Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Année climatérique

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Henri Plon (p. 39).

Année climatérique. Le préjugé des années climatériques subsiste encore, quoiqu’on en ait à peu près démontré l’absurdité. Auguste écrivait à son neveu Caius pour l’engager à célébrer le jour de sa naissance, attendu qu’il avait passé la soixante-troisième année, — qui est cette grande climatérique si redoutable pour les humains. — Beaucoup de personnes craignent encore l’année climatérique ; cependant une foule de relevés prouvent qu’il ne meurt pas plus d’hommes dans la soixante-troisième année que dans les années qui la précèdent. Mais un préjugé se détruit avec peine. Selon ces idées, que Pythagore fit naître par ses singulières rêveries sur les nombres, notre tempérament éprouve tous les sept ans une révolution complète. Quelques-uns disent même qu’il se renouvelle entièrement. D’autres prétendent que ce renouvellement n’a lieu que tous les neuf ans : aussi les années climatériques se comptent par sept et par neuf. Quarante-neuf et quatre-vingt-un sont des années très-importantes, disent les partisans de cette doctrine ; mais soixante-trois est l’année la plus fatale, parce que c’est la multiplication de sept par neuf. Un Normand disait : Encore un des miens pendu à quarante-neuf ans ! et qu’on dise qu’il ne faut pas se méfier des années climatériques !

« On ne doit pourtant pas porter trop loin, dit M. Salgues, le mépris de la période septénaire, qui marque en effet les progrès du développement et de l’accroissement du corps humain. Ainsi, généralement, les dents de l’enfance tombent à sept ans, la puberté se manifeste à quatorze, le corps cesse de croître à vingt et un. » — Mais cette observation n’est pas complètement exacte.