Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Bungey

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Henri Plon (p. 124).
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Bungey (Thomas), moine anglais, élève, ami et serviteur de Roger Bacon, avec qui les démonographes l’accusent d’avoir travaillé sept ans à la merveilleuse tête d’airain qui parla, comme on sait[1]. On ajoute qu’il était magicien, et on en donne pour preuve qu’il publia un livre de la magie naturelle, De magia naturali, aujourd’hui peu connu.

Les bonnes gens racontent que l’illustre religieux, ayant formé le projet d’entourer l’Angleterre d’un mur d’airain, avait fabriqué une tête de bronze, prodigieux androïde qui devait avertir son serviteur, le frère Bungey, du moment favorable à l’érection de la muraille. Un jour la tête dit : Il est temps. Bungey dormait. Un autre jour elle répéta : Il est temps. Bunger dormait encore. Une troisième fois elle ouvrit la bouche et s’écria : Il n’est plus temps. Aussitôt la maison, ébranlée dans ses fondements, ensevelit Bungey sous ses ruines.

Delrio l’absout de l’accusation de magie[2], et il avoue que son livre ne contient qu’une certaine dose d’idées superstitieuses. Une autre preuve qu’il n’était pas magicien, mais seulement un peu mathématicien, c’est qu’on l’élut provincial des franciscains en Angleterre[3].

  1. Voyez Bacon.
  2. Disquisit. magie, lib. I, cap. m, q. i.
  3. Naudé, Apol. pour les grands personnages, etc., p. 495.