Dictionnaire des proverbes (Quitard)/babouin

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babouin. — Baiser le babouin.

C’était autrefois l’usage, dit Richelet, de tracer avec du charbon sur la porte ou sur le mur d’un corps de garde certaine figure grotesque qui représentait d’ordinaire un babouin (espèce de gros singe dont la queue est très courte et le museau très allongé), et lorsqu’un soldat avait commis quelque faute, il était condamné par ses camarades à baiser cette figure. Ce qui donna lieu à l’expression proverbiale Baiser le babouin, c’est-à-dire faire des soumissions honteuses et forcées.

Taisez-vous, petit babouin ; laissez parler votre mère qui est plus sage que vous.

C’est ce qu’on dit à un jeune étourdi qui veut se mêler de la conversation des personnes âgées ou qui tient des propos déplacés. Ici le mot babouin, dérivé du latin babus, babuinus, signifie bambin.

Nos vieux parémiographes attribuent à ce proverbe l’origine suivante, qui a tout l’air d’un conte fait après coup.

Une jeune villageoise, atteinte du mal secret qui fait mourir les bergères, allait, soir et matin, se prosterner devant une image de Vénus tenant par la main son fils Cupidon, et là, dans l’effusion de son ame, elle priait presque à haute voix la déesse qui prend pitié des cœurs en peine d’opérer sa guérison, en lui faisant épouser un beau jeune homme qu’elle aimait. Certain espiègle caché derrière l’autel, l’ayant entendue, voulut s’amuser à ses dépens, et s’écria malignement : Ce beau jeune homme n’est pas pour vous. La suppliante ingénue crut que ces mots étaient partis de la bouche de Cupidon, et elle répliqua d’un ton de dépit : Taisez-vous, petit babouin ; laissez parler votre mère qui est plus sage que vous.