Dictionnaire portatif de peinture, sculpture et gravure/BRUN
BRUN, en termes de Peinture, ſe prend en deux ſens différens. Premierement pour les endroits d’un tableau où les couleurs ſont tellement rompues & couchées de façon à imiter les ombres que les corps opaques produiſent dans leur partie qui n’eſt pas éclairée, ou expoſée à la lumiere : alors on dit les bruns, comme on dit les ombres d’un tableau ; ces deux termes deviennent ſynonimes. Mais lorſqu’on dit qu’un tableau eſt brun, on entend que le Peintre a mis trop de tons bruns, & trop forcé les ombres ; le Caravage y étoit fort ſujet. On l’exprime alors en diſant que le Peintre eſt tombé dans le noir. Voyez Noir.
Lorſque le tableau eſt devenu brun par le défaut naturel des couleurs, on dit qu’il eſt pouſſé au noir. Car la terre d’ombre, la terre de cologne, l’orpin & quelques autres couleurs, s’obſcurciſſent dans la ſuite des tems, & gâtent celles avec leſquelles elles ſont rompues, parce qu’elles les font brunir. Il faut donc éviter l’employ des mauvaiſes couleurs. En bruniſſant, les principaux traits délicats ſe confondent avec les autres, & s’évanouiſſent. V. Couleur, Noir, Noircir, Rembruni.