Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Beurre

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Henri Plon (p. 96-97).

Beurre. On croit dans plusieurs villages empêcher le beurre de se faire en récitant à rebours le psaume Nolite fieri[1]. Bodin ajoute que, par un effet d’antipathie naturelle, on obtient le même résultat en mettant un peu de sucre dans la crème ; et il conte qu’étant à Chelles, en Valois, il vit une chambrière qui voulait faire fouetter un petit laquais, parce qu’il l’avait tellement maléficiée en récitant à rebours le psaume cité, que depuis le matin elle ne pouvait faire son beurre. Le laquais récita alors naturellement le psaume, et le beurre se fit[2].

Dans le Finistère, dit-on, l’on ensorcelle encore le beurre. On croit aussi dans ce pays que si l’on offre du beurre à saint Hervé, les bestiaux qui ont fourni la crème n’ont rien à craindre des loups, parce que ce saint, étant aveugle, se faisait guider par un loup[3].

  1. Thiers, Traité des superstitions, t. Ier. Il n’y a pas de psaume Nolite fieri. Ce n’est qu’une division du psaume 34.
  2. Démonomanie des sorciers, liv. II, ch. i.
  3. Cambry, Voyage dans le Finistère, t. I, p. 14 et 15.