Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Aupetit

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Henri Plon (p. 65-66).
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Aupetit (Pierre), prêtre border du village de Fossas, paroisse de Paias, près la ville-de Chalus, en Limousin, exécuté à l’âge de cinquante ans, le 25 mai 1598. — Il ne voulut pas d’abord répondre au juge civil ; il en fut référé au parlement de Bordeaux, qui ordonna que le juge laïque connaîtrait de cette affairé, sauf à s’adjoindre un juge d’église. L’évêque de Limoges envoya un membre de l’officialité pour assister, avec le vice-sénéchal et le conseiller Peyrat, à l’audition du sorcier. — Interrogé s’il n’a pas été au sabbat de Mendras, s’il n’a pas vu Antoine Dumons de Saint-Laurent, chargé de fournir des chandelles pour l’adoration du diable ; si lui, Pierre Aupetit, n’a pas tenu le fusil pour les allumer, etc. ; il a répondu que non, et qu’à l’égard du diable, il priait Dieu de le garder de sa figure : ce qui était le langage ordinaire des sorciers. — Interrogé s’il ne se servait pas de graisses, et si, après le sabbat, il n’avait pas lu dans un livre pour faire venir une troupe de cochons qui criaient et lui répondaient : « Tiran, tiran, ramassien, ramassien, nous réclamons cercles et cernes pour faire l’assemblée que nous t’avons promise ; » il a répondu qu’il, ne savait ce qu’on lui demandait. — Interrogé s’il ne sait, pas embarrer ou désembarrer, et se rendre invisible étant prisonnier, il répond que non. — Interrogé s’il sait dire des messes pour obtenir la guérison des malades, il répond qu’il en sait dire en l’honneur des cinq plaies de Notre-Seigneur et de M. saint Côme.

Pour tirer de lui la vérité, selon les usages d’alors, on le menaça de la question. Il avoua alors qu’il était allé au sabbat ; qu’il lisait dans le grimoire ; que le diable, en forme de mouton, plus noir que blanc, se faisait baiser le derrière ; que Gratoulet, insigne sorcier, lui avait appris le secret d’embarrer, d’étancher et d’arrêter le sang ; que son démon ou esprit familier s’appelait Belzébut, et qu’il avait reçu en cadeau son petit doigt. Il déclara qu’il avait dit la messe en l’honneur de Belzébut, et qu’il savait embarrer en invoquant le nom du diable et en mettant un liard dans uñe aiguillette ; il dit, de plus, que le diable parlait en langage vulgaire aux sorciers, et que, quand il voulait envoyer du mal à quelqu’un, il disait ces mots : « Vach, vech, stet, sty, stu ! » Il persista jusqu’au supplice dans ces ridicules révélations, mêlées d’indécentes grossièretés[1]. Pour comprendre ces choses, voy. Sabbat.


  1. Delancre, Tableau de l’inconstance des mauvais anges, liv. VI, disc. iv.