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Dictionnaire philosophique/Garnier (1878)/Apointé, désapointé
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Soit que ce mot vienne du latin punctum, ce qui est très-vraisemblable ; soit qu’il vienne de l’ancienne barbarie, qui se plaisait fort aux oins, soin, coin, loin, foin, hurdouin, albouin, grouin, poing, etc., il est certain que cette expression, bannie aujourd’hui mal à propos du langage, est très-nécessaire. Le naïf Amyot et l’énergique Montaigne s’en servent souvent. Il n’est pas même possible jusqu’à présent d’en employer une autre. Je lui apointai l’hôtel des Ursins ; à sept heures du soir je m’y rendis ; je fus désapointé. Comment exprimerez-vous en un seul mot le manque de parole de celui qui devait venir à l’hôtel des Ursins, à sept heures du soir, et l’embarras de celui qui est venu, et qui ne trouve personne ? A-t-il été trompé dans son attente ? Cela est d’une longueur insupportable, et n’exprime pas précisément la chose. Il a été désapointé ; il n’y a que ce mot. Servez-vous-en donc, vous qui voulez qu’on vous entende vite ; vous savez que les circonlocutions sont la marque d’une langue pauvre. Il ne faut pas dire : « Vous me devez cinq pièces de douze sous, » quand vous pouvez dire : « Vous me devez un écu. »
Les Anglais ont pris de nous ces mots apointé, désapointé, ainsi que beaucoup d’autres expressions très-énergiques ; ils se sont enrichis de nos dépouilles, et nous n’osons reprendre notre bien.
Ce sont procès par écrit. On apointe une cause ; c’est-à-dire que les juges ordonnent que les parties produisent par écrit les