Dictionnaire de théologie catholique/UTRECHT (ÉGLISE D') VIII. L'archevêque d'Utrecht et les évèchés suffragants

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Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 440-441).

VIII. L’archevêque d’Utrecht et les évéchés suffragants. —

La mort de l'évêque de Babylone (14 mai 1742), posa un nouveau problème : Meindærtz restait seul évêque dans les Provinccs-Lnics ; s’il mourait sans avoir transmis le caractère épiscopal à un SUffragant, l'Église de Hollande risquait de n’avoir plus d'évêque. D’autre part, une question restait en diSCUSSton : le siège de I laarlem était vacant depuis 1587. le chapitre avait plusieurs fois affirmé son droit d'élire un évêque, mais il s'était toujours abstenu de l’exercer. Deux écrits avaient été rédigés sur ce point par Van Espen : Motivum juris pro capitulo llarlemensi, in-4o, 1703, et licfutalio responsioms ml Motivum, in-4°. 1703 ; ils avaient été adoptés par Swæn, doyen u chapitre d’I laarlem qui les publia sous son nom en 1713. lai 1720. onze curés et leur chef, Pierre Méganck, demandèrent le rétablissement du siège, et comme le chapitre ne voulait pas élire

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UTRECHT (ÉGLISE ])'). LE IIe CONCILE D’UTRECHT

un évêque, ils présentèrent une requête à l’archevêque d’Utrecht. Ils prétendaient que, le chapitre ne voulant pas user de son droit, celui-ci leur était dévolu, à eux, curés, en suite de quoi ils cédaient ce droit à l’archevêque. Cette requête ne fut pas écoutée ; aussi, en 1731, les onze curés décidèrent-ils d'élire un évêque, qui leur assurerait un gouvernement épiscopal, le seul canonique. Nicolas Petitpied se déclara opposé à cette prétention : les fidèles de Haarlem étaient trop peu nombreux pour avoir droit au rétablissement d’un évêché, qui n’avait été établi qu’au début du xvr 3 siècle. L’archevêque d’Utrecht pouvait suffire. Les curés songèrent alors à former un nouveau schisme. Méganck, leur conseiller, proposa un compromis : on élirait un vicaire général. La question fut de nouveau débattue, au temps de van Croon et de Meindærtz.

En 1742, pour assurer la conservation de l'épiscopal en Hollande, l'évêché de Haarlem fut rétabli. Les Nouvelles ecclésiastiques (16 mai 1768, p. 79) indiquent la raison capitale de ce rétablissement : « Après la mort de l'évêque de Babylone, on ne pouvait différer, sans exposer de nouveau l'Église de Hollande au péril évident de se trouver sans évêque. » Puisque le chapitre de Haarlem ne voulait pas élire un évêque, le métropolitain devait suppléer à sa négligence. Meindærtz, de concert avec son chapitre et « la plus saine partie du clergé de Haarlem », élut, le 26 juin 1742, Jérôme de Boeck, qui fut sacré le 2 septembre. Des lettres furent envoyées à Benoît XIV, qui répondit par deux brefs, le 1 er septembre et le 20 décembre 1742, déclarant l'élection de l'évêque de Haarlem nulle et illicite. C’est seulement le 27 mai 1743 que Boeck fit part aux chanoines de Haarlem de sa promotion ; ceux-ci protestèrent contre cette élection et contre le sacre de l'élu qu’on leur imposait et ils continuèrent à gouverner le diocèse, en vertu des pouvoirs que leur avait accordés le nonce apostolique. L’archevêque d’Utrecht et l'évêque de Haarlem, en juillet 1744, firent appel des deux brefs de Benoit XIV et déclarèrent nulles toutes les censures lancées par la cour de Rome depuis 1725 ; en octobre 1744, ils présentèrent au pape un corps de doctrine intitulé Expositio doctrinæ quoad controversias quæ inier catholicos agitantur. Cette exposition a été reproduite dans les Actes du IIe concile d’Utrecht.

Jérôme de Boeck mourut peu après et l’archevêque d’Utrecht élut à sa place, le 25 janvier 1745, Jean van Stiphout, qui fut sacré le Il juillet de la même année. Les chanoines de Haarlem protestèrent contre cette nouvelle démarche, le 25 février 1745, et Benoît XIV expédia deux brefs contre cette élection et ce sacre, le 26 juin et le 28 août 1745. La sévérité et la rigueur de Benoît XIV à l'égard de l'Église de Hollande surprit les jansénistes, de la part « d’un pontife si éclairé ». Il y eut alors des négociations cachées : la première eut pour principal agent un certain augustin d’Aix-la-Chapelle, nommé Antoine Hochkirchen, en 1744 ; un peu plus tard, le fameux P. Norbert, capucin, entra en relation avec Broedersen, doyen du chapitre d’Utrecht. Un Mémorial lui fut remis, signé par l’archevêque d’Utrecht, les chanoines d’LTtrecht et l'évêque de Haarlem, 1 er août 1747, qui repoussait avec intransigeance la bulle Unigenitus. En 1748, des amis de Meindærtz tentèrent un rapprochement avec le Saint-Siège et Benoît XIV confia l’examen de cette affaire à une commission de six cardinaux, qui, le 6 octobre 1748, fit connaître les conditions d’un rapprochement : souscription du Formulaire d’Alexandre VII et soumission aux constitutions pontificales qui condamnaient les erreurs de Jansénius et de Quesnel. Une décision du 1 er mai 1749 confirma la précédente et les démarches n’eurent pas de suite. Nouvelles ecclésiastiques du 6 mars 1771, p. 37.

Pour consolider l'Église de Hollande, Meindærtz décida, après quelques consultations, de créer un évêque pour le diocèse de Dcvenler. liarthélemy-Jean Byevelt, chanoine d’Utrecht, fut élu et cette élection lut notifiée à Benoît XIV qui répondit par un bref d’excommunication, le 29 décembre 1757. Meindærtz consacra Byevelt le 25 janvier 1758. Benoît XIV mourut le 3 mai 1758. À l’occasion de cette mort, Meindærtz qui lui avait écrit, quelque temps auparavant, dans les termes les plus iréniques, publia, le 22 mai, une lettre pastorale dans laquelle il fait l'éloge de ce pape ; « il déplore le malheur des temps et les tristes engagements qui n’avaient pas toujours permis à ce grand pape de suivre ses bonnes intentions », et il ordonne des prières pour le repos de son âme et pour obtenir du ciel un digne successeur.