Dictionnaire de théologie catholique/UNIGENITUS (Bulle) IV. Polémiques

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Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 302-316).

IV. Polémiques autour de la bulle. —

Il n’est pas un document, qui, dans le cours de l’histoire de l’Église, ait provoqué autant de polémiques que la bulle Unigenitus, avant et surtout après sa promulgation. Elle a été attaquée en d’innombrables écrits de tous formats, depuis Jes feuilles volantes jusqu’aux in-folios. Assez souvent, d’ailleurs, les mêmes objections reviennent sous des formes multiples et avec des variantes très légères. Il est utile de relever les principales, car elles montrent le caractère particulièrement violent du jansénisme au début du xviiie siècle et ses efforts désespérés pour détruire la portée et les conséquences de la bulle qui le condamnait ; elles mettent en relief les difficultés, parfois inextricables, que rencontra alors l’Église ; elles développent avec une subtilité incroyable, les arguments qu’on retrouve toujours, même aujourd’hui, pour éluder, quand ils déplaisent, les décrets romains non garantis par l’infaillibilité pontificale.

On y trouve d’abord les grands principes qui doivent inspirer l’Église dans l’accomplissement de sa mission, laquelle est de gouverner les âmes par son autorité et d’éclairer les esprits par la prédication de la vérité. À ceux qui leur reprochent de compromettre l’autorité de l’Église dans son gouvernement et d’accréditer le protestantisme, les adversaires de la bulle répondent : « L’attachement à l’autorité ne doit pas faire tort à la vérité, comme l’amour de la vérité ne doit pas porter préjudice à l’autorité. Il y a des signes certains qui permettent de reconnaître et cette autorité qui doit soumettre tous les esprits et cette vérité qui doit tous les réunir pour les conduire à la paix, laquelle ne peut être vraie sans la vérité, ni solide sans une ferme subordination à l’autorité légitime. L’unanimité dans la doctrine est le caractère décisif qui met le comble à l’autorité et qui fixe la vérité. »

L’analyse détaillée de la bulle a montré nettement qu’elle renouvelle et confirme les condamnations des cinq propositions de Jansénius ; de plus, elle réprouve les moyens dont les jansénistes ont usé pour échapper à ces diverses condamnations et pour attaquer, à cette occasion, soit la constitution et le gouvernement de l’Église, soit des points de discipline, comme la lecture de l’Écriture, sainte et la pratique du sacrement de pénitence. On comprend, dès lois, pourquoi les jansénistes se sont acharnés contre cette bulle pour lui enlever toute autorité auprès des fidèles el ainsi amener la révision des jugements portés contre le jansénisme.

I. DÉFENSE DE QUESNEL PAR BOSSUET. —

Avant d’examiner les principaux arguments des jansénistes. qui ont attaqué la bulle après sa publication, il est bon de parcourir un livre dont [’authenticité n’est plus contestée et dont l’auteur jouissait d’un grand prestige auprès des jansénistes. Beaucoup d’arguments d’ailleurs ont été empruntés à cet écrit, par Ceux qui écrivirent après 171 1. Il s’agit du livre intitulé : Justification îles « Réflexions morales sur le Nouveau Testament », approuvées par le cardinal de Noailles, composée en 1699, contre le » Problème ecclésiastique », par feu messire Jacques-Bénigne Bossuet, évéque de Meaux, in- 12, Lille, 17 m et Paris, 1711.

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UNIGENITUS LITTÉRATURE AI TOI’R DE LA BULLE

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Noailles avait publié le 20 août 1696 une Instruction pastorale, dont une partie était tirée de mémoires fournis par Bossuet (d’après son secrétaire Ledieu, 28 août 1702). Cette Instruction fut attaquée dans un écrit intitulé Problème ecclésiastique, qui mettait Noailles en contradiction avec lui-même et l’accusait de soutenir le jansénisme. Pour défendre cette Instruction pastorale, qui était en partie son œuvre, et pour défendre son ami Noailles, contre l’accusation de jansénisme, Bossuet, à la demande du cardinal, rédigea en 1699, un Avertissement ; cet écrit devait être mis en tête d’une nouvelle édition du livre des Réflexions morales, qui allait paraître avec l’approbation de Noailles. L’écrit de Bossuet ne parut pas à cette époque. Pourquoi ? Certains disent que Quesnel refusa de faire les corrections demandées par Bossuet. Ledieu, secrétaire de Bossuet, écrit à la date du 15 juin 1711 : « M. l’Archevêque de Paris ne jugea point à propos de le faire imprimer et il se contenta de faire publier, pour répondre au Problème, Quatre Lettres imprimées à Anvers en 1700, qu’il a lui-même avouées et fait répandre dans Paris et qui n’étaient qu’un extrait de l’Avertissement composé par feu M. Bossuet. » Il s’agit des Lettres d’un théologien à un de ses amis, à l’occasion du Problème ecclésiastique, adressé à M. l’abbé Boileau. L’auteur, l’abbé de Beaufort, théologien de Noailles, reproduit littéralement, sauf quelques changements imposés par la forme littéraire, l’ouvrage de Bossuet, en supprimant les huit derniers chapitres (xvii à xxiv), auxquels, dit-on, Bossuet tenait beaucoup : il y est question des vertus théologales en tant que séparées de la charité, de la crainte de l’enfer, de la nécessité d’un commencement d’amour de Dieu pour recevoir l’absolution dans le sacrement de pénitence, des membres de l’Église, de l’état de pure nature et des principes fondamentaux de la grâce.

L’ouvrage lui-même ne fut publié qu’après la mort de Bossuet (1704), à Lille en 1710, et à Paris en 1711, par les soins de Quesnel. Celui-ci mit en tête, pour expliquer le dessein de Bossuet, un Avertissement que Bossuet n’aurait pas probablement signé et il donna à l’écrit un titre que Bossuet n’eut certainement pas approuvé : Justification des Réflexions morales. Mais l’ouvrage lui-même est authentique et il a été rédigé par Bossuet : à la Bibliothèque Nationale, le mss. latin 17 680 contient deux copies, dont l’une porte de nombreuses corrections écrites de la main de Bossuet, ce qui, dit Ledieu, « est la marque d’un ouvrage achevé et prêt à donner », voir Urbain : Bossuet apologiste de Quesnel, dans la Revue du clergé français, du 15 janvier 1901, t. xxv, p. 361-392.

Bossuet plaide les circonstances atténuantes en faveur de Noailles qu’on ne saurait accuser de jansénisme, car, à maintes reprises, il a condamné les cinq propositions de Jansénius, et en faveur de Quesnel qu’il juge avec beaucoup de bienveillance, car il s’applique à justifier son écrit, et en particulier, plusieurs propositions que la bulle Unigenilus condamna en 1713. Bossuet les interprète dans le sens de saint Augustin : en défendant le livre de Quesnel, il veut défendre la doctrine du Docteur de la grâce, doctrine « consacrée par l’Église et adoptée par tant d’actes solennels des souverains pontifes depuis saint Innocent I er jusqu’à Innocent XII ».

Après la publication de la bulle Unigenilus en 1713, les amis de Quesnel, pour protester contre la condamnation du livre dont, en 1699, Bossuet avait entrepris la justification, cherchèrent à s’appuyer sur la grande autorité de l’évêque de Meaux et on retrouve, chez eux, beaucoup d’arguments qui lui sont empruntés. Dès lors, on comprend les polémiques qui se sont élevées, jusqu’au début du xxe siècle, au sujet du jan sénisme, vrai ou prétendu, de Bossuet. Quelle eût été la conduite de Bossuet, s’il eût vécu en 1714, après la condamnation officielle du livre de Quesnel, approuvée par l’assemblée du clergé de France ? II est probable que les discussions violentes soulevées par les jansénistes après la bulle Vineam Domini, après le bref de condamnation du 13 juillet 1708, après la bulle Unigenilus du 6 septembre 1713, après les tergiversations de son ami Noailles, lui auraient ouvert les yeux sur les desseins cachés des jansénistes, et peut-être sa grande autorité aurait-elle réussi à arrêter ses amis dans leur marche à l’abîme.

Quoi qu’il en soit, Bossuet a défendu le livre des Réflexions mondes de Quesnel, ouvrage dont la bulle Unigenilus a extrait cent une propositions, pour les condamner avec des qualifications plus ou moins graves. Il est intéressant de relire ce livre, d’où les amis de Quesnel tirèrent, en les exagérant et en les développant, les remarques et les arguments à l’aide desquels ils essayèrent de grouper leurs partisans et de multiplier les opposants à la bulle.

Pour excuser certaines expressions moins exactes, Bossuet fatt observer, plusieurs fois, que « les Réflexions morales ne disputent pas scolastiquement » (§ 16), « qu’il ne faut pas apporter aux lectures spirituelles un esprit de chicane » (§ 20), bref, déclare-t-il, « pour peu qu’on apportât à cette lecture un esprit d’équité et que l’on s’attachât à considérer toute la suite du discours, au lieu du trouble que quelques-uns voudraient inspirer, on n’y trouverait qu’édification et bon conseil » (§ 17). Et il ajoute : « Plusieurs voudraient que l’auteur des Réflexions ait moins parlé des excommunications et des persécutions suscitées aux serviteurs de Notre-Seigneur et aux défenseurs de la vérité, du côté des rois et des prêtres. Pour nous, sans nous arrêter au particulier, nous regardons tout cela comme une partie du mystère de Jésus-Christ, si souvent marqué dans l’Évangile, qu’on ne peut pas, en l’expliquant, oublier cette circonstance, pour accomplir ces paroles du Sauveur à ses disciples : i Le « temps va venir que quiconque vous fera mourir « croira servir Dieu » ( § 22). Mais, pourrait-on objecter : cela est-il nécessaire dans un ouvrage de piété ?

Parfois, d’ailleurs Bossuet exprime des regrets ; il s’étonne, à propos de l’état de pure nature, que certaines expressions « aient échappé dans les éditions précédentes, par exemple, celle où il est porté que la grâce d’Adam était due à la nature saine et entière » (§ 24) ; c’est qu’en effet, cette proposition nie le caractère surnaturel de la grâce et reproduit une erreur condamnée chez Baius. Bossuet tente en particulier de justifier Quesnel du reproche de jansénisme sur les questions de la liberté humaine et de la résistance à la grâce, de l’observation des commandements de Dieu. Sur ces points, les amis de Quesnel reprendront souvent les remarques de Bossuet pour justifier les propositions condamnées par la bulle Unigenilus.

Résistance à la grâce et liberté humaine.

Bossuet

reproche aux adversaires de Quesnel de n’avoir pas tenu compte des passages qui expriment clairement la possibilité de résister à la grâce et qui affirment que la grâce ne nécessite pas. Sans doute, on ne peut résister à la toute-puissance de Dieu, quand il veut sauver les pécheurs, ni en empêcher ou retarder l’effet ; ces expressions si fréquentes chez les Pères ne prouvent point que la grâce soit nécessitante. Dieu tourne où il lui plaît les volontés les plus rebelles, mais sans les violenter, car Dieu fait agir librement les agents libres. « L’efficace toute puissante de la volonté de Dieu, qui opère que ce qu’il veut sera, opère aussi qu’il sera avec la modification qu’il y veut mettre, c’est-à-dire, que ce qu’il veut du libre arbitre arrive I 38

contingemment et peut absolument ne pas arriver, parce que telle est la nature de cette faculté, quoique conditionnellement et supposé que Dieu le veuille, cela ne se puisse autrement. » Voilà la doctrine commune de l’École. Ainsi la grâce de Jésus-Christ est toujours victorieuse, « elle fléchit invinciblement les cœurs les plus obstinés et les fait voulants de non voulants qu’ils étaient auparavant, volentes de nolenlibus, comme parle perpétuellement saint Augustin et tous les autres saints docteurs de la grâce » (§ 6). La grâce de Jésus-Christ donne toujours l’effet, cela veut dire « son caractère particulier, sa propriété spécifique, sa différence essentielle d’avec la grâce d’Adam », laquelle ne donne que le pouvoir de persévérer dans le bien, et n’en donne pas l’action (§ 7). L’Instruction pastorale de 1696 à laquelle Bossuet avait collaboré, atténuant la pensée de Quesnel, expose la doctrine de saint Thomas. La toute-puissance de la grâce efficace ne détruit pas la liberté humaine. « Dieu tire l’âme après lui, mais c’est en faisant qu’elle suive cet attrait avec toute la liberté de son choix… La puissance de la grâce ne détruit pas la liberté et la liberté de l’homme n’affaiblit pas la puissance de Dieu… Dieu qui a fait l’homme libre, le fait agir librement et le met en état de choisir ce qu’il lui plaît. Quelque pouvoir que nous sentions en nous de refuser notre consentement à la grâce, même la plus efficace, la foi nous apprend que Dieu est tout-puissant et qu’ainsi il peut faire ce qu’il veut de notre volonté et par notre volonté ». Suit un beau passage de saint Bernard : « La grâce excite la volonté, en lui inspirant de bonnes pensées ; elle la guérit en changeant ses affections ; elle la fortifie en la portant aux bonnes actions, et la volonté consent et coopère à la grâce, en suivant ses mouvements. Ainsi, ce qui d’abord a été commencé dans la volonté par la grâce seule, se continue et s’accomplit conjointement par la grâce et par la volonté, mais en telle sorte que tout se faisant dans la volonté et par la volonté, tout vient cependant de la grâce, lotum quidem hoc et tolum Ma, sed ut tolum in Mo, sic tolum ex Ma. »

2° Commandements de Dieu. - Au sujet de l’observation des commandements tic Dieu par les justes, Quesnel, d’après Bossuet, n’aurait fait que développer les textes du concile de Trente : Dieu ne commande pas de choses impossibles, mais, en commandant, il avertit de faire ce qu’on peut, et de demander ce que l’on ne peut pas, et il aide afin que l’on puisse. Il ne commande rien qui ne soit possible, mais il avertit le fidèle qu’il y a des choses même commandées que souvent il ne peut pas faire, afin qu’il apprenne à recourir sans cesse à la prière, par laquelle seule il peut obtenir ce pouvoir. C’est pour exciter a la prière que l’auteur des Réflexions écrit » qu’il y a des (luises même commandées qu’on ne peut pas en certains moments. Cette impuissance vient de ce qu’on ne veut pas assez, fortement, de ce qu’on est trop faible, de ce qu’on n’a pas de courage et de volonté. C’est pourquoi il ne faut pas se fier à la bonne Volonté, quand on est faible. C’est donc, par le défaut de notre volonté et non point des secours absolument nécessaires pour pouvoir exiler tous les péchés, quc lis |ilus justes pèchent quelquefois. Dieu accorde à tous les justes les grâces nécessaires pour ne pas pé( her, mais il sait par sa prescience que fous les hommes

rendront ces grâces inefficaces, faute d’employer, comme ils le pourraient, toutes les forces (le leur volonté. Ce qui ne manque que par le défaut de la volonté est attribué par le concile de Trente à une

espèce d’impuissance : neminem poste, in Iota vita, peccala etiam venialia vitare. Cependant on n’est pas excusable, parce qu’on pourrait, si on voulait avec

force, On peut tout, par la grâce, qui donni le simple

pouvoir, sans donner la volonté actuelle, et, en même temps, on ne le peut pas, parce que, pour pouvoir, en un certain sens, une chose si difficile, il faut le vouloir assez fortement pour vaincre tous les obstacles qu’une volonté faible et qui ne déploierait pas toutes ses forces, ne surmonterait pas. » Il faut vouloir puissamment pour pouvoir efficacement. Ainsi on peut et on ne peut pas. On peut, puisqu’on a la grâce qui donne plein pouvoir dans le genre de pouvoir ; on ne peut pas, puisqu’on doit attendre une autre grâce qui tire, qui donne de croire actuellement, enfin qui inspire le vouloir où saint Augustin a mis une sorte de pouvoir, sans lequel très certainement on n’obtient pas le salut, parce qu’on ne le veut pas assez fortement. Non potest, nisi adjutum (liberum arbilrium). Nul ne peut venir à moi, si Dieu ne le tire, en le faisant vouloir ce qu’il ne voulait pas. »

Ainsi, sans la grâce, on ne peut rien en un certain sens, par le défaut du pouvoir qui est attaché au vouloir même, de même qu’on ne peut venir à Jésus-Christ sans la grâce qui nous y tire et qui nous donne actuellement de venir à lui. C’est ainsi que le concile de Trente n’a pas voulu définir que Dieu n’abandonne personne à lui-même et à sa propre faiblesse, mais .qu’il n’abandonne personne, si on ne l’abandonne le premier… La grâce ne manque pas aux justes, il ne leur manque que la volonté, qui ne leur manque que par leur faute. Quesnel aurait pu ici reconnaître expressément la grâce suffisante, au sens des thomistes, mais il n’a pas voulu employer un terme d’école, dans un ouvrage de piété.

C’est atténuer fortement la portée des textes de Quesnel que de les interpréter ainsi, dans le sens thomiste, et la bulle Unigenitus, qui a condamné les propositions de Quesnel, n’a pas adopté l’interprétation favorable de Bossuet, après avoir constaté que Baius et Jansénius avaient abusé nettement des mêmes expressions ambiguës.

II. LES « RÈGLES DE L’ÉQUITÉ » l’AH NICOLAS PETIT-PIED. — Le plaidoyer de Bossuet en faveur du livre des Réflexions morales a été repris après la condamnation définitive du livre. Un janséniste célèbre, Nicolas Petitpied, dans un écrit intitulé : Les règles de l’équité naturelle et du bon sens pour l’examen de la constitution du X septembre 1713 et des propositions qui g sont condamnées, comme extraites du livre des Réflexions morales, demande qu’on applique au livre de Quesnel les mêmes règles qu’un jésuite, le 1*. Lallemand a mises en tête de ses Réflexions morales avec des Notes sur le Nouveau Testament, et il essaie de montrer que l’application de ces règles de bon sens justifierait les propositions condamnées par la bulle.

1° Dans un ouvrage de piété, on se propose d’édifier les fidèles, et non point de leur apprendre à disputer. L’auteur ne fait pas de dissertations Ihéologiques, mais (les réflexions morales, pour exciter chez ses lecteurs des sentiments de piété. On ne doit donc pas s’occuper de questions d’école, et on n’a pas le droit d’exiger une précision rigoureuse, comme on le pourrait dans un livre de théologie, (.elle première remarque suffit pour justifier plus du tiers des propositions condamnées par la bulle, en particulier les propositions qui concernent l’Église, OÙ Quesnel ne parle que de ce qui est de foi et n’aborde pas les questions controversées, par exemple, si les pécheurs sont de l’Église ou seulement dans l’Église.

2° On ne doit pas chicaner sur les expressions cm ployées dans un livre de piété ; il faut lire simplement, bonnement, avec bienveillance, ne pas prendre en mal Ce qui peut être pris en bien, nu ce qui n’es ! mal que si on l’entend dans l’extrême rigueur des termes, cl sans tenir compte du reste du livre et des passages

qui corrigent ce qui pourrait n’être pas rigoureuse

ment exact. Les explications sont déplacées dans un livre de piété. D’autre part, certaines expressions sont autorisées par l’Écriture et les Pères, en particulier, par saint Augustin et saint Prosper, qui paraîtraient d’abord inexactes. On n’a aucune raison de penser que Quesnel a détourné ces expressions du sens qu’elles ont dans l’Écriture ou les Pères. C’est pour n’avoir pas tenu compte de cette règle que la bulle a condamné des propositions qui, au premier abord, présentent un sens mauvais, mais qui, en fait, ne sont susceptibles de ce mauvais sens que si l’on oublie qu’elles ont été employées par des auteurs respectables.

On ne doit pas prendre à la rigueur des expressions qui ne sont fausses que dans leur littéralité et qui sont vraies, quand on les prend moralement et avec les corrections qu’impose le bon sens, surtout dans un écrit dont le but est d’édifier, dans un livre où les distinctions subtiles seraient déplacées. Un lecteur équitable entend ce que l’auteur veut dire et ne s’attache pas strictement à ce qu’il dit, pour frapper l’imagination. L’application de cette règle justifierait les propositions relatives à la lecture de l’Écriture sainte : on exhorte tout le monde à lire l’Écriture, comme on exhorte tout le monde à s’approcher de la Table sainte. De même, beaucoup de propositions sont condamnées, parce que générales ; mais il est bien évident que ces propositions admettent des exceptions, qui sont sous-entendues. Ainsi la règle générale de lire l’Écriture sainte n’exclut pas et renferme implicitement les précautions qu’on doit prendre pour empêcher les abus qui pourraient résulter de cette lecture pour certains esprits. On sait bien que les règles les plus générales ne doivent pas être prises à la lettre et avec une rigueur métaphysique, car il n’y a pas de règle si générale qui n’admette quelque exception. On doit lire l’Écriture sainte, c’est seulement par exception qu’on n’est pas tenu de la lire. Cette remarque de bon sens s’applique aussi aux nombreuses propositions qui touchent les points si délicats de la liberté et de la grâce. Saint Augustin disait déjà que, lorsqu’on défend le libre arbitre, on paraît négliger ou même nier la grâce de Dieu, et quand on souligne la force de la grâce de Dieu, on semble nier la liberté de l’homme. Dix-huit propositions sur la grâce ont été condamnées, comme renouvelant la deuxième proposition de Jansénius : « Dans l’état de nature corrompue, on ne résiste jamais à la grâce. » On a oublié et omis les nombreux passages du livre des Réflexions, où Quesnel affirme (Clairement qu’on résiste parfois à la grâce. îl serait injuste de reprocher à Quesnel de n’avoir pas, toutes les fois qu’il parle de la toute-puissance de Dieu, qui est incontestable, ajouté aussitôt que l’homme reste libre, d’autant que les réflexions portent sur un texte donné de l’Écriture et qu’on ne peut, chaque fois, exposer la doctrine tout entière. Si le texte de l’Écriture souligne la puissance de Dieu, le commentateur doit parler de la puissance de Dieu et n’a pas à s’occuper de la liberté humaine. Après avoir affirmé certaines vérités, on est en droit de les supposer en d’autres passages, sans être obligé de les répéter. Les divers passages, rapprochés, se complètent les uns les autres et découvrent la vraie pensée de l’auteur. C’est le trahir que de vouloir le juger d’après une proposition séparée du contexte, et de l’ensemble de l’ouvrage, comme aussi, du but poursuivi par l’auteur.

Toutes ces remarques sont parfaitement raisonnables en elles-mêmes et Benoît XIV, dans son encyclique Sollicita de 1753, fait observer que, si un auteur sincèrement catholique, d’une science et d’une intégrité reconnues, écrit quelque proposition équivoque, l’équité exige que ses paroles soient expliquées avec bienveillance et prises en bonne part. Mais si, tout

au contraire, l’auteur est suspect, on a le droit et le devoir d’être, non point malveillant, mais d’être prudent et d’être attentif aux mots employés. Il faut, en effet, se rappeler la conduite de tous les hérétiques, et des jansénistes en particulier, depuis Saint-Cyran et Arnauld. Ils ont coutume d’envelopper leurs erreurs en des expressions équivoques, auxquelles on peut donner un sens catholique ; ils emploient de préférence les termes de l’Écriture et des Pères et évitent tout ce qui exprimerait ouvertement leur pensée ; ils prennent soin, au risque de se contredire, d’employer des expressions orthodoxes, afin de pouvoir se défendre, au cas d’une condamnation, comme si la vérité établie en quelques endroits empêchait que des erreurs certaines fussent énoncées en d’autres. De semblables contradictions, loin de justifier les ouvrages et les auteurs, les rendent, au contraire, plus suspects et plus dangereux. Ainsi, souvent les hérétiques affectent un langage orthodoxe pour donner le change et éluder leur condamnation. C’est une remarque que faisait saint Augustin, au sujet de Pelage et de Julien d’Éclane, qu’il combattait. La lettre de Pelage au pape Innocent I er parut si catholique que le pape Zosime se laissa convaincre et crut que les évêques d’Afrique l’avaient faussement accusé d’hérésie. Cette observation doit être rappelée, quand il s’agit du jansénisme. L’auteur des Quatre lettres théologiques, écrites en 1699 et tirées des mémoires fournis par Bossuet, cite de nombreux passages, extraits du livre des Réflexions, qui sont en opposition formelle avec les cinq propositions de Jansénius ; Quesnel y parle comme l’Écriture, comme saint Augustin, comme le concile de Trente ; c’est exact, mais l’auteur de ces Lettres oublie, comme Bossuet, de dire qu’en d’autres endroits, qu’il ne cite pas, les propositions de Jansénius sont plus ou moins franchement affirmées.

Bien plus, la vie et la conduite personnelle de Quesnel, l’auteur du livre des Réflexions, même au temps où il résidait à l’Oratoire, le rendent fort suspect et inspirent la défiance. En 1678, il refusa de se soumettre au règlement qui imposait aux pères de l’Oratoire de condamner les erreurs de Baius et de Jansénius, et c’est pour cela qu’il fut éloigné de Paris et envoyé à Orléans ; en février 1685, pour ne pas souscrire à un nouveau règlement, il quitta l’Oratoire et la France et se retira dans les Pays-Bas, où il vécut sous des noms divers et en habit séculier. Il fut arrêté et emprisonné à la requête du promoteur de Malines, qui prouva que Quesnel avait formé un parti et une espèce d’ordre, dont il était abbé et prieur. Quesnel publia alors plusieurs écrits fort suspects et les pièces du procès recueillies dans la Causa Quesnelliana montrent que Quesnel prit la défense des écrits et des auteurs jansénistes, ou favorables au jansénisme, et qu’il rédigea, au nom du parti, des explications du Formulaire qui permettaient de souscrire, sans condamner le livre de Jansénius. D’ailleurs, Quesnel refusa toujours de rétracter formellement les erreurs dont il était accusé. Sans doute, on n’a pas le droit de juger les intentions d’un auteur et il est probable que Quesnel n’a pas eu l’intention de soutenir tous les mauvais sens que l’Église a condamnés dans les propositions extraites de son livre, mais ces mauvais sens condamnés existent, quand on prend les propositions dans leur étendue et selon la force des termes employés. Les lecteurs, quand ils connaissent l’auteur de ce livre, trouvent ces mauvais sens et, par conséquent, l’Église a justement condamné ces propositions et le livre qui les contient.

Bref, l’Église a condamné les propositions de Quesnel, en tant qu’elles renouvellent les propositions de Jansénius. Elle n’a point voulu pénétrer les pensées intimes et les intentions secrètes de Quesnel. L’Église

a d’ailleurs tenu compte de la doctrine que l’auteur avait déjà soutenue dans d’autres écrits. On peut contester la pensée de Petitpied : « Il n’est pas permis d’attribuer un mauvais sens à des expressions et à des textes qui se trouvent autorisés par l’usage des Docteurs de l’Église et de ceux qui ont écrit des matières de piété. » Le sens des termes n’est pas fixé, une fois pour toutes, par l’usage des Pères et des théologiens qui les ont suivis, car le sens peut varier d’après le contexte, d’après l’auteur, d’après les temps et les circonstances, et, par suite, les mêmes expressions peuvent n’avoir pas toujours et partout le même sens.

/II. les Mémoires de QUESNEL. — L’auteur du livre des Réflexions, pour justifier son livre et faire sa propre apologie, publia sept mémoires. Avant de discuter en détail chacune des propositions condamnées, Quesnel expose, dans les Avertissements qui précèdent les deux premiers mémoires, les principes généraux de sa défense et il les oppose à la bulle et à l’Instruction pastorale de l’assemblée du clergé de 1714, qui accepta la bulle. On a mal interprété sa pensée et surtout on a faussé le sens des propositions ; on a fait violence aux paroles, au lieu de les prendre dans leur sens naturel. Il avoue que parfois il a employé des termes peu clairs et pas assez précis, mais cela tient à la nature de l’ouvrage, où il devait être bref. « Les censures, dit-il, viennent ou de ce que les censeurs sont imbus de sentiments nouveaux, ou de ce que, faute de lumière et de capacité, ils auront tiré de plusieurs propositions des conséquences erronées, qu’ils auront imputées à l’auteur sans aucun fondement. » En tête du second mémoire, il se plaint de ce qu’on ne l’ait pas entendu et qu’on n’ait pas tenu compte de la lettre qu’il a écrite le 5 février 1714 ; il s’élève contre l’Instruction pastorale des quarante prélats qui souscrivent à toutes les qualifications de la constitution et approuvent « toutes les injures et calomnies horribles que la constitution contient contre lui, comme auteur de ce livre ».

C’est pourquoi il ne peut se soumettre à la censure qui le frappe, même, comme on le dit, pour éviter le scandale et pour édifier les fidèles. « Comment pourrais-je édifier l’Église, en consentant à la destruction d’une partie de la foi et de plusieurs vérités auxquelles la constitution porte un grand préjudice ? » Il s’appuie sur la lettre des neuf évêques qui se sont opposés à l’Instruction des quarante et qui ont écrit « qu’ils croiraient abandonner la vérité, les droits de l’épiscopat, les maximes du royaume et ne donner à l’Église qu’une paix fausse et dangereuse, s’ils acceptaient la constitution, même avec les explications et les Actes de l’assemblée ».

IV. LES ÉCRITS JANSÉNISTES.

Il ne faut pas snniicr à analyser les innombrables écrits jansénistes qui ont attaqué la bulle, et dont on trouvera la liste. Incomplète, à la suite de cet article. D’ailleurs, ce sont toujours les mêmes "objections, qu’on trouve résumées dans le petit écrit intitulé : Jésus-Christ sans l’ana thème. Quesnel n’a pas été entendu ; toutes les règles du jugement ont été violées et tout s’y est fait par cabale, par intrigue et par violence, sans liberté ris unanimité. On ne peut se soumettre à un pareil jugement… « Comme Caïphe condamna.lésus, ainsi la constitution a condamné la vérité… Il finit méditer le procès de.lésus. qui est condamné dans ses membres pai la constitution Unigenitus. Plutôi mourir sans sacrement que d’accepter une pareille

illjllSl il

Les adversaires de la bulle, des le lendemain de la publication, se partagèrent en trois groupes. Les plus Bl h. unes soutiennent que la bulle est mauvaise en soi

et qu’on ne peut donc la recevoir, sous quelque

forme que ce soit, même avec des explications. D’autres, plus modérés, lui reprochent d’être obscure et ambiguë, donc susceptible de divers sens et par suite, on ne peut l’accepter qu’avec des explications préalables. D’autres, enfin, sans examiner son contenu, la déclarent nulle et non avenue, parce qu’elle ne présente pas les conditions requises pour la validité d’un jugement de l’Église. En effet, les décrets des papes sur des points contestés ne s’imposent aux fidèles que lorsqu’ils sont acceptés unanimement par l’Église, car une décision ne devient infaillible et irréformable que lorsqu’elle est reçue de tous les fidèles, ou au moins de tous les pasteurs du premier et même du second rang. On retrouve ici toutes les thèses du gallicanisme outrancier et du richérisme presbytérien.

Pour bien connaître la mentalité des amis et défenseurs de Quesnel, il faut dégager et discuter les principales objections soulevées contre la bulle qui condamnait le livre de Quesnel. On les trouve presque toutes dans Y Instruction pastorale publiée par le cardinal de Noailles, le 14 janvier 1719. On peut les diviser en deux groupes : 1. les objections tirées du contenu de la bulle prise en elle-même et de l’examen des propositions ; 2. les objections tirées des conditions dans lesquelles la bulle fut dressée, promulguée et reçue.

1° Objections tirées du contenu de la bulle et de l’examen des propositions condamnées. — 1. Propositions vraies condamnées. — La bulle condamne de nombreuses proposition qui sont vraies en elles-mêmes, si on les prend dans leur sens le plus naturel, ou dont le sens, s’il paraît défectueux, est corrigé par d’autres propositions qui énoncent l’exacte vérité, des propositions qui, si elles ne sont pas rigoureusement exactes, sont expliquées par le contexte, des propositions qui pourraient être aisément interprétées dans un sens pleinement catholique. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un livre dans lequel on se propose d’édifier le lecteur ; il n’est donc pas question de discuter et d’apporter, à chaque instant, des preuves rigoureuses que le lecteur ne comprendrait pas. Bref, les propositions ont été examinées avec malveillance, isolées du contexte et jugées sans tenir compte du but poursuivi par l’auteur. » On se fatigue à chercher le marnais sens de quelques propositions condamnées » ; ainsi pourquoi la proposition suivante a-t-elle été condamnée : Jésus-Christ est mort pour les élus ? Sans aller jusqu’à dire, comme certains, qne les cent une propositions condamnées énoncent, en fait, cent une vérités, cependant un esprit impartial doit se demander pourquoi telle et telle proposition est condamnée. Aussi on ne saurait accepter la bulle, même avec des explications, car il ne peut y avoir d’explication raisonnable et digne de l’Eglise, pour un grand nombre de propositions condamnées parce que ces propositions sont en elles-mêmes et dans leur sens naturel, i igoureusernent vraies.

Les jansénistes oublient les règles de logique, posées dans un ouvrage qui doit leur être cher, L’art de penser ou La Logique de Port-Royal <, ’! partie, c. x) : « les propositions indéfinies sont universelles, car elles n’indiquent aucune exception, > Or, beaucoup, parmi les propositions condamnées, ont ce caractère d’universalité, qui les rend équivoques en elles-mêmes, et. par conséquent condamnables. Ainsi la proposition JéSUS-Christ est mort pour les élus est vraie en elle-même et cependant condamnable, car elle insinue nettement que Jésus-Christ est mort pour les siuls élus. En effet, ne parler quc des élus, lorsqu’on indique

le but et la fin de l.i mort de Jésus-Christ, c’est évi

demment suggérer que les autres hommes n’ont eu

aucune part à la rédemption.

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    1. UNIGENITUS##


UNIGENITUS. LITTÉRATURE AUTOUR DE LA BULLE

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De plus, des propositions vraies, dans leur sens grammatical, peuvent être justement censurées à cause des intentions marquées de ceux qui les emploient, ou à cause des erreurs déjà enseignées. Ainsi, à cause des circonstances et de l’usage qui a été fait de certaines propositions vraies en elles-mêmes, cellesci sont devenues captieuses et suspectes ; elles sont devenues dangereuses par le sens qu’on leur attache. Biles ne sont point fausses, mais, vu les circonstances de temps, de lieu, de personne, l’Église peut légitimement les condamner, car leur vérité apparente ou même réelle n’empêche pas qu’on leur attache des sens erronés. L’Église alors ne condamne point la vérité en elle-même, mais gardienne fidèle de la foi de ses enfants, elle a le droit d’interdire l’emploi d’expressions qui blessent la vérité. On pourrait employer ces expressions sans erreur, sans hérésie, mais on ne peut les employer sans exposer la foi des autres et la sienne propre aux soupçons, surtout si des hérétiques se sont servis de ces expressions dangereuses. Et, lorsque l’Église les a proscrites, on ne peut plus les employer sans se révolter contre l’autorité de l’Église.

Nicolas Petitpied, un des plus célèbres défenseurs du livre de Quesnel, dans ses Réponses aux Avertissements de Languet de Gergy, évêque de Soissons (5 vol. in-12), écrit : « L’abus est un défaut extrinsèque et étranger à la proposition. Sans doute, l’abus est toujours condamnable, aussi bien que les personnes qui le commettent, mais les choses dont on abuse, ne le sont nullement… Il faut aimer et respecter la vérité, quelque part qu’elle se trouve… On n’a condamné ces propositions que par peur du jansénisme, dont on a voulu faire un épouvantail, alors que ce n’est qu’un fantôme. » Ces remarques de Petitpied supposent que l’Église ne peut condamner que l’erreur formelle et caractérisée. Mais l’Église a le droit de condamner aussi ce qui, sans être l’erreur proprement dite, ressemble à l’erreur ou conduit à l’erreur. L’Église alors ne condamne pas la vérité mais le langage qui, en énonçant une vérité, conduit à l’erreur qu’il cache. Des propositions vraies peuvent devenir captieuses : elles présentent à l’esprit une vérité apparente, mais sous cette vérité qui frappe d’abord elles dissimulent un sens plus profond qui suggère ou renferme une erreur. Ainsi il y a des propositions qui, quoique vraies, sont suspectes et rendent suspects ceux qui les emploient. Pour garder la foi de ses enfants, l’Église a le droit de régler leur langage et d’interdire des expressions, innocentes en elles-mêmes, mais qu’elle sait dangereuses.

Ordinairement, l’Église condamne le texte pris en lui-même et indépendamment de l’auteur, mais cependant si l’auteur est notoirement suspect, elle peut condamner certaines de ses expressions devenues suspectes par l’usage qu’il en fait. L’Église connaissait les tendances de Quesnel et de ses amis, qui se gardaient d’exprimer clairement et ouvertement leur pensée, afin de surprendre les esprits non prévenus. On a toujours accusé les jansénistes d’user de cette tactique, ainsi que de l’anonymat et du pseudonymat, qui leur permettaient de multiplier le nombre de leurs écrivains et de leurs partisans ; c’est pourquoi, afin de les découvrir et de les désarmer, l’Église condamna des propositions, qui auraient pu être acceptées en d’autres circonstances et sous la plume d’autres écrivains, mais qu’elle a jugé prudent de condamner, parce qu’elles étaient susceptibles d’un mauvais sens et qu’elle-même se défiait et avait de justes raisons de se défier de Quesnel. Alors on peut dire que l’Église a condamné certaines expressions à cause de l’auteur qui les a employées, parce qu’elle suppose que cet auteur a voulu cacher ses erreurs

sous des termes en apparence exacts. Dans ce cas, l’Église ne juge pas les intentions réelles de l’auteur, qui lui échappent, mais les expressions employées par lui, et le livre lui-même, qui, indépendamment des intentions de l’auteur, peut être dangereux pour la foi des fidèles.

S’il en est ainsi, disent les jansénistes, il n’est pas de proposition qu’on ne puisse détourner en un mauvais sens, dont on ne puisse abuser ; et, par conséquent, qui ne puisse devenir condamnable. On en arrive à trouver le sens qu’on veut, par des interprétations arbitraires ; il n’est pas de propositions, pas de livre que l’Église ne puisse condamner, s’il lui plaît, un jour ou l’autre, car il n’est pas de propositions dont on ne puisse abuser ou même dont on ne puisse craindre que l’on abuse.

Cela pourrait être vrai, si l’autorité qui juge et qui condamne, était une autorité humaine, plus ou moins tyrannique, mais il s’agit de l’Église dont les jugements échappent aux caprices et aux passions des hommes, parce que, lorsqu’ils intéressent la doctrine catholique, comme c’est le cas de la bulle Unigenitus, ils engagent l’autorité même de Dieu, et lorsqu’ils n’intéressent pas la doctrine elle-même, on doit estimer que la sagesse et la prudence ont inspiré les juges, conscients de leur responsabilité devant les hommes et devant Dieu.

Un auteur, janséniste très ardent, le P. Vivien de La Borde, dans un opuscule intitulé : Dissertation où l’on établit les principes généraux pour juger la constitution et où l’on montre d’une manière géométrique que l’on ne peut la recevoir absolument même avec des explications, écrit, p. 23-24 : « Un mauvais sens ne rend une proposition condamnable que si ce sens est en même temps prédominant et le plus naturel. Lorsqu’une proposition renferme deux sens, on ne peut la diviser et en condamnant le mauvais sens, on condamnerait aussi le bon ; si celui-ci est prédominant, il est sage de ne pas condamner la proposition. Or, pour trouver un mauvais sens dans beaucoup de propositions condamnées, il a fallu se donner la torture, forcer les expressions, subtiliser, chicaner sur les plus mesurées, fouiller jusque dans le secret des cœurs, avoir recours aux intentions cachées. »

Ces remarques pourraient avoir une valeur, au point de vue grammatical et logique et trouver leur application, s’il s’agissait de propositions abstraites et sans conséquences pratiques ; mais il est question ici de propositions qui peuvent être dangereuses pour la foi et, dès lors, l’Église est en droit de les proscrire pour sauvegarder la foi. Il faut observer, de plus, que ia bulle n’a pas condamné toutes les propositions comme hérétiques ou erronées ; certaines sont captieuses, ambiguës, donc elles ont une apparence de vérité, et c’est parce que l’Église les a estimées dangereuses, quelle a jugé opportun de les condamner, et d’en interdire l’emploi.

2. Propositions tirées de l’Écriture et des Pères, spécialement de saint Augustin. — À la suite de Bossuet, beaucoup d’écrivains jansénistes ont voulu justifier les propositions condamnées de Quesnel, en montrant qu’elles étaient empruntées soit à l’Écriture, soit aux Pères de l’Église et tout particulièrement à saint Augustin et à saint Prosper. Le livre des Hexaples, 1714, ou Écrit à six colonnes, composé par l’élite des auteurs jansénistes : Boursier, Fouillou, d’Étemare, Nivelle, et réédité en 1721, en 7 vol. in-4°, s’efforce de justifier les cent une propositions condamnées par des textes conformes, extraits des auteurs ecclésiastiques ; on conclut que condamner ces propositions, c’est condamner des auteurs autrefois approuvés par l’Église. Il faut dire, d’ailleurs, que les Anti-Hexaples ont groupé des textes tout opposés et montré

que les textes cités par les Hexaples sont presque toujours falsifiés. Mais que faut-il penser de l’affirmation elle-même ?

Il faut rappeler d’abord que c’est l’Église qui est la véritable interprète de l’Écriture et des Pères ; c’est elle qui fixe le sens de l’Écriture et de la tradition. L’Écriture n’est règle de foi qu’en tant qu’elle est interprétée par l’Église, qui en fixe le sens authentique. On sait d’ailleurs que toutes les hérésies, au cours de l’histoire, ont prétendu s’appuyer sur l’Écriture et les Pères, entendus dans leur sens particulier. Les propositions condamnées sont, disent les jansénistes, tirées de l’Écriture et des Pères ; sans doute. Mais elles ressemblent beaucoup à des expressions employées par Calvin, Baius, Jansénius, et leur conformité avec l’Écriture et les Pères est souvent plus apparente que réelle.

D’autre part, l’autorité des Pères en général et de saint Augustin en particulier sur la question de la grâce, est assurément très grande, mais quoi qu’en ait dit Jansénius, l’autorité de saint Augustin n’est pas infaillible et elle est inférieure à l’autorité de l’Église et aux constitutions reçues par l’unanimité des pasteurs unis au pape. La doctrine d’Augustin sur la grâce est approuvée, en général, par l’Église, mais Augustin n’est pas le docteur infaillible et il a pu se tromper de bonne foi sur tel ou tel point. De plus, il écrivait au ve siècle, contre les pélagiens qui exagéraient la liberté humaine au détriment de la toute-puissance divine ; or, lorsqu’on combat une doctrine, on est porté à exagérer dans le sens opposé, afin de frapper plus fort. Dans sa lutte contre les pélagiens, Augustin n’aurait-il pas exagéré la toute-puissance divine, comme, lorsqu’il combattait les manichéens, il a parfois exagéré la liberté humaine ? A Julien d’Éclane, qui lui opposait des expressions qu’il avait employées dans ses polémiques contre les manichéens, l’évêque d’Hippone avoue que les expressions dont il se servait à cette époque, exagéraient sa pensée pour répondre à ses adversaires d’alors. C’est pourquoi un ouvrage polémique ne doit pas être compris et apprécié dans toute la rigueur des termes, comme on a le droit de le faire pour un ouvrage qui expose une doctrine de manière irénique. Bref, pour saisir la vraie pensée d’un auteur, il ne faut pas isoler ses termes ; il faut tenir compte du contexte, qui comprend non seulement les propositions qui l’entourent, mais encore le but que poursuit l’auteur.

Ajoutons qu’Augustin écrivait avant la naissance d’erreurs toutes modernes ; il a pu employer des expressions moins exactes, dont les hérétiques ont abusé au cours des temps et qui sont ainsi devenues franchement mauvaises par l’usage qui en a été fait. C’est cela qu’ont oublié au xvie siècle Luther et Calvin : c’est cela qu’après eux ont oublié Baius, Jansénius et Quesnel. C’est pourquoi l’Église peut justement condamner des expressions devenues dangereuses pour la foi, parce qu’elles sont employées dans un sens qu’Augustin ne connaissait pas et ne pouvait pas prévoir et qu’il aurait certainement désavoué. Quesnel est coupable d’avoir employé, au xvii » sièile. au milieu des protestants, et après Baius et Jansénius, des expressions qui ressemblent parfois si parfaitement aux leurs, des expressions captieuses que l’Église avait déjà condamnées chez eux, des usions qui se trouvent peut-être dans l’Écriture et (liez les Pères, mais qui sont devenues suspectes. L’Église proscrit par précaution ce qu’elle tolérait fois. Après l’hérésie de Calvin et de Luther, l’Église condamne tout ce qui renouvelle, favorise ou insinue les mêmes erreurs.

3, Lu bulle ne lient fins compte des propositions con traires. — La bulle a faussé la pensée de Quesnel pour la condamner : elle l’accuse de renouveler le jansénisme et de reprendre, sous une forme dissimulée, les cinq propositions de Jansénius et, pour soutenir cette affirmation, elle passe sous silence des propositions formellement opposées au jansénisme. Bossuet avait déjà signalé des propositions dans lesquelles Quesnel déclarait qu’on peut résister à la grâce efficace, que les commandements de Dieu peuvent être observés par les justes, que Jésus-Christ est mort pour tous les hommes. Après la publication de la bulle, les jansénistes reprirent le même plaidoyer, opposant aux propositions condamnées des propositions formellement contraires.

Pour répondre à cette objection, il n’est pas nécessaire de lire le livre des Réflexions pour voir s’il renferme vraiment des propositions antijansénistes, que la bulle a négligées pour extraire les propositions qu’elle a condamnées. Il suffit de faire la remarque suivante : même en admettant que toutes les propositions qu’on cite soient rigoureusement exactes dans les termes et le sens qu’on leur attribue, il n’en reste pas moins que les propositions condamnées se trouvent dans le livre de Quesnel, aux endroits indiqués. Tout n’est pas mauvais nécessairement dans un ouvrage que l’Église a cru opportun de condamner, et toutes les propositions condamnées ne sont pas également fausses ; il en est qui ne sont que captieuses, téméraires, ambiguës, et cela suffit pour que l’Église les ait justement condamnées comme suspectes chez un auteur dont la conduite et les écrits l’étaient déjà depuis longtemps.

4. La bulle ne lient pas compte des corrections faites.

— Quesnel, dans ses Mémoires, se plaint de ce qu’on n’ait pas tenu compte des corrections qu’il avait faites soit spontanément, soit à la demande du cardinal de Noailles, dans les éditions de 1699 et 1705, et qu’on ait condamnées des propositions légèrement inexactes dans les éditions antérieures, par exemple les propositions 2, 5, 13, 19, 30, 35, 45, 59, 67, 85, 98. Mais les éditions anciennes continuaient à circuler, donc à répandre l’erreur et, d’autre part, les propositions échappées à la plume non surveillée de Quesnel expriment la pensée spontanée de Quesnel et indiquent mieux les tendances de l’auteur et sa pensée profonde.

Il faut ajouter que, même lorsqu’il se défend, Quesnel emploie des expressions équivoques qui voilent sa pensée, laquelle reste toujours identique. Dans ses Plaintes et protestations, il admet l’existence de grâces efficaces, auxquelles on résiste effectivement et qui n’ont pas l’effet qu’elles devraient avoir. Faut-il conclure que la volonté peut résister à la grâce ? Point du tout. En effet, cette résistance à la grâce ne vient point de la volonté libre de l’homme, qui choisirait entre deux actes, mais de la cupidité qui se trouve plus forte. La volonté est placée entre deux délectations (grâce et cupidité terrestre) et elle penche invinciblement du côté de la délectation la plus forte, comme la balance penche du côté où sont les poids les plus lourds. Voilà l’erreur que l’Église condamne et que Quesnel défend toujours, malgré les termes ambigus par lesquels il exprime sa pensée. La résistance à la grâce vient non de la volonté libre, mais de la concupiscence plus forte que la grâce. L’Église enseigne que la volonté n’est pas le simple témoin de la lutte entre les deux délectations, dont la force relative fixerait l’issue, mais qu’elle intervient dans la lutte et que c’est son intervention qui décide du triomphe de la grâce pour le bien ou qui résiste pour le mal.

5. Les propositions sont condamnées en bloc, sans qualification. Les jansénistes ont surtout appuyé 2 147

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UNIGENITUS. LITTEHATl’HE AUTOUR DE LA MULI.K

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leur opposition à la bulle sur le fait que les propositions y sont condamnées en bloc, in globo, sans aucune qualification particulière, en sorte qu’on ignore la note théologique qui convient à chacune. « Par cette condamnation vague et indéterminée, l’Église n’indique ni les erreurs qu’elle condamne, ni les vérités qu’elle veut enseigner et qu’il faut croire ; cette bulle ne peut donc être dogmatique et elle ne saurait fonder une règle de foi. »

Cette forme de condamnation n’est pas inouïe, comme semblent l’insinuer certains jansénistes. L’Église l’a souvent employée. C’est sous cette forme qu’elle a condamné les neuf propositions de Pierre d’Osma, le 4 août 1479, les quarante-cinq propositions de YViclef et les trente propositions de J. Hus, le 22 février 1518, les quarante et une propositions de Luther, le 15 juin 1520, les soixante-dix-neuf propositions de Baius, le 1 er octobre 1567 et le 29 janvier 1579, les soixante-huit propositions de Molinos, le 28 août et le 19 novembre 1687, les vingt-trois propositions des Maximes des saints, le 12 mars 1699.

Cette condamnation vague et indéterminée a certainement des inconvénients ; elle ne laisse pas d’avoir des avantages, surtout lorsque les propositions condamnées sont nombreuses ; le jugement global permet d’éviter des controverses inutiles, qui font naître l’inquiétude et troublent la foi des fidèles. En ne parlant pas du sens de l’auteur, de la liaison des propositions entr’elles, on évite les disputes que ces sortes de clauses font naître, comme il est arrivé, lorsque l’Église condamna les erreurs de Baius.

La condamnation générale apprend que toutes les propositions condamnées par la bulle sont mauvaises plus ou moins, de quelque manière ; il n’y a aucune des propositions qui ne mérite quelqu’une des qualifications et il n’y a aucune des qualifications qui ne s’applique à une ou plusieurs propositions. En condamnant toutes ces propositions en général, sans les qualifier d’une note particulière, le pape a montré que toutes doivent indistinctement être rejetées. Les théologiens restent libres, après cela, d’examiner les qualifications particulières de chaque proposition. Peu importe que, parmi les théologiens ou parmi les évêques, il y ait des opinions diverses à ce sujet. Il est permis de discuter dans l’Église sur les matières que l’Église laisse libres, mais il n’est pas permis de disputer contre l’Église, comme le font les jansénistes qui veulent soutenir les propositions condamnées par l’Église.

2° Objections tirées des conditions dans lesquelles la bulle a été dressée, promulguée et reçue. — Aux objections tirées de l’analyse des propositions elles-mêmes, il faut ajouter celles qui sont tirées des circonstances extérieures qui ont accompagné sa publication. Les conditions, a-t-on dit, dans lesquelles la bulle a été dressée, promulguée et reçue lui ôtent tout caractère canonique et la rendent irrecevable surtout en France.

1. Quesnel n’a pas été interrogé.

Pour connaître les intentions et les idées de Quesnel, les juges, avant de le condamner, auraient dû l’interroger. Quesnel lui-même, dans l’Avertissement à son second mémoire, se plaint de n’avoir pas été interrogé et il déclare que, malgré son grand âge et ses infirmités, il se serait rendu à Rome pour éclairer ses juges, qui auraient pu ainsi décider en connaissance de cause.

En fait, Quesnel n’a pas été interrogé en personne, mais il a publié sept mémoires et de nombreux écrits pour exposer sa pensée. D’ailleurs, il ne s’agissait pas de juger les pensées et les intentions de Quesnel, mais son livre ; or, le livre des Réflexions morales a été examiné en détail durant deux ans et le Journal de Saint-Amour avoue que l’examen du livre a été fait en de nombreuses conférences. La bulle a condamné le

livre en lui-même et les propositions qui en ont été extraites, quelle qu’ait été l’intention de Quesnel. C’est le livre lui-même qui avait à se défendre. Dès qu’il est publié, un livre commence une vie indépendante et, après la mort de son auteur, il continue de vivre, il continue à répandre le bien ou le mal. C’est pourquoi l’Église a le droit d’examiner et de condamner le livre en lui-même, pour les idées qu’il exprime ouvertement ou d’une manière voilée, et que le lecteur peut y trouver, et de condamner ces idées, si elle les juge susceptibles de troubler la foi des fidèles. En réalité, tandis qu’on examinait son livre à Rome, Quesnel n’a cessé d’écrire et d’envoyer des mémoires pour justifier son livre et les propositions qu’il contient. Et jamais il ne s’est justifié, jamais il n’a rétracté d’une manière formelle les erreurs qu’on l’accusait d’avoir exposées et défendues dans le livre des Réflexions. La conduite de Quesnel, les mémoires qu’il publia pour sa défense contribuèrent à faire découvrir la doctrine répandue dans le livre, beaucoup mieux que ne l’eût fait un interrogatoire personnel, et les examinateurs décidèrent en pleine connaissance de cause.

2. Pas d’examen avant l’acceptation.

Les évêques qui ont accepté la bulle n’ont pas, avant de l’accepter, examiné les propositions qu’elle condamnait, ils se sont contentés de la signer et n’ont pas agi en juges, qui décident, parce que, pour la plupart, ils croyaient à l’infaillibilité du pape et ils se sont interdit de juger après le pape ; ils ont accepté la bulle, les yeux fermés. Leur adhésion est nulle et leur jugement n’a aucune valeur canonique. Cela est encore plus vrai pour les évêques étrangers, dont la plupart, d’ailleurs, ont gardé le silence. Les approbations recueillies à l’étranger ont été « mendiées » par les évêques de Meaux et de Nîmes, qui « avec des calomnies atroces et grossières, n’ont cherché que des réponses favorables ». Les lettres citées n’ont aucune forme authentique et les réponses publiées n’ont aucune valeur, car elles ne supposent ni examen, ni discussion, ni jugement, parce que tous ces évêques admettent l’infaillibilité du pape et ne font qu’approuver la décision de celui-ci. Tel est le cas des évêques d’Espagne et de Portugal, qui ont, de plus, cédé aux menaces de l’Inquisition, des évêques d’Italie, qui sont prévenus en faveur des maximes de Rome, des évêques d’Allemagne, de Pologne et des Pays-Bas, qui ont accepté sans examen. En somme, beaucoup d’évêques étrangers ont gardé le silence. Ceux d’entre eux qui ont parlé, ainsi que les évêques français qui ont accepté la bulle, se sont interdit d’examiner la décision du pape et n’ont fait qu’enregistrer la bulle ; leurs suffrages n’ont pas les conditions requises pour constituer un vrai jugement. Les suffrages doivent être pesés et non comptés. Le cardinal de Xoailles, dans son mandement du 14 janvier 1719, écrit : « Trois cents évêques qui croient à l’infaillibilité du pape n’en font qu’un, quand l’Église est séparée, parce qu’ils ne parlent alors que sur la foi du pape et qu’ils n’agissent pas en juges de la foi. »

Or, les huit évêques de France, qui, à la suite du cardinal de Noailles ont opposé un refus, après avoir examiné la bulle, constituent, en réalité, la majorité, car, seuls, ils ont examiné, et leur suffrage, fondé sur un examen préalable, doit l’emporter sur celui des autres évêques, bien que ceux-ci soient les plus nombreux.

Bossuet et Nicole, dans leurs travaux contre les protestants, avaient déjà répondu à ces observations des jansénistes. Ce qui fait la règle et la loi de l’Église, c’est le consentement commun, c’est la commune prédication, de quelque manière que ce consentement et cette prédication se soient manifestés. Ce qui fait la

valeur d’une décision de l’Église, c’est la décision elle-même, appuyée sur les promesses divines, et non point les motifs et les procédés qui ont précédé l’acceptation. « Le consentement général des évêques unis au pape couvre, en quelque sorte, écrit Nicole, tout ce qui pourrait s’être glissé d’humain dans le procédé et ne laisse voir que la voix de Dieu, manifestée par le commun consentement de ceux avec qui Jésus-Christ a promis d’être, tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles. » Pour connaître la vérité d’une manière certaine, Dieu a donné un moyen infaillible, c’est l’autorité de l’Église, laquelle, en vertu des promesses de Jésus-Christ, réside dans le corps des pasteurs unis au pape.

Les jansénistes renouvelèrent souvent et longtemps cette objection contre la bulle. Dans son Instruction pastorale de juillet 1729, l’archevêque d’Embrun, Guérin de Tencin, fit, au sujet de cette question délicate de l’examen préalable à l’acceptation d’une décision de Rome, des remarques qu’il est intéressant de noter pour cette époque, où l’infaillibilité du pape en matière de dogme, admise par un grand nombre d’évêques comme opinion personnelle, n’était pas encore définie.

C’est la décision extérieure de l’Église qui est la règle de foi, car c’est la seule que tous les fidèles peuvent connaître et qu’ils sont assurés de connaître ; c’est la seule qui soit à la portée de tous les fidèles, ignorants et savants. Les fidèles, en effet, ne peuvent savoir si les évêques ont prié auparavant, s’ils ont examiné en détail ou constaté que la décision est conforme à la vraie doctrine… Les évêques pèchent gravement, s’ils négligent leurs obligations personnelles, mais leur jugement sera valide, il sera infaillible, parce qu’il forme une décision extérieure, comme le prêtre serait coupable, s’il est pécheur, quand il administre un sacrement, mais le sacrement est valide. La fidélité des évêques à remplir leurs obligations personnelles est étrangère à l’infaillibilité de leurs jugements, dont la force est uniquement fondée sur les promesses de Jésus-Christ. L’examen n’est donc pas nécessaire pour la validité de l’acceptation.

Les promesses d’infaillibilité ne sont pas attachées à la science, à l’examen, ni même à la probité et à la droiture des évêques ; ces promesses seraient tout à fait vaines, si, avant d’accepter une décision de l’Église, les fidèles devaient examiner, pour arriver à la certitude, que toutes les conditions ont été réalisées. Les décisions seraient interminables et les fidèles seraient ainsi amenés à se faire les juges des décisions de l’Église. Les infirmités, les faiblesses, les défauts des évêques seraient un motif de rejeter les décisions prises et les novateurs pourraient toujours trouver des prétextes pour dire que les évêques qui les ont condamnés manquaient de compétence, de droiture, de Jugement. L’autorité des pasteurs serait nulle, si chacun avait le droit de juger leur jugement et de ne se soumettre à leur décision qu’autant qu’ils les aurait personnellement trouvés d’accord avec la doctrine de l’Église. Ce serait le libre examen des particuliers qui déciderait si le jugement des évêques est valable.

l’.ref. l’autorité infaillible de l’Église se manifeste flans le consentement commun, de quelque manière que ce consentement ail été donné, soit en concile, soit hors des conciles. C’est le concert des évêques unis au pape qui est la règle de la croyance, Indépendantdes motifs que les évêques ont pu avoir d’y adhérer.

.’!. P<is d’unanimité réelle, ni même possible, dans

tptalion. — La bulle n’a été réellement acceptée

ni par les évêques français qui l’ont signée, ni par

le » évêques étrangers dont on a publié les témoignages.

L’unanimité n’e » 1 qu’apparente. Dans cette bulle,

il s’agit d’un grand nombre de propositions qui intéressent soit le dogme, soit la morale, soit la discipline, et il n’y a pas accord sur le caractère de cette bulle : pour les uns, c’est une pure loi de discipline, pour les autres, c’est un jugement dogmatique ; pour les uns, c’est une censure du sens propre naturel et littéral des propositions, pour les autres, il s’agit d’un sens plus éloigné qui n’est peut-être pas le sens de l’auteur et le sens du livre d’où les propositions sont tirées ; pour les uns, ce ne peut être une règle de foi, car la bulle n’indique ni les vérités qu’elle veut enseigner, ni les erreurs qu’elle veut condamner, pour d’autres, c’est une espèce de jugement ecclésiastique qui ne fixe rien sur la doctrine elle-même et qui oblige simplement les fidèles à condamner toutes et chacune des propositions, comme méritant une ou plusieurs des qualifications marquées à la fin de la bulle. Bref, c’est un document qu’on ne saurait ni définir ni classer d’une manière précise ; aussi la plupart de ceux qui reçoivent la bulle ne conviennent entre eux, ni de sa nature, ni de ses effets, ni de l’obligation qu’elle impose aux fidèles. Il n’y a donc aucune unanimité réelle entre les évêques acceptants.

Bien plus, les propositions étant condamnées en bloc, sans aucune qualification, toute unanimité dans l’acceptation est impossible. Les évêques ne peuvent pas être d’accord sur le sens des propositions condamnées ; ils ne peuvent pas être d’accord sur la note qui convient à chaque proposition ; ils ne peuvent porter un jugement uniforme, qui seul pourrait aboutir à une unanimité réelle. Il n’y a aucune unanimité réelle entre le pape et les évêques acceptants, comme entre les évêques acceptants eux-mêmes. Aussi, les évêques, pour accepter la bulle, ont rédigé un mandement, afin d’expliquer celle-ci et d’attacher un sens précis à des expressions qu’ils ne voulaient pas accepter purement et simplement sous la forme que leur donne la constitution, laquelle reste obscure en elle-même. Ils ont accepté avec des réserves qui ne sont pas toujours les mêmes. Les raisons qui ont motivé l’acceptation sont aussi très diverses : infaillibilité du pape qui a condamné les propositions, obéissance et soumission aux décrets du Saint-Siège, peur du jansénisme et crainte d’un schisme, désir de la paix et espoir d’un accommodement.

La diversité des motifs d’acceptation conduit à des interprétations différentes du sens des propositions, entraîne la diversité des formes d’acceptation et rend impossible toute véritable unanimité. Ainsi, dix-huit évêques, presque tous acceptants, écrivirent, en janvier 1716, au régent : « On remarque une si grande variété dans la manière de recevoir la bulle qu’il ne paraît point encore de règle fixe et certaine qui puisse réunir les esprits et calmer les consciences, d El le cardinal de Noailles, dans son mandement du 14 janvier 1719, écrit : « On peut légitimement douter que les évêques soient d’accord et aient prononcé sur les cent une propositions un même jugement avec le pape, c’est-à-dire, un jugement qui ail une conformité réelle et véritable, quant au sens, avec la décision de Sa Sainteté. »

On retrouve ces objections dans la plupart des écrits contre la bulle, en particulier, dans l’ouvrage intitulé : Mémoire où l’on examine si la bulle de, V. S. P. le pape Clément XI, qui commence par ces mois. Uni’genilus, est acceptée dans l’Église d’un consentement vraiment unanime, s. 1., 1711. Les acceptants ont fait des réponses qu’il est bon de noter, même aujourd’hui que la définition de l’infaillibilité pontificale leur a fait perdre une partie de leur valeur, l’ouï’qu’il y ait unanimité vraie, il snllit que les évêques nient accepté la condamnation, telle qu’elle est. s ; ms y rien ajouter, sans y rien retrancher ; les évêques

condamnent les propositions, comme le pape les a condamnées. I.c dispositif du mandement d’acceptation, dressé par les évêques de l’Assemblée de 1711 est conçu dans les mêmes termes ou dans des tenues équivalents : « Nous condamnons le livre des Réflexions et les cent une propositions qui en sont extraites de la même manière et avec les mêmes qualifications que la bulle. » Le procès-verbal de l’Assemblée du clergé, en date du 1 er février 1714, indique les raisons pour lesquelles les quarante évêques acceptants publient cette instruction : ils acceptent avec respect et avec soumission la constitution de Clément XI, et, ensuite, ils dressent cette instruction pastorale pour rassurer les consciences qui auraient pu être alarmées. « On avait prévenu les Fidèles contre les mauvaises interprétations des personnes mal intentionnées et on y avait employé des moyens très utiles pour empêcher de nouvelles disputes et pour conserver la liberté des écoles catholiques. » Les explications données sont postérieures à l’acceptation et elles n’ont point été les motifs qui ont déterminé l’acceptation. Ce qu’il faut voir, c’est l’acceptation elle-même, et non point les motifs de l’acceptation, car l’unique raison de la soumission des fidèles aux décisions de l’Église, ce sont les promesses divines.

Si, après l’acceptation, un évêque déclare simplement téméraire une proposition qu’un autre évêque juge hérétique, cela n’empêche point une acceptation de la bulle et cela ne détruit point l’accord des évêques et leur unanimité. En effet, la bulle n’a pas qualifié cette proposition, mais l’a seulement condamnée comme contraire à la doctrine catholique, par conséquent, la diversité des jugements ne porte que sur un point que l’Église n’a pas décidé et sur lequel les théologiens peuvent librement discuter. Bref, l’unanimité d’acceptation est indépendante des explications données aux diverses propositions, car la bulle n’a rien décidé sur ce sujet.

Le petit nombre des opposants n’empêche point l’acceptation moralement unanime des évêques, car au milieu des troubles et des divisions que l’hérésie provoque toujours, l’unanimité absolue est impossible. L’opposition de Julien d’Éclane et des dix-huit évêques pélagiens n’arrêta pas la décision du pape Zosime, qui les condamna. Où serait l’Église catholique, toujours subsistante, telle que Jésus-Christ l’a fondée, si quelques dissidents suffisaient pour la détruire ? C’est l’unanimité morale des pasteurs unis au pape qui a reçu les promesses de l’infaillibilité. Le jugement particulier de quelques évêques, sujets à l’erreur, ne saurait l’emporter sur le grand nombre. Saint Augustin déclare que « la cause est finie, lorsque le Saint-Siège confirme le jugement des évêques de la nation où l’hérésie s’est élevée et que les autres évêques ne réclament pas ». Saint Augustin écrivait ces paroles au sujet des pélagiens condamnés par les évêques d’Afrique. Quesnel lui-même, dans un écrit intitulé La tradition de l’Église romaine, t. i, p. 330, a exposé la même doctrine. « Le Saint-Siège, agissant pour toutes les autres Églises, s’est déclaré pour la doctrine de saint Augustin… C’est une témérité très grande de ne pas le suivre ; elle est d’autant plus grande que le reste des Églises du monde n’ayant point eu de part à la contestation et s’étant contenté de voir entrer en lice les Africains et les Gaulois et d’attendre ce que le Saint-Siège jugerait de leur différend, leur silence, quand il n’y aurait rien de plus, doit tenir lieu d’un consentement général, lequel joint au jugement du Saint-Siège, forme une décision qu’il n’est pas permis de ne pas suivre. » Cette remarque, s’applique à la lettre à la bulle Unigenitus, signée par le pape, acceptée par l’unanimité morale des évêques de France et le consentement tacite des évêques étran gers, pour lesquels la question du jansénisme fut à peu près totalement ignorée.

4. La bulle est contraire aux libertés de l’Église gallicane. — D’après les libertés de l’Église gallicane, les évêques sont juges de la doctrine. Or. les évoques de France ont accepté la bulle, envoyée de Home, sans l’avoir examinée ; ils n’ont pas décidé en juges de la doctrine que contient la bulle. De plus, les décrets qui regardent la discipline venant soit de Rome, soit même des conciles généraux, n’ont d’autorité en France que lorsque l’Église gallicane les a reçus librement.

Dans la lettre qu’il écrivit à l’archevêque d’Arles après l’assemblée de 1714, le cardinal de Rohan explique comment l’acceptation pure et simple de la bulle par l’assemblée du clergé n’est nullement contraire aux libertés de l’Église de France, car ils ont reçu la bulle, non point parce qu’elle venait de Rome, mais parce qu’après une ample discussion ils avaient reconnu dans cette bulle la doctrine de l’Église. L’acceptation pure et simple marque seulement la certitude du dogme renfermé dans le jugement auquel on adhère. L’assemblée a accepté purement et simplement, parce qu’elle a reconnu que le pape avait bien jugé. Une telle acceptation n’est nullement opposée aux libertés de l’Église gallicane et aux droits des évêques, qui ne sont point de simples exécuteurs des ordres du pape qu’on regarderait comme infaillible, lit l’assemblée a ajouté des explications, non point pour limiter la bulle ou lui donner des sens étrangers, mais pour éviter les mauvaises interprétations qu’on pourrait lui donner ; ces explications furent publiées sous la même signature que l’acceptation elle-même pour montrer qu’elles n’étaient pas distinctes de la bulle : le sens dans lequel on l’explique I est celui même dans lequel on l’accepte.

Il faut ajouter que la connaissance des causes majeures, surtout des causes qui intéressent la foi, appartient au Saint-Siège, soit avant, soit après la consultation des évêques, et sans préjudice de leurs droits. Or, ce sont les évêques de France qui ont porté l’affaire à Rome, c’est le roi de France qui a insisté à Rome pour qu’une décision soit prise touchant les propositions dénoncées ; puis l’assemblée du clergé de 1714 a reçu la bulle qui condamnait les cent une propositions. Les très rares évêques qui se séparèrent de leurs confrères de France et des évêques du monde chrétien ne peuvent, sans témérité et sans scandale, prétendre s’opposer à cette bulle acceptée par l’unanimité morale des évêques, et soutenir opiniâtrement les erreurs que toute l’Église condamne.

5. La bulle est opposée à la liberté des écoles catholiques. — La bulle demandée et inspirée par les jésuites et rédigée sous leur influence, en condamnant la grâce efficace par elle-même, condamne l’école thomiste et canonise le rriolinisme ; ainsi elle détruit la liberté des écoles catholiques proclamée par Paul Y. après les congrégations De auxiliis. La jalousie a dressé le plan de cette bulle, la brigue l’a sollicitée et elle fut inspirée par l’ambition, introduite par la violence ; on la reçut par faiblesse et le préjugé la soutient. L’ouvrage intitulé La chimère du jansénisme, p. 70, écrit : « Ce sont les jésuites qui ont créé le jansénisme, pour imposer à l’Église leur molinisme. Le jansénisme ne subsiste que parce que les jésuites, à qui il est utile pour associer leur haine implacable contre les gens qui sont les ennemis de leurs erreurs et de leurs maximes corrompues, sont assez hardis pour en parler sans cesse comme d’une hérésie réelle… Le pontificat présent dont ils disposent à leur gré, le crédit inouï qu’ils ont en France…, l’asservissement des évêques, la lâcheté presque générale des théologiens, l’ignorance de ces matières qui est plus grande

en ce temps qu’elle n’a jamais été, la terreur répandue par les exils, les emprisonnements, l’enlèvement des biens de ceux qu’il plaît à ces Pères de faire passer pour jansénistes, la liberté qu’ils ont de tout dire impunément… » Voilà tout ce qui explique la bulle et doit la faire rejeter.

Ce fut toujours la tactique des jansénistes de vouloir confondre leur cause avec celle des thomistes ; ils s’appelèrent d’abord des augustiniens, puis les nouveaux-thomistes ; mais, en dépit de leurs efforts pour se cacher derrière la robe de saint Thomas, leur doctrine et, en particulier, la théorie de la grâce efficace par elle-même, est essentiellement différente de celle des thomistes. La grâce efficace des thomistes sauvegarde la liberté humaine, tandis que la grâce janséniste détruit cette liberté. Sans doute, les jansénistes repoussent avec indignation la grâce nécessitante, que, d’après eux, les jésuites leur attribuent, mais, s’ils rejettent le mot, ils conservent en réalité la chose : lorsque la grâce est la plus forte, l’acte bon suit infailliblement, invinciblement ; lorsque la concupiscence est la plus forte, le péché suit aussi invinciblement. Où donc est la liberté, dans cette lutte à laquelle la volonté assiste en simple témoin ?

D’autre part la bulle Unigenitus ne canonise nullement le molinisme. Thomisme et molinisme sont et demeurent deux systèmes librement défendus au sein de l'Église. Le pape Benoît XIII, successeur de Clément XI, le déclare formellement dans son bref Demissas preces du 14 novembre 1724 et il demande aux dominicains de mépriser les calomnies lancées contre la doctrine thomiste au sujet de la grâce efficace par elle-même et de la prédestination gratuite sans la prévision des mérites. Et le pape Clément XII, dans le bref Apostolicse Providentim du 2 octobre 1733, adressé aux dominicains, proteste contre l’obstination intolérable de ceux qui répètent que la constitution Unigenitus a condamné la doctrine de saint Augustin et de saint Thomas sur la grâce efficace, et il renouvelle le décret de Paul V qui interdisait d’employer, soit en écrivant, soit en enseignant, soit en discutant ou, en toute autre occasion, une note ou censure théologique quelconque pour les doctrines des écoles catholiques.

li. L’acceptation de la bulle n’est pus canonique. Toutes les objections opposées à la bulle se ramènent et aboutissent à celle-ci : la constitution Unigenitus n’est canonique ni dans son contenu, ni dans les conditions au milieu desquelles elle a été élaborée, publiée et acceptée. Jusqu'à la mort de Louis XIV, en septembre 1715, il n’y eut que quelques protestations timides, car on n’osait élever la voix. Mais dès l’avènement du régent, qui favorisa et encouragea le jansénisme jusqu’au début de 1718, les écrits se multiplièrent. Cependant, malgré le zèle des défenseurs de Quesnel, le nombre des opposants et appelants resta relativement peu élevé : il y eut quinze ou seize éveques, dont quelques-uns hésitants. Trois universités seulement. Paris, Reims et Nantes, comptèrent un assez giand nombre de docteurs appelants ; parmi les congrégations. seuls les oratoriens, les bénédictins et lis doctrinaires eurent un grand nombre d’appelants ; environ 6 000 prêtres, religieux et ecclésiastiques sur plus de 200 000, s'élevèrent contre la bulle. Nivelle b réuni les protestations et appels dans le livre lèbre : Le cri de la foi, 3 vol. in-12. s. I.. 1719, revu et tenté dans l.a constitution Unigenitus déférée à l’Eglise universelle, 3 vol. in-fol., Cologne, 1757.

Voilà la petite armée des opposants. Le nombre des évêques, des universités, des congrégations, des curés, 'li ecclésiastiques et des fidèles qui acceptèrent explicitement ou Implicitement la bulle, est par comparaison, beaucoup plus grand, (.'est pourquoi le parti

DICT. DE 1 HF.ni.. C.ATHOL.

janséniste s’effrayait de sa solitude, qui risquait de faire le vide autour de lui, d’autant plus que les appelants qui mouraient n'étaient pas remplacés par de nouvelles recrues ; il va se réduisant de plus en plus, malgré le bruit qu’il fait, et qui, durant quelques années, est en raison inverse du nombre des adhérents. Cette constatation fait impression sur la foule des fidèles. C’est pourquoi les adversaires de la bulle vont tenter de montrer que cette désertion progressive ne compromet en rien la légitimité de leur position. La bulle est acceptée du plus grand nombre, mais le grand nombre n’est pas un argument en faveur de la bulle, qui reste toujours nulle et non avenue. Le P. Yi vien de La Borde, écrit dans son Témoignage de la vérité, p. 22 : « Cessez de nous opposer le grand nombre, règle équivoque en cas de partage, si vous ne pouvez, en même temps, l’appuyer de l’aveu général du corps des fidèles, qui ne peut jamais être faux ou douteux en matière de foi. »

Dans les écrits que publièrent, de 1715 à 1725, les amis de Quesnel, on trouve exposés tous les systèmes qui s’appuient plus ou moins explicitement sur les théories de Richer, tous les systèmes qui préparent la Constitution civile du clergé et qui lui servent de fondement (voir sur ce point l’ouvrage de Préclin, Les jansénistes et la Constitution civile du clergé, Paris, 1929). L’examen de ces systèmes, inventés pour justifier la bulle, a une grande portée doctrinale, car il permet de voir la forme que Jésus-Christ a donnée à son Église et de constater comment elle gouverne les âmes et comment elle promulgue les vérités qu’elle impose à la foi des fidèles.

Pour certains, l’infaillibilité n’a été promise qu’aux conciles généraux et, par suite, la bulle ne peut s’imposer à la foi que si elle est approuvée par un concile général, auquel les opposants font appel. Ils oublient que, durant les trois premiers siècles de l'Église, phisieurs hérésies furent condamnées et cependant le premier concile général de Nicée n’eut lieu qu’en 325.

Pour d’autres, il faut l’unanimité absolue dans l’acceptation. Mais cette opinion est contraire aux paroles les plus formelles de l'Évangile et incompatible avec les caractères de l'Église, que Jésus-Christ doit assister, tous les jours, jusqu'à la consommation des siècles. D’ailleurs, cette unanimité absolue est tout à fait irréalisable, surtout aux époques de trouble et de division.

D’autres admettent que l’unanimité morale peut suffire, seulement « en temps de liberté, c’est-à-dire, lorsque les choses se traitent en esprit de paix et dans l’ordre ». C’est là restreindre l'étendue des promesses divines qui doivent se réaliser dans les temps de confusion, de division et de violence, aussi bien que dans les temps de paix. Dans les temps d’oppression, disent les jansénistes, les opprimés, fussent-ils peu nombreux, ont raison, car la vérité seule peut leur donner la force pour résister à l’oppression. « Lorsque la liberté manque…, les masses abandonnent la vérité, qui n’est plus défendue cpie par une élite, une petite plia lange de prêtres et de laïques ardents. » Mais alors que devient le signe visible qui permet de reconnaître la vérité sans équivoque possible et en tout temps ? Où est l’assistance divine promise par Jesus-t Jirist a son Lglisc, si c’est le petit nombre qui représente la vérité, alors que le grand nombre l’abandonne ?

C’est après 1717 et surtoul après la publication de la lettre l’astnralis officii (8 septembre 1718), qui condamnait les opposants à la bulle et les séparait de l'Église catholique, que se multiplièrent les écrits subversifs, qui bouleversaient entièrement la constitution de l'Église catholique et développaient les théories déjà esquissées par le P. Vivien de La Borde el le chanoine Nicolas Le Gros. Tous supposent que

'T. - XV. — CS.

le corps de l’Église est composé, au même titre, des évêques, des curés, et même des fidèles : ceux-ci doivent être consultés pour que les décisions de ceux-là soient recevables. « Le curé est chargé non seulement de sa paroisse, mais encore de contribuer, à sa manière, à conserver dans le diocèse et aussi dans toute l’Église, le dépôt de la doctrine, des mœurs et de la discipline ; il doit même être plus touché des besoins généraux de toute l’Église que des besoins particuliers de sa paroisse. » Nicolas Le Gros, Maximes sur les droits des curés, p. 3. Les curés sont les successeurs des soixante-douze disciples et ils sont d’institution divine ; ils sont juges de la foi comme les évêques, ou au moins les témoins de la foi ; ils sont les conseillers des évêques qui décident… Dans les lieux où les évêques se taisent, les prêtres doivent élever la voix. Les synodes sont les conseils des évêques, les sénats des diocèses. Les prêtres doivent y intervenir, non point en vertu d’une concession bienveillante des évêques, mais en vertu d’un droit propre et inaliénable du sacerdoce. L’évêque ne peut prononcer qu’après avoir pris l’avis du synode ; les prêtres ont également droit d’assister aux conciles pour y juger les erreurs doctrinales. Ces théories se trouvent exposées en de nombreux écrits : Boursier, Apologie des curés du diocèse de Paris, 1717, et Dissertation sur les droits des curés, 1717 ; Pierre Gibert, Dissertation sur l’autorité du second ordre dans le synode diocésain, 1721, et Consultation canonique sur le sacrement de l’ordre, 1721,

2 vol. in-12 ; Du Saussoi, La’vérité rendue sensible à tout le monde, 2 vol. in-12, 1719 ; L. de Héricourt, Les lois ecclésiastiques de France, Paris, 1719, plusieurs fois réédité, 1721, 1743, 1756, 1771, in-fol. ; plus tard, les différents écrits de Maultrot, Les droits des prêtres dans le synode, s. 1., 3 vol. in-12, 1779 ; Les droits du second ordre défendus contre les apologistes de la domination épiscopale, s. 1., 1779 ; L’institution divine des curés, 1779 ; Les prêtres juges de la foi,

3 vol. in-12, 1780, et Les prêtres juges dans les conciles, 2 vol. in-12, etc.

On ne s’arrête pas là : en cas de division et de partage, c’est le peuple qui décide. Le peuple doit donner son consentement pour que le jugement des évêques devienne règle de foi. Lorsqu’il s’agit de vérités aussi essentielles que celles d’aujourd’hui, le peuple même doit faire entendre sa voix. Le projet de défense pour les laïques contre les prélats constitutionnaires, du 5 mai 1719, va jusqu’à prétendre que « les ouailles doivent examiner la doctrine que les pasteurs proposent, afin de ne pas se laisser séduire par celle qui serait mauvaise. Les ouailles, le peuple peuvent réclamer l’autorité des saintes Écritures et de la tradition, si les instructions qu’on leur donne cessent d’être conformes à celles que Jésus-Christ et l’Église leur ont données ». Op. cit., p. 3 et 4.

Ces thèses ne sont qu’une application logique des thèses presbytériennes de Richer, plusieurs fois condamnées par l’Église et par les assemblées du clergé de 1655 et de 1681, par les conciles de Rouen, 1581, et de Bordeaux, 1624, par l’assemblée provinciale de 1699 qui condamna les Maximes des saints. Elles sont en opposition formelle avec les usages de l’Église. L’évêque peut et doit même consulter les prêtres instruils comme il peut consulter les évêques ses confrères, mais cela n’est pas nécessaire pour rendre valides les jugements des évêques. Le suffrage du peuple, en matière religieuse, n’apporterait aucune autorité aux décisions de l’Église, car le peuple, en général, est peu éclairé et, dès lors, comment pourrait-il concourir aux décisions de l’Église ?

Tous ces systèmes, inventés par les opposants à la bulle, offrent le grave inconvénient de laisser les fidèles dans l’incertitude et de provoquer des discussions

interminables, incompatibles avec les promesses de Jésus-Christ à son Église. C’est avec raison que Languet de Gergy, dans son Troisième avertissement, a écrit : « Il faut discuter si les prêtres et les peuples sont de même avis que le pape et le plus grand nombre des évêques. Il faut discuter si le pape, avant que de donner sa bulle, a consulté de bons théologiens, si les théologiens, qu’il a consultés, sont les plus habiles ; s’il a pris conseil des cardinaux, de tous, ou de plusieurs d’entre eux ; si les cardinaux ont consenti à son décret, devant ou après qu’il a été publié, s’ils ont donné leur consentement avec connaissance de cause, par quels motifs ils l’ont donné ; si ce consentement n’est point un effet de leur politique, plutôt que de leur persuasion ; il faut discuter si tous les évêques du monde, sans en excepter aucun, acquiescent au jugement du pape ; s’il n’y a point, dans des royaumes éloignés, quelque évêque qui le blâme et le rejette ; si ces évêques qui acceptent le font par voie de jugement ; si leur jugement est porté en une certaine forme ; s’il est donné par le conseil de leur peuple et de leurs prêtres ; si ces prêtres et ces peuples ont assez examiné ; s’ils ont été libres ; s’ils sont assez instruits ; il faut discuter par quel motif précisément tous ces évêques ont donné leur consentement…, il faut discuter quel est le degré de science, de vertu, de mérite de ces évêques, qui s’unissent au pape et de ceux qui rejettent son décret ; comparer leurs intentions, leurs lumières, leurs études et les principes de leur théologie. Il faut discuter quel est le mérite et la science de ces prêtres et de ces peuples qui se partagent, de ceux qui contredisent le jugement de leur évêque et de ceux qui l’approuvent… La vie de l’homme suffira-t-elle pour toutes ces recherches ? »

Les voies de l’Église sont plus courtes et plus assurées. Il faut, dit Bossuet, une autorité visible et parlante, à laquelle tout particulier soit obligé de se soumettre, sans examiner, dans tous les temps, tous les jours, sans aucune interruption, parce qu’elle est la vraie règle de foi, établie par Jésus-Christ et que, seule, elle est proportionnée aux hommes, à qui elle s’impose comme la plus grande autorité visible. Le propre du catholique, c’est de préférer à son opinion personnelle le sentiment commun de toute l’Église, qui s’appuie sur l’autorité même de Dieu, tandis que le propre de l’hérétique est de préférer son opinion personnelle et de s’attacher à ses propres pensées, d’après lesquelles il juge tout et de développer ainsi l’orgueil et la présomption. La vérité se trouve toujours là, où il y a le concert des évêques parlant avec leur chef et unis par le centre commun. Leur commune prédication et leur consentement sont la marque infaillible de la vérité, parce que la promesse de Jésus assure même contre les infidélités des hommes et empêche l’enfer de faire prévaloir l’erreur par surprise, par violence ou par ignorance.

Les évêques de France, au nombre de plus de cent, ont joint leur voix à celle du Saint-Siège et adhéré à son jugement. Les évêques étrangers font entendre leur voix. Si on allègue leur prévention, leur ignorance, leur défaut d’examen et de liberté, on répond avec Nicole : « C’est le consentement des évêques qui fait la marque certaine de la vérité » ; « c’est la commune prédication des évêques qui fait l’entière plénitude des vérités chrétiennes », écrit Bossuet.

La publication de la bulle à Rome, le 8 septembre 1713, et l’acceptation de cette bulle par l’assemblée du clergé de France (16 octobre 1713-5 février 1714) soulevèrent de violentes polémiques. Les écrits de toutes sortes (in-4° de quelques pages et in-12 plus ou moins volumineux) imprimés pour la défendre et surtout pour l’attaquer sont innombrables ; on trouvera ici la liste incomplète des principaux ouvrages publiés durant les premières années et

cela suffira pour montrer la vivacité de la lutte : dans presque tous les diocèses, le clergé séculier et le clergé régulier se trouvèrent, surtout au début, divisés en deux camps : d’un côté, les acceptants, de l’autre, les opposants qui bientôt devinrent les appelants au futur concile.

Idée générale de la nouvelle constitution contre le livre des Réflexions morales sur le Nouveau Testament, à Mgr. l’évéque de…, s. 1., 1713, in-12 ; Lettre à un archevêque contenant des règles et des réflexions touchant la constitution du 8 septembre 1713, s. 1., 18 octobre 1713, in-12 ; Lettre d’une dame de Paris au pape sur la constitution, s. 1., 21 octobre

1713, in-12 ; Mémoire présenté à l’assemblée du clergé, où l’on examine s’il est à propos de se contenter d’explications l>our recevoir la constitution, s. 1., 10 novembre 1713, in-4° et in-12 ; Mémoire de Quesnel pour servir à l’examen de la constitution du Pape contre le Nouveau Testament en français avec des réflexions morales, sur les douze premières propositions ( 1° mémoire), s. 1., Il novembre 1713, avec un avertissement, in-12 ; Second mémoire pour servir à l’examen de la constitution, s. 1., 21 décembre 1713, in-12 ; Règles de l’équité naturelle et du bon sens, pour l’examen de la constitution et des propositions qui y sont condamnées comme extraites du livre des Réflexions sur le Nouveau Testament, s. 1., décembre 1713, in-12, nouvelle édition en 1717 ; Réflexions sur les propositions de la constitution du s septembre 1713 qui regardent la lecture de l’Écriture sainte, s. 1., décembre 1713, in-12 ; Consultation touchant la constitution de N. S. P. le Pape Clément XI du 13 septembre 1713, in-8°, 1713 ; La constitution Unigenitus en quatre colonnes avec le jugement des SS. Pères et quelques remarques, s. 1., in-4°, 1713.

En 1714, les écrits se multiplièrent encore : Mémoire pour les évêques assemblés au sujet de la constitution du 8 septembre 1713, oit l’on examine s’il est permis de condamner des propositions véritables et orthodoxes à cause de l’abus, s. 1., 1° janvier 1714, in-12 ; Mémoire présenté à l’assemblée du clergé, où il est parlé d’obliger le Pape à rétracter sa constitution du 8 septembre 1713, s. 1., 5 janvier

1714, in-12 ; Lettre du P. Quesnel à Nosseigneurs les cardinaux, archevêques et évêques assemblés à Paris au sujet de la constitution du 8 septembre 1713, 5 janvier 1714, s. 1., 1714, in-12 ; Réflexions désintéressées sur la constitution du pape Clément XI, qui condamne le Nouveau Testament de Quesnel, dans lesquelles on examine les droits du pape, les libertés de l’Église gallicane, les plaintes des augustiniens et les différents remèdes qu’on y peut apporter, Amsterdam, 1714, in-12 (la première lettre est du 9 janvier 1714) ; Lettre des évêques de France à Mgr le cardinal Fabroni sur la constitution l’nigenitus, 10 janvier 1714, s. 1., 1714, in-12 ; Seconde lettre du P. Quesnel aux évêques assemblés à Paris, li janvier 1714, s. 1., 1714, in-12 ; Analyse exacte et véritable de la doctrine contenue dans la constitution, s. 1., 1714, in-12 ; La constitution Unigenitus avec des remarques et des notes, s. 1., 1714, in-12 ; Jugement des SS. Pire » sur les propositions condamnées dans la constitution du 8 septembre 1713 contre le Nouveau Testament avec des réflexions morales, seconde édition de l’écrit qui a paru sous le titre de : La constitution Unigenitus en quatre colonnes, s. I., 1714, in-12 ; Dissertation sur la constitution du 8 septembre 1713, où l’on examine si une grande Église comme celle de France est obligée d’accepter purement et simplement toutes les constitutions dogmatiques des papes. ou si elle a le droit île modifier ou même de rejeter entièrement relies de ces constitutions qu’elle n’approuverait pas…, et si r Église de France doit user de ce moyen à l’égard de la nouvelle constitution, s. 1., 1714, in-12 ; Examen de la Constitution du 8 septembre 1713, selon la méthode îles géomètres (par le P. Laborde de l’Oratoire), s. I., 171 4. in-12 ; le même écrit fut publié sous le titre : Dissertation dans laquelle on établit les principes généraux pour juger de lu Constitution et où l’on démontre d’une manière génméorique qu’on ne peut la recevoir absolument même avec des explications, s. I., 1711. ui-t° ; Troisième mémoire de Quesnel, 22 février 17Il fsiirles propositions 30 : i 37) ; Cinq mémoires IUT Ni Constitution : 1° sur la différence des deux Testaments ; 2° sur la crainte des peines ; ’.', ’sur les propositions accusées de baianisme ; " sur V excommunication ; >" sur les onze dernières propositions ; ces mémoires furent publié ! en février 1711 ; Mémoire sur les propositions renfermées dans

in constitution’nigenitus, qui regardent In nature de l’An Citnnt il de In Nouvelle Alliance, s. I., février 171 I, in-12 ; Quatrième gémissement d’une âme vlvemeni toucher de la Constitution de V..S. P. te pape Clément A / du 8 septembre

1713, 1° mars 1714, s. I., in-12 et 2e édition en 1724 ; Récit de ce qui s’est passé jusqu’à présent sur la constitution avec les pièces justificatives, 10 avril 1714, s. 1., in-12 ; Considérations sur V Instruction pastorale de la dernière assemblée du clergé, où l’on examine : 1° la mauvaise foi, 2° les erreurs grossières, 3° le préjugé de l’autorité ecclésiastique dans les circonstances de cette affaire, 2ô juin 1714, s. 1., in-12 ; Quatrième mémoire de Quesnel, 15 juillet 1714 (sur les propositions 28 à 49) ; Mémoire sur l’amour naturel et sur les œuvres faites sans la grâce, par rapport aux propositions censurées dans la constitution l J nigenitus, qui supposent que sans la grâce on ne peut ni aimer Dieu, ni faire aucun vrai bien, s. 1., 1714, in-12 ; La constitution du pape Clément XI, en lalin et en français, avec des observations sur les propositions censurées, s. 1.,

1714, in-12 ; Lettre à un archevêque contenant des règles et des réflexions touchant la constitution, s. 1., 1714, in-12 ; Résolution de quelques doutes sur le devoir des docteurs de Sorbonne par rapport à l’enregistrement de la constitution, s. 1., 1714, in-12 ; Réflexions sur V Instruction pastorale proposée à tous les prélats du royaume, sous le nom de l’assemblée tenue à Paris en 1713 et en 1714 pour l’acceptation de la constitution, s. 1., 1714, in-12 ; Remarques sur le bref du pape du 17 mars 1714 adressé à M. le cardinal de liohan et aux évêques assemblés à Paris, s. 1., 1714, in-12 ; Lettre à M. le cardinal de Rohan au sujet du bref de S. S. du 17 mars 1711, avec divers écrits, s. 1., 1714, in-12 ; Dissertation du droit des évêques touchant la réception des bulles à l’occasion de la constitution du 8 septembre 1713, s. 1., 1714, in-12 ; Mémoire pour Rome sur la constitution Unigenitus, où l’on découvre l’abus que les adversaires de la pure morale et de la doctrine des SS. Pères font de la censure des propositions condamnées par cette constitution, s. 1., 1714, in-12 ; Mémoire sur la publication de la bulle Unigenitus dans les Pays-Bas, où l’on expose les raisons qui doivent empêcher d’en permettre la publication, avec divers écrits, s. 1., 1714, in-12 ; Second mémoire sur les propositions renfermées dans la constitution Unigenitus, qui regardent la nature de V Ancienne et de la Nouvelle Alliance, où l’on traite plus particulièrement de l’insuffisance de la loi cérémonielle et figurative pour conduire à la justice, s. 1., 1714, in-12 ; Délibération de l’assemblée des cardinaux, archevêques et évêques, tenue à Paris sur l’acceptation de la constitution…, avec des observations sur les actes concernatd son exécution et sa publication, s. 1., 1714, in-12 ; Venin des 101 propositions tirées des Réflexions morales de Quesnel sur chaque verset du Nouveau Testament, s. 1., 171 1, in-12 ; Lettres (12) d’un abbé à un évêque, où l’on démontre l’équité de la bulle Unigenitus, qui peuvent servir de réponse aux libelles qui ont paru contre cette constitution, s. 1., 1714, in-12 ; Du témoignage de la vérité dans l’Église : dissertation théologique où l’on examine quel est ce témoignage, tant en général qu’en particulier, au regard de la dernière constitution. Pour servir de précaution aux fidèles et d’apologie à l’Église catholique contre les reproches des protestants, s. 1., 1714, in-12 ; Les Hexaples ou les six colonnes de lo constitution Unigenitus, avec l’histoire du livre des Réflexions morales du P. Quesnel, et de ce qui s’est passé au sujet de la constitution, Amsterdam, 171 I, in-t », réédités en 1721 en 6 tomes, 7 vol. in-4°. (Les six colonnes comprennent : 1. le texte latin des 101 propositions ; 2. le texte français ; 3. le jugement de l’Écriture et des Pères ; 4. les remarques de l’auteur ; 5. la justification de Quesnel par lui-même ; 6. la doctrine des casuistes relâchés opposée à celle de Quesnel et des Pères) ; Lettre d’un théologien n l’auteur des Hexaples, dans laquelle on montre qu’il n’a fini que copier les auteurs protestants, par le P. Lallemant, jésuite, Paris, 1714, in-12 ; Réponse de l’auteur des Hexaples à la lettre du P. Lallemant, 1714, et Réponse du P. Lallemant n In lettre qu’il a reçue de l’auteur des Hexaples, Paris, 1711, in-12.

Anti-Hexaples ou Analyse des toi propositions du Nouveau Testament de Quesnel, condamnées par N. S. P. le pape Clément XI, pour servir de réponse aux Hexaples ou é-rit ù six colonnes par le P. Paul de l.yon. Lyon. 1715,

2 vol. in-12 (les six colonnes comprennent : 1. le sens propre et naturel des propositions ; 2. la conformité des sentiments fie Quesnel avec les hérétiques ; 3, la vérité

catholique opposée à la proposition condamnée ; i. les réponses aux principaux passages de l’Écriture et des Pères, cités par les Hexaples ;.">. l’application à chaque proposition de la qualification qui lui convient ; t>. le* différentes erreurs des propositions condamnées) ; Cinquième mémoire de Quesnel (sur les prop..Mi a 07), en date

du 14 juillet 1715, et Sixième mémoire de Quesnel (sur les prop. 68 à 86), en date du 28 novembre 1715, s. 1., in-12 ; Mémoire d’un avocat présenté à M. Amelot, conseiller d’État, au sujet de son voyage à Home, s. I., 1715, in-12 ; Réponses à diverses questions touchant la constitution, qui ont été proposées pour sujet de conférences ecclésiastiques du diocèse de Luçon en lïlh, s. 1., 1715, in-12 ; Examen théologique de V Instruction pastorale approuvée dans l’assemblée du clergé de France et proposée à tous les prélats du royaume pour l’acceptation et la publication de la bulle de N. S. P. le pape Clément XI du X septembre 1713, s. 1., 1715, 3 vol. in-12 ; cet écrit qui attaquait la bulle fut vivement critiqué, en particulier, dans deux écrits intitulés : Difficultés proposées à l’auteur de l’Examen théologique, où l’on fait voir l’équité de la constitution Unigenitus, et l’on justifie l’Instruction pastorale dressée en 17 14 par l’assemblée des évêques, s. 1., 1720, 2 vol. in-12, et Dénonciation de l’Examen théologique de l’Instruction pastorale approuvée dans l’assemblée du clergé de 1714, s. 1., 1723, in-12 ; Nouvelle défense de la constitution Unigenitus… oit l’on démontre l’héréticité de plusieurs et la fausseté de toutes les cent une propositions extraites du Nouveau Testament et condamnées par N. S. P. le pape Clément XI, le S septembre 17 13, et ensuite par toute l’Église, par M. Le Pelletier, docteur en théologie, Lyon,

1715, in-12, réédité plusieurs fois, à Lyon et à Avignon ; Justification de la constitution, où l’on réfute tout ce que le P. Quesnel et ses partisans ont écrit pour justifier les 101 propositions condamnées et pour combattre V Instruction pastorale des évêques de France, Lyon, 1715, in-12 ; Deux questions sur la constitution Unigenitus : 1. si on doit et on peut y obéir ; 2. si, en n’y obéissant pas, on encourt l’excommunication, s. 1., 1715, in-12 ; Difficultés sur la convocation et tenue d’un concile national en France, dans les circonstances actuelles, s. 1., 1715, in-12 ; L’unité, la visibilité, l’autorité de l’Église et la vérité renversées par la constitution de Clément XI Unigenitus et par la manière dont elle est reçue, par Basnage, Amsterdam, 1715, in-12 ; Suite des lettres instructives sur les erreurs du temps, où on répond aux questions et aux difficultés qu’on propose communément touchant la constitution Unigenitus, Lyon, 1715, in-12 ; Lettre à une dame de qualité où l’on examine jusqu’à quel point il est permis aux dames de raisonner sur les matières de religion (par le P. Daniel), Lyon, 1715, in-12 ; Lettre d’un évêque à un évêque touchant ce qu’il pense d’un écrit intitulé : Consultation sur la constitution de N. S. P. le pape Clément XI, 4 février 1716, s. 1., 1716, in-12 ; Septième mémoire de Quesnel (sur les propos. 87-101), en date du 15 juillet

1716, s. 1., 1716, in-12 ; Lettre du P. Quesnel à Mgr le cardinal de Rohan, 10 décembre 1716, s. 1., 1716, in-12 ; Lettre du P. Quesnel à Mgr V évêque de Poitiers, où il se justifie des excès que ce prélat lui attribue dans son mandement du 19 janvier 1716, touchant l’autorité de l’Église à l’égard de la sainte Écriture, s. 1., 1716, in-12 ; Lettre apologétique du P. Quesnel à Mgr V évêque et comte de Beauvais, pair de France, au sujet de son ordonnance du 14 juin 17 la et du discours fait aux curés de son diocèse, s. 1., 1716, in-12 (cette lettre peut aussi servir de réponse à diverses accusations répandues dans plusieurs mandements de quelques évêques ) ; Réflexions sur le système de l’auteur du Témoignage, s. 1., 1716, in-12 ; Témoignage de l’université de Paris au sujet de la constitution ou recueil de plusieurs écrits importants au sujet des assemblées de Sorbonne avec un mémoire sur la publication et l’enregistrement de la bulle, s. 1., 1716, in-12 ; Réfutation de deux mémoires séditieux qui ont paru à la fin de février 1716, touchant l’acceptation de la constitution Unigenitus, s. 1., 1716, in-12 ; Lettres d’un théologien à un évêque sur cette question importante : s’il est permis d’approuver les jésuites pour prêcher et pour confesser, s. 1., 1716, in-12 ; Mémoire où l’on examine si la constitution peut être reçue avec des explications, s. 1., 1716, in-12 ; Divers écrits sur l’obligation des rétractations par rapport à la constitution Unigenitus et sur l’impossibilité de l’acceptation même avec des explications, s. 1., 1716, in-12 ; Relation fidèle des assemblées de Sorbonne louchant la constitution Unigenitus, Anvers, 1716, in-12 ; Relation fidèle de ce qui s’est passé dans les assemblées de Sorbonne au sujet de l’enregistrement de la bulle du S septembre 1713 (favorable à la bulle), s. 1., 1716, in-12 ; Suite des assemblées de Sorbonne en 1716 et 1716, au sujet de la conclusion du 5 et 10 mars 17 14 sur l’enregistrement et l’acceplation de la bulle, contenant la relation des assemblées de Sorbonne où la faculté a déclaré n’avoir point reçu la bulle, s. 1., 1716, in-12 ; Lettre à un avocat, en date du 10 juin 1116, pour la réunion des

évêques au sujet fies propositions île la constitution l’niyenilus, suivie de plusieurs outres lettres, s. I., 1716, in-12 ; Projet de censure raisonnée dressé pur Mgr V évêque de Langres, qui a servi de fondement à la censure prononcée par l’assemblée ilu clergé de 1718 contre le livre îles llexaples, avec un Avertissement et des notes pour en rendre l’usage utile aux fidèles, s. 1., 1716, in-12. Durant cette année parurent de nombreux mandements d’évêques pour la publication de la bulle : évêque d’Apt (1°’mai 1716), archevêque de Reims (5 octobre et 4 décembre 1716), évêque de Beauvais (14 décembre 1716), etc.

La constitution règle de foi ou l’on montre qu’elle est fondée sur la doctrine de l’Église, de saint Paul et de saint Augustin ; gu’elle est un jugement de toute l’Église et que ceux qui lu combattent tombent en contradiction, Anvers, 1717, in-12 ; Justification du droit et de la canonicilé de l’appel interjeté au concile général de la bulle Unigenitus par Nosseigneurs les quatre évêques, s. 1., 1717, in-12 ; Plainte et protestation du P. Quesnel contre la condamnation des cent une propositions, avec un ample exposé de ses vrais sentiments opposés aux sens erronés qui lui sont faussement imputés dans l’Instruction pastorale des 40 évêques, s. 1., 1717, in-12 ; De la nécessité de l’appel des Églises de France au futur concile général de la constitution Unigenitus. Pour la défense de l’ancienne doctrine, de la morale, de la discipline et de la police de l’Église et de la liberté des Églises catholigues attaquées par cette constitution et par V Instruction pastorale de l’assemblée des 40 évêques, s. 1., 1717, in-12 ; Dissertation sur l’appel interjeté de la constitution au futur concile général, 15 avril 1717, s. 1., 1717, in-12 ; Lettre d’un évêque à Mgr le cardinal de Nouilles sur son appel, 20 mai 1717, s. 1., 1717, in-12 ; Lettre circulaire de Mgr de Bissy, cardinal et évêque de Meaux, aux évêques de France, 26 juillet 1717, s. 1., 1717, in-12 ; Dénonciation du traité philosophique et thêologigue de M. Dupin sur l’amour de Dieu, aux évêques catholiques, 20 août 1717, s. 1., 1717, in-12 ; Observation sur la lettre circulaire de Mgr de Bissy aux évêques de France, Ie’septembre 1717, s. 1., in-12 ; Lettre A M…, servant de réponse à M. Basnage sur son livre de L’unité et d’éclaircissement au Témoignage de la vérité, s. 1., 1717, in-12 ; Seconde lettre de M… à M… sur les conférences de nos prélats au sujet de la constitution, s. 1., 1717, in-12 ; Deux lettres à Mgr l’évêque de Senez touchant la nature de la grâce actuelle, pour servir de réponse à ce qu’un auteur anonyme en a dil dans deux lettres adressées ci ce prélat contre l’Examen théologique de l’Instruction pastorale approuvée dans une assemblée de plusieurs cardinaux, archevêques et évégues de France en 1713 et 1714, s. 1., 1717, in-12 ; Mémoire fait en 1717, où l’on démontre que l’appel interjeté de la bulle au futur concile est manifestement nul et insoutenable, s. 1., 1717, in-12 ; Mémoires et réflexions sur la constitution Unigenitus de Clément XI et sur l’Instruction pastorale des 40 prélats acceptants par M…, docteur de Sorbonne, avec plusieurs lettres très curieuses de quelques évêques contre cette bulle, et deux mémoires, l’un sur la convocation d’un concile national par le célèbre N. N. avocat au Parlement de Paris, et l’autre sur les libertés de l’Église gallicane, où l’auteur, en défendant ces libertés, réfuie la prétendue infaillibilité du pape et censure avec sévérité la conduite des jésuites, Amsterdam, 1717, in-12 ; Du renversement des libertés de l’Église gallicane dans l’affaire de la constitution Unigenitus, s. 1., 1717, 2 vol. in-12, par M. Le Gros (nouv. édit. revue et augmentée ) ; Relation, en forme de lettres, de la désolation de l’Église d’Orléans, depuis que les trois premiers chapitres, et onze curés de la même ville ont fait leur déclaration publique qu’ils n’ont point accepté la constitution Unigenitus, s. 1., 1717, in-12 ; Acte d’appel interjeté le l tT mars 1717 par Mgrs les évêques de Mirepoix, Senez, Boulogne et Montpellier, avec un recueil de pièces pour justifier cet appel ou qui y ont rapport, s. 1., 1717, in-12 ; Mémoire dans lequel on examine ces deux questions : 1° si l’appel de la constitution Unigenitus des 4 évêques de France auquel la faculté de théologie de Paris et un grand nombre de particuliers ont adhéré, est légitime et canonique ; 2° quelle est la force de cet appel ?, s. 1., 1717, in-12 ; Consultations si on doit avoir égard aux censures que l’on pouvait porter contre ceux qui ont fait appel de la constitution au concile général, s. L, 1717, in-12 ; Nouveau mémoire sur les appels des jugements ecclésiastiques où l’on examine : 1. la justice et la force des appels aux conciles en général et en particulier de celui qui est interjeté de la constitution Unigenitus par les quatre évêques auxquels se sont joints plusieurs autres prélats, facultés, chapitres, curés, communautés ecclésiastiques… ; 2. la nécessite (il

I NIGENITUS (BULLE]

l’MTAIil E N S

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d’adhérer à cet appel pour rétablir la paix et la tranquillité de l'Église dans le royaume, s. 1., 1717, in-12 ; Pièces importantes en faveur de la constitution Unigenitus (contenant divers mandements publiés en 1717), Bruxelles, 1717, in-12 ; Projet de réunion des évêques refusants et acceptants la constitution Unigenitus, Amsterdam, 1717, in-12 ; Dîners écrits sur l’obligation des rétraclatiotts par rapport à la constitution Unigenitus et sur l’impossibilité de l’aceeptation même avec des explications, s. 1., 1717 in-12.

Témoignage de l'Église universelle en faneur de la bulle Unigenitus, Bruxelles, 1718, in-12 ; Renversement de la constitution ou très humbles représentations d’un curé titulaire à son éuêque sur la constitution Unigenitus du pape Clément XI, avec ses réflexions sur chacune des cent une propositions condamnées par ladite constitution, s. 1., 1718, in-12 ; Examen du mémoire présenté à S. A. R. Mgr le duc d’Orléans, régent du royaume, pour la défense de l’Université contre un mémoire de quelques prélats de France, Bruxelles, 1718, in-12 ; Traité du schisme, Bruxelles, 1718, in-12 ; Réfutation abrégée du livre qui a pour titre : Traité du schisme, où l’on justifie par le seul fait de la dispute de saint Cyprien avec le pape saint Etienne, les évêques et les théologiens qui refusent d’accepter la bulle Unigenitus de Clément XI, du crime de schisme que leur impute l’auteur de ce Traité, s. 1., 1718, in-12 ; Avis du cardinal de Rohan sur le projet de mandement de Mgr le cardinal de Nouilles pour l’acceptation de la bulle Unigenitus, communiqué par M. le maréchal d’IIuxelles, le À août 1718, Paris, 20 août

1718, in-12 ; Lettre de M. l’abbé… à Mgr l’ancien évêque de… 8 octobre 1718, s. 1., 1718, in-12 ; Précis de doctrine proposé pour devenir règle de foi et servir à faire recevoir la constitution Unigenitus dans tout le royaume, s. 1., 1718, in-12.

La vérité catholique sur la constitution Unigenitus de N. S. P. le pape Clément XI, démontrée en abrégé pour l’instruction des vrais fitlèles de l’archevêché de Trêves, par Mgr l'évêque de Bosmes, suffragant de Trêves, Trêves, 171'.), in-12 ; Instruction familière au sujet de la constitution Unigenitus, s. 1., 1719, in-12 ; Avertissement louchant les prétendus avis salutaires à MM. les protestants… avec un Avis aux censeurs et un aux jésuites, s. 1., 1719, in-12 ; Récapitulation ou conclusion de la dénonciation de l’Instruction pastorale de Mgr le cardinal de Rissy et de plusieurs autres écrits pernicieux à l'Église et à l'État, adressée d tous les archevêques et évêques, à tous les parlements, à toutes les universités, à tous les véritables Français, s. 1.,

1719, in-12 ; Instruction sur la doctrine de lu grâce, Bruxelles, 1719, in-12 ; Lettre de Mgr l'évêque île Soissons à Mgr l'évêque d’Angoulême, s. 1., 1719, in-12 ; Le système entier de Jansénius et des jansénistes, renouvelé par Quesncl dans les cent une propositions extraites de son livre intitulé : Réflexions morales, condamné par la constitution Unigenitus, s. I., 1719, in-12 ; Lettres et protestations du li. P. Gourdan, chanoine régulier de Saint-Victor de Paris, coidre la constitution Unigenitus et sur l’appel qui en a été interjeté pur Mgr le cardinal de Noailles, s. 1., 1719, in-12 ; Lettre du Président du Parlement de Paris à M. Joly de Fleury, Avignon, 1719, in-12 ; Réponses de Mgr l'évêque de Soissons a M…, sur le parti le plus sur dans les affaires de la bulle, s. 1., 1719, in-12 ; Les appelants de la constitution l ni grn il us convaincus de schisme, I. ou vain, 1719, in-12 ; Le faux schisme 'tes appelants et le vrai schisme de M. l’ureheuêque de Malines, démontrés par la lettre pastorale de ce prélat, avec des remarques sur les lettres pastorales de MM. les évêques de (, nnd et de Bruges, la nouvelle déclaration des ttpt Hurleurs de la faculté étroite de l.ouvain et de quelques autres libelles (par Jacques Fouillou), s. I., 1719, in-12 ; Le cri de la loi. on Recueil des différents témoignages rendus par plusieurs facultés, chapitres, curés, communautés ceclé gues et régulières, au sujet de la constitution Unigenitus., . I., 1719,.', vol. in-12 ; La vérité rendue sensible li tout le monde contre les défenseurs de la constitution I nigenttUS (par demandes et par réponses), ouvrage dans lequel

un détruit clairement toutes les difficultés qu’on oppose et eut i/iu niellent celle huile, s. |., 1719, in-12. (lin 17 12 ponil un écril intitulé : La vérité rendue sensible 1/ bail le monde sur les contestations dont l'Église est agitée, et, en

particulier, sur la constitution Unigenitus, Utrecht, 1712,

2 VOl. in-12, 1res différent du précédent.) ; Inscription en juin du /'. Quesnel Contre plusieurs calomnies avancées contre lui par quelques écrivains de Louvaln et dans une prétendue lettre publiée le / février i, tu, s. |., 1719, in-12 ; Sultt et preuves de l’inscription en faux du /'. Quesnel

contre les deux calomnies de Louvain et d’Angers (ouvrage posthume), s. 1., 1720, in-12 ; Réponse du P. Quesnel il quelques accusations portées contre lui par plusieurs de NN. SS. les évêques, avec l’acte de son adhésion au double api>el de Mgr le cardinal de Noailles, de la constitution Unigenitus et des lettres Pastoralis Ofjicii, au concile général, s. 1., 1719, in-12.

Les illusions, les calomnies et les erreurs de Mgr l'évêque de Marseille démontrées ou Justification des différents arrêts du Parlement de Provence, rendus contre ce prélat…, s. 1., 1720, in-12 ; Truite de l’autorité du pape dans lequel ses droits sont établis et réduits à leurs justes bornes et les principes des libertés de l'Église gallicane justifiés, La Haye, 172H, 4 vol. in-12 ; Difficultés proposées à l’auteur de l’Examen ' théologique où l’on fait voir l'équité de la constitution Unigenitus et l’on justifie l' Instruction pastorale dressée en 17 14 par l’assemblée des évêques, s. 1., 1720, 2 vol. in-12 ; Lettre d’un gentilhomme de Provence à L. M. D., au sujet des lettres de Mgr de Marseille contre les PP. de l’Oratoire, s. 1., 1721, in-12 ; Justification des PP. de l’Oratoire de Marseille contre les accusations de l'évêque de cette ville, s. 1., 1721, in-12 ; Nouveau catéchisme dressé sur la doctrine et sur les expressions de la constitution L’nigenitus en faveur de ceux qui se soumettent à la bulle, s. 1., 1721, in-12 ; Réponse à un écrit où l’on croit avoir trouvé le secret d’accepter la constitution Unigenitus en sûreté de conscience, et se mettre à l’abri des vexations dont on est menacé en refusant de l’accepter, s. 1., 1721, in-4° ; Défense de la grâce efficace par elle-même, par feu Mgr Pierre de La Broue, évêque de Mirepoix, Paris, 1721, in-12 ; Catéchisme historique et dogmatique sur les eontestalions qui divisent maintenant l'Église, où l’on montre quelle a été l’origine et les progrès des disputes présentes et où l’on fait des réflexions qui mettent en état de discerner de quel côté est la vérité (par J.-B. Fourquevaux), La Haye, 1729, 3 vol. in-12 ; Méthode pacifique pour finir toutes les difficultés de ceux qui jusqu’il présent ont refusé d’accepter la constitution Unigenitus, crainte de condamner les sentiments de saint Augustin et de saint Thomas, Liège, 1729, in-12 ; Explication abrégée des principales questions qui ont rapport aux affaires présentes, par demandes et par réponses ou par forme d’entretiens entre un ecclésiastique et un laïque, s. 1., 1731, in-12 ; Instruction familière en forme de catéchisme sur les promesses faites à l'Église, où l’on traite principalement de l’obscurcissement de la vérité et où l’on répond aux principales objections, soit des protestants, soit des partisans de la bulle, Utrecht, 1733, in-12 ; Parallèle de la doctrine des païens avec celle des jésuites, et de la constitution Unigenitus avec une instruction familière du P. D., jésuite, ailressée à tous les fidèles du diocèse de Raycux, Cacn, 1720, in-4° ; La constitution Unigenitus avec îles remarques où l’on fait voir l’opposition de la doctrine des jésuites à celle des saints Pères, contenue dans les propositions de Quesnel, l’trecht, 1737, in-12 ; Catéchisme sur l'Église pour les temps de trouble, suivant les principes eaposés dans l’Instruction pastorale de Mgr l'évêque de Senez, s. I., 1737, in-12 ; Traité dogmatique et théologique sur la bulle Unigenitus donnée jiar Clément A /, dans lequel on fixe les points de doctrine qu’elle condamne et dans lequel on examine la nature de l’autorité qui en exige la soumission (par Illiarrat de La Chambre), s. 1., 1738, 2 vol. in-12 ; La conformité de la doctrine de Luther et de Calvin avec celle de Quesnel au la condamnation des cent une propositions faite par le concile de Trente, Paris, 1788, in-12.

J. Garreyre.