Dictionnaire de théologie catholique/MÉTEL Hugues

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MÉTEL Hugues, chanoine régulier, († vers 1150). — Né à Toul dans la seconde moitié du xie siècle, il reçut aux écoles de la ville, alors florissantes, une instruction soignée. Il étudia ensuite sous Anselme de Laon la philosophie et la théologie où il acquit des connaissances sérieuses. Mais, à son témoignage même, sa vie était fort dissipée ; il finit par se convertir et entra au couvent des chanoines réguliers de Saint-Léon dans sa ville natale. Sa correspondance le montre en rapports avec des personnages illustres de l’époque : le pape Innocent II, saint Bernard, Abélard, Héloïse, les évêques de Trêves, de Toul, de Wurzbourg. Il jouissait dans son milieu d’un certain renom de science, et on lui adressait volontiers des questions auxquelles il répondait avec empressement. Il a dû mourir vers 1150, sans que l’on puisse préciser exactement l’année.

Métel se vante d’avoir beaucoup écrit en vers, ayant une extrême facilité pour la poésie. A vrai dire, les quelques spécimens qui nous restent n’ont rien de particulièrement curieux ; acrostiches de toutes formes, charades et énigmes, tout cela est bien médiocre. Une épître en vers à l’abbé Simon de Saint-Clément de Metz, que Métel engagea dormir moins, ne vaut guère mieux. Plus curieux est un dialogue en vers, Certamen papæ et regis, où le pape et l’empereur discutent la question des investitures, et qui a été composé sans doute au moment des tractations qui précédèrent le concordat de Worms (1122).

La correspondance en prose qui s’est partiellement conservée (55 lettres) offre à l’historien des mœurs, de la théologie, de la philosophie et même de la liturgie, un certain nombre de renseignements qui ne sont pas méprisables. Il y aurait intérêt à les recueillir dans le verbiage où ils sont trop souvent noyés, et à les rapprocher des témoignages contemporains. Signalons, au moins, les lettres : 40, critique de la dialectique et des méthodes en usage dans les écoles ; 44, sur l’origine des idées ; 45, sur les relations divines ; 46, sur la connaissance par Dieu des futurs conditionnels ; 26 et 33, sur la présence réelle, où l’auteur s’élève contre une nouvelle recrudescence des idées bérengariennes ; 39, sur la réitération de la pénitence ; 27, sur l’utilité de la prière pour adoucir les souffrances des damnés ; 35 et 36, sur diverses questions canoniques et en particulier sur l’ordination des fils de prêtres ; 47, sur le duel qudiciaire) et les ordalies. Tout cela témoigne d’une érudition assez copieuse, bien que mal digérée, d’une assez grande méfiance à l’endroit des idées nouvelles, d’un attachement solide aux autorités anciennes et spécialement à saint Augustin que l’auteur semble assez bien connaître. Et c’est fort caractéristique du mouvement des idées au milieu du xiie siècle.

Textes. — Mabillon, qui avait connu le ms. des lettres avait donné les n. 1, 10, 18 dans son édition de saint Bernard, voir P. L., t. clxxxii, col. 687-691 ; le n. 33, à Gerland, sur la présence réelle, dans Veter. Analect., t. iii, 1682, p. 459 sq. (reproduit dans P. L., t. clxxxviii, col. 1273). L’édition complète des lettres et des poèmes se trouve dans C. L. Hugo, Sacræ antiquitatis monumenta, Saint-Dié, 1731, t. ii, p. 312-420 ; l’épître en vers à l’abbé de Saint-Clément a été publié par G. Wattenbach, dans Neues Archiv, 1892, t. xvii, p. 357 ; le Certamen papæ et regis, par H. Bœhmer, qui donne aussi une nouvelle édition de la lettre 36, dans Monum. Germ. hist., Libelli de lite, t. iii, 1897, p. 713-719.

Études. — Outre les notices plus ou moins sommaires des éditeurs aux divers endroits cités : dom Calmet, Bibliothèque lorraine, Nancꝟ. 1751, col. 656-658 (où l’auteur cherche à attribuer à Métel, conjecture invraisemblable, la chanson de Garin le Lohérans), cf. Histoire de Lorraine, 2e édit., Nancꝟ. 1745, p. cxxii ; Moréri, Le grand Dictionnaire, édit. de 1759, t. vii, au mot Métellus (Hugues), col. 505 ; Histoire littéraire de la France, t. xii, 1763, p. 493-511, donne une analyse très complète des principales lettres ; Hœfer, Nouvelle biographie générale, t. xxxv, col. 193.

É. Amann.