Dictionnaire de théologie catholique/ZECH François-Xavier

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Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 1077-1078).

ZECH François-Xavier, jésuite allemand, canoniste (xviiie s.). — Né en 1692, à Ellingen (Franconie), il entra dans la Compagnie de Jésus en 1712. Il enseigna la philosophie et la théologie et surtout, pendant plus de trente ans, le droit canonique, particulièrement à Ingolstadt, où il succéda au célèbre P. Pichler (voir ici t.xii, col. 1609), dont il avait été l’élève. En 1768, il se retira à Munich, où il mourut en 1772. « Zech est un des meilleurs canonistes de son ordre et de son époque. Il tint compte des circonstances du temps en joignant l’exposé du droit allemand à celui du droit canonique. Tous ses écrits sont très utiles. » Fr. von Schulte, Geschichte der Quellen und Literatur des canonischen Rechtes, t. iii, 1880, p. 180. Nous n’avons pas à nous étendre ici sur son importance et ses doctrines comme canoniste ; il intéresse ce Dictionnaire surtout par son ouvrage important sur le prêt à intérêt et l’usure, que nous mentionnons en dernier lieu, bien qu’il précède partiellement les autres en date.

Principaux ouvrages. — Prsecognita juris canonici, ad Germanise catholiese principia et usum accommodata, Ingolstadt, 1749, réédition ibid., 1756, exposé des éléments et des principes du droit canonique, « un des écrits les plus utiles publiés jusqu’alors ». Schulte, loe cit. — Hierarchia ecclesiastica, ad Germanise catholiese principia et usum delineata, Ingolstadt, 1750.

— De jure rerum ecclesiasticarum, ad Germanise catholiese principia et usum, 2 vol., ibid., 1758-1762. — De judiciis ecclesiasticis, ad Germanise catholiese principia et usum, 2 vol., ibid., 1765-1766. L’ouvrage contient une dissertation spéciale contre Febronius, qui répondit par une apologie intitulée : Notas critiese brèves in ea quæ… P. F. X. Zech adoersus pacificum Febronii systema nuper edidit (cf. Zaccaria, Antifebronius vindicatus, éd. de Borne, 1843, p. 11). — Compendium juris canonici, ibid., 1750.

L’ouvrage pour nous le plus intéressant a pour titre Rigor moderatus doctrinse pontificise circa usuras a SS. D. N. Benedicto XIV per epistolam encyclicam episcopis Italise traditus, ab Ingolstadiensi Academia constanter assertus, Dissertatio P, Ingolstadt, 1747 ; Dissertatio IP, specimina exhibens moderationis pontificise a P. Daniele Concina violatæ, ibid., 1749 ; Dissertatio IIP, specimina ulleriora exhibens…, ibid., 1751. Les trois parties furent plusieurs fois rééditées ensemble : Ingolstadt, 1752, Venise, 1761, 1762. C’est un traité sur le prêt à intérêt et l’usure, à propos de la célèbre lettre encyclique aux évêques d’Italie Vix pervenit, du Il nov. 1745 ; cf. Denz.-Bannw., Enchiridion, n. 1475 sq. Il est dirigé, surtout dans les deux dernières parties, contre le dominicain Concina, qui venait de publier deux écrits, dans lesquels il attaquait l’Université d’Ingolstadt et en particulier le P. Pichler comme soutenant en cette matière une doctrine contraire à l’enseignement de l’Église ; voir ici Concina, t. iii, col. 697-698. Le P. Zaccaria l’a Inséré dans son Thésaurus theologicus, t. viii, p. 518701, mais en supprimant les passages trop uniquement polémiques ; Migne a reproduit ce texte abrégé dans son Theologise cursus completus, t. xvi, col. 765-996. L’ouvrage, très documenté, est d’un grand intérêt pour l’histoire des controverses sur le prêt à intérêt et l’usure au xviii 8 siècle ; il garde encore aujourd’hui sa valeur, comme l’attestent par exemple les nombreux passages qu’en cite ou reproduit le P. Vermeersch dans son De justitia. Zech n’admet en aucune manière que le prêt (mutuum) puisse être par lui-même une cause légitime de gain ; mais il maintient que celui-ci peut se justifier par des titres extrinsèques au prêt, titres qu’il examine en détail. À propos de la question si vivement discutée de l’intérêt de 5 %, il donne une documentation abondante et précieuse sur la pratique et les discussions en Allemagne, surtout en Bavière. Il admet cet intérêt comme licite, en dehors du simple prêt, dans le cas de certains contrats. Il pose ce principe général : est légitime tout contrat de ce genre, qui charitatis et justitiæ legibus non adversetur, reipublicæ simul sit utilis et a principibus permissus. Diss. II, c. ii, sect. viii. L’ouvrage contient un chapitre très riche en renseignements historiques sur les monts de piété. Diss. II, c. i, sect. v.

Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. viii, col. 1474-1778, t. ix, col. 912 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. v, col. 203-204 ; Allgemeine deutsche Biographie, t. xxiv, 1898, p. 737 (Fr. v. Schulte, voir aussi son ouvrage cité dans le texte) ; Biographie universelle, t. lii, Paris, 1828, p. 177-178.

J.-P. Grausem.