Dictionnaire des proverbes (Quitard)/devise

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devise.Entendre la devise.

C’est-à-dire les propos galants. Cette expression se trouve dans une ancienne pièce qui a pour titre : Nouvelle moralité d’une pauvre fille villageoise, laquelle aima mieux avoir la tête coupée par son père que d’être violée par son seigneur, faicte à la louange et honneur des chastes et honnestes filles, à quatre personnages. Le valet du seigneur dit à la jeune villageoise qui repousse les propositions qu’il vient lui faire de la part de son maître :

Vous n’entendez point la devise,
Pauvre sotte !

Le mot devise est un des plus anciens de la langue française, et depuis près de huit cents ans il y a peu d’auteurs chez lesquels il ne se trouve employé en sens divers, comme le remarque le père Ménétrier dans la Science et l’Art des devises. Geoffroy de Villehardouin, sous Philippe-Auguste, donne le nom de devise à un testament. Devise se prend pour volonté dans une traduction manuscrite d’Ovide faite sous le règne de Jean-le-Bon : Lors fera Diex (Dieu) à sa devise. Les limites et bornes des champs s’appelaient aussi devises, apparemment du latin dividere, diviser. Enfin le même terme servait aussi à désigner les habits mi-partis de deux couleurs, comme ceux des échevins de quelques villes, les livrées, les armoiries et plusieurs autres choses qui distinguaient les personnes et marquaient leur dignité.