGIENS. 1° l’n

Orient. t. Clément a" Alexandrie. Voir t. iii, col. 161. Sur l’accusation de docétisme portée par Photius, voiT t. iv, col. 1498-1499. - 2. Origène. Sur le résumé de sa christologie, voir l. vii, col. 153 154. Sur l’accusation de docétisme, voir t. iv, col. 14991500. I.a doctrine d’Origène sur la préexistence de l’âme et du corps de Jésus-Christ avant l’incarnation est répréhensibie. L’âme du Christ, dit il. fut créée avec tous les esprits dès le principe et resta seule parfaitement fidèle a 1 Heu : elle s’unit moralement au Verbe par celle longue fidélité. De principiis, t. II, c. vi, n. r>, 6 ; P.’L, t. xi, col. 213. I.e corps du Christ, conformément à la théorie générale d’Origène, fut formé postérieurement a l’âme, beau et parfait, (’.outra Celsum I. I. n. 32, 33, P. G., t. xi, col. 720-725. Avant l’incarnation, le Verbe uni â l’âme se manifeste aux esprits de tous les ordres célestes, se faisant successivement semblable à eux. in Gen., homil., viii, 8, l’. G., t. xii, col. 208 ; In Matth., tpm. xv, n. 7. P. G ;, t. xiii, col. 1272 ; In Joannem, tom. i. c 34, P. G., t. i. cal..si ; In Rom., L I. i, P. G., t. xiv, col. 848 ; Contra Celsum, l. Y il l, n. 59 P. G., t. xi. col. 1605. Cf. Iluci. Origenia na. t. ii, c. n. q. iii, n. 2 ! ’.. Pour nous sauver, nous hommes, le Logos s’unit enfin par l’intermédiaire de

cette âiuc, au corps beau et parfait que l’aine, par sa lé, avait mérité. De principiis, 1, II. c. VI, . n. 3, P. <-, ’., t. xi. col. 211 : Contra Celsum. I. VI, |>. 75-77 ; cf. I. I, n. 32 33, P. <L, I xi, col. 1409 sq., 720 sq. Ainsi, nécessairement logique avec lui-même, Origène

n’est ni docète, ni apollinariste. Voir la condamnât ion de ces doctrines par le synode de Constantinople de 543, dans I-’r. Diekamp, Die origenistischen Slreitigkeiten, Munster, 1899 ; Denzinger-Bannwart. n. 204206. Cf. IV Aies, Origénisme, dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique, t. iii, col. 1236-1213.

3. Sur le dogme de Jésus-Christ dans l’Église d’Orient après Origène, soit à Alexandrie, soit à Antioche. voir Hypostatique (Union), t. vii, col. 454-455. Voici comment M. Tixeront condense la foi de l’Orient en interrogeant les rares documents qui nous viennent de saint Méthode d’Olympe, de saint Pierre d’Alexandrie, de l’auteur du dialogue De recla in Deum /ïde (Adamantius), de saint Denys d’Alexandrie et de la Didascalie : « Le Verbe s’est fait homme (èvxvOptoTrrjaaç), S. Méthode, Convivium, Orat., I, v ; III, iv :. n. I’. G., t. xviii, col. 15, 68, 193 ; S. Pierre d’Alexandrie, Fragm., P. G., t. xviii, col. 521. II a pris de la vierge.Marie une chair terrestre, la chair d’Adam, une chair semblable à la notre, puisqu’il devait sauver la nôtre et parce qu’il convenait que le démon fût vaincu par le même homme qu’il avait séduit. S. Méthode. Convivium, III. c. vi, P. G., t. xviii, col. 69 ; /)e resurreelione II, viii, 7, édition Bonwetsch, du Corpus de Bci lin.]). 3 I 1 ; Adamantins, t. IV, c. xv ; V, iii, : x, édition V. II..van de Sande Bakhuyzen, du même Corpus, p. 172, 178, 190. Par cette incarnation, le Verbe ne s’est pas transformé en la chair, il ne s’est pas dépouillé de sa divinité. S. Pierre, Fragm., P. G., t. xviii, col. 509 ; Adamantius, t. IV, c. xvi, édit. cit., p. 174. Il s’est seulement uni intimement à une humanité, ouvevwoaç xal aijyLspàaac ;, Convivium, Orat-. III, c. v, P. G., t. xviii, col. 68, d’une union qui laisse subsister les deux natures. 0eoç Tjv çûgsi xal vévovev àvGpw^oç çôrrei.. S. Pierre, P. G., t. xviii, col. 512, 521 ; ôvtcûç Œôv xerrà -v^Oux xal ÔvToiçavOptoTrovxxTà aâpxa ôioXoyi]aav-re ; Xpiarôv. Adamantins, t. V, c. xi, édit. cit. p. 194 ; cf. S. Méthode, Convivium, Orat. III, c. iv, P. G., t. xviii. col. 65. Et ces deux natures ont chacune leurs opérations et leurs volontés. Adamantius, , 1. V. c. viii, édit. citée, p. 190.. Mais du reste l’unité et l’identité de personne avant ci après l’incarnation sont nettement affirmées et le concile d’Éphèse a pu Invoquer ici le témoignage de Pierre d’Alexandrie. C’est le Verbe qui est né dans le sein de Marie, ysvo-U. EVOV èv U/yJTpqi et qui s’y est fait chair par la volonté et la puissance de Dieu. S. Pierre, Fragm.. P. G., t. xviii. col. 512. - Celui qui est descendu est vraiment celui qui est remonté », àXr, 0<ôç yàp ô y.xT-xfiàç ocItôç è^T’. xal 6 àvapàç. Adamantins, t. V, c. vii, édit. cité, p. 188. Son corps est demeuré réel après la résurrection aussi bien que dans la transfiguration. Méthode, De resurrectione, [II, vii, 12 ; xii, 3 sq., édit. cit. p. 100, 108. En prenant ainsi notre nature, en devenant Homme-Dieu, le Verbe incarné, remarque Méthodï récapitulait en lui toute l’humanité. Il est le second Adam, en qui cette humanité a été pétrie à nouveau et, par son union avec le Verbe, restaurée déjà et renouvelée. Convivium, Orat., 111, c. iii, iv, v, viii, P. G., t. xviii, col. 64, 65, 68, 73. Tixeront, op. cit., p. 193- loi.

2° En Occident. 1. Tertullien. Sur sa christologie, voir Tertullien, et d’Alès, La théologie de Tertullien, Paris, 1905, c iv. Deux aspects particuliers sont â noter ici touchant la physionomie du Christ. I.e Christ, dans Tertullien, apparaît bien comme le Chris ! des Écritures, né de notre race, vrai Fils de Dieu el vrai Fils de l’homme. Il este le consommateur de l’Ancien Testament et l’initiateur du Nouveau. Loin de venir en ce momie comme un étranger, il y vient comme dans son domaine, pour recueillir l’héritage que son l’ère lui destine, pour révéler le mystère du plan divin, pour émanciper le genre humain, esclave du péché, pour ouvrir le trésor des dons de l’Esprit, pour JÉSUS-CHRIST. LE DOGME AU III SIÈCLE

nous initier à une grande espérance, r.r sa résurrection, type et gage de la nôtre. Il a reçu, dès l’origine

tlu monde, ce plein pouvoir qu’il vient revendiquer en son temps ; il a préludé, par les théophanies de l’Ancien Testament à l’incarnation, point île départ de l’ère nouvelle. Loin d’avoir le caractère d’une révolution violente, sa mission est le but vers lequel le Dieu créa teur acheminait le momie : elle. met le sceau à ce grand dessein qui se déroulait à travers les siècles. Elle marque la transition d’une loi provisoire et imparfaite à une loi meilleure, d’observances mortes à un culte unifié par l’Esprit. On reconnaît, dans la prédication du Christ, l’accent des prophètes, Christian et in noois ml s’écrie Tertullien, Ado. Marcionem, 1 IV. c. xxi. P. L., t. ii, col. HO, eu le voyant rééditer les miracles de l’Ancien Testament. A part le privilège de la conception virginale, il ne s’élève pas. selon la nature, au-dessus de l’humanité ; il est homme dans toute la force du terme, et homme d’un extérieur commun. Selon la « race, non seulement il échappe, en tant que Dieu, à toute comparaison, mais il se distingue, en tant qu’homme, de tous les fils d’Adam par l’immunité de la déchéance commune. Cette chair qui, dans tous les hommes, est chair de péché, en la prenant, il l’a rendue exempte de péché, id., t. V, c. xiv. col. 506 ; et par elle, il a délivré tous ceux que le péché infectait dès l’origine. Le Christ est l’Emmanuel, l’illuminateur des nations, le conquérant des âmes, le prêtre catholique, catholicum Palris sacerdotem, id.. t. IV, c. ix, col. 376, le pontife authentique de Dieu le Père, aulhenticus pontife.v Dei Palris, id., t. IV, c. xxvv, col. 117, 1e médiateur entre l’humanité et Dieu, sequeslcr Dei atque hominum, De resurreciione carnis, c. ii, col. 8C9, le « nouvel Adam », id., c. lui, col. 873 : le principe en qui Dieu récapitule toutes choses, l’Époux de l’Église. » D’Alès. up. cit., p. 199. Il faut noter, en second lieu, le réalisme voulu par Tertullien pour marquer, contre les docètes de toute espèce, et notamment Marcion, Apelles et Valentin, la réalité de la chair, de l’humanité de Jésus-Christ. A ces erreurs, niant la naissance vraie du Rédempteur ex Maria, Tertullien oppose des arguments précis et fait valoir les moindres paroles de l’Écriture. Sur l’examen des textes scripturaires relatifs au Christ et exposés contre Marcion par Tertullien et notamment sur la valeur des premiers chapitres de Luc rejetés par Marcion, voir il. Mes, op. cit., p. 164^185. Pour nous prouver la réalité du corps de Jésus, Tertullien accumule des détails d’un grossier réalisme. De carne Christi, c. xi, P. L., t. ii, col. 774, et nie la virginité de Marie. Et, si virgo concepit, in purin sn<> nupsit, id.. c. xxiii, col. 790. Il est utile de rappeler que Tertullien, le premier, a nettement formulé le dogme de l’union hypostatique, Advenu » Praxean, c. xxvii, P. L., t. ii, col. 190. Voir Hypostatique ( Union), col. lôô. La riijle de foi formulée par Tertullien touchant le Christ doit être signalée, parce qu’elle sert à fixer les termes du symbole romain au nr siècle. La voici ; elle consiste à croire « qu’il n’y a qu’un seul Dieu, qui D’est autre que le créateur (lu monde ; que c’est lui qui a tiré l’univers du néant par son Verbe émis avant toutes choses ; que ce Verbe fut appelé son Fils, qu’au nom de Dieu il apparut sous diverses figures aux patriarches, qu’il se fit entendre de tous temps dans les prophètes, enfin qu’il descendit par l’Esprit et la puissance de Dieu le Père dans la Vierge Marie, qu’il devint chair dans son sein et que né d’elle il revêtit la personne de Jésus-Christ ; qu’il prédit ensuite une loi nouvelle et la nouvelle promesse « lu royaume des cieux, qu’il lit des miracles ; qu’il fut crucifié, qu’il ressuscita le troisième jour, qu’enlevé au ciel il s’assit a la droite de son Père : qu’il envoya à sa place la force du Saint-Esprit pour conduire les croyants ;

qu’il viendra dans une gloire pour prendre les saint I ri leur donner la jouissance de la vie éternelle et des promesses célestes, et pour condamner les profanes au feu éternel, après la résurrection des uns et des autres, et le rétablissement de la chair, i De prsescrip tione, c. xiii, P. L., t. ii, col. 26. 1 lahn, op. cit, s 7.

2. Saint Hippolyte. La doctrine christologique de saint Hippolyte représente la foi commune de l’Église. On trouve dans le Contra Noelum, n. 17, P. G., t. x, col. 825, une profession de foi analogue à celle de Tertullien : Croyons donc, frères bien-aimés, selon la tradition des apôtres, que Dieu le Verbe est descendu des cieux dans la sainte vierge Marie, afin qu’incarné d’elle, s ; -LÙtyj ;, en prenant une âme humaine douée de raison et faisant sien tout ce qu est de l’homme, sauf le péché, il sauvât celui qui était tombé et communiquât l’immortalité à ceux qui croiraient en lui… Il s’est manifesté â nous, nouvel homme, fait de la Vierge et de l’Esprit Saint (unissant) en lui les deux réalités, celle qu’il tient du Père, dans le ciel, comme Verbe, et celle qu’il recueille sur terre, du vieil Adam, en s’incarnant parla Vierge. » Les deux natures restent distinctes en.Jésus : « Étant venu dans le monde, il apparut Dieu et homme. L’homme est reconnaissable à bien des signes : la faim, l’abattement, la soif provoquée par la fatigue, la fuite causée par la crainte, l’affliction dans la prière, le sommeil qu’il prend sur son oreiller, le calice de douleur qu’il repousse, la sueur qu’il répand dans son agonie, le réconfort qu’il reçoit d’un ange, la trahison de Judas, les affronts de Caïphe, le mépris d’IIérode, la flagellation ordonnée par Pilate, la dérision des soldats, la crucifixion par les Juifs, le cri qu’il pousse vers son Père en rendant l’âme, le dernier soupir qu’il rend en inclinant la tête, la blessure faite à son côté par la lance, son ensevelissement et sa mise au tombeau, sa résurrection après trois jours par la puissance de son Père. Mais la divinité à son tour se manifeste par d’autres signes : l’adoration des anges, la visite des bergers, l’attente de Siméon, le témoignage d’Anne, la recherche des mages, l’indication de l’étoile, le changement d’eau en vin dans une noce, l’ordre donné à la mer agitée par les vents, la marche sur la mer, la vue rendue à l’aveugle-né, la résurrection de Lazare après quatre jours, des miracles variés, la rémission des péchés, le pouvoir donné à ses disciples. » Fragm. in Ps. II, 7, dans Théodore !, Eranistes, Dial. ii, P.G., t. lxxxiii, col. 173. Trad. d’Alès, I.a théologie de saint Hippolyte, Paris, 1906, p. 28-29. Voir aussi un beau fragment sur le Cantique de Moïse, Dent., xxxiii, 26, recueilli par Théodoret, loc cit., dans d’Alès, op. cit. p. 181. On peut résumer ainsi selon d’Alès, op. cit., p. 180, la doctrine d’Hippolyte sur Jésus-Christ. « Après avoir préludé à l’incarnai ion par les théophanies de l’Ancien Testament, In Danielem, iii, il : iv, 11. 36, 39, : >7, édit. Bonwetsch, Corpus de Berlin, 1. i</, p. 150, 210, 280-282, 286, 330, théophanies plus ou moins effectives où tantôt il se dissimulait derrière les prophètes, tantôt il se montrait en personne, coi unie dans la vision de Daniel, il a mis le sceau à la prophétie par son avènement selon la chair. /(L. iv, 39, p. 288. Devenu le premier-né de la Vierge, comme il était le premier-né du Père, il restaure en lui-même le type du premier Adam, ibid., iv, il, p. 21 I. irpuTOTOxov èx mxpOévou, ïva tôv 7rp<or6TcXaaTov A^à|j. h) £7’, t( ; j ivxizk&oociv SeiyOfj ; arche incorruptible de la nouvelle alliance, id., iv, 21, p. 216, il rétablit entre Dieu et l’homme l’union que le péché a rompue. id., ii, 28, p.’.M : Adv. Grrncos, . n. PG., t. x, col. 800. Car l’homme, créé Immortel, était par sa désobéissance

livré a la mort : pour lui rendre la ie. il ne fallait rien

moins qu’un tel médiateur. In Balaam (Num., xxiv, I71, ibid., t. b p. X2. lui associant, dans sa personne,

à la divinité incorruptible et immortelle, la chair de l’homme, le Christ a guéri les blessures de l’humanité, De antichristo, n. 4, ibid, p. 6 ; en mourant sur la croix, il a rendu la vie à ceux qui l’avaient perdue ; sa mort est le prix dont il paya la rançon de l’homme, id., n. 26, ibid., p. 19 ; In Danielem, ii, 36 : iv, 57 ; t. i a p. 112, 332, etc. »

3. Saint Cyprien.

Saint Cyprien n’a pas traité ex professo le dogme de Jésus-Christ ; mais ce dogme est supposé dans nombre de ses écrits. En orientant le chrétien vers la connaissance du Christ, Cyprien rappelle ce que fut la carrière du Christ, Testimonia ad Quirinum, 1. II : le Christ est la Sagesse de Dieu, c. i, ii, par qui tout a été fait ; le Verbe de Dieu, c. m ; l’Illuminateur et le Sauveur du genre humain, c. v ; le Médiateur, c. x ; le Juge à venir, c. xxviii, le Roi, xxix, xxx, P.L., t. iv, col. 696, 697, 698, 699-700 ; 704-705 ; 719 ; 720-724 ; il demeure l’Intercesseur (advocatus) des pécheurs auprès du Père. Epist., lv, n. 18, édit., Hartel, t. iii, p. 637. Cf. d’Alès, La théologie de S. Cyprien, Paris, 1922, p. 2-3.

4. Novatien.

Dans le De Trinitate de Novatien, on relève des éléments du symbole romain. Hahn, op. cit., § 11 : « La règle de la vérité exige qu’avant tout nous croyions en Dieu le Père et Seigneur toutpuissant ; la même règle de la vérité nous enseigne, après la foi au Père, à croire aussi au Fils de Dieu, Jésus-Christ, Notre-Scigneur et Dieu… Mais l’ordre de la raison et l’autorité de la foi… nous avertit ensuite, après cela, de croire au Saint-Esprit. » c. ix, P. L., t. iii, col. 900. D’ailleurs la doctrine de Novatien sur le dogme de Jésus-Christ est très ferme ; elle s’appuie sur l’enseignement de l'Église romaine : « La sainte Écriture annonce que Dieu est le Christ, tout aussi bien qu’elle annonce que cet homme lui-même est Dieu ; elle décrit Jésus-Christ homme, tout autant qu’elle décrit le Seigneur Christ Dieu. » Id., C. XI, col. 904. Novatien appuie beaucoup sur la dualité des natures : pour exprimer l’incarnation, il se sert des expressions : assumpsit carnem, suscepil hominem, subslanliiun hominis induit, etc. ; c. xiii, xxi, xxii, xxiii, col. 907908 ; 927-928 ; 930 ; 932. Il précise les formules qui attribuent la mort et les souffrances de Jésus à Dieu. c. xxv, col. 934-936 Combattant les modalistes, il remarque que l’homme en Jésus n’est pas Fils de Dieu, natur aliter, principaliter, mais consequenter, c’està-dire conséquemment à son union avec le Verbe. Celte filiation generala, mutuata, c. xxiv, col. 934, n’est pas la filiation adoptive, mais la filiation naturelle, acquise conséquciiiinent a l’union. Cf. 'fixeront, op. cit., t. i, p. 411-411.

5. Ne voulant ici cataloguer que les témoins autorisés de la foi catholique, nous passerons sous silence Comrnodien, Arnobe et Lactance, voir t. vi, col. 150 ; t. iii, col. 417 ; t. i, col. 1986. Signalons simplement la brève profession de foi de saint Denys pape : « Il faut croire en Dieu le Père tout-puissant et en Jésus Christ son Fils, et au Saint-Esprit ». Denzinger-Bannwart, n. 51, et la déclaration dogmatique attribuée a saint Félix et reçue plus tard, au concile d'Éphèse, comme l’expression de la foi catholique, Voir t. v, col. 2129.

II. LES BÉRÉSlES. l" En Occident. 1. L’adop tianisme romain, relit' à l’adoptianisme d’Antioche par le nom d’Artémon, voir t. i, col. 2022-2023, enseigne à la suite de ébionites que Jésus, fils de la vierge Marie, n’est qu’un homme, élevé par l’adoption divine à la dignité de Fils de Dieu. A son baptême dans le Jourdain, le Christ, c’est à-dire l’Esprit Saint, < escendit sur lui en tonne de colombe et lui communiqua les pui sauces ($uvà(Jt.eiç) dont il avait

besoin pour i emplir sa mission C st seulement après avoir ainsi r eu L’Esprit qu’il put accomplir des miracles. Voir I Iyposi ai n.n i (Union), t. vii, col 164 465. Cette doctrine, soutenue par Théodote le corroyeur, fut reprise par le second Théodote, le banquier. Cf. Tixeront, op. cit., 1. 1, p. 349-352.

2. Le monarchianisme patripassien dont les principaux défenseurs furent Praxéas, Noet, Épigone, Cléomène et enfin Sabellius, est à proprement parler une hérésie trinitaire. Il maintient l’unité, la « monarchie » divine en niant la distinction des personnes. C’est, en réalité, le Père qui est descendu dans le sein de la Vierge, qui est né, et, en naissant, est devenu Fils, son propre Fils à soi, procédant de luimême. Cf. Hippolyte, Philosophumena, t. x, n. 10. 27, P. G., t. xvi, col. 3420, 3440 ; Tertullien. Ado. Praxean, c. x, xi, cf. i, ii, P. L., t. ii, col. 165, 166, 154-157. C’est donc le Père qui a souffert et qui est mort (de là le nom de patripassianisme) : ipsum dicit patrem… passum. id., ibid., c. i, cf. c. xiii, col. 156, 169. Mis en face des textes qui établissent la distinction des personnes, les modalistes essaient de les expliquer en disant qu’en Jésus-Christ, le Fils, c’est la chair, l’homme, Jésus. tandis que le Père est l'élément divin uni à la chair, c’est-à-dire le Christ, ut seque in una persona utrumque distinguant patrem et filium, dicenles filium carnem esse id est hominem, id est Jesum, patrem autem spiritum. id est deum, id est Christum, id., ibid., n. 27, col. 190. Le patripassianisme est la forme primitive du sabcllianisme ; voir ces deux mots.

En Orient.

 1. L’adoptianisme de Paul de Samosate à Antioche. — Voir Hypostatique (Union), t. vii,

col. 465, 466. — 2. Le nestorianisme (avant la lettre) d’Hégémonius, dans les Acta disputationis sancti Archelai canx Mancle. Sur les formules un peu surprenantes qu’on trouve dans ce texte et qui font penser à une première ébauche de la chri tologie antiochienne. l’essentiel a été dit t. vi, col. 2113-2115. Au c. lx. Mani reproche à Archélaiis de faire de Jésus le Fils de Dieu par adoption et non par nature. A quoi Archélaiis répond en distinguant le fils de Marie du Christ de Dieu qui est descendu sur lui : « Il y a celui qui est né fils de Marie… Jésus. Mais c’est le Christ de Dieu qui est descendu sur celui qui est de Marie… Ressuscité des enfers, Jésus fut enlevé là où le Christ, fils de Dieu, régnait. » édit. du Corpus d.- Berl ii, p. 87.

/II. CO.Vd.US/O.V doctrinale. — A la fin du me siècle « des questions relatives à l’incarnation, deux seulement ont été expressément traitées et résolues : celle de la divinité de Jésus-Christ contre les adoptianistes, et celle de la réalité de son humanité contre les docètes. » Tixeront, op. cit., p. 512. Les problèmes soulevés par la question de l’union hypostatique ne seront mis en plein jour que plus tard, et c’est alors seulement qu’ils recevront de l’apollinarisme, du monophysime et du nestorianisme des solutions Incomplètes ou hétérodoxes. Mais il n’est pas nécessaire que ces hérésies se manifestent pour que la foi de l'église en un seul Jésus-Christ, à la fois Dieu et homme soit implicitement professée par tous. Les expressions et les formules consacrées par les conciles postérieurs ne sont pas encore en usage, mais, nous avons déjà pu le constater, voir Hypostatique (Union), l. vii, col. 453-456, la doctrine de l’unité personnelle el « le la dualité des natures de Jésus-Christ est reconnnuc et acceptée dans sa substance. Déjà, en effet, avec l'Église romaine, les fidèles récitent le symbole de la foi chrétienne : « Credo in Deum, patrem omnipotentem ; et in Jesum Christum filium ejus uniciim Dominum noslrum, qui indus est de. Spiritu sancto ex Maria virgine, cruciftxus sub Pontio Pilato et sepulius, lertia die resurrexit a mariais, ascendii in ccelos, sedet ad dexleram Putris, inde ventants est judicare, vivos et morluos : e In Spiritum sanctum, sanctam Ecclesiam remissionem peccatorum. carnis resui rectioneni. i Voir t. i, col. 1661. 258