Dictionnaire des proverbes (Quitard)/partage

La bibliothèque libre.

partage. — C’est le partage de Montgommery, tout d’un côté et rien de l’autre.

Montgommery est le nom d’une illustre famille de Normandie, où la coutume voulait que les aînés eussent presque tout. Cette famille a été choisie sans doute de préférence à toute autre pour figurer dans la phrase proverbiale, à cause des biens et des priviléges nombreux qu’elle possédait, et peut-être aussi à cause des abus non moins nombreux qui s’y joignaient. — Il n’y avait pas, dans la haute Normandie, de terre dont la mouvance eût autant d’étendue que celle du comté de Montgommery. On comptait cent cinquante fiefs ou arrière-fiefs qui en relevaient, suivant un dénombrement fait en 1548 et déposé à la Bibliothèque royale.

C’est le partage de Cormery.

Expression synonyme de la précédente. — Il y avait en Touraine une célèbre abbaye de ce nom, fondée par Alcuin, la vingt-deuxième année du règne de Charlemagne, qui la dota de la plus grande partie des biens des moines de Saint-Martin de Tours, lorsque ces moines eurent été massacrés dans une émeute par les bourgeois de cette ville. Plusieurs couvents qui comptaient avoir le noyau de la succession, n’en ayant rien retiré, ou presque rien, furent très désappointés et se plaignirent de l’inégalité du partage, ce qui donna lieu, dit-on, à l’expression proverbiale.

Le fait sur lequel repose cette explication peut être controversé. Il est plus probable que l’expression est venue de ce que cormery signifiait autrefois cœur marri ; car, dans un partage fait de cœur marri, c’est-à-dire à contre-cœur, on cherche à donner le moins qu’on peut.