Aller au contenu

Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/BLÈVES

La bibliothèque libre.

BLÈVES, BLEUVES, Bleva, Blavo ; du celtique bleut, farine de blé, ce que confirme la prononciation des habitans, conforme à la seconde manière dont nous écrivons ce nom. Commune du canton et à 7 kilomètres E. de la Fresnaye ; de l’arrondissement et à 12 kilomètres N. de Mamers ; à 49 kil. N. du Mans ; autrefois du doyenné de Saosnois, archid. de Lignières, diocèse et élection du Mans. — Distances légales, 8, 14 et 61 kilomètres.

descript. Bornée au N. et à l’E., par Barville (Orne) ; à l’E. et au S., par les Aulneaux ; à l’O. et au N. O. par Roullée ; sa forme est très-allongée du N. N. E. au S. O. ; son plus grand diamètre dans cette direction, est de 3 kilom. 3 hectom. ; le plus grand, du N. au S., à l’extrémité N. N. E., de 1 kil. 3 hect. ; et le plus petit, à l’extrémité S. O., de 3 hect. seulement. — Le bourg, qualifié de ville très-anciennement, parce qu’il était clos de murs, est situé à l’extrémité N. N. E. de la commune : il se composait de cinq rues fort longues, à l’époque de sa plus grande prospérité, qui peuvent se réduire aujourd’hui à deux, mal garnies de maisons. — On y remarque l’église, dont le portail à l’O. est cintré, avec des sculptures du genre roman le plus ancien ; clocher en flèche. La Cour-Potin, manoir à tourelle hexagone, à meurtrières, à croisées cintrées, accompagnées de petites colonnes engagées, également du style roman et fort curieux sous ce rapport. — Cimetière entourant l’église, clos de barrières seulement.

populat. De 44 feux autrefois, on en compte 61 actuellement, qui se composent de 120 individus mâles, 138 femelles, total, 258, dont 175 dans le bourg.

Mouv. décenn. De 1803 à 1812, inclusiv. : mar., 15 ; naiss., 71 ; déc., 86. — De 1813 à 1822 : mar., 20, naiss., 64 ; déc., 48.

hist. ecclés. L’église est dédiée à S.-Nicolas ; la cure était à la présentation de l’évêque du Mans. Un Cimetière-Dieu et plusieurs autres fondations religieuses n’existent plus. — La commune est réunie pour le culte à celle des Aulneaux, ce qui fait un tort considérable à Blèves où les offices attiraient un très-grand concours de gens de campagne, et le déballage de marchands étrangers.

hist. féod. La seigneurie de paroisse appartenait à la famille Coru Cour-Potin qui l’avait vendue à M. de Bersai, grand-audiencier de France en 1736, fonction relative aux Sceaux et qui donnait les mêmes privilèges que celle de secrétaire du Roi. Le fort ou château de Blèves, manoir de cette seigneurie étant détruit, M. de Bersai l’avait réunie à celui de la Tournerie, paroisse de Louzes. Depuis la révolution l’héritier actuel M. Coru Cour-Potin, a racheté, comme bien national, toutes les dépendances de l’ancien fort et château de Blèves, et les a réunies de nouveau à sa terre de Cour-Potin.

On est incertain sur l’exactitude de l’opinion qui fixe à Blèves le lieu où se passa l’événement dont nous parlons page lxxxiv du Précis, et que nous plaçons à Ballon sur la foi de plusieurs écrivains modernes. Tout semble indiquer que cette bataille, où l’un des fils de Guillaume Talvas I.er fut tué et l’autre couvert de blessures, dût avoir lieu à Blèves, Blavo, d’autant mieux que l’historien normand Guillaume de Jumièges dit : « dans la forêt de Blavon » et que la forêt de Perseigne, toute voisine de Blèves, pouvait s’étendre alors jusque sur son territoire qui en est tout près, de sorte que si les communes de S.-Quentin et S.-Jouin-de-Blavon, dans le Perche, pouvaient revendiquer ce fait historique, elles sont si voisines de Blèves, que ce lieu semblerait leur avoir imposé son nom.

En 1666, Jean du Faguet, écuyer, sieur de la Gastine, l’un des 200 chevaux légers de la garde, rend aveu au nom d’Hélène de Rossart, sa mère, veuve de Jean Faguet, écuyer, fille d’Antoine Rossart, écuyer, sieur de Réveillon, pour la terre seigneuriale de Louviers et Blèves. (Noms féodaux).

antiquit. Blèves était un des neuf forts que Robert II, surnommé le Diable pour ses méfaits, fit élever ou réparer dans le Saosnois, par ordre et avec l’argent de Guillaume-le-Roux. Il ne reste absolument rien de ce fort, construit dans un terrain bas, au confluent de plusieurs cours d’eau, ce qui rendait facile d’emplir ses fossés et même d’inonder ses alentours. La Cour-Potin dont nous parlons plus haut, paraît avoir fait partie du système de défense de ce château, auquel elle était attenante, et dont les murs d’enceinte entouraient le bourg et en faisaient une ville close. La maison de l’instituteur primaire actuel était l’ancienne prison.

hydrogr. Les ruisseaux de Clairefontaine, venant du S. par E. ; de Rouperroux, venant du S. O. et passant sous un pont récemment construit à l’entrée S. du bourg ; et celui de Rigou, venant de Viday (Orne), à l’E., se réunissent au N. E. du bourg, forment la petite rivière d’Autrèche, appelée aussi de Blèves, sur laquelle sont deux ponts en pierre, et qui va se rendre dans la Sarthe, au N. E. de Roullée. — Moulin de Blèves, à blé, sur l’Autrèche.

géolog. Minéral. Terrain secondaire, plat et peu boisé, offrant le calcaire horizontal oolithique, propre à bâtir et se taillant facilement.

divis. des terr. En labour, 112 hectares ; jardins, 2 1/2 ; près et pâtures, celles-ci de mauvaise qualité, 44 ; bois taillis, 1 ; superficie des bâtimens, 1 1/4 ; chemins, 23 1/2 ; eaux courantes, 3 ; total, 187 hectares 1/4.

contrib. Foncier, 8o,5 fr. ; personn. et mobil., 148 fr. ; port. et fen., 59 fr. ; 10 patentés : dr. fixe, 55 fr. 50 c. ; dr. proport., 25 fr. ; Total, 1,182 fr. 50 c. — Perception de la Fresnaye.

cultur. Sol argileux, argilo-calcaire, argilo-siliceux, où l’on cultive toutes les céréales, pois, vesces, trèfle, chanvre, peu de pommes de terre, arbres à fruits. Elèves de chevaux, de bestiaux, de porcs. — 5 fermes, 10 bordages ; 6 charrues ; le surplus cultivé à bras, à la bêche. — Assolement triennal.

comm. agric. Exportation de gros grains, entraînant importation de menus, la commune se nourrissant à peine ; chanvre, fil, cidre estimé ; beurre, fromages, etc. Poulains et chevaux de 5 ans, belles espèces ; jeunes bœufs et jeunes vaches ; porcs vendus dès leur naissance, point d’engrais de ces animaux.

comm. industr. Extraction du calcaire à bâtir ; blanchiment du fil ; 5 à 6 métiers à toiles blanches, façon Mamers.

foir. et march. fréq. Mortagne, pour les poulains ; Alençon et Guibray, pour les chevaux élevés ; Alençon encore, pour blé, cidre, denrées du pays ; Mamers, pour toiles, cidres, etc. ; le Mêle, pour blé, cidre, denrées diverses.

rout. et chem. La route départementale de Mamers au Mêle passe dans le bourg de Blèves, très-fort passage pour le transport en Normandie, des marchandises du Maine, de l’Anjou et du Poitou.

établ. publ. Mairie, instituteur primaire, débit de tabac. Bureau de poste aux lettres à Mamers. Résidence de notaire avant 1790.