Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Acuña

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ACUÑA[a] (Christophle de) Jésuite espagnol, natif de Burgos, entra dans la Société l’an 1612, âgé de quinze ans. Après avoir donné quelques années à l’étude, il passa en Amérique, et travailla aux conversions dans le royaume de Chili et dans le Pérou, et fut professeur en théologie morale. Il revint en Espagne l’an 1640, et rendit compte au roi son maître de la commission qu’il avait reçue d’examiner la rivière des Amazones. Il publia l’année suivante, à Madrid, une relation de cette rivière. Il fut envoyé à Rome en qualité de procureur de sa province, et ayant passé en Espagne, honoré du titre de qualificateur de l’Inquisition, il s’en retourna aux Indes occidentales. Il était à Lima lorsque le P. Sotuel, dont j’ai tiré ce qu’on vient de lire, publiait à Rome, l’an 1675, la Bibliothéque des auteurs Jésuites. La relation de notre Acuña est intitulée, Nuevo Descubrimiento del gran Rio de las Amazonas. L’auteur fut dix mois de suite sur cette rivière, et eut ordre de s’instruire exactement de tout ce qui le pourrait mettre en état de faire savoir au roi les moyens d’en rendre la navigation aisée et avantageuse. Pour cet effet, on le fit embarquer à Quito[b] avec Pierre Texeira, qui avait remonté cette rivière jusque-là, et qu’on fut bien aise de renvoyer. L’embarquement se fit au mois de février 1639 (A). Ils n’arrivèrent à Para qu’au mois de décembre suivant. On croit que les révolutions de Portugal, qui firent perdre aux Espagnols tout le Brésil, et la colonie de Para à l’embouchure de la rivière des Amazones, furent cause qu’on supprima la relation de ce jésuite [c] : on craignit que, ne pouvant plus servir aux Espagnols, elle ne fût d’ailleurs très-utile aux Portugais. Les exemplaires en devinrent extrêmement rares ; de sorte que ceux qui ont publié à Paris [d] la version française de ce livre, ont débité qu’il n’en restait plus aucun, excepté celui dont le traducteur s’était servi, et peut-être celui de la bibliotheque du Vatican. M. de Gomberville est l’auteur de cette version française : on ne l’a publiée qu’après sa mort, et l’on y a joint une longue dissertation qui mérite d’être lue. La relation le mérite aussi beaucoup. Ceux qui ne l’auront pas en pourront prendre quelque teinture dans le Journal de Paris[e], dans celui de Leipsick [f] et dans l’histoire de M. Chevreau[g].

  1. On prononce Acugna ; mais les Espagnols écrivent Acuña.
  2. C’est une ville du Pérou.
  3. Voyez la préface de la traduction française
  4. En 1682, in-12.
  5. Du 19 avril 1683.
  6. Pag. 323, ann. 1683.
  7. Chevreau, Hist. du Monde. tom. IV, pag. 171 ; édit. de Holl.

(A) Au mois de février 1639. ] J’avoue franchement que je n’ai pas la relation du père Christophle de Acuña [1]. Ainsi je prends cette date dans M. Chevreau, et je la préfère au mois de janvier, marqué dans le journal de Leipsick, parce que la faute que les imprimeurs de ce journal ont laissé glisser à la page précédente, me donne quelque sujet de me défier. Je vois dans la page 324 de ce journal que le gouverneur du Brésil fit remonter la rivière des Amazones à Pierre Texeira, l’an 1639, et que Texeira ne put arriver à Quito qu’au bout d’un an[2]. Il ne se rembarqua donc point à Quito au mois de janvier 1639, comme on l’assure dans la page 325. M. Chevreau est plus croyable quand il débite que Pierre Texeira partit au mois d’octobre 1637, et rendit compte de son voyage au vice-roi du Pérou[3] l’an 1638, en septembre[4]. M. Chevreau ne nomme pas bien l’auteur de la relation, puisqu’il l’appelle Christofe d’Alcuna.

  1. Je ne dis point d’Acuña ; car j’ai remarqué dans don Nicolas Antonio, que les Espagnols ne mettent point d’apostrophe entre l’article de et un nom propre qui commence par une voyelle.
  2. Acta erudit. Lips. ann. 1683.
  3. Il s’appelait le comte de Chinchon.
  4. Chevreau, Histoire du Monde, tom. IV, pag. 171.

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