Dictionnaire de théologie catholique/MAGYARIE

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Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 9.2 : MABILLON - MARLETTAp. 78-83).
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MAGYARIE. ou pays des Magyars. Le nom de Hongrois étant plUS spécialement réservé à l’ensemble des populations qui formaient le royaume de. Saint l'.tienne. le nom de Magyarfe peut s’appliquer à la Hongrie qui ne comprend que des éléments magyars les habitants parlant une autre langue n'étant plus, dans la Hongrie actuelle, qu’une mflme

minorité..

Par l’article consacré à la Hongrie, t. vii.col. n sq., on connaît le nombre et la superficie des archevêchés et des évêchés de la Hongrie d’avant-guerre ; le traite de Trîanon a tracé de nouvelles frontières, arbitrairement fixées, tant au pomt de vue ethnographique que géographique, politique qu'économique. Pour désigner les parties de la Hongrie attribuées aux Etats successeurs, on peut considérer que la Slovaquie a ete attribuée à la Bohême, la Transylvanie, à la Roumanie, la C.roatie-Slavonie. à la Serbie, les comitats de l’ouest, à l’Autriche. Ceci amène pour la Hongrie actuelle les conséquences les plus imprévues et. presque toujours, les plus désastreuses.

L'Église catholique romaine a perdu complètement I évêchés : Nvitra. Beszterczebânya, Szepes et Gyulafehérvàr. Le plus ancien archevêché, celui d’Ksztergora n’a conservé que quelques parties insignifiantes de son ancienne superficie et de ses revenus. Dans 5 évêchés, les paroisses ont. pour la plus grande partie, disparu avec le siège épiscopal. Sur 3310 paroisses que comptait la Hongrie, il lui en reste 1432.

I 'Église de Hongrie possédait de grands biens fonciers dont les revenus lui permet I aient de subvenir a ses besoins : ces vastes domaines ont été attribues, pour une large pari, aux États successeurs. La perte en est complète, irrémédiable pour l'Église catholique en général, parce que les lois agraires des nouveaux

États sont radicales et ne permettent a un propriétaire, individu OU association, que la possession de 500 arpents cadastraux (un arpent 5754 iii),

laveur rarement accordée : la partie des biens laisses aux anciens possesseurs étant généralement de 20 a 30 arpents ; la partie confisquée est payée aux prix d’avant-guerre et en papier-monnaie déprécié.

Il n’en est pas de même en Hongrie, la propriété

Foncière de l'Église est ménagée, la loi agraire nen

demande que le dixième. De plus, les propriétés

appartenant aux On ieux et aux fondations

jouissent d’un traitement de laveur, on ne leur demande qu’une légère redevance et seulement en cas d’absolue nécessité. On considère ces biens comme servant Utilement les causes désintéressées, et lorsque ces lois furent discutées au Parlement hongrois, les socialistes eux mêmes, reconnaissant les services rendus par les religieux, s’associèrent au vote de ces

lois…..

Avant de faire connaître les pertes subies par I I'-J 567

MAC YARIE

glise de Hongrie, il est nécessaire d’indiquer celles du pays tout entier. Le traité de paix a attribué :

Sup.enklm* en °/ Habitants en °/„

Bohême C2.937

Roumanie 102.787

Serbie 20.956

Autriche 5.055

Fiiime 21

22, 2 3.575.085 19, 6

36, 4 5.265.444 28, 7

7, 4 1.499.213 8, 2

1, 8 392.431 2, 2

19.806 0, 3

Total 191.750 07, 8 10.782.579 59, 0

Il reste à la Hongrie 91.114 32, 2 7.481.954 41.0

La population occupant ces territoires se répartit comme suit, d’après la religion :

Bohême Roumanie Serbie Autriche

2.113.149

602.268

1.007.603 1.233.749

1.789.776

719.1(12

262.732

178.871

(38.7(53

4.188

820.920 13.226

-163.715

52.293

121.847

22.019

114

3.409

315.664

150

82

5.910

62.453

8.129

34

9

4.257.330

Cathol. rom.

Cathol. grecs

Grecs-orientaux 1.999

Calvinistes… 228.18 1

Luthériens… 396.501

Israélites 232.738

Unitaires… 245

Divers 598

La Hongrie a perdu : Catholiques romains…

Catholiques grecs 1.849.393

L’Eglise catholique romaine perd

moitié de ses fidèles ; néanmoins la proportion des

catholiques a augmenté dans la Hongrie mutilée,

elle est de 63 p. 100 environ.

Les biens ecclésiastiques attribués aux États successeurs sont répartis ainsi qu’il suit :

Biens fonciers, en arpents cadastr.

Biens appartenant Boh. Rnum. Serbie Autr.

aux — — — — Archevêchés ou évè chés 135.749 347.638

Chapitres 62.289 63.691

Abbayes ou prévôtés. 1.258 7.407

Ordres religieux 29.152 8.287

Il lui reste : 4.707.839

158.056 peu près la

Fondations 30.533 58.450

15.318

3

86 156

1.863 2.959

386

258.981 485.473 15.563 8.208

Ces diverses fondations étaient administrées par une Commission mixte, composée de représentants du gouvernement et d’ecclésiastiques ; aussi, les États successeurs ont-ils considéré ces biens comme appartenant à l'État et ils les ont sécularisés, d’où perte absolue pour l'Église.

Les comitats de l’Ouest, faisant maintenant partie de l’Autriche, sont administrés par l’archevêque de Vienne. Pour les autres régions, un administrateur apostolique a été nommé.

Avec les territoires que le traité de paix a attribués aux États successeurs, ces derniers se sont trouvés mis en possession d'établissements d’enseignement de tous les degrés.

En considérant la partie la plus élémentaire de l’en seignement, c’est-à-dire les écoles maternelles et les asiles (permanents et temporaires), on voit qu’ils ont été répartis ainsi qu’il suit :

I relis maternelles dont catholique*

Bohême… Roumanie

Serbie…. Autriche.. Fiume….

1 '.es lent à la Hongrie

498

549

284

38

12

1.381 848

45 21 16

8

90 104

Avant la guerre, ces écoles et asiles étaient fréquentés par 269 852 enfants dont ICI 281 étaient des enfants magyars et 108 571 entants de langue non magyare.

Pour les écoles primaires, on trouve les chiffres suivants :

Ec. prim. super, Éc. pr. dont cath. Garç. Cath. Fil. Cath.

Bohême.. Roumanie Serbie…. Autriche.. Fiume….

4.280

4.928

897

402

20

1.685

409

226

73C

2

43

42

22

2

2

1

71

17

78

23

27

6

3

2

2

10.527

3.058 111 1 181 48 2C54 92 1 148 37

Il reste à la Hongrie : 6 402

Pour les écoles secondaires de garçons, la Hongrie en a perdu 102 dont 12 catholiques ; il lui en reste 85 dont 5 catholiques ; pour les écoles secondaires de filles, elle en a perdu 18 dont 3 catholiques ; il lui en reste 25 dont 4 catholiques.

Quant aux écoles normales, elles sont ainsi réparties :

Écoles normales Instituteurs dont cath. Institutr. d. cath.

Bohême…. Roumanie..

Serbie

Autriche..,

Reste à la Hongrie

11 8 2 1

22 18

G

3

11

G

2

7?

9

23

17

L’université de Presbourg se trouve maintenant appartenir à la Bohême ; la Hongrie en a créé une à Pécs, et pour remplacer celle de Kolozsvâr, devenue roumaine, une université a été fondée à Szeged.

Le tableau ci-dessous donne pour les années scolaires 1913-1914 et 1923-1924 le nombre des étudiants selon l’objet de leurs études et selon leur religion. Ce dernier point, sur lequel on n’a plus de chiffres officiels en France, est intéressant en Hongrie où la population est répartie entre de nombreuses religions. On constatera également les différences survenues depuis la guerre.

1913-1914

Droit Médecine Philosophie Se. écon. Pharmacie Éc. Polyt. Aut. éc. sup. Total.

Nombre des étudiants 5.759 3.524 1.377 377 2.450 13.487

Pourcentage d’après la religion :

Catholiques romains 47, 7 27, 4 49, 1 35, 8 40, 3 —

Calvinistes 18, 6 10, 4 16, 5° 15, 9 12, 1

Luthériens 6, 9 6, 6 10, 6 — 10, 9 8, 9 —

Israélites 18, 0 46, 5 15, 4 30, 5 33, 3 —

Divers 8, 2 9, 1 8, 4 — 6, 9 5, 4 — 1569

Nombre des étudiant M L, i K1I.

1923 1924

Religion : Catholiques romains.

Calvinistes

Luthériens

ites

Divers

D

56, 0 21, 6

7, 3 12, 0

3, 1

4.076


S l, 6

19, 4

7, 2

18, 7

i. 1 55

Q

59, 5 19, 9

B, 4 10, 6

1.6

1 829

n

62, 0 18, 2

8, 0 2, 7

376 3.015

57, 2 21, 8

S" 7.7 5, 1

58, 6

18.7

10, 9

8, 9

2.9

i.104

62, 5

21, 5

10, 9

2, 5

2.6

16.412


58, 2 20, 0

8.’.'

9, 9 3, 0

Une mesure, le numéros elausus, a été prise pour limiter le nombre des étudiants Israélites aux uni versités ; il est proportionnel au chliTre de la population, mais sauf dans les écoles spéciale », il dépasse néanmoins le chiffre de 6 p, 100 fixé par la loi.

I.i Hongrie mutilée a conservé 51, 2 % des Israélites >iui v habitaient avant la guerre.

l es écoles catholiques dépendant du gouvernement sont subventionnées sur le ronds de religion provenant du produit dos l’iens confisqués, en 177.’!, par Marie-Thérèse aux Jésuites et aux autres ordres religieux, il v a au>si un certain nombre d’écoles Indépendantes. Les écoles secondaires de filles sont dirigées par des religieuses. En Slovaquie, les écoles secondaires t>nt été laïcisées et U’s religieux expulsés. En Transylvanie, les écoles catholiques sont devenues écoles de l’État roumain : les anciens martres ne peuvent plus enseigner, même s’ils ont opte. L’enseignement du catéchisme est obligatoire en Hongrie, dans toutes les s exception. En Slovaquie, il est facultatif. En Croatie-Slavonie, il est obligatoire jusqu|à la lasse de l’école secondaire. En Transylvanie, le usine est enseigné. L’Église catholique-grecque et l’Église grecqueorientale ont perdu à peu près tout ce qu’elles possédaient en Hongrie. L’évêché catholique grec de Hajdn-Dorog a conservé son siège épiscopal et 83 paroisses, il en a perdu 80. Les évêchés d’Eperjes, de Munk.i.s et de Nagyvârad ont conservé 24 paroiss » n en tout.

L’Église grecque-orientale de Buda a conservé 42 paroisses sur 49. Les évêchés d’Aï ad. de Temesvâr et de Bacs ont conservé en tout 27 paroisses : ceux de Versée/, de Karansebes et de Transylvanie n’appartiennent plus a la Hongrie.

Les Ordres religieux avaient des maisons réparties surtout le territoire de la Hongrie, ce qui explique que, par l’application du Traité île Trianon, bon nombre de ces maisons situées en Slovaquie, en Transylvanie, en Croatie-Slavonie, sont aujourd’hui en territoire étranger.

La bénédictins ont conservé, en Hongrie, l’archiabbave de l’annonbalma. avec une faculté de théo. plus l.s abbayes de Bakonybél, Tibâny, Dœmu-k et Zalavér. Ils ont néanmoins subi des pertes, ainsi sur 3 secondaires, 1 située en Slovaquie

us la domination tchèque ; 25 paroisses, 3 situées en Slovaquie sont sous la domination tchèque ;

itboliques, 3.’estes en Slovaquie sont

! la domination tchèque ; sur 246 religieux, 12 restés en Slovaquie sont gous la domination tchèque ; sur 2 370 élèves, 133 restés en Slovaquie sont sous la domination tchèque.

montrés ont perdu leur maison principale de Jészô et celle de Lelesz, qui sont passées a la Bohème ; il en est de même de 2 i ondaires, confisquées et i. paroisses, avec 12.000 Odèles el 31 religieux sont restées en Slovaquie : 2 paroisses, avec - I hdeles et l l religieux, sont restées en Transylvanie, 2 seulement sont en Hongrie, avec 2. ! Bdèles

et 23 religieux. Les prémontrés ont fondé un nouvel établissement en Hongrie, près de Budapest ; il compte

litet dont la résidence es ! à Budapest ont

conservé’.maisons en Hongrie. Trois maisons sont passées à la Bohême avec 12 religieux, elles rorment,

ivec les établissements qui s’y trouvaient déjà et ceux détaches de l’Autriche, une vice province. I ne

maison est restée en Transylvanie avec il religieux. la Hongrie a conservé 223 religieux, coadjuteurs, novices, etc. Les jésuites possédaient une maison a Nagybecskerek, territoire dépendant de la Serbie, ils

l’ont complètement abandonnée.

/esfrères des écoles chrétiennes ont été contraints de quitter leur établissement de Lovattom, relevant de l’État, et où ils donnaient l’enseignement aux

enfants abandonnes. Le gouvernement leur a donne un autre établissement en Hongrie, OÙ ils ont ainsi 1 maisons : leurs autres maisons ont été reparties entre les États successeurs : deux a la Bohême, une à la Roumanie et une à l’Autriche.

Les piaristes forment un ordre enseignant fort importantà Budapest, OÙ se trouve la maison mère, il y a un établissement pour la formation des maîtres, il reste Il maisons en Hongrie. Les quatre établissements d’enselgnement situés en Slovaquie ont été confisqués par l’État tchèque et laïcisés. En Roumanie, ") établissements ont été fermés. En Serbie, l’école secondaire, l’unique école catholique, a été transformée en établissement d’État ; les piaristes ont complètement quitté le pavs. Sur 326 membres. 70 sont en Slovaquie, 18 en Bohème, et il reste en Hongrie 2’.H piaristes, mi ils ont 4.800 élèves, tandis qu’il y en a 2. 138 en Roumanie.

Les franciscains exercent une très grande influence sur le peuple ; les 53 maisons qu’ils possédaient en Hongrie sont réparties entre cinq États ; de même pour les 17 maisons des frères mineurs.

Des ô maisons des dominicains, 3 sont restées a la Hongrie, une est en Autriche, une en Slovaquie.

/ es frères de la charité qui se consacrent aux soins des malades dans les hôpitaux, ont conservé deux de leurs plus importants établissements en Hongrie, un hôpital est en Autriche. 3 en Transylvanie, 3 en Slovaquie.

les lazaristes ont un établissement a Buda ; ils avaient une maison très prospère a Orsova : ils ont dû l’abandonner à la Roumanie ; les religieux se sont lixés en Hongrie et ils vont créer une maison a Budapest pour v organiser des cours de français.

Pour un certain nombre d’ordres moins importants, les religieux ont subi plus de trouble dans leurs organisations que de pertes importantes ; il leur a fallu créer de nouvelles Installations, déplacer un grand nombre de religieux, les États successeurs n’admettant pas de sujets étrangers > <bms les établissements qui subsistent encore. Les dommages subis par les ordres religieux varient selon que leurs maisons étaient plus nombreuses au centre du pays ou a la

périphérie.

En 1910, on comptait en Hongrie 5.150 religieuses

sur lesquelles 2.848 se consacraient a l’enseignement et 1.862 au soin des malades.

Pendant le régime de la dictature du prolétariat,

les reli’-ieuses eurent beaucoup a soullrir, surtout les filles, Ce la Charité, pourtant tort populaires en Hon .-rieelles furent molestées par les bolcheviks, chassées .les hôpitaux et des.. -livres de bienlaisance 1571 M <, Y Ali JE MAHOMET ET MAHOMÉTISME

1572

((ii’t’Iles dirigeaient, et même de leurs couvents. Nombreuses furent les religieuses qui se réfugièrent en Pologne ; la tourmente passée, on les rappela, mais

beaucoup ne revinrent pas. les tilles de la charité ont une maison mère à Budapest ; elles ont maintenant en Hongrie 89 maisons, avec 1.2Il religieuses.

Elles ont perdu :

En Slovaquie : S(i maisons, avec 260 religieuses.

En Transylvanie îo maisons, avec 105 religieuses.

En Autriche 2 hôpitaux, avec 20 religieuses.

Dans la province de Szalmàr. dont le siège situé en Transylvanie dépend aujourd’hui de la Roumanie, ces religieuses possédaient 57 maisons dont il ne reste en Hongrie qu’une vingtaine.

Les insulines oui dû abandonner 3 maisons à la Bohême dont celle de Presbourg qui comprenait une école normale d’institutrices, et 2 à la Roumanie. Il leur restait 2 maisons en Hongrie ; elles viennent d’en fonder une à Budapest, avec école secondaire de jeunes filles ; elles y emploient les religieuses expulsées des États successeurs.

Les dames anglaises, consacrées exclusivement à l’enseignement, avaient 4 maisons ; une est resiée en Slovaquie, l’enseignement y est donné par des religieuses tchèques et slovaques. Pour employer les religieuses expulsées, il a été fondé une maison à Kecskemét.

Les religieuses du Saint-Sauveur, dont la maison mère est à Sopron, avaient 58 maisons ; elles ont dû en abandonner 8 à la Bohème, 2 à la Serbie, à l’Autriche. Elles ont fondé 5 nouvelles maisons dont une avec école secondaire ; elles ont à Budapest un établissement pour les jeunes filles suivant les cours de l’Université.

Les religieuses françaises de Notre-Dame de Sion, installées en Hongrie depuis la loi de séparation, ont conserve leur maison à Budapest ; elle comprend 35 religieuses, avec 180 pensionnaires environ ; elles viennent de fonder une nouvelle maison, consacrée également à l’enseignement du français, mais par des cours seulement ; il y a 5 religieuses pour 300 élèves.

Les religieuses du Sacré-Cœur ont 2 maisons à Budapest. Les petites saurs des pauvres en ont une.

D’autres congrégations, dirigeant des écoles, des /îôpitaux, des orphelinats, etc., ont également perdu une partie de leurs établissements.

Bibliographie. — Statistiques communiquées par le Ministère des Cultes et de l’Instruction publique. L. Buday, A Magyarorszag kùzdelmes évei : Magyar Slaliszlikai Szemle.

É. Horn.