Dictionnaire des proverbes (Quitard)/salade
salade. — Donner une salade à quelqu’un.
C’est le tancer, lui faire une correction. — La salade, dont il s’agit ici, est une espèce de casque léger, autrefois à l’usage d’un corps de cavalerie qui fut appelé corps des salades, comme on le voit dans les Commentaires de Blaise de Montluc : lorsqu’un soldat avait commis quelque faute, on lui mettait une salade sur la tête, et on le traitait de la même manière que les soldats auxquels on donnait le morion (Voyez ce mot), de là l’expression.
Voltaire a prétendu que de l’italien celata, qui signifie elmo, heaume, casque, armet, les soldats français, en Italie, formèrent le mot salade, de sorte que quand on disait il a pris sa salade, on ne savait si celui dont on parlait avait pris son casque ou des laitues.
Cette étymologie n’est pas tout à fait vraie. Le mot salade est beaucoup plus ancien que ne l’a cru Voltaire. Bertrand de Born l’a employé dans sa pièce de vers, qui a pour titre leu m’escondisc.
Escut al colh, cavalg’ieu ab tempier,
Et port sellat capairon traversier.
L’écu au cou, je chevauche avec la tempête, et porte en salade un chaperon traversier. On trouve celata et salada dans les Glossaires de Ducange et de Carpentier : celata vient du verbe latin celare (céler, cacher, couvrir), et salada est une altération de celata. On dit dans le patois du département de l’Aveyron sala (couvrir) et désala (découvrir). Celata et salada désignent donc proprement une couverture de tête.