Dictionnaire portatif de cuisine, d’office, et de distillation/LIMON

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inconnu
Lottin le Jeune (p. 367-368).
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LIMON : fruit d’un arbre commun dans nos provinces méridionales, qui est une espece de citronnier. Le limon est plus long, plus jaunâtre, plus mou que le citron ; & son écorce est moins quintessencieuse. On en distingue de deux sortes ; le doux, & l’aigre. Le doux est de peu d’usage ; on en confit seulement l’écorce. L’aigre s’emploie avec le sucre, & sert à faire une boisson fort agréable, qu’on appelle limonade, & qui est très-rafraîchissante. Le procédé en est si commun, qu’il est inutile de le donner ici.

Limon. (Syrop de) Pour quatre pintes de ce syrop, faites bouillir les zestes d’une douzaine de limons dans quatre pintes & chopine d’eau ; passez ensuite cette décoction au tamis. Cela fait, mettez dedans sept livres de sucre, & le faites cuire jusqu’au cassé, prêt à se candir. Exprimez auparavant le jus de vos limons, & le passez à la chauffe. Votre sucre étant au degré de cuisson que nous avons dit, coulez-y votre jus de limon, & le mêlez bien avec le sucre que vous aurez retiré du feu, parce qu’il ne faut plus que ce syrop bouille. L’acide leger de ce fruit, faisant le principal mérite de ce syrop, il le perdroit dans la cuisson. Quand il sera froid, vous le mettrez en bouteilles ; au défaut de limons, vous emploierez des citrons, en observant ce que nous venons de dire. On peut augmenter ou diminuer du fruit selon ce qu’il rend, la qualité dont il est, & la force qu’on veut donner au syrop.

Observation médecinale.

Le suc du limon est rafraîchissant, apéritif, calmant, propre à prévenir ou corriger la putréfaction des humeurs, dont l’usage convient à ceux qui ont une ardeur interne, de l’agitation, de l’insomnie ; qui sont sujets aux maladies bilieuses, aux fiévres putrides. Mais il faut en user avec modération ; car son acide causeroit des coliques très-vives, & épaissiroit trop la bile.