Dictionnaire des sciences philosophiques/2e éd., 1875/Damiron (jean-philibert)

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Dictionnaire des sciences philosophiques
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DAMIRON (Jean-Philibert), né en 1794 à Belle- ville (RhôneL élève de Cousin, condisciple et ami de Jouffroy, est l’un des plus honorables représentants du spiritualisme au xix e siècle. Sa vie tout entière, dévouée à l’accomplissement du devoir, peut s’écrire en deux lignes. Admis à l’École normale en 1813, après quelques années passées en province, il revint à Paris professer la philosophie aux collèges Bourbon, Charlemagne, Louis-le-Grand, à l’École normale, et enfin à la Sorbonne. Cette existence paisible ne fut trou- blée qu’un moment ; la mort de Jouffroy lui causa une vive douleur, et le devoir qui lui fut imposé de publier ses Nouveaux mélanges phi- losophiques souleva contre lui des récrimina- tions passionnées qui durent bien étonner le meilleur des hommes. Mais, à part ce petit orage, il n’eut qu’à se louer de sa destinée et des hom- mes. Il mourut en 1862, entouré d’amis et de disciples, en possession d’une renommée mo- deste, mais durable, et surtout environné d’un respect que des génies d’un ordre supérieur n’ont pas obtenu au même degré. C’est un de ces hommes qui servent de témoignage à une doctrine, ou tout au moins la font aimer en montrant com- bien elle les rend vertueux et bienveillants. Les mentes de l’esprit n’étaient pas chez Damiron inférieurs à ceux du caractère; ses ouvrages ne renferment sans doute aucune de ces conceptions originales qui donnent la gloire ; mais ils ne man- quent pourtant pas de vues neuves et d’heureuses observations. Ce qui lui donne un rang à part, quoique un peu secondaire, dans l’école de M. Cou- sin, c’est qu’il en est le moraliste et pour ainsi dire le prédicateur. En toute chose c’est la question morale qui l’intéresse: c’est elle qui inspire ses travaux, il ne la perd pas de vue, et entend qu’on le sache bien, dût-il le répéter un peu trop souvent. Cette religion du devoir lui sert de principe de critique dans ses ouvrages historiques : Essais sur l’histoire de la philoso- phie en France au xvn e siècle, Paris, 1846, — <iu xvni siècle, Paris, 1862, — au xix e siècle, Paris, 1834. Un système qui ne peut se concilier avec la foi au beau, à Dieu, et a la vie future, est pour M. Damiron une erreur: et prouver qu’il contredit ces croyances, c’est a peu près le réduire à l’absurde. Tel est encore le carn tère dominant de son seul ouvrage dogmatique, le l’ours de philosophie, Paris, 1842. Certes, M. Damiron a comme loulc son école le timent de l’importance de la psychologie, niais fl estime qu’elle est un moyen pour nom apprendre notre destinée et pour nous dicter nos devoirs; ta logique elle-même n’est pas traite à cette subordination, et la méthode s guère qu’une bonne habitude, c’est-à dire vertu de l’intelligence, pour laquelle le vi- le bien. Il faut dire à ceux qui ne le savent pas, que ce cours de philosophie est un des meilleurs hvns du temps: il abonde en idées qu’on ap- pellerait hardies, si elles étaient annoncées as. et qui ont paru neuves à ceux qui les ont reproduites sans en indiquer l’origine. M. Dami- ron a donnéplusieurs articles au Dictionnav sciences philosophiques. On peut consulter Da- miron dans le livre qu’il a publié sous le titre : Dix ans d’enseignement, Paris. 18.'>9, in-8. et l’article que lui a consacré M. Ad. Franck, dans les Moralistes et Philosophes, in-8, Paris, 1872. E. C.