Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Boudin

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BOUDIN, s. m. C’est un membre d’architecture de forme cylindrique qui décore les archivoltes, les arcs-doubleaux, arcs-ogives, bandeaux, etc. Dès le IXe siècle, on voit apparaître le boudin dans les arcs-doubleaux pour les alléger. La crypte de l’église cathédrale de Saint-Étienne d’Auxerre présente déjà de gros boudins ou demi-cylindres saillants sur un arc-doubleau à arêtes vives (1). On voit aussi, dans la crypte de l’église Saint-Euthrope de Saintes (commencement du XIIe siècle), des arcs-doubleaux qui ne sont que de gros boudins (2).

Lorsque la voûte en arcs-d’ogives est adoptée pendant le XIIe siècle, la coupe des arcs-doubleaux reste souvent rectangle, et les arcs-ogives prennent un ou trois boudins (3)[1]. Mais les coupes rectangles ne devaient pas être longtemps conservées pour les arcs-doubleaux ; dès le milieu du XIIe siècle, nous voyons les boudins remplacer les arêtes vives (voy. Arc-doubleau, arc-ogive).

Pendant le XIIIe siècle, les moulures des divers membres de l’architecture deviennent de plus en plus délicates, et les boudins donnent une forme trop molle pour être longtemps conservés ; ils reçoivent une arête saillante A (4).

Au XIVe siècle, l’arête aiguë du boudin ne semble pas assez accusée ; on lui donne un méplat A (5)[2].

Dans les meneaux, c’est un boudin qui forme le principal nerf de la combinaison des courbes (voy. Meneau) ; dans ce cas, il ne fait que continuer le diamètre de la colonnette. Le boudin disparaît au XVe siècle et fait place à des formes prismatiques curvilignes (voy. Profil).

  1. Porche de l’église abbatiale de Vézelay.
  2. Déjà on trouve, dans des édifices du XIIIe siècle, des boudins taillés suivant la coupe donnée par la fig. 5.