Aller au contenu

Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/ATHENAY

La bibliothèque libre.

ATHENAY, ATHENAI, Athenaïo. Ancienne paroisse, aujourd’hui réunie à la commune de chemiré-le-gaudin. Son nom nous paraît venir de ce qu’il y aurait eu dans cet endroit, du tems des Romains, un temple, un autel, un lieu, enfin, consacré à Minerve à qui l’on donnait le surnom Athènœ. Voyez plus bas histoire ecclésiastique.

Anciennement paroisse du doyenné de Vallon, de l’archid. de Sablé, du diocèse et de l’élect. du Mans. Distances légales, de la Suze, 4 kilom. ; du Mans, 20 kilom.

descript. L’ancien territoire particulier d’Athenay a une forme alongée irrégulière du N. au S. Son diamètre, dans ce sens, est de 3 k. 5 h., et de 1 k. 5 h. de l’E. à l’O. Son plus grand diam., du N. E. au S. S. O., est de 4 k. 3 h. ; le plus petit, du S. E. au S. O., de 1 k. Borné au N. par Vallon ; au N. E. et à l’E. par Souligné et Flacé ; au S. par Chemiré ; à l’O. par Maigné.

Le bourg, qui se compose d’un petit nombre de maisons éparses au S. de l’église, est situé dans un vallon presque au milieu de la paroisse, en tirant un peu vers l’E. et le S. Les coteaux qui l’entourent ont une direction du N. E. et du N. O. au S., où ils forment comme un entonnoir en se rapprochant.

L’église, peu remarquable, ayant son clocher en flèche, ne sert plus au culte. Elle est distante de 2 k. 6 h., au N., du bourg de Chemiré. Le cimetière qui entourait l’église, ne sert plus aux inhumations depuis la réunion.

popul. On comptait anciennement 60 feux dans la paroisse ; plus récemment 84, comprenant 324 individus, dont 32 feux et 123 personnes dans le bourg.

hist. eccl. Athenay n’était dans l’origine qu’une succursale ou chapelle de Chemiré-le-Gaudin, dont le prêtre desservant n’avait que le titre de vicaire de cette dernière paroisse. Cette chapelle, qui était à la présentation du chapitre cathédral d’Angers, fut érigée en cure, par lettres-patentes du roi, enregistrées en parlement en 1768.

On trouve dans Lepaige un ample détail relatif à cette érection : il nous paraît inutile de le reproduire ici, aujourd’hui que cette paroisse est de nouveau réunie à Chemiré, et ne conserve même pas un vicaire desservant. Seulement, nous ferons la remarque que, de tems immémorial, il y avait dans l’église d’Athenay, tout ce qui constituait un état paroissial, savoir : tabernacle, fonds baptismaux, registres de l’état civil, cimetière, fabrique, etc. ; et que des titres de la fin du 14.e siècle, constituaient des propriétés foncières à la fabrique, avec droit de perception des grosses dîmes, sur une métairie de cette paroisse.

L’église d’Athenay était sous le patronage de la Visitation de la Vierge, circonstance qui nous paraît ne devoir laisser aucun doute sur l’étymologie de son nom ; d’après cette autre circonstance bien connue, du soin que prirent les premiers chrétiens de substituer avec adresse et ménagement, les fêtes, les cérémonies, les objets de leur culte, aux temples, aux idoles, aux habitudes religieuses du paganisme et du druidisme, plutôt que de chercher à les briser violemment.

Le célèbre cardinal de la Forêt, né à la Suze, et qui devint chancelier de France, posséda, pour son premier bénéfice, la chapelle d’Athenay. Voir la Biographie.

hist. féod. La seigneurie de paroisse, qui appartenait au chapitre d’Angers, par le don que lui en avait fait Louis II, comte du Maine, en 1414 ou 1415, était annexée à la terre de la Cour, qui est une ferme aujourd’hui. Elle avait haute, moyenne et basse justice, qui n’était plus exercée depuis longtems, et relevait de la sénéchaussée du Maine.

On remarque au S. du bourg d’Athenay, le château de Belle-Fille, de peu d’importance actuellement, qui, si l’on en croit la tradition, est très-ancien. Voici ce que l’on rapporte à ce sujet :

« Hugues de S.-Calais, évêque du Mans, de 1136 à 1144, ayant excommunié Damase, seigneur d’Asnières, qui entretenait publiquement et avec scandale Damgerose, sa nièce, fille de Gaudin de Chemiré, cette censure fut signifiée à Damase qui la méprisa, et fit répondre à l’évêque que son excommunication ne lui empêcherait point l’usage de l’eau et du feu, qu’elle lui interdisait. Hugues, étonné de son impudence et de son obstination, lui prédit que si, dans six mois, il ne chassait pas sa concubine, le feu et l’eau lui ôteraient l’usage de la vie, ce qui arriva. Environ six mois après cette prédiction, Damase ayant passé la rivière de Sarthe, pour faire voler un faucon dans une plaine, que l’ouvrage dont cette anecdote est tirée, dit être située inter Parte Naïum et Belsiacum, (probablement Parce et Beaucé, ou l’extrémité nord de la lande de Vion), il survint un orage qui le surprit avec son fauconnier lorsqu’ils chassaient à l’oiseau. Damase, voulant gagner le couvert dans une maison qui paraissait sur une roche de l’autre côté de la rivière, entra avec son fauconnier dans un bateau qui se trouva sur le bord. A peine furent-ils embarqués, que le tonnerre brisa le bateau et coula ces deux hommes à fond. Quelque recherche qu’on fit, on ne put trouver le corps du seigneur ; celui du fauconnier le fut auprès de l’île de Sablé, où le courant de l’eau l’avait entraîné.

Damgerose, qu’on appelait la Belle-Fille, effrayée et touchée de cet accident, alla trouver l’évêque, lui confessa ses fautes et lui en demanda l’absolution. Ensuite elle se retira, avec deux de ses parentes, dans une terre qu’elle tenait de son père, où elle bâtit, sur le penchant d’une petite colline, un Oratoire dans lequel elle fit pénitence pendant cinquante ans : c’est où existe à présent le château de Belle-Fille. » Cette histoire est tirée de la légende dorée des évêques du Mans.

N’en déplaise au légendaire, est-il bien religieux de rendre le pauvre fauconnier victime des erreurs de son maître ; et ce miracle ne serait-il pas plus édifiant, si ce malheureux se fût retiré vivant de cet accident, tandis que le seul coupable aurait péri ?

La chanson du Chevalier et du Fauconnier, publiée dans les Affiches du Mans, du 11 septembre 1827, n°73, est tirée d’une nouvelle inédite, dont cette anecdote a fourni le sujet.

Le château de Belle-Fille a appartenu successivement aux maisons de Courthardy, du Bellay, Levayer de Lignerolle, de Hautefort et Nepveu : il est encore actuellement dans cette dernière maison.

antiq. Près d’une métairie appelée la Têtardière, située entre le château de Belle-Fille et le bourg d’Athenay, se trouve un pâti dans lequel, en creusant pour une construction, on découvrit des souterrains qui occupaient un espace assez considérable. On n’a point suffisamment observé ces souterrains, qui auraient pu présenter quelque intérêt, en offrant des renseignemens relatifs aux antiquités, d’autant mieux que dans ce même pâti et dans un champ voisin, on a trouvé des cercueils de pierre rousse (sans doute de grès ferrifère appelé roussard) dont quelques-uns avaient des couvercles de même matière, sans inscriptions.

« A l’extrémité de ce même champ (dit Lepaige, qui fut desservant d’Athenay) dans un carrefour qui distribue le chemin du Mans à Maigné, et de Chemiré à Athenay, j’ai trouvé en 1726, des ossemens humains, dans un cercueil formé de terre glaise, très-poli en dedans. De tems immémorial, on entretient une croix dans ce même carrefour, ce qui me fait croire (ajoute-t-il) que la coutume de planter des croix dans les carrefours est du tems où on y enterrait les morts. « Cette opinion de l’abbé Lepaige est presque généralement admise aujourd’hui ; et l’on trouve à l’article Avessé, un usage bien singulier, qui en est confirmatif. »

On voit sur la carte du Maine de Jaillot, l’indication d’un combat donné dans les environs d’Athenay. « Aucune histoire, dit encore Lepaige, ne fait mention de ce fait ; seulement la tradition rapporte que, dans les guerres de religion, le parti des seigneurs de Pescheseul vint pour combattre celui des seigneurs des Epichelières, terre située au nord d’Athenay, dans la commune de Souligné. » Nous pensons qu’il est plus probable que l’indication de Jaillot se rapporte à la fameuse bataille dans laquelle Néoméné, duc de Bretagne, défit, en 845, l’empereur Charles-le-Chauve, dans les environs de Vallon.

géolog. Terrain montueux au S., à l’E. et au N. E. : du reste, comme à l’art. Chemiré-le-Gaudin.

hydrogr. Athenay est arrosé à l’E. par le ruiss. de Renom ; à l’O. par la petite rivière Géax.

Il existe près du château de Belle-Fille, une fontaine d’eau minérale, dont nous ferons connaître la nature, également à l’art. Chemiré-le-Gaudin.

cadastrem. La description, donnée ci-dessus du territoire d’Athenay, a été rédigée d’après les cartes du cadastre ; le surplus des détails cadastraux se trouve compris dans l’ensemble de ceux de Chemiré. Il en est de même des détails relatifs à la culture, et à ses produits : seulement nous dirons ici que cette paroisse comptait seize charrues sur son territoire particulier.

Voir, pour tout ce qui paraît manquer ici, l’art. chemiré-le-gaudin.