Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Néphès Ogli

La bibliothèque libre.

◄  Némésius
Index alphabétique — N
Nero  ►
Index par tome


NÉPHÈS OGLI. Ce nom signifie parmi les Turcs fils du Saint-Esprit, et on le donne à certaines gens qui naissent d’une façon extraordinaire, je veux dire d’une mère vierge. Il y a des filles turques, dit-on, qui se tiennent dans certains lieux à l’écart, où elles ne voient aucun homme. Elles ne vont aux mosquées que rarement ; et lorsqu’elles y vont elles y demeurent depuis neuf heures du soir jusques à minuit, y joignent à leurs prières tant de contorsions de corps, et tant de cris, qu’elles épuisent toutes leurs forces, et qu’il leur arrive souvent de tomber par terre évanouies. Si elles se sentent grosses depuis ce temps-là, elles disent qu’elles le sont par la grâce du Saint-Esprit ; et c’est pour cela que les enfans dont elles accouchent sont appelés Néphès Ogli [a]. Ils sont considérés comme des gens qui ont le don des miracles (A).


(A) Ils sont considérés comme des gens qui ont le don des miracles.] Un moine, qui a demeuré long-temps en Turquie, assure qu’on dit qu’il y a toujours deux ou trois de ces Néphès Ogli dans la ville de Brusezia [1], et que leurs cheveux ou les pièces de leurs habits guérissent toutes sortes de maladies. Dicuntur tales, ajoute-t-il [2], prodigiosé nasci, id est sinè virili semine, et per consequens tota eorum vita et actio supernaturalis et mirabilis credenda est [* 1].

  1. * Leclerc reproche à Bayle de ne pas dire un mot contre les prétendues miracles des Turcs, après avoir parlé contre ceux de l’église. Voyez tom. I, pag. 480.
  1. Georgiewitz, cap. I. Ita mihi narratum est, dit-il, à pedissequis earum, nam nec ipse vidi, nec aliquis virorum eorundem huic spectaculo interesse potest.
  1. C’est sans doute la ville de Pruse, dans la Bithynie, le premier siége que l’empire des Ottomans ait eu.
  2. Septem-Castrensis, de Moribus Turcoram, pag. 47. apud Hottingerum, Historiæ Orientalis pag. 295.

◄  Némésius
Nero  ►