Dictionnaire des proverbes (Quitard)/frère
Mais son amitié n’est pas sûre.
Ce distique proverbial est une traduction de la phrase suivante de Cicéron : Cum propinquis amicitiam natura ipsa peperit, sed ea non satis habet firmitatis. (De Amicitià. cap. vi.) On voit que Legouvé ne doit pas avoir eu beaucoup de peine à faire ce vers charmant.
Un frère est un ami donné par la nature[1].
La borne sied très bien entre les champs de deux frères.
« C’est à la vérité, dit Montaigne, un beau nom et plein de dilection que le nom de frère ; mais ce meslange de biens, ces partages, et que la richesse de l’un soit la pauvreté de l’autre, cela destrempe merveilleusement et relasche cette soudure fraternelle. »
Il y a un proverbe espagnol qui dit : Partir como hermanos : lo mio, mio ; lo tuyo de entrambos. Partager comme frères : le mien est mien ; le tien est à nous deux. Remarquons pour l’honneur de la fraternité, que l’expression française Partager en frères exprime une pensée différente ; elle signifie : partager également, amiablement, sans contestation. Il faut avouer pourtant qu’elle est rarement exacte dans son application.
- ↑ Ce vers se trouve dans la tragédie de la Mort d’Abel, où il est déplacé pour deux raisons : 1o parce qu’il fait partie du rôle de Caïn ; 2o parce que c’était une chose fort difficile, au temps d’Abel et de Caïn, dit M. Ch. Nodier, qu’il y eût des amis au troisième degré.