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Dictionnaire de théologie catholique/PROTESTANTISME .II. Le Luthéranisme actuel

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Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 13.1 : PRÉEXISTENCE — PUY (ARCHANGE DU)p. 435-442).

Jusqu’alors, le luthéranisme était resté ce que Luther avait si ardemment recherché : la religion « lu i i Bible et m>ii autorité souveraine, indiscutée, pprist comme la parole même de l >u-n et Installée au se, 1111111110 le principe de toute fol et de toute piété ; or, S| >u u’.-.i avait renversé ou croyait l’avoir fait ces axiomes traditionnels. Il refaisait l’histoire humaine de la Bible, en découvrait le sens naturel, montrait les contresens « le la piété populaire Mir des textes qui ne signifiaient rien de ce que les Odèles voulaient iir.it finalement, ne reconnaissait en la Bible qu’une espèce de code de la piété. Taudis que 1 mprégnait de cette exégèse rationaliste

qui découronnait le Livre cher a Luther, il prenait

. connaissance d’une œuvre manuscrite d’un fameux héhralsant de Hambourg, appelé Samuel Reimarus. C’était le rationalisme spinoziste sans le panthéisme. Lessing on fut profondément frappé. Dès 177 i. il le publia par parties, qui toutes tirent scandale. Le pasteur Goeze, de Hambourg, s’efforça vainement d’enrayer cette publication impie. Lessing couvrit d< ridicule son contradicteur. Puis il s’attaqua aux évan dont il mit en évidence les origines humaines, où il fit voir les caractères île l’humaine infirmité. Enfin, il étudia la notion de révélation, après avoir ainsi sape l’autorité des textes révélés. La révélation, disait-il,

pas un acte particulier de la divinité ouvrant à sa

anle secret des viriles transcendantales : elle est

inouissement progressif de la conscience humaine.

Il v a. au fond de la nature de l’homme, des besoins et

ispirations qui viennent progressivement à la lumière. Quand l’homme les perçoit, est capable de les

ure it se déclare maître de la vérité, il élève ce travail de la conscience jusqu’à un degré divin et l’appelle du nom de révélation. Mais, en fait, ce n’est pas

qui parle a l’homme, c’est l’homme qui se révèle nomme.

Armé de ces principes négateurs de la foi chrétienne.

coue de belle façon l’idole de la Réforme

allemande, le docteur Luther. Du portrait qu’il a

de ce faux grand homme, on peut dire que pas

même celui de Bossuet n’égale la verdeur ni la sévérité

méprisante.

pendant, Lessing prétendait rester vrai luthérien et véritable chrétien de la façon suivante : il distinguait Bible et religion, lettre et esprit, théologie et sentiment religieux. Bible, lettre, théologie, sont connexes meurent le fait de la spéculation qui triture des &, de façon à y retrouver un code, une loi. Mais religion, esprit et sentiment sont aussi connexes et relèvent d’une force différente, qui se perd au fond du cceur humain. On retrouve là l’influence de Zinzendorf, qui fut en etfe ! prépondérante, avec celle de Spinoza, sur la formation de Lessing. Puisque la vraie religion nfond avec le sentiment et non avec la théologie, rendre la primauté d’honneur à la piété, non à tn ne. De l.i une i onception nouvelle du christianisme : ce n’est pas un dogme, c’< si une vie : il n’est pas intolérante, mais mouvement de l’amour d’une âme pour son Dieu. Le sentiment est île ; le christianisme ne peut être une formule immuable : il suit les ondulations du ment. Plus de biblicisme, plus de dogmatique mais un joyeux élan de la vie

formes de plus en plus parfaites d’une piété imc. Que l’on m parle doue plus de -tination : c’esl la part des théologiens. le l’Evangile est amour, que le >ir. que Dieu est amour, et qu’en cela lu christianisme. Par une conséiturelle. Lessing réduit la religion a une suite n’a pas connu le mot, mais il a Pour lui le dogme n’est

rien s u n’esl prlnclpo de vie. La vérité esi nue, réation de l’action. Hors de là, il n’est que logomachie entre théologiens.

1 a construction définitive de la religion selon Les sim ; apparaissait donc sous les formules suivantes : ce n’est pas la voix de Dieu qui, par révélation, a donné un code religieux a l’homme. C’esl de la nature même de l’homme qu’a jailli le besoin religieux, s’afflnant

sans cesse et sans cesse aboutissant à des formes isi

blés qui objectivent ses aspirations Invisibles ; aussi la religion ne peut elle être considérée commi un tout Immuable, un bloc immobile et superbe. Elle suit les mouvements de nos aspirations profondes et se n nou voile constamment. L’Évangile éternel, c’est cette parole mystérieusement gravée au tond de nos cœurs. i i [lise est celle qui traduit ces paroles profondes, tantôt sous une forme, tant « M SOUS nue autre, mais que nul n’a le droit d’arrêter dans ses transformations nécessaires. Le Christ est celui qui prit une connais sauce particulièrement aiguë de ces aspirai ions et qui, les annonçant aux hommes, ileint un révélateur. Il demeure un idéal, idéal de vie, idéal de l’humanité élevée jusqu’aux limites de la divinité ; mais il reste un homme que la conscience religieuse a tardivement confondu avec Dieu.

Telles sont les idées directrices de Lessing, el il est incontestable que chacune d’elles a laissé un sillon profond et lointain dans l’histoire du luthéranisme.

Lessing est le père des systèmes modernes du pintes

tantisme.

2. Le rôle de Sclileirrmnclwr. Lessing n’était cependant ni théologien ni même croyant ; aussi son prestige demcura-t-il longtemps confiné en d’étroites

limites. Mais l’un de ses disciples assura le rayonnement à son action : ce lui Schleiermacher ( 1768-183 1). Sabatier l’appelle le Messie de l’ère nouvelle. et un anglican. M. Leighton, l’ullan. écrit qu’il fut the mosl imposing figure in Gernum protestantism since Luther. Schleiermacher part de la méthode subjective ou d’intuition dont nous avons vu les grandes lignes dans l’œuvre de Lessing.

Nous avons, dit-il, la conscience immédiate de Dieu. Contact intime, expérience individuelle, qui assurent la connaissance de l’Etre souverain. Voilà l’origine de la religion. Sous sa forme générale, elle appartient a tout homme, et en ce sens la religion est un phénomène proprement humain. Sous sa foi me plus particulière de religion chrétienne, elle est la conscience d’un rachat nécessaire, d’un état meilleur que celui de notre nature imparfaite et de notre incapacité à réaliser cette substitution, où s’enferme notre destinée. C’est ce que les I héologiens ap] client le sent inient du péché. le besoin de la rédemption, et qui est déjà l’expérience de la rédemption, l’expérience du Christ sauveur. Celle notion d’expérience va prendre dans le système

de Schleiermacher une importance considérable, et, bien

que déjà invoquée par Lut lier, elle va désormais revêt ir une signification pins ample, plus profonde, et s’im posera ions les systèmes du protestantisme moderne. Quand notre conscience a produil l’expérience du

péché, relie de la rédemption, celle du salul. celle du Sauveur, elle a réalisé le christ ianisme. Celui ci n’est

pas autre chose que l’union de l’homme avec Dieu par l’intermédiaire du Christ. Les diverses expériences dont nous avons vu l’origine établissent précisément ce contact direct, immédiat et bienfaisant avec la figure du Christ. Alors se produil en nous une tran toi mation : l’homme « ni qu’il est affranchi du péché. Ainsi se sont tour a tour transformés les premiers disciples du Christ, et les premières générations chré

tiennes, et toutes les âmes qui croient en lui. De cela il

résulte que [’expérience religieuse est la véritable ori gine de la sainteté, de la vie surnaturelle.

Scbleiermacher, ayant ainsi a peu près tout donné aux forces psychologiques, ne it aucune utilité à conserver les forces historiques du christianisme. Le

Christ intime, celui que la l"i crée en chacun de nous, esi pins réel et plus actif que le Chris) « ul’histoire. Étudions plutôt ces réactions de l’âme que les difficiles cheminements de la pensée religieuse cherchant à réduire en formules dogmatiques les résultats de la vie psychologique, Cet apport de la théologie n’est pas la vraie religion, il est métaphysique ; elle est sentiment. Lessing avait déjà fortement indiquecelle disi incl ion.

Il no faut pas pour autant négliger l’étude de la d matique ; mais il suffira de lui laisser son importance réelle, qui est secondaire. Elle est la cristallisation du contenu de la conscience religieuse à un certain moment, la définition des besoins du cœur réalisés à une heure de l’Église. Elle est ainsi une science d’observation, non une science normative. Une seule chose est normative : la vie et les besoins de la vie. Altitude extrêmement dangereuse, qui va décider de toute l’orientation des recherches de la dogmatique protestante d’aujourd’hui. Le dogme ne dit pas ce qui doit rire ; il dit ce qui a été, ce que la vie, à un moment, a i /(’(’, exige, mais qu’elle a entraîné aussi dans le tourbillon do ses transformations incessantes.

Et c’est pourquoi l’influence de Schleiermacher a été, à vrai dire encore plus importante que celle de Luther. Celui-ci en appelait, avec beaucoup d’imprudence, à l’expérience religieuse de chaque fidèle, et laissait à celui-ci le soin de l’interpréter à sa guise. Il fut. par ce détour, le père de l’individualisme protestant. Schleiermacher ajouta que l’expérience religieuse crée le dogme lui-même et, pour tout dire, l’objet de sa foi. Il fut ainsi le père du rationalisme et du scepticisme de la réforme actuelle.

.Mais c’est là que réside sa faiblesse. Ce philosophe n’a vu du complexe chrétien que les caractères subjectifs, non les conditions objectives. Il est vrai que la rédemption a pour effets souvent sensibles à la conscience du croyant de nous délivrer du joug du péché, de nous donner le sentiment d’une libération, qui crée la paix intime, la certitude religieuse et la joie de l’âme. Ce sont là des phénomènes intérieurs sur lesquels il n’est pas mauvais que s’exerce la théologie, car ils marquent la valeur réelle d’une vérité religieuse capable de transformer les âmes. Cette expérience intérieure, cette connaissance des réalités intimes, dévoilent les effets du dogme. Mais le dogme lui-même est autre chose et ne se confond pas avec ces effets.

Il affirme, en dehors de nous, la réconciliation du pécheur avec Dieu et le rétablissement d’une relation détruite. Cette relation, ce n’est pas la conscience qui la produit, en l’envisageant. Elle est extérieure à elle, quoique intérieure en elle. Elle implique des réalités externes : le péché, le pardon, la miséricorde d’un Dieu, la valeur d’une rédemption voulue et acceptée par Dieu. Ce sont là des faits qui sont, en vérité, la cause des besoins analysés et des suavités ressenties par l’âme croyante. Les négliger, c’est mutiler la nature de l’homme et la nature de la religion. Schleiermacher fut un philosophe très grand, mais ayant des œillères.

3. Albert Ritschl.

Un succosseur à son hégémonie ne tarda pas à apparaître, qui prétendait refaire le travail à moitié réussi de Schleiermacher. Il s’appelait Albert Ritschl (1822-1889). C’était un disciple révolté de l’école de Baur, dont il venait de réfuter les théories historiques dans un livre intitulé L’origine de l’ancienne Église catholique 1 1850). Ritschl gardait de son passage à l’école de Tubingue le sens de l’histoire, le goût des réalités, la défiance pour les constructions métaphysiques. Il apportait dans l’étude de la religion une tendance nettement objectiviste. Le fait prime

l’introspection de pi étendus faits psychologiques. Le

fait primitif est donné par l’individu. La science ne connaît pas d’abord l’espèce. D’où Ritschl tirait deux conséquences graves.

<i i La prétendue intuition de la réalité divinepar l’union immédiate de l’âme avec Dieu est une illusion, et toutes les conséquences tirées de ce subjectivisme religieux créent 1’illusionisme.

b) L’individu ne révèle pas ce qui serait une corruption de l’espèce humaine par le péché originel. Donc ce dogme échappe à nos prises.

Pareillement, alors épie Schleiermacher attendait des résultats décisifs de l’expérience religieuse et surtout de l’expérience du Christ sauveur, Ritschl déclare ces investigations psychologiques dénuées de valeur. Ce n’est pas une expérience d’âme qui peut nous faire connaître le Christ, sa personne, sa nature. Enfin, d’une manière plus générale, alors que son prédécesseur croyait tirer la notion de religion d’une analyse psychologique, Ritschl déclare ces essais subjectivistes antiscientifiques, créateurs d’une « idole métaphysique ». Il n’y a qu’une seule théodicée : celle qui nous vient de la révélation.

Et l’on voit comment se trouve dès lors bouleverse tout le système subjectiviste jusqu’alors en honneur dans le luthéranisme. Ritschl ne laisse devant lui que les Livres saints, la révélation, un fait extérieur à la conscience humaine. Et puisque la révélation a revêtu deux formes, celle de l’Ancien Testament, et celle qui est annoncée par le Christ, la dogmatique ne peut être que la description du contenu de la révélation, c’est-àelire les deux Testaments, et de rien d’autre. Jusqu’ici, la méthode de Ritschl aboutissait à une réhabilitation éclatante de l’autorité de l’Ecriture sainte, envisagée en elle-même et non dans les reflets qu’en peut donner une conscience religieuse. Reste à définir l’attitude du croyant ou du penseur devant ces textes sacrés. Pour Luther et l’ancien protestantisme, une seule attitude : le Livre est la parole de Dieu, qui s’impose, que l’on ne discute pas, que l’on n’explique pas, mais dont on reçoit, par une illumination du Saint-Esprit, l’intelligence claire et parfaite. C’était encore du subjectivisme critique. Ritschl cherche une règle objectivement valable. Il la trouve en l’accord réel des deux Testaments. « L’accord, écrit-il, de la pensée religieuse d’un écrit du Nouveau Testament avec l’Ancien, est un critère infaillible pour juger de l’authenticité de cet écrit, o L’Écriture se trouve donc expliquée par elle-même. Nulle vue de l’esprit, mais soumission de l’esprit aux faits. La chose peut paraître plausible. En réalité, elle était meurtrière pour le Nouveau Testament. S’il ne s’y trouve d’authentique que les passages en accord avec l’Ancien, autant dire que tout ce qui fait précisément l’originalité, la richesse, l’incommunicable caractère de l’enseignement de Jésus sera tenu pour suspect. Et l’ironie de cette méthode, c’est qu’elle découronne justement le Christ, qu’elle réduit à être je ne sais quel écho de Moïse. Résultat plutôt négatif, et qui sullit à juger de la valeur du principe. Mais il y a autre chose.

Ritschl, mis en présence du Nouveau Testament, fui amené à se demander si la révélation évangéliqne doit se confondre avec celui-ci et s’il n’y a pas, dans ce texte vénérable, des traces, des éléments d’une pensée étrangère à la révélation même faite par le Christ : éléments d’origine rabbinique, ou hellénique, ou philonienne. La difficulté est donc d’appréhender le fait exact et pur de la révélation chrétienne. Par quelle méthode l’atteindre ? Ritschl écarte tout procédé subjectiviste, et propose le suivant, qui semble conforme à la réalité même : il faut étudier le texte sacré en se mettant au point de rue de la communauté. La première génération chrétienne, celle même qui l’a préparée en lui transmettant de bouche a bouche renseignement il du Maître, voilà où le critique trouvera la plus parfaite compréhension de la révélation. Mais, m le critère semble juste, la manière dont RiUchl le déclare maniable est bien [aite pour inspirer toute Inquiétude. nent nous mettrons nous en effet au » <>mt île vue de cette communauté ? En nous Imaginant écouter Jésus ot éprouver en nous la valeur pratique de ses es. Poules celles qui seront vin-, action sur notre once ne seront pas de la tradition primitive… Sous les rejetterons du dépôt do la révélation. L’escha ; ie des èpitros, les règles sociales de l’Évangile qui luvaient valoir que pour la première société chré tienne dont on attendait l’imminente transformation, mprésentent plus de valeur actuelle. Le principe nat isto joue a leur détriment : Ritschl permet de dérer ces pages comme étrangères a la révélation. as ne pouvons que signaler l’extraordinaire Importance que ce principe nouveau a pris dans lepro . ttisme moderne. La religion du Livre a pris lin. blicisme luthérien ou cal iniste ne peut survivre à cette attaque. La Bible est a la fois déclarée dépôt de la alion et dépôt suspect : Ritschl a I ien voulu dis : -. dans cette révélation mélangée de vérité el » ur, une certaine vérité qu’il assimile et confond « valeur religieuse et morale ayant un caractère le permanence. I.e luthéranisme, d’abord docile à ce critère, ne tardera pas a s’affranchir de cette norme, dont le caractère fantaisiste ne fait en effet aucun doute. Il ira dès lors à l’aventure, essayant de sauver du naufrage un texte dont on lui répète vins cesse qu’il est impur et peu digne de créance ; ou. en désespoir de -. abandonnant tout le texte à la critique négative. D’autre part. Ritschl, qui se glorifiait d’avoir réintègre l’objectivisme dans l’étude de la religion, soumettait en réalité toute sa méthode à l’arbitraire d’un choix essentiellement subjectiviste. Qui. en effet, garantira que la page déclarée par nous vide de sens moral ou de valeur religieuse n’apparaîtra pas, un jouiprochain, lourde de richesses dogmatiques ? Les varia du jugement de l’homme ne doivent-elles pas interdire de porter une appréciation définitive sur

l’Écriture ? En sorte que la méthode ou bien un leurre ou bien un péril, dans - as incapable d’assurer une certitude. i quelques-unes de ses conclusions, dont l’influence a été décisive sur l’orientation du luthéranisme actuel.

a) Ritschl déclare que l’idée fondamentale de l’cnseilent du Christ fut celle du royaume de Dieu.

e qui était le but de la prédication de Jésus ne pas. dit-il, a devenir, dans la pensée des apôtres,

aume du Christ, qui devait s’inaugurer au second ment du Ressuscité. Ainsi, l’Évangile aurait trahi.

sur ce point, la pensée du Ml smc. lit saint Paul aurait cette trahison, en sorte que lisciples a distinguer, a oppo

christianisme selon Jésus et le christianisme

Paul. Nous verrons la fortune de cette l’ion.

b) certainement le révélateur de Dieu, aine, plus que lui. n’a donné uni : idée plus

plus jusl _ird de qui personne, plus que

lui. n’a vécu dans une soumission plus grande une

intimité plus affectueuse. Et c’est pourquoi les pre l’ont déclaré, lui aussi. Dieu. Mais, sur’nielle, nous ignorons tout. Les II.

r.-lle du Père. Dits, h ! latique.m seuil de la vadivine.

pleur, si l’homme comprend

.us avons, dit-il, l’expérience

. de notre aspiration au rachat, et de

terreur devant la mort, « la reine des épou vantes. Or, le Christ nous a montré ce que peut une

Volonté qui toujours se dusse au dessus des baSSOSSCS de la nature et (pu a affronté la mort pour nous ensel

gner qu’elle ou re la vole à la éritable le. ollè com

ment il a racheté l’homme, Quant à dire que cette mort nous - justifie i ou remet nos pèches. Ritschl déclare celle notion étrangère a la pensée du Christ parce qu’elle n’a lien de conforme.i l’idée rituelle du

sacrifice dans l’Ancien Testament, .lesus, simplement, nous a montré la valeur du sacrifice, qui libère et nous

rapproche de Dieu, (le taisant, Ritschl Jette à bas la notion lut lier ien ne de la just ilicat ion par la foi et relia bilite au contraire la notion catholique des bonnes œuvres, créatrices de vie surnaturelle.

Ces notions fondamentales dans le christianisme oui subi, par l’action de Ritschl, des transformations si profondes que tout le lut heranisnie en fut connue métamorphosé. C’est la pensée de Ritschl que l’on retrouve, aujourd’hui même, dans les multiples dog matiques qui font du luthéranisme actuel l’un d< s plus extraordinaires musées des constructions métaphj

siipies. C’est a ce dernier si ade de la pensée lut herienne qu’il convient de. nous arrêter un peu.

i. Adolphe Harnack. Il faut mettre à un rang spé Cial, un peu en dehors de la ligne théologique mais a Une place hors de pair, l’historien luthérien Adolphe Harnack. Non qu’il ait. comme les penseurs dont nous venons de parler, imprimé au luthéranisme une orientation non. elle, mais il y a développé un sens de l’histoire religieuse qui, au début, lit le plus grand tort a la foi et. sur le tard, il essaya de réparer les ruines qu’il avait contribué à accumuler.

Nous ne pouvons ici analyser cette œuvre immense, ni définir les caractères de son action. Tenons-nous aux plus grands. Harnack a sapé, en sa jeunesse, la valeur du Nouveau Testament en poussant à ses limites extrêmes l’idée de Ritschl sur la contamination du texte sacre. Lui, a pat iemmeut décortiqué toutes les phrases, les pensées les iccits, et a cru pouvoir déterminer la formation du texte, et les apports hétérogènes de la pensée, philosophique et du.sentiment chrétien primitif. Non seulement il a appliqué cette méthode i xt reniement délicate et fort souvent aventureuse à l’étude du Nouveau Testament, mais encore il s’est appliqué à montrer que ce Testament ne fui pour h s chrétiens qu’un exercice d’adaptation : dans leur zèle pour retrouver le Messie en la personne de Jésus, ils auraient reconstit ne cet le figure, cet le existence, cette destinée, en lui appliquant exactement les caractères qu’avaient prêtés au Messie futur les écrivains de l’Ancien Testament. Ainsi croulent l’argument des prophéties et le dogme de la divinité du Christ. Plus tard, et surtout dans son livre sur L’essence du christianisme, il apparaîtra plus juste a l’égard du Christ, fondateur d’une religion absolument nouvelle. Il consacrera même ses dernières années a mener le bon combat contre ses propres disciples émancipés, qui niaient toute valeur à l’idée chrétienne et jusqu’à l’existence même du Christ. Il reste que ce fut un très grand historien, dont la trace sur les destinées de l’histoire des origines chrétiennes est celle d’un maître.

".. La dogmatique luthérienne. Revenons a la dogmatiqui luthérienne. D’environ 1900 à 1914, elle a été représentée par quelques théologiens qui ont surtout

développé les principes anarrhiques dont nous avons

retrouvé les origines chez, les grands initiateurs du

xixsiècle.

Parmi les plus importants, il faut signaler Wilhelm

I h rm an n. Parti de la notion subji et iviste de reli

il aboutit a cette conclusion logique que seule importe

la religion personnelle et que le concept d’Église est

irrationnel, ou même antireligieux. La conscience est religieuse quand elle s’abandonne a ses besoins supia sensibles. L’Église se présente comme un code rigide ; elle ne peut que tuer ces aspirations. On s’efforcera doue de constituer un christianisme sans Église. Près de Hermann, le prof esseur Théodore Hæring a

joui d’un grand prestige. Avec lui, c’est l’agnosticisme pur qui triomphe dans la dogmatique. Hæring distingue nettement la foi et la science de la foi. Celle là est souple et changeante comme la vie. Or, la science suppose des phénomènes stables, soumis â des lois uniformes. Il ne peut donc y avoir science dogmatique là où il n’y a, d’aucune façon, stabilité et uniformité. La dogmatique luthérienne devra se contenter de décrire les phénomènes religieux propres à un individu ou à un temps. Son objet propre ne peut aller au delà de Tinte) ligence que nous prenons des évangiles et du profit moral que nous retirons de l’Écriture. Hors de là, tout est écoulement et poussière.

Le professeur Wendt a installé le scepticisme dogmatique en partant d’un autre point de vue. La dogmatique, dit-il, suppose une connaissance certaine de la véritable pensée de Jésus et de sa véritable intelligence par les générations chrétiennes. Or, la pensée de Jésus est noyée dans un fatras d’apports hétérogènes et étrangers, que la critique ne parvient pas à élaguer des textes évangéliques. Incertitude inévitable ! Et l’histoire est encore incapable de distinguer ce que les générations ont conservé de proprement chrétien et ajouté au dépôt chrétien. Encore incertitude non moins inévitable ! Nous parlons au sujet de textes pleins d’obscurités. Une seule voie reste possible à la dogmatique : reconstruire un système de la doctrine chrétienne selon le critère, tout à fait subjectif mais seul possible, de l’utilité pratique des pages évangéliques. Le pragmatisme décide de la vérité des évangiles. La dogmatique luthérienne en était là de sa désagrégation quand la guerre survint. Puis ce fut Hitler.

6. La crise du hitlérisme.

Le mouvement politique déclenché par Hitler a hâté la crise du luthéranisme allemand. Jusqu’au triomphe du Fùhrer, on semblait ne pas apercevoir les répercussions religieuses de manifestes racistes. Ce ne fut d’abord qu’une vive réaction contre les adeptes du marxisme. On en comptait beaucoup dans les rangs des théologiens ; quelques-uns furent emprisonnés ; Schmitt, à Bonn, et Tillich, à. Francfort-sur-le-Mein furent mis en congé. En avril 1933, la vague hitlérienne emporta l’ancienne organisation de l’Église luthérienne. Il fut entendu que, dans une nation allemande régénérée, l’Église devait se renouveler selon les mêmes principes régénérateurs de la nation. Le 25 avril, vingt-neuf légions ecclésiastiques réunies en synode déclarèrent vouloir réorganiser l’Église des Deutsche Christen. Le mouvement se précipita en Prusse, où l’Église se donna un commissaire d’État ; où une constitution fut élaborée en une commission présidée par l’aumônier Millier, ami personnel de Hitler ; où des élections donnèrent une victoire écrasante aux Deutsche Christen. Or, ceux-ci, selon le manifeste de leur chef Millier, prétendaient fonder « non pas une Église d’État, mais une Église évangélique du Reich, pour laquelle la grandeur de l’État nationalsocialiste fût un article de foi, et qui serait l’Église des chrétiens allemands, c’est-à-dire de chrétiens de race aryenne ». Visiblement, les nouveaux chefs s’apprêtaient à mettre l’Église au service d’un idéal politique, maître de l’heure actuelle, et à adopter quelques principes du mouvement politique, élevés à la hauteur de formules religieuses. L’un des plus essentiels et des plus dangereux était le principe raciste, ou aryen.

L’attitude nouvelle de l’Église allemande pouvait surprendre. Luther a déclaré que les contingences politiques et autres ne regardaient point l’Église véritable, qui est l’Église invisible. L’adoption du principe raciste devait bientôt scandaliser par ses conséquences bru tales. Toutefois, de mai à juillet 1933, la campagne des Deutsche Christen prit une tournure extrêmement violenie. Le pasteur Friedrich Wieneke, en une brochure publiée en juillet, définit la théologie nouvelle. Aux i 1 1 n i neuf Églises des paj s se substituera une Église du Reich. Plus de parlementarisme dans l’Église comme dans l’État (ce qui implique la négation des corps constitués, synodes, etc., et même des libertés diverses et de la liberté d’examen). La foi en Jésus-Christ sera conforme a l’esprit allemand. L’Église devra combattre aux avant-postes, en premier lieu contre toutes les formes du marxisme. La race devient le fondement et la pierre angulaire de la nouvelle Église : aucun élément n’j sera toléré, qui ne soit pas authentiquement aryen, d’où épuration, non plus d’après la fidélité aux dogmes, mais d’après les origines ethniques : exclusion du « sang étranger, et particulièrement des juifs, dont la conversion est déclarée « un grave danger pour l’essence nationale ». L’Église reconnaît sur le fondement de la foi la haute autorité de l’État national-socialiste et que « la croix gammée et la croix du Christ vont de pair ». L’extraordinaire était que l’on visait à appuyer sur de prétendus commandements de Dieu ces notions d’Église raciste, opposée à la pitié, exécrant « le pacifisme qui est antichrétien ». Wieneke déclarait même que l’Ancien Testament n’est qu’une parabole pour les Allemands ce qui veut dire sans doute que le nouveau christianisme des Deutsche Christen n’a que faire de cette parabole.

Or, ces dogmes, que l’on dirait d’un esprit en délire, ont fait leur chemin et, durant les mois de juillet à novembre 1933, ont trouvé des théologiens pour les entériner, les développer, les durcir. L’un des moins excités, le docteur Emmanuel Hirsch, professeur à Gœttingue, déclare que la fin de l’Église est d’aider l’État à maintenir « le respect et la fidélité au sang > et de proposer au peuple une fusion de la morale et de la règle de vie évangélique avec la morale nationalesocialiste ».

C’est précisément de quoi ne veulent pas convenir les théologiens restés fidèles à la traditionnelle organisation de l’Église luthérienne. Karl Barth a pris résolument la tête de ces protestaires. Le personnage est déjà redoutable par le prestige qui l’environne. Il l’est davantage par la franchise, la netteté, la sûreté de ses attaques. Sa brochure, parue en juillet, a connu une énorme diffusion. Elle engage le combat contre une doctrine avec laquelle il est impossible de pactiser. Barth démontre le paganisme de cette prétendue doctrine, de son principe raciste, de son hostilité contre les non-aryens, de sa servilité à l’égard de l’État, de son appel « aux armes », de son acharnement à détruire les cadres traditionnels d’une Église — de charité, de miséricorde — livrée à un nouveau Fuhrer ecclésiastique, contre toutes les libertés évangéliques.

Et, en effet, les Deutsche Christen travaillaient à faire reconnaître leur homme. Millier, comme chef de l’Église du Reich. Déçus de voir nommer comme évêque M. de Bodelsctrwing, le créateur des œuvres de Béthel, ils n’eurent de repos que celui-ci ne renonçât à sa charge. Mais la querelle de l’évêque eut une conséquence inattendue : le sud de l’Allemagne regimba contre les prétentions des Deutsche Christen, et en Prusse un commissaire régional, choisi parmi les Deutsche Christen, persécuta les pasteurs soupçonnés de tiédeur à l’égard de Mùller. Bodelsclrwing démissionna. L T n commissaire du Reich, M. Jæger. fut nommé, qui destitua un grand nombre d’autorités ecclésiastiques et élabora une nouvelle constitution évangélique, qu’il fit approuver par un vote des Deutsche Christen. Selon cette constitution, l’Église évangélique obéit à V* évêqi : e du Reich », flanqué

d’un ministère spirituel de quatre membres, trois théologiens it un Juriste, et d’un synode national de soixante membres. Comme tontes ces autorités seront des nationaux socialistes, la mainmise de l’Étal mit im> protestante sera compléta.

S u la pression des forces nationalistes, M. Millier fut élu’évéque du Reich —, tandis que M. Hossenfel » lcr. évéque de Berlin, était promu chef des chrétiens allemands

-t.1 ce moment que s’est aggravée la crise proprement religieuse du protestantisme allemand. Selon les curieux principes de la nouvelle théologie, dont nous avons vu quelques formules il.wis l’opuscule de Wh leke, certains théologiens ne gardèrent plus de nu Mire. L’un, M. Krause, de Berlin, rejette l’Ancien restament et ne veut garder de l’Évangile qu’une image héroïque < de Jésus Christ. Blasphèmes que l’évéque de Berlin fut contraint de blâmer ; M. Krause fut révoqué. Les protestants se sont alors séparés. Ceux de rhuringe prennent fait et cause pour M. Kraudésavouent M. Hossenfelder ; ceux du Sud. Bavière, Wurtemberg, Bade, et ceux du Palatinat, de

la liesse, réunis.1 Stuttgart, déclarent se séparer des

Deutsche Christen, qui mettent en danger la religion.

i*n s’est réuni a Weimar alin de rechercher un terrain d’entente. Cependant, MM. Hossenfelder et Millier prétendent ne pas accepter ces méthodes parlementaires dans l’organisation autoritaire de l’Église », et jouent aux dictateurs religieux. Mais, à Bonn, Karl Barth dénonce ces nouvelles autorites, qui, dit-il, ne sont au pouvoir qu’à la faveur d’une usurpation.

relie est. a l’heure actuelle, la situation du luthéranisme allemand. Si le hitlérisme est décidément vainqueur, il est probable que s’ouvrira une ère de Kulturkanxpj contre les luthériens dissidents. Si cette fièvre doit bientôt tomber, l’Église du Reich restera, pour temps encore, blessée et affaiblie par l’acceptation de principes païens, politiques, antireligieux et certainement antichrétiens.

2° Organisation du luthéranisme en Allemagne. - — ganisation « le l’Église évangélique it nt de réalilepuis 1 '<2> ». un sérieux progrès. Tous les candidat s au pastoral s, , nt obligés, une fois leurs études achevées dans une faculté de théologie à l’université, de passer un an dans un grand séminaire. Leur formation eccléque s’y achève par des cours et des exercices pratiques. Ils font les catéchismes et s’initient aux œuvres si importantes de la Mission intérieure. D’ailleurs, le

ge du petit catéchisme de Luther est fort en

trouve qu’il n’est plus adapté à l’heure présente, tt beaucoup vont jusqu’à dire que l’enseignement catéchistique ne convient plus à notre société. On tend à le remplacer par la lecture directe des Écritures, commentées et discutées.

Quant à la liturgie, on distingue le service religieux du matin et celui de l’après-midi. Pour le premier, on se sert d’une lit ur<jie fixe, qui est, à peu de chose près, celle du luthéranisme primitif ou du calvinisme. Pour le second, chaque pasteur peut l’organiser à son gré. Il icontestable que le mouvement liturgique a pris, innées, une grande ampleur. Les pasteurs s’intéressent au culte catholique, à notre liturgie, - ornements, a nos fêtes, a nos groupements pieux. On a vu des pasteurs organiser des services de requiem ou même d.-s processions en l’honneur de la croix. 3° Lt protestantisme en Suisse. DôUinger a déjà marque : On n’a jamais essayé d’établir Suisse une seule et grande Église pro-’que la Suisse a été un carrefour, où les sont rencontrées, heurtées, installées ur un mon eau du territoire. Et les conditions ques "nt contribué à stabiliser et a différenformations diverses. Aux paj s de langue allemand fini’luthérienne ; aux territoires de

DICr. DI IHIOI.. (’M MOL.

Zurich, la réforme swingllenne ; aux cantons de langue française, la réforme calviniste. D’ailleurs, en chacun de ces territoires politiques et ecclésiastiques, des quart tites de subdivisions de la secte principale, et l’emprise d’un ces. u opaplsme qui n’a cessé que de nos jours, fort relativement d’ailleurs. Cette crise <lu régime « les Églises d’État développe aujourd’hui même ses conséquences, que nous étudierons. Examinons d’abord

Ce qu’est devenu, au point de vue doctrinal, le pro

testantisme issu de ces trois branches initiales.

l. Évolution doctrinale. Dire qu’il > a encore une doctrine ewinglienne ou luthérienne serait aventuré ! il

n’j a plus iprune mentalité : elle se caractérise par une

opposition violente, presque de parti, contre l’Église romaine. Les haines de Luther et de Zwingli se sont

transmises, là plus qu ailleurs, aussi simplistes dans leur aveuglement. On garde ici des sympathies pour Us doctrines sàcramentalistes ; là. une aversion pro fonde. Mais d’originalité dans la pensée, point. La théologie allemande et celle d’A. Sabatier, d’A.Loisj et des principaux réformés fiançais d’aujourd’hui, pénètrent la dogmatique helvétique. Sur l’influence actuelle de la pensée de Calvin en Suisse romande, le pasteur A. Fornerod écrit : A l’heure actuelle, vous ne rencontre/, pas un seul calviniste pur. parce que le dogme de la prédestination, tel qu’il a été formulé par Calvin, heurte trop la conscience moderne, qui ne saurait admettre que Dieu prédestine, de toute éternité, des créatures aux peines éternelles. Le principe du protestantisme, Lausanne. 1923, p. 16.

Le pasteur Maurice Nccscr nous avertit aussi que le ternie d’orthodoxie a changé de sens et que les orthodoxes d’aujourd’hui, parmi les pasteurs, ne sauraient être les orthodoxes d’il a quarante ans. L(/ séparatiiin à Genève, 1919, p. 31.

Aujourd’hui, chaque pasteur enseigne à Genève sous sa propre responsabilité. Il fait ou choisit son catéchisme et ses définitions dogmatiques. Celui de M. Frank Thomas, paru à Cenève en 1 90’. », et celui de M. Paul Yallotton, paru à Lausanne en 1919 et qui en ( si a son cinquantième mille, sont profondément différents dans la manière même de ider de leur sens originel les anciennes formules du Credo. Sur l’attitude que cette Eglise est appelée à conserver à l’égard de la Hible, quelques aveux sont éloquents. Le pasteur Charles Chenevière, de Genève, n’hésite pas à écrire : « Je ne vois pas aujourd’hui un seul pasteur de notre Église croyant à l’inspiration littérale des Ecritures. » L’Église et tes jeunes. Genève, 1919, p. 11. Les théories modernistes concernant la format ion, la valeur historique et l’inspiration de la Hible ont ravagé l’Église helvétique, et l’on peut suivre l’étendue de ce mouvement dans un livre assez récent de M. M. Necser. I.ct Hible et l’autorité de la foi dans le protestantisme, 1916. Quant aux tendances de l’exégèse relativement à la personne de Jésus, rien n’est plus strict eineiit suggestif que le livre du pasteur G. Berguer, intitulé Quelques traits de la vie de Jésus, au point de vue psychologique et psychanalytique, Genève, 1920. Toutes les hypothèses aujourd’hui mises en avant par la pensée rationaliste ou protestante libérale sont appelées a résoudre l’énigme chrétienne. Les uns y voient un syncrétisme de la mythologie gréco-orientale, par quoi s’expliquent les doctrines eh rétien nés de la n carnation, de la rédemption, di la rcsiirrect ion (à des sacrement s. I l’aut res, le produil d’une exaltation mystique, par quoi s’expliquent tous les récits relatifs a la naissance, aux mirai les. a la divinité du Christ, mort en croix. On ne peut dire qu’une réaction soit encore en faveur auprès des théologiens de cette Église helvétique livrée a toutes les fantaisies

de la c ri ! ique moderniste. M. Berguer n’éprouve aucune hésitation à avaliser toutes les suggestions de la

méthode historique. Il affirme, avec une (’gale cer T. — X 1 1 1

28. titude, que les fragments historiques de l’Évangile sont entourés d’une gangue mi-partie légendaire, mi-partie dogmatique ; qu’il est néanmoins Impossible de reconnaître et de distinguer ces trois éléments ; mais qu’il est Indispensable de renoncer à leur signification, afin de restituer la figure du Christ historique, et que la seule et légitime voie est de reconstituer SOI1 histoire d’après les Interprétations que la psychologie et la psychanalyse permettront, sans d’ailleurs conférer à aucune d’elles la moindre certitude. Ce que M. Berguer assure avec tant de confiance, un autre professeur de théologie à Genève, M. G. Fulliquet, l’avait déjà pro posé en partie en nous révélant que Jésus avait pris connaissance de la notion du Fils de l’homme, dans les ouvrages de la Perse ! Les problèmes d’outre-tombe, 1918.

D’une façon générale, l’influence de Harnack, auteur de L’essence du christianisme, se fail sentir en tous ces milieux ; Jésus leur apparaît comme le prophète d’une religion qu’il aurait voulue sans prêtres et dont la tradition ecclésiastique a transformé le sens primitif. L’influence de Loisy est encore assez active, et rien n’est plus commun que d’entendre reprocher au Nouveau Testament et à l’Église originelle d’avoir, par une longue erreur, annoncé la proximité de la fin du monde, ce qui obligea peu à peu les chrétiens à rénover leur foi autour de principes complètement nouveaux, mais déterminés par la persistance d’une Église que l’on avait crue assez tôt destinée à disparaître dans la gloire du royaume des cieux.

On a pu remarquer que la jeunesse studieuse ressent le contre-coup de ces batailles d’idées où se perd la foi traditionnelle. Elle va d’une solution à une autre solution contraire, et « cette alternance d’affirmation et de recherche traduit fort bien, dit-on, ce qu’est l’âme religieuse en notre temps ». M. Ch. Clerc, Journal de Genève, 29 sept. 1923.

Du point de vue dogmatique, la Réforme suisse semble donc aujourd’hui livrée aux plus actives forces du rationalisme allemand. Son attitude en face du culte et de la liturgie ne sera pas moins confuse. On y conserve généralement la haine aveugle de Zwingli contre toutes les cérémonies du culte catholique : guerre aux sacramentaux, guerre aux manifestations liturgiques de la piété catholique : prières vocales, chants, processions, prostrations, objets sacrés du culte. On n’utilise pour la cène que des coupes et des plats de bois, on s’y montre extrêmement défiant à l’égard des innovations rituelles, que la liturgie anglicane, par exemple, adopte de plus en plus nombreuses. Des pasteurs, comme M. M. Neeser, y dénoncent en termes d’un étrange archaïsme « des traces de cléricalisme » et prévoient avec une terreur comique que ces innovations innocentes ne tarderont pas à entraîner après elles l’épiscopat et la confession auriculaire, et le mysticisme sacramentel qui exigera, sur des autels rétablis, autre chose qu’ « une indéfinissable hostie ». Bref, le mouvement liturgique est accusé de servir de véhicule à la foi romaine, et c’est à quoi les pasteurs se déclarent hostiles. Il est en effet bien à craindre que l’hostilité butée de ces théologiens, à qui « l’indéfinissable hostie » ne dit rien que superstition et idolâtrie, n’étouffe, pour de longues années, les timides essais de restauration liturgique que certains avaient tentés au temple de Lausanne. Le mouvement de la Haute Église anglicane et allemande n’existe encore pour ainsi dire pas dans l’Église helvétique.

2. Organisation.

Reste à montrer ce qu’est devenue l’organisation de l’Église helvétique telle que Zwingli l’avait décrétée.

Pour Zwingli, la liberté « évangélique » doit se concilier avec la notion d’Église d’État. Celle-ci domine, et l’on assure que celle-là ne souffre pas de cette mainmise. Le nationalisme dirige la piété, ou plutôt se sou met la vie religieuse. Zwingli a créé une Église d’État, tandis qu’à Genève Calvin instituait un État évangélique. L’idée de Zwingli a été battue en brèche, vers 1845, par le pasteur Vinet, qui protesta, au nom de la liberté, contre la tyrannie de l’État. A la suite de Vinet, les deux tiers des pasteurs du canton de Vaud se séparèrent de l’Église institutionnelle pour fonder uni-Église libre. D’ailleurs, ces Églises libres, autonomes, et qui ne comptent pour assurer leur développement que sur elles-mêmes et la générosité de leurs adeptes, n’ont pas cessé de décliner, au moins autant du point de vue matériel que du point de vue spirituel. Aujourd’hui même, la question de l’organisation de l’Église helvétique préoccupe les pasteurs, et quelques-uns, que met dans l’embarras l’antinomie fatale entre la liberté évangélique et le concept d’Église organisée, n’hésitent pas à conseiller la suppression radicale des Églises et l’instauration d’une communauté religieuse sans pasteurs ni Bible. « Cet effondrement de l’Église nous paraît nécessaire, inévitable, une libération. Toutes les Églises sont des organisations passagères, trop petites et trop étroites pour retenir l’esprit de celui qui apporta la bonne nouvelle au monde. Il faut que le vase soit brisé pour que l’odeur du précieux parfum remplisse la maison. » Hans Faber, Le christianisme de l’avenir, 1920, p. 188. D’autres, moins radicaux, souhaitent simplement voir se multiplier des i Églises beaucoup plus restreintes et plus différenciées qu’elles ne le sont actuellement ». Frommel, Études religieuses et sociales, 1895. En somme, une pullulation de sectes, vaguement unies par une vague foi commune. Mais on n’avait pas prévu la fortune de sectes assez étrangères au protestantisme helvétique qu’elles mettent aujourd’hui en véritable péril. Telle Église se donne à la secte des frères dissidents ou dcrbgstes larges, telle autre à la Christian science, telle autre aux adventistes du septième jour, telle autre, à V Assemblée du corps de Christ. Cette course à l’individualisme pur aboutit à ce que l’on a appelé les Églises multitudinisles. Ce régime, d’une liberté sans frein pouvait, à la rigueur, ne pas trop effrayer, aussi longtemps que toutes ces formes religieuses restaient sous le contrôle et l’influence et l’autorité bienfaisante de l’État. Mais, depuis le. 30 juin 1907, la situation s’est trouvée subitement transformée.

A Genève, la séparation des Églises et de l’État fut votée. Il fallut, songer à réorganiser une nouvelle Église nationale protestante genevoise. La nécessité s’imposa de grouper les fidèles et de limiter leur liberté d’action et d’examen. On ne vit pas d’autre moyen pour sauver de la ruine l’Église en péril. On élabora donc une constitution (7 juill. 1908), à laquelle furent censés adhérer tous les protestants » qui se considéraient comme faisant partie de l’Église ». D’ailleurs, aucune obligation ni juridique ni dogmatique. Il suffisait de voir en Jésus, de quelque manière qu’on le comprenne, le grand inspirateur des âmes. La constitution l’appelait cependant le Sauveur des hommes. Elle se référait à la Bible « librement étudiée à la lumière de la conscience chrétienne et de la science ». Elle acceptait l’Évangile « comme une source de vie éternelle et de progrès individuel et social ». C’est à ce compromis entre la libre pensée et la foi que s’arrêtèrent les pasteurs, trop avisés sur la situation véritable de leur confession pour risquer le grand refus, s’ils avaient nettement posé le problème de la foi chrétienne aux regards de leur Église en désarroi ! M. Neeser, La séparation à Genève, 1919.

Déjà, les nécessités de la vie ont apporté des modifications profondes au régime de la séparation. En fait, les destinées des Églises dépendent encore de l’attitude des pouvoirs civils à leur égard. On y distingue toujours les Églises officielles et les Églises libres. Comme le protestantisme représente en Suisse les trois cinqnièmes de la population et que la classe paysanne n’y est pas encore dominée par la classe ouvrière Irréll . les forces nationales continuent de secourir les s, qui conservent un démocratisme tout.1 fait conforme à l’esprit public et national. La plupart des cantons suisses ont leur propre Église, soit officielle, M> ; t libre. 1 es Églises officielles sont en majorité >i tiennent à conserver l’appui Mes États ou cantons, afin mieux préserver contre le catholicisme, qui pro un peu partout, rt contre les excès de l’indivl dualisme protestant. Os Églises officielles ont formé une fédération depuis 1920. Malgré le principe de la ition, Églises et cantons s’entendent tacitement tolérer un certain contrôle civil sur les manifes tatlons de la vie religieuse, sans toutefois que Il tal slngèrc dans 1rs affaires proprement peelésiastiques. - organisent leur activité comme elles l’entendent, l.i plupart conservent l’organisation pies ienne. leurs synodes sont mixtes, c’est-à-dire composes de pasteurs et de laïques. Leur autonomie est très accusée. Les paroisses élisent leurs pasteurs. . stituent pour fautes graves, taxent leurs membres, disposent de fonds spéciaux, surveillent l’instruction religieuse et l’organisation du culte. Comme elles ni peuvent cependant couvrir la totalité des frais cultuels. l’État en supporte la majeure partie. Ce sont la les Églises populaires », où se perpétue, plus ou moins modifiée par l’esprit rationaliste que nous avons décrit, l’influence de la pensée zwinglienne ou calviniste.

te de ces Églises privilégiées, les Églises libres font figure de parents pauvres. F.lles ont été pour la plupart rréees par opposition à la suprématie de l’État. Les individus ont préféré leur sens propre au do traditionnel et se sont révoltés contre des formes patronnées par l’élément civil. Elles renoncent ainsi a la tutelle de l’État, niais aussi à ses largesses. F.lles ont une double origine. Les unes sont issues du Réveil qui fut. dans le protestantisme du xixe siècle, la révolte des — fidèles au principe de la liberté d’examen et de l’indépendance religieuse, contre l’autorité civile s’ins le ; affaires religieuses. Les autres sont ilsation étrangère. N’ous avons vu comment méthodistes, baptistes et autres sectes anglo-’iit installées en Suisse ces dernières armées. Certaines enfin proviennent du piétisme allemand. La vie religieuse semble plus active, plus profonde en ces centres d’opposition. Il y a encore là l’ardeur des néoplrj sur l’ensemble des autres Églises les observateurs s’accordent a reconnaître que s’étend l’indifférentipeuple ne comprend plus les rites traditionnels : il ne les aime plus, car ils ne parlent plus a son ulte reste en général trop austère et trop île. l’ne liturgie s ; ms décor, la prédication de la Bible entre quelques cantiques et des formules de a un Seigneur lointain. Le peuple suit ir atavisme, sans clan du eu m. L’instruction’1 mi guère que les enfants. ht les masses, les essais d’évangélisamultiplient, mais ce qu’elles gagnent ne va plus aux K ?lises officielles. Ainsi naissent les peti*. lutonomes, qui affaiblissent plus qu’elles ii, - fortifient la grande Réforme suisse. Celle-ci lilue dans un endettement fatal. Il a donc paru qu’en vue de reformer une unité a peu, .-. force était de ne plus s’arrêter aux’iques, mais de s.- rapprocher sur le .m pratique. Le christianisme social, venu de mment conquis plusieurs communautés Il s’appuie, comme nous [étudierons un peu plus loin, sur la prédication du royaume de Dieu, c’est à dire sur la valeur sociale du christianisme. Cet aspect d’un christianisme vide de son contenu dot ; matlque semble avoir permis a l’Église helvétique de contrecarrer la propagande du socialisme et de l’irré ligion sur les masses populaires, auxquelles on ne demande aucune adhésion à une dogmatique étroite. mais simplement d’être « lu Christ, proclame Initiateur de charité, de justice et d’humanité. Le grand pro blême actuel du protestant isme en Suisse est desavoir si ces nouveaux adeptes se content cronl d’une Église réduite a un système de philant luapie ou si, déçus dans leur soif d’un idéal surhumain, ils ne rejetteront pas définitivement un christianisme qui n’apprend plus à regarder au delà des vicissitudes humaines. C’esi sur tout aux efforts de Ixutter et de RagOZ que l’on doil cet actuel développement du christianisme social.

Aujourd’hui, la Réforme helvétique est en plein désarroi et à la croisée des chemins.


III. Le calvinisme actuel.

1° Organisation.

— A prendre encore le calvinisme au sens le plus général et en négligeant les multiples formes qu’il a levé tues, ou peut dire que l’organisation de l’Église de Calvin dépend de la notion d’Église prolire à celui-ci. Sans doute. Calvin concède que l’Eglise ne peul errer aux choses nécessaires au salut », mais, par la distinction qu’il établit entre cette inerrance et le concept catholique d’Église, il montre bien qu’en définitive l’Église ne lui paraît qu’une institution secondaire pour l’œuvre du salut. Les catholiques, dit-il, « attribuent autorité à l’Église hors la parole ; nous, au contraire, conj oignons l’une avec l’autre inséparable ment… Us babillent que l’Église a puissance d’approuver l’Écriture… Mais assujettir ainsi la sagesse de Dieu à la censure des hommes, qu’elle n’ait autorité sinon en tant qu’il lui plaît, c’est un blasphème. Comme si la vérité éternelle et immuable de Dieu était appuyée sur la fantaisie des hommes. L’organisation ecclésiastique est donc un élément de médiocre importance : la parole de Dieu est établie une fois pour toutes.

L’assistance du Saint-Esprit, assurée à tous les chrétiens, leur permet d’en prendre l’intelligence par un contact direct, personnel et par une expérience qu’aucun décret étranger n’est capable de suppléer. La liberté d’examen arrache le fidèle à la tyrannie d’une direction prétendument religieuse. Pour tous ces motifs, Calvin rejoint Luther dans la conviction que la parole de l’Écriture est tout, que la Bible suffit, et que l’ecclésiologie est la partie la moins essentielle de la Réforme.

Cependant, Calvin, devant les excès commis en son temps, par les adeptes de la liberté d’examen absolue et de l’antisacerdotalisme, essaya de réagir. Sans doute, dil il. le Christ a promis son assistance « à un chacun fidèle <n particulier > ; mais il convient de faire une place particulière a la compagnie des fidèles » ou aux conseils de vrais éveques », parce que, dans ces groupements où la présence du Christ est plus efficace, il doit se trouver des lumières plus grandes. Voilà réhabilité le principe de la hiérarchie ecclésiastique. L’historien récent de Calvin, M. le pasteur -J. Pannier, a pu montrer que, malgré l’absence apparente de hiérarchie dans son Éclisc, Calvin avait personnellement une certaine sympathie pour une forme ecclésiastique hiérarchisée comme dans L’Église romaine. Mais la tendance fondamentale de son œuvre fut plus forte : les réformés étaient appelés à se libérerdu joug des prêtres, de la superstition du sacerdoce et a se référer au Livre seul, a la Bible, souveraine de la pensée et de l’action. Le calvinisme établit une forme religieuse qui paraît fondée sur la démocratie et hostile ; i toute hiérarchie.

Avec encore plut de toree que Luther. Calvin a enseigné a combattre le principe d’Église d’institution, ou l’on prétend que le travail invisible du clcrflé tend