Dictionnaire des proverbes (Quitard)/poule

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poule.Qui naît poule aime à gratter.

Ce proverbe, synonyme de celui-ci, qui naquit chat court après les souris, s’emploie pour caractériser les penchants que l’on tient de son origine. On disait autrefois : Qui est extrait de gélines, il ne peut qu’il ne gratte.

C’est le fils de la poule blanche.

Le sens de cette expression proverbiale, que nous avons reçue des Romains, est très bien développé dans les vers suivants extraits de la IIIe Satire de Régnier :

Du siècle les mignons, fils de la poule blanche,
Ils tiennent à leur gré la fortune en leur manche ;
En crédit élevés, ils disposent de tout,
Et n’entreprennent rien qu’ils n’en viennent à bout.

Quant à son origine, elle est fondée sur cette anecdote rapportée par Suétone dans le début de la Vie de Galba. Un jour que Livie, peu de temps après son mariage avec Auguste, allait visiter sa maison de plaisance aux environs de Véïes, une aigle laissa tomber, du haut des airs, sur son sein, une poule blanche vivante qui tenait en son bec un rameau de laurier : accident fort singulier que les augures regardèrent comme un présage merveilleux. Aussi l’heureuse poule fut-elle prise en affection par l’impératrice et révérée à Rome à l’égal des poulets sacrés. Dès lors elle n’eut plus à craindre les serres d’aucun oiseau ravisseur, et elle pondit tranquillement ses œufs d’où l’on vit éclore une quantité de jolis poussins, qui furent élevés avec soin dans une belle ferme à laquelle on donna le nom de villa ad gallinas. C’est par allusion à ce sort prospère que Juvénal a dit :

Te nunc, delicias ! extra communia censes
Ponendum ? quia tu Gallinœ filius Albæ,
Nos viles pulli nati infelicibus ovis.

Penses-tu, homme amusant par ta simplicité, qu’on doive t’excepter de la loi commune, parce que tu es le fils de la poule blanche, et nous autres de vils poussins sortis d’œufs malheureux !

La poule ne doit pas chanter devant le coq.

Proverbe qui se trouve textuellement dans la comédie des Femmes Savantes, mais qui est antérieur à cette pièce, comme le prouvent ces deux vers de Jean de Meung :

C’est chose qui moult me desplaist,
Quand poule parle et coq se taist.

Quelques glossateurs prétendent que ce proverbe signifie qu’une femme qui se trouve avec son mari, dans une société, ne doit pas prendre la parole avant que son mari ait parlé, car, disent-ils, le mot devant est ici une préposition de temps qui remplace avant, comme dans cette phrase de Bossuet : « les anciens historiens qui mettent l’origine de Carthage devant la ruine de Troie. » Mais leur érudition grammaticale les a fourvoyés. Le veritable sens est qu’une femme doit se taire en présence de son mari. Un usage de l’ancienne civilité obligea pendant longtemps les femmes à demander aux maris la permission de parler, quand elles avaient quelque chose à dire devant des étrangers ; la preuve en est dans plusieurs passages de nos vieux auteurs, notamment dans la phrase suivante de l’Heptaméron de Marguerite de Valois, reine de Navarre : « Parlemante qui était femme d’Hircan, laquelle n’était jamais oisive et mélancolique, ayant demandé à son mari congé (permission) de parler, dist : etc. »

Les gens de la campagne disent : Quand la poule veut chanter comme le coq, il faut lui couper la gorge. Ce qui exprime, au figuré, une menace peu sérieuse contre les femmes qui se mêlent de discourir et de décider à la manière des hommes, et, au propre, une observation d’histoire naturelle. Cette observation est que la poule cherche quelquefois à imiter le chant du coq, et que cela lui arrive surtout lorsqu’elle est devenue trop grasse et ne peut plus pondre, c’est-à-dire dans un temps où elle n’est plus bonne qu’à mettre au pot.

Le même proverbe existe chez les Persans, qui en font l’application aux femmes qui veulent cultiver la poésie.

C’est une poule mouillée.

Cela se dit d’une personne timide, faible, peureuse, incapable de montrer la moindre énergie, parce qu’une poule, lorsqu’elle a été surprise par la pluie, se tient à l’écart, sans remuer, comme dans une espèce de honte et d’abattement. Il en est de même de la plupart des oiseaux, car ils ne peuvent guère voler dès que les barbes de leurs pennes ont été mouillées.

Les poules pondent par le bec.

C’est-à-dire que les poules font une plus grande quantité d’œufs, quand elles sont bien nourries.