Dictionnaire de théologie catholique/VALLA Joseph

La bibliothèque libre.
Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 496-498).

VALLA Joseph, prêtre de l’Oratoire († 1790).

Il était ne à L' Hôpital dans le Forez, lit ses études a Montbrison, professa les humanités et la philosophie au collège oratorien de Soissons et la théologie dans le séminaire de cette ville. Le collège de Lyon ayant été confié a l’Oratoire, M. de Montazet, l’archevêque, l’appela pour lui donner le même emploi qu’à 2ꝟ. 2 : î

VALLA (JOSEPH)

2524

Soissons ; voulant établir l’uniformité d’enseignement dans son séminaire, il demanda aux professeurs de se partager la rédaction des traités, afin que, de leur travail revu en commun, résultât un corps complet de doctrine qui pût être enseigné en trois ans. Valla fut le seul qui entra dans ses vues et fit imprimer Institutiones theologicæ ad usum scholarum accommodatæ, 6 vol. in-12, 1780, sans approbation, ni mandement de l’archevêque ; dans la préface, il en annonçait un court résumé qui parut la même année. Le livre était écrit dans un latin clair, correct et précis, les questions par trop scolastiques étaient utilement abrégées et les autres exposées avec netteté et une ampleur suffisante ; mais, sous des apparences discrètes, on trouvait les sentiments jansénistes de Mgr de Montazet : l’auteur évitait de parler des cinq propositions condamnées par les papes ; l’infaillibilité n’était accordée aux décisions de l’Église que par l’unanimité morale des pasteurs ; parmi les dogmes, Valla distingue ceux qui sont renfermés dans la profession manifeste et constante des fidèles et ceux qui ne sont pas encore sortis des grands flots de la dispute et qui ne sont point parvenus à une vérité manifeste. T. i, p. 433. Le pontife romain est inférieur en autorité au concile général qui est le juge suprême et infaillible des controverses sur la foi. T. i, p. 480. Le pape peut se tromper même quand il enseigne ex cathedra. Lorsque "Valla traite de la grâce, il reconnaît bien, théoriquement, que la volonté peut lui résister, mais, lorsqu’il en vient à préciser le mode de son efficacité, il admet qu’elle meut celle-ci d’une manière insurmontable et efficace de sa nature ; la thèse qui affirme que la grâce n’est pas donnée à tous et à chacun lui paraît plus conforme à la doctrine des Pères, des théologiens scolastiques et du concile de Trente. En morale, il reste d’une grande sévérité ; le confesseur, par exemple, ne peut, en dehors des cas de nécessité, absoudre que s’il a acquis la certitude de la conversion du pénitent, non seulement par ses promesses, mais par ses actes. T. iv, p. 332 sq.

Les gallicans pouvaient être aussi satisfaits que les jansénistes : les princes chrétiens ont le droit de convoquer les conciles, quand la tranquillité de leur État le demande ; les décrets des conciles généraux relatifs à la discipline n’obligent que si le prince les approuve. T. i, p. 424. Dans le traité du mariage, il donne beaucoup plus d’autorité aux lois civiles qu’aux lois ecclésiastiques. T. i, p. 457. La question des empêchements donna même lieu à une réponse de Tabaraud qui, avec Charrier de la Roche, avait collaboré à l’ouvrage. Dans une soutenance à laquelle assistait M. Émery, le séminariste hésitait, le directeur allègue le concile de Trente, Tabaraud répond : Parum curamus quid definierit hoc concilium, dummodo slent pro nobis SS. Patres et præsertim, sanctus Augustinus. M. Émery, obligé d’enseigner cette théologie, prenait soin d’en signaler les erreurs ; il demanda, même à M. de Pompignan, évêque de Vienne, s’il ne devait pas quitter le séminaire de Lyon : celui-ci lui conseilla au moins d’attendre.

Les Prêtres de Saint-Sulpice furent invités à présenter leurs observations en vue d’une nouvelle édition qui parut en effet sous ce titre : Institutiones theologicæ auctoritate D. D. archiepiscopi Lugdunensis, ad usum scholarum suse diœcesis editæ, 6 vol. in-12, Lyon, 1784. L’approbation et le mandement, dans lequel l’archevêque traçait les règles à suivre pour l’étude et l’enseignement de la théologie, indiquaient suffisamment que, malgré quelques corrections, l’esprit de l’ouvrage restait le même.

Aussi bien, c’est sur cette édition que s’engagent les polémiques ; en 1785, paraissent Observations sur la

Théologie de Lyon, in-12 de 127 p., anonyme, mais de l’abbé Pey, chanoine de Paris, qui avertit l’auteur du profond murmure que son ouvrage a soulevé, lui reproche de ne pas dire un mot de Jansénius et des constitutions qui l’ont condamné, de nier la liberté de l’homme et d’en faire un esclave de la grâce ou de la cupidité. L’archevêque « ne peut faire cesser de justes murmures, ni réparer le scandale qu’elle cause (sa théologie) qu’en désavouant d’une manière authentique un ouvrage si opposé à ses principes véritables ». P. 123. Les Nouvelles ecclésiastiques, probablement sous la plume de Valla lui-même (l’abbé Pey l’affirme), profitent des assertions quelquefois erronées pour critiquer vivement les Observalions ; elles accusent l’auteur d’omettre un non, ce qui rend affirmative une proposition négative (voir année 1786, 1 er mai, p. 72 ; Il et 18 décembre 1786, p. 197, 201 ; elles feront encore l’éloge de la Théologie de Lyon en 1788, p. 106 ; 1790, p. 125). En 1787, l’abbé Pey donne une seconde édition des Observalions et y ajoute Réponse au gazetier janséniste, in-12 de 243 p. Le ton est assez aigre et sent plus la polémique que la véritable critique : « Quand on cherche à répandre secrètement le poison, il faut bien se fâcher contre ceux qui dévoilent nos manœuvres. » P. 126. C’est par oubli, non par mauvaise volonté qu’il a rendu affirmative une proposition négative. Il termine par Lettre d’un jeune docteur de la faculté de Paris à un jeune ecclésiastique de Lyon au sujet d’un libelle intitulé Observations, p. 178, et par Lettre d’un séminariste à l’auteur des Observations, p. 186, dont on a peine à saisir le sens ; il parle des convulsions du cimetière Saint-Médard et des prétendus miracles jansénistes. On lui répond par Défense de la Théologie de Lyon ou Réponse aux Observations d’un anonyme contre cette théologie, 1788, in-12 de 415 pages ; Feller attaque Valla dans son journal et réunit ses articles dans Lettres d’un curé. Bigy, prêtre français déporté pendant la Révolution, répond à Feller par deux lettres du 25 novembre 1793 et du Il février 1794 et tire avantage des erreurs commises. Voir Nouvelles ecclésiastiques du 26 février, 5 et 12 mars 1794.

Une troisième édition fut donnée en 1785 et une autre en 1790, Institutiones… nunc primum observationibus illustratæ et notis apologeticis vindicatæ par P. Molinelli, piariste, 6 vol. in-8°, Lyon et Gênes, 1790. La théologie de Lyon fut mise à l’Index par décret du 17 décembre 1792. Admise seulement dans deux diocèses de France, elle cessa même d’être enseignée à Lyon après la mort de Mgr de Montazet, 1788 ; mais elle se répandit en Italie, en Allemagne, en Espagne et en Portugal et jusqu’aux Antilles.

L’archevêque avait engagé Valla à rédiger également un manuel pour la philosophie ; celui-ci publia Institutiones philosophicæ auctoritate D. Archiepiscopi Lugdunensis ad usum scholarum sute diœcesis editæ, Lyon, 1782, cinq vol. in-12 (Voir Nouv. eccl., 28 mars 1784), réimprimées sous ce titre Institutionum philosophicarum cursus ad usum studiosæ juventutis præsertim seminariorum accommodatæ, Lyon, 1808, 3 vol. in-12 ; idem., 1813. Le P. Valla mourut en 1790 à Dijon où il s’était retiré.

Outre les références données dans le texte, art. Montazet, t. x, col. 2370 et Théologie de Lyon ; Degerts, Histoire des séminaires français, t. ii, p. 267 sq. ; Gosselin, Vie de M. Émery, t. i, p. 117, 118, 208, 209 ; Ingold, Supplément à l’essai de bibliographie oralorienne ; Méric, Histoire de M. Émery, t. i, p. 26 ; Michaud, Biographie universelle, art. Valla ; Ami de la religion, 18 décembre 1820, t. XXII, p. 168-170 ; Paul Dudon, J’aime Balmès, dans Études, 5 mars 1933, p. f>68.

A. MOLIEN.

2525

VALLA (LAURENT)

VALOIS (HENRI DE)

2526