Dictionnaire des proverbes (Quitard)/bague

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bague. — Avoir une belle bague au doigt.

C’est posséder une belle propriété dont on peut se défaire aisément avec avantage ; c’est occuper un emploi qui rapporte de bons honoraires sans assujettir à un grand travail. — Cette expression est un reste de l’usage observé autrefois en France, pour mettre en possession les acquéreurs et les donataires, et nommé l’investiture de l’anneau, parce qu’un anneau sur lequel les parties contractantes, avaient juré était remis au nouveau propriétaire comme un titre spécial de la propriété. Afin de constater l’ancienneté de cet usage, qui avait lieu particulièrement pour la saisine du fief ecclésiastique, je citerai l’acte de fondation du monastère de Myssy, nommé depuis Saint-Maximin, aujourd’hui Saint-Mesmin-sur-Loiret, qui fut donné à Euspice et à son neveu Maximin par Clovis, en 497, un an après la bataille Tolbiac. Le texte porte : Per annulum tradidimus ; nous avons livré par l’anneau. C’est la première fondation de ce genre qu’ait faite un monarque franc.

On employait autrefois une autre expression proverbiale qui avait quelque rapport au même usage : Laisser l’anneau à la porte, c’est-à-dire faire l’abandonnement de sa maison et de ses biens.

Bagues sauves.

On dit d’une personne qui sort heureusement d’une affaire ou d’un péril, qu’elle en sort bagues sauves. Ce qui est pris de la formule militaire Sortir vie et bagues sauves, qu’on emploie dans les capitulations pour garantir à une garnison qu’en évacuant la place elle sera à l’abri de toute attaque et conservera ses bagues ou bagages.