Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Antoine 1

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ANTOINE, famille romaine, en latin Antonia, qu’une vieille tradition faisait descendre d’Anton fils d’Hercule [a], a produit deux branches : une était patricienne, avec le surnom de Merenda ; l’autre plébéienne, sans presque point de surnom. On ne trouve pas que la branche patricienne ait duré long-temps, ni qu’elle ait produit d’autres personnes mentionnées dans l’histoire, que T. Antonius Merenda, et Q. Antonius Merenda. Le premier fut l’un des décemvirs abrogés à cause de la fierté tyrannique d’Appius Claudius, l’an 304 de Rome, et l’un de ceux qui s’exilèrent volontairement, et dont les biens furent confisqués, après le procès qui fut fait à App. Claudius, et à Sp. Oppius [b]. Le dernier fut tribun militaire, l’an 333 de Rome [c]. Mais la branche plébéienne a duré long-temps, et a fleuri avec un très-grand éclat (A) ; car outre qu’elle a pu se glorifier d’avoir possédé deux fois le généralat de la cavalerie, six fois le consulat, une fois la censure, trois fois l’honneur du triomphe [d], elle s’est vue, en la personne de Marc Antoine le triumvir, maîtresse de la moitié de l’empire. Nous allons faire des articles particuliers pour les principaux de cette ancienne maison (B).

  1. Plutarc., in Marc. Antonio, pag. 917.
  2. Livius, lib. III, pag. 88.
  3. Idem, lib. IV, pag. 128.
  4. Voyez Glandorpii Onomastic., p. 66.

(A) La branche plébéienne de cette famille Antonia a duré long-temps et a fleuri avec un très-grand éclat. ] Il faut bien se souvenir que Marc Antoine l’orateur, mort l’an 667, est le premier qui porta dans cette famille les honneurs du consulat et ceux du triomphe et de la censure.

(B) C’était une ancienne maison. ] Ceux qui ont le plus de lecture, le plus de recueils, le plus de matériaux destinés à un libraire, tombent quelquefois dans des oublis assez étranges. Le père Vavasseur en est un exemple, dans son excellent Traité du style burlesque, lorsqu’il censure Photius d’avoir cru qu’Antonius Diogènes, auteur d’un roman, suivit d’assez près Alexandre : Οὐ λίαν πόῤῥω τῶν χρόνων τοῦ βασιλέως Ἀλεξάνδρου [1]. Non ità diù post Alexandri magni tempora floruisse. Il allègue contre cela plusieurs raisons, dont il trouve celle-ci la plus forte : c’est que la famille Antonia ne subsistait point encore, et que son nom n’était encore ni fait, ni connu : Neque, quo gravissimum est, tum nata gens Antonia, aut facta vox, aut audita temporibus illis [2]. Rien de plus faux. Nous avons produit, sur la foi de Tite-Live, un Titus Antonius, décemvir l’an 304 de Rome, et un Quintus Antonius, tribun militaire environ trente ans après. On trouve dans le même Tite-Live un Marcus Antonius, créé général de la cavalerie par le dictateur Cornélius Rufinus, l’an 421. Or, c’est une chose certaine qu’Alexandre mourut l’an 430. Je n’allègue pas la tradition rapportée par Plutarque ; car on pourrait me répondre, très-justement, qu’Anton, fils d’Hercule, était aussi peu la tige des Antoines en Italie, que Cocceius Nerva la tige de la maison de Cossé en France.

  1. Photius, Biblioth., num. CLXVII, pag. 364.
  2. Vavassor, de ludicrâ Dictione, pag. 148.

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