Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Machiavel

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MACHIAVEL (Nicolas), natif de Florence, a été un homme de beaucoup d’esprit, et une très-belle plume. Il ne savait que peu de latin [a] ; mais il fut au service d’un savant homme, qui lui ayant indiqué plusieurs beaux endroits des anciens auteurs, lui donna lieu de les insérer dans ses ouvrages (A). Il fit une comédie sur le modèle des anciens Grecs (B), qui réussit admirablement, de sorte que Léon X en voulut régaler la ville de Rome. Il fut secrétaire, et puis historiographe de la république de Florence. Les Médicis lui procurèrent ce dernier emploi avec de bons gages, afin d’apaiser le ressentiment où il était de la question qu’il avait soufferte [b]. On la lui fit donner parce qu’on le soupçonna d’être complice des machinations qui furent faites par les Sodérini, contre la maison de Médicis. Il eut la force de résister aux tourmens, et n’avoua rien [c]. Les louanges qu’il donnait à Brutus et à Cassius dans ses discours et dans ses livres, le rendirent fort suspect d’avoir été le principal directeur d’un attentat qui fut découvert [d] (C). Néanmoins on ne fit contre lui nulles procédures. Mais depuis ce temps-là il vécut dans la misère, se moquant de tout, et n’ayant nulle religion [e]. Un remède qu’il avait pris par précaution lui donna la mort, l’an 1530 (D). Quelques-uns disent qu’il fallut avoir recours à l’autorité publique pour le contraindre de prendre les sacremens [f]. D’autres assurent qu’il mourut en proférant des blasphèmes [g]. Celui de ses livres contre lequel on s’est le plus soulevé [h], est un ouvrage de politique qu’il intitula le Prince (E). Plusieurs auteurs l’ont réfuté. Possevin, qui ne l’avait point lu, fut néanmoins cause que l’inquisition le condamna (F). Machiavel publia sept livres de l’art militaire, qui le firent passer dans l’esprit du duc d’Urbin pour un homme très-capable de mettre une armée en bataille ; mais il eut la prudence de n’oser jamais essayer sa théorie, non pas même sur un escadron (G). On a publié depuis peu une nouvelle version française de la plupart de ses livres (H). Sa nouvelle de Belphégor, pièce très-ingénieuse, fut publiée par M. le Fèvre de Saumur, l’an 1664 [i]. Ou trouve dans la suite du Menagiana [j] une chose très-curieuse, sur la finesse dont Machiavel se servit en composant la vie de Castrucio Castracani. Cette Vie a été traduite en français par M. Guillet. On prétend qu’elle fut écrite de mauvaise foi (I) ; et on fait le même jugement de son Histoire de Florence [k] (K). Vous verrez ci-dessous quelques contes touchant son irréligion (L). Il y a des gens qui disent [l] qu’il fut au service de César Borgia en qualité de conseiller favori [m] ; et peut-être négociait-il pour lui en France, lorsqu’il eut à Nantes avec le cardinal de Rouen, la conversation dont il a parlé dans le IIIe. chapitre du Prince.

Ceux qui disent que dans cet ouvrage-là il avait dessein de représenter Charles-Quint, s’abusent grossièrement (M). On a débité que c’était un livre dont Catherine de Médicis faisait son étude particulière, et qu’elle mettait entre les mains de ses enfans (N). Ceux qui font cette observation ne manquent pas de l’accompagner de plusieurs termes injurieux, et à cette reine, et à notre Nicolas Machiavel. Il y a bien peu d’auteurs qui parlent de lui sans donner leur malédiction à sa mémoire [n]. Quelques-uns l’excusent, et se portent pour ses défenseurs [o] ; et il y en a même qui le regardent comme un écrivain fort zélé pour le bien public (O), et qui n’a représenté les artifices de la politique qu’afin d’inspirer de l’horreur contre les tyrans, et d’exciter tous les peuples au maintien de la liberté. Si l’on peut révoquer en doute que ç’ait été son véritable motif, on doit pour le moins reconnaître qu’il se montra par sa conduite bien animé de l’esprit républicain (P). L’un de ses plus nouveaux antagonistes est le père Lucchésini, jésuite italien, consulteur de la congrégation des rites. Voyez son Saggio della Sciocchezza di Nicolo Machiavelli, imprimé à Rome, l’an 1697 [p]. L’auteur de l’Appendix du traité de Litteratorum Infelicitate a placé Machiavel dans son catalogue [q], et n’a pas eu tort ; car ce Florentin fut persécuté de la mauvaise fortune autant qu’un autre (Q).

  1. In nullâ vel certè mediocri latinarum litterarum cognitione. Jovius, Elog., cap. LXXXVII, pag. 205.
  2. Jovius, Elog., c. LXXXVII, p. 206.
  3. Varillas, Anecd. de Florence, pag. 247.
  4. Jovius, Elog., c. LXXXVII, p. 206.
  5. Voyez la remarque (D).
  6. Voyez Varillas, Anecd. de Florence, pag. 249.
  7. Blasphemans evomuit improbum spiritum. Th. Raynaudus, de malis et bonis Libris, num. 46, pag. 48.
  8. Theophil. Raynaud, là même, donne la liste de plusieurs auteurs qui ont réfuté Machiavel.
  9. Voyez le Journal des Savans du 12 janvier 1665.
  10. Pag. 96 de l’édition de Hollande.
  11. Jovius, Elogior. cap. LXXXVII, pag. 205.
  12. Bosius de Comp. Prud. Civ., num. 42.
  13. Conring. Præf. Principis Machiavelli.
  14. Voyez Clasen, au chapitre IX de son Traité de Religione politicâ, pag. 162, édit. 1682.
  15. Voyez les remarques (D) et (E).
  16. Le Journal de Leipsic. 1698, pag. 352, en donne l’extrait.
  17. Voyez Cornelius Tollius, in Appendice ad Pierrium Valerianum, pag. 20, 21.

(A) Il fut au service d’un savant homme, qui, lui ayant indiqué plusieurs beaux endroits des anciens, lui donna lieu de les insérer dans ses ouvrages. ] Ce fut Marcellus Virgile, comme nous l’apprenons de Paul Jove qui le tenait de Machiavel. Constat enim, sicuti ipse nobis fatebatur, à Marcello Virgilio, cujus et notarius, et assecla publici muneris fuit, græcæ atque latinæ linguæ flores accepisse, quos scriptis insereret [1].

(B) Il fit une comédie sur le modèle des anciens Grecs. ] Il y joua plusieurs Florentins qui n’osèrent témoigner le chagrin qu’ils en conçurent. Comiter æstimemus Etruscos sales, ad exemplar comœdiæ veteris Aristophanis, in Niciâ præsertim comœdiâ ; in quâ adeò jucundè vel in tristibus risum excitavit, ut illi ipsi ex personâ scitè expressâ, in scenâ inducti cives, quanquàm præaltè commorderentur, totam inustæ notæ injuriam civili lenitate pertulerint : actamque Florentiæ, ex eâ miri leporis fama Leo pontifex, instaurato ludo, ut Urbi ea voluptas communicaretur, cum toto scenæ cultu, ipsisque histrionibus Romam acciverit [2]. Ces paroles de Paul Jove nous apprennent que le pape, ayant appris le grand succès que cette pièce avait eu sur le théâtre de Florence, donna ordre qu’elle fût jouée à Rome, par les mêmes acteurs, et avec les mêmes décorations. Je ne sais d’où M. Varillas a pris tant d’autres particularités qu’il n’a point lues dans Paul Jove. Voici son narré [3] : Un jour que Machiavel contrefaisait les gestes et les démarches irrégulières de quelques-uns des Florentins, le cardinal lui dit qu’elles paraîtraient bien plus ridicules sur le théâtre, dans une comédie faite à l’imitation de celles d’Aristophanes. Il n’en fallut pas davantage pour disposer Machiavel à travailler à Sanitia [4], les personnes qu’il voulait jouer se trouvèrent si vivement dépeintes, qu’elles n’osèrent s’en fâcher, quoiqu’elles assistassent à la première représentation de la pièce, de peur d’augmenter la risée publique en se découvrant. Le cardinal de Médicis en fut si charmé, que depuis, étant pape, il fit transporter à Rome la décoration du théâtre, les habits et les acteurs mêmes, pour en donner le divertissement à sa cour. Non-seulement M. Varillas raconte des choses que Paul Jove n’a point dites ; mais il suppose, contre le narré de cet auteur, que la pièce fut jouée sur le théâtre de Florence avant que Léon X fût pape. M. de Balzac observe que la Clitie de Machiavel est une copie de la Casina de Plaute, et il blâme avec raison ce Florentin d’avoir suivi son original, jusque dans les choses où les matières de religion étaient tournées en raillerie. Scriba quem nôsti Florentinus ... è latinâ bonâ Hetruscam fecit meo judicio non malam. Clitia siquidem illius, eadem est quæ Plauti Casina ; ex quâ nonnulla interpres fidissimus penè ad verbum red lidit, quædam correxit cum arte, multa felicissimè imitatus est, aliqua verò aut imprudenter aut perversè ; velut illa Olympionis villici ad Stalinonem herum :

Inimica est tua uxor mihi, inimicus filius,
Inimici familiares. Stal. Quid id refert tuâ ?
Unus tibi hic dùm propitius sit Jupiter,
Tu istos minutos cave Deos floccifeceris.
Olymp. Nugæ sunt istæ magnæ, quasi tu nescias,
Repentè ut emoriantur humani Joves.
Sed tandem si tu Jupiter sis emortuus,
Cùm ad Deos minores redierit regnum tuum
Quis mihi subveniet, tergo, aut capiti, aut cruribus ?


Quæ sic Thuscus effinxit scenâ sextâ actûs tertii, ubi Pyrrhus hunc cum Nicomacho sermonem habet :

Nic. Ch’importa à te ? Sta ben con Christo, e fatti beffe de’ Santi[5].

Pir. Si, ma se voi morissi, e Santi mi tratterebbeno assai male

Mic. Non dubitare, io ti farò tal parte, che i Santi ti potranno dar poca briga, etc.
Hæc, quòd ad elegantiam, multò inferiora sunt Plautinis, indigna verò homine Christiano, qui sanctiores musas colit, et in ludicris quoque meminisse debet severitatis [6].

Par occasion je dirai ici une chose que j’ai promise[7]. Léon X, oubliant la dignité de son caractère, assista un jour à la comédie, au vu et au su de tout le monde. Ce fut à la prière du cardinal Bibienna qui était bon poëte italien, et qui composa une pièce de théâtre en l’honneur de la duchesse de Mantoue. Poëtices et Hetruscæ linguæ studiosus, comœdias multo sale, multisque facetiis refertas componebat : ingenuos juvenes ad histrionicam hortabatur, et scenas in Vaticano spatiosis in conclavibus instituebat. Proptereà quùm fortè Calandrum comœdiam mollibus argutisque leporibus perjucundam in gratiam Isabellæ Mantuani principis uxoris per nobiles comœdos agere statuisset, precibus impetravit, ut ipse pontifex è conspicuo loco despectaret[8]. Je croirais sans peine, quoique l’historien ne le dise pas, que Léon X assista à la représentation du Pœnulus. C’est une pièce de Plaute, qui fut jouée à la cour du capitole avec toute sorte de pompe, l’an 1513. Eodem quoque anno Julianus Medices Leonis frater ab senatu populoque Romano civitate donatus est : in cujus gratiam, in areâ Capitolii temporarium theatrum extructum est omni picturarum varietate mirificè cultum. Egêre in scenâ Plauti Pœnulum decore mirabili, et priscà quidem elegantiâ Romanæ juventutis lepidissini quique, variaque extrâ ordinem poëmata recitata, florentibus non aliàs fœcundiore sæculo poëtarum ingenis[9]. Famien Strada raconte, que non-seulement ce pape assistant aux conférences des poëtes, mais qu’il approuvait aussi qu’ils instituassent des combats publics dont il était spectateur[10]. Il est vrai qu’il se plaçait dans une loge où l’assemblée ne le voyait pas. In aulâ omnium ordinum frequentia, et pontificis potissimùm asseclis referta, nullo exedrarum, locique discrimine considunt. Nam Leo pontifex ratus inferius esse majestate principis, si se in conspectum concioni daret, in aulæ recessu, loculamento se suo sublatus in speculam inseruerat [11]. Ne doutez point que la fiction que Strada récite ne fût fondée sur des faits connus.

(C) Il fut suspect d’avoir été le directeur d’un attentat qui fut découvert. ] Il en coûta la vie à un poëte, et à un garde du corps, si nous en croyons Paul Jove. Quùm dicendo scribendoque Brutos et Cassios laudaret ejus conjurationis architectus fuisse putaretur, in quâ Ajacetus poèta, et Alamanus ex ipsâ turmâ prætoriâ levissimus eques, concepti sceleris capite pœnas dederunt. Ces gens-là avaient en dessein de tuer le cardinal Julien de Médicis, qui fut ensuite le pape Clément VII. Celui que Paul Jove nomme Ajacetus est nommé par d’autres Jacques Diacettin, ou Jacobo da Diacetto, ou Jacobus Jacettus. Il fréquentait souvent les maisons et les jardins de Ruscellai : les gens de savoir, citoyens et étrangers, y étaient bienvenus, et entre autres, Zanobi Buondelmont, et Louis Alamanni, et s’entretenaient communément à l’entour de Cosimin Ruscellai...... homme impotent qui se faisait porter comme dans un berceau : et avec eux se trouvait aussi Nicolas Machiavel, qui leur faisait voir ses œuvres, et dédia ses discours, œuvres de nouvelle invention, à Cosimin. Ceux-ci qui avaient connaissance des bonnes lettres et de la philosophie, se mirent en tête de tuer le cardinal, non pour aucune malveillance ; mais pour mettre, comme ils disaient, la république en liberté. Diacettin le confessa ainsi devant les juges, et lui et le courrier furent exécutés par justice. Machiavel en fut fort soupçonné : Alamanni se trouva aux champs, et se sauva au duché d’Urbin : Buondelmont fut forcé par sa femme de sortir de sa maison, et se jeta hors la ville, et se sauva en la Carfagnana, où était gouverneur pour le duc de Ferrare, le poëte Louis Arioste, qui le conserva [12]. M. Varillas [13] suppose que Léon X était en vie au temps de cette conspiration : il s’abuse en cela autant que dans l’intervalle qu’il a mis entre la promotion de Machiavel à la charge d’historiographe, et l’exaltation de ce pontife [14]. Mais les fautes de Paul Jove sont bien plus grossières. Il suppose que la principale qualité de son Ajacetus, et son caractère distinctif étaient d’être poëte : cela n’est pas vrai [15]. Il devait dire cela de son Alamannus, au lieu d’en faire un chevau-léger de la garde ; et il ne devait pas le mettre au nombre de ceux qui furent décapités. Aloisio Alamanni, bel esprit et grand poëte, fut complice de cette conspiration ; mais il n’en fut pas puni : il se sauva au delà des Alpes, et fut très-bien reçu de François Ier. Il publia plusieurs poëmes à la louange de ce prince, et sur quantité d’autres sujets ; et il florissait en France l’an 1540, comme le Poccianti l’a remarqué [16] ; et l’an 1544, comme on l’a vu ci-dessus [17]. Il y a un chapitre [18] qui le concerne dans les Ragguagli du Boccalin. Il y est blâmé des éloges excessifs qu’il avait donnés aux Français dans une harangue ; et l’on ajoute qu’il fut bientôt dégoûté de cette nation, à cause que les Français lui firent connaître trop clairement qu’ils le méprisaient. Voici un passage de Jacques Gohory : « Finalement il ha fuit de jolys petitz traitez, c’est assavoir la vie de Castruccio Castracani (de qui j’entens qu’il y a un fort honneste gentilhomme son parent aujourd’huy en cette ville) envoyée par luy à Luigi Alemanni, qui ha écrit le livre de l’Agricolation, et reduit le romant de Giron le Courtois, par commandement du grand roy François, fort élegamment en ryme italienne : lequel ha laissé deux fils en la cour de France, l’un à present evesque de Macon doué de toutes bonnes lettres, l’autre maistre d’hostel du roy, fort adroit aux armes[19]. »

(D) Un remède… pris par précaution lui donna la mort, l’an 1530. ] Voici les termes de Paul Jove[20] : Fato functus est quùm accepto temerè pharmaco, quo se adversùs morbos præmuriret, vitæ suæ jocabundus illusisset, paulò antequàm Florentia Cæsarianis subacta armis, Mediceos veteres dominos recipere cogeretur[21]. Il avait dit peu auparavant, fuit exindè semper inops, uti irrisor et Atheos. Il suppose donc que les Médicis l’abandonnèrent dès qu’ils l’eurent soupçonné d’avoir eu part au complot de Diacettin ; mais il se trompe. Clément VII n’était point encore pape, et nous voyons que Machiavel, en dédiant les huit livres de l’histoire de Florence à Clément VII, avoue qu’il était entretenu par les libéralités de ce pontife. Io vengo allegro in campo sperando che come io sono dalla humanità di V. B. honorato e nutrito, cosi sarò delle armate legioni del suo sanctissimo giudicio ajutato e difeso. Cette circonstance du temps nous fait voir une fausseté insigne de Varillas : il dit[22] que Machiavel écrivit les huit livres que nous avons de l’histoire de son pays, dont le style est si fleuri et si châtié, qu’on l’accuse de l’être trop. Et c’est principalement en cela, qu’on lui préfère la facilité et la douce liberté de Boccace. Sa narration est quelquefois maligne, et satirique ; et Marc Musurus l’en convainquit si clairement, qu’il n’osa lui répondre. Musurus mourut sous le pape Léon X : il n’a donc point critiqué cet ouvrage de Machiavel qui ne parut que sous Clément VII. M. Varillas pervertit et falsifie d’une étrange sorte ces paroles de Paul Jove[23] : Pedestrem patrii sermonis facultatem à Boccacii conditoris vetustate diffluentûm novis et planè atticis vinculis astrinxerat, sic ut ille castigatior, sed non purior aut gravior Otiosis ingeniis existimetur. Selon Paul Jove, le style de Boccace est plus châtié que celui de Machiavel ; mais il n’est pas plus pur, ni plus grave. Au reste, si j’ai dit que Machiavel mourut l’an 1530, je l’ai fait pour m’accommoder aux expressions de Paul Jove ; sans savoir s’il vaut mieux le faire que de suivre le Poccianti, qui met sa mort à l’an 1526[24]. Le feuillant Pierre de Saint-Romuald, l’a mise au 5 de décembre 1530. Voyez le IIe. tome[25] de son Journal chronologique. Ce n’est point s’accorder avec Paul Jove. Voyez ci-dessus la citation (20).

(E) Un ouvrage de politique qu’il intitula le Prince. ] Les maximes de cet auteur sont très-mauvaises : le public en est si persuadé, que le machiavélisme, et l’art de régner tyranniquement, sont des termes de même signification. Cet ouvrage de Machiavel a été traduit en français par M. Amelot de la Houssaye. L’auteur des Nouvelles de la République des Lettres[26], en parlant de la troisième édition de cette version, fit la remarque suivante. « La préface est pleine de réflexions qui frappent au but. On y lit entre autres choses cette pensée de M. de Wicquefort, Machiavel dit presque partout ce que les princes font, et non ce qu’ils devraient faire[27]. Il est surprenant qu’il y ait si peu de personnes qui ne croient que Machiavel apprend aux princes une dangereuse politique ; car au contraire ce sont les princes qui ont appris à Machiavel ce qu’il a écrit. C’est l’étude du monde, et l’observation de ce qui s’y passe, et non pas une creuse méditation de cabinet, qui ont été les maîtres de Machiavel. Qu’on brûle ses livres, qu’on les réfute, qu’on les traduise, qu’on les commente, il n’en sera ni plus ni moins par rapport au gouvernement. Il faut par une malheureuse et funeste nécessité que la politique s’élève au-dessus de la morale ; elle ne l’avoue point, mais elle fait pourtant comme Achille, jura negat sibi nata. Un grand philosophe de ce siècle ne saurait souffrir qu’on dise qu’il a été nécessaire que l’homme péchât, je crois néanmoins qu’il avoue qu’à l’égard des souverains le péché est désormais une chose nécessaire, sans que pour cela ils soient excusables ; car outre qu’il y en a peu qui se contentent du nécessaire, ils ne seraient point dans cette fâcheuse nécessité, s’ils étaient tous gens de bien. » On peut ajouter à cela ce que dit un ancien poëte, que par le seul exercice de la royauté les plus innocens apprendraient le crime sans l’aide d’aucun précepteur :

Ut nemo doceat fraudis et sceleris vias,
Regnum docebit [28].


Tout le monde a ouï parler de la maxime, qui nescit dissimulare nescit regnare, et pour nier qu’elle soit très-véritable, il faut être fort ignorant dans les affaires d’état. Boccalin nous fait entendre finement, que le règne de quelques papes avait appris à Machiavel la politique de son Prince. Voici l’apologie qu’il prête à cet écrivain. Io in tanto non intendo difendere gli scritti miei, che pubblicamente gli accuso, e condanno per empj, per pieni di crudeli, ed esecrandi documenti da governare gli stati. Di modo, che se quella, che ho pubblicata alla stampa, è dottrina inventata di mio capo, e sono precetti nuovi, dimando, che pur’ hora contro di me irremissibilmente si eseguisca la sentenza, che a i giudici è piaciuto darmi contro : ma se gli scritti miei altro non contengono, che quei precetti politici, e quelle regole di stato, che ho cavate dalle attioni di alcuni principi, che se vostra maestà mi darà licenza nominarò in questo luogo, de’ quali è pena la vita dir male, qual giustitia, qual ragione vuole, ch’ essi, che hanno inventata l’arrabbiata, e disperata politica scritta da me, sieno tenuti sacrosanti, io che solo l’ho pubblicata, un ribaldo, un atheista ? Che certo non sò vedere, per qual cagione stia bene adorar l’originale di una cosa come santa, ed abbrucciare la copia di essa come esecrabile : e come io tanto debba esser perseguitato, quando la lettione delle historie, non solo permessa, ma tanto commendata da ogn’ uno notoriamente hà vertù di convertire in tanti Machiavelli quelli, che vi attendono con l’occhiale politico [29]. Prenez garde à ces dernières paroles : Boccalin prétend que, puisqu’on permet et qu’on recommande la lecture de l’histoire, on a tort de condamner la lecture de Machiavel. C’est dire que l’on apprend dans l’histoire les mêmes maximes que dans le Prince de cet auteur. On les voit là mises en pratique : elles ne sont ici que conseillées. C’est peut être sur ce fondement que des personnes d’esprit jugent qu’il serait à souhaiter qu’on n’écrivit : point d’histoires [30]. Cela ne disculpe point Machiavel : il avance des maximes qu’il ne blâme pas ; mais un bon historien qui rapporte la pratique de ces maximes la condamne. Cela met une grande différence entre le livre du Florentin, et l’histoire, et néanmoins il est sûr que par accident la lecture de l’histoire est très-propre à produire le même effet que la lecture de Machiavel. Il y a d’habiles gens qui ont fait son apologie [31], et qui ont dit que tous ceux qui l’ont attaqué témoignent leur ignorance dans les matières de politique [32]. Quicunque sanè hαctenùs MACHIAVELLUM sibi sumsêre confutandum, si verum licet profiteri, suam civilis philosophiæ ἀπαιδευσίαν nimis apertè prodiderunt. Ιta voco cum Aristotele, summo dicendi magistro, imperitiam τοῦ τρόπου τῆς ἐπιςήμης sive naturæ et indolis politicæ scientiæ ignorantiam[33]. Enim verò omnes penè videas disserere, quasi non aliæ sint respublicæ, quam quæ primo ac per sese, imò unicè, salutem populi spectant, aut verò affectant plenam exactamque humanæ vitæ felicitatem ; eòque et politico magistro de solis illis agendum esse : hinc sanè omnem doctrinam, que non est de rebuspublicis, quas illi unicè cognoscendas hominibus arbitrantur, damnare solent, et extra limites politicæ methodi abjicere. Vous trouverez plusieurs remarques de cette nature dans la préface que le docte Conringius a mise au-devant du prince de Machiavel. Prenez garde qu’on accuse notre Florentin de s’être enrichi des dépouilles d’Aristote : il y a donc long-temps que ses maximes de politique sont dans les livres. C’est le même Conringius qui lui intente cette accusation. Nicolaus Machiavellus, cymbalum illud politicarum artium, nullum ferè dominatus arcanum consilium Principem suum potuit docere, quod non dudùm antè ad tyrannidem et dominatum conservandum facere Aristoteli sit libro V (Politicorum) observatum. Quin sua omnia vaferrimus hic nequitiæ doctor dissimulato plagio ex Aristotele fortassè transcripsit : eo tamen discrimine, quod hic impiè ac impudenter omni principi commendet, quæ non nisi dominis ac tyrannis convenire longè rectius ac prudentius scripserat antè Aristoteles [34]. Gentillet[35] l’accuse d’être le plagiaire de Bartole. Je m’étonne qu’on ne dise pas qu’il a dérobé ses maximes au docteur angélique, le grand saint Thomas d’Aquin. Voyez dans les Coups d’État de Naudé[36] un long passage du commentaire de Thomas d’Aquin, sur le Ve. livre de la Politique d’Aristote. M. Amelot[37] prouve que Machiavel n’est que le disciple ou l’interprète de Tacite, et il fait la même remarque que Conringius. De tous ceux qui censurent Machiavel, dit-il[38], vous trouverez que les uns avouent qu’ils ne l’ont jamais entendu, comme il paraît bien par le sens littéral qu’ils donnent à divers passages, que les politiques savent bien interpréter autrement. De sorte qu’à dire la vérité, il n’est censuré que parce qu’il est mal entendu : et il n’est mal entendu de plusieurs, qui seraient capables de le mieux entendre, que parce qu’ils le lisent avec préoccupation, au lieu que s’ils le lisaient comme juges, c’est-à-dire tenant la balance égale entre lui et ses adversaires, ils verraient que les maximes qu’il débite, sont pour la plupart absolument nécessaires aux princes, qui, au dire du grand Côme de Médicis, ne peuvent pas toujours gouverner leurs états avec le chapelet en main[* 1]. Il venait de dire[39] qu’il ne faut pas s’étonner si Machiavel est censuré de tant de gens, puisqu’il y en a si peu qui sachent ce que c’est que raison d’état, et par conséquent si peu qui puissent être juges compétens de la qualité des préceptes qu’il donne, et des maximes qu’il enseigne. Et je dirai en passant, qu’il s’est vu force ministres, et force princes, les étudier, et même les pratiquer de point en point, qui les avaient condamnées et détestées avant que de parvenir au ministère, ou au trône. Tant il est vrai qu’il faut être prince, ou du moins ministre, pour connaître, je ne dis pas l’utilité, mais la nécessité absolue de ces maximes. C’est appliquer à Machiavel ce qu’un autre a dit de Tacite : « Ceux qui l’accusent de tenir des maximes pleines d’impiété, et contraires aux bonnes mœurs, me pardonneront, si je leur dis que jamais politique ne traita les règles d’état plus raisonnablement que lui, et que les plus scrupuleux, qui les ont blâmées tandis qu’ils étaient personnes privées, les ont étudiées et pratiquées lorsqu’ils ont été appelés au maniement des affaires publiques [40]. » M. Amelot, ayant cité ces paroles de M. de Chanvalon, les confirme tout aussitôt par un exemple. L’Allemagne, dit-il [41], en a vu tout récemment un bel exemple dans le dernier évêque de Vienne, qui, lorsqu’il n’était que le père Émeric in puris naturalibus, invectivait dans tous ses sermons contre les maximes de la politique, jusqu’à ne croire point de salut pour ceux qui les mettaient en usage : mais qui, dès qu’il fut introduit à la cour de l’empereur, et poussé dans le ministère, changea d’opinion, comme de fortune, et pratiqua lui-même (mais plus finement) tout ce qu’il condamnait auparavant dans ses prédécesseurs, les princes d’Aversberg et de Lobkowitz, dont il avait procuré la disgrâce, et dans le comte Augustin de Walstein, son concurrent à l’évêché de Vienne et au cardinalat [* 2].

Il faut dire quelque chose de l’ouvrage qui fut composé par Innocent Gentillet, contre celui de Machiavel. Il a pour titre dans l’édition dont je me sers [42], Discours sur les moyens de bien gouverner et maintenir en bonne paix un royaume ou autre principauté, divisés en trois livres : à savoir du Conseil, de la Religion, et Police que doit tenir un prince. Contre Nicolas Machiavel Florentin. Il est dédié au duc d’Alençon, frère du roi Henri III. On n’y voit ni le nom de l’auteur, ni celui de l’imprimeur, ni celui du lieu où il a été imprimé ; mais seulement la date 1576. Ce livre est cité ordinairement comme s’il était intitulé Anti-Machiavel : cette citation est plus courte que celle du véritable titre ; et c’est ce qui a fait naître le titre Anti-Machiavel [* 3]. Consultez M. Baillet [43].

Je me persuade que ce que je vais citer du sieur de la Popelinière se rapporte au traité de Gentillet. Il blâme la tolérance que l’on avait pour les livres du Florentin, remplis de maximes pernicieuses ; et puis il ajoute [44] : « Or puis que les magistrats chrestiens connivoient à si prejudiciables escrits : Un gentil esprit se reveilla parmy les François, pour en confuter les erreurs et impietez qu’il jugeoit trop ouvertes et si favorisées par le commun. Mais avec si pauvre succez, que pour ne se fonder qu’en auctoritez et assez mal propres exemples (dont les deux parties se peuvent ayder, et que le Florentin appelle ridicules) et se faire veoir despourveu de vives raisons qui sont les vrayes armes avec lesquelles il appelle tout le monde au combat : que le pauvre auteur n’a sceu tirer pour recompense de tant de peines à defendre l’estat, la religion, et le devoir de tous ensemble : qu’injures et menaces au lieu des honneurs et autres dignes salaires que meritoit un tant affectionné et laborieux travail. » Si l’on jugeait du mérite d’un ouvrage par la multitude des éditions et des traductions, celui de Gentillet pourrait prétendre à un haut degré de gloire ; car il a été traduit en diverses langues, et imprimé plusieurs fois. L’édition de Leyde, 1609, porte qu’il avait été augmenté de plus de la moitié. L’épître dédicatoire en a été retranchée.

Si nous avions tout entier l’ouvrage dont on publia une partie l’an 1622, nous aurions peut-être ce qui a été fait de meilleur sur le Prince de Machiavel. Cette partie tout entrecoupée de lacunes est intitulée, Fragment de l’examen du Prince de Machiavel : où il est traité des confidens, ministres, et conseillers particuliers du prince, ensemble de la fortune des favoris. Elle est in-12, et contient 339 pages. J’en ai cité quelque chose dans les remarques de l’article du chancelier de l’Hospital. On a une nouvelle édition latine du prince de Machiavel, faite à Amsterdam, in-8°., l’an 1699, interprete Casparo Langenhert philosopho, qui sua ei commentaria adjecit. Celui qui a donné cette nouvelle traduction, ne l’a entreprise que parce que celle que nous avions auparavant lui a paru défectueuse [45].

(F) Possevin, qui ne l’avait point lu, fut.... cause que l’inquisition le condamna. ] Ce tribunal s’avisa bien tard de condamner cet ouvrage. Le Prince de Machiavel fut publié environ l’an 1515, et dédié à Laurent de Médicis, neveu de Léon X. Il ne fit nul tort à l’auteur auprès de ce pape, qui néanmoins est le premier qui ait menacé de l’excommunication ceux qui liraient un ouvrage défendu. Nec tamen à papâ isthoc vel liber ullo fuit sinistro verbo notatus (quamvis Leo omnium primus intenderit vim librorum prohibitoriam, vetitis legi dissidentium scriptis omnibus sub excommunicationis pœnâ, quod hactenùs carebat exemplo), vel auctor pristino gratiæ loco motus [46] : ce que je remarque afin de faire connaître que l’impunité de ce livre de Machiavel ne doit pas être attribuée à quelque relâchement général du pontificat de Léon, par rapport aux mauvais livres. Le pape discontinua si peu de témoigner son amitié à l’auteur, qu’il l’employa à faire un livre qui demandait le secret. Il lui fit faire un Traité sur la manière de réformer la république de Florence. Valuit in tantum apud Leonem, ut hujus jussu arcanam dissertationem concinnaverit de reformatione reipublicæ Florentinæ, quam manuscriptam in bibliotheci Gaddianâ superesse testatur Jacobus Gaddus [47]. Adrien VI, successeur de Léon X, laissa en repos l’écrit de Machiavel, Clément VII, successeur d’Adrien VI, fit plus que cela : car, non-seulement il trouva bon que Machiavel lui dédiât son Histoire de Florence ; mais aussi il accorda un privilége [48] à Antoine Bladus, pour imprimer à Rome les œuvres de cet auteur. Les successeurs de Clément VII, jusqu’à Clément VIII exclusivement, permirent dans toute l’Italie le débit du Prince de Machiavel, dont il se faisait souvent des éditions et des traductions. On savait pourtant que cet ouvrage déplaisait à quelques docteurs ; car un livre d’Ambroise Catharin [49] imprimé à Rome, l’an 1552, contient un chapitre contre les Discours et le Prince de Machiavel. Enfin, sous le pontificat de Clément VIII, on condamna les écrits de ce Florentin, après les vacarmes que firent à Rome le jésuite Possevin et un prêtre de l’oratoire, nommé Thomas Bozius. Il est néanmoins certain que ce jésuite n’avait point lu le Prince de Machiavel. Voyez le jugement qu’il a publié sur quatre écrivains, La Noue, Bodin, du Plessis Mornai et Machiavel [50] : vous verrez qu’il suppose que le Prince du quatrième est divisé en trois livres ; ce qui est visiblement faux. Il impute à Machiavel des choses qui ne sont point dans le Prince. Conringius devine très-bien la source de ces bévues ; c’est que Possevin ne connaissait cet ouvrage que par la lecture de Gentillet. In eâ (dissertatione Possevini) verò ita disseritur, quasi à MACHIAVELLO tres de Principe libri compositi sint : hinc statim initio, ubi de MACHIAVELLO agit, aliquot ejus sententiis enumeratis, et hæc quidem, inquit ille, sceleratum illud Satanæ organum prioribus duobus libris, quibus de Principe agit, insipienti mundo obtrusit. Non multò post cùm diceret : redeo ad easdem labes MACHIAVELLI, ut cognita pestis magis caveatur. In margine libri notat librum tertium : quasi libro tertio MACHIAVELLUS doceat, belli justitiam in eâ, quam sibi quisque putat esse necessitatem, collocari. At verò certo est certius, non nisi unicum, et quidem exiguum libellum de Principe MACHIAVELLO auctore esse conscriptum, et nusquàm terrarum tres in partes illum fuisse sectum, nec in hoc libello reperiri ea, quæ inter alia criminatur Possevinus, religionem ethnican christianæ præferendam, aut doctores christianæ religionis nihili faciendos, ut nec quicquam hoc libro (quod itidem Possevinus conqueritur) inclementiùs dicitur in romanam ecclesiam, sed potiùs illud caput XI, ipsum principatum pontificium non humanis consilis atque artibus, sed quâdam inusitatâ vi, et quidem solius Dei favore, salvum esse ; quod vir quisquam Zelotici gregis affirmaverit. Nec tamen longè petenda aut hariolanda venit causa crassi illius Posseviniani erroris, modo quis inspexerit volumen illud, quod Anti-Machiavelli titulo ἀνονὺμως opposuit, hinc indè ex variis libris Machavellicis excerptis sententiis, Innocentius Gentilletus. Hoc enim tres in libros est distinctum, et in ejus duobus prioribus reprehensa sunt illa, quæ duobus prioribus de Principe libris haberi Possevinus ridiculè affirmat : in tertio etiam illorum librorum animadvertitur in eâ, quæ ex tertio libro de Principe frustrà repetit MACHIAVELLUS [51]. Ut liquidò appareat, ex illo volumine Anti-Machiavellico, non autem ex MACHIAVELLO ipso Possevinum sua accepisse, etc. [52]. Voyez en note la réflexion de Conringius [53].

(G) Il eut la prudence de n’oser jamais essayer sa théorie, non pas même sur un escadron. ] Quand on ne sait la guerre que par la lecture, on s’en doit tenir à la théorie ; car si l’on entreprenait d’aller faire faire l’exercice à un régiment, on s’exposerait à la risée du moindre soldat. Machiavel est louable d’avoir résiste aux exhortations du duc d’Urbin [54]. Nous ignorerions peut-être cette particularité, si Cardan n’en eût fait mention. Machiavellum seculi superioris doctorem qui tot et tanta de militari Romanorum disciplinâ disertissimè scripserat, ne unam quidem cohortem, quantumvis eum id ut tentaret, Urbini princeps hortaretur, instruere ausum esse Cardanus testatur [55].

(H) On a publié une nouvelle version française de la plupart de ses livres. ] C’est le sieur Henri Desbordes, libraire français à Amsterdam, qui l’a imprimée en six volumes in-12. Le 1er. parut l’an 1691, et comprend les deux premiers livres des Discours sur Tite-Live. Le troisième livre de ces Discours fait le second tome, et parut l’an 1692. L’Art de la Guerre fut imprimé l’an 1693. L’Histoire de Florence, en deux volumes, fut imprimée l’an 1694, et le Prince et quelques autres opuscules, l’an 1696. On a traduit ce dernier livre, quoique M. Amelot de la Houssaye l’eût publié en français depuis peu d’années ; on l’a, dis-je, traduit nonobstant cette raison, parce qu’on a cru que le public serait bien aise d’avoir de la même main tout le corps des Œuvres du Florentin. Elles méritaient d’être traduites tout de nouveau en notre langue ; car l’ancienne version française n’a plus de grâces. Je l’ai vue d’une édition de Paris, postérieure à l’an 1630 ; mais c’était une nouvelle édition : car on y trouve des vers français composés par le sieur des Essars, traducteur de l’Amadis. M. de Beauval [56] nous a fait savoir le nom de celui [57] qui a donné la nouvelle traduction de Machiavel, et qui a mis à la tête du premier volume une préface qui mérite d’être lue [58] : elle sert d’apologie à Machiavel, et traite l’inquisition comme il faut. La traduction dont j’ai parlé, où l’on voit des vers du sieur des Essars, est sans doute celle de Jacques Gohory. Elle contient le Traité du Prince, et les Discours sur Tite-Live ; et elle fut imprimée à Paris, l’an 1571, in-8o. C’était une seconde édition retouchée fort soigneusement, et beaucoup meilleure que la précédente. L’auteur ne mit pas son nom à la première : mais il le mit à la seconde, pour empêcher que sa traduction des Discours de Tite-Live ne lui fût dérobée par l’un [59] des deux autres traducteurs du Prince [60]. On dit que le prince de Machiavel a été traduit en turc, et que Sultan Amurath IV le lisait en cette langue [61].

(I) On prétend que la vie de Castrucio Castracani fut écrite de mauvaise foi. ] Vossius touche cela en peu de mots. Machiavellus, dit-il [62], planè multa comminuscitur in Vitâ Castrucii : Nempè quia is hostis fuisset reipublicæ florentinæ. Paul Jove se plaint vivement de cette supercherie de Machiavel. C’est dans l’éloge de Nicolas Tégrimus, jurisconsulte et historien de Lucques, qui a décrit fort exactement les actions de Castracani. Sed Machiavellus Florentinus historicus, patri veteris odii memor, petulanti malignitate, non interituram memorabilis ducis famam fabulis involvit, quùm vitam acerrimi hostis etrusco sermone scribere orsus, tàm impudenti, quàm astuto illudendi genere, sacrosanctam rerum gestarum fidem corruperit [63].

(K) .... Et on fait le même jugement de son Histoire de Florence. ] J’ai déjà parlé de cet ouvrage [64], et j’ajoute que Jérôme Turlérus, jurisconsulte allemand, en fit imprimer le premier livre, l’an 1564. Il le traduit en latin ; et comme Machiavel explique dans cette première partie de son ouvrage, les révolutions que l’empire romain souffrit par les irruptions des peuples barbares, le traducteur en prend occasion de faire une Épître dédicatoire, toute remplie de mystères astrologiques et numéraux, qui faisaient périr la religion mahométane au bout de cent ans, et marquaient la fin du monde [65]. Lazare Zetznérus, libraire de Strasbourg, ayant vu que la traduction latine du premier livre se vendait bien, et se réimprimait de temps en temps, fit traduire le reste en la même langue, et publia cette histoire toute entière avec la vie de Castracani. L’édition dont je me sers est de l’année 1610, in-8°.

Jacques Gohory débite que cette histoire de Florence a été descripte en telle singularité et perfection, que feu Milles Perrot, maistre des comptes, mon proche parent (personnage en son temps des plus scavans de ce royaume en diverses langues et sciences), l’ayant cotté plus diligemment de sa main que son Tite-Live et Cornélius Tacitus, me dit qu’il estimoit plus de proffit en sa lecture estant accommodée à l’humeur de nostre temps, qu’en celle de ses grandz historiens antiques tant eslongnée de noz meurs et façons et present usage [66].

(L) Voici quelques contes touchant son irréligion. ] Si j’avais voulu rapporter tous ceux que l’on débite là-dessus, j’aurais eu un très-beau champ. Voici l’un de ces contes : « On arrive à ce détestable point d’honneur, où arriva Machiavel sur la fin de sa vie : car il eut cette illusion peu devant que rendre son esprit. Il vit un tas de pauvres gens, comme coquins, déchirés, affamés, contrefaits, fort mal en ordre, et en assez petit nombre ; on lui dit que c’étaient ceux de paradis, desquels il était écrit, Beati pauperes, quoniam ipsorum est regnum cœlorum. Ceux-ci étant retirés, on fit paraître un nombre innombrable de personnages pleins de gravité et de majesté : on les voyait comme un sénat où on traitait d’affaires d’état, et fort sérieuses ; il entrevit Platon, Sénèque, Plutarque, Tacite, et d’autres de cette qualité. Il demanda qui étaient ces messieurs-là si vénérables ; on lui dit que c’étaient les damnés, et que c’étaient des âmes réprouvées du ciel : sapientia hujus sæculi enimica est Dei. Cela étant passé, on lui demanda des quels il voulait être. Il répondit qu’il aimait beaucoup mieux être en enfer avec ces grands esprits, pour deviser avec eux des affaires d’état, que d’être avec cette vermine de ces bélîtres qu’on lui avait fait voir. Et à tant il mourut, et alla voir comme vont les affaires d’état de l’autre monde [67]. » Spizélius rapporte en substance le même récit [68]. Il a des gens qui font le conte d’une autre manière. Ils prétendent que Machiavel a dit dans quelqu’un de ses ouvrages, qu’il aimerait mieux être envoyé aux enfers après sa mort, que d’aller en paradis : car, ajoutait-il, je ne trouverais au paradis que des mendians, et de pauvres moines, et des ermites, et des apôtres ; mais dans les enfers je vivrais avec les papes, et avec les cardinaux, et avec les rois et les princes. François Hottman [69] témoigne qu’on lit cela dans les Commentaires de Wolfius, sur les Tusculanes de Cicéron, et il déplore que nonobstant ces blasphèmes, et plusieurs autres, on permit à Bâle l’impression des Œuvres de Machiavel, traduites par un professeur qu’il nomme Stupanus. Il observe que Perna, qui avait été emprisonné plusieurs fois par l’ordre des magistrats, pour avoir mis sous la presse divers livres exécrables et impies, imprimait cette traduction. Hotman raconte cela, et quelques autres choses curieuses, dans une lettre datée du 25 décembre 1580.

(M) Ceux qui disent que dans son Prince il avait dessein de représenter Charles-Quint, s’abusent grossièrement. ] Je m’étonne que Jacques Gohory ait débité cette pensée. Machiavel, dit-il [70], ha fait un livre du Prince..... auquel il descrit singulierement toutes les parties requises au seigneur tendant à monarchie, y voulant secrettement representer l’empereur Charles Quint lors regnant, comme il en donne tesmoignage en un passage. Comment n’avait-il point vu que cet ouvrage fut composé avant que l’on sût si Charles-Quint acquerrait beaucoup de réputation ? N’avait-il point lu dans le chapitre XXI, que Ferdinand, roi d’Aragon, était en vie quand Machiavel faisait cet ouvrage ? N’avait-il point lu dans un autre endroit [71] que l’auteur parle de l’empereur Maximilien, comme d’un prince qui vivait encore ? Ne savait-il pas que cet empereur mourut au mois de janvier 1519, trois ans après Ferdinand, et lorsque son petit-fils Charles-Quint n’avait pas encore dix-neuf ans accomplis ?

(N) ...... On a débité que c’était un livre dont Catherine de Médicis faisait son étude particulière, et qu’elle mettait entre les mains de ses enfans. ] L’auteur du Tocsin contre les Massacreurs observe [72] que Charles IX avait été très-mal élevé, et qu’on lui avait laissé ignorer ces enseignemens de l’Écriture [* 4], que le roi établi sur le peuple de Dieu ne doit point élever son cœur sur ses frères, ains qu’il doit ensuivre la loi du Seigneur de point en point, et y méditer en la lisant tous les jours de sa vie [73]... Au contraire de quoi la reine a fait instruire ses enfans ès préceptes qui étaient plus propres à un tyran qu’à un roi vertueux, lui faisant faire leçon, non pas seulement des sots contes de Perceforest, mais surtout des traits de cet athée Machiavel, dont le but a été plutôt d’enseigner le prince à se faire craindre qu’aimer : et à régner en grandeur, qu’à bien régner, et de fait, on peut bien appeler ce livre-là l’évangile de la reine-mère. Car encore qu’elle se couvre de la religion communément reçue, si voit-on par effet qu’elle n’en a  qu’autant qu’elle estime nécessaire pour se maintenir. Aussi son principal conseiller Morviliers a toujours ce beau chrétien livre au poing, pour en faire souvent leçon à sa maîtresse, et ne l’abandonne non plus qu’Alexandre faisait son Homère. En somme, il est vraisemblable que c’est de là en partie que cette tyrannique institution a été tirée, et que la reine y a puisé ses principaux artifices pour persuader au roi que, non-obstant toutes promesses de paix, et d’amitié, voire tout lien de consanguinité, il se pouvait venger furieusement de tous ceux qu’il estimait ses ennemis, en prenant quelque léger soupçon (voire s’il faut appeler soupçon une calomnie forgée à plaisir) pour suffisante preuve. Davila rapporte que Corbinelli lisait souvent le Prince et les Discours de Machiavel au duc d’Anjou, qui fut ensuite le roi Henri III [74].

(O) Quelques-uns…... le regardent comme un écrivain fort zélé pour le bien public. ] Cela sent un peu le paradoxe ; c’est pourquoi il faut rapporter un peu au long les propres paroles d’un célèbre jurisconsulte, qui a jugé si avantageusement du but de Machiavel. Je les accompagnerai d’une espèce de préface empruntée d’un autre savant, afin de fournir tout d’un coup deux témoins considérables, Albéric Gentilis, et Christophle Adam Rupertus. Ego verò non possum hic præterire, qui cane pejùs et angue odisse soleo conceptas de auctoribus opiniones, accuratissimi icti ac dignissimi censoris judicium l. 3. de legationib. c. 9, ubi legatum suum ex philosophiâ instruens, nec verò, inquit, in negotio isto vereboromnium præstantissimum dicere, et ad imitandum proponere Machiavellum, ejusque planè aureas in Livium observationes. Quòd namque hominem indoctissimum esse volunt et scelestissimum, id nihil ad me, qui prudentiam ejus singularem laudo, nec impietatem ac improbitatem, si qua est, tueor. Quanquàm si librum editum adversùs illum considero si Machiavelli conditionem respicio, si propositum scribendi suum rectè censeo, si etiam meliori interpretatione volo dicta ipsius adjuvare, non equidem video cur et iis criminibus mortui hominis fama liberari non possit. Qui in illum scripsit (intelligit Innocentium Gentilletum ictum Delphinensem) illum nec intellexit, nec non in multis calumniatus est, et talis omninò est qualis, qui miseratione dignissimus sit Machiavellus democratiæ laudator et assertor acerrimus : natus, educatus, honoratus, in eo reip. statu ; tyrannidis summè inimicus. Itaque tyranno non favet ; sui propositi non est tyrannum instruere, sed arcanis ejus palàm factis ipsum miseris populis nudum et conspicuum exhibere. An enim tales, quales ipse describit principes, fuisse plurimos ignoramus ? Eccur istiusmodi principibus molestum est, vivere hominis opera, et in luce haberi. Hoc fuit viri omnium præstantissimi consilium, ut sub specie principalis eruditionis populos erudiret. Hæc Albericus Gentilis [75]. Allongeons un peu le passage ; car il me semble que Rupert en a supprimé une portion qui mérite d’être connue. La voici : Et eam specient prætexuit, ut spes esset, cur ferretur ab his, qui rerum gubernacula tenent, quasi ipsorum educator, ac pædagogus. Cæterùm hæc disceptatio ulteriùs haud ducitur, Si favere scriptoribus volumus, multa et in hoc vitia emendabimus aut illa saltem feremus in eo, quæ in Platone ferimus, et Aristotele, aliisque, qui non dissimilia commisêre peccata. Feremus autem, quia meliora deterioribus longè plurima et is habet [76]. Il y a deux choses à considérer dans cette dernière partie du passage d’Albéric Gentilis. Il veut, 1°. Que Machiavel ait pris cette route d’instruire les peuples afin que les princes souffrissent son livre, ce qu’ils n’auraient pas fait s’ils l’eussent considéré non pas comme leur pédagogue, mais comme celui des amateurs de la liberté populaire ; 2°. que l’on doit excuser dans Machiavel ce que l’on excuse dans Platon et dans Aristote. Notez que Léonclavius était bien éloigné de ce sentiment d’Albéric Gentilis. Voyez l’épître dédicatoire [77] qu’il a mise au-devant de l’Éducation des Princes, composée par Bélisaire Aquaviva.

(P) Il se montra par sa conduite bien animé de l’esprit républicain. ] M. Amelot de la Houssaye sera ici mon commentateur. « Je dirai que Machiavel, qu’on fait passer partout pour un maître de tyrannie, l’a détestée plus que pas un homme de son temps, ainsi qu’il est aisé de voir par le chapitre X du premier livre de ses Discours, où il parle très-fortement contre les tyrans. Et le Nardi [* 5], son contemporain, dit qu’il fut un de ceux qui firent des panégiriques de la liberté, et du cardinal Jules de Médicis, qui, après la mort de Léon X, feignait de la vouloir rendre à sa patrie : et qu’il fut soupçonné d’être complice de la conjuration de Jacopo da Diacetto, Zanobi Buondelmonti, Luigi Alamanus, et Cosimo Ruscellai, contre ce cardinal, à cause de la liaison étroite qu’il avait avec eux, et les autres libertins. (C’est ainsi que les partisans des Médicis [* 6] appelaient ceux qui voulaient maintenir Florence en liberté) et probablement ce fut ce soupçon qui empêcha, qu’il ne fût récompensé de son Histoire de Florence, quoiqu’il l’eût emporté par l’ordre du même cardinal, comme il le marque tout au commencement de son épître dédicatoire [78]. »

(Q) Il fut persécuté de la mauvaise fortune autant qu’un autre. ] Si j’emploie un plus long passage de Jacques Gohory que mon texte ne demande, c’est afin d’y remarquer une assez grosse bévue. « Aussi ne fut pas grandement soustenu ny enrichy par les princes et seigneurs de son temps, comme le pape Clement VII, auquel il dedia son Histoire de Florence, ne du magnifique Laurens de Medicis à qui il envoya son livre du Prince, lequel remit sus le siecle doré des disciplines de son temps en Italie, favorisant et secourant tous les personnages doctes comme Marcilius Ficinus, qui luy a dedié ses traductions et commentaires sur Platon, Angelus Politianus, Hieronymus Donatus, et plusieurs autres desquelz les epistres se voyent au recueil intitulé : Epistolæ Virorum illustrium. Aussi s’en plaint Machiavel à luy, implorant taysiblement son ayde en la dedicatoire de son Prince en ces termes : E se vostra magnificenza d’all’ apice della sua altezza, qualche volta volgera gli occhi in questi luoghi bassi, cognoscera quanto indignamente io supporti una grande e continua malignità di fortuna [79]. » Ces paroles italiennes ont été ainsi traduites par M. Amelot. Et si, du lieu éminent où vous êtes, vous regardez quelquefois en bas, vous connaîtrez que c’est à tort que je souffre une si rude et si longue persécution de la fortune. L’erreur crasse de Gohory est d’avoir cru que Laurent de Médicis, le patron et le fauteur de Politien, etc., était le même Laurent à qui Nicolas Machiavel dédia son Prince. Ce prince Laurent était petit-fils de l’autre.

  1. (*) Che gli statu non si tenevano con paternostri. Machiavel, Histor. VII.
  2. (*) Dans une Relation manuscrite de la cour de Vienne, d’un prince allemand.
  3. * Il existe encore sous le même titre d’Anti-Machiavel, un ouvrage du roi de Prusse, connu sous le nom de Frédéric-le Grand, et qui n’était alors que prince royal. Voltaire en fut l’éditeur.
  4. (*) Deut. XVII, 19, 20.
  5. (*) Hist. Fior., lib. 3.
  6. (*) Ibidem.
  1. Paul. Jov., El., c. LXXXVII, p. m. 206.
  2. Idem, ibidem, pag. 205.
  3. Varillas, Anecdotes de Florence, p. 248.
  4. Paul Jove nomme cette comédie Nicia : il aurait donc fallu imprimer sa Nicia. Cette pièce ne paraît point dans les Œuvres de Machiavel. On n’y trouve que deux comédies : la première est intitulée Mandragola, et la seconde Clitia.
  5. Conférez ce que dessus, citation (40) de l’article Dassouci, tom. V, pag. 394.
  6. Balzacius, Epist select., p. m. 202, 203.
  7. Dans l’article Léon X, tom. IX, p. 150, remarque (F), à la fin.
  8. Paulus Jovius, in Vitâ Leonis X, pag. m. 189.
  9. Paulus Jovius, Historiar. lib. XI, sub. fin. Voyez-le aussi in Vitâ Leonis X, lib. III, pag. 145.
  10. Strada, Prolusion, academ., lib. II, prolus. V, pag. m. 334. Voyez aussi pag. 350 ; où il dit : Fuit id Leoni perjucundum qui explorata haberet illorum ingenia, et solitus esse interdùm severitatem imperii atque acres generis humani curas eruditis hisce voluptatibus temperare.
  11. Idem, ibidem, prolus VI, pag. 363.
  12. Pierre de Boissat, Histoire généalogique de la Maison de Médicis, pag. 241, 242.
  13. Anecdotes de Florence, pag. 249.
  14. Là même, pag. 248.
  15. Voyez l’article Jaccétius, tom. VIII, pag. 315.
  16. Floruit in maximo pretio in Galliâ transalpinâ, 1540. Michaël Poacciantius, in Catalog. Scriptorum Florentinor., pag. 7, edit. Florent., 1589.
  17. Citation (26) de l’article François Ier., tom. VI, pag. 568.
  18. C’est le XIXe. de la IIe. centurie.
  19. Jacques Gohory, dans la Vie de Machiavel, au-devant de sa traduction française du Prince et des Discours sur Tite-Live, imprimée à Paris, l’an 1571.
  20. Jovius, Elogior. pag. 206.
  21. Florence se rendit le 9 d’août 1530.
  22. Varillas, Anecdotes de Florence, pag. 248.
  23. Jovius, Elogior. pag. 206.
  24. Pocciantius, in Catalogo Scriptorum Florentinorum, pag. 137.
  25. Pag. m. 592.
  26. Nouvelles de la République des Lettres, mois de janvier, 1687, pag. 99.
  27. Le chancelier Bacon, de Augment. Scientiar., lib. VII, cap. II, pag. m. 397, avait dit la même chose. Est quòd gratias agamus Machiavello et hujusmodi scriptoribus, qui apertè et indissimulanter proferunt quid homines facere soleant, non quid debeant.
  28. Seneca, in Thyeste, act. II, vs. 312. Il avait dit, vs. 217.

    Sanctitas, pietas, fides, privata bona sunt : quâ juvat,
    Reges eant......................

  29. Boccalin, Ragguagli di Parnasso, centur. I, cap. LXXXIX.
  30. Voyez Mascardi, de Arte historicâ.
  31. Pro Machiavello inter alios apologiam scripsit Gasp, Scioppius in libello Pœdiæ politicæ et Dissertatione adversùs Paganinum Gaudentium. Bosius, de comparandâ Prud. Civil., num. 93, apud Masirum Eponymol., pag. 552.
  32. Conringius, in præfat. suæ libri de Principe editionis, apud Magirum, pag. 554.
  33. Rapportez à ceci ces paroles du sieur Naudé. chap. I des Coups d’État : Vouloir parler de la politique suivant qu’elle se traite et exerce aujourd’hui, sans rien dire de ces coups d’état, c’est proprement ignorer la pédie, et le moyen qu’enseigne Aristote dans ses Analytiques, pour parler de toutes choses à propos, et suivant les principes et démonstrations qui leur sont propres et essentielles, Est enim pædiæ inscientia nescire, quorum oporteat quærere demonstrationem, quorum verò non oporteat : comme il dit en sa Métaphysique.
  34. Conringius, Introduct. in Polit. Aristotelis, cap. III, pag. 583, apud Thomasium, de Plagio litterario, pag. 223, 224.
  35. In prefat., lib. III Commentarior. adversùs Machiav.
  36. Au chap. V, pag. m. 16
  37. Dans ses Notes sur le Prince de Machiav.
  38. Amelot de la Houssaye, préface du Prince de Machiavel.
  39. Dans l’épître dédicatoire.
  40. M. de Harlai Chanvalon, Préface de la traduction de Tacite.
  41. Dans son Discours critique, au devant de la Morale de Tacite, imprimée l’an 1686. Il l’a mis depuis au-devant de sa traduction française des six premiers livres des Annales de Tacite.
  42. Elle est in-8°.
  43. Au IIe. tome des Anti, pag. 120 et suiv.
  44. La Popelinière, Histoire des Histoires, liv. VII, pag. 405, 406.
  45. Journal des Savans, du 15 de mars 1700, pag. 211, édition de Hollande.
  46. Conringius, præfat. Principis Machiav. apud Magirum Eponymolog., pag. 548.
  47. Conring., ibidem.
  48. Daté du 23 d’août 1531. Il est à la tête des Œuvres de Machiavel.
  49. De libris à Christiano detestandis, et ex Cristianismo penitùs removendis.
  50. Il le composa par ordre d’Innocent IX, et il le publia à Rome, l’an 1572. Il en a inséré une partie dans sa Bibliothéque choisie. Conring., ibidem., apud eumdem Magirum, ibidem.
  51. Il semble qu’il faudrait Possevinus, et non pas Machiavellus.
  52. Conringius, ibidem, apud eumdem, pag. 549.
  53. Et verò illud Possevini facinus luculentè ostendit, non deesse etiam eximiæ dignitatis atque existimationis viros, qui scripto publico ne inspectum quidem MACHIAVELLI Principem sævo calculo abjecerint. Conring., apud Magirum, ibid., pag. 550.
  54. Il était fils de Pierre de Médicis et neveu de Léon X.
  55. Cardan., lib. III de Utilit., ex advers. capiendâ, citante Besoldo de Arte Jureque Belli, cap. I, pag. 3 et 4, apud Thomasium, præfat. XXI, pag. 118.
  56. Histoire des Ouvrages des Savans, juillet 1691, pag. 483.
  57. C’est M. Tétard, réfugié français et médecin à la Haye. Il est de Blois, de la famille de M. Tétard, ministre de Blois, dont on parla beaucoup dans les synodes de France, au temps des disputes de Saumur, sur la Grâce universelle.
  58. Voyez M. de Beauval, 1691, pag. 483, et la Bibliothéque universelle, tom. XX, pag. 328. M. Beughem, Bibliographiæ, consp. II, pag. 192, se trompe en disant que la traduction dont parle la Bibliothéque universelle, même, est de M. Amelot.
  59. Guillaume Cappel, fils aîné de l’avocat du roi, et médecin, a traduit le Prince de Machiavel, imprimé en 1553. Voyez la Croix du Maine, Bibliothéque française, pag. 144.
  60. Voyez l’épitre dédicatoire du Prince, et celle des Discours sur Tite-Live, traduits par Gohory.
  61. Sagredo, Memorie Historiche de’ Monarchi Ottomani. Ce livre fut imprimé à Venise, l’an 1673.
  62. Vossius, de Arte historicâ, c. X, p. 56.
  63. Jovius, Elog., cap. CXLI, p. m. 283.
  64. Dans la remarque (D).
  65. Centro excentrici ad alterum terminum mediocrem perveniente, speramus adfuturum Dominum nostrum Jesum Christum, nam hoc loco circà creationem mundi fuit.
  66. Gohory, épître dédicatoire des Discours sur Tite-Live.
  67. Binet, du Salut d’Origène, pag. 359 et suiv.
  68. Spizelius, in Scrutinio Atheismi Historico Ætiologico, pag. m. 132. Il cite Jac. Marchant, in Hort. Pastor., tract. I, lect. VII, propos. II.
  69. Francis. Hotomanus, epist. XCIX, pag. 139.
  70. Gohory, dans la Vie de Machiavel, au-devant de sa traduction du Prince.
  71. Dans le chapitre XXIII.
  72. Tocsin contre les Massacreurs, pag. 53.
  73. Tocsin, pag. 54.
  74. Voyez, tom. V, pag. 293, citation (b) de l’article Corbinelli.
  75. Christoph. Adamus Rupertus, Dissertat ad Valer. Maximum, lib. I, cap. II et III, pag. 50.
  76. Alber. Gentilis, de Legationibus, lib. III, cap. IX.
  77. Keckerman en allègue ce qu’elle contient au désavantage de Machiavel. Voyez M. Crénius, Method. Stud., part. II, pag. 194.
  78. Amelot de la Houssaye, préface de la traduction du Prince, vers la fin
  79. Gohory, dans la Vie de Machiavel.

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