Dictionnaire de théologie catholique/UTRECHT (ÉGLISE D') III. Nomination de vicaires apostoliques

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Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 431-432).

III. Les vicaires apostoliques.

Après la mort de Schenck, le pape Grégoire XIII, par un bref d’octobre 1583, désigna Sasbold Vosmer, natif de Delft, pour administrer le diocèse d’Utrecht. Cette nomination du premier vicaire apostolique pour le diocèse d’Utrecht a provoqué, chez les historiens jansénistes, de nombreuses remarques qu’il importe d’examiner. Dupac de Bellegarde, l’historien de l’Église d’Utrecht, répète que les vicaires apostoliques étaient de vrais évêques ; ils n’étaient pas dépouillés de la qualité d’évêques propres et de pasteurs ordinaires. Ce n’étaient point de simples vicaires du pape, amovibles à son gré, préposés pour le gouvernement d’Églises immédiatement soumises à sa juridiction… « Il doit demeurer pour constant que la qualité de vicaire apostolique n’était que la concession de pouvoirs particuliers, réservés au pape par la discipline présente de l’Église, ajoutés aux pouvoirs de l’Ordinaire. On peut même dire que cette concession particulière n’était pas nécessaire et que, dans le cas de nécessité où se trouvait cette Église, ses pasteurs ordinaires étaient en droit d’exercer tous les pouvoirs qui sont radicalement dans tous les évêques et qui ne sont réservés au pape que par le droit positif ecclésiastique. » Et il affirme que le nonce de Cologne aurait reconnu ce fait dans une réponse à Sasbold. L’historien va même plus loin : durant la vacance du siège épiscopal, « l’Église veuve conserve tous les pouvoirs qui ne sont point essentiellement dépendants du caractère épiscopal. » « L’autorité des évêques étant absolue 2393 UTRECHT (ÉGLISE D'). PREMIERS DEMELES AVEC ROME 2394

de droit divin et n'étant limitée que par le droit humain, l'évêque, de même que ceux qui tiennent sa place durant la vacance du siège, rentraient dans ce droit absolu, lorsque la restriction de ce pouvoir ne pouvait être observée qu’au préjudice du bien des âmes… »

Ainsi les vicaires apostoliques étaient les vrais évêques de ces provinces et, s’il y a eu de longues vacances, les sièges ont toujours été regardés comme subsistant. À cause des souverains protestants, on a dû cacher leur véritable titre d’archevêque d’Utrecht ou d'évêque d’Haarlem sous les noms de quelques Églises étrangères et un trop grand ménagement pour les idées ultramontaines a quelquefois porté à faire valoir leur qualité de vicaire apostolique, mais il est notoire qu’ils n’en exerçaient pas moins l’autorité et tous les pouvoirs d'évêques propres. Il en est à peu près de même des chapitres et spécialement du chapitre métropolitain d’Utrecht. Bref, la hiérarchie de droit divin serait restée entière, cachée sous divers camouflages, pour éviter les persécutions et poursuivre le ministère. Cette discipline était imposée par les circonstances.

Ces remarques de Dupac ne semblent pas d’accord avec les faits. Sasbold, le premier vicaire apostolique nommé par Rome, trouva une opposition de la part de quelques membres dispersés du chapitre et le meurtre du Prince d’Orange, le 10 juillet 1581, fut l’occasion de nouveaux troubles. Pour régler les affaires de l'Église hollandaise, Sasbold se rendit à Home, où il arriva le 17 avril 1602. Clément VIII le nomma archevêque in parti bus de Philippes et il fut sacré à Rome, le 22 septembre 1602. Dès lors, il exerça les pouvoirs de vicaire apostolique pour le diocèse d’Utrecht, en vertu d’un pouvoir délégué et que pouvait révoquer le nonce apostolique. Le bref du 30 octobre 1602 le dit expressément.

Sasbold ne porta jamais le titre d’archevêque d’Utrecht, bien que les historiens lui donnent parfois ce titre ; d’ailleurs, il ne put rentrer en son pays, car les Etats de Hollande l’avaient banni par un décret du 30 mai 1602. Il fixa sa résidence à Cologne et, en vertu d’une délégation du Saint-Siège, il établit des vicaires généraux qui, comme tels, administrèrent l'Église d’Utrecht jusqu'à sa mort, le 3 mai 161-1.