Dictionnaire des proverbes (Quitard)/moine

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moine. — Se faire moine après sa mort.

Expression qui doit son origine à une dévotion singulière qui consistait à se faire enterrer avec un habit de moine, dans l’espérance qu’on échapperait par ce moyen aux griffes du diable. Cette dévotion, que Jean de Meung a critiquée dans le roman de la Rose, fut très commune dans le xiiie, le xive, le xve et le xvie siècle.

Jean de Brienne, empereur de Constantinople, mort en 1327, qui a été comparé par les poëtes grossiers de son temps à Hector, à Judas Machabée et à Roland, à cause de ses prouesses dans la Terre-Sainte, eut l’ambition d’entrer au paradis revêtu de la robe d’un cordelier. — En 1502, Gilles Dauphin, général des cordeliers, voulant témoigner sa reconnaissance des bienfaits que son ordre avait reçus du Parlement de Paris, accorda aux membres de ce parlement la permission de se faire enterrer en habit de cordelier. (Registres du parlement, 27 janvier 1502.)

Mieux vaut gaudir de son patrimoine que le laisser à ribaud moine.

Il vaut mieux dépenser son bien dans les plaisirs que le laisser à quelque couvent où il ne servirait qu’à entretenir le déréglement des moines. — Ce vieux proverbe, cité par G. Meurier a rapport à l’usage presque général, sous le règne de saint Louis, de faire des legs en faveur des monastères et des églises. Un autre proverbe dit : Grande chère et petit testament, les prêtres sont trop riches. En effet, le clergé regorgeait alors de richesses provenues des donations multipliées des fidèles auxquels on persuadait que leurs pieuses libéralités dans ce monde leur seraient rendues dans l’autre avec usure.