Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/BONNÉTABLE (FORÊT)

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BONNÉTABLE (Forêt de), autrefois de Clossay ou Clossé ; située sur la plate-forme d’un coteau, à 3 kilom. à l’est de la ville de Bonnétable et en totalité sur cette commune ; traversée par le chemin de cette ville à la Ferté-Bernard, par S.-Georges-du-Rosai. Ce chemin y forme une des six belles lignes principales tracées pour son exploitation, et qui se croisent à une étoile ou centre commun. Cette forêt appartient à Madame veuve Mathieu de Montmorency et faisait le principal corps de la seigneurie de Bonnétable, comme nous l’avons dit à l’article précédent. D’une étendue bien plus considérable autrefois, au N. et à l’O, son diamètre actuel est d’environ 5 kilom. du N. au S. et varie de 1 kil. 1/2 à 3 kil. de l’E. à l’O. Elle contient environ 165 hectares en futaie de 100 à 130 ans ; autant en gaulis et demi-futaie de 40 ans ; et 988 hectares en taillis de 10 à 20 ans. On y trouve une ferme de 13 hectares en culture ; et le phénomène de deux pieds de charme réunis en arcade, sans doute par la greffe, dont on ne peut appercevoir la suture. Les essences principales sont le chêne et le tremble : la partie en futaie s’exploite à l’âge de 130 à 150 ans. On en retire de la menue marine, peu de grosse ; de la charpente, telle que poutres, chevrons, carreau, lattes et bardeau, ce dernier en petite quantité ; longailles et merrains ; pallons, atelles, fûts de bâts, fûts de soufflets, godets, sabots, etc., etc. ; tous ces produits s’exportent au Mans et lieux circonvoisins ; bois de corde et charbons, pour la consommation du pays et celle de la forge d’Antoigné. Le flottage et même la navigation de la rivière d’Huisne, qui n’en est éloignée que de 11 à 12 kil. au N., serait fort utile pour le transport des produits de cette forêt ; le duc de Chevreuse fit établir le premier de ces modes de transport, à ses frais, au moyen d’un arrêt du conseil qu’il obtint en 1747 ; mais il cessa dès 1767. Voir à l’article précédent le parti qu’on pourrait également tirer du ruisseau le Tripoulain, pour le même objet ; et aussi le même article, pour l’indication de quelques monumens et de quelques produits naturels qui se rencontrent dans cette forêt. Un pré qui se trouve dans la partie O. de la forêt, porte le nom de Parc aux Biches, parce qu’elle était, en effet, bien peuplée de cerfs autrefois. Les derniers furent détruits il y a environ 40 ans. — On trouve dans la forêt, les noms et les traces de trois anciens fourneaux à briques, des débris de leurs produits, notamment une brique qui portait la date de 1508, d’où l’on infère que le château et l’église de Bonnétable, ont pu être construits et couverts, avec la chaux et les briques, tuiles et pavés qui s’y fabriquaient.