Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Grandier

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Henri Plon (p. 308).
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Grandier en prison.

Grandier (Urbain). L’histoire de cet homme n’est guère connue du public que par le livre du calviniste Saint-Aubin, qui l’a écrite sous le titre d’Histoire des diables de Loudun, et qui avait intérêt, dans l’esprit de sa secte, à travestir les faits. Son livre, on le reconnaît aujourd’hui, n’est qu’un pamphlet menteur et calomnieux. Grandier était malheureusement un prêtre plus dissipé, comme le disent les récits du temps, que sa condition ne le comportait. Il avait donc là un titre aux sympathies des ennemis de l’Église romaine. Il y avait depuis sept ans à Loudun un couvent d’ursulines, que Grandier voulut séduire. Il ensorcela les religieuses, comme on disait alors ; on dirait aujourd’hui il les magnétisa, au moyen de fleurs charmées qu’il leur fit parvenir ; et ces saintes filles devinrent possédées et frénétiques. Les phénomènes que produit le magnétisme sous nos yeux expliquent bien des faits que les dissidents et les philosophes ont traités d’absurdes, et qu’on ne peut plus révoquer en doute. Une procédure fut entamée, suivie avec beaucoup d’ordre, de lenteur et de sagesse. Grandier, en prison, composait ou fredonnait des chansons. Il fut condamné à mort. On s’est récrié contre cette sentence et on a gémi à propos de son exécution. Mais le magnétisme et les tables tournantes ont produit ou produiront des crimes, qui seront, aussi bien que ceux de Grandier, du ressort des cours prévôtales ou des cours d’assises. Voy. Loudun[1].

  1. Voyez aussi l’histoire de Grandier, dans les Légendes infernales.