Aller au contenu

Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/AUBIGNÉ

La bibliothèque libre.
◄  ATHENAY
AULAINES  ►

AUBIGNÉ, AUBIGNI ; Aubigneio, en latin du moyen âge ; et mieux Albiniacum ; d’albus, albeo, blanc, être blanc, ce qui rend bien la nature et l’apparence du sol. Voir plus bas géologie. On pourrait encore rapporter l’étymologie du nom d’Aubigné, à aubain, étranger, si la première n’offrait pas une exactitude aussi évidente qu’elle le parait, dès qu’on apperçoit le pays.

Commune cadastrée, du canton et à 7 kilom. 5 hectom. S. de Mayet ; de l’arrond. et à 25 k. 5 h. E. de la Flèche ; à 35 k. S. du Mans. Jadis du doyenné d’Oizé, de l’archid. et de l’élection de Château-du-Loir ; du diocèse du Mans. Distances légales, 9, 31, 42 kilom.

descript. Bornée au N. O. et au N. par Sarcé et Mayet ; au N. E. par Verneil ; à l’E. et au S. E. par Vaas ; au S. par S.-Germain-d’Arcé et la Chapelle-aux-Choux ; au S. O. et à l’O. par le Lude et Coulongé. La forme de cette commune est celle d’un pentamètre fort irrégulier, dont le plus grand côté est à l’O. Son diam. central, dans les deux sens vertical et transversal, est de 6 k. ; le plus grand diam., qui est du N. N. E. au S. S. O., est de 9 kilom. 7 hectom.

Le bourg, fort joli, est situé à 1 k. 8 h. de l’extrémité E. de la commune, à 4 k. de celles N. et O., et à 3 k. de l’extrémité S. ; il est à 6 k. de la plus éloignée, qui est le S. O. Il se compose de plusieurs rues qui entourent l’église, principalement à l’E. et au S.

L’église, passablement grande, bien construite, fort bien décorée à l’intérieur, n’a rien de remarquable du reste, si ce n’est une belle tribune qui se trouve à l’extrémité O., dans toute la largeur, et qui semble demander un jeu d’orgue ; clocher en flèche très-alongée. Le cimetière, clos de murs, se trouve placé presque au centre, dans la partie E. du bourg.

populat. Comprenant jadis 307 feux, aujourd’hui 450 ; elle se compose de 1,003 indiv. mâl., et 1,080 fem. ; total, 2,083, dont 514 dans le bourg.

Mouv. décenn. De 1793 à 1802, inclus. : mar., 188 ; naiss., 606 ; déc., 316. De 1803 à 1812, inclus. : mar., 129 ; naiss., 505 ; déc., 375. De 1813 à 1822, inclus. ; mar., 135 ; naiss., 484 ; déc., 263.

On compte un grand nombre de hameaux peu importans, dont la population n’excède pas de 10 à 40 individus chacun.

hist. eccl. L’église est dédiée à S. Martin de Vertou. Une assemblée très-forte a lieu le dimanche le plus rapproche du 24 octobre.

Comme nous aurons occasion plus d’une fois de signaler le patronage de S. Martin de Vertou, dans plusieurs églises du sud du département, qui dépendaient du diocèse d’Angers, nous croyons devoir donner ici un court abrégé de la légende de ce saint, peu connu dans le Maine, où la dévotion était bien plus grande à S. Martin de Tours.

Martin naquit à Nantes, et devint archidiacre de S. Félix, 4.e ou 5.e évêque de cette cité. Il fut prêcher l’évangile aux habitans d’Herbauge, qui, lors de l’invasion des Romains, s’étaient enfuis de Nantes et réfugiés dans la forêt de Vertave, et chez lesquels la religion chrétienne n’avait point encore pénétré.

Mécontent du peu de succès de ses prédications, Martin s’en plaignit à Dieu qui foudroya cette ville, à l’exception de l’apôtre, de Romain et de sa femme, ses deux seuls prosélytes. Cette femme s’étant détournée en fuyant, au bruit du foudre vengeur, malgré la défense que Dieu lui en avait faite, fut comme celle de Loth, métamorphosée, non en statue de sel, mais en un grand peulven, qu’on appelle dans le pays, la Vieille de S. Martin.

S. Marin, désespéré du mouvement d’impatience qui avait attiré la colère divine sur les habitans d’Herbauge, se retira dans un hermitage qu’il construisit dans la forêt de Vertave ou de Vertou, où il fonda un monastère dont il devint abbé, et qui porta son nom.

Il y avait à Aubigné la prestimonie de la Morlière et deux chapelles, celles de Bossé et de Champmorin : ces chapelles n’existent plus.

hist. féod. La seigneurie de paroisse était annexée depuis longtems au comté du Lude : elle appartenait en partie à la Châtellenie de la Motte sous le Lude.

Le château et fief de Bossé, situé au N. O. du bourg, appartient encore à la famille de Sarcé. Ce château, situé sur une hauteur, domine le cours du ruisseau de Gravelle. Il était clos de murs et a du être jadis un lieu fortifié. C’est tout près de lui que se trouvent les monumens druidiques dont nous allons parler. On remarquait encore le fief et château de Champmorin, au N. E. ; et un autre petit fief nommé les Haies, au N. O.

L’ordre des chevaliers du Temple avait un bénéfice nomme la Templerie, à peu de distance au S. O. du bourg.

hist civ. Aubigné possédait un collège fondé par un curé de cette paroisse, nommé Foucqueré. Il ne reste plus rien de la dotation, qui consistait en une maison avec jardin, et un bordage.

antiq. Dans l’angle d’un champ de la ferme du Colombier, sur la rive droite du ruisseau de Gravelle, à 1 kilom. au N. O. du château de Bossé, à 2 k 7 h. N. O. du bourg d’Aubigné, et à 3 k. 5 h. N. E. de celui de Coulongé, on voit un monument druidique du genre de ceux que les antiquaires appellent dolmen. Celui-ci, dépourvu de crédence, ou pierre placée à sa proximité et destinée à recevoir les instrumens du sacrifice se compose d’une table ou autel formé de deux pierres ayant l’une, 2 mètres 68 centim. et l’autre 2 m., total 4. m. 68 c. (14 pieds) de longueur de l’E. à l’O. ; 1 m. 68 c. de face au S. E. ; 2 m. à l’E. la seconde, et la première 1 m. 34 c. au même orient. Cette dernière a 3 m environ de largeur du N. au S.. Ces deux pierres sont supportées par 8 ou 9 autres posées de champ, n’ayant qu’un mètre d’élévation hors terre ; deux autres placées en dessous, sembleraient devoir supporter celles superposées à leur jonction, qui pourtant ne posent pas dessus. Trois autres pierres placées dans le haut, à l’E. de ce dolmen, sembleraient indiquer qu’elles ont servi à supporter une troisième table qui aurait disparu. On remarque à l’une de ces deux tables, un trou ovale de 8 à 9 centimètres de diamètre, environ.

A 4 ou 5 hectom. au N. O. de ce premier dolmen, dans le chemin d’exploitation qui conduit dans la cour de la ferme de la Persillère, on en trouve un second, dont la table forme un parallèlograme, ayant environ 3 m. 68 c. de long, de l’O. à l’E., sur 2 m. 17 c. de large, à son extrémité E., et 3 m. à l’autre extrémité. La table de celui-ci ne porte que sur trois des quatre pierres placées de champ, qui paraissent destinées à la recevoir : elle est inclinée de l’O. à l’E., et n’est point supportée à celle dernière extrémité, où elle n’est élevée que de 83 cent, au-dessus du sol, tandis qu’elle l’est de 1 m. 33 c. au bout opposé. Les pierres de ces deux dolmens sont toutes en grès des environs.

Ce dernier monument est d’autant plus curieux qu’il me paraît être plus rare dans notre département, celui-ci étant le premier que j’y aie rencontré : personne jusqu’ici ne l’avait indiqué. Je crois que son inclinaison est le résultat de l’intention de ceux qui l’ont érigé, et non l’effet d’un renversement, d’un affaissement du terrain, dû au tems. « C’est du haut de l’extrémité élevée de ces sortes de dolmens, dit M. de Frémenville (Mém. sur les monum. druid. du pays Chartrain), que les victimes humaines desûnées à être sacrifiées, étaient précipitées sur le fer qui leur donnait la mort. » Quelle que soit, en effet, l’opinion que l’on adopte sur la destination de ces sortes de monumens, toujours paraît-il certain que celui-ci n’a pu avoir la même destination que celui dont il est voisin, amoins que l’on admît que ces monuments ne sont autre chose que des tombeaux, et, dans ce cas, leur nombre en serait beaucoup plus multiplié qu’il ne l’est. Si ce sont des autels de sacrifices, ainsi que paraît l’indiquer le trou qui se trouve au premier des deux, il paraît évident, d’après leur proximité, qu’ils ont du être destinés à en varier le mode, sans quoi un seul eût suffi dans le même lieu. Or, leur rapprochement est tel qu’on peut hardiment supposer qu’avant l’ensemencement des terres et leur clôture en champs, l’espace occupé par ces deux dolmens était une seule lande, que rien ne séparait.

géolog. Sol montueux de l’E. au N., et du N. à l’E., s’affaissant vers la rivière du Loir, au S. Le bourg se trouve dans le vallon circulaire compris entre ces élévations, lesquelles forment différens coteaux et mamelons, dont ceux de la Martinière, de Châtaignoux et de la Motte, au N. ; des Grandes-Hunes au S. O., et de Cherré au S. S. O., qui ont 60, 80, 100 et jusqu’à 113 mètres d’élévation. Terrain secondaire, de formation crayeuse, peu couvert.

hist. natur. Minéral. Grès blanc, en extraction pour le pavage de la route royale n.°158, de Tours à Caën, et de celle départementale n.°9, de Château-du-Loir au Lude ; pierre tourte ou cosse, silex corné ; tuffeau si abondant et si apparent, qu’il a servi à donner un nom caractéristique à ce lieu. Les vignes sont plantées sur ce calcaire ; et l’extraction de cette pierre, qu’on emploie à bâtir, forme des grottes appelées caves, dans lesquelles on conserve le vin qu’il produit.

hydrogr. Le Loir baigne la commune et lui sert de limite au S., pendant un cours de 4 k. environ ; la petite rivière de Gravelle l’arrose à l’O., en la traversant du N. au S. ; le ruiss. de la Beaussonnière, qui a sa source près du bourg, coule du N. au S., et se jette dans le Loir après 2 k. 7 h. de cours ; celui de Guichard, prend sa source à 1 k 3 h. à l’E. du bourg, coule dans la même direction, et se jette également dans le Loir, après 3 k. 3 h de cours ; enfin, le petit ruiss. de Bossé, au N. du château de ce nom, coule de l’E. à l’O. pendant 7 hectom. et se rend dans la Gravelle.

Moulins de Varenne et de Cherré sur le Loir ; de Guébrunet, de Pont-de-Cœur, de Louinneau, du Verger et des Moulins, sur la Gravelle ; de Bossé, sur le ruiss. de ce nom ; et de Guichard, aussi sur le ruiss. du même nom ; tous à blé.

cadastr. La superficie totale de la commune est de 3,244 hect., 87 ares, 20 cent. : elle se divise ainsi qu’il suit :

Terr. labour., 1,760 hect., 33 ar., 61 cent. ; en 5 classes, de 3, 10, 20, 33 et 44 fr. — Jardins, 50-51-87 ; 2 cl. : 44 et 55 fr. — Vignes, 258-11-70 ; 4 cl. : 10, 20, 44 et 55 fr. — Prés, 399-07-29 ; 4 cl. : 18, 40, 60 et 90 fr. — Pâtures, 276-01-70 ; 2 cl. : 9 et 18 fr. — Bois taillis, 125-16-51 ; 3 cl. : 5, 11 et 21 fr. — Idem futaies, 5-94-70 ; 3 cl. : 5, 11 et 21 fr. — Châtaigneraies, 3-46-80 ; à 14 fr. — Sapinières, 109-65-40 ; 3 cl. : 4, 8 et 12 fr. — Landes, 130-06-68 ; à 3 fr. — Avenues, 0-06-60 ; à 44 fr. — Douv., viv. et mares, 0-34-70 ; à 44 fr. — Superf. des bâtim., 16-59-33 ; à 44 fr. Objets non imposables : Egl., cimet., chem. et plac., 85-00-43. — Riv. et ruiss, 23-59-88. = 444 maisons, en 7 cl., de 9 à 75 fr. — 9 moulins, en 7 cl., de 30 à 200 fr.

Le Total du Revenu imposable est de 72,199 fr. 83 c.

contrib. Foncier, 9,633 fr. ; pers. et mob., 1,261 fr ; port. et fen., 335 fr. ; 68 patentés : dr. fixe, 313 fr. ; dr. prop., 83 fr. 16 c. ; Tot., 11,625 fr. 16 c. — Chef-lieu de perception.

cultur. Terres sablonneuses, en grande partie ; peu d’ensemencées en froment et avoine ; la majeure partie en seigle ; les meilleures terres plantées en vignes. Chanvre et trèfle en petite quantité ; peu d’élèves de bestiaux, si ce n’est de porcs ; passablement d’arbres à fruits, de châtaigners et de noyers.

Assolem. triennal et quadriennal ; 41 domaines à charrues ou fermes ; 256 à bras, ou closeries.

comm. agric. Point d’export. de grains. Vin, cidre ; porcs gras ; marrons, noix, fruits, menues denrées. Les vins et cidres s’exportent jusqu’au Mans.

comm. industr. Quelques tisserands font des toiles communes, de commande seulement, pour la consommation des habitans ; extraction du grès et du tuffau.

march. fréq. Le Lude, Château-du-Loir.

rout. et chem. La route du Lude à Vaas, passe au S. de la commune, parallèlement au cours du Loir ; plusieurs autres chemins la traversent également dans différentes directions ; tous sont passablement bons, surtout dans les terrains sablonneux.

habit. et lieux remarq. Une maison dans le bourg, en face de la partie E. de l’église, est remarquable par sa construction, qui indique l’époque de François 1.er, ou ce qu’on appelle la renaissance des arts ; le presbytère et surtout la maison à M. Cureau, percepteur, sont les mieux construites du bourg. Le château de Bossé, clos de murs, à M. de Sarcé. Le Plessis, la Vieille-Rorde, la Varenne, la Clergerie, Lorière, les Garennes, sont des noms de fermes ou de hameaux, dont nous avons donné la signification à la suite du précis.

établiss. publ. Mairie, succursale ; un frère de la congrégation de Ruillé, chargé de l’instruction des jeunes garçons ; deux sœurs de Ruillé, chargées de celle des jeunes filles et de donner des soins aux malades à domicile ; un percepteur ; débit de tabac, Bureau de poste à Château-du-Loir ; de distribution à Vaas.

établiss. particul. Un géomètre-expert, une sage femme.