Dictionnaire des proverbes (Quitard)/corps-saint

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corps-saint.Enlever quelqu’un comme un corps-saint.

C’est l’enlever promptement, de vive force, sans qu’il ait le temps ni le moyen de résister.

Corps-saint n’est point, comme l’ont cru plusieurs étymologistes, une corruption de corsin ou cahorsain, double nom d’usuriers italiens, qui appartenaient, dit-on, à la famille des Corsini, célèbres marchands de Florence, et qui s’étaient établis à Cahors, lesquels, étant venus à Paris, furent enlevés, dans une nuit, par ordre de l’autorité supérieure. Le mot est écrit ainsi qu’il doit l’être, et désigne réellement le corps d’un saint. Rien n’était plus commun, au moyen âge, que l’enlèvement d’une telle relique fort précieuse pour les bourgs et villes qui en avaient la possession, à cause de la nombreuse affluence de fidèles et de pèlerins qu’elle y attirait. Cet enlèvement était considéré comme une œuvre pie par ceux qui le fesaient, et ils y employaient beaucoup d’adresse, de promptitude et quelquefois de violence, pour mettre en défaut la vigilance des légitimes propriétaires. L’historien d’Abbeville dit : « Le grand nombre de corps saints que renferme l’abbaye de Sainte-Saulve, de Montreuil, n’est-il pas un témoignage de la cupidité des comtes de Flandre ? Ces corps saints n’ont-ils pas été tous volés ? Le nez de saint Wilbrod ne provient-il pas du prieuré de Wetz, en Hollande ? le nombril de saint Adhelme, d’un monastère normand ?