Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Horoscopes

La bibliothèque libre.
Henri Plon (p. 340-341).

Horoscopes. Un maréchal ferrant de Beauvais avait fait tirer l’horoscope de son fils. L’astrologue, après avoir examiné les divers aspects


des astres, découvrit que l’enfant était menacé de mourir à quinze ans d’un coup de tonnerre. Il désigna en même temps le mois, le jour et l’heure où l’événement devait avoir lieu ; mais il ajouta qu’une cage de fer sauverait le jeune homme. Quand le temps arriva, le père chercha comment la cage de fer pourrait éviter à son fils une mort si prématurée ; il pensa que le sens de l’oracle était probablement d’enfermer ce jour-là son enfant dans une cage de fer bien fermée. Il se mit à travailler à la construction de cette cage sans en parler à personne. Le moment arriva. Une nuée paraissait se former dans le ciel, et justifiait jusqu’alors le dire de l’astrologue. Il appella donc son fils et lui annonça que son étoile le condamnait à être tué du tonnerre, un peu avant midi, s’il n’avait heureusement trouvé le moyen de le soustraire à sa mauvaise planète ; il le pria d’entrer dans la cage de fer. Le fils, un peu plus instruit que son père, pensa que, loin de le garantir du tonnerre, cette cage ne servirait au contraire qu’à l’attirer ; il s’obstina à rester dans sa chambre, où il se mit à réciter l’Évangile de saint Jean. Cependant les nuages s’amoncellent, le temps se couvre, le tonnerre gronde, l’éclair brille, la foudre tombe sur la cage de fer et la réduit en poudre. Le maréchal surpris bénit pour la première fois le ciel d’avoir rendu son fils désobéissant, et vit toutefois l’oracle accompli. Du moins tel est le conte. Voy. Astrologues.