Dictionnaire de théologie catholique/TRIVET (Nicolas)

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TRIVET (Nicolas). — Un des meilleurs défenseurs et propagandistes des thèses thomistes à Oxford, au début du xive siècle. Né vers 1258, il appartenait à une bonne famille du Somerset. Il entra chez les frères prêcheurs d’Oxford ; il y fait déjà figure de personnage en 1297. Ses études théologiques à l’université d’Oxford se placent vers cette date ; on a de ses interventions en tant que bachelier en 1299-1300. Son inceptio en qualité de régent se place sans doute en 1302, après Mackelesfield, Stratton et Liminster. Il semble avoir enseigné alors pendant cinq années ; puis après une absence, peut-être un séjour à Paris, on le retrouve en 1314-1315 à Oxford, où il a repris ses leçons et où il soutient un nouveau Quodlibet. Peut-être a-t-on fait appel à lui pour redresser une situation compromise par les longues discussions entre les religieux et l’université. On le voit en 1318 travaillant pour le compte de Jean XXII. En septembre 1324, il est lecteur à Londres. Sa mort se place vers 1328 ou 1330.

Son activité littéraire est considérable et embrasse des champs assez variés : histoire et chronologie ; littérature classique et philologie ; sciences naturelles ; études spéculatives. A la première catégorie appartiennent ses Annales sex regum Angliæ qui a comitibus Andegavensibus originem traxerunt, ou Chroniques de 1136 à 1307 (éditées par L. d’Achery dans son Spicilegium, t. viii ; puis à Oxford, 1719 ; éd. Hog, Londres, 1845) ; une Historia ab origine mundi ad Christum natum ; des Chroniques de 1287 à 1322, avec un appendice ; un catalogue des rois anglo-saxons du temps de l’Heptarchie, etc. A la deuxième catégorie, des commentaires sur Tite-Live et Juvénal ; sur les Métamorphoses d’Ovide ; sur les Déclamations de Sénèque ; sur ses tragédies ; sur la lettre de Valère Maxime à Rufin. A quoi l’on peut rattacher également l’Expositio super X libros de civitate Dei ; des Flores super regulam B. Augustini ; l’Explanatio librorum Boetii de consolatione philosophisæ (avant 1315), un des commentaires qui, sans aucun doute, eurent le plus de vogue au Moyen Age ; ainsi que le commentaire du De disciplina scolarium du même Boèce. A la troisième catégorie appartiennent les Canones de conjunctionibus, oppositionibus et eclypsibus solis et lunæ ; le Commentarium in Problemata Aristolelis.

Reste la production plus directement théologique et philosophique. Des commentaires scripturaires, tout d’abord : sur la Genèse, l’Exode, le Lévitique (en 1307), les Psaumes (1317-1320), les Proverbes ; les Épîtres de saint Paul. Un Liber de officia missæ ; un écrit polémique en faveur des privilèges des religieux : Scutum veritatis contra impugnantes statum perfectionis. Puis des écrits qui nous renseignent plus directement sur ses positions doctrinales : son Comment. in lib. I-III Sent., conservé dans deux mss : Londres, Lambeth 347 et Assise 189 (i-ii) ; ses interventions scolaires d’Oxford (dans Worcester Q. 99, fol. 24, 38) ses six Quodlibets, qui voisinent dans le ms. de Bâle, Univ. B. IV. 4 avec ceux de Sutton (le Quodl. XI se trouve aussi dans Worcester F. 39). Enfin cinq Questions disputées, traitant de l’efficience divine, et conservées dans le même ms. que les Quodlibets, Bâle, B. IV. 4 (fol. 47-52).

Des études de détail faites jusqu’à présent (six de ses questions ont été éditées par M. Schmaus et T. Graf), par exemple sur la distinction réelle de l’essence et de l’existence, sur l’hylémorphisme, sur l’unité de forme dans le composé, sur l’âme et les vertus, sur l’immaculée conception, sur l’intelligence et la volonté, se dégage surtout l’étroite fidélité du maître d’Oxford aux doctrines principales du « venerabilis doctor frater Thomas ».

F. Ehrle, Nikolaus Trivet, sein Leben, seine Quolibet und Quæstiones Ordinariæ, dans Beiträge zur Gesch. der Phil. des Mittelalt., Suppl. ii, 1923 ; A. Little-F. Pelster, Oxford theology and theologians, 1934, p. 283-285, 377 ; M. Schmaus, Nicolai Trivet, Quæstiones de causalitate scientiæ Dei et concursu divino, dans Divus Thomas, Plaisance, 1932, p. 185-196 ; Der liber propugnatorius des Thomas Anglicus, 1930, t. ii, p. 117*-127* ; Th. Graf, De subjecto psychico gratiæ et virtutum, 1935, t. ii, p. 51*-54*.

P. Glorieux.