Dictionnaire des proverbes (Quitard)/pesant

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pesant. — Valoir son pesant d’or.

Cette expression, dont on se sert en parlant d’une personne recommandable par ses bonnes qualités ou d’une chose à laquelle on attache beaucoup de prix, fait allusion, dit M. Michelet, à la forme primitive du wehrgeld ou composition[1]. Le meurtrier devait contrepeser d’or le cadavre, donner un homme d’or pour celui qu’il avait tué ; et, quand ce poids ne suffisait point pour apaiser le parent de la victime, il était quelquefois obligé de l’augmenter, selon leur exigence. C’est ce qu’on peut conclure d’un passage du poëme des quatre fils Aymon, où Charles propose à Aymon de lui payer neuf fois le pesant d’or pour le meurtre de son cousin Hugo.

Ce qui se fesait pour racheter un meurtrier ou un criminel, se fesait aussi pour se racheter ou pour racheter quelqu’un d’une maladie. On offrait à Dieu ou à quelque saint le poids du malade en or, ou en argent, ou en cire. Grégoire de Tours (De Mirac. S. Martini) rapporte que Chararic, roi des Suèves, fit peser en or et en argent le corps de son fils malade, et envoya cette somme au tombeau de saint Martin, dans l’espérance que ce saint le guérirait.

  1. C’est le nom qu’on donnait à la somme taxée par les lois pour la réparation de quelque crime. « Les peines corporelles, dit M. Michelet, étaient rares, inexécutables, chez les Barbares. Ce n’était pas chose aisée de mettre la main sur un homme désespéré, pour lequel toute une tribu aurait combattu. Les représailles, d’ailleurs, n’auraient jamais fini. Il valait mieux éteindre la vengeance, faire payer le coupable. » De là vint l’usage du wehrgeld ou composition.