Dictionnaire de théologie catholique/PRÉVOSTIN DE CRÉMONE

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Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 13.1 : PRÉEXISTENCE — PUY (ARCHANGE DU)p. 88-92).

PRÉVOSTIN DE CRÉMONE. — Præposilinus, ou Prévostin pour prendre le nom donné par certains mss. de ses sermons (Paris, lot. 14 ! 59) f futun théologien et un liturgiste de marque, (pji termina sa carrière mouvementée comme chancelier del’université de Paris et mourut vers 1210. Les chroniques et pièces d’archives donnent le nom Prsepositinus ; certains mss. el textes, l’ru positus ; quelques auteurs et mss. | rieurs emploient la forme Prsepositivus. Cette dernière forme peut s’expliquer par la confusion, facile dans les écritures des xiii’et xiv siècles, de n avec r ; on a lu ii us ; iu lieu de inus. Mais seule la forme l’ra posilirius a

pu se changer en la forme française : Prévostin.

I. Vie.

On s’est déjà demande si le, urriculum l’itæ que nous allons exposer appartenait entablement au même homme. N’avons nous pas réuni plusieurs personnages en un seul ? si l’on t lent compte du fait que ce nom : Prévostin, n’apparaît, a noire connaissance, qu’une seule fois dans l’histoire, et cclæntre 1150 et 121H. qu’il est toujours porté pat un théologien d’une grande valeur morale, qu’on ne peut constater a m une i ont radict ion chronologique dans les acti i tés du personnage que nous allons faire connaître (elles sont d’ailleurs assez normales pour l’époque, bien que nombreuses et variées), on comprendra que nous ne

puissions nous incliner devanl des opinions s-ins certitude. Que ceux qui nient l’identité des divers upei ts

(le notre personnage apportant un peu plus qu’une simple Impression.

I.es rubriques de deux mss.. KJosterneuburg, 367 iSuniniii de offlciis), et. d’après un catalogue de |’an cienne bibliothèque du Collège de Na.irn, i Parts,

un lus. aujourd’hui perdu de la Somma theoii l’appellent GulllelWlU l’r.i / Il se peut donc

que Oui lia unie ait été SOU nom de baptême, I rois mss

(Oxford, l nlversitj collège 91 ; Vatican, "//<<P. lai. 601 ; Assise, 66) le qualifient de < remont nsis, mais les archh es de Crémone, qui sont Intai t< s, mtout aui une

mention et une famille « le Prsrpositini, et nous ne sau

rions affirmer que ( n mone fut s-i patrie < ont< ntons nous <ies données ch’certaines < hroniques qui le (’nul Lombard de naissance. Mon. (îerm. tiist..

Si rlpt., I. XX III. p. S’.' t.

Nous n’avons rien « le t’.m sujet de la date

de s ; i naissance, mais certaines considérations nous Invitent à la mettre vers 1150 ; en 1203, Innocent 1 1 1 le

traite de senu. (’lion de S : unt Biaise, le i "lit HKI.it ilir

d’otton de l reisingen, le classe entre les plus grands maîtres enseignanl < Paris vers l’année 1194 : Hislem poribus Petrus Cantor Parisiensis et AlanusetPri situais floruerunt. Mon. Germ. lusL. Script., t. x. p. 326, il faudrait reculer l’année de ~.i naissance encore d’une autre décade si l’on pouvail être sur de l’interprétation d’un p.iss.e_e des Qutestiones de Pré vostin, Parts. Mazar, 1708, fol. 2 mo tamen

obfietat quod riri vencrandsc setatis apud Deum et homines accepti vite honestate, commendati omni pair n lia. sed in liac pagina prtecipue c unsummali. ris scriptis in quibus (alla conlinentur dont opérant. Respondemus (/ih’d et nos ad pedes sedimus, dtetii eorum et aui inlcllccliim humililcr adliibuinius, sed quod eorutn judicium in lalilus forsan ignoramus. Semais tamen quod Maariciiis episcopus Parisiensis, quando, multis precibus cl persuasiontbus ad hoc inductus, operis I ombardi dédit opérant, quod ipse de originali pee< alo noveril < gilatum invenit, mm s/i esse sludiosus afjxrmaoit, *<</ talia de burso Menhardi dixit proeedere. Nous croyons qu’il faut placer Maurice de Sully, évéque de Taris (1162-1196) entre les homines veneranda setatis dont

i

NUI

163

PHÉVOSTIN DK CRÉMONE

I 64

Pré vos tin a bien humblement écouté et compris - la doctrine. M.Bliemetzreider n’est pas de cet avis. Theol. revue, t. xxvii, l’.)2X. p. 138. Mais si Prévostin a véritablement suivi les cours <lu futur évoque <le Paris (Maurice n’a sans doute pas continué son enseignement après son élévation à l’éplscopat), il faut taire naître Prévostin avant 1 150.

Nous ignorons tout de ses premières études. Ses écrits nous laissent parfois reconnaître des souvenirs du trivium et du quadrivium. Il est logicien averti, comme on le voit dans le 1. I de sa Somme, où il emploie la grammaire et la logique pour mieux faire comprendre les problèmes théologiques. Il a d’ailleurs assez de mépris pour les logiciens de carrière,

Prévostin a certainement étudié le droit canon, car, dans sa carrière agitée, il fut souvent employé par la papauté comme juge délégué, pour trancher des différends entre monastères et seigneurs, pour enquêter sur la conduite des évoques, pour rétablir la discipline dans des maisons religieuses, toutes missions qui exigeaient une connaissance plus qu’élémentaire du Décret. Mais il est difficile de dire où et quand il a fait ces études ; c’est aussi le cas de maîtres comme Pierre de Poitiers, Pierre le Chantre, Etienne Langton et autres contemporains, qui eurent une carrière analogue.

Ses études théologiques, il les fit sans doute à Paris, car sa première œuvre, les Questiones magistri Præpositini cancellarii Parisiensis, qui ont dû être composées vers 1180, se révèle comme composée en cette ville. On y lit par exemple (Mazar. 17 OS, fol. 236d) : Nec Sequana crescil pro lagena aquæ infusa, sed tantum pro aqua pluviali. On peut croire qu’il continua à enseigner à Paris jusqu’à ce qu’il fût nommé écolàtre à Mayence, vers 1195, présomption qui trouve un appui dans le récit d’une vision qu’eut à Paris Jean de Matha, à la suite de laquelle il se serait décidé à fonder l’ordre des trinitaires. Jean, déjà maître, personnage en vue certainement, venait d’être ordonné prêtre et avait prié l’évêque de Paris ; Maurice de Sully, l’abbé de Saint-Victor, Robert, et son maître Præpositus, d’assister à sa première messe, durant laquelle il eut une vision. Voici le texte (Paris, lat. 1703, fol. 1 v°) : Eral quidam bonus clericus Parisius, regens in theologia, nomine Præpositus, et hic quasi philosophus repulabatur, sub quo atius magister cœpit et rexit Parisius, cujus nomen erat lohannes ProvinciaUs… Puisqu’on sait la date de cette première messe de Jean de Matha (le 28 janvier 1193, fête de sainte Agnès, dit le même ms.), on peut envisager un enseignement régulier de Prévostin à Paris à ce moment. Une autre confirmation se trouve dans une série de sermons prêches par Prévostin à Paris (Paris, lat. 14 859), dans laquelle il parle de la prise de Jérusalem par Saladin (1187) comme d’un événement récent.

Il est vrai que Guillaume d’Auxerrc, Summa aurea, Paris. 1500, p. 52, déclare que Prévostin avait exercé le ministère pendant plusieurs années parmi les hérétiques : Qui diu conversatus est inter eos, et paucos poluit ad viam veritatis reducere. Mais nous sommes porté à croire qu’il faut placer à Mayence cette période d’activité missionnaire, car les preuves ne manquent pas que le catharisme était très répandu dans la Rhénanie. Et, dans un de ses sermons que nous plaçons dans le cycle de Mayence, Prévostin dit :.S>(/ anle omnia qu ; rrile ab eo de fuie, quia vix est aliquis hodie qui non sit infectas aliqua hæresi ; si dubitat de incarhatione Filii, pula quod habucril verum corpus, se<l fantasticum… ; si dubitat de matrimonio credens quod vir cum uxore mtoari non potest. Salzbourg, Stiftsbibliothek, VI, 32, fol. 57 a. Le voilà donc au milieu d’un peuple infecté de doctrines nettement cathares.

Prévostin apparaît dans les textes comme écolàtre le Mayence le 3 janvier 1195. Bôhmer, Regesta archiepiscoporum Magunlinensium, xxx, n. 313. t. rr, p. 97.

On a mis en doute l’identification du Prévostin de Mayence et de celui de Pari ». Cependant, les relations entre Paris et Mayence étaient étroites à cette époque ; Bliemetzrieder, loc. cit., a signalé une lettre de Pierre de Blois à Conrad de Wittelsbach, archevêque de Mayence, Epist., cxi.m, P. L., t. ccvii, col. 429, où il est fait allusion au séjour à Paris de ce dernier comme étudiant. Nous avons d’autres indices des relations qui unissaient Mayence et Paris à ce moment. Alexandre III, sur les instances de l’archevêque de Mayence, restaura au maître parisien Gerardus Puella (cité par Prévostin, Paris, lat. 14 520, fol. 3 b) une prébende qu’il avait in regno Teutonico, sans doute dans le dioièse dudit archevêque. Charlul. unir. Paris., t. i, p. 9. Un autre maître parisien, Jean Beleth — qui peut bien avoir été un des professeurs de Prévostin montre qu’il connaît la liturgie de Mayence. Prévostin, comme Lombard, peut avoir eu d’autres raisons d’être en rapport avec Mayence. Son célèbre compatriote, Sicard de Crémone, auteur du Mitrale et de Distinctiones sur le Décret, avait été scolasticus à Mayence en 1183-1181. Reg. archiep. Magunl., xxx, n. 17, 18. C’est ce qui ressort clairement d’un passage de son Decrelurn dans le ms. de Vienne, Palat. lat. 21~06, fol. 72 : Ego vero Sigehardus Cremonee filius natione, et Moguntinse filius Ecclesiæ spiritualis translatione, œmulos patienter sustineo. .., etc.

En tout cas, Prévostin, quelles que soient les raisons qui l’y aient fait appeler, fut choisi comme écolàtre de l’école cathédrale de Mayence. En 1196, il est chargé de l’honorable mission de juger une affaire d’exemption monastique, comme juge a lalere Sanctæ Sedis. Dans les années qui suivent, il est l’objet d’une autre distinction de la part de Rome. Innocent III le délègue avec l’évêque de Bamberg pour chasser du siège de Wurtzbourg l’évêque Conrad de Hildesheim, qui s’en était indûment emparé. Potthast, Regesta, n. 352 et 942. Vers 1200, ce sont les chanoines de Mayence qui, à leur tour, le délèguent pour défendre l’élection qu’ils ont faite comme archevêque de Liutpold de Worms, contre Siffrid d’Eppensteyn. A la suite de cette mission, Innocent III chargea son légat en Allemagne, le cardinal Guy de Préneste, d’enquêter sur l’affaire. Mais Liutpold n’avait pas attendu la décision pontificale et s’était établi dans l’Église de Mayence. Le légat se prononça contre lui. Prévostin fit-il à cette occasion une opposition personnelle au légat, ou fut-il simplement considéré par la curie romaine comme le personnage le plus représentatif du chapitre rebelle ? Toujours est-il qu’il eut la peu agréable aventure de reco voir d’Innocent III, en 1203, une lettre sévère dont voici le début : « A maître. Prévostin, écolàtre a Mayence, spiritum sanioris consilii. Nous avons cru jusqu’ici que la sagesse régnait chez les vieillards, et que la prudence ornait ceux qui ont fait de grandes études ; mais nous constatons avec douleur que tel n’est pas votre cas, car vous vous êtes mis à déraisonner dans votre vieillesse, vous qui étiez si plein de sagesse dans vos jeunes années, et vos longues études n’ont fait de vous qu’un insensé. » Potthast, Regesta, n. 1881. Nous ignorons quelle fut la suite immédiate de cette pénible affaire, mais Prévostin dut se soumettre, car nous le retrouvons à Paris en 1206, de nouveau juge délégué du Saint-Siège, et chancelier de l’université, pour remplacer Homard Chabert, qui était nommé évoque de Genève.

De cette date à sa mort, il eut une vie très pleine, prêchant, enseignant peut-être, s’occupant des affaires du Saint-Siège. Il apparaît pour la dernière fois comme chancelier dans un acte passé, dans le diocèse de Meaux, en août 1209, On peut voir qu’il était encore chancelier en septembre de la même année, car son successeur, Jean de Chandelles, qui, d’après AJbéric

de Trois-Fontaines, lut nommé chancelier en 1209, était encore mentionné comme canonial » Parisiensis dans un acte daté de septembre 120 !). Paris, lai. SS28, fol. 83 v ».

Après cela, Prévostin ne reparaît plus dans l’histoire. Son obituaire était lu à Saint-Martin-des-Champs le

25 février, et à Sainte-Geneviève le 20 février (Molinier, Obituaires de la province de Sens, l’aris, 1902). On peut donc supposer qu’il mourut le 25 ou le

26 février 1210, ou durant les années suivantes, car il est possible que, comme Pierre le Mangeur et Pierre le Chantre, il se soit réfugié dans l’obscurité et la vie retirée de quelque maison religieuse pour y finir en paix ses dernières années.

II. Œuvkks. Les ouvrages de Prévostin qui sont parvenus jusqu’à nous sont les suivants, dans leur ordre chronologique, autant qu’il est possible de les dater : l" Qaststiones maglstri Prsspositini canceUarii Parisiensis ; 2° Suinnui de peeniteniia injungenda secundum Prssposilinum ; 3° Summa de offlciis ; 1° Summa super Psalterium, collecta ex dittim tionibus Preepoêltini ; 5° Summa rouira hæreticos : 6° Summa Iheologica ; 7° Sermones,

1° Les Qu&ttionee magistri Prsspositini cancellarii Parisiensis nous sont parvenues dans un ms. unique, du xiii’siècle, Paris, bibl. MaLarinc, n. 170 s. L’ouvrage contient trois parties : d’abord une série d’env i ron cent cinquante Quteslione.s, puis un court traite / ;, peccalo orlginaU, ensuite quelque cinquante questions. Les séries de questions ne semblent pas appartenir a la même année, mais elles sont « l’un même cycle. Elles ressemblent, fond et forme, aux Qmestionu d’Eudes

(ou Odon) de Soissons, voir ici, t. XI, col. !) Il », et sont sans doute les Reportationes des questions disputées aux cours ou après les leçons de Prévostin sur quelque livre de la Bible ; cf. Lacombe et Landgraf, Thequees tlones of Stephen Longton, dant New scholastietsm, t. iv,

1930, n. 2. Elles portent le cachet du cercle de Maurice

de Sully, Pierre le Mangeur, Payen de Corbeil, ei discutent les questions théologiques en vogue vers 1180, dans une forme tellement embryonnaire qu’elles doivent être placées parmi les premières du genre. Comme dans toutes ces collections de questions, celles de Prévostin se suivent sans ordre OU à peu près. D’ailleurs cette attribution à l’revostin n’est pas sans soulever des donte.

2° Le ms. 1413 de la bibliothèque de Vienne contient

un texte mutilé, qui porte le litre : Summa de pirnilrntia injungenda srrundum l’nrpositinum : ce litre nous

lait penser que l’ouvrage est plutôt Inspiré de l’t < ostln

qu’écrit de sa main. Le court traité sur la pénitence a été compost’a la demande îles amis de l’auteur. comme nous le lisons dans sa préface, pour venir en aide aux curés surmenés et courts de théologie. Sa date de composition est Incertaine. Le Décret de Cra lien y esi cité d’une façon tellement archaïque que nous sommes porte à placer cette petite Somme vers la même époque que les Queestionee Prsepositlni. sinon avant. Elle se borne à quelques pages, mais nous appui te du neuf : l’auteur a perdu confiance dans le BJ slcine

de la pénitence tarifée en cela il n’est pas Innovateur mais il insiste sur l’obligation ilu eonlesseur de bien peser le physique et la mentalité de ses pénitents avant de fixer la pénitence. Il ajoute même qu’en certains cas il faut ((insulter médecin. La Summa en question est le premier d’une série de pet ils t rail es Muta pénitence, qui semblent avoir été très goûtés après la réforme du IVe concile du Lai ran. en 1215.

3° La Summa contra htereticos est un des ouvrages les plus importants attribués à Prévostin. car il est une source unique ou presque pour l’histoire des pasa-’///, secte obscure, mais souvent mentionnée à la fin du xic siècle, voir i. xi. col. 2206. Malheureusement

l’attribution à Prévostin est assez peu solide. On ne connaissait autrefois qu’un ms., fragmentaire, attribut à G. Pergamensis, le ms. Q. 22. sup. de l’Ambrosiennc. à Milan, qui s’arrête juste au point OÙ les renseigin ments sur les pasagii commencent. Mgr Grabmann. signalé le même ouvrage dans le ms. 4 J4 de la biblio thèque de Douai, attribué, à la table des matières, d’une main contemporaine, à Prévostin. Il en existl deux autres mss., mais anonymes : Val. lai. 1304, fol. 101 V°-122v°, et Turin, bibl. nationale, D. Y. -’. tous deux du xiir siècle. Nous avons déjà parlé d «  l’attribution a G Pergamensis par le ms. de l’Ambro sienne. Deux mss. enfin, eux aussi du xiir siècle, Yul. Chisianus, A. V. ISS, loi. 28-74, et Prague, chapitri métropolitain, n. 627, attribuent l’oeuvre a un magistt

gallUS. Les raisons pour l’attribution a Prévostin N

réduisent a ceci : d’après Guillaume d’Auxerre, Prcv os

tin a fait (u ministère parmi les hérétiques : la table’! i m s. L/ de Douai attribue le traité a Pré vos ! in. c I curieux, l’exemplaire anonyme de Turin. /). V. placé entre deux collections « le sermons de Pfévo (’gaiement anonv nies.

Nous xcra-t il permis d’indiquer une piste à suivn le nom de Prévostin ne serait-il pas lui sobriquet Individuel plutôt qu’un nom de famille ? Est-ce <|ue magit

ter gallUS serait le même que PrsepoSjUÙiUS ? Il I I

Intéressant de noter que le seul maître cité par I.

Summa de [/ ; i nilrntia est un certain magislir i/ullus.

La question de l’authenticité de la Summa i

calharot doit attendre plus de lumière avant d’étri tranchée. Ce traité n’en reste pas moins un documei 1res important pour l’histoire des doctrines pas., nés et de l’apologcl ique Catholique contre eux. I" L’ouvrage de Prévostin qui eut le plus de SUi

et d’influence est sa Summa de offlciis, beaucoup plus

connue sous le nom de I Hirand de Meiide que sous celui

de Prévostin ; ce traité est en effet la source principal) du Rationate dloinorum offleiorum de Durand, le livr<

le plus populaire (pu ait jamais existe sur la UtU l.e br cjjicus de Prevoslin existe en cinq mss

Vil/bourg, Stlftsbibl., VI, î Londres, BriL Mu (/(/(I. IS98 et /v : ~’j. Assise, ’> (indiqué par le catalo gue de Mnzifltlntl comme la Somme théologiçut > i Klosterneuburg,

Cet OUVrage donne, en (plaire parties, lexplicatioi

du sens symbolique des offices de l’Église poui tout h cycle de l’année. Il est composé dans le même esprit qui les De offlciis d’Hugues de Saint-Victor, de Ruperl d< Tuy, de Pierre, chancelier de Chartres, que la Gemma

au mur d’I lonorius « l’A ut un. et Surtout que le D< 0/

d’Amalaire, dont ions ces auteurs dépendent. I

Amalaue qui, au i.v siècle, av ail déjà donné leur formi

classique a ces traités, en utilisant des morceaux choisis de saint Grégoire et de s. ont Augustin eonuni armature de son travail, et en développant et glosant les Interprétations symboliques que ces Pères avaient déjà esquissées. Prévostin reprit ce schéma et ci.

utilisa Tordre, mais ne s’est servi quc rarement du texte même. Tout autre a été la manière de Guillaumi

Durand : l’évêque de Mende a fait passer dans Kationulv de gros morceaux de l’ouv rage de l’rev os| in ; parfois on peu ! reconnaître une phrase de Prevoslin noyée dans (les considérations analogues de la plunu de Durand, parfois Durand copie page par

comme sii se sentait incapable d’améliorer sa source. La découverte de cette source de Guillaume Durand a

une importance historique ; certains faits mentionnes par Durand, comme la disparition de la péniti publique, l’origine des jubés, ne sont pas nouveaux « h : temps (le ce dernier puisqu’ils s, ’trouvent déjà dans l’u’iiv re (le Prévostin.

Il faut placer cette Suinina de ofli, îis avant ! 1 198, date assignée par nous -m commentaire de Pré

<istin sur les Psaumes, car Prévostin en reproduit d’assez Importants morceaux dans le travail en question, ci-dessous au 6

5° Le ins. 4784, fol. 164-175 (xiv « sieclo, de la Staatsbibliothek de Munich, contient un ouvrage qui porte le titre : Collecta ex distinctionibus Prepositini. C’est un petit dictionnaire théologique suivant la méthode et l’esprit de la Siimmu Abel de l’ierre le Chantre. Le titre donné par le ins. est équivoque : il peut signifier que la collection esi tirée d’un ouvrage de Prévostin plus considérable mais du même genre (il ne contient que cent vingt-trois distinctiones), ou qu’il est la réunion de distinctiones extraites d’un commentaire (probablement sur les Psaumes) de notre auteur. Car le mot distindio a plusieurs sens dans la littérature de l’époque. Parfois il signifie l’explication des sens variés qu’un mot peut avoir dans le texte sacré, par exemple, ms. cit. :

l’ilius Dei.

Meritum christi.

se. ^ Prosperitas mundi

Pavor gratis :.

Amor Dei.

Vita seterna.

I Deus Pater operatur

I Christus homo exalta Est I tur.

! Homo tempore prospe dextera { ratur.

J Pcenitentes reconcilian- |

qua I tur.

[ Justus delectatur.

Sanctus glorificatur.

Dans l’exemple ci-dessus, les morceaux de l’Écriture qui, régulièrement, devraient suivre chaque exemple font défaut. Mais il montre clairement le sens primaire de distindio : la disposition en schéma sur la page des sens variés d’un mot dans la Bible. D’autres fois le mot dislindiones est employé pour désigner des commentaires sur les Psaumes dans lesquels l’auteur employait ce genre d’exégèse ; par exemple, les Distindiones de Pierre de Poitiers, de Michel de Meaux, de Philippe le Chancelier, d’Eudes de Chàteauroux.

Quant au Collecta ex distinctionibus Præpositini, qu’il soit un extrait d’une œuvre plus considérable du même genre ou tiré de la Summa super Psallerium de Prévostin (cet ouvrage ne nous est parvenu qu’incomplet), il reste vrai que trente et une de ces Distinctiones se retrouvent dans la Summa theologica de Prévostin, vingt-trois dans la Summa Abel de Pierre le Chantre et neuf dans les Distinctiones Pétri Pictaviensis super Psallerium, toutes mot pour mot identiques. Ce genre d’exégèse est, on le sait, assez ancien ; il se trouve déjà dans les Formulæ spirilualis intelligentiæ d’Eucher de Lyon au ve siècle, mais on ne sait qui lui a donné la grande vogue dont il a joui à la fin du XIIe siècle. Le R. P. Moore de l’université de Notre-Dame (États-Unis) publiera bientôt une étude approfondie de ce sujet dans son livre sur Pierre de Poitiers.

6° Il faut maintenant parler de la Summa super Psallerium secundum magislrum Præposilinum, dont le prologue débute : Egredimini filiæ Sion… Ad vos l’iri litterati. Ce prologue apparaît souvent non en tête d’un commentaire, mais dans un recueil de sermons (mss. : Paris, Bibl. nat., lat. 14 417 ; Arsenal, 543 ; Salzbourg. Stiftsbibl., VI, 32 ; Brit. Mus., add. 18 335 ; Turin, D.V. 2 ; Troyes, 1251). et parfois il apparaît en tête de commentaires sur les Psaumes, qui ne sont pas celui que nous connaissons, comme attribué à Prévostin. Les deux seuls mss. qui contiennent avec certitude l’ouvrage de Prévostin sont à Paris, Bibl. nat., lat. 454 ; à Florence, bibl. Laurent., plut. IX, dext. 9. Il reste à étudier en détail les commentaires contenus dans les mss. Durham, A. I. 13 ; A.I II. Il ; A. IV. 4 ; Assise, 55 ; Paris, 14 717. qui commencent par le même prologue et qui sont apparentés avec notre texte.

Rappelons ici la complexité de la tradition manuscrite de ce genre d’ouvrages, par exemple des commentaires bibliques d’Etienne Langton (Lacombe and

Smalley, Studiet on the Cammentaries of cardinal Stephen Langton, dans Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age, 1930). Elle se retrouve peut-être dans ceux de Prévostin. Le titre même : Summa super Psallerium secundum magislrum l’rupositinum, suggère une reportalio, et lorsqu’il existe une reporlatio il peut facilement en exister une autre légèrement différente. Il est curieux de voir que ce commentaire de Prévostin, pour ses premiers chapitres, glose non pas le psaume même, mais la Magna glosalara, c’est-à-dire le commentaire sur les Psaumes de Pierre Lombard. Cela nous semble le premier exemple de ce fait ; l’ouvrage, cependant, est postérieur à 1196, car Odo episcopus Parisiensis y est cité. Paris, lat. loi, fol. 123. Les commentaires sur les Psaumes de cette époque, leur relation avec la distindio et avec la prsedicatio dans les écoles, ont grand besoin d’être étudiés.

7° l’n ouvrage de Prévostin dont il existe des mss. un peu partout, avec une certaine prépondérance en Angleterre, est sa Summa theologica. Il en reste trente-sept exemplaires complets : Bruges 237 ; — Cambridge, l’niv. libr., IV, 3 ; Pembroke Coll., 225 ; — Einsiedeln, 230 ; — Erfurt, Amp. Od. 22 ; — La Haye, Meerman B. 33 (394) ; — Londres, Lambeth, 199 ; Brit. Mus.. Harleu 3596 ; Royal Q. E. XIV. — Lucques, 321 (B. 222) ; — Milan, Ambros., II. 168 inI. ; — Munich, lat. 6985 (un élève de Mgr Grabmann a découvert un autre ms. à Munich, dont j’ignore la cote) ; — Oxford. Balliol Coll., 210 ; Oriel Coll., 24 ; Bodl., 33 ; — Paris, Mazar., 1004 ; Bibl. nat., lat. 14 526, 15 738 ; Sainte-Geneviève, 200, et 1417 ; — Todi, 71 ; — Toulouse, 159 ;

— Rome, Vat. lat. 1174 ; — Vienne, Palat. lat. 1409 et 1501 ; — d’autres mss. sont incomplets : Arras, 965 ; — Dijon, 564 ; — Oxford, Bodl., Mise. Laud. 80 ; Univers. Coll., 61 ; — Paris, Bibl. nat., lat. 12 387 et 13 420.

Les rubriques de certains mss. (Oxford, Univers. Col., 61, Vienne, Palat. lat. 1501, Vat., Otlob. lat. 601) font de la Summa un commentaire sur les Libri Sententiarum de Pierre Lombard. Cela est vrai en un sens, mais indirectement, car Prévostin suit l’ordre des questions qui se trouvent dans les Libri V Sententiarum de Pierre de Poitiers — qui est lui-même un commentaire sur les Sentences du Lombard. Il est vrai que presque tous les mss. de la Summa de Prévostin divisent la matière en quatre livres, selon l’usage consacré par le Lombard ; mais son t. II, De creaturis, est démesurément long et se subdivise naturellement en deux livres. Il existe d’ailleurs un ms. de la Summa de Prévostin divisé en cinq livres : Cambridge, Pembroke Col., 225, mais il n’est malheureusement qu’un abrégé. Nous avons dit que Prévostin suit de près l’ordre des questions traitées par Pierre de Poitiers ; il lui ajoute parfois des problèmes nouveaux et ne le copie jamais textuellement.

La Summa étant la coordination des questions disputées dans les salles de classe de Prévostin, il en résulte qu’elle fut sans doute composée graduellement, de même que les ouvrages analogues de ses contemporains (cf. A. Gregory, The Cambridge manuscripl of the Queslioncs of Stephen Langton, dans New scholasticism, t. iv, 1930, n. 2) : par conséquent, il est difficile de préciser la date de sa composition ; elle représente l’enseignement de Prévostin à Paris, sans doute vers la fin de sa carrière.

Prévostin appartenait à l’ancienne école : les nouveaux problèmes soulevés par l’introduction d’Aristote dans l’Occident latin ne le préoccu] eut pas ; une fois que les traductions du Stagirite furent lues par les théologiens, l’influence des anciens, comme Prévostin, devint très faible. Toutefois, son opinion qu’Adam avait été dès le début élevé à une vie surnaturelle était une chose neuve, et les écrivains postérieurs lui font crédit de cette doctrine, par exemple I lerbert d’Auxerre

(Va/, lai. 2074, fol. 17), Jean de Trévise ( Val. lut. 1187, fol. 8 v°), Hugues de Saint-Cher (Leipzig, Univ. Bibl., 573, fol. 101), etc. ; cf. A. Landgraf, Die Erkenntniss der helfenden Gnade in der Friiliscltolaslik, dans Zeilschri /t /tir kath. Theol., t. lv, 1931, p. 403-407. On ne peut pas dire que I’révostin ait été chef d’école ; il est le représentant du sentiment commun des docteurs de l’époque : Viam magistrorum nostrorum conséquentes est une de ses expressions favorites. A. Landgraf a découvert dans le Val. lai. 1074 un ouvrage qui est, quant à la doctrine et quant au texte, inspiré de la Summa de Prévostin ; cf. Eine ncuenldeckle Summe aus der Schule des Præposittnus, dans Colleclanea franciscana, Assise, 1931, p. 289-318. I’révostin est cité nominalement par Gaufredus Pictaviensis, Guy d’Orchelles, Etienne Langton, l’anonyme du ms. d’Erlangen, 363, Guillaume d’Auxerre, Roland de Crémone, Albert le Grand, et saint Thomas, (l’est sur l’école franciscaine qu’il a exercé le plus d’influence, par l’Intermédiaire de i es deux grands docteurs, Alexandre de Haies et saint Bonaventure. Le Docteur sérapliique rapporte dans un de ses sermons un trait d’humilité de I’révostin qui montre la haute estime dans laquelle il le tenait, Opéra, éd. Quaraccbi, t. ix, p. 500.

(. Lacombe, Privosltn de Crémone, su vie et se » œuvres. Bibliothèque thomiste, t. xi, Kain, 1927, el comptes rendus signalés dans Bulletin thomiste, t. viii, 1931, p. 23 1.

G. Lacombe.