Dictionnaire de théologie catholique/PRIÈRE .II. Les espèces de prières

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Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 13.1 : PRÉEXISTENCE — PUY (ARCHANGE DU)p. 97-107).

II. Lus B8PÈCES dk prières. — * Les parties de la prière peuvent s’entendre de deux manières : il peut s’agir soit des parties intégrantes, soit des parties subjectives. Par parties intégrantes de la prière, on entend tout ce qui est requis pour former une prière complète. Les parties subjectives de la prière se distinguent ou selon la diversité des choses qu’on demande, ou selon les différentes manières dont se fait la demande. « Saint Thomas, In IV’<" Sent., dist. XV, q. iv, a. 3, sol 1.

Cela à propos du texte de saint Paul, I Tim., ii, l : obsecro igitur primum omnium fieri obsecraliones, nra~ tiones, poslulationes, gratiarum actiones ; duquel il faut rapprocher celui de Phil., iv, (i : sed in nmni oratione et obsecratione, cum gratiarum actione, petitiones oestrse innotescant apud Deum. Ces textes posaient un problème : parlaient-ils de diverses sortes de prières (parles subjectivœ), eu seulement des divers éléments qui doivent entrer dans la composition de toute prière pour qu’elle soit complète (partes intégrales)’Sa définition de la prière devait porter saint Thomas à y voir principalement d’abord, puis exclusivement l’indication des parties intégrantes de la prière. Le Catéchisme romain, c. iii, n. 1, adopta cette manière de voir.

I. LES PARTIES INTÉGRANTES DE LA PRIÈRE SBIjOS

saint THOMAS. — Dans le commentaire des Sentences, loc. cit., seules, les obsecraliones et les gratiarum actiones sont considérées comme parties intégrantes de la prière ; les nraliones et les poslulationes en sont des parties subjectives : celles-là concernant les biens de la vie présente, celles-ci ceux de la vie future. C’est d’après cette conception qu’est interprétée la distinction des parties de la messe donnée par la glose ordinaire : tout ce qui se dit avant la consécration peut être considéré quasi quædam obsecrationes ; ce qui se dit dans la consécration peut être appelé nralianes, quia sacramentum quod illis verbis conficitur, in via nos adjuvat ; ce qui suit la consécration constitue des postulaliones. quia bona wierna postulantur et mortuis el vivis ; enfin ce qui suit la communion a le caractère de gratiarum actiones.

Pendant que nous sommes dans le commentaire des Sentences, remarquons, dans la qu. 3’du même art. 3, les divisions de la prière données par Hugues de Saint-Victor, qui seront intégrées dans l’art. 17 de la II -II*, q. lxxxiii. La supplicatio, la pnstulalio et Vinsinuatio, distinguées par le Victorin, sunt partes subjective et dislinguuntur secundum diversos modos. Dans une prière, en effet, on peut rencontrer deux éléments : l’exposé de nos besoins (narralio) et la demande proprement dite (petitio) ; la prière qui contiendra ces deux éléments sera une pnstulalio. définie par Hugues : dctcrminaUe pelitinni inserta narralio. Si l’un de ces éléments vient à manquer, si nous avons une petitio sans narralio, ce sera une supplicatio, définie : sine determinatione petilionis, humilis et devota precalin Si. au contraire, nous avons une narratio sans petitio. ce sera insinuatin. définie : sine petitione per solam narrattonem voluntatis jacta signiflealin.

Dans son commentaire de l’épîtrc aux Pbillppiens et de la l re à Timothée, saint Thomas ne voit plus, dans les quatre termes employés par saint Pau), que l’indication des quatre éléments qui doivent se retrouver en toute prière : Et pnnit quatuor quæ necessaria sunt in qualibet oratione. In episl. ad Phil., c. iv, lect. 1. Toute prière, en effet, comporte d’abord ascensum intcllectus

in Deum, c’est Voratio (dans le commentaire de I Tina., c. ii, lcct. 1, Voratio est considérée comme une méditation sur les ob.iecrationes) ; en outre, toute prière doit être faite cum flducia impelrandi et hoc ex Dei misericonlia, et c’est pourquoi elle comporte une obsecratio, c’est-à-dire une contestai in prr Dei qratiam et ejus sanctilatim (in Phi !.), ou per sacra, sicut per passionem et crucem (in I Tim.) ; mais, parce que celui qui ne songerait pas à rendre grâces pour les bienfaits déjà accordés se rendrait indigne d’en recevoir de nouveaux, toute prière doit contenir une action de grâces ; c’est alors seulement que l’on peut présenter sa demande : et lune proponit petiiionem. Si nous y regardons de près, nous retrouverons ces quatre éléments dans t oui es les oraisons » de l’Église : primo enim tnaoeatur Drus (c’est Voratio) ; secundo lommemoratur diiunum benefldtun (c’est la graliarum actio) ; tertio petitur beneflcium ; quarto ponitur obsecratio : l’er Dominum nostrum, etc In PMI., toc. cit. Cependant, saint Thomas concède qu’on pourrait voir aussi, dans les quatre expressions pauliniennes, quatre sortes de prières se rapportant ad quatuor quir nos volumus in oratione obtinere. In I Tim., toc. cit.

L’art. 17 de la Somme, II"-JfI », q. lxxxiii, synthétise et clarifie encore huiles ces réflexions sur les parties « de la prière énumérées par saint Paul t parti*

a remplacé species, qui se trouvai ! dans le titre de l’art..’î des Sentences). Trois choses sont nécessaires pour la prière. D’abord, ut orans accédai ad Deum, ce qui se fait par Voratio, qui est un ascensus intellecttu

in Deum. Ensuite, qu’il y ait une demande, et eYst ce

qu’indique le terme de postulatio ; mais cette demande

pourra se taire de trois manières : ou bien ilrlrrniiiintr,

el ce sera la postulatio proprement dite ; ou bien inde terminale, el ce sera la supplii allô, ut cum i/uis petit pii’iui a beo ; ou bien enfin la demande sera Implicite el consistera dans l’exposé d’un fait, et ce sera Vins ! nuatio. Enfin, pour qu’il y ait prière, au moins prière efficace, requlritur ratio impetrandi qund petitur ; mais cela peut se trouver : vel ex parle Dei. el l’Invocol Ion de

ces motifs d’exaucement constituera Vobsecralio, qum

est per sacra ciailestalio ; i<cl c.r parle pelentis. et ce motif d’exaucement se trouvera dans l’action de grâce* rendue à Dieu pour ses bienfaits antérieurs. Cf. A.

Lemonnyer, La prière chrétienne de demande, dans La vie spirituelle, mars 1925, p.. r >71-. r >7l.

II. Ulli « PARTIES 80RJBCTIVB8 f)B l l PRtÈRB OU u : s pirr( : i ; i- : ri : s B8P&< B8 DB ri : ii RB8. Les parlies subjectives de la prière, lisions nous tout à l’heure en saint Thomas, se distinguent soit d’après la dlver

silé des choses « pic nous demandons, soil d’après les di l rérentes manières dont nous demandons, vel seenndiim

dlversilatem eoramqu.ee petuntur, vel secundum diversion mndum prtendi. Cf. supra, col. IK). En son me, cela revient à diviser la prière selon ses objets et selon ses

modes. Cette division peut cire maintenue avec la défi

nilion de la prière que nous avons adoptée.

1° Les différents objets de la prière. La prière,

ainsi que le sacrifice, a quatre objets : Vadoration, faction de grâces, le pardon des pèches. Vimpétration des

biens spirituels et temporels Les deux premiers objets regardent Dieu directement et sont, pour celle raison el sans contredit, les plus importants. Les deux derniers regardent nos intérêts, qui soûl subordonnés à ceux de Dieu, et que nous ne devons avoir en vue qu’après les siens. Le P, GroU, cité par II. liremond. Introd. à la philosophie de la prière, p. 229. Il y aurait

donc quatre sortes de prières, comme il y a, selon les

théologiens, quatre sortes de sacrifices, qu’ils dénomment : latreutlque, eucharistique, propitiatoire el

inipélrntoire ; cf. Hurler. Theol, dogm, coinpciul.. ie éd., t. iii, p. 381). On peut presque dire que c’est la division classique de la prière, celle que nous avons apprise

au catéchisme : « La prière est une élévation de notre âme vers Dieu pour l’adorer, le remercier, lui demander pardon de nos fautes et obtenir de lui les choses dont nous avons besoin. La division de Tanquerey. Précis de théol. ascéliq. et mystiq., p. 32ô, qui de prime abord ne reconnaît que deux buts à la prière, l’adoration et la demande, se ramène cependant à la division classique, puisque, sous le nom d’adoration, il entend non seulement « l’adoration proprement dite », mais encore l’action de grâces et la réparation de l’offense faite à Dieu par le péché.

A côté de cette division de la prière calquée sur celle du sacrifice, on trouve une division tripartite en prière de louange, d’action de ijràces et de demande. C’est celle de Brancati, cité par H. Bremond, Hist. Iitt., t. vii, p. 8-9, note ; de. Schilling. Lehrbuch der Morallheologie, t. m. p. 163, qui signale pourtant aussi l’adoralion (Anbetung) et remarque que la prière de demande (Btttgebet) devient une Abbitte, quand il s’agit de l’expiation ou de la remise de la dette que l’on con træle envers Dieu par le péché. Si par la’louange » de Dieu ces auteurs entendaient l’ « adoration >. les (in divisions concorderaient, puisque la prière de

demande englobe évidemment la demande de pardon » ;

C’est ce que fait remarquer Noldin : orationem VTOpi

tiatoriam, qua remtssio peccalorum ri panarum

tulaliir… ad uratinnem petitionit orneralim aeccplnm

pertinere manifestum est. Sum. theol. mor., 20 éd t. il. 1930, p. 139. Le même théologien, tout en distinguant la louange de l’adoration, déclare cependant

qu’on peut l’y rapporter, si bien qu’il aboutit, bu aussi, ; i une division tripartite : adoration, action de grâces, demande Ibid

D’autres théologiens paraissent distinguer de plus

nombreuses formes « le prières ; M^r Paulot, par exem

pie : « La demande n’est pas toute prière, si l’on entend la prière dans le sens large… L’adoration, l’admiration, la louange, l’action de grâces, sont des formes emi lieutes et variées de la vertu île » LlgioU L’esprit ii<

sagesse, 2° éd., p. 220. M. Saudreau : - Pour ces anus

(imparfaites), la prière est possible, elle l’est toujours mais la prière il’adoral ion. de lOUAUge, d’action de

grâces, de demande. Pour la prière d’adhérence

a ni re chose. Elles n’adhèrent guère a la volonté divine ;

elles v adhèrent seulement pour lis devoirs très e.r.i vis. cité par liremond. Hist. Iilt, I. vin. p

enfin le P. Baker : La prière est un acte affectueux de l’Ame Intellectlve envers Dieu, lui exprimant,

au moins Implicitement, notre entière dépendance comme étant l’auteur et la source de tout bien ; une

volonté aussi prompte qu’efficace de bu accorder tout

ce qui lui est diï. ce qui n’exprime rien moins que tout

l’amour, toute la soumission, toute l’adoration, toute ii gloire ci tout le culte que l’Ame ei toutes les créatures peuvent lui rendre, en s’humiliant. en s’ancautis saut devant lui ; et enfin un désir et une intention d’as pirer à une union d’esprit avec lui —, cité par Devine, Manuel de théologie mystique, p. 203. Dans son Traité de la prière, t. i. I. I. c. ni. Nicole trace le plan d’une médit al ion OU oraison mentale générale. C’est a dire

qui ne concernerait pas un sujet particulier, mais notre

vie religieuse envisagée dans la totalité de ses aspects essentiels ; cette oraison (livrait comporter six actes successifs ; un acte d’adoration, un acte d’action de

grâces, un acte de componction ou de contrition, un

acte d’espérance du pardon de nos fautes et des biens que Dieu promit a ceux a qui il les pardonne ». un acte de resolution « de tendre a Dieu et dohservei ses divines lois dans toutes nos actions », enfin un acte de demande du secours divin nécessaire a cet effet Récapitulons toutes les sortes de prières, ou d’actes qui peuvent se rencontrer dans la prière, qui viennent de nous être indiqués : adoration, louange, admiration.

culte ; adhérence, soumission, résolution ; amour, action de grâces ; componction ou contrition ; espérance du pardon et des biens divins, désir d’union ; demande du pardon ou du secours de Dieu, etc. Nous voilà loin de compte avec les trois ou quatre espèces de prières généralement admises par les théologiens. Pourtant, il est bien évident, même à première vue, que tous ces sentiments ne sont pas à mettre sur le même plan, qu’un certain nombre d’entre eux sont secondaires par rapport à d’autres, dont ils découlent ou dont ils ne sont que des nuances ; en deux mots, un classement, une réduction, s’imposent. Essayons-les.

1. L’adoration est la reconnaissance de notre qualité de créatures, donc de notre absolue dépendance à l’égard de Dieu ; reconnaissance qui n’est pas seulement un aveu mélancolique, mais une acceptation, résignée ou joyeuse, de notre condition et de toutes ses conséquences. La prière d’adoration est donc essentiellement une prière de soumission ou d’adhérence à la volonté divine, qu’il s’agisse de la volonté divine signifiée par les événements qui nous atteignent, ou exprimée par les commandements qu’elle nous impose ; soumission, répétonsle, qui peut être en quelque sorte forcée, arrachée à l’âme par la crainte du Maître, ou, au contraire, libre, spontanée, quand elle se teinte d’amour ; tous les Fiat sont des prières d’adoration. De cette prière de soumission ou d’adhérence, c’est à peine si l’on peut distinguer la prière de résolution, dont parle Nicole, ou la prière d’offrande du P. Baker : « La prière que j’ai en vue en ce moment est plutôt l’offrande et le don fait à Dieu de tout ce qu’il peut légitimement nous demander, c’est-à-dire l’offrande de tous nos devoirs, de tout notre amour, de notre entière soumission », etc., cité par Devine, op. cit., p. 202 ; prière dont le ps. xxxix nous présente un exemple mémorable : Tune dixi : ecce venio, ut faciam voluntatem tuam ; cf. Hebr., x, 5-7. Par où l’on voit que l’adoration mène à l’amour, c’est-à-dire au don de soi, si tant est qu’on l’en puisse distinguer.

2. La louange divine (laudamus te, benedicimus te, glorificamus te) nous paraît, au contraire, nettement distincte de l’adoration proprement dite, telle que nous venons de l’envisager. Elle procède de Vadmiralion qui saisit l’âme mise en face des perfections divines : Domine, Dominus noster, quam admirabile est nomen luum in universa terra ! Ps., vin. Il y a loin de cette exaltation ou de cette exultation de l’âme au Fiat de Gethsémani. Remarquons ici que les hymnes de louange peuvent revêtir des formes différentes : tantôt ils s’adressent directement à Dieu, tantôt ils s’adressent aux créatures qu’ils invitent à célébrer les grandeurs du Créateur (Bcnedicite, omnia opéra Domini, Domino), tantôt enfin ils ne s’adressent à personne et chantent simplement les grandeurs divines (Magnus Dominus et laudabilis nimis).

3. L’action de grâces se mêlera facilement à la louange divine : la bonté n’est-elle pas l’attribut essentiel de la divinité, et n’est-ce pas pour nous, en définitive, que le Créateur a semé tant de merveilles dans la création ? Et pourtant, l’action de grâces est un sentiment nettement distinct de la simple louange : tout le monde en convient.

4. Mais voici le péché, qui va introduire toute une catégorie de sentiments nouveaux dans le cœur de l’homme et donc dans sa prière. L’homme a conscience d’avoir déplu à Dieu par son péché et de s’être attiré sa colère : il cherchera à l’apaiser par la contrition ou componction, par l’expiation ou la réparation. Avons-nous déjà affaire, dans de telles prières, à la prière de demande ? Implicitement peut-être. Mais il est des cas où l’expression de tels sentiments dans la prière ne procédera pas d’un motif intéressé et par conséquent ne pourra pas être considérée comme

l’équivalent d’une demande de pardon : supposons une âme entièrement convaincue d’avoir reçu de Dieu le pardon de ses fautes et même d’être l’objet de ses complaisances particulières ; pourtant, au souvenir de ses péchés passés, elle ne cesse de redire à Dieu le regret qu’elle a de l’avoir offensé, elle ne cesse dechercher de toutes manières à expier et à réparer ; de même que la pensée des bontés divines à son égard la transporte d’admiration et de reconnaissance, la pensée de son ingratitude, de son indignité, la remplit de confusion, de douleur ; nous avons bien ici affaire à une forme particulière de prière.

5. Adorer, louer, remercier, regretter, avons-nous, avec ces quatre premiers objets de la prière, épuisé tous les sujets d’entretien de l’homme avec Dieu ? Nous avons dit que l’adoration menait à l’amour, c’est-à-dire au don de soi, si tant est qu’on l’en pouvait distinguer ; nous avions en vue l’amour effectif, l’amour de volonté, qui peut être commandé : Diliges Dominum. .. Mais l’amour alîectif, cette attraction, cette complaisance, cette « passion >, que l’on ressent, que l’on éprouve à l’égard de l’objet aimé, qui nous porte vers lui, pour jouir de lui, pour nous « unir » à lui : voilà bien un sentiment lout différent de l’adoration et qui peut aussi être le « sujet » de notre prière. » C’est l’amour, ou du moins le désir de l’amour, qui doit porter le chrétien à prier ; l’amour doit être l’objet final ou même le sujet de sa prière ; et l’augmentation de l’amour en doit être le fruit. » Grou, L’école de Jésus-Christ, t- ii, 1923, p 29. Dans la « contemplation », qui est bien aussi une prière, l’âme n’a plus d’autre occupation que d’aimer ; cf. saint François de Sales, Traité de l’amour de Dieu, t. VI, c. m.

G. Il est une prière que l’on pourrait appeler la prière d’ « abandonnement à Dieu » ; ce fut la dernière prière de Jésus sur la croix : In manus tuas commendo spiritum meum. Peut-elle se ramener à l’adoration, à la soumission aveugle aux volontés divines ? Oui, sans doute, quand elle est pure résignation à l’inévitable, quel qu’il soit : Dominus est, quod bonum est in oculis suis facial. I Reg., iii, 18. Non, semble-t-il, quand elle se teinte de confiance, d’espérance : In te, Domine, speravi, non confundar in œternum. Sans être encore une prière de demande formelle, particulière, elle est tout de même un recours à Dieu : dans la suprême détresse, quand tout nous abandonne, quand Dieu même paraît nous délaisser, nous espérons encore en lui ; nous remettons, nous confions à ses mains notre sort et celui de notre cause : Eliam si occideril m.’, in ipso sperabo. Job, iii, 15.

7. Enfin, nous arrivons à la prière de demande, quel qu’en soit l’objet, qu’il s’agisse d’obtenir le pardon du péché, la remise de la coulpe ou de la peine, de la peine présente ou de la peine à venir ; ou qu’il s’agisse d’obtenir tout ce que nous désirons pour nous, pour autrui, pour Dieu lui-même.

Nous sommes ainsi amenés à reconnaître sept espèces de prières, distinguées d’après leur objet : l’adoration, la louange, l’action de grâces, la contrition, l’amour. l’abandon, la demande. Peut-être, en cherchant bien, en trouverait-on davantage. En revanche, nous ne nous attarderons pas à montrer que toute prière ne renferme pas formellement ou implicitement une demande, comme le pense Vermeersch, op. cit.. p. S ; cf. Bremond, Hist. litl, t. vu. p. 7 sq.

Les différents modes de la prière.

1. Prière mentale

cl prière vocale. — Commençons par bien préciser ce qu’il faut entendre, ce que nous entendons par là. Il ne s’agit pas d’opposer la prière du cœur et la prière des lèvres, celle qui serait dans le cœur et celle qui n’existerait que sur les lèvres, en définitive la vraie et la fausse prière : cf. Bremond. Hist. lit !., t. x, p. 2. Il n’y a pas d’apparence qu’aucun théologien ait jamais

proposé semblable division de la prière. Benoît XIV cité par Bremond, ibid., p. 3, note 2, en donne les dé …Rions suivantes : oratlo vocalis eajst^evou exprimer. Un lamen ut mens on con, uncta sit…, oralio vero menlalis sine voce sensibili exjdetur

Ne confondons pas non plus, comme le fait Landr ot | opcil t „, p.210 prièrementaleetprièresansparoles ; ou encore prière vocale et prière formulée d’avance ^opposition à la prière libre, spontanée, personnelle, omm on le fait fréquemment. La prière mentale dont nous parlons ici, cette prière qui se produrt au fond de l'âme, sans mouvement extérieur », Landr ot, ibid p. 209, peut très bien consister en la rec.taion "mentale de. prières dites vocales, c’cst-a-dire de ormules toutes faites ; et, nous dit Bremond., bld, Tl. en dehors de quelques états sublimes, toute urièrè mentale est vocale », c’est-à-dire s’exprime par SefirÏÏ intérieures ; cf. p. 3 : « en dehors de certaines expériences peu communes, l’ora.son de silence par exemple, où, du reste, se glissent toujours m semble-t-il. quelques mots Imperceptibles…. Quant à la prière vocale, c’est-à-dire a celle qui se tradu. par les sienes et le plus ordinairement par « les paroles, Indrlôt, ibid., s' elle consiste le plu. souvent « ans a récitation, à voix haute ou à vois basse, c le Un stéréotvpées, elle peut très bien auss, revêtir une fxprÏÏon personnelle, effort diverse suivant les clrconstances : os loquitur ex abundantia « J" Les théoloRiens se posent quelques problèmes au sujet de cette première distinction de deux modes de , r ères : celle de la légitimité « le la prière vocale, celle

la upériorité de la prier, , mentale, celle enfin.les

conditions strictement requises pour qu’il y ait encore

nrière vocale. Examinons-les brièvement. P a, Ugmmitédelapriirevocale :. Cf. saint Thoma, , n /va » Sent, dist. xv, q..v, a. > Cont. gent., I. III,

a. ljSuarez, op. ctt., . III, c. i ; Landriot, op. cit., t. ii,

P " Quelques hérétiques, .lit Suerez, foc. cit., n. 1. ont condamné d’une manière absolue l’usage de a | vocaleTllcite les « trinltaires., qui tlralen : cette conséSencedu texte évangéllque : in spintuet vertlaU Mortel adorare. Gutlloré, cité par nremond foc cit., „ 16 déclare «, ..'. il n’y a que les illuminés qui s en défont (des prières vocales) et qui croient que c est un

Sssementqul empêche l'élévation de '"P^abso | à qu’ils renvoient les âmes communes qui en ont abso

ument besoin pour s’occuper..De ce*.illuminés, de outes les époques, adversaires de la prière vocale, on JouverS ici f doctrines dans les Documenta eccles^hca chrisiianæ perfectionis studium spectantiadu. ûe Guibert, Rome, 1931. Berthold de Rohrbach soutenu ! « que la prière vocale n’est pas utile on nécessaire à l’homme et que nihil conférât ad salutem, mais qu U suffit de prier mentalement s/n « VOCC uel molu lablOrum. N 304 >" Les t illuminés. ou alumbrados a fesnagne enseignaient « que la prière mentale était eom mandée par un précepte divin et peream omnia implen ma is que la prière vocale était de peu d Importance TZoiesse mlmenti)..U. 403.1° ; 405, 2° Même enseignement chez les pelagini de Lombardle : - La prtèn vocale comparée à la prière mentale est de _peu dim DOrtance ; C’est comme le son par rapport a la fan.u.1 comme la paille par rapport au grain La Prière mentale perd de sa valeur quand elle s mut à la prier. vocale comme te vin quand il est mélangé avecI eau.. N 438 2°et3°.LesquiétlstesdelaLlgurie.ré] rouvent les prières vocales et les autres exercices ^rituels en usage dans la sainte Église romaine ». N.441.C. ux du royaume de Naples « ne récitent, as de prières yoca es et ne méditent pas..N. 112 En général, lesquiétistes prétendaient que, la lecture des livres spirituels, la

prédication, la prière vocale, l’invocation des saints et autres choses semblables étaient un obstacle a la contemplation et à l’oraison affective.. N. 4 40, 10. " Il semble bien qu’on ne peut mieux présenter que ne le fait saint Thomas les raisons qui sembleraient militer contre la prière vocale. II-- II-, q. lxxxi… a. 12. Elles tendent à démontrer que la prière vocale est d’abord inutile : « la prière, comme on l’a vu a 1 art.. s’adresse principalement à Dieu ; or. Dieu connaîte an B a Se du cœur ; il est donc inutile d’employer la prière vocale. ; puis nuisible : la prière, comme on la dit a l’art. 1, doit élever lame à Dieu ; or. les sons de la voix, comme toutes les autres choses sensibles, empêchent cette ascension contemplative vers Dieu ; donc. il ne faut pas dans la prière employer les sons de la voix.' enfin, défendue positivement par.Icsus-Uirm. « la prière doit être présentée à Dieu dans le secret. selon cette parole : ora Patrem tuum, nnbscond, l « ; or la voix publie notre prière ; donc la pr.ere ne dmt pas être vocale ». Dans les Sentences, loc. et.. l’obstacle apporté par la prière vocale à l’ascension de 1 âme vers Dieu est présenté d’une manière plus précise il résulte de l’elîort que nous sommes obligés de fa.ro pour articuler les paroles ; cet effort retrahit ascensum intellectus et aPec/us ad dwimi, quia anima non potest intense cirai diversa OCCUpari.

la question que se posait saint rhoraas, dans la Somme aussi bien que dans les.S- /, /, , „, s. net. nt p..

tant celle de la légitimité que celle de la nécessité d. la nrière vocale. Il v repondait en distinguant la prière

nmmone, Cest-â-dire celle que les ministres de

rr-'elisc Offrent a I Wen au nom « le tOUl le peuple fidèle.

et 'la prière Individuelle ou privée, l.a première do ! être vocale, dit-il, parce qu' « il faut que tous en aient connaissance, puisqu’elle exprime les « ntiments de

touson a donc agi raisonnablement en décidant que

les ministres « le l'Église prononceraient ces prières „„„„. : —, haute voix, pour qu’elles pulssent parvenir* la connaissance de tous.. Quoi qu’il en soit de cette raison Il est encore entendu aujourd’hui que la r. ti „„, , „ bréviaire parles ministres de l'Église doit se taire vocolement et non pas seulement mentalement ; nous aurons a dire tout à l’heure ce que cela comporte , , p r | è re individuelle, c’esl à dire - celle que chacun

q re en sou non. propre pour soi-même OU pOUl

autrui, ne requiert pas nécessairement muexpression

YOl"tlC "

Cependant, on ne manque pas de raisons pour adJol, ld re p, voix même a cette prière IndlvidueUe saint Thomas en donne mus dans cet.ml-. le la „ lxxxiu C’est d’abord un moyen d’exciter Intérieurement la dévotion, qui permet à l'âme de s'él. , D, cu dans la prière ; c’est, en effet. le rôle des.signes extérieurs, s/m vocum sive etiam aliqunrum factorum, d’agir sur les sentiments de l'âme par l’intermédiaire de la connaissance. On trouvera le développement de cette première raison dans le t ontra gentiles, 1. III. c CXIX Moyen d’exciter la dévotion, la prière vocale ne l’est pas cependant d’une manière égale pour tous :

saint Thomas le reconnaît loyalement et il c. tire cette

conséquence que dans la prière individuelle..1 faudra user « les VOCibus et hujusmodl tignh dans la mesure ou cela sert a reveiller la vie intérieure. Ma, s m CCSl pOUT nous une distraction ou un empêchement quelconque, il s’en faut abstenir. C’est le cas principalement de

ceux qui n’ont point besoin de ces marques extérieures pour être disposés à la dévotion.. Le Contra gentUes se montrait, ce semble, plus absolu quand.1 reprochail

aux hérétiques qui reprouvaient /, .-., corpnralia ta „uia Deo exllibita, d’oublier qu’ils étaient des hommes.

en ce qu’ils méconnaissaient la nécessite des représentations sensibles pour la connaissance et le sent. ment intérieurs.

En second lieu, c’est une manière de rendre à Dieu son dû : l’homme employant à le servir tout ce qu’il tient de lui, son esprit, mais aussi son corps. Cela convient surtout à la prière sous son aspect de satisfaction. .. En troisième lieu, la prière vocale s’adjoint à la prière mentale par une sorte de débordement (redundantia ) de l’âme sur le corps, sous la véhémence du sentiment intérieur, selon cette parole du psalmiste : Mon cœur s’est réjoui et ma langue a exprimé mon exultation (Ps., xv, 9). » Le commentaire des Sentences, loc. cit., signale une quatrième utilité de la prière vocale : elle fixe l’attention et empoche la distraction, magis enim tenetur ad unum si verba etiam oranlis affectai confunguntur. Enfin, l’art. 1 de la q. xci de la IIMl 89, corp. et ad 2um, en indique une cinquième : la prière vocale édifie le prochain. Sauf la dernière, ces diverses utilités de la prière vocale sont bien mises en lumière par Landriot, loc. cit.

Après cela, il est facile de réfuter les raisons alléguées contre la légitimité de la prière vocale, du moins la première et la troisième, cf. q. lxxxiii, a. 12, ad 1 " » et ad 3 "" ; quant à la seconde, à savoir qu’elle peut distraire l’esprit et empêcher la dévotion, saint Thomas l’a concédé ; les Sentences, loc. cit., ad 3 "", 1e reconnaissaient déjà : le souci exagéré de bien prononcer les mots empêche l’élévation de l’esprit vers Dieu, comme cela arrive à ceux qui doivent dans la prière prononcer des mots difficiles, nimia cura in verbis proferendis, sicut Mi qui verba composita in oratione proferre niluntur ; tous ceux qui récitent le bréviaire en ont fait l’expériencel Qu’il nous soit permis de reproduire ici ce qu’écrivait Urbain VIII, au moment où il entreprenait la réforme du bréviaire romain : « Il est de toute convenance que la divine psalmodie de l’Épouse soit sans ride et sans tache. Elle ne doit rien offrir, autant que possible, qui puisse distraire ou choquer les esprits de ceux qui la chantent, tout attentifs qu’ils doivent être à Dieu et aux choses divines, comme cela se produirait si l’on y rencontrait, de-ci de-là, dans ses sentences ou dans ses paroles, des choses disposées avec moins d’art et d’harmonie que ne le demande un office voué à un si noble ministère. » Cité par Bremond, loc. cit., p. 36.

b) Supériorité de la prière mentale sur la prière vocale.

— Qu’est-ce à dire et de quoi s’agit-il ? De quelle supériorité parle-t-on ? Et quelle opposition met-on entre la prière mentale et la prière vocale quand on se pose cette question ? En quoi une prière peut-elle être supérieure à une autre prière ? Sera-ce parce que, la prière étant un acte de la vertu de religion, telle prière constituera un hommage plus parfait rendu à la souveraineté divine que telle autre prière ? Mais, à ce point de vue, il importe peu que cet hommage soit rendu à Dieu oralement ou mentalement ; on s’accorde même pour dire que « la prière vocale a une valeur religieuse plus grande que la prière qui n’est que mentale ». Mennessier, La religion, t. i, p. 274 (traduction de la Somme théologique de saint Thomas). Ce qui est vrai surtout de la prière « commune », comme l’appelle saint Thomas, de la prière « que les ministres de l’Église offrent à Dieu au nom de tout le peuple fidèle », comparée à l’oraison mentale, fût-ce à la contemplation la plus sublime. Cf. infra, col. 192 sq.

S’agirait-il de la valeur satisfactoire de la prière, valeur qu’elle tient, nous le verrons, de l’effort qu’elle nous coûte, des difficultés que nous y rencontrons ? A ce point de vue, il serait difficile de dire laquelle, de la prière mentale ou de la prière vocale, l’emporterait. Saint Thomas, In 7V' n > Sent, dist. XV, q. iv, a. 7, sol 1, ad 1 "", fait ressortir que l’une et l’autre ont une valeur satisfactoire, mais sans décider laquelle est la plus pénible. Suarez, op. cit., t. II, c. iv, n. 8, s’appuyant sur l’autorité de saint Bonaventure et sur l’expérience, affirme que l’oraison mentale « est ordi nairement plus difficile et plus pénible pour le corps, parce que, dans cet exercice mental, le corps magit revocatur a sensibus et quodammodo supra se elevatur. ot par conséquent ce repos extérieur, joint à une plus grande attention intérieure, est plus pénible pour le corps » Guilloré, cité par Bremond, Hist. lit ! …. t. x, p. 15, serait du même avis : i Voulez-vous aller jusqu’au secret de ceux qui font ces longues prières vocales ? Ce n’est point autre chose, sinon qu’ils veulent éviter la peine qu’il y a à prier en esprit, dont la manière est infiniment plus fatigante… » « La qtrière) vocale ne doit être que comme un délassement de l’oraison (mentale). » Ibid., p. 17. L’argument ne vaut pas, parce que Guilloré suppose que ceux qui se livrent ainsi à de longues prières vocales se contentent de « remuer les lèvres en donnant toute la liberté à leur imagination », p. 15 ; s’ils s’efforçaient de comprendre et de sentir ce qu’ils récitent de bouche, s’ils priaient véritablement, on ne peut guère douter que leur prière vocale serait « infiniment plus fatigante » qu’une oraison mentale de même durée. Vermeersch, op. cit., p. 60, partage encore l’avis de ses confrères sur ce caractère pénible, même pour le corps, de l’oraison mentale, et donc sur sa plus grande valeur satisfactoire.

Enfin, pour démontrer la supériorité de la prière ou oraison mentale sur la prière vocale, on s’efforce de prouver qu’elle est plus utile. Mais, ici encore, il faudrait distinguer. Veut-on dire qu’elle posséderait une valeur impétratoire, une efficacité supérieure ? On ne voit pas pour quelle raison cela serait. En réalité, tous les avantages que l’on découvre dans la prière mentale lui viennent non pas de sa qualité de prière mentale, mais de sa qualité de prière libre, personnelle, non stéréotypée. Mais cela est une tout autre question, sur laquelle nous reviendrons. Il faudrait tout de même s’entendre sur le sens des mots : la prière mentale n’est pas plus nécessairement une prière libre, personnelle, que la prière vocale une prière stéréotypée.

c) Quelles sont les conditions nécessaires et suffisantes pour que la prière puisse être dite vocale ? — La question se pose à propos de la récitation « privée » du bréviaire, c’est-à-dire de celle qui se fait en particulier et non in choro ou avec une autre personne. Les théologiens et les canonistes sont à peu près unanimes à déclarer que cette récitation doit se faire vocalement et non pas seulement mentalement ; cf. Suarez, op. cit., t. IV, c. vii, n. 2, qui cite Navarre, Commentarius de oratione, horis canonicis, atque aliis divinis officiis, c. xx, n. 14, comme ayant dit qu’on pourrait soutenir en théorie (disputando) qu’il suffirait de dire mentalement ce qui, à la messe et dans les heures canoniques, doit être récité secrètement, bien que lui-même ne conseillât pas d’agir ainsi. Mais ils ne sont plus du tout d’accord quand il s’agit de savoir ce qu’il faut entendre par cette récitation vocale. Suarez, ibid., n. 5 et 6, connaît trois opinions à ce sujet : celle de Médina, appuyée sur l’autorité de saint Thomas, qui soutient que, pour être vocale, une prière doit pouvoir être entendue des assistants, au moins des plus proches ; l’opinion opposée, dont il n’indique pas les tenants, d’après laquelle il suffirait voeem formare labia nv.ivendo. bien qu’elle ne puisse être entendue de personne, pas même de celui qui la profère ; en lin une opinion moyenne, qui paraît être celle de Navarre et de Cajetan et qu’il adopte pour son propre compte, selon laquelle il serait nécessaire mais suffisant que l’on s’entendît soi-même. Si l’on s’en tient au sens obvie des mots, Suarez a raison : toute DOX doit pouvoir être entendue, vix potest (ormari vox qux ob ipso loquente audiri non possit.

Vermeersch, op. cit., p. 48-51, admet que, pour qu’il y ait prière vocale, il n’est pas nécessaire qu’on s’en

tende soi-même ; il suffit de produire les mouvements de la lanpue et des lèvres ad tff.ciendas vocet, et c’est ce qu’il appelle prononcer les paroles, ce qu<* d’autres appelleraient articuler ; il paraît, cependant, admettre que ces mouvements donneront un son, puisqu’il dit que Dieu vel lenuissirr.um sonum percipil. Il y a sûrement dans toute cette question une équivoque : s’agit-il de son ou d’articulation ? La prononciation ou l’articulation, dit saint Alphonse, cité par Ballerini-Palmieri, Opus theologicum morale, tr. IX, c. ii, dub. ii, a. 4. n. SB4, peut se faire mentalement ou vocalement ; pour qu’elle soit vocale, il faut évidemment qu’on entende quelque chose ; on pourrait dire que c’est / ar définition. Alors, de deux choses l’une : ou l’on exigera une prononciation, une prolalio verborum, qui pourra s’entendre, si légèrement que ce soil ; ou l’on se contentera d’une prononciation qui ne produira aucun son ; mais ale)rs on ne voit pas pourquoi il serait encore nécessaire de remuer la langue et les lèvres et pourquoi l’articulation mentale ne suffirai ! pas.

2. l’rière libre et prière sléncti/i ce - Après saint Bonaventure et saint Augustin, Suarcz, o[>. cit., t. III, c. ii, n. 3, divise la prière vocale en prière’libre, « / «  /// verbis pn.lutis pin arbilrio et affectu orantis, et en prière fixée, que ? fit juxla aliquani certain formant verborum antea i ru-scriptam. On identifie souvent cette’dernière à la prière vocale, comme si l’on ne pouvail pas n citer mentalement une prière teiute faite et comme si la prière libre était nécessairement une prière mentale. Quoi qu’il t-n soit de ces confusions, on prie, mentalement ou vocalement, soit en se servant de formules toutes laites, soit en se laissant aller a l’inspiration élu cour, les mêmes problèmes se posent au sujet ele l’emploi ele formules élans la prière qu’au stije-t « le la

prière vocale : cet < mplol est-il légitime ? la prière libre vaut-elle mieux que la prière stéréotypée ?

a) Lcç/itiniitt 1 de l’emploi de ii.in.ulrs fixe » de prière.

— Suarcz s’objectait eléjn, ibtd., n. 4, qu’une prière

réeitée d’après un formulaire semblerait n’être pas une vraie prière, étant donné que’les mot ! d’une prière ne

doivent être que l’expression des sentiments qu’on s dans le cœur ; or, quand « n prononce les mois d’un i"’molaire, e>n n’a pas encore dans le caui les sentiments

eju’ils expriment, puisqu’ils ont précisément pour but de les produire en nous. L’a/fecitu orantis dott précedt i

verla orationis et non en procéder. Suarcz concède le

principe, mais il distingue entre un affectua orandi confus et général, ce que nous appellerions une attl tude ele prière, qui doit bien effectivement précéder la récitation de la formule ; et les affectua parttculares, correspondant aux phrases successives de la prière

qu’en) récite, epii ne’peuvent pas évidemment les pie cùUv puisqu’ils en proviennent, mais qui sont, pour ainsi élire, contenus implicitement dans Vaffectua eu m rai. (’.'est cet affectua général qui, au cours de la prière, s’accroîtra e’t se’précisera : paulatim crescii vel extensive, vel cliam intensive, quia rea magia propoattat il attentius ac distinctiua « nsideratst n agia nu vent

La légitimité de l’emploi « les formulaires ne semblepas avoir été sérieusement contestée par personne ; les moralistes qui les ont dénigrés paralssent s’être bornés à signaler les illusions auxquelles semt exposées et dans lesquelles tombent, bêlas ! trop souvent i<-s personnes qui en foni usage ; la principale consiste à s’imai Inei qu’il suint de réciter une formule pour posséder vrai ment en son cœur lis sentiments qu’elle exprime’. Ecoutons Arnauld : « Je ne rrois pas qu’il j ait rien de plus pernicieux aux âmes que la confiance qu’on leur donne’élans ces actes Imaginaires de contrition el d’i mour ele Dieu, qu’ils pensent assurément avoir Faits quand ils ont récite certaines prières « pic l’on dresse pour cet elle ! —, cité par Bremond, Ilisl. lit ! … t. x. p. 20 ; i e’e’st en vain que nous nous persuadons que,

pour avoir prononcé certaines paroles ou formé certaines pensées, nous avons produit des actes d’amour de Dieu ». ibid., p. 23. « Si l’âme est froide et languissante, dit à son tour Duguet, si le cœur n’est point attendri, tout ce lanpajje est inutile ; c’est uneespi ie d’hypocrisie ; c’est une illusion que l’esprit fait a la volonté ; c’est une méthode pour se tromper soi-même et pour essayer, s’il était possible, ele treuiiper Dieu. ibid., p. £9. Inutile de multiplier les citations ; <>ir ibid., p. t 8, note, le texte de Bossuet, élans Bon Instrin lion sur les états d’oraison, et Landriot, t. iii, p..">7I 572.

Mais l’abus qu’on peut faire d’une chosen’a Jamais été- une raison pour en condamner absolument l’usage, et tous les critiques ele la prière stéréotypée souscri raient à cette rcstrii lion de I anelriot : Nous sommes loin de condamner d’une manière absolue l’emploi de CCS prières que l’imaginai ioi. dechaque auteur rcimu Velle teins les jours : elles peuvent être utiles quand elles sont composées ac « un esprit chrétien, qu’on

s’en se-rt avec modération et qu’elles deviennent le

soutien ele la pensée el « lu cuir, i P. 572. "ir le

plaidoyer « le Nicole en favn ur des formulaires, en Un monil, ibid.. p. 24-28. Le tout est elone de savoir s’en servir, si l’un ne peut s’en passer, OU si l’on « --t <>f » l i_.

pai étal d’en faire usage, comme c’est le cas de reux

qui sont tenus de réciter le saint office : a ce Mljet,

bremond cite avec complaisance cet extrait « lune lettre « le Duguet : Aimez la prière… l’r « ferez la publi que et la commune À toute autre Regardes les peau

mes comme diètes par le’Saint-I spril pour VOUS en

particulier ; attendrissez vous en Ks prononçant ; entres dans les intentions « lu prophète et prêtes I

paroles un « œur le’que le sien … Ibnl.. p. :  ; l, note, el p. 293 294.

A la question « le la légitimité de l’emploi el « - formules lixes « le prière-s pourrait serattacher une question epu n’a plus grand intérêt pour l « ’s catholiques, mais qui préoccupe les protestants, a savoir. la prit i > llturgiqui doit elle être stéréotypée ou peut « lie être abandonnée

a l’inspiralioil « le ce lui qui la préside’? Suauz.’<. cil Il 5, <l «  « laie que la pi nie pllbliepii’, c’est a « lire la pi ii le

farte au nom « ii i Église, doit être une prière stéréotj la raison en est que précisément le ministre « fil’Église <|ui l’adresse t I lieu ne la fait pas en son nom.

mais au nom « ! « l’Église, et HttO ul< illn « / « huit un //, rc, t verba oredionia et orondi formtun. si l’on objecte que

l’on peut parler au nom « lequelqu’un sans recevoir <l «  lui les tenues menus « pie I on devra employer, Suanz répond : que cela se passe ainsi mter lnniiriis, soit, mais l’Église ne permet pas qu’il en suit.niisi DOUT les

pi ans « pie l’on doit adresser i Dieu en son nom, parce qu’il Importe ad majorent lia reverentlam, et " « / n mu Eccleaiee tecuritatem, et fidelium deootionan, que rien d’indécent n « ’serencontre en ces prières. On sait, « lu reste, « ju’il n’en a pas eletoujours ainsi. Sur la question « le savoir si, dans les assemblées religieuses protestantes, ! « litur^e > doit prier d’abondance ou simplement r « citer une formule Dxe, Bremond, ibid., p. 341-343, « iic quelques extraits < ! « ’l’ouvrage « h-M. Will. L< culte, étude d’histoire il de philos gieuses, ou s’ailrontent les partisans des deux opinions et leurs raisons. Lune « Us raisons Invoquées par les partisans « le la prière stéréotypée est « pie celle-ci échappe a la subjectivité I a prière libre proi d’une personnalité Individuelle ; quand même celle u

ix rail intime nient liée a la communauté, elle ne pourrait jamais (se défaire) d’une subjectivité « pu S’opposerait à celle « les autres. |’. 342. duardiiii.

L’esprit de In liturgie, trad. Robert d’Harcourt, Paris, 1919, a justement lait ressortir le caractère objectif, universel, « le la prière liturgique catholique. I> l La i nerc libre est-elle su/ 1 rieure à lapri

tgpie ? Nous pourrions répéter ici les questions que nous nous posions lorsqu’il s’agissait de savoir si la prière mentale est supérieure à la prière vocale : de quelle supériorité s’agit-il ? de quelle « valeur » de la prière ? religieuse ? satisfactoire 7 Impétratoire ? Et de quelle prière stéréotypée ? de la prière liturgique ? ou de telles ou telles des < plus belles prières » composées par les saints ? ou de ces formulaires étudiés par Bremond au c. vi de son t. x ?

En réalité, le seul avantage qu’on relève et qu’on puisse relever en faveur de la prière libre, c’est précisément qu’elle est libre, qu’elle ne nous astreint pas a exprimer à Dieu tel sentiment particulier, qu’elle permet un élancement de l’âme vers Dieu plus personnel, donc plus sincère ; qui ne sera pas feint, comme il le serait si. récitant une formule, nous n’étions pas à l’unisson des sentiments qu’elle exprime, et qui ne sera pas bridé, comme il le serait si, récitant une formule, notre âme se trouvait dans un état supérieur à celui qui se traduit dans la formule. Les désavantages des prières stéréotypées, quelles qu’elles soient, sont leur inadaptation inévitable à notre état d’âme habituel ou momentané, et ce qu’on pourrait appeler leur tyrannie, qui gêne la libre expansion du sentiment. Cf. Vermeersch, op. cit., p. 59. En un mot, les théologiens qui soutiennent la supériorité de la prière libre sur la prière stéréotypée se placent uniquement au point de vue utilitaire, au point de vue d’une certaine utilité de la prière, au point de vue de sa valeur comme moyen d’union à Dieu. Nous touchons ici à la question controversée : Liturgie ou contemplation ? Cf. Études carmélitaines, avril 1932, p. 177-215.

Les inconvénients, les désavantages de la prière fixée ne sont pas contestés, même par les apologistes de la prière liturgique. « Tout dans les psaumes, dans les solennités anciennes comme dans les modernes, n’est pas adapté uniformément aux besoins religieux de tous… » Prière liturgique et vie chrétienne, Louvain, 1932, p. 76 (Semaine liturgique de Namur, 12-16 juin 1932). Et cette inadaptation, fait remarquer Guardini, découle de l’essence même de la prière liturgique : « L’individu doit renoncer à suivre ses voies spirituelles propres… Il devra prier avec les autres, au lieu d’avoir l’initiative de sa prière… Et la conséquence pratique de ceci, c’est qu’il lui faudra s’associer à des exercices spirituels étrangers à ses besoins intérieurs du moment, besoins individuels toujours vivement et profondément ressentis… Il y a là une pierre d’achoppement particulièrement dure pour l’homme contemporain… » Op. cit., p. 144-146. Mais la meilleure critique des formulaires ne se trouve-t-elle pas dans cette théorie des moralistes, que nous reverrons, cf. col. 218 sq., d’après laquelle, lorsqu’on récite l’office divin, il n’est pas nécessaire de penser à ce qu’on dit ; il vaut même mieux, selon la plupart, n’y pas penser et se livrer, pendant ce temps, à l’oraison mentale sur n’importe quel sujet ? Les mots qu’on prononce ne sont plus ainsi qu’une musique qui occupe le corps tandis que l’esprit s’occupe de Dieu. La récitation du rosaire, si elle doit être accompagnée de la méditation des « mystères », ne peut échapper à cette nécessité.

II ne serait sans doute pas bien difficile de plaider en faveur de la thèse opposée et de montrer les grands avantages que la prière peut retirer de l’usage des formulaires et les inconvénients, les dangers auxquels est exposée la prière trop personnelle. Sans doute, la prière, l’élévation à Dieu de quelques âmes d’élite, à certains moments de leur vie religieuse où elles sont plus particulièrement visitées, inspirées par le Saint-Esprit, n’aura-t-elle que faire des formulaires, en serat elle même gênée, au point que la récitation de l’office divin lui-même leur sera à charge : mais ce sont là des cas exceptionnels. La prière de la grande majorité,

disons mieux la prière de l’universalité des chrétiens, sauf en certaines circonstances extraordinaires, a besoin d’être excitée et aussi surveillée. contrôlée par de bons formulaires. Ceux-ci renferment un sentiment religieux bien supérieur, comme qualité et intensité, à celui que nous possédons lorsque nous commençons notre prière : la chose est trop évidente pour qu’il soit nécessaire d’insister. Quand l’Esprit ne soulTIe pas, il faut chercher l’inspiration dans ces formules de prières (ou de « méditations >, s’il s’agit de l’oraison mentale), qu’il n’est pas téméraire de penser qu’il a suggérées lui-même à l’Eglise, aux saints et aux auteurs i spirituels » dont elles émanent. Cf. Bremond, Hist. litl…. t. x, c. vu et append. i ; en particulier p. 343-345. où l’on trouve des extraits d’un sermon de Newman sur ce sujet.

3. Prière publique et prière privée.

Selon Vermeersch, op. cit., p. 54, l’expression « prière publique s’emploierait en deux sens, un sens large et un sens strict. Au sens large, elle signifierait « toute prière collective dite dans un lieu destiné au culte public ou qui s’accomplit dans une cérémonie publique, par exemple dans une procession ; ainsi la récitation en commun des litanies, de l’office divin, même sans l’intervention d’un ministre sacré, est estimée prière publique si elle se fait dans une église, mais non si elle a lieu dans une chapelle de religieuses » ; on renvoie pour ce sujet à une réponse de la Sacrée Congrégation des Indulgences et Reliques du 18 décembre 1906. Au sens strict, la prière publique serait celle quæ a potestatc publica funditur vel imperatur nomine Ecclesiæ. Comme la formule n’est pas très claire, nous nous en tiendrons à la définition de saint Thomas. II » -lIse, q. lxxxiii, a. 12 : « la prière commune est celle que les ministres de l’Église offrent à Dieu au nom de tout le peuple fidèle » ; ou à celle de Suarez, op. cit., t. III, c. ii, n. 2 : la prière publique est celle quæ nomine publicn, et non tantum privato, id est, quæ fit a sacerdote nomine Ecclesiæ, seu quæ fit ab Ecclesia per minislros suos, ut laies sunt. La prière publique est donc celle qui se fait au nom de l’Église, par ses ministres députés à cet effet, qu’elle s’accomplisse d’ailleurs en public ou en particulier : le sous-diacre qui, dans sa chambre, récite le bréviaire pour s’acquitter de son obligation, le prêtre qui dit la messe dans une « cagna », même sans servant, prient au nom de l’Église, et non pas seulement en leur nom personnel ; leur prière est une prière publique : les religieuses de chœur qui récitent ou chantent en commun les heures canoniques, n’étant pas des « ministres » de l’Église, leur prière n’est pas une prière publique.

Il n’est peut-être pas très commode de fixer les limites de la prière publique ainsi entendue ; peut-on dire, par exemple, que tout office > liturgique » est une prière publique ? Mais alors que faut-il entendre par office liturgique ? Sera-ce tout office, toute cérémonie prévue, réglée par la liturgie : une « bénédiction » du saint sacrement donnée dans n’importe quelle chapelle ? D’autre part, toute prière publique est-elle nécessairement un office liturgique ? L’Église peut prescrire, en raison de certaines circonstances extraordinaires, guerre, tremblement de terre, etc., des « prières publiques » qu’on ne pourra guère dénommer liturgiques, par exemple la récitation du rosaire.

A côté des deux sens de l’expression « prière publique » signalés par le I’. Vcrmeersch, n’en pourrait-on pas ajouter un troisième ? Ce serait celui de prière commandée ou demandée parles pouvoirs publics, par l’autorité civile, soit à titre permanent, soit à titre exceptionnel : Te Drwn d’actions de grâces, messe du Saint-Esprit pour la rentrée des Chambres, des cours et tribunaux, etc. Suarez, enfin, ibid., n. 1, signale un quatrième sens, le sens vulgaire », de cette expression : c’est celui de prière dite dans un lieu public, quel

qu’il soit, de telle sorte qu’elle puisse être aperçue ; mais c’est là, ajoute-t-il, une « dénomination tout extrinsèque et accidentelle » ; cette circonstance ne confère pas à la prière quelque propriété spécifique.

Pour être complet, signalons la conception de la prière publique qu’on pourrait dégager des pages oratoires que lui consacre Landriot, op. cit., t. ii, p. 224234 ; elle ne s’accorde tout à fait avec aucune des conceptions que nous venons de mentionner, mais elle pourrait bien être la véritable notion de la prière publique. Il s’agit de la prière ou du culte divin célébré en commun par rassemblée « 1rs fidèles d’une ville ou d’une paroisse, sous la présidence de l’évêque ou de prêtres, qu’il s’agisse de la messe ou d’autres olfices ; c’est la prière de l’assemblée, de l’ « Église locale, que la liturgie viendra régler, ordonner, uniformiser dans une certaine mesure, mais qui pourra aussi déborder le cadre liturgique. Entre la prière publique ainsi entendue et la prière privée, individuelle, on pourrait placer la prière semi-publique, celle qui serait célébrée en commun par des groupements religieux plus restreints, à côté ou à l’intérieur du groupement paroissial, eommunautes religieuses, confréries, collèges, séminaires, familles.

Nous réserverons donc le nom de prière privée a la prière individuelle, » celle que chacun offre en son nom propre, pour soi-même ou pour aul rui, dit saint Thomas, loc. cit., et qui n’est pas dite en commun, ajoute rons-nous. Remarquons d’ailleurs que la prière privée ou individuelle peut et doit accompagner la prière publique OU commune : le prêtre, à la messe, au hic viaire, en même temps qu’il prie comme prêtre, c’( dire au nom de l’Église, doit prier aussi en son nom ; les entiments que l’Église le charge d’exprimer à l Heu en son nom, à elle, il doit évidemment chercher à les res sentir en son propre cour et à les exprimer à M’en

d’abord en son nom, à lui. Il arrivera même bien son vent qu’une prière dite en commun par une assemblée.

un groupement religieux quelconque, ne sera pas. a

vrai dire, une prière commune, niais la juxtaposition de prières individuelles simultanées ; même en récitant ensemble des prières qui s’expriment au pluriel, comme

le Pater noster, combien de fidèles, ou même de prêtres,

ne prient vraiment qu’en leur nom personnel et que POUF eux mêmes ! « Nous nous réunissons, c’est à-dire que nous nous plaçons les uns a côté des autres ; nos corps se louchent, mais nos ftmes sont solitaires…

Quel est celui d’ent rc nous qui pense a son frère quand

il prononce la grande parole (le la famille dispersée : Notre l’ère’.' i Landriot, "p. cil., p. 228. N’j a t il pas beaucoup de prêtres qui ne considèrent le hré iaire. ou même la messe, que comme une prière personnelle qui leur est imposée par l’Église, <>u que les fidèles leur demandent de dire à leur profil moyennant rétribu tion ?

Plusieurs questions se posent au sujet de la prière publique et de la prière privée : nous en traiterons

brièvement deux : celle de la supériorité de la prière

publique sur la prière privée, et celle de la légitimité de la prière privée à côté de la prière publique.

a) La prière publique est elle supérieure èi / « prière privée’.' Il s’agit tout à la lois de la prière publique telle que l’entendent saint Thomas et Suare/, d’une part, et telle que l’entend Landriot. d’autre part. I’est à (lire de la prière dile au nom de l’Église a personis légitime ad hoc deputatis (Code eau., n. 1256), et de la prière de l’Église locale, de la paroisse, des fidèles rassemblés autour de leur évèquc ou de leur prêtre pour la prière collective. « I.a prière collective l’emporte sur la prière individuelle en dignité et en efficacité. H. Hoornært, Liturgie ou contemplation, dans Études c<irm< : lit<iincs, avril 1932, p. 177. Et, sans doute, on doit en dire

nier, m : rui’.oi, . CA i HOL.

autant de la prière dite au nom de l’Église par ceux qu’elle a chargés de cet office. Et pourquoi cela ? On comprend que la prière commune de plusieurs personnes soit supérieure à la prière privée de l’une d’entre elles : une somme est évidemment supérieure a l’une de ses composantes, le tout est plus grand que la partie. .Mais si nous comparons la prière commune d’une assemblée peu fervente à la prière privée d’un saint, pourrons-nous dire encore que la première l’emporte sur la seconde en dignité et en efficacité ! Le bréviaire, la messe même d’un prêtre tiède, l’emportent-ils en dignité et en efficacité sur l’oraison, fût-ce même la simple oraison jaculatoire » d’un saint ?

A ces objections, les théologiens répondent : « Le fondement objectif de sa supcrini ite i de la prière publi que ou liturgique) sur la prière privée réside dans son caractère officiel. Elle est non seulement composée par l’Église…, mais dite et offerte en son nom par ceux qui sont chargé* de cette mission ; en elle, ce n’est pas un

membre de l’Église qui prie, c’est l’Église elle-mêmi qui prie, et qui, étant l’Épouse Immaculée et bien

aimée du Christ, confère a cet le prière une valeur san pareille et une force d’impétration en quelque sorteirrt sistible, exaudita pro sua reoerentia. Dans ce sens, on

parle de la prière liturgique comme de la Vox tponstt,

et on lui reconnaît, par de la la valeur qu’elle reçoit de la sainteté et de la piété de qui l.l récit. operantis miniulri, une valeur objective propre lui venant de l’Église au nom de laquelle elle est offerte, ci opère operato Ecclesiee operantis. MgrL. Kerkhofs, Prière liturgique ci prière priot’e, i ans prière htm

et vie ilir tienne, p. 135 ; cf. « loin l’ierrel. l.o prière litiir

gique, dans La vie spirituelle, I* » nov. 1932, p. in Nous n’avons pas à discuter Ici cette théorie de 1 i i pouse Immaculée do Chris !. distincte de la totallti

des individus qui composent, a chaque instant de la (lui ce. la société terres ! le qui s’appelle 1 I’holi

que romaine, (.’est donc au nom de cette Église ld<

mystique, que le ministre de l’Église terrestre, que chaque communauté de cette Église terrestre, offrent a Dieu la prière liturgique. Mais ce n’est pas <

assez dire : coin me le Christ et II Iglise, C’est tout un.

finalement la prière publique est une prière dite.m

nom du Christ, ou mieux encore (’est la prière même

du Christ. On comprend dès lors qu’elle remporte Infiniment sur toute prière privée, émanai elle du plus grand saint, en dignité et en efflcadti

En dignité et en efficacité, nous dit on. encore fau (Irait il savoir de quelle efficacité, de quelle valeur de la prière il B’agit. Quant a sa valeur ivluiciisi

d’hommage rendu a Dieu et a sa valeur Impétratoln si l’on admet le présupposé que la prière publique est la

prière même du Christ, on ne peut douter de la supi limite de la prière publique sur la prière privée Mais

en va I il de même s’il s’agit des autres valeurs de la prière, de sa valeur « unitive. c’est a due de son apti

t u de a nous recueillir en Dieu, a nous unira Dieu par la pensée et par l’amour, et de sa valeur moralisatrice, de sa valeur éducative ? La chose est discutable.

Parlons d’abord de sa valeur uuitivi ; la prière publique, c’est adiré la récitation ou le chant de

l’office divin par le prêtre isole on par un groupe de

prêtres, chapitre de cathédrale ou chu ur de moines.

ou l’assistance et la participation a la messe ou aux

vêpres paroissiales, la prière publique rivee a un texte

stéréotypé, astreinte a l’observation de règles multiples et minutieuses, la prière publique où les sens

assiégés des Impressions les plus diverses, est elle aussi favorable a la contemplai ion que la prière prl Il Semble bien que poser la question, c’est l.i résoudre

les désavantages, les Inconvénients de la prière vocale et de la prière stéréotypée, avoues par les théologiens et par les liturglstes. ainsi ( pie nous l’avons signalé,

I Mil 7. I 95

PRIÈRE PUBLIQUE ET PRIÈRE PRIVÉE

196

se retrouvent dans la prière publique, qui est une prière vocale et stéréotypée. R. Hoornært, Liturgie ou contemplation, dans Études carmélitaines, aril 1932, p. 177-215, s’efforce de prouver que la liturgie non seulement ne nuit pas a la contemplation, mais lui est favorable : « Pour nous résumer, écrit-il, nous voyons donc la prière liturgique, louange de l’Épouse appelant son Époux, nous pousser à la recherche de Dieu, unilier nos facultés, échauffer en nous la louange intérieure et enfin nous lancer en pleine contemplation des choses invisibles. P. 202. En un mot, la prière liturgique serait une excellente préparation à la contemplation, qui parfois même se produirait au cours de la prière liturgique : « Liturgie et contemplation, loin d’être des modes de prière qui s’excluent, sont donc tout simplement deux moments d’un même et unique mouvement d’amour. Ces deux moments sont même si peu séparés l’un de l’autre qu’en certaines phases moins accusées ils peuvent fort bien se superposer. Bref, non seulement il ne saurait y avoir entre eux aucune incompatibilité essentielle, mais nous croyons qu’il n’y a même pas toujours entre eux d’incompatibilité chronologique. » Ibid.

il y aurait beaucoup à dire à ce sujet. Mais n’oublions pas la question à résoudre : la prière publique, en tant que publique, est-elle plus favorable à la contemplation que la prière privée ? Il semble bien que tout ce qu’on nous dit de l’aptitude de la prière liturgique à produire la contemplation vaille surtout de la « méditation liturgique », dont parle dom G. Lefebvre, dans Liturgia, p. 182-208, ou d’une prière publique qui sera aussi peu « publique » que possible et qui se rapprochera beaucoup de la prière privée, c’est-à-dire de la prière solitaire et silencieuse : par exemple, la prière silencieuse du prêtre à l’autel, du Te igitur à la communion, pourvu du moins qu’aucune circonstance extérieure ne vienne le déranger dans son tête-à-tête avec Dieu.

Reconnaissons que la prière publique peut être parfois une cause « occasionnelle » de contemplation : quand, après le fracas des hosanna, tout à coup sur la foule prosternée le grand silence s’établit, qui n’est plus traversé que par les discrets tintements de la frêle clochette, l’âme apaisée peut, en effet, se recueillir en Dieu et se sentir toute proche de lui ; ou bien, quand, au retour de la communion, goûtant la présence de son Dieu, le fidèle est bercé par les voix célestes de l’orgue qui versent dans ses oreilles les sons vibrants de quelque mélodie coutumière, par exemple : Le ciel a visité la terre, la paix, la joie peuvent alors envahir l’âme soustraite un moment à toute préoccupation terrestre ; ou bien enfin, quand, au cours de sa messe quotidienne, le prêtre, qu’une longue habitude a délivré de toute préoccupation concernant les rites extérieurs qui s’accomplissent ainsi machinalement, peut se livrer à la prière du cœur, peut savourer, à mesure qu’elles passent sur ses lèvres et devant le regard de son esprit, les pensées d’une liturgie qui répondent aux aspira-I ions de son cœur : oui, dans ces circonstances, la contemplation, le recueillement en Dieu, l’union foncière de l’esprit et du cœur à Dieu peut accompagner la prière publique.

Mais il faut bien reconnaître aussi que ce sont là des « accidents » et que la prière publique comme telle n’est pas de soi favorable, est plutôt défavorable à la contemplation. Il n’est, pour s’en convaincre, que de lire Duguet, Traité de la prière, principalement de la publique, où les motifs et les moyens qui peuvent contribuer ii y conserver de l’attention et de la ferveur sont explitiués. Richard Kolle, l’ermite de llampole, proclame l’ « incompatibilité du chant spirituel avec le chant humain », Le feu de l’amour, t. II, C. m ; c’est pourquoi il s’est retiré dans la solitude, pour o fuir les auditions

que l’on a l’habitude d’entendre dans les églises et les chants harmonisés que les auditeurs viennent écouter ». C. i, p. 185, de la traduction Nœtinger, Tours, 1928.

Il s’assied dans la solitude sans se joindre aux autres pour la psalmodie, et surtout sans chanter avec eux. » C. ii, p. 194. Alors, quand il plaît à Dieu de l’en favoriser, un « chant monte jusqu’à ses lèvres et lui fait moduler ses prières dans une sorte de concert spirituel ou se trouve tant de douceur céleste que sa langue en est embarrassée… Il loue Dieu dans la jubilation, mais en silence, et, dans une inexprimable suavité, il exhale son cantique de louanges en présence de Dieu, sans que les oreilles humaines en puissent rien percevoir. » lbid., p. 191-195.

Il nous reste à parler de la valeur moralisatrice et éducative de la prière publique et de la prière privée : laquelle des deux contribue plus efficacement à notre perfectionnement, à notre sanctification ? laquelle est plus apte à nous purifier de nos défauts, à développer en nous toutes les vertus, particulièrement la charité, l’amour effectif de Dieu et du prochain, en la perfection de laquelle consiste spécialement la perfection chrétienne ? laquelle procure à notre intelligence plus de lumières sur le devoir, à notre volonté plus de forces pour l’accomplir ? ut et quæ agenda sint videant et ad implenda quæ viderint convalescant. Dom. infra octavam Epiphuniæ. Incontestablement, la prière publique, la récitation attentive et dévote de l’office divin, l’assistance et la participation active à la messe et aux offices paroissiaux, liturgiques ou semi-liturgiques, possèdent à cet égard une très grande efficacité. « Il y a dans les prières de l’Église, dit Nicole, des idées de toutes les saintes passions et de tous les saints mouvements que l’amour de Dieu doit exciter dans nos cœurs… Quelle est donc en cela l’intention de l’Église ? Elle veut que nous formions dans notre cœur ces mêmes mouvements, dont elle peint l’image dans notre esprit… et enfin que nous nous transformions dans tous les saints mouvements et toutes les passions divines que le Saint-Esprit a exprimés dans les psaumes et dans les autres prières de l’Église. » Cité par Bremond, Introduction à la philosophie de la prière, p. 210-211. Incontestablement, la liturgie, par exemple les lectures de Pavant-messe, les psaumes, les « leçons » du bréviaire, fournissent à notre intelligence ample matière à réflexion, à méditation, sur nos devoirs ; mais encore faut-il, pour que tout cela agisse efficacement sur nous, que nous prenions le temps de le ruminer, de nous l’assimiler, en un mot de transformer la prière publique en prière privée ; en d’autres termes, ce n’est pas en tant que prière publique que la liturgie possédera cette efficacité moralisatrice. Cf. dom G. Lefebvre, Liturgia. p. 181. En revanche, c’est bien dans la prière publique comme telle, en raison spécialement de l’efficacité particulière de la messe et des sacrements, que notre volonté trouvera les forces nécessaires pour bien agir : et ad implenda quæ viderint convalescant. C’est ce que démontre dom Capelle, dans Prière, liturgique et vie chrétienne, p. 113 sq. [.V. B. — Les « liturgistes » d’aujourd’hui, s’ils reconnaissent à la prière publique une valeur moralisatrice et éducative, proclament néanmoins que la sanctification de l’homme n’est pas sa fin principale, à rencontre des « ascéticistes » ; cf. Bremond, Hist. lilt., t. vu. p. 32-35 ; Guardini. L’esprit de la liturgie, trad. R. d’Harcourt, Paris, 1929, c. vu : Le primat du Logos sur l’Elhos ; et dom Capelle, op. cit.. p. 112 : « Par sa nature et par son but, l’acte liturgique n’est pas nécessairement et n’est pas immédiatement ordonné à soutenir la vie morale. » )

b) Légitimité de lu prière privée. - - Il semble étrange qu’on soit obligé de plaider la légitimité de la prière privée, quand l’Évangile est si clair à ce sujet : « Quand tu veux prier, entre dans la chambre, et. ayant ferme PRIÈRE. FORMES PARTICULIÈRES

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ta porte, prie ton l’ère qui e.st présent dans le secret, et ion Père qui voit dans le secret te le rendra » Matth vi 6 Et pourtant Mgr Kerkhofs, évêque de Liège.a la Semaine liturgique de Namur, ne se voit-il pas obligé d’intituler l’une des sections de son étude sur les rapports entre la prière liturgique et la prière privée : -Pas l’exclusivisme de la part de la prière liturgique.7 Et cette section commence ainsi : « De son côté, la prière Hturgique ne doit ni supprimer ni sous-estimer la prière privée. » Prière liturgique et vie chrétienne, p. 137 C est donc qu’il existe des « liturgistes » qui auraient tendance à supprim ou à sous-estimer la prière privée. Et pourquoi voudrait-on la supprimer ? On en donne deux raisons : d’abord, elle serait inutile, tous nos besoins religieux pouvant être satisfaits parla prière liturgique ; ensuite, elle serait illégit.me d’après la conception catholique des rapports de l’*^ Q U avee Dieu l’individu n’existe pas au regard de Dieu, qui m connaît que l’Eglise ; nul ne peut prier en son nom personnel et pour lui seul : toute prière doit fre dite au pluriel, selon le modèle de prière donne par le Christ I.. urière privée, individualiste, est une prière protestante ; saint Cyprien n’a-t-i. pas dit : ^nfcimm Pater meus, sed noster : nec Da mihi, sed da nobs, qua unitatis maqister noluit prioatim precem fieri, ut sclicei nuis nro se ïantum precetur ; unum enim orare proommbus volait, quoniam in uno omnes ipse portavit El saint Thomas conclut de ce texte que l’oraison domi nicale profertur ex persona communi totiu » Ecclesla,

IIMI », q… xxxui, a. iii, ad 3, Ces ! a dire est une

prière publique.

Non, la prière privée n’est [.as inutile : La prière liturgique, dit don, Ryelandt, est essentiellement une forme de prière collective et sociale qui, toute belle et sainte qu’elle est, ne pourra jamais se substituer totalement au besoin de vie intérieure Personnelle qu’éprouvent les Anus que Dieu attire à lui. Pour tous ceux qui ressent eut soit le besoin de se former des convictions senties et intimes sur les vérités de a foi. soit le besoin de prier en silence. … il faut qu en dehors des devoirs du culte officiel ils se réservent un temps pour prier en privé et méditer. Quelle que soit la beauté des textes des psaumes et des prières itUTgi nues, la méditation et l’oraison en privé gardent n. an moins leur place essentielle en toute vie intérieure normale.. Cité par don, G. I.cfebvre, LttUTfltV P- 184 rf Prière liturgique et vie chrétienne, p. 1 J8 : M en, i comme en fait’, dans toute vie chrétienne, à côté de la prière liturgique, il v a donc place pour la prière privée.

Non. la prière privée, personnelle. Individuelle, vo.re individualiste, n’est pas nécessairement une prière protestante, fondée sur la négation du dogme de l’E-lise. de la nécessité d’appartenir à l Eglise, de passer par l’Église pour atteindre Dieu. Ne nous la>s sons pas Influencer par les conceptions sociologiques à la Durkhelm pour nous représenter Us rapports de l’individu avec la société dans l’Église : pierres vivantes du temple « le Dieu, nous restons des personnes qui peuvent entretenir avec Dieu des rapports personnels Dieu nous connaît chacun par notre nom ; nous, h sommes pas des êtres anonymes dont l’ensemble formerait l’Église, comme les gouttes d’eau rassemblées, agglutinées, forment l’océan. Dilexit me et tradldit temetipsum pro me. - j’ai versé telle goutte de sang pour toi.. Pourquoi faut-il qu’on soit oblige d insister aujourd’hui sur « les vérités si élémentaires’Cf. do ». Lefebvre, Lilurgia, p. 186.

1 Quelques formes particulières de la prière. a) L’oraison jaculatoire. « Ces prières, dit Landriot, op cit l n p 236, consistent en de fréquents élancements de cœur vers Dieu ; tantôt ce sont des traits invisibles qui sortent, sans être aperçus, des profon deurs de l’âme ; tantôt ce sont des jets du cœur qui s’élancent sous la forme de paroles ardentes » Donc l’oraison jaculatoire présente deux variétés : le soupir, 1’. aspiration. sans parole précise d une part, et, d’autre part, la courte invocation formulée, . Mon Dieu ! ». Jésus 1° Deus meus et omnia, etc. C est plus particulièrement à ces courtes invocations qu on a donné le nom d’oraisons jaculatoires, sans doute d’après le mot de saint Augustin qui rapporte ce qu on disait des solitaires de la Théba.de : Dicuntur /ratres in.Kqupto crebras quidem habere oraliones, sed cas U.men brevissimas, et raptim quodammod » p.culalas. Epist., « xx, n. 20, P. L., t. xxxiii, col.501. Sur la nature des cent mille. aspirations quotidiennes d. P. William I lovle, voir L. de Grandmaison Rev. d ascét eldemijst.. 1021, p. 132-137 ; cf. ibid., 1926 p. note On a fait des recueils d’oraisons jaculatoires ;. L de Grandmaison, ibid., 1921. p. 137- note, signal. celui du cardinal Jean Bona. dans l’édition Lehmkuhl. Opwculaascettca selecta Joannis card. Bona, Ir.bourgen-B 1911, p. 281-378 ; H. Bremond, Hi « f. Idt…, t. x, n 340 celui de Baker, Devout exercices of immédiate aei » and affection » of the will, une centaine de pages, . Bremond relève la formule employée par Baker pour caractériser la nature des oraisons jaculatoires : u

ces quelques mots (dont elles se composent) se tradm raient non pas des nol ions, mais, comme dit l laker, des acte » immédiat » de la volonté. - En d’autres termes, les

Oraisons jaculatoires formulées se ramèneraient aux aspirations non formulées Nul auteur na peut etr, mieux parlé que lïnelon SUT ce sujet. remarque

Landriot, ibid., p. 239, note, qui cite Le christianum présenti aux gen » du monde.

bl Le monosyllabe. Nous faisons allusion aux

conseils donnes’par l’auteur du N nage de nneonnau Uine » a -eux qui Veulent se livrer a la contemplation.

c’est-à-dire à une aspiration une et pure vers Dieu : cf. Rev. d’ascét. et de mysliq., 1926, p. 191 199. Le contemplatif ne doit penser en particulier a aucun.es attributs de Dieu, mais fixer sa pensée sur son être Simple et nu ; pour cela, écartant de sou esprit tous les autres mots qu’on peut appliquer a Dieu, il se livrera a l’aveugle et amoureuse considérai i » n de ce

m0 l ii, ..sr. « Que s’il te plaît, dit l’auteur au candidat i i :, contemplation, d’envelopper et de resserrer cette

application de la volonté en un mot. afin de la retenir plus facilement, choisis un mot court et d’une seule syllabe ; il vaudra mieux que S’il en a deux, car. plus il

est court, mieux il convient a l’opération de i esprit. Ce

sera par exemple, le mol Dieu OU le mot love ( amour). ( hoisiS celui que lu w-ux. ceux la ou d’autres. « —, lii, que tu préfères parmi les mots d’une syllabe, et hxclc

dans ton cœur de sorte qu’il ne s’en éloigne pour rien au monde i Le nuage de Vinconnaii iii, tred.

NœUnger, Tours, 1925, p. 90. Pour ce qui te concerne.

|e ne vois pas d’inconvénient que tu n’aies plus aujourd’hui d’autres méditations sur ta misère OU sur la bonté de Dieu, sinon celles que tu peux tirer de ce mot

sin t péché) ou de ce mol Dieu, ou de tout autre mot

analogue a ta convenance. Mais il ne faut ni diviser m analyser curieusement ces mots en considérant leurs propriétés… Prends au contraire ces mots comme un tout. Dans celui de sin, vois un bloc pesant, lu ne sais quoi, quelque chose qui ne diffère pas de toi même, i ll’id.. C xxxvi. p. 163-164.

Même procède pour la prière : les contemplai ifs. si alors ils se servent de paroles, ce qui est rare, ils > emploient fort peu de mots. et. moins, 1s en Usent, mieux ils s’en trouvent. Oui. et un mot duru syllabe est préférable à un mot de deux OU plus, pour cette œuvre qui est celle de l’esprit ; car c’est dans la fine et suprême pointe de l’esprit que devrait toujours se maintenir ce ni qui veut s’livrer parfaitement.

Ibid., c. xxxvii, p. 165. Les deux monosyllabes Godai tin sont encore conseillés pour la prière, parce qu’ils résument « tout bien et tout mal » : « Ne t’étonne pas si j’indique ces mots de préférence à tous autres. Si j’en pouvais trouver de plus courts renfermant aussi complètement en eux tout bien et tout mal, ou si Dieu m’avait enseigné à en employer d’autres, je les aurais pris et aurais laissé ceux-là de côté, et je te conseille de faire de même. » Ibid., c. xxxix. p. 170-171. « Et ce petit mot pénètre mieux les oreilles de Dieu toutpuissant que ne le ferait un psautier tout entier marmotté sans attention par les lèvres seules… Pourquoi cette courte prière d’une seule syllabe perce-t-elle les cicux ? C’est sans doute parce qu’elle est dite dans toute l’intensité de l’âme… » Ibid., c. xxxvii-xxxvin, p. 166-167. Somme toute, cette prière monosyllabique n’est qu’une variété de l’oraison jaculatoire.