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Dictionnaire des patois romans de la Moselle/Introduction

La bibliothèque libre.
Librairie Istra ; Faculté de lettres de l’Université de Strasbourg (p. x-xi).



INTRODUCTION.


La partie du département de la Moselle sur laquelle ont porté nos investigations est comprise entre la frontière linguistique tracée par This[1] et la frontière politique qui séparait jusqu’en 1918 la Lorraine de la France. Ce territoire peut être divisé en différents groupes dialectaux qui se distinguent rigoureusement entre eux.

1. Le langage parlé au nord-ouest de Metz, dans la vallée de la Fensch et plus au nord, est désigné par la lettre F.

2. Celui du Pays-Haut est parlé sur les hauteurs qui s’étendent à l’ouest et en aval de Metz jusque vers l’Orne ; nous le dénommons P.

3. L’idiome parlé entre Moselle et Seille et un peu plus à l’est de cette dernière rivière s’étend dans la vallée de la Moselle environ jusqu’à Richemond ; il est désigné par I, initiale du nom anciennement porté par une partie de cette contrée, l’Isle.

4. Le patois messin parlé sur la rive droite de la Moselle, au nord-est de Metz, nous le nommons M.

5. Le groupe désigné par la lettre N est traversé par la Nied. Il se divise en deux parties qui se distinguent par certaines particularités du vocalisme. Voir F. Dosdat, op. cit., p. 2.

6. Un groupe dialectal situé au sud et au sud-est du précédent, le Saunois, est désigné par la lettre S. Il s’étend jusqu’à la chaîne des Vosges.

7. Le Vosgien, séparé du groupe précédent par la montagne dont il tire son nom, est représenté par la lettre V.

Ces sept groupes sont séparés entre eux par des frontières naturelles. Là où la nature n’intervient pas, il existe une sorte de marche neutre où l’on parle un langage mixte, formé d’emprunts faits à l’un et à l’autre groupe. Cette marche est particulièrement étendue entre N et S ; elle est formée de deux parties plus ou moins grandes, selon que les particularités de l’un de ces dialectes sont plus ou moins prépondérantes. La carte ci-jointe fournit les précisions nécessaires.

Le vocabulaire est à peu près le même dans M, I, P, N ; celui usité dans F et S est différent et présente des divergences plus prononcées encore avec V qui, de son côté, a beaucoup de mots communs avec S. Il existe entre F et S, pour certaines terminaisons ainsi que pour le vocabulaire, une affinité que je ne puis encore expliquer. Il faut aussi faire remarquer qu’il y a bien plus d’infiltrations de mots français dans le langage parlé dans F que dans tous les autres groupes de patois de notre pays.

  1. this, c., Die deutsch-französische Sprachgrenze in Lothringen, fasc. i des Beiträge zur Landes- und Volkskunde.