Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Lettre E

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E

E, dans les abréviations, peut signifier, en latin : erexit, exactor, etc.; E. M., equitum magister. On trouve aussi E pour Æ : edilis, etas, etc. — En français, E. se met pour Éminence ou Excellence. Il se met aussi quelquefois pour les prénoms Édouard, Émile, Ernest, Étienne, Eugène, etc.

ÉACIDE, Æacides, roi d'Épire, frère d'Olympias, fut longtemps privé de sa couronne par Philippe, roi de Macédoine, monta sur le trône après la mort de ce prince, s'attira la guerre avec Cassandre pour avoir donné asile à Philippe Arrhidée, qui disputait le trône de Macédoine, et mourut pendant cette guerre, 312 av. J.-C., après un règne de 19 ans.

ÉACIDES, Æacidæ, descendants d'Éaque, nom donné par les poètes à Pelée, Achille et Pyrrhus.

ÉAQUE, Æacus, fils de Jupiter et de la nymphe Égine, régna sur l'île d'Énopée, qu'il nomma Égine en l'honneur de sa mère, et se signala tellement par sa justice et sa sagesse qu'après sa mort. Jupiter fit de lui un des juges des Enfers. Éaque fut père de Télamon et de Pelée, et aïeul d'Achille et de Pyrrhus, appelés de là Éacides.

EARL (du danois iarl), titre nobiliaire adopté en Angleterre depuis la conquête de Canut, roi danois. répond à notre titre de comte; il vient après celui de marquis. Ce titre désignait d'abord les gouverneurs de shires ou comtés. Aujourd'hui il est purement honorifique et n'implique aucune fonction.

EAST-LOTHIAN, comté d’Écosse. V. HADDINGTON.

EAST-MAIN, riv. de l'Amérique anglaise (Labrador), naît à l'O. du lac Mistissiny, et tombe dans la Laie de James après un cours de 450 k. — Elle donne son nom à une portion de la côte du Labrador qui s'étend du détroit d'Hudson à la riv. Harricanaw. Commerce de fourrures.

EAST-MEATH, comté d'Irlande. V. MEATH.

EAUX-BONNES, vge des B.-Pyrénées, dépendant de la commune d'Aas, à37 kil. S. E. d'Oloron; 250 h. Eaux thermales, dites aussi Eaux d’Arquebusade, renommées surtout pour les maladies de poitrine. Leur célébrité date de la bataille de Pavie (1525) : elles la durent aux bons effets qu'en éprouvèrent les Béarnais blessés à cette journée.

EAUX-CHAUDES, vge des Basses-Pyrénées, dans la vallée d'Ossau, près du pont d'Enfer, à 4 kil. de Laruns et 35 S. de Pau; 50 h. Eaux thermales sulfureuses très-fréquentées depuis quelques années.

EAUZE, Elusa, ch.-l. de c. (Gers), à 26 k. S. O. de Condom, sur la Gelise; 1863 h. Belle église antique. Eaux-de-vie d'Armagnac Jadis ch.-l des Élusates, peuple de la Novempopulanie. Elle fut prise et saccagée par les Goths, les Sarrasins, les Normands, et détruite vers l'an 910. Son évêché fut transféré à Auch. — On appelait Eauzan le petit pays qui entoure Eauze; il faisait partie du Bas-Armagnac

EBBON, évêque de Reims, avait été élu par la protection de Louis le Débonnaire ; il n'en présida pas moins le concile d'évêques qui déposa cet empereur, à l'instigation de son fils Lothaire, 833. Lorsque Louis fut replacé sur le trône, il fit enfermer Ebbon dans un couvent, en 835. Celui-ci en sortit à la mort du souverain, et devint depuis évêque de Hildesheim. Le pape Pascal II l'avait chargé en 822 d'aller prêcher la foi en Danemark. Il mourut en 851.

EBEL (J. Godefroy), géologue et statisticien, né en 1764 à Zullichau en Prusse, m. à Zurich en 1830, étudia d'abord la médecine et vint en 1801 s'établir en Suisse. On lui doit plusieurs ouvrages utiles au voyageur géologue : Guide pour faire le voyage de Suisse de la manière la plus utile et la plus agréable, Zurich, 1793 et 1810 ; Description des peuples montagnards de la Suisse, 1798-1802 ; Sur la structure de la terre au sein des Alpes, 1808 ; Idées sur l’organisation du globe et sur ses révolutions, 1811.

ÉBELMEN (J. Joseph), chimiste, né en 1814 à Baume-les-Dames (Doubs), mort en 1852. Élève distingué de l’École des Mines, il devint professeur dans cet établissement et fut nommé en 1845 administrateur de la manufacture de porcelaine de Sèvres. Il fit connaître en 1847 une nouvelle méthode d'une grande simplicité pour obtenir des combinaisons cristallisées par la voie sèche, en fit l'application la plus heureuse à la reproduction des espèces minérales et obtint ainsi artificiellement plusieurs pierres précieuses: le spinelle, l'émeraude, le peridot, le corindon. M. Chevreul a publié : Travaux scientifiques d'Ébelmen, avec une notice sur ce savant, 1855.

ÉBERHARD, duc de Frioul (846-868), épousa Gisèle, fille de l'empereur Lothaire. Il défendit son duché contre les invasions des Slaves et en fit un des fiefs les plus importants de l'Italie. Il laissa 4 fils ; le 2e, nommé Bérenger, lui succéda dans le duché de Frioul et devint par la suite roi d'Italie et empereur.

ÉBERHARD, ducs de Wurtemberg. V. Wurtemberg.

ÉBERHARD (J. Aug.), philosophe allemand, né à Halberstadt en 1739, m. en l809, fut d'abord pasteur d'une petite paroisse auprès de Berlin. S'étant aliéné ses coreligionnaires par des écrits qu'ils regardaient comme peu orthodoxes, il quitta le ministère et accepta une chaire de philosophie à Halle. Il avait adopté les doctrines de Leibnitz. On a de lui : Nouvelle Apologie de Socrate, 1772, où il examine la doctrine reçue sur le salut des Païens; Théorie des facultés de penser et de sentir, mémoire couronné, 1776; Morale de la Raison, 1781 ; Théorie des Belles-Lettres, 1783; Histoire de la philosophie, 1787; Dictionnaire des synonymes allemands, 1795-1802, ouvrage estimé et souvent réimprimé; Esprit du christianisme primitif, 1807, et quelques écrits polémiques dans lesquels il combat Kant et Fichte. Il passe pour un des meilleurs écrivains de son temps. Il était membre de l'Académie de Berlin.

EBERSBERG, bourg des États autrichiens (archiduché d'Autriche), à 23 k. N. O. de Steyer, sur la Traun. Masséna y battit les Autrichiens le 3 mai 1809.

EBERSDORF, v. de la principauté de Reuss-Lobenstein-Ebersdorf, à 3 k. N. de Lobenstein; 1200 h.

EBERSDORF (Kaiser's), v. des États autrichiens (archiduché d'Autriche), à 9 k. S. E. de Vienne; 1100 h. Beau château impérial.

EBERT (Fréd. Adolphe), bibliographe, né en 1791 à Taucha, près de Leipsick, mort en 1834 à Wolfenbuttel, fut successivement bibliothécaire à Leipsick (1806), à Wolfenbuttel (1822) et à Dresde (1825). Il a élevé par ses écrits la bibliographie à la hauteur d'une science; le principal est intitulé : Dictionnaire bibliographique général, Leipsick, 1821-1830, 2 vol. in-4. Il a aussi publié quelques écrits historiques; Bat. de Leipsick, 1815; Hist. de la guerre des Russes et des Allemands contre les Français, 1816.

ÉBION, chef des Ébionites. V. ÉBIONITES.

ÉBIONITES, hérétiques du 1er siècle de notre ère, qui, selon S. Épiphane, eurent pour chef un Juif nommé Ébion, disciple de Cérinthe. Suivant Origène et Eusèbe, il n'aurait pas existé de personnage du nom d'Ébion, et le nom d'Ébionites dériverait d'un mot hébreu qui signifie pauvre. Quoi qu'il en soit, ces hérétiques, qui diffèrent peu des Nazaréens, niaient la divinité de J.-C., tout en le reconnaissant pour le Messie, rejetaient les écrits des apôtres, et n'admettaient que l'Évangile de S. Matthieu, qu'ils avaient altéré. Aux préceptes de la religion chrétienne, ils mêlaient les pratiques du mosaïsme : les premiers Ébionites eurent une morale sévère, mais, dans la suite, ils se livrèrent à des excès infâmes. C'est contre Ébion et Cérinthe que S. Jean composa son Évangile.

EBLANA, v. d'Hibernie, auj. Dublin.

ÉBLÉ (J. B.), général d'artillerie, né en 1758 à Rohrhach (Moselle), servit avec gloire en Hollande, et eut une grande part à la conquête de ce pays, accompagna Championnet en Italie et contribua puissamment à la prise de Naples (1799), fut un instant ministre de la guerre de Jérôme, roi de Westphalie (1808), sauva l'Empereur et les débris de l'armée dans la campagne de Russie en construisant avec une promptitude surprenante un pont de bois sur la Bérésina, mais succomba peu après à l'excès des fatigues (1812). il venait d'être nommé commandant en chef de l'artillerie de la grande armée. Éblé avait été créé successivement baron, puis comte de l'Empire. — Son neveu, M. Charles Eblé, né en 1799, a suivi avec honneur la même carrière. Nommé en 1854 général de brigade, il a commandé pendant plusieurs années l'École polytechnique.

EBN, mot arabe qui veut dire fils. V. BEN et IBN.

EBOLI, Eburi, v. du roy. de Naples (Principauté Citer.), à 26 kil. S. E. de Salerne; 5000 hab.

EBOLI (la princesse D'), maîtresse du roi Philippe II. V. PEREZ.

EBORA, v. d'Hispanie (Lusitanie), auj. Evora.

EBORACUM, auj. York, v. de Bretagne romaine, dans la Flavie Césarienne, capit. des Brigantes et de toute la prov. Septime-Sévère et Constance-Chlore y moururent; Constantin y fut procl. auguste (306).

ÈBRE, l'Iberus des anciens, Ebro en espagnol, fl. d'Espagne, naît à Fontibre dans la prov. de Santander, à 5 kil. O. de Reynosa; arrose la Vieille-Castille, la Navarre, l'Aragon, la Catalogne, passe à Miranda et près de Logrono et de Tudela, arrose à Saragosse, Mequinenza, Mombayo, Tortose, au-dessous d'Amposta, où un canal conduit une partie de ses eaux au port des Alfaques ; reçoit à gauche l'Aragon, le Gallego, la Sègre, à droite le Xalon, le Guadalope, et tombe dans la Méditerranée. Son cours, d'env. 500 k., se dirige en général au S. E.

ÉBREUIL, ch.-l. de c. (Allier), à 9 kil. O. de Gannat, sur la Sioule; 1345 hab. Les rois Carlovingiens y avaient un palais. Belle église romaine, restes d'une an.c abbaye.

EBRODUNUM, nom anc. dEmbrun et dYverdun

EBROICUM, v. de Gaule, auj. Évreux.

ÉBROIN, maire du palais sous Clotaire III, fut élu en 659 et se rendit odieux par sa cruauté. Après la mort de Clotaire (670), il mit sur le trône Thierry III; mais la haine qu'on avait pour le ministre rejaillit sur le roi : on donna la couronne à Childéric II, et Ébroin fut enfermé dans le monastère de Luxeuil. Il s'échappa de sa prison à la mort de Childéric (673), forma un parti, fit assassiner Leudesic, que Thierry, remonté sur le trône, avait créé maire du palais, et eut l'audace de supposer un fils de Clotaire III, qu'il fit couronner sous le nom de Clovis III; il saccagea les provinces qui refusaient de reconnaître ce fantôme de roi et força Thierry à lui rendre la charge de maire du palais. L'Aquitaine se détacha dès lors de la France, et l'Austrasie, refusant de le reconnaître, se nomma deux maires du palais; il les vainquit à Leucofao. Peu après (681), il fut tué par Hermanfroi, seigneur qu'il avait dépouillé de ses biens. Ébroin eut pour antagoniste et pour ennemi S. Léger ; s'étant rendu maître de sa personne, il lui fit crever les yeux, puis le fit décapiter.

EBUDES, nom latin des îles Hébrides.

EBURA, v. de Lusitanie, auj. Evora.

EBURONES, peuple de la Belgique anc, entre les Ménapiens à l'O. et les Sicambres à l'E., occupait à peu près le Liégeois actuel. Ayant égorgé en pleine paix une légion romaine, ils furent exterminés par César : les Tongres occupèrent depuis leur territoire.

EBUROVICES, nom anc. de la ville d'Évreux.

EBUROVICES (AULERCI). V. AULERQUES.

EBUSCUS, une des îles Baléares, auj. Iviça. ECBATANE, auj. Hamadan? grande v. de l'Asie ancienne, capit. de la Médie, vers le centre, au pied du mont Oronte (Elvend), au S. O. de la mer Caspienne et au N. E. de Babylone, avait 250 stades de circuit et était entourée de 7 murailles s'élevant les unes au-dessus des autres. On y admirait un temple magnifique de Mithra ou du Soleil. Elle fut, selon les historiens grecs, bâtie vers 705 av. J.-C, par Déjocès; selon la Bible, vers l'an 600 par Arphaxad (Phraorte), roi des Mèdes, contemporain de Nabuchodonosor. En 561, cette ville, où régnait alors Astyage, tomba au pouvoir de Cyrus, et elle ne fut bientôt plus qu'une capitale secondaire : les rois de Perse venaient y passer l'été. Darius vaincu s'y réfugia à la suite de la bat. d'Arbèles (331); mais Alexandre y arriva bientôt après, et le força de s'en éloigner ; le conquérant y trouva d'immenses richesses. Parménion fut mis à mort à Ecbatane; Éphestion y mourut. La ruine de cette ville commença sous les Séleucides, qui la dépouillèrent de toutes ses richesses et détruisirent ses principaux monuments. Auj. il n'en reste que des débris informes; on n'est même pas d'accord sur son emplacement.

Il y avait dans la Perside une autre Ecbatane, dite Ecbatana Magorum, parce qu'elle renfermait un collège de Mages. C'est auj. Gherden.

ECCELIN I, surnommé le Bègue, seigneur de Romano, est le chef d'une maison qui posséda de grands biens dans la Marche Trévisane, et qui joua un rôle important aux XIIe et XIIIe siècles, pendant les guerres des Guelfes et des Gibelins. Après avoir accompagné en 1147 Conrad III dans une croisade et s'y être signalé par ses exploits, il obtint le souverain pouvoir dans Vicence, qu'on croit être sa patrie. Il entra dans la ligue Lombarde, et combattit Frédéric Barberousse, puis fit alliance avec ce prince, 1175, et mourut vers 1180. — E. II, le Moine, son fils, lui succéda à Vicence. Chassé par la faction des Guelfes (1194), il se mit à la tête des Gibelins, s'allia avec ceux de Vérone et de Padoue, combattit à outrance les Guelfes, à la tête desquels était le marquis d'Este, et finit par rentrer dans Vicence avec le secours de l'empereur Othon IV, qui lui donna le titre de vicaire impérial. Il partagea en 1215 ses États entre ses enfants, et se retira dans un cloître, ce qui le fit surnommer le Moine. Il mourut en 1235. — E. III, le Féroce, fils du préc., lui succéda en 1215, se mit à la tête des Gibelins, s'allia avec l'empereur Frédéric II, s'empara du pouvoir à Vérone, à Vicence, à Padoue, à Brescia, et commit dans les villes soumises à ses lois des cruautés qui surpassent l'imagination. Le pape Alexandre IV prêcha en 1256 contre ce tyran une croisade dans laquelle entrèrent les Guelfes, et à la tête de laquelle se mit le marquis d'Este. Après avoir quelque temps résisté, Eccelin finit par succomber et fut blessé mortellement au pont de Cassano en 1259. Après sa chute, Albéric son frère, qui régnait à Trévise, fut mis à mort avec toute sa famille.

ECCLÉSIASTE (l'), l'ECCLÉSIASTE, livres de la Bible. V. ces mots au Dict. univ. des Sciences.

ÉCHANSON, officier chargé de verser à boire au roi. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

ÉCHARD (dom Jacques), érudit français, né à Rouen en 1644, mort à Paris en 1724. On doit à ce dominicain un ouvrage fort estimé : Scriptores ordinis Prædicatorum recensiti, notisque historicis et criticis illustrati, Paris, 1719-21, 2 vol. in-fol.

ÉCHARD (Laurent), historien anglais, né en 1671, mort en 1730. On a de lui : Histoire romaine, 1699; Histoire ecclésiastique jusqu'à Constantin, 1702; Histoire d'Angleterre depuis l'invasion de J. César jusqu'à la fin du règne de Jacques Ier, 1707, et un Dictionnaire géographique, publié sous le titre de The Gazetteer, qui a servi de modèle à celui de Vosgien.

ÉCHELLENSIS (ABRAHAM). V. ABRAHAM.

ÉCHELLES (les), ch.-l. de cant. (Savoie), arr. de Chambéry, sur les confins des États sardes, à 19 k. S. O. de Chambéry; 1200 h. Elle est partagée par la Guiers en deux parties, dont, avant 1860, l'une appartenait à la Sardaigne et l'autre à la France (Isère). Ce lieu ne pouvait communiquer jadis avec Chambéry qu'en escaladant à l'aide d'échelles un rocher qui l'en séparait; d'où son nom : en 1670, Charles-Emmanuel II y fit percer une route.

ÉCHELLES DU LEVANT (les). On nomme ainsi les ports marchands de la Méditerranée orientale, soumis à la domination ottomane et dans lesquels les Européens ont des comptoirs. Les principaux sont : Constantinople, Salonique, Smyrne, Alep, Beyrouth, Chypre, Alexandrie, etc. — On dit aussi quelquefois les Échelles de Barbarie en parlant des ports de l'Afrique septentr. — Cette expression doit son origine aux échelles ou degrés appuyés sur les môles des ports de ces places et au bas desquels les vaisseaux viennent décharger les passagers et les marchandises.

ECHENOZ-LA-MÉLINE, vge de la Haute-Saône, à 3 k. de Vesoul; 900 h. Vastes grottes où l'on trouve des ossements fossiles.

ÉCHEVIN, en latin scabinus (du vieux mot allemand scheben, juge, savant, ou de skafen, constituer, ordonner), titre d'un officier public au moyen âge. Marculfe, qui écrivait vers 660, fait le premier mention des échevins comme assesseurs du comte et de son viguier ou lieutenant dans le jugement des causes. Sous les Carlovingiens, on voit les échevins rendre la justice dans les plaids ou assemblées publiques; ils sont élus par les notables des villes, confirmés par le roi et soumis à l'inspection des commissaires royaux (missi dominici). A partir de la 3e race, ils ne sont plus que des officiers de justice seigneuriale, choisis et nommés par les grands feudataires; une partie même de leurs fonctions judiciaires passa entre les mains des baillis, et dans beaucoup d'endroits les échevins ne furent plus que des officiers municipaux, conseillers du maire. Les échevins de Paris étaient les assesseurs du prévôt des marchands et siégeaient avec lui à l'hôtel de ville. La révolution de 1789 abolit les échevins et transporta leurs attributions aux maires et aux conseils municipaux.

ECHIDNA (mot grec qui signifie vipère), monstre fabuleux, moitié femme et moitié serpent, produit par Chrysaor, issu lui-même du sang de Méduse. Du commerce de ce monstre avec Typhon naquirent Cerbère, l'Hydre de Lerne, la Chimère de Bellérophon, le Sphinx de Thèbes, le lion de Némée et plusieurs autres monstres.

ÉCHINADES, auj. Curzolaires, îles de l'Adriatique, sur la côte de l'Acamanie, à l'E. de Céphallénie, vis-à-vis de l'embouch. de l'Achéloüs. Elles sont presque inhabitées. Il y en avait 9 suivant Pline, et 5 suivant Ovide. Un bras du fleuve Achéloüs s'étant desséché, plusieurs des îles Échinades se joignirent au continent. Selon la Fable, les Échinades étaient d'anciennes nymphes qui furent transformées en îles pour s'être attiré le courroux d'Achéloüs. Le nom de ces îles paraît venir du grand nombre des hérissons (ekhinos, en grec) qu'on y trouve.

ÉCHIQUIER (Cour de l'), cour de justice en Angleterre qu'on croit avoir été introduite par Guillaume le Conquérant, est chargée d'administrer les revenus de la couronne et de juger tous les cas litigieux nés de la perception des impôts. Son nom vient, dit-on, du tapis dont on couvrait jadis la table de travail, tapis sur lequel étaient figurés plusieurs compartiments qui représentaient un échiquier et qui servaient à faire les comptes. Cette institution paraît avoir existé en Normandie avant la conquête de l'Angleterre.

ÉCHO, nymphe de la suite de Junon, fille de l'Air et de la Terre, servit Jupiter dans ses amours en amusant la déesse par de longs discours lorsque le dieu était avec une de ses maîtresses. Junon, s'en étant aperçue, l'en punit en la condamnant à ne plus parler sans qu'on l'interrogeât, et à ne répondre qu'en répétant les derniers mots des questions qu'on lui ferait. La nymphe Écho s'éprit du beau Narcisse, mais elle en fut dédaignée et se laissa mourir de désespoir. Elle fut métamorphosée en rocher.

ECIJA, Astigis, puis Colonia Augusta Firma, V. d'Espagne (Séville), sur le Xénil, à 90 kil. N. E. de Séville ; 25 000 h. Place ornée de portiques ; jolie promenade. Chaleur brûlante, qui a fait nommer cette ville le Poêle de l'Espagne. Beaucoup d'industrie.

ECKART (H.), dit Maître Eckart, dominicain, né vers 1260, probablement à Strasbourg, enseigna la théologie à Paris, à Strasbourg, à Francfort, à Cologne, et fut élu par son ordre prieur de la province d'Allemagne. Ayant répandu une doctrine mystique fort analogue au panthéisme des Alexandrins, il fut destitué en 1326 des fonctions de prieur par un chapitre général de son ordre et fut condamné par Jean XXII en 1329. Il venait de mourir peu auparavant. Ses ouvrages, parmi lesquels on remarque un traité De duodecim ineffabilibus bonis et gratiis, étaient restés manuscrits jusqu'à nos jours; P. Pfeiffer les a publiés à Leipsick, 1858.— V. ECKHART.

ECKARTSHAUSEN (Ch. d'), écrivain allemand, né au château d'Haimbhausen en Bavière, 1752, m. à Munich en 1803, était fils naturel du comte Charles d'Haimbhausen, par la protection duquel il fut nommé conseiller aulique, puis censeur de la librairie, 1780, et enfin conservateur des archives de Bavière, 1784. Il a publié un grand nombre d'écrits : les plus connus sont un traité de la Création et un petit livre de théologie mystique intitulé : Dieu est l'amour le plus pur, 1790. Cet ouvrage, qui sous une forme chrétienne cache un pur déisme, eut un grand succès en Allemagne; il a été traduit dans presque toutes les langues, notamment en franç. par Stassart.

ECKEREN. V. EECKEREN.

ECKERNFOERDE, v. du Sleswig, à 15 k. S. E. de Sleswig, sur la Baltique; 4900 h. Port, chantiers de construction. Commerce actif. Hôtel des Invalides, maison d'éducation pour les enfants d'anc. militaires.

ECKHARD (J. George), historien, né en 1674 dans le duché de Brunswick, mort en 1730, fut professeur d'histoire à Helmstædt, puis bibliothécaire à Hanovre, quitta secrètement cette dernière ville, abjura le Luthéranisme à Cologne et obtint à Würtzbourg, par le crédit du pape, les charges de conseiller épiscopal, d'historiographe, de bibliothécaire. On a de lui entre autres ouvrages : Leges Francorum et Ripuariorum, Francfort, 1720; Origines Habsburgo-Austriacæ, 1721 ; Historia genealogica principum Saxoniæ superioris, 1722; Corpus historiæ medii ævi, a tempore Caroli Magni usque ad finem sæculi XV, 1723; Commentarii de rebus Franciæ orientalis, 1729; De Origine Gerinanorum, migrationibus ac rebus gestis, 1750. On lui doit en outre des recherches étymologiques et la publication des Collectanea etymologica, de Leibnitz.

ECKHEL (Joseph Hilaire), antiquaire, de l'ordre des Jésuites, né en 1737 à Euserfeld (Autriche super.), mort en 1798, était directeur du cabinet des médailles de Vienne, et professeur d'antiquités. Il embrassa toutes les parties de la numismatique, et publia un grand traité De Doctrina nummorum, en 8 v. in-4, Vienne, 1792-1798. Les médailles y sont distribuées dans l'ordre des villes qui les ont fait frapper.

ECKMUHL, vge de Bavière, cercle de la Regen, sur la Grande-Laber, à 19 kil. S. de Ratisbonne. Grande victoire de Napoléon sur les Autrichiens, 22 avril 1809 : Davout, qui s'y était signalé, reçut eu récompense le titre de prince d'Eckmühl.

ÉCLECTIQUES (du mot grec eklego, choisir). On nomma d'abord ainsi les philosophes d'Alexandrie qui, pour se composer un système, avaient choisi dans chacune des sectes de philosophes grecs ce qui leur paraissait le plus sage. Potamon et Ammonius Saccas furent les premiers (au IIe siècle de J.-C.). Cette secte, qui s'attacha surtout à la conciliation de Platon et d'Aristote, donna bientôt naissance au nouveau platonisme, avec lequel on la confond ordinairement, et dont Plotin est le principal représentant. On a depuis étendu le nom d'Éclectiques à tous ceux qui, dans une science quelconque, ont tenté de fondre ou de concilier les divers systèmes.

ÉCLUSE (L'), fort de France (Ain), à 27 k. S. O. de Gex, commande la route de Genève à Lyon, mais est dominé par les mont. qui l'avoisinent. Ce fort, qui appartenait jadis aux ducs de Savoie, fut cédé à la France en 1601 ; il fut plusieurs fois pris et repris par les Autrichiens et les Français en 1814 et 1816, et en partie détruit par les Autrichiens.

ÉCLUSE (L'), poste militaire dans les Pyrénées orient., près du col de Perthus, à 15 kil. de Céret. — Il y a en France un grand nombre d'autres lieux qui portent ce nom : un des principaux est dans le dép. du Nord, cant. d'Arleux; 1666 hab.

ÉCLUSE (L'), Sluys, v. et port de Hollande (Zélande), à 25 k. S. de Middelbourg, sur la mer au Nord; 2000 h. Les Anglais y défirent la flotte française en 1340. Les Français prirent la v. en 1647 et 1794.

ÉCLUSE (L'), Clusius, botaniste. V. LÉCLUSE.

ECNOME, auj. Monte di Licata ou Monteserrato, mont. et promont. de Sicile, sur la côte S., célèbre par la vict. navale que Régulus et Manlius Vulso remportèrent près de là sur les Carthaginois, 257 av. J.-C.

ÉCOLAMPADE. V. ŒCOLAMPADE.

ÉCOLES CHRÉTIENNES (Frères des), religieux non ecclésiastiques, institués à Reims en 1681 par J. B. de La Salle, chanoine de cette ville, pour enseigner gratuitement aux enfants du peuple les éléments de la religion et de l'instruction primaire. Cet ordre fut approuvé en 1724 par Benoît XIII. Il a pris en peu de temps une très-grande extension, surtout en France, où réside le supérieur général. Les Frères portent une grande robe de bure noire et un chapeau à cornes; ils doivent vivre dans le silence et la retraite, tout entiers à leur vocation. Ils ne peuvent être détachés au nombre de moins de trois. On les désigne souvent sous le seul nom de Frères. Cet ordre, qui survécut seul en France à la suppression des autres ordres religieux, fut autorisé a rouvrir ses écoles aussitôt après le Concordat ; le décret du 17 mars 1808, qui fonda l'Université, lui donna en même temps une existence légale. Il n'a cessé depuis de rendre les plus grands services à l'instruction primaire. V. LA SALLE et SAINT-YON.

ECOMMOY, ch.-l. de c. (Sarthe), à 22 k. S. E. du Mans; 3600 h. Station de chemin de fer.

ÉCORCHEURS. On appelait ainsi des bandes d'aventuriers qui au XVe siècle désolaient use partie de l'Europe de concert avec les Pastoureaux, les Maillolins, les Routiers, les Cabochiens, etc. Les Écorcheurs exercèrent principalement leurs ravages dans le Hainaut, en 1437, lors de la révolte des Pays-Bas contre le duc de Bourgogne. On parvint à les enrôler dans l'armée française; les meilleurs capitaines ne craignirent pas de se mettre à leur tête : Villandras, Chabannes, le bâtard d'Armagnac, sont les plus connus de leurs chefs. Il en périt un grand nombre à la bataille de St-Jacques, contre les Suisses, 1444. Ils disparurent après l'expulsion des Anglais. On les nomma Écorcheurs, soit parce qu'ils dépouillaient leurs captifs jusqu'à la chemise, soit parce que plusieurs d'entre eux avaient exercé la profession de boucher ou d'écorcheur de bêtes.

ECOS, ch.-l. de c. (Eure), à 19 k. S. E. des Andelys, 522 h. Bureau d'enregistrement.

ÉCOSSE, en anglais Scotland, Caledonia chez les anc., un des trois roy. unis qui forment l'Empire britannique, et l'un des deux roy. compris dans l'île de Grande-Bretagne, occupe toute la partie septent. de cette île et est situé entre 54° 39' et 58° 37' lat. N. Elle est séparée de l'Angleterre par une ligne allant du N. E. au S. O., depuis l'emb. de la Tweed jusqu'à celle du Sark, dans le golfe de Solway. L'Écosse a 400 k. du N. au S., et 245 env. de l'E. à l'O., dans sa plus grande largeur. Un grand nombre d'îles l'entourent et en dépendent, savoir : les trois archipels des îles Hébrides, Orcades et Shetland; les îles Skye, Ram, Coll, Tirce, Mull, Lay, Jura, Bute, Arran, etc. Sa pop. s'élève à 3 000 000. Capit., Édimbourg. L’Écosse se divise en 33 comtés, savoir :

Comtés. Capitales.
Au N., Orkney ou Orcades, Kirkwall.
Caithness, Wick.
Sutherland, Dornoch.
Ross, Tain.
Cromarty, Cromarty.
Inverness, Inverness.
Au milieu, Argile, Inverary.
Bute, Rothsay.
Nairn, Nairn.
Elgin ou Murray, Elgin.
Banff, Banff.
Aberdeen, New-Aberdeen.
Mearns ou Kincardine, Stonehaven.
Angus ou Forfar, Forfar.
Perth, Perth.
Fife, Cupar.
Kinross, Kinross.
Clackmannan, Clackmannan.
Stirling, Stirling.
Dumbarton, Dumbarton.
Au S., Édimbourg ou Mid-Lothian, Édimbourg.
Linlithgow ou West-Lothian, Linlithgow.
Haddington ou East-Lothian, Haddington.
Berwick, Greenlaw.
Renfrew, Renfrew.
Ayr, Ayr.
Wigton, Wigton.
Lanark, Lanark.
Peebles, Peebles.
Selkirk, Selkirk.
Roxburgh, Jedburgh.
Dumfries, Dumfries.
Kirkcudbright, Kirkcudbright.

Au N., l’Écosse est hérissée de montagnes stériles et couvertes de bruyères; au S., elle s'étend en plaines fertiles et labourables; ce qui fait diviser le pays en hautes terres (highlands) et basses terres (lowlands). Le centre est traversé de l'O. à l'E. par la chaîne des monts Grampians. Toute la côte occid. se compose de nombreuses presqu'îles, les eaux de l'Océan ayant pénétré fort avant sur tous les points et ne s'étant arrêtées qu'au pied des montagnes. De là un grand nombre de golfes, dont les plus remarquables sont : le golfe de Solway et de Clyde, les baies de Wigton et de Luce. Sur la côte orient, on trouve aussi la baie de Sinclair, les golfes de Dornoch, Cromarty et Murray, la baie de St-Andrews et le golfe de Forth. L’Écosse a beaucoup de riv. ; les principales sont : la Spey, la Dee, l'Esk, le Tay, le Forth, la Clyde, la Tweed, l'Aman et le Liddal. Les lacs, dits lochs, sont nombreux. Un grand canal, le C. Calédonien, fait communiquer les deux mers. De nombreux chemins de fer sillonnent le pays en tous sens. On trouve dans les montagnes des mines de plomb, de fer, d'antimoine et de houille, de riches carrières de marbre, des agates, du cristal de roche. L'agriculture est très-avancée ; les prairies et le flanc des montagnes offrent de nombreux pâturages qui nourrissent beaucoup de troupeaux, particulièrement des moutons à laine très-fine. L'industrie est très-florissante, principalement dans les basses terres. L'instruction est égalementf ort développée en Écosse; on y compte 4 universités renommées, celles d’Édimbourg, de Glasgow, de St-Andrews et d'Aberdeen. Les hab. parlent trois sortes de langues, l'anglais, le dialecte écossais (anglo-saxon), et la langue erse ou gaélique. Ils professent la religion presbytérienne.

L’Écossais est plus simple, plus ouvert et plus communicatif que l'Anglais; il est fier de sa race, cordial pour l'étranger, brave, persévérant et fidèle. Les highlanders se distinguent par un costume particulier : longtemps ils n'eurent d'autre vêtement qu'un plaid, serré autour de la taille par une ceinture de cuir; ils portent auj. une sorte de jaquette qui va de la ceinture aux genoux (les jambes restent nues), un gilet et une veste, le tout en tartan.

Histoire. Les premiers habitants de l’Écosse appartinrent sans doute à la race celtique. Les Romains n'étendirent leurs conquêtes que dans la partie méridionale de l’Écosse actuelle, alors habitée par les Calédoniens. Agricola (vers l'an 80 de J.-C.) repoussa les indigènes jusqu'aux golfes de Forth et de Clyde; Adrien les contint par une muraille qui allait de la Tyne au golfe de Solway (120). Vingt ans plus tard, sous Antonin, on construisit plus au N. une autre muraille; en 207, Septime Sévère construisit un nouveau mur encore plus au N. qui joignit le Forth à la Clyde. Les Scots, qui sortaient d'Irlande, et les Pictes, peuple d'origine gothique, vinrent ensuite occuper l’Écosse septentr. Ces peuples firent des incursions dans le N. de la Bretagne, d'abord contre les Romains, puis, après le départ de ceux-ci, contre les Bretons. Au IXe siècle (833) Kenneth II Macalpin réunit sur sa tête les deux couronnes des Pictes et des Scots, et devint ainsi véritablement le premier roi de l’Écosse. Les historiens écossais comptent avant ce prince 66 rois, dont le premier, nommé Fergus, aurait régné vers 350 ans av. J.-C.; mais l'existence de ces rois est fabuleuse jusqu'à Fergus II, qui monta sur le trône 410 ans après J.-C. Le Christianisme pénétra en Écosse dès le VIe siècle. Au XIe, sous le règne de Malcolm III (1047-1093), qui avait épousé une princesse saxonne, beaucoup de Saxons, fuyant la domination de Guillaume le Conquérant, se retirèrent en Écosse; ils adoucirent les mœurs encore sauvages des habitants. L'an 1286, à la mort d'Alexandre III, l'antique race des rois d’Écosse s'éteignit, et après diverses révolutions, pendant lesquelles les Bruce, les Bailleul et les Stuart se disputèrent la couronne, ces derniers finirent par triompher (1370). Pendant ces querelles intérieures, les Anglais tentèrent plusieurs fois de réunir l’Écosse à leur empire ; mais la victoire de Robert Bruce à Bannockburn (1314) les contraignit à différer l'exécution de leurs projets. Jacques I essaya de mettre un frein au pouvoir et à l'orgueil des grands barons; mais il fut assassiné par eux (1437). Jacques II, son fils (1437-1460), reprit avec plus de succès l'œuvre de son père; mais Jacques III, qui lui succéda, ne réussit qu'à exciter un soulèvement général, dans lequel il fut vaincu et tué (1488). Jacques IV, en épousant Marguerite, fille de Henri VII, roi d'Angleterre, acquit à ses descendants le droit de prétendre au trône d'Angleterre ; il périt, en combattant les Anglais, à la bataille de Flodden (1513). Jacques V épousa Marie de Guise, et resserra par ce mariage les liens qui unissaient l’Écosse à la France, depuis longtemps son alliée. Sous son règne, commencèrent les troubles de la Réforme, prêchée d'abord par Hamilton (1527), puis établie, sous le nom de Presbytérianisme, par le fougueux Knox. En 1542, Marie Stuart, fille de Jacques V, fiancée au Dauphin de France (depuis, François II), succéda à son père. La vive opposition de cette reine à la réforme fut le germe de graves mécontentements, qui dégénérèrent plus tard en révolte ouverte et qui la forcèrent de se réfugier en Angleterre auprès d'Elisabeth, sa cousine; mais celle-ci, au lieu de lui prêter secours, la retint prisonnière, puis la fit mettre à mort (1587). Jacques, fils de Marie Stuart, lui succéda en Écosse sous le nom de Jacques VI, et, après la mort d’Élisabeth, il devint en outre, par droit d'hérédité, roi d'Angleterre, sous le nom de Jacques I (1603). L’Écosse conserva d'abord son titre de royaume, son parlement et ses lois ; ce n'est qu'un siècle plus tard, en 1707, que la reine Anne fondit les deux royaumes en une seule monarchie sous le nom de Grande-Bretagne. La tranquillité de l’Écosse n’a plus été troublée depuis qu’en 1745 et 46, lorsque les Highlanders prirent les armes pour le prétendant Charles-Édouard contre la dynastie de Hanovre. — La meilleure histoire d’Écosse qu’on ait jusqu’ici est celle de Tyttler, Édimbourg, 1843.

Rois d’Écosse depuis Fergus II (410-1625).
Fergus II, 410 Malcolm I, 943
Eugène II, 427 Indulf, 958
Dongard, 449 Duff, 967
Constantin I, 453 Culen, 972
Congall I, 469 Kenneth II, 976
Gonran, 501 Constantin IV, 984
Eugène III, 535 Grim, 985
Congall II, 558 Malcolm II, 993
Kinnatel, 568 Duncan I ou Donald VII, 1023
Aydan, 570
Kenneth I, 604 Macbeth, 1040
Eugène IV, 605 Malcolm III, 1047
Ferchard I, 622 Donald VIII, 1093-98
Donald IV, 636 Duncan II, usurp. 1093-95
Ferchard II, 651 Edgar, 1098
Malduin, 668 Alexandre I, 1107
Eugène V, 688 David I, 1124
Eugène VI, 692 Malcolm IV, 1153
Amber Chelet, 702 Guillaume, 1165
Eugène VII, 704 Alexandre II, 1214
Mordach, 721 Alexandre III, 1249
Etwin, 730 (Interrègne, 1286-1306)
Eugène VIII, 761 Robert Bruce I, 1306
Fergus III, 764 David Bruce II, 1329
Solvatius, 767 Edouard Baliol, 1332
Anchaius, 787 David II (rétabli), 1356
Congail III, 819 Stuarts.
Dongal, 824 Robert II, 1370
Alpin, 830 Jean, dit Robert III, 1390
Kenneth II, 833 Jacques I, 1406
Donald V, 857 Jacques II, 1437
Constantin II, 858 Jacques III, 1460
Eth, 874 Jacques IV, 1488
Grégoire, 875 Jacques V, 1513
Donald VI, 892 Marie Stuart, 1542
Constantin III, 903 Jacques VI, 1587-1625

ÉCOSSE (NOUVELLE-) ou ACADIE, partie de l’Amérique anglaise, formée d’une presqu’île qui a pour bornes au N. O. la baie de Fundy et le Nouv.-Brunswick, au N. le golfe St-Laurent, au S. E. et au S. O. l’Océan Atlantique. Elle a 450 kil sur 130, et près de 280 000 hab. Halifax est sa capit. ; Annapolis, Windsor, Liverpool, Shelburne, en sont les v. principales. L’île du Cap-Breton et plusieurs petites îles voisines en dépendent. La principale industrie est la pêche ; on exporte des pelleteries, du bois de construction, du goudron, des salaisons. — La Nouvelle-Écosse fut découverte par Sébastien Cabot vers 1497 ; le Florentin Verazzani la visita en 1524 et l’appela Acadie, du nom que lui donnaient les indigènes eux-mêmes. Elle fut colonisée par les Français du Canada en 1598. Jacques I y envoya une colonie d’Écossais dès 1622, mais en 1632 Charles I céda tous ses droits à Louis XIII. Enlevée aux Français par les Anglais en 1666, elle leur fut restituée un instant par la paix de Breda, 1667 ; mais elle fut définitivement cédée aux Anglais par Louis XIV en 1713. La Nouv.-Écosse est régie par un gouverneur général nommé par la couronne, assisté d’un conseil de 12 membres et d’une assemblée élective de 40 membres.


ÉCOUCHÉ, ch.-l. de cant. (Orne), sur la rive g. de l’Orne, à 9 kil. S. d’Argentan ; 1360 hab.

ÉCOUEN, ch.-l. de c. (Seine-et-Oise), à 18 k. N. de Paris ; 1200 hab. Beau château, construit sous François I par Anne de Montmorency, et qui passa ensuite dans la maison de Condé. En 1559, Henri II y rendit un édit de mort contre tous les Protestants. Napoléon avait fait du château une maison d’éducation pour 300 jeunes filles des membres de la Légion d’honneur, dont la direction fut confiée à Mme Campan (1807). En 1814, Louis XVIII réunit les élèves de la maison d’Écouen à celles de St-Denis, et rendit le château aux Condé. Napoléon III a rétabli à Écouen une succursale de la maison de la Légion d’honneur.

ÉCOUIS, bourg du dép. de l’Eure, à 10 k. N. des Andelys ; 980 hab. Belle église, fondée en 1310 par Enguerrand de Marigny, qui y fut inhumé. Anc. ch.-l. de canton, remplacé par Fleury-sur-Andelle.

ÉCRITURE SAINTE. V. BIBLE.

ECTHÈSE. V. HÉRACLIUS.

ÉCUEILLÉ, ch.-l. de cant. (Indre), sur l’Indroye, à 40 kil. N. O. de Châteauroux ; 1100 hab.

ÉCURY-SUR-COOLE, ch.-l. de cant. (Marne), sur la Coole, à 7 kil. S. de Châlons-sur-Marne ; 300 hab.

ÉCUYER, d’abord escudier, de sculum, bouclier. C’était dans l’origine le nom d’un serviteur qui accompagnait un seigneur à la guerre et qui était chargé de porter son bouclier et ses armes. Ce titre acquit de l’importance du temps de la chevalerie : c’était le dernier degré à franchir pour obtenir le titre de chevalier. Dans les temps modernes, ce titre fut pris par une foule de nobles qui n’étaient ni comtes ni marquis, et qui voulaient se distinguer de la roture. — On donnait encore le nom d’écuyer à plusieurs officiers de la maison du roi, tels que : le grand-écuyer, haut fonctionnaire chargé de la surveillance des équipages et des écuries ; l’écuyer cavalcadour, l’écuyer de bouche, l’écuyer tranchant, etc.

En Angleterre, le titre d’écuyer, esquire, n’est plus qu’un mot insignifiant que prend toute personne qui se qualifie de gentleman.

EDAM, v. et port du roy. de Hollande (Holl. sept.), près du Zuyderzée, à 20 kil. N. E. d’Amsterdam ; 5000 hab. Hôtel de ville, hôtel de l’amirauté, bourse, etc. Chantiers de construction, huile de baleine. Ville importante jadis, mais très-déchue.

EDDA. On désigne sous ce nom, qui veut dire arrière-grand’mère, deux livres qui renferment la mythologie Scandinave. Le 1er, écrit en vers, fut composé en Islande, pendant le XIe s., 50 ans env. après l’introduction du Christianisme dans cette île, par Sœmund Sigfuson, dit le Sage, qui voulait conserver les débris des anciennes croyances. Le 2e, en prose, ne date, à ce qu’on croit, que du XIIe s.; on le doit à l’historien, Snorro Sturleson, qui commenta l’Edda poétique, suppléant aux lacunes que présentait ce livre par un exposé plus complet des dogmes religieux de la Scandinavie. L’ancien Edda se compose de poésies mythologiques et de poésies héroïques : les 1res roulent sur la cosmogonie, l’histoire d’Odin, de Thor, de Freyr, de Balder, etc. ; les 2es, sur les exploits des conquérants germains, tels que Vœlsung, Sigurd, Attle, etc. L’Edda en prose se divisa en plusieurs parties et contient 1° les légendes mythologiques et historiques ; 2° un vocabulaire poétique ; 3° la prosodie scandinave. — Les Eddas n’ont été retrouvés qu’en 1643, en Islande. Les manuscrits en sont conservés à Upsal et à Copenhague. Les textes originaux ont été publiés et traduits par Resemus et Finn Magnusen, à Copenhague ; par Afzelius, à Stockholm. Mlle Du Puget en a donne une traduction en français, Paris, 1839-40. M. Bergmann a entrepris une édition complète du texte, avec traduction littérale et commentaires, Strasb., 1838-1853.

EDDYSTONE-ROCKS, récifs de la Manche, à 25 k. S. O. de Plymouth. Phare modèle, érigé en 1759.

EDELINCK (Gérard), graveur, né à Anvers en 1649, mort en 1707, fut attiré en France par les bienfaits de Louis XIV, qui lui donna le titre de graveur du cabinet avec une pension et le nomma professeur aux Gobelins. Il fut admis à l’Académie dès 1677. Edelinck perfectionna la gravure en inventant les tailles en losange ; il réussit à donner en quelque sorte de la couleur aux objets gravés. Ses estampes de la Ste famille, d’après Raphaël ; de la Famille de Darius, de la Madeleine, du Christ aux anges, de S. Charles Borromée, d’après Lebrun ; du ' Combat de quatre cavaliers, d'après Léonard de Vinci; de la Vierge, d'après le Guide, sont regardées comme des chefs-d'œuvre. On a aussi de lui de très-beaux portraits de Louis XIV, Descartes, Colbert, Lebrun, Rigaud, Philippe de Champagne, Santeuil, etc.

EDEN, c.-à-d. en hébreu délices, nom donné dans la Genèse au Paradis terrestre, lieu de délices où Dieu plaça Adam et Ève après la création, et que l’Écriture compare à un vaste jardin. On ne sait pas bien où était ce jardin délicieux : l'opinion la plus accréditée le place dans l'anc. Médie, entre le Phase, l'Oxus, le Tigre et l'Euphrate, qui représentent, à ce qu'on croit, les quatre fleuves dont parle la Genèse : le Phison le Gihon, le Chidékel et le Phrat. Origène et quelques hérétiques ont pensé que l'Eden n'a jamais existé sur la terre et que c'est une pure allégorie.

EDER, Adrana, riv. d'Allemagne, a sa source en Westphalie, à 10 k. O. de Berlebourg, arrose la Hesse et la principauté de Waldeck, passe à Waldeck, à Fritzlar, et se jette dans la Fulde à 10 k. au-dessous de Cassel, après un cours de 125 kil. Elle charrie de l'or.

ÉDESSE, dite aussi Callirrhoé, auj. Orfa, ville fort ancienne de la Mésopotamie, capit.de l'Osroène sous les Romains, au N. de la province, était une des v. frontières de l'empire et renfermait de célèbres fabriques d'armes et de boucliers et des arsenaux. Édesse, dont on attribuait la fondation à Nemrod, eut, du Ier siècle av. J.-C. au IIIe après, des princes particuliers (V. ABGAR). Cette ville reçut une des premières la doctrine du Christ, et ses habitants la conservèrent jusqu'au temps des croisades : elle eut jusqu'à 300 couvents et posséda un évêché, dont S. Ephrem fut titulaire et qui fut depuis érigé en archevêché : c'est encore auj. le titre d'un archevêché in partibus. Édesse fut plusieurs fois prise et reprise dans les guerres entre l'empire d'Orient et les Sassanides. Les Arabes s'en emparèrent ainsi que de toute la Mésopotamie en 639. En 1097, Baudouin, frère de God. de Bouillon, prit cette v. et y fonda un comté, qui fut transmis en 1100 à Baudouin II, en 1118 à Josselin de Courtenay et en 1131 à Josselin II. Il se composait d'Édesse, de Samosate, de Saroudj, de Tel-Bacher, etc. Ce comté, le premier État chrétien fondé par les Croisés, était regardé comme le boulevard de Jérusalem. Soumis en 1144 par Zenghi, il fut repris en 1146 par Josselin II, mais il fut reconquis la même année par Noureddin et il est resté depuis aux mains des Musulmans.

ÉDESSE, auj. Vodina, v. de Macédoine (Émathie), sur l'Erigon, fut avant Pella la capitale du royaume.

EDETANI, peuple de l'Hispanie Tarraconaise, à l'E. des Celtibères, avait pour v. principales Edeta, auj. Liria, Segobriga, Cæsaraugusta, Valentia.

EDFOU, l’Atbô des anc. Égyptiens, l’Apollinopolis magna des Grecs, village de la H.-Égypte, sur a rive g. du Nil, à 83 kil. S. E. de l'anc. Thèbes, et à 177 k. S. E. de Djirdjeh; 2000 hab. Ville jadis importante : ce n'est plus auj. qu'un assemblage de misérables cabanes et de ruines. Beaux restes de plusieurs temples avec inscriptions hiéroglyphiques.

EDGARD, le Pacifique, roi d'Angleterre, fils d'Edmond I, succéda à son frère Edwy en 957, vainquit les Northumbriens et les Écossais, soumit une partie de l'Irlande, poliça ses États et leur donna de sages lois. S. Dunstan fut son principal conseiller, et le clergé sous son règne jouit d'une grande faveur. Ayant entendu vanter la beauté d'Elfrida, fille d'un grand seigneur, il chargea un de ses favoris de l'amener à sa cour. Celui-ci devint amoureux d'Elfrida, et l'épousa, après avoir trompé le roi par un rapport infidèle; mais Edgard, apprenant la vérité, le poignarda et épousa sa veuve. Cet événement est le sujet d'une tragédie anglaise de Mason. Il m. en 975.

EDGARD ATHELING, neveu d’Édouard le Confesseur, avait des droits au trône d'Angleterre, mais fut dépossédé par Harold, puis par Guillaume le Conquérant (1066). Après une tentative inutile pour recouvrer la couronne, il renonça à toute prétention et servit fidèlement Guillaume. Il était le dernier rejeton de la ligne masculine des rois anglo-saxons.

EDGARD, roi d’Écosse, fils de Malcolm III et neveu du préc., régna de 1098 à 1107. Il chassa l'usurpateur Donald VIII et maria sa sœur Mathilde au roi d'Angleterre Henri I.

EDGE-HILL, colline d'Angleterre (Warwick), près de Kington et à 20 k. S. E. de Warwick. Les Parlementaires y remportèrent leur 1re victoire sur les troupes de Charles I, 1642.

EDGEWORTH (Richard LOVELL), né à Bath en 1774, m. en 1817, était originaire d'Irlande, où son père possédait la terre d'Edgeworthtown. Il s'appliqua de bonne heure à la mécanique, eut en 1763 la première idée du télégraphe aérien, et imagina en 1767 une voiture qui transportait avec elle un petit chemin de fer sur lequel elle roulait. En 1771, il vint s'établir à Lyon et y commença la construction d'une digue pour détourner le cours de la Saône et reculer sa jonction avec le Rhône ; mais, mal secondé, il fut obligé de renoncer à ses travaux. Il prit part en 1782 aux efforts tentés par les Irlandais pour assurer leur indépendance, fut élu en 1798 député de l'Irlande à la Chambre des Communes, et se prononça ouvertement contre l'union. Depuis 1804, il partagea tout son temps entre la mécanique, l'agronomie et le perfectionnement de l'éducation. On lui doit des Traités sur la construction des moulins, en français, 1778; — sur la résistance de l'air, 1783 ; — sur l'application des ressorts aux charrettes, 1812; — sur les chaussées et les voitures, 1813 ; Practical education (avec sa fille), 1798, trad. par Pictet : Professional education, 1808.

EDGEWORTH (Maria), romancière et moraliste irlandaise, fille du préc., née en 1767 à Edgeworthtown morte en 1849, consacra son talent à l'éducation de l'enfance et à la moralisation du peuple, et composa dans ce but un grand nombre de petits ouvrages, où le plus souvent la leçon ressort du simple récit des faits, et dont la plupart sont devenus populaires. Elle débuta par l’Éducation pratique (avec son père 1798), que suivirent bientôt l’Éducation familière, le Guide des parents, les Contes moraux pour les jeunes garçons, les Contes pour les jeunes filles, les Contes populaires, les Contes du beau monde (Tales of fashionable life), les Jeunes industriels, et une foule d'autres. On lui doit aussi d'intéressants romans sur l'Irlande, qui donnèrent à W. Scott l'idée de se faire le romancier de l’Écosse. Presque tous ses ouvrages ont été trad. par Mmes L. Belloc, Elisa Voïart, Él.de Bon, Gottis, Niboyet, Sobry, etc.

EDGEWORTH DE FIRMONT (Henri ESSEX), confesseur de Louis XVI, né en Irlande en 1745, mort à Mittau en 1807, était cousin de Richard Edgeworth. Il assista Louis XVI à ses derniers moments et lui adressa, dit-on, sur l'échafaud ces mots devenus célèbres : Fils de S. Louis, montez au ciel. Il a laissé des Mémoires, qui ont été trad. par Dupont, Paris, 1816, et des Lettres, trad. par Élisabeth de Bon, 1818.

ÉDILES, magistrats romains, ainsi appelés parce qu'un des principaux devoirs de leur charge était d'avoir soin des édifices (ædes). Ils étaient nommés pour un an. C'est une des charges par lesquelles on débutait dans la carrière des honneurs : on pouvait l'obtenir dès 27 ans. On distinguait les édiles plébéiens et les édiles curules ou patriciens. Les édiles plébéiens, au nombre de deux, furent institués en 493 av. J.-C., la même année que les tribuns. En 366 av. J.-C., ces édiles ayant refusé de subvenir aux frais de nouveaux jeux qui venaient d'être créés, le sénat leur adjoignit deux nouveaux édiles, pris dans l'ordre des patriciens. Ces derniers avaient la chaise curule, le laticlave, l'entrée au sénat et le droit d'images ; ils avaient l'intendance des grands jeux romains qui se célébraient aux frais de l'État, et devaient en outre en donner d'autres à leurs propres dépens. Les édiles plébéiens donnaient aussi des jeux à leurs frais, mais moins dispendieux; leurs fonctions principales étaient d'entretenir les bains publics, de faire réparer et nettoyer les aqueducs, d'approvisionner la ville, de régler les marchés. Ils n'avaient aucune des prérogatives honorifiques des édiles curules. Les édiles subsistèrent jusqu'au règne de Constantin.

ÉDIMBOURG, Edinburgh en anglais, Aneda en latin moderne, capit. de l’Écosse et ch.-l. du comté d’Édimbourg ou Mid-Lothian, à 710 k. N. N. O. de Londres (689 par chemin de fer)j 190 000 h. (en y comprenant le port de Leith). Édimbourg est bâtie sur trois collines, et se partage en deux villes séparées par des vallées profondes, la Vieille-Ville et la Nouv.-Ville, unies par deux ponts. La Vieille-Ville, qui forme une large rue de plus d'un kilomètre de long, est située sur la colline centrale et la plus élevée. Elle est défendue par un château fort qui la domine. Les maisons y sont pressées et irrégulières, quelques-unes s'élèvent à 10 et 11 étages. Les rues sont étroites et sales. Au pied de la Vieille-Ville s'élève le palais (jadis abbaye) d'Holyrood, et cette partie de la ville porte encore le nom de Canonsburgh ou Canongate (bourg ou porte des chanoines). La Nouv.-Viile, construite à la fin du dernier siècle, renferme de larges rues et de belles places. Les monuments principaux sont : la nouvelle bourse, le Parliament-House, l'université, bâtie de 1789 à 1827 (c'est le plus beau bâtiment de l'Europe en ce genre), la cathédrale ou église St-Gilles, 3 ponts, les monuments de Nelson, de W. Scott, etc. Éd. est le siège des cours suprêmes de l’Écosse et possède une université célèbre qui compte plus de 2000 étudiants, et un grand nombre de sociétés savantes, d'établissements scientifiques et littéraires : ce qui l'a fait assez justement surnommer l’Athènes du Nord. On y publie un grand nombre de journaux littéraires, dont le plus célèbre est la Revue d’Édimbourg. On y suit très-particulièrement le barreau. L'industrie est assez active, surtout pour la librairie et l'imprimerie. Le commerce est facilité par l’Union Canal et par plusieurs chemins de fer. Patrie de R. Barclay, Hume, G. Burnet, Law, Erskine, Keith. Dugald-Stewart, H. Blair, Walter Scott, etc. — Suivant d'Anville, Édimbourg occupe l'emplacement de la station romaine d’Alata Castra. Vers 626, le château d’Édimbourg devint la résidence d'Edwin, roi de Northumbrie, qui lui donna son nom,; ce château portait précédemment les noms de Castelh-Minid-Agned (fort de la colline d'Agnès), ou de Castrum Puellarum, parce que, suivant les traditions, il était la résidence des jeunes princesses pictes jusqu'à leur mariage. En 856, Édimbourg était déjà une ville considérable, dont les Anglo Saxons et les indigènes se disputèrent souvent la possession. Depuis 1020, cette ville devint la résidence des rois d’Écosse; cependant ce n'est que depuis 1437, à partir du règne de Jacques II, qu’Édimbourg prit le titre de capitale. La peste la ravagea trois fois (1497, 1513, 1645). Cromwell s'en empara en 1650, Guillaume II en 1689. Charles-Édouard l'occupa un instant en 1745.

ÉDIMBOURG (comté d'). V. LOTHIAN (MID-).

ÉDIMBOURG (NOUVEL-), v. et port de la Nouv.-Grenade, sur le golfe de Darien, à 190 k. E. S. E. de Panama. Fondée au XVIIe siècle par des Écossais sous le nom de Caledonia, elle fut prise en 1699 par les Espagnols, et par les Français en 1764. Ces derniers ayant été massacrés par les Indiens, les Anglais vinrent s'y établir et lui donnèrent le nom qu'elle porte auj.

EDISTO, riv. des États-Unis (Caroline du S.), formée de deux riv., North et South Edisto, qui se réunissent à Branchville, tombe dans l'Océan Atlantique, entre Charleston et Beaufort, par 2 branches, entre lesquelles se trouve l'île d'Edisto.

ÉDIT (edicere, déclarer, ordonner). Les principaux édits connus dans l'histoire sont :

1° L’édit perpétuel. On nommait ainsi chez les anciens une compilation de tous les édits rendus précédemment par les édiles et les préteurs, qui fut faite sous Adrien, l'an 131 de J.-C., par Salvius Julianus, pour servir de règle à l'avenir. Il en resta des fragments. — Chez les modernes on donne ce même nom à un règlement en 47 articles publié en 1611 par l'archiduc d'Autriche Albert pour régler dans ses États l'administration de la justice.

2° L’édit de Milan, publié à Milan en 313 par l'empereur Constantin en faveur de la religion chrétienne.

3° L’édit d'Union, publié en 405 par Honorius contre les Donatistes et les Manichéens, et qui avait pour but de réunir tous les peuples sous une seule religion, à la religion catholique. — On connaît aussi sous ce nom l'édit par lequel Henri III, chassé de Paris, reconnut la Ligue et déclara s’unir à elle : il est du 21 juillet 1588.

4° L’édit de Crémieu, rendu en 1536 par François I à Crémieu (Isère), pour régler la juridiction des baillis, des sénéchaux, des présidiaux, etc.

5° L’édit des Petites-Dates, rendu par Henri II en 1550, pour la répression des abus introduits dans la collation des bénéfices ecclésiastiques.

6° L’édit de Chateaubriant (1551), rendu par Henri II contre les Calvinistes.

1° L’édit de Romorantin (1560), repoussant l'inquisition (V. ROMORANTIN).

8° L’édit de Melun (1580), faisant droit aux plaintes du clergé sur la discipline et l'administration ecclésiastiques.

9° Les édits de Pacification, rendus en grand nombre pour suspendre les guerres de religion dans le XVIe siècle : les plus célèbres sont l’édit d'Amboise, rendu le 19 mars 1563 par Charles IX, permettant aux Calvinistes de s'assembler, pour l'exercice de leur culte, dans toutes les villes dont ils étaient alors en possession; et l’édit de Nantes, publié par Henri IV en 1598, et révoqué en 1685 par Louis XIV. Il accordait aux Calvinistes la liberté de conscience, l'exercice de leur culte, et l'admission aux charges et aux fonctions publiques.

Pour les autres édits, Voy. le nom qui suit Édit.

EDITH (Ste), née en 961, morte en 984, était fille du roi d'Angleterre Edgar et de Walfride. Elle se fit religieuse au couvent de Wilton, se consacra aux pauvres et aux malades, et refusa la couronne qui lui fut offerte après la mort de son père et celle de son frère S. Édouard. On la fête le 16 septembre.

EDITH, femme d'Édouard III. V. ÉDOUARD.

EDME ou EDMOND (S.), archevêque de Cantorbéry, sacré en 1234, soutint les droits de son église contre le roi Henri III, et dut pour ce motif chercher un refuge en France, à la cour de S. Louis. On l'honore le 16 nov., jour de sa mort.

EDMOND (S.), roi d'Est-Anglie en 855, faisait le bonheur de son peuple lorsqu'il fut, en 870, attaqué, pris et mis cruellement à mort par les princes danois Hinguar et Hubba, qui avaient envahi ses États. L'Église le regarde comme martyr et le fête le 20 nov.

EDMOND I, roi d'Angleterre, de la dynastie saxonne, fils d’Édouard I, succéda en 941 à son frère Athelstan, dompta le Cumberland, le Northumberland, et chercha à adoucir les mœurs de ses sujets. Il fut assassiné en 946 par un nommé Léof. C'est sous son règne que la peine capitale fut établie en Angleterre.

EDMOND II, succéda à son père Ethelred II en 1016, et mérita par son intrépidité et sa force le surnom de Côte de Fer (Iron-side). Il eut une rude guerre à soutenir contre Canut, roi de Danemark, et fut forcé, après une courageuse résistance, de lui céder la partie septentrionale de ses États. Assassiné un mois après (1017), il laissa Canut maître de toute l'Angleterre.

EDMOND PLANTAGENET de Woodstock, comte de Kent, fils cadet d’Édouard I, détrôna son frère Édouard II en 1325, pour mettre à sa place Édouard III, dont il fut d'abord le tuteur. Il conspira ensuite contre celui-ci, mais il échoua cette fois, et eut la tête tranchée en 1329.

EDMOND DE LANGLEY, duc d'York, tige de la maison de la Rose-Blanche. V. YORK. EDNAM, vge d’Ecosse (Roxburgn), à 4 kil. N. de Kelso. Patrie du poète Thompson.

ÉDOM, c.-à-d. Rouge, surnom d’Ésaü. V. ÉSAÜ.

ÉDOMITES. V. IDUMÉENS.

ÉDONIDE, Edonis, contrée de la Macédoine septentrionale, entre les embouch. du Strymon et du Nestus, faisait d’abord partie de la Thrace, mais fut annexée par Philippe à ses États. Elle tirait son nom du mont Édon, sur lequel les Bacchantes célébraient leurs mystères : ce qui les fit appeler Édonides.

ÉDOUARD I, l’Ancien, roi d’Angleterre, de la dynastie saxonne, succéda à son père Alfred le Grand l’an 900. A peine sur le trône, il se le vit disputer par Ethelwald, son cousin germain, qui souleva en sa faveur les peuples du Northumberland et les Danois ; mais il repoussa tous ses ennemis, et Ethelwald lui-même périt dans un combat. Délivré de cet adversaire, Édouard tourna ses armes contre les Écossais et contre les Bretons du pays de Galles, et les soumit également. Il cimenta l’alliance avec la France en donnant à Charles le Simple sa fille Ogive. Il m. en 925. C’est lui, dit-on, qui fonda l’université de Cambridge.

ÉDOUARD II, le Martyr, remplaça sur le trône d’Angleterre, à l’âge de 13 ans, son père Edgard, mort l’an 975. Elfrida, sa belle-mère, qui voulait y placer son fils Ethelred, le fit assassiner dans une partie de chasse, 978. Les vertus précoces de ce jeune prince le firent ranger parmi les saints. On le fête le 18 mars.

ÉDOUARD III, le Confesseur, roi d’Angleterre, fils d’Ethelred et d’une princesse normande, neveu du préc., fut couronné en 1041 par les Anglo-Saxons, qui, fatigués du joug des Danois, voulurent revenir à leurs souverains naturels. Le commencement de son règne fut troublé par la rébellion du comte Godwin, puissant seigneur qui avait contribué à le placer sur le trône. Édouard, pour éviter la guerre civile, traita avec lui et lui fit des concessions. Tout son règne fut un temps de paix et de justice. Il fit des règlements communs pour tous les habitants de l’Angleterre, sans distinction de race. Quoique marié à une femme jeune et belle, à Édithe, fille de Godwin, il avait vécu comme dans le célibat. Il mourut en 1066, à l’âge de 65 ans, sans enfants. D’après quelques historiens, il aurait laissé en mourant son trône à Guillaume, duc de Normandie, son parent. Il fut canonisé. On le fête le 5 janv. et le 13 oct.

ÉDOUARD I, de la dynastie normande, né en 1240 d’Henri III et d’Éléonore de Provence, fut couronné en 1212 après la mort de son père. Précédemment, il avait pris une part active et glorieuse aux troubles qui signalèrent les dernières années du règne de son père (V. ce nom), et s’était croisé avec S. Louis dans la 8e croisade. Monté sur le trône, il fit de sages réformes dans les finances et l’administration de la justice et la législation. Il convoqua plusieurs parlements où furent déterminées la liberté civile et la liberté politique et constitua définitivement la Chambre des Communes. En 1283, Édouard s’empara du pays de Galles, jusqu’alors indépendant ; c’est depuis cette conquête que le titre de prince de Galles a été porté par l’héritier présomptif de la couronne. En 1286, après la mort d’Alexandre III, roi d’Écosse, ayant été choisi pour arbitre entre de nombreux compétiteurs, il se déclara pour Bailleul, l’un d’eux, et le fit son vassal ; mais dans la suite il dépouilla ce prince, après l’avoir battu à Dunbar, 1297, et réunit pour un moment l’Écosse à l’Angleterre. Une guerre s’étant élevée entre l’Angleterre et la France, Édouard courut en Flandre pour arrêter Philippe le Bel dans ses conquêtes ; mais presque aussitôt une nouvelle révolte de l’Écosse, sous le commandement de Wallace, le força à conclure avec la France une trêve de deux ans. En 1298, il remporta sur les Écossais à Falkirk une victoire éclatante : Jacques Stuart, l’un de leurs chefs, périt dans le combat avec 50 000 des siens. Les Écossais s’étant soulevés de nouveau en 1300, Édouard entra dans leur pays, y porta le ravage, se fit livrer Wallace, leur chef, et le mit a mort, 1305. Néanmoins, une 3e révolte éclata encore dès 1306 : elle était dirigée par Robert Bruce, qui se fit couronner. Édouard se préparait à marcher contre ce nouveau chef, lorsqu’il mourut à Carlisle, en 1307. On grava sur son tombeau : Ci-git le marteau de l’Écosse. Après la trêve conclue en 1297 avec la France, Édouard avait épousé en 2e noces Marguerite, sœur de Philippe le Bel, et avait obtenu pour son fils Édouard la main d’Isabelle de France, fille de ce roi,

ÉDOUARD II, fils d’Édouard I et d’Éléonore de Castille, né en 1284, régna de 1307 à 1327. D’un caractère doux, mais faible, et aimant les plaisirs, il s’abandonna à d’infâmes débauches et se laissa gouverner par ses favoris, Gaveston et Spenser, qui le perdirent. Le mécontentement public fut encore augmenté par les victoires que les Écossais, conduits par Robert Bruce, remportèrent à Bannockburn, 1314, et à Blackmor, 1321. L’épouse même d’Édouard, Isabelle de France, et son frère Edmond se déclarèrent contre lui et se mirent à la tête des mécontents (1325). Édouard fut arrêté par les rebelles, jeté dans un cachot, et bientôt après mis à mort (1327) : deux assassins, Mautravers et Gournay, lui enfoncèrent un fer rouge dans les entrailles. Édouard II est le premier des héritiers présomptifs de la couronne qui ait porté le titre de prince de Galles.

ÉDOUARD III, fils du précédent, né en 1312, fut proclamé roi du vivant même de son père en 1327, mais resta jusqu’à 18 ans sous la tutelle de sa mère, Isabelle de France, et sous l’autorité de Mortimer, amant de cette princesse. Dès qu’il put régner par lui-même, soupçonnant que Mortimer était l’auteur de la mort de son père et que la reine ne l’avait pas détourné de ce crime, il fit pendre le favori et renferma sa mère dans un château fort. Par la victoire d’Halidon-Hill, il reconquit le roy. d’Écosse qu’avait perdu son père, 1333 ; puis il vint disputer la couronne de France à Philippe de Valois (V. PHILIPPE VI) : il gagna sur lui la bataille de Crécy (1346) et lui prit Calais avec plusieurs autres villes, 1347. Quelques années après, son fils, le prince de Galles, plus connu sous le nom de Prince Noir, gagna sur le roi Jean, fils et successeur de Philippe de Valois, la bataille de Poitiers (1356), fit ce prince prisonnier et l’emmena en Angleterre. Mais Édouard fut moins heureux contre Charles V ; il perdit peu à peu ses conquêtes : il ne possédait plus que quelques places maritimes en France quand il mourut, 1377. C’est ce prince qui a introduit les postes en Angleterre, qui a créé l’ordre de la Jarretière (1349) et bâti le palais de Windsor. Il substitua, la langue anglaise à la langue normande dans les actes publics, assura la liberté individuelle et la propriété, protégea le commerce, l’industrie et les lettres : il favorisa particulièrement l’université d’Oxford. Il avait épousé Philippine de Hainaut, qui obtint de lui la grâce des Calaisiens.

ÉDOUARD IV, fils de Richard, duc d’York, chef du parti de la Rose-Blanche, né en 1442, mort en 1483, continua l’œuvre de son père en disputant la couronne au roi Henri VI, de la maison de Lancastre, chef du parti de la Rose-Rouge. Secondé par le fameux comte de Warwick, il défit à Northampton et à Mortimer’s cross en 1460 l’armée royale, que l’épouse de Henri, Marguerite d’Anjou, animait de sa présence, et l’année suivante il se fit proclamer roi d’Angleterre (1461). Les victoires de Towton en 1461, d’Hexham en 1464, remportées sur Marguerite, vinrent affermir son pouvoir, et il en jouit quelque temps au sein des plaisirs. Mais Warwick, indigné du mariage qu’Édouard avait contracté secrètement avec Élisabeth Woodville, de la maison de Lancastre, résolut de le précipiter du trône où il l’avait placé, et passa dans le parti opposé (1469). La guerre recommença avec plus d’acharnement. Édouard, trahi à Nottingham, s’enfuit en Hollande, et Henri VI fut replacé sur le trône. Mais, après 5 mois d’absence, Édouard reparut avec une petite escadre que lui avait fournie le duc de Bourgogne, son beau-frère : il réunit de nombreux partisans, battit à Barnet le comte de Warwick, qui périt dans le combat, et remonta sur le trône (1471). Peu de semaines après, il écrasa le reste de ses ennemis par la victoire remportée sur Marguerite à Tewksbury : cette malheureuse princesse fut confinée avec son fils dans la Tour, où était déjà son époux; et bientôt son fils fut inhumainement massacré (V. Edouard, fils de Henri VI). Débarrassé de tous ses ennemis intérieurs, Édouard envahit la France pour soutenir Charles le Téméraire contre Louis XI et débarqua à Calais (1475) ; Louis XI réussit à l'éloigner à force d'or. Édouard passa le reste de son règne dans les plaisirs et la débauche, abandonnant tout le pouvoir à une favorite, Jane Shore. En 1478, il mit à mort un de ses frères, George, duc de Clarence, accusé de haute trahison.

ÉDOUARD V, fils du préc., lui succéda à 12 ans, et fut mis sous la tutelle de Richard, duc de Glocester (1483), ainsi qu'un frère plus jeune que lui de trois ans, Richard, duc d'York. Il y avait à peine deux mois qu'il avait été proclamé lorsque Glocester, voulant usurper le trône, fit enfermer les deux frères dans la Tour de Londres, et les fit assassiner par une sicaire, Tyrrel, qui les frappa la nuit dans leur lit (1483). Horace Walpole a cherché à jeter des doutes sur cet événement. La fin tragique des deux jeunes princes a fourni à Casimir Delavigne le sujet d'une de ses plus belles tragédies, les Enfants d’Édouard, et à Paul Delaroche le sujet d'un tableau célèbre.

ÉDOUARD VI, fils de Henri VIII et de Jeanne Seymour, né en 1537, fut proclamé en 1547, à la mort de son père, sous la régence du comte de Hartford, depuis duc de Somerset, son oncle maternel. Après la mort tragique de celui-ci, il fut confié à lord Dudley, duc de Northumberland, qui régna réellement sous son nom. Ce fut alors que la Réforme, commencée sous Henri VIII, fit les plus grands progrès et prit de la consistance. Le jeune prince fut élevé avec soin dans la nouvelle religion ; mais la mort le surprit en 1553. V. SOMERSET et DUDLEY.

ÉDOUARD, prince de Galles, surnommé le Prince Noir, à cause de la couleur de son armure, né en 1330 d’Édouard III et de Philippine de Hainaut, se distingua fort jeune à la bat. de Crécy, gagnée par son père sur Philippe de Valois (1346), et gagna lui-même en 1356 celle de Poitiers, où le roi Jean fut vaincu et fait prisonnier. Son père érigea pour lui la Guyenne en principauté sous le nom de principauté d'Aquitaine, et l'en investit solennellement (1363). Édouard fixa sa résidence à Bordeaux, et y tint une cour vraiment royale. En 1367, il alla lutter en Espagne contre Du Guesclin en faveur de Pierre le Cruel, et remporta la victoire de Najera dans la Navarre; mais il rapporta de cette expédition une maladie qui le conduisit au tombeau, en 1376. « Il laissa, dit Hume, une mémoire immortalisée par de grands exploits, par de grandes vertus et par une vie sans tache. » — Un de ses fils monta sur le trône d'Angleterre sous le nom de Richard II.

ÉDOUARD DE LANCASTRE, prince de Galles, fils unique de Henri VI et de Marguerite d'Anjou, né en 1453, quitta l'Angleterre avec sa mère en 1463, lorsque le parti d'York eut triomphé (V. ÉDOUARD IV), y rentra en 1471, après avoir épousé la fille du comte de Warwick, autrefois son plus grand ennemi; mais tomba, ainsi que sa mère, entre les mains d’Édouard IV après la bataille de Tewksbury, et fut massacré par l'ordre des ducs de Clarence et de Glocester, frères du roi (1472). Shakespeare, dans la 3e partie d’Henri VI, a mis sur la scène la mort du prince de Galles.

ÉDOUARD PLANTAGENÊT, dernier prince de ce nom, fils de George, duc de Clarence, et d'Isabelle, fille du fameux comte de Warwick, fut fait comte de Warwick par Édouard IV, en mémoire de son aïeul maternel. Henri VII, étant monté sur le trône et craignant qu'il ne fit valoir ses droits, le fit enfermer à la Tour (1485); puis, ce malheureux prince étant entré dans une conspiration, il le fit décapiter (1499).

ÉDOUARD (CHARLES-), le dernier des Stuarts. V. STUART (Charles Édouard).

ÉDOUARD, roi de Portugal, fils de Jean I, régna de 1433 à 1438. Il mit de l'ordre dans les finances épuisées par de longues guerres, rétablit la discipline dans l'armée et fit des lois somptuaires. En 1436, il fit assiéger Tanger en Afrique ; mais son armée fut entièrement défaite, et son frère, l'infant Ferdinand, fait prisonnier par les Maures. En 1438, la peste vint ajouter à ce désastre en portant ses ravages à Lisbonne, et Édouard lui-même ne put échapper au fléau. Ce prince protégea les sciences et les lettres ; on lui doit un code sur l'administration de la justice.

ÉDOUARD DE BRAGANCE, infant de Portugal, né en 1605, mort en 1649, était lieutenant général dans les armées de l'empereur Ferdinand III. Lorsque Jean IV, son frère, eut chassé les Espagnols du Portugal, en 1649, le roi d'Espagne, craignant ses talents militaires, sollicita son arrestation, et l'empereur consentit à le livrer. Il fut enfermé au château de Milan et y mourut après 8 ans de captivité.

EDRED, roi anglais de la dynastie saxonne, 2e fils d’Édouard l'Ancien, succéda à son frère Edmond en 946 ; réprima plusieurs révoltes des Danois, et vainquit Malcolm, roi d’Écosse. S. Dunstan eut sous son règne une grande part aux affaires. Édred mourut en 955, laissant le trône à son neveu Edwy.

EDRIS. V. ÉDRISITES.

ÉDRISI (Abou-Abdallah-Mohammed AL), géographe arabe, né vers 1099, à Ceuta, était issu de la famille des Édrisites. Chassé des domaines qu'il possédait en Afrique, il voyagea beaucoup, puis se fixa en Sicile, où le roi Roger II lui fit le meilleur accueil. Il vécut à la cour de ce prince et exécuta pour lui, vers 1153, un globe ou plutôt un planisphère terrestre en argent du poids de 400 livres, sur lequel il avait fait graver tout ce qu'on savait alors de géographie : il fit pour l'expliquer un traité de géographie fort complet pour l'époque et qui a longtemps servi de base aux études géographiques. On n'en possédait qu'un abrégé, publié pour la 1re fois en arabe à Rome en 1592, et trad. en latin sous le titre de Geographia Nubiensis, par G. Sionite, Paris, 1619. Amédée Jaubert en a retrouvé en 1829 un ms. complet à la Bibliothèque impériale et en a publié la trad. en français, Paris, 1837-39, 2 vol. in-4, avec notes.

ÉDRISITES, dynastie musulmane qui régna à Fez et dans tout le Maghreb de 785 à 919, époque où les Fatimites s'emparèrent de toute l'Afrique septentr. Edris I (785-93), de la race d'Ali, chassé d'Arabie, vint s'établir à Walily et conquit Tlemcen. Il fut empoisonné par l'ordre du calife Haroun-al-Raschid. Edris II (793-828) fonda Fez en 807. Mohammed I, Ali, Yahia I et II, ajoutèrent à leurs possessions Ceuta et Tanger. Sous Ali II et Yahia III commença la décadence des Édrisites. Yahia IV (905-19), fut défait par une armée d'Obéid-Allah, 1er calife fatimite, puis chassé de sa capitale et mourut dans la misère en 944. Après lui on voit encore Haçan I, son parent, reprendre Fez en 922, mais il périt en 925. Kassem-el-Kenoum résista quelque temps aux Fatimites (932-949). Son fils Ahmed se mit sous la protection des Ommiades et se retira en Espagne où il périt en combattant les Chrétiens (960). Haçan II, poursuivi à la fois par les Fatimites et les Ommiades, fut vaincu par ces derniers et conduit à Cordoue, où il fut mis à mort (984).

ÉDUENS, Ædui, peuple gaulois, habitait au S. des Lingones et à l'O. de la Grande-Séquanaise ; leur pays répondait à une partie du Nivernais et de la Bourgogne; c'était, avec les Arverni, le peuple le plus puissant de la Gaule. Leurs v. princ. étaient Bibracte (Autun), Cabillonum (Châlon), Matisco (Mâcon), Nivernum (Nevers). Ils étaient régis par un chef électif dit vergobret. Les Romains firent alliance avec eux, et le sénat les proclama frères de la république. Rome profita de la rivalité qui divisait les Éduens et les Arvernes pour intervenir dans les affaires de la Gaule et l'asservir plus facilement, 57 ans av. J.-C. Mais les Éduens se lassèrent bientôt des secours des Romains, et en 51 ils prirent part à l'insurrection de Vercingétorix. César les soumit avec le reste de la Gaule (V. DIVITIAC et DUMNORIX) ; leur pays fut compris dans la Lyonnaise 1re. Claude leur accorda le droit de cité en 48.

EDWARDS (Jonathan), théologien et métaphysicien américain, né en 1703 dans le Connecticut, m. en 1758, remplit les fonctions de pasteur à New-York et à Northampton, se fit destituer en 1750 à cause de son extrême rigidité, fut missionnaire à Stockbridge (Massachusetts) et devint en 1757 président du collège de Prince-Town (New-Jersey). Il a laissé, outre plusieurs ouvrages de controverse, un Essai sur les affections religieuses, 1746, et des Recherches sur l'idée de liberté, 1764, où il défend la doctrine de la nécessité. Ses œuvres ont été publiées à Londres, 1817, 8 vol. in-8, avec un Essai sur ses écrits par Rogers, et une Notice sur sa vie par E. Dwight.

EDWARDS (George), naturaliste anglais, bibliothécaire du collège des médecins, membre de la Société royale de Londres, né en 1693, à Westham (Essex), mort en 1773, avait visité la Hollande, la Norvége et la France. On lui doit une Histoire naturelle d'oiseaux peu communs, etc., 4 vol. in-4, contenant 210 planches coloriées, angl.-français, 1743-51, avec une continuation sous le titre de Glanures d'histoire naturelle, 1758-63, 3 vol. in-4. Il règne dans ses écrits un esprit religieux qui les rend fort recommandables.

EDWARDS (BRYAN), membre du Parlement et de la Société royale de Londres, né en 1743, mort en 1800, habita longtemps la Jamaïque et combattit vivement, soit dans les îles, soit au Parlement, les propositions de Wilberforce pour l'abolition de la traite des nègres. On a de lui : Histoire des colonies anglaises dans les Indes occidentales, 1793.

EDWIN, roi anglo-saxon du Northumberland , 636-653, se distingua par ses vertus, refusa la couronne d'Est-Anglie, épousa Ethelburge, fille d'Ethelbert, roi de Kent, qui le convertit, lui et son peuple, à la religion chrétienne, et périt dans une bataille contre le roi de Mercie et les Bretons.

EDWY, roi anglo-saxon, fils d'Edmond I, succéda à son oncle Edred en 955, se fit de puissants ennemis en disgraciant les serviteurs du feu roi, et encourut les censures du clergé par sa passion pour Elgiva, sa parente, qu'il avait épousée malgré les canons de l’Église. Elle lui fut enlevée et périt dans les supplices; il se vit lui-même bientôt après dépossédé de ses provinces du Nord, qui furent données à Edgard, son frère. Accablé par ces malheurs, Edwy mourut de chagrin (957).

EECKEREN, bourg de Belgique (Anvers), ch.-l. de canton, à 6 kil. N. d'Anvers ; 4000 hab. Boufflers y battit les Hollandais en 1703.

EECLOO, v. de Belgique (Flandre orient.), ch.-l. d'arr., à 17 kil. N. O. de Gand; 8500 h. Dentelles.

EFFENDI, mot turc que l'on fait dériver d'un mot de la basse grécité, authentès, c.-à-d. seigneur, maître. Il sert à désigner les gens de loi, les fonctionnaires civils, les savants, les lettrés ; il se place à la suite d'un nom propre ou du nom de la profession. Ce mot répond aussi à notre Monsieur et n'est plus guère qu'un terme de courtoisie.

EFFIAT (Ant. COIFFIER-RUZÉ , marquis d'), maréchal de France, né en 1581, tirait son nom d'un bourg de l'Auvergne (Puy-de-Dôme), à 5 kil. E. d'Aigueperse. Il se distingua en 1617 à l'attaque de La Rochelle, fut envoyé en Angleterre en 1624 comme ambassadeur extraordinaire pour négocier le mariage de Henriette de France avec le prince de Galles (depuis Charles I) ; fut, peu après, nommé surintendant des finances, et administra avec beaucoup de sagesse. Envoyé au Piémont, il se signala aux bat. de Veillan et de Carignan (1630), et fut fait, l'année suiv., maréchal de France. Il marchait en 1632 sur l'électorat de Trêves à la tête d'une armée, lorsqu'il m. en Lorraine d'une fièvre inflammatoire. Le marquis d'Effiat était père du malheureux Cinq-Mars. Il a laissé des Mémoires sur les guerres et les affaires du temps, impr. en 1622. Il rebâtit le bourg d'Effiat, et y fonda un hospice et un collége d'Oratoriens.

EGA, maire de Neustrie, administra le royaume de concert avec la reine mère Nantilde (638), veuve de Dagobert I, pendant la minorité de Clovis II, et se fit remarquer par ses vertus. Il m. en 640 à Clichy.

EGADES ou EGUSES, Ægates ou Ægusæ insulæ, groupe de trois îles voisines de la côte O. de la Sicile, est célèbre par la victoire qu'y remporta Lutatius sur les Carthaginois, l'an 242 av. J.-C. Cette victoire mit fin à la 1re guerre punique. — Ces îles, qu'on nommait Ægusa, Phorbantia, Hiera, s'appellent auj. Levanzo, Favignana, Maretimo.

EGBERT, d'abord roi de Wessex, puis de toute l'Angleterre, descendait de Cerdic, un des premiers rois saxons de l'Heptarchie. Dans sa jeunesse il se retira à la cour de Charlemagne pour éviter les pièges que lui tendait Brithric, usurpateur du trône de Wessex. Mais après la mort de cet homme (799), il revint dans sa patrie, et fut reconnu roi. il parvint à réunir sous sa puissance tous les États de l'Heptarchie (827), et prit alors le titre de roi d'Angleterre. Il mourut en 836.

ÉGÉE, Ægeus, roi d'Athènes, fils de Pandion II et père de Thésée, régna de 1361 à 1323 av. J.-C. Il fit la guerre à Minos, et, ayant été vaincu, fut condamné à lui payer tous les ans un tribut de 7 jeunes garçons et 7 jeunes filles que devait dévorer le Minotaure. Thésée délivra Athènes de cet odieux tribut ; mais, pendant que le héros revenait triomphant, Égée, trompé par l'absence du signal qui devait annoncer son retour, crut qu'il avait été dévoré par le Minotaure, et se précipita de désespoir dans cette partie de la mer qui depuis porta son nom.

ÉGÉE (mer), Ægeum mare, auj. l’Archipel, golfe de la Méditerranée, entre la côte E. de la péninsule grecque, la côte O. de l'Asie-Mineure, la Thrace et l'île de Crète, dut son nom au suicide d'Égée.

ÉGÉON, géant de la Fable. V. BRIARÉE.

EGER ou EGRA, riv. d'Allemagne, a sa source en Bavière dans le Fichtelberg, entre dans la Bohême, traverse les cercles d'Eger, d'Einbogen et de Saatz, et se jette dans l'Elbe à Theresienstadt après 200 k. de cours.

EGER ou EGRA, v. de Bohême, ch.-l. de cercle, sur l'Eger, à 145 kil. O. de Prague; 10 500 hab. Trib. supérieur; collège, école pour les fils de militaires; belle église St-Nicolas. Houille; grenat. Sur la place du Marché est la maison où Wallenstein fut massacré en 1634. Le maréchal de Belle-Isle prit cette ville en 1742, mais la rendit l'année suivante. Ses fortification sont été rasées en 1808. Aux env., eaux thermales très-fréquentées.

EGER, nom hongrois d'Erlau. V. ERLAU.

ÉGÉRIE, nymphe révérée des Romains comme déesse des fontaines, habitait le bois d'Aricie, voisin de Rome. Numa Pompilius s'enfonçât dans ce bois sous prétexte de consulter cette nymphe, afin de donner à ses desseins l'autorité de la religion. Selon Ovide, Égérie était une jeune femme que Numa épousa, et avec laquelle il partagea les soins du gouvernement. On montre encore auj. près de l'anc. porte Capène, dans le vallon de la Caffarella, la grotte et la fontaine d’Égérie.

EGERTON (Thomas). V. BRIDGEWATER.

ÈGES, Ægæ. V. ÆGÆ.

ÉGESTE, v. de Sicile. V. SÉGESTE.

ÉGIALÉE (du grec ægialos, bord de la mer), nom commun à plusieurs contrées, îles ou villes maritimes de l'antiquité. Il s'appliquait plus spécialement à l'Achaïe et à la Corinthie comme étant situées sur le bord de la mer. C'est de ce nom que dérive le mot d'eyalet adopté par les Turcs. V. EYALET.

ÉGIALÉE, Ægialeus, 1er roi de Sycione, régna de 1835 à 1783 av. J.-C. — Fils d’Adraste, et l’un des Épigones, périt devant Thèbes. V. ÉPIGONES.

ÉGIDE (d’aix, aigos, chèvre), bouclier forgé par Vulcain et donné par Jupiter à Pallas, dont il devint l’attribut, était couvert de la peau de la chèvre Amalthée, et portait au milieu la tête de Méduse.

EGIDIUS. V. ÆGIDIUS, GILLES et COLONNA.

ÉGINE, Ægina, île de la mer Égée, entre l’Argolide et l’Attique, dans le golfe Saronique, s’appelait d’abord OEnone et reçut le nom sous lequel elle est connue de la nymphe Égine, dont le fils Éaque y amena une colonie de Pélasges. Elle était originairement peuplée de Myrmidons. Elle fut conquise par les Doriens d’Épidaure, eut une marine puissante dès le VIIe siècle av. J.-C, se rendit indépendante au VIe s. se soumit aux Perses en 490, mais les combattit vaillamment à Salamine et à Mycale (480-79). Les Athéniens s’en emparèrent vers 447 ; mais elle recouvra sa liberté pendant la guerre du Péloponèse, après la bataille d’Ægos-potamos, et Athènes fit de vaines tentatives pour y rétablir solidement sa domination. Les Éginètes entrèrent en 276 dans la Ligue achéenne. Depuis ils subirent tour à tour la domination des Étoliens, d’Attale I, roi de Pergame, des Romains, de l’empire grec, des Vénitiens et enfin des Turcs, qui ne s’emparèrent de l’île qu’en 1718. Elle fait auj. partie du roy. de Grèce. Elle compte env. 10 000 h. et a pour ch.-l. une petite v. de même nom, bâtie sur un rocher, à 3 k. de la mer ; 2500 h. Patrie du médecin Paul d’Égine (V. ce nom). — Les Éginètes passent pour les inventeurs de la monnaie ; ils travaillaient le bronze avec une grande supériorité. Ils employaient dans leurs comptes un talent d’une valeur particulière, connu sous le nom de talent d’Égine, et qui valait 100 mines ou 10 000 drachmes (env. 9000 francs). Ils étaient fort habiles dans les exercices du corps, et remportèrent un grand nombre de victoires dans les jeux publics de la Grèce. On admire encore auj. les ruines magnifiques du temple de Jupiter qui décorait la ville d’Égine. Des fouilles entreprises en 1811 y ont fait découvrir de nombreuses statues connues sous le nom de Marbres d’Égine, qui sont auj. au Musée de Munich. M. About a donné en 1854 la Description et l’histoire d’Égine.

ÉGINHARD, secrétaire de Charlemagne, avait été élevé à la cour de ce prince avec les princes de sa famille par Alcuin. Il jouit de toute la confiance de l’empereur, fut surintendant des bâtiments, et fut chargé après sa mort de l’éducation de Lothaire, fils de Louis le Débonnaire. Il se retira de la cour vers 816 pour vivre dans un monastère, fut 7 ans abbé de Fontenelle et mourut en 844 au couvent de Seligenstadt. On a de lui deux ouvrages précieux : Vita et gesta Caroli Magni, imprimé à Cologne, 1521, à Utrecht, 1711, etc., et trad. en français par Denis, Paris, 1812 ; Annales regum Francorum, 741-829, et 62 Lettres. J. B. Teulet a donné ses OEuvres, avec trad. franc, et des notes, Paris, 1843 et 1857. — On raconte qu’Éginhard conçut une vive passion pour une fille de Charlemagne, nommée Emma, qu’il eut avec elle plusieurs aventures romanesques, et qu’il finit par obtenir sa main ; mais tout ce récit paraît n’être qu’une fable. V. ERBACH.

ÉGIPANS, divinités des montagnes et des bois qui formaient le cortège du dieu Pan. Ils étaient représentés comme de petits hommes fort velus, tantôt avec des cornes et des pieds de chèvre, tantôt avec le museau de cet animal et une queue de poisson. On leur attribuait l’invention de la trompette marine.

ÉGISTHE, fils incestueux de Thyeste et de sa propre fille Pélopée, fut ainsi nommé parce qu’il avait été nourri par une chèvre (aix, aigos en grec). Élevé à la cour d’Atrée, son oncle, sans connaître sa naissance, il fut chargé par ce prince de donner la mort à Thyeste ; mais ayant reconnu son père dans celui qu’il devait assassiner, il s’unit à lui pour faire périr Atrée, et usurpa le trône avec Thyeste. Agamemnon, petit-fils d’Atrée et héritier légitime de la couronne, le chassa du trône, mais il lui laissa la vie, et même, en partant pour le siège de Troie, il lui confia le Gouvernement de ses États. En son absence, l’ingrat Égisthe séduisit sa femme Clytemnestre et il l’assassina lui-même à son retour. Il régna pendant 7 ans ; mais enfin Oreste, fils d’Agamemnon, que sa sœur Électre avait fait échapper du palais paternel au moment du meurtre de son père, revint à Argos lorsqu’il fut devenu grand, et tua Égisthe en même temps que sa propre mère Clytemnestre. Ces événements ont fourni à Eschyle, à Sophocle et à Euripide, des sujets de tragédies, et ont été transportés sur la scène française par Voltaire, Crébillon, N. Lemercier et Soumet.

EGLETONS, ch.-l. de.c (Corrèze), à 32 k. N. E. de Tulle ; 1200 h. Grand commerce de céréales.

ÉGLISE (l'), du grec ekklésia, assemblée ; l’assemblée des Fidèles. Elle est dite : É. catholique ou universelle, pour marquer qu’elle est répandue par toute la terre et qu’elle fait profession de croire et d’enseigner partout la même doctrine ; Église apostolique, parce qu’elle est l’héritière des apôtres ; Église d’Occident, par opposition à l’Église grecque ou d’Orient ; Église romaine, parce que son chef visible, le pape, réside à Rome ; Église latine, parce qu’elle a retenu dans l’office divin l’usage de la langue latine. V. CHRÉTIENS, CHRISTIANISME, LATINE (église) et PAPE.

ÉGLISE ANGLICANE, GALLICANE, GRECQUE, NESTORIENNE, PRESBYTÉRIENNE, etc. V. le mot qui suit ÉGLISE.

ÉGLISE (états de l'), dits aussi États romains, États pontificaux. V. ROMAINS (États).

ÉGLON, roi des Moabites, asservit les Israélites pendant 18 ans (1345-1327 av. J.-C., ou 1514-1496 suiv. l’Art de vérifier les dates). Il fut tué par Aod, que Dieu avait suscité pour délivrer son peuple.

ÉGLY (MONTHENAULT D'), littérateur, né à Paris en 1696, mort en 1749, était avocat. Il a traduit du grec les Amours de Clitophon et de Leucippe, 1734, et du latin la Callipédie de Claude Quillet, 1749, et a écrit une Histoire des rois de Sicile de la maison de Bourbon, 1741, 4 vol. in-12, qui lui ouvrit les portes de l’Académie des inscriptions. On lui doit aussi de savantes recherches sur les Scythes.

EGMONT, vge du roy. de Hollande (Holl. septentr.), à 8 kil. O. d’Alkmaër. Anc abbaye de l’ordre de St-Benoît, fondée en 923 par Thierry II, comte de Hollande ; anc. château fort, qui a donné son nom aux seigneurs d’Egmont. Cette place fut détruite par les insurgés des Pays-Bas, pour se venger de Philippe, comte d’Egmont (fils de Lamoral), qui avait embrassé le parti du duc d’Albe. Combat des Français et des Russes, 1799.

EGMONT (maison d'), anc. et illustre famille des Pays-Bas, dont les chefs étaient avoués de l’abbaye d’Egmont. Elle remonte à Berwold d’Egmont, qui vivait à la fin du XIe siècle. Les seigneurs d’Egmont, ayant acquis le comté de Buren en 1472, se divisèrent en deux lignes qui s’éteignirent, l’une vers 1650 et l’autre en 1707. Arnoul, Adolphe et Charles d’Egmont, de la branche aînée, régnèrent sur le duché de Gueldre (avec diverses interruptions) de 1423 à 1538. Les seigneuries d’Egmont et de Buren avaient été érigées en comtés, la 1re en 1486, la 2e en 1492.

EGMONT (Charles d'), duc de Gueldre, né en 1467 du duc Adolphe, eut à combattre les prétentions de la maison d’Autriche sur le duché de Gueldre que Renaud IV, duc de Gueldre, avait légué à Arnoul, comte d’Egmont (1423). Reconnu à Nimègue en 1492 par les principaux seigneurs, il résista avec avantage à diverses attaques de l’empereur Maximilien I ; en 1507, profitant de la mort de l’archiduc Philippe, il se jeta sur le Brabant et s’empara de plusieurs villes ; mais, malgré les succès qu’il obtint pendant plusieurs années, il se vit contraint en 1528 à faire hommage à l’empereur pour le duché de Gueldre. Ses sujets l’ayant abandonné en 1538 pour se donner au duc de Clèves, il en mourut de douleur la même année.

EGMONT (LAMORAL, comte d'), de la famille des ducs de Gueldre, né en 1522, servit d’abord comme général de cavalerie sous Philippe II, et se couvrit de gloire aux bat. de St-Quentin, en 1557, et de Gravelines, en 1558. Lors de l’insurrection des Pays-Bas contre les Espagnols, d'Egmont voulut contribuer à l’affranchissement de sa patrie et entretint des liaisons avec le prince d'Orange et les confédérés. Le duc d'Albe, gouverneur du pays pour Philippe II et son ennemi personnel, en ayant été instruit, le fit jeter en prison, et 9 mois après il lui fit trancher la tête (1568), ainsi qu’au comte de Hornes, malgré les prières de l’empereur Maximilien lui-même et de plusieurs États de Hollande. Cette exécution fut suivie d’une révolte générale et d’une longue guerre qui ravit pour jamais les Provinces-Unies à l'Espagne. La fin tragique d'Egmont a fourni à Gœthe le sujet d’un de ses meilleurs drames.

Philippe, comte d'Egmont, fils du préc., resta fidèle à Philippe II, malgré le supplice de son père. Envoyé en France au secours de la Ligue, il commandait les Espagnols contre Henri (IV) à Ivry : il y fut battu et tué (1590).

EGRA, v. de Bohême. V. EGER.

EGRIPO. V. EURIPE et NÉGREPONT.

EGUISHEIM ou EXHEIM, petite v. d'Alsace (H. Rhin), à 5 kil. S. O. de Colmar, sur le chemin de fer de Strasbourg à Bâle; 3000 hab. Deux châteaux, dont l’un remonte au VIIIe s. Anc. comté, patrie du pape Léon IX. — Les comtes d'Eguisheim descendaient du comte d'Alsace Ettichon. Héritière du comté de Dabo, la mère du pape Léon IX porta cet alleu dans la maison d'Eguisheim. Mais celle-ci s’éteignit à son tour en 1144, et ses terres, après avoir passé aux 2e et 3e maisons de Dabo, échurent, après l’extinction de celle-ci (1225), à la maison de Ferrette (1251), sauf le château même d'Eguisheim.

EGUZON, ch.-l. de c. (Indre), à 27 kil. S. O. de La Châtre; 1660 hab. Station de chemin de fer.

ÉGYPTE, Ægyptus en latin, Misraïm des Hébreux, Masr des Arabes, Chemi des Coptes, vaste contrée de l'Afrique, au N. E., entre 23" 23'-31° 37' lat. N., et 22° 10'-33°21' long. E., est bornée au N. par la Méditerranée, au S. par la Nubie, à l'O. par le grand désert de Libye, à l'E. par la mer Rouge et l'Arabie, à laquelle l’unit l’isthme de Suez, et forme une grande prov. de l’empire ottoman. Étendue, 880 kil. du N. au S. sur 500 de l'O. à l'E. ; population, env. 2 500 000 hab.; capit., le Caire ; autres villes principales : Alexandrie, Damiette, Cosséir, Suez, Djizeh, Syout, Esneh. — L’Égypte est naturellement divisée en 3 grandes régions : Basse-Égypte ou Bahari (Delta des anciens), voisine de la Méditerranée, au N. ; Moyenne-Égypte ou Ouestanieh (Heptanomide), au centre; Haute-Égypte ou Saïd (Thébaïde), au S. Sous le rapport administratif, les divisions du pays ont fréquemment varié. On y distingue auj. 7 intendances (Mondirliks), subdivisées en départements (Maimourliks), qui prennent les noms de leurs ch.-l.

Les déserts semés d’oasis qui s’étendent à droite et à gauche de l’Égypte propre, ainsi que la Nubie au S., le Kordofan au S. O., en sont des dépendances.

La surface de l’Égypte est en partie montagneuse et en partie plate ; le Nil, qui est le seul fleuve du pays, la traverse du S. au N. : dans la Haute et la Moyenne-Égypte, ce fleuve coule dans une étroite vallée, limitée à l'E. par la chaîne arabique, et à l'O. par la chaîne libyque. La Basse-Égypte est tout à fait plate; elle est entrecoupée par les nombreux bras du Nil et par plusieurs canaux dont les principaux sont ceux de Mahmoudyeh (d'Alexandrie à Rahmanieh) et de Joseph ou Kalich-el-Menhi. Le climat de l’Égypte est très-chaud et sec; il n’y pleut presque jamais; mais il y a la nuit des rosées abondantes qui rafraîchissent la température. On n’y connaît que deux saisons : le printemps, de novembre en février, et l’été, qui dure le reste de l’année. Le vent du désert, connu sous les noms de Schard et de Khamsin, y exerce de très-grands ravages, ainsi que la petite vérole et les fièvres inflammatoires; les ophthalmies y sont très-fréquentes; la peste et la lèpre y furent longtemps endémiques. — Le sol de l’Égypte n’est fertile que dans la vallée du Nil; le reste est un vaste désert de sable. La fertilité de la vallée elle-même dépend de l’inondation régulière du fleuve, qui a lieu entre le solstice d’été et l’équinoxe. Si la crue s’opère dans les conditions convenables, la récolte est d’une abondance et d’une richesse extraordinaires. On cultive avec succès en É. le maïs, le blé, le riz, le millet, la canne à sucre, les légumes de toute espèce, le coton, l’indigo, le lin, le chanvre, le café, le tabac; on y élève de nombreux troupeaux de chameaux, de mulets, d’ânes, de chevaux, et une grande quantité de volailles. On y trouve des lions, des hyènes et des chakals; les hippopotames et les crocodiles, autrefois très-communs, y sont devenus fort rares. L’Égypte a peu de mines; mais on y trouve des carrières de marbre et de porphyre et beaucoup de natron. — L’industrie manufacturière, longtemps inconnue, a commencé à se développer sous Méhémet-Ali, qui s’en réserva le monopole : il établit dans les principales villes des forges, des fonderies, des filatures, des raffineries, et fit d'Alexandrie l’entrepôt de toutes les denrées et de toutes les productions de l'Afrique centrale, de l'Arabie et de l'Inde. Les communications sont facilitées par les canaux déjà nommés, par plusieurs chemins de fer, dont le principal traverse l’isthme de Suez; en outre, le canal qui doit percer cet isthme ouvrira à la navigation la voie la plus courte et la plus sûre entre la Méditerranée et les mers de l'Asie. — La population de l’Égypte est très-mêlée; les Arabes (env. 1 800 000 h.), et les Coptes, reste des anciens indigènes (env. 200 000 hab.), en forment la plus grande partie : ceux-ci et les Arabes paysans sont compris sous le nom de Fellahs. Ensuite viennent les Turcs, qui, avec quelques Arabes, gouvernent le pays, puis des Arméniens, des Juifs, des nègres; enfin on y trouve auj. un assez bon nombre d'Européens. L’arabe est la langue dominante, mais le turc et la langue franque sont fort en usage ; le copte n’est plus parlé, mais il subsiste comme langue savante. Le Mahométisme est la religion de l’État ; mais les autres cultes sont tolérés. Le gouvernement est confié à un pacha héréditaire, qui reconnaît la suzeraineté de la Porte, mais qui jouit effectivement d’une autorité presque absolue. Les revenus sont évalués à 120 000 000 de francs; l’armée, qui sous Méhémet-Ali comptait près de 200 000 soldats, a été réduite en 1841 à 20 000.

Égypte ancienne. Chez les anciens, l’Égypte était considérée comme une dépendance de l'Asie : on l’appelait quelquefois Arabie égyptienne. Sa population était alors plus que double de ce qu’elle est maintenant. Elle fut partagée par Sésostris en 36 ptosch ou nomes, dont 26 dans l’Égypte mérid., qui se nommait alors le Maris, et 10 dans l’Égypte sept., ou Tsahet. Les Grecs acceptèrent cette division, mais portèrent à 40 le nombre des nomes, savoir 17 dans la Thébaïde ou Hte-Égypte, 7 dans l'Heptanomide ou Moyenne-Égypte, et 16 dans le Delta ou Basse-Égypte. Au IVe siècle de notre ère, l’Égypte forma un diocèse de l'Empire romain divisé en 6 provinces : l’Égypte proprement dite au N., ch.-l., Alexandrie; l'Augustamnique au N. E., ch.-l., Péluse; l'Arcadie égyptienne au centre, ch.-l., Memphis; la Thébaïde au S., ch.-l., Thèbes; la Libye supér. au N. O., ch.-l., Cyrène; la Libye inf. à l'O., ch.-l., Parætonium.

La religion des anciens Égyptiens est une sorte de panthéisme dans lequel toutes les forces de la nature sont personnifiées et divinisées. 1° Au-dessus de tous les dieux se place le Dieu sans nom, éternel, infini, qui est la source de toutes choses. Au-dessous de lui viennent : 2° Knef ou Amoun (l’Ammon grec), le créateur, qui a pour emblème un disque (celui du soleil) et des cornes de bélier; 3° la Matière ou limon primitif (Boulo), sous la forme d’une sphère ou d’un œuf; 4° Neith (lAthéné ou Minerve des Grecs) ou la pensée-lumière qui renferme le germe de toutes choses ; 6° Fta ou Phtha, le dieu du feu et de la vie, représentant le principe vivifiant; 6° Pan-Mendès, principe mâle, et Athor, principe femelle, qui sont les auxiliaires de Fta générateur; 7° Fré ou Pi-ré, ou Osiris, le soleil; 8° Pi-Joh, ou Isis, la lune. Ces 7 divinités sont des dieux supercélestes : il faut surtout remarquer dans le nombre Knef, Fta et Fre, qui sont les trois dieux démiurges ou créateurs par excellence : on les désigne sous le nom générique de Khaméfis. Viennent ensuite 12 dieux célestes, désignés sous le nom général de Cabires, savoir : 6 dieux mâles qui suivent le Soleil; ce sont : Rempha (Saturne), Pi-Zéous (Jupiter), Ertos ou Artès (Mars), Surot (Vénus), Pi-Hermès (Mercure), Imuthès (Esculape), qui forment le ciel des étoiles; et 6 dieux femelles : la Lune, l’Éther, le Feu, l’Air, lEau et la Terre ou Rhéa. À ces dieux se rattachent 365 décans ou démons, pour chacun des jours de l'année. Au 3° rang se placent les dieux terrestres, tous issus de Rhéa, dont les principaux sont : un 2° Osiris, génie du bien ; Typhon, génie du mal; Horus ou Ha-roéri, fils du Soleil ; une 2° Isis, et Nephthys ou Nefté. On connaît encore : Anubis à la tête de chien ; Thoth ou Hermès; Busiris, Bubastis, le grand Sérapis, etc. Enfin, le crocodile, l'hippopotame, le chat, l'ibis, l'ichneumon, les bœufs Apis, Mnévis, et même des plantes ou légumes étaient adorés dans plusieurs des villes de l’Égypte. Les Égyptiens croyaient à l'immortalité de l'âme et à la métempsycose. Ils faisaient subir aux rois après la mort un jugement duquel dépendaient les honneurs à leur rendre. Ils avaient le plus grand respect pour les morts, et embaumaient avec soin les corps de leurs parents (V. MOMIES).

Le gouvernement de l’Égypte fut d'abord purement théocratique. Ce n'est guère qu'après les invasions successives des Éthiopiens et des rois pasteurs que la monarchie, devenue héréditaire, resta en partage aux guerriers. Tous les Égyptiens étaient partagés en quatre castes : la caste sacerdotale, qui possédait un tiers des terres labourables; la caste des guerriers, qui possédait le 2e tiers (le 3e appartenait au roi); la caste des artisans, enfin celle des paysans, qui ne possédaient rien en propre, mais prenaient à ferme les terres ou les troupeaux des prêtres et des guerriers. Cette division par castes subsista jusqu'aux Ptolémées; il était défendu atout Égyptien d'essayer de sortir de la condition où le sort l'avait placé et d'exercer un autre métier que celui de son père. Pour maintenir le peuple dans la dépendance, les prêtres et les rois se réservaient le monopole de toutes les sciences; ils fermaient avec le plus grand soin aux étrangers l'entrée de l’Égypte et éloignaient leurs sujets de toute entreprise commerciale. Les Égyptiens employaient une écriture toute particulière, les hiéroglyphes, signes symboliques dont la signification n'a été connue que de nos jours (V. HIÉROGLYPHES). Les sciences mathématiques et physiques, l'astronomie, la géométrie surtout, avaient fait d'assez grands progrès chez eux; l'alchimie et l'astrologie étaient en grand honneur. La statuaire, fort développée, a produit des statues remarquables par la grandeur et la noblesse, mais souvent bizarres, sans vie et sans mouvement. L'architecture a un caractère gigantesque : elle a exécuté des œuvres colossales et indestructibles, telles que ces pyramides, ces temples, ces obélisques, qu'on admire encore auj., surtout à Thèbes, à Karnak, à Louqsor, à Esneh, à Dendérah. L'art de graver les inscriptions sur les monuments avait atteint un étonnant degré de perfection.

Histoire. L'origine de l’Égypte se perd dans la nuit des temps. La Bible nous apprend que cette contrée fut peuplée par Misraïm, fils de Cham et frère de Chus, le père des Éthiopiens. On ne sait si la civilisation fut indigène ou si elle ne vint pas plutôt de Méroë, dans l’Éthiopie. Ce qui est certain, c'est que l’Égypte méridionale fut peuplée la première, et fut même habitée à une époque où le Delta était encore couvert par les eaux de la mer. Le ler roi dont l'histoire fasse mention est Ménès; les calculs les plus modérés le font régner vers l'an 2450 av. J.-C. À cette époque et longtemps encore après lui, l’Égypte formait plusieurs États distincts qui avaient chacun des princes indépendants; ainsi, depuis Ménès jusqu'à Mœris (2450-1990), 330 rois, formant 18 dynasties, régnèrent simultanément pour la plupart dans Thèbes, This, Éléphantine, Memphis, Héraclée, Diospolis, Xoïs et Tanis ; ce n'est qu'à partir de la 18e dynastie que l’Égypte paraît avoir été réunie sous un seul gouvernement. Parmi les rois qui forment les 16 premières dynasties, on compte 18 rois éthiopiens, ce qui suppose des invasions et même une conquête de l’Égypte par le peuple éthiopien. Sous la 17e dynastie, les hycsos ou rois pasteurs, venus de l'Arabie, envahirent l’Égypte sous la conduite de Salatis et y restèrent pendant un temps inconnu (500 ans selon Manéthon, 260 selon d'autres). Thoutmosis ou Amosis les chassa vers 2050 et commença la 18e dynastie. Dans cette dynastie on distingue Mœris, Uchoreus, fondateur de Memphis, Osymandias, dont Cambyse pilla le tombeau; Ramsès, et enfin Aménophis, père de Sésostris. Sous le règne de ces princes, que la Bible appelle Pharaons, les Hébreux vinrent s'établir en Égypte; Aménophis est sans doute le Pharaon qui périt dans les eaux de la mer Rouge en marchant à leur poursuite. Sésostris ou Ramsès II ouvre la 19e dynastie, que l'on place vers 1643 ou 1565. Ce prince étendit au loin ses conquêtes et porta la terreur de ses armes jusque dans les Indes. De retour dans ses États, il divisa l’Égypte d'une manière régulière et fit construire par la multitude de captifs qu'il avait ramenés avec lui d'immenses monuments. Il laissa le trône à son fils Phéron, à qui succédèrent, mais à de longs intervalles, Protée, contemporain de la guerre de Troie (1280); Chéops et Chéphrem, qui construisirent deux des grandes pyramides voisines du Caire; Mycérinus, à qui l'on, doit la troisième; Asychis ou Bocchoris, célèbre par un code de lois. Tous ces princes doivent être placés depuis la 19e jusqu'à la 24e dynastie. C'est pendant cette période que furent élevés ces temples, ces pyramides, ces obélisques dont plusieurs sont encore debout; mais c'est aussi l'époque de la décadence de l’Égypte et du retour des invasions étrangères. La 25e dynastie fut une dynastie éthiopienne : son fondateur est Sabacon, qui envahit l’Égypte vers 737 av. J.-C.; cette dynastie ne compte que 3 rois, Sabacon, Sua et Tharaca. Séthos, prêtre de Vulcain, monta sur le trône de Memphis vers 713 ; mais son règne fut suivi d'une anarchie qui n'eut de terme qu'au moment ou douze des principaux Égyptiens se partagèrent d'un commun accord le territoire de l’Égypte; ils y formèrent 12 États distincts (Dodécarchie), et régnèrent ainsi de 671 à 656. Alors Psammitichus, l'un d'eux, chassa ses collègues et finit par régner seul ; il commence la 26e dynastie. Ce prince fut le premier qui permit aux Grecs l'entrée de l’Égypte. Parmi ses successeurs on remarque Néchao, qui envahit la Judée sous le règne de Josias (617-601) ; Amasis, qui commença par être voleur (570-526), et Psamménit, sous lequel Cambyse, roi des Perses, envahit l’Égypte et la soumit tout entière (525). L’Égypte se révolta trois fois contre les Perses (486, 461-456, 414-434), mais elle fut toujours remise sous le joug. De 414 à 354, pendant la 3e révolte, elle eut 8 rois indigènes (V. ci-après la liste des rois). Alexandre, accueilli comme un libérateur, devint maître de l’Égypte sans coup férir (332) : il y bâtit Alexandrie. Après sa mort (323), l'un de ses généraux, Ptolémée, fils de Lagus, eut le gouvernement du pays; en 308, il prit le titre de roi, et sa postérité, connue sous le nom de dynastie des Lagides, régna jusqu'à l'an 30 av. J.-C. À cette époque, Auguste, vainqueur d'Antoine et de Cléopâtre, réduisit l’Égypte en province romaine : il la comprit parmi les provinces impériales, et la fit administrer par un préfet. L'an 364 de J.-C., elle fut attribuée à l'empire d'Orient, dont elle fit partie jusqu'à l'an 616. Les Perses s'en emparèrent alors et l'occupèrent un instant. Mais dès 638 les Arabes l'envahirent sous la conduite d'Amrou, lieutenant du calife Omar. En 869, Thouloun la ravit ainsi que la Syrie aux califes de Bagdad ; mais ceux-ci la recouvrèrent vers 905. En 968, Moez Ledinillah, 4e mahadi, s'en empara et y fonda le Caire, dont il fit le siège d'un 3e califat, ou califat des Fatimites. Celui-ci fut détruit en 1171 par l'ayoubite Saladin, chef d'une dynastie nouvelle, célèbre dans les annales des Croisades, qui fut renversée en 1254 par les Mamelouks. Ces derniers formèrent deux dynasties, l'une des Baharites ou marins, et l'autre des Bordjites ou Circassiens. Pendant ce temps, la Syrie fut presque continuellement soumise aux sultans de l’Égypte. En 1517, les Mamelouks furent à leur tour assujettis par le sultan ottoman Sélim I, et depuis l’Égypte est restée sous la dépendance de la Porte. L'expédition française, dirigée par Bonaparte, donna un moment les Français pour maîtres à ce pays (1798-1801) ; mais les efforts réunis des Anglais et des Turcs la leur enlevèrent. L’Égypte rentra dès lors sous la loi des Turcs, qui la firent administrer par des pachas. Déjà au dernier siècle, en 1766, un de ces pachas, Ali-bey (V. ce nom), avait tenté de se rendre indépendant. Méhémet-Ali y réussit pour quelque temps : nommé pacha en 1806, il extermina ce qui restait des Mamelouks, conquit la plus grande partie de la Nubie et quelques autres États de l'Afrique, une partie de l'Arabie, la Syrie, Chypre et Candie, et, devenu plus puissant que la sultan, finit par lui faire ouvertement la guerre (V. MÉHÉMET et IBRAHIM) ; mais il se vit forcé par l'intervention européenne à se renfermer dans ses États d'Afrique, et reconnut la suzeraineté du sultan à la condition que le gouvernement de l’Égypte serait héréditaire dans sa famille (1840-41). Le Christianisme pénétra en Égypte dès le Ier s. : il y fut porté, à ce qu'on croit, par S. Marc. Il y devint bientôt très-florissant : Alexandrie, siége d'un des grands patriarcats de l'Orient, produisit les plus illustres docteurs, Origène, Clément, Athanase, etc. ; la Thébaïde se couvrit de monastères et se peupla d'anachorètes, célèbres par leurs austérités. Malheureusement les hérésies, surtout celles des Ariens, des Gnostiques, des Jacobites, s'y répandirent également : les Coptes, reste des anciennes populations chrétiennes, professent encore auj. cette dernière hérésie.

Souverains de l’Égypte.
Pharaons.
1re et 2e dynasties, Thinite-Thébaines vers 2450
3e et 4e Memphites.
5e Éléphantite.
6e, 7e et 8e Memphites.
9e et 10e Héliopolites.
11e,12e et 13e Thébaines.
14e Xoïte,
15e, 16e et 17e Thébaines.
Invasion des Hycsos, 2300
18e, 19e et 20e dynasties, Thébaines. 2040
21e Tanite.
22e Bubastite.
23e Tanite.
24e Saïte.
25e Éthiopienne 737
Anarchie, 673-671
Dodécarchie, 671-656
26e dynastie, Saïte.
Psammitichus, 656
Néchao ou Néchos, 617
Psammis, 601
Apriès ou Ophra, 595
Amasis, 570
Psamménit, 526-525
L’Égypte soumise aux Perses, 525-414
Amyrtæus de Sais, 414
Pausiris et Psammitichus II, 408
Achoris, 389
Psammuthis, 377
Nephéro, 376
Nectanébo I, 375
Tachos, 363
Nectanébo II, 363-354
L’Égypte de nouveau soumise aux Perses, 354-332
Alexandre le Grand, 332-323
Lagides.
Ptolémée I, Soter, fils de Lagus, 323
Ptolémée II, Philadelphe, 285
Ptolémée III, Évergète, 247
Ptolémée IV, Philopator, 222
Ptolémée V, Épiphanes, 205
Ptolémée VI, Philométor 181
Ptolémée Eupator, 146
Ptolémée VII, Physcon, 146
Ptolémée VIII, Lathyre, 117
Ptolémée IX, Alexandre, 107
Cléopâtre, 88
Ptolémée VIII, rétabli, 88
Ptolémée X, Alexandre, 81
Bérénice, 80
Ptolémée XI, Aulètes, 80
Ptolémée XII et Ptolémée XIII, 52
Cléopâtre, 52-30
L’Égypte prov. romaine, de 30 av. J.-C. à 638 ap. J.-C.
L’Égypte soumise aux califes de Bagdad, 638-869
Thoulounides, 869-905
Ikhchidites, 933-968
Califes fatimites (V. CALIFES). 968-1171
Ayoubites.
Saladin, fils d'Ayoub, et lieutenant de l'atabek Noureddin, 1171
Malek-el-Aziz-Othman, 1193
Malek-el-Mansour, 1198
Malek-Adell (Saphadin), 1200
Malek-el-Kamel, 1218
Malek-Adel II, 1238
Malek-Saleh, 1240
Malek-el-Moadham, 1249
Malek-el-Ascraf, 1250
Ibegh, 1254
Mamelouks Baharites.
Noureddin-Ali, 1254 Koutchouk, 1341
Koutouz, 1259 Ahmed, 1342
Bibars I, 1260 Ismaïl, 1342
Béréké-khan, 1277 Schaban-Kamel, 1344
Sémalek, 1279 Hadji, 1346
Kélaoun, 1279 Hassan, 1347
Kalil-Ascraf, 1290 Malek-Saleh, 1351
Naser-Mohammed, 1293 Hassan, rétabli, 1354
Bibars II, 1309 Mohammed, 1361
Naser-Mohammed, rétabli, 1310 Schaban-Ascraf, 1363
Aboubekr-Mansour, 1341 Ali-Mansour, 1377
Hadji-Saleh, 1381
Mamelouks Bordjites.
Barkok, 1382 Aboul-Nashr, 1453
Pharadj, 1399 Aboul-Fath, 1461
Mostaïn, 1412 Khosch-Khadam, 1461
Schaik-Mahmoudi, 1412 Balbaï, 1467
Ahmed, -\ Tamarbogha, 1467
Thatar-Dhaher, 1421 Kaitbaï, 1468
Mohammed, -/ Abou-Saadat, 1496
Boursbaï, 1422 Kansou, 1496
Youssouf, 1438 Djianbalat, 1499
Abousaïd, 1438 Kansou, rétabli, 1501
Fakreddin, 1453 Toumam-bey, 1516
L’Égypte soumise aux sultans ottomans, 1517-1806
Méhémet-Ali, pacha ou vice-roi, 1806
Abbas-Pacha, 1849
Saïd-Pacha, 1854 — Ismaïl-Pacha, 1863

L'histoire et la chronologie de l'Égypte ancienne sont restées, jusqu'à notre époque, enveloppées des plus épaisses ténèbres : on n'en savait guère que ce qu'Hérodote et Manéthon nous en avaient appris. L'exploration du pays et de ses monuments par la Commission d’Égypte et les voyageurs modernes, l'explication des hiéroglyphes par Champollion et ses successeurs, enfin les travaux de MM. Lepsius, Brugsen, Wilkinson, de Rougé, Mariette, Chabas et Maspero ont de nos jours permis d'y porter quelque lumière.

ÉGYPTIENS, aventuriers nomades. V. BOHÉMIENS.

ÉGYPTUS, Ægyptus, roi fabuleux de l’Égypte, père des 50 princes qui épousèrent les 50 Danaïdes, filles de son frère Danaüs, et qui furent égorgés la nuit même de leurs noces. On présume que c'est le même que Séthosès, 20e roi d’Égypte selon Manéthon.

EHRENBREITSTEIN, v. des États prussiens (province Rhénane), sur la r. droite du Rhin, vis à-vis de Coblentz; 4000 hab. Dominée par un rocher de 260m que surmonte une des forteresses les plus puissantes de l'Europe. Prise en 1637 par J. de Weerdt, démantelée en 1801, donnée en 1803 au prince de Nassau, attribuée en 1815 à la Prusse, qui y a édifié à grands frais les fortifications actuelles.

EHRESBOURG, auj. Stadtberg ou Marsberg en Westphalie, anc. place forte des Saxons, entre Cassel et Paderborn, fut prise par Charlemagne en 772. Près de là était la fameuse colonne d'Hermann ou Irminsul.

EIALET. V. EYALET.

EICHHORN (J. Godefroi), théologien et historien, né en 1752, à Dœrenzimmern (Hohenloe), m. à Gœttingue en 1827, fut successivement professeur de littérature orientale à Iéna (1775), conseiller d'État à Weimar (1783), professeur de philosophie à Gœttingue (1788); fut nommé directeur de la Société des sciences de Gœttingue en 1813, enfin conseiller privé du roy. de Hanovre en 1819. Parmi ses nombreux ouvrages nous citerons : De antiquis historiæ Arabum monumentis, 1775; Histoire du commerce des Indes orientales avant Mahomet, 1775; Introduction à l'Ancien Testament, 1780-83; — au Nouveau Testament, 1804-14; Bibliothèque de littérature biblique, 1787-1801, 10 vol. in-8; Hist. de la littérature depuis son origine jusqu'à nos jours, 1805-10, inachevé; Hist. des trois derniers siècles, 1817-18; Hist. des Guelfes, 1817; Hist. universelle, 1818-20. — Son fils, Fréd. Charles, né en 1781 à Iéna, mort on 1854, occupa successivement des chaires de droit allemand dans les universités de Francfort-sur-l'Oder, de Berlin, de Gœttingue, et fut en 1838 appelé par le roi de Prusse au conseil d'État. Il se consacra surtout à l'étude de l'histoire politique : son ouvrage le plus important est l’Hist. du droit public et des législations de l'Allemagne, Berlin, 1808-18.

EICHMANN, naturaliste. V. DRYANDER.

EICHSFELD, anc. contrée d'Allemagne, située dans la partie N. O. de la Thuringe, entre les électorats de Hesse et de Hanovre, se divisait en Haut et Bas-Eichsfeld, et avait pour places principales Heiligenstadt (dans le Haut-Eichsfeld) et Duderstadt (dans le Bas-Eichsfeld). Cet État appartenait aux électeurs de Mayence, qui en 1180, à la chute de Henri XII, dit le Lion, duc de Bavière, s'emparèrent de Heiligenstadt, et en 1334 acquirent le Bas-Eichsfeld par engagement. L'Eichsfeld fut en 1803 donné à la Prusse, en 1807 au royaume de Westphalie, dans lequel il forma presque tout le dép. du Harz, et rendu en 1814 à la Prusse, sauf quelques fractions qui furent comprises dans le Hanovre. Il fait auj. partie de la prov. prussienne de Westphalie.

EICHSTÆDT, Dryopolis en latin moderne, v. de Bavière (cercle de la Regen), à 62 k. S. O. de Ratisbonne; 7000 h. Évêché fondé en 741 par Boniface. Musée, biblioth., hôtel de ville construit en 1444, etc. Draps, siamoises ; brasseries. — L'évêché formait jadis un État immédiat de l'Empire. Le roi de Bavière acquit cet État en 1805 à la paix de Presbourg. En 1817, il l'érigea en principauté en faveur d'Eugène de Beauharnais, son gendre. Cette pté a 35 k. sur 30, et 46 300 h.

EIDER. V. EYDER.

EIDOUS (M. Ant.), littérateur, né à Marseille vers 1720, mort à la fin du XVIIIe siècle, a trad. de l'anglais : le Dictionnaire universel de médecine de James (avec Diderot et Toussaint), 1746, 6 vol. in-fol.; la Théorie des sentiments moraux, de Smith, 1764; l’Agriculture de Mortimer, 1765; les Voyages en Asie, de Bell d'Antermoni, 1766; les œuvres philosophiques d'Hutcheson, etc. Il était plus laborieux qu'exact et élégant.

EIDSVOLD, v. de Norvège (bailliage d'Aggerhuus), à 38 kil. N. de Christiania, sur le Vermen; 4000 h. Chemin de fer pour Christiania, ouvert en 1854. Les députés norvégiens y rédigèrent en 1814 une constitution qui, sauf quelques modifications, est encore auj. en vigueur.

EIFEL, chaîne de mont, de la Prov. Rhénane, s'étend entre la Moselle, le Rhin et la Roër, sur une longueur de 90 kil. L'Eifel est peu élevé, mais il est remarquable par ses épaisses forêts, par ses volcans éteints et ses sources minérales. Ce pays dépendait autrefois de l'archevêque de Trêves.

EIMBECK, v. du Hanovre (Hildesheim), à 31 k. N.de Gœttingue, ch.-l. de la principauté de Grubenhagen; 5000 hab. Gymnase, écoles élémentaires.

EIMEO, une des îles de l'archipel de la Société, près et à l'O. de Taïti, a 15 kil. sur 9. Découverte par Quiros en 1606.

EINSIEDELN OU NOTRE-DAME-DES-ERMITES, Eremitarum Cœnobium ou Eremus Deiparæ Virginis, v. de Suisse (Schwitz), sur l'Alp, à 13 kil. N.-E. de Schwitz; 2500 hab. Haras renommé. Anc. abbaye de Bénédictins, fondée en 946, érigée en abbaye, princière en 1274. Il s'y trouve une image de la Vierge qui attire de nombreux pèlerins le 11 septembre de chaque année; on y fait un grand commerce de chapelets et autres objets de dévotion. Patrie de Paracelse ; Zwingle fut curé de cette ville. Les Français s'en sont emparés en 1798.

EISENACH, v. du grand-duché de Saxe-Weimar, jadis ch.-l. de principauté, auj. ch.-l. de cercle, sur la Nesse, à 72 kil. O. de Weimar; 10 000 hab. Tissus divers, tapis de pied, teintureries, etc. Anc. château des princes d'Eisenach, qui fut la résidence de la duchesse d'Orléans après 1848. Patrie de Séb. Bach. Aux env. château de Wartbourg, qui servit de retraite à Luther en 1521. — La principauté d'Eisenach, anc. État souverain, faisait partie de la Thuringe. Elle passa en 1440 sous la domination de la Saxe et fut réunie au duché de Saxe-Weimar en 1741,

EISENARTZ, v. des États autrichiens (Styrie), à 33 kil. N. O. de Brück; 1500 hab. Mines de fer, exploitées depuis plus de 1000 ans; direction des mines.

EISENBERG, v. du duché de Saxe-Altenbourg, ch.-l. de bailliage, à 34 kil. O. d'Altenbourg; 5000 h. Anc. résidence ducale. Fabriques de porcelaines.

EISENBURG (comitat d'), comitat de la Basse-Hongrie, dans le cercle au delà du Danube, entre les comitats d'Œdenbourg, de Veszprim, de Szala, l'archiduché d'Autriche et la Styrie; 126 k. sur 84; 280 000 hab. Il a pour ch.-l. Stein-am-Anger, bien qu'il tire son nom d'un bourg d'Eisenburg. Fer, marbre, soufre, vitriol, alun, sources minérales.

EISENSCHMID (Jean Gaspard), mathématicien, associé de l'Académie des sciences de Paris, né à Strasbourg en 1656, mort en 1712, a laissé : Diatribe de figura telluris ellipticosphæroide, Strasb., 1691 : cet écrit a donné naissance à une vive dispute sur le prétendu allongement de la terre vers les pôles ; Introductio ad tabulas manuales logarithmicas J. Kepleri et J.Bartschii, 1700; De ponderibus et mensuris Romanarum, Grécorum, Hebræorum, nec non de valore pecuniæ veteris, 1708, ouvrage estimé.

EISENSTADT, v. murée de Hongrie (cercle au delà du Danube), dans le comitat d'Œdenbourg, sur la Leitha, à 20 kil. N. O. d'Œdenbourg; 5000 hab. Cette v. appartient, ainsi que son territoire, aux princes d'Esterhazy, qui y ont un beau château, construit en 1683, avec un parc immense.

EISGRUB, v. de Moravie, à 49 kil. S. E. de Brünn, 2000 hab. Beau château des princes de Lichtenstein, où sont de magnifiques orangeries.

EISLEBEN, Islebia, v. des États prussiens (Saxe), sur la Bose, à 35 k. N. O. de Merseburg ; 8000 hab. Salpêtre, potasse, fonderie de cuivre. Patrie de Luther : on y voit la maison où il naquit et mourut.

ÉKATERINENBOURG. V. IÉKATERINENBOURG.

ÉKATERINOSLAV. V. IÉCATERINOSLAV.

EKEBERG (Gustave), voyageur suédois, né en 1716, mort en 1784, fit plusieurs voyages aux Indes orientales et à la Chine en qualité de capitaine de l’amirauté, en rapporta l’arbre à thé, et donna quelques ouvrages remarquables, entre autres : Voyages aux Grandes-Indes dans les années 1770 et 1771, Stockholm, 1773 ; Moyen facile d’inoculer la petite vérole, écrit qui popularisa la pratique de l’inoculation. Il était de l’Acad. des sciences de Stockholm..

ÉLA, roi d’Israël, fils de Baasa, monta sur le trône l’an 919 av. J.-C., et périt dès l’année suivante, assassiné par Zamri, un de ses officiers.

ÉLAGABALE, V. HÉLIOGABALE.

ÉLAMITES, anc. peuple de l’Asie qui tirait son nom et son origine d’Élam, fils aîné de Sem. Les Perses prétendaient être issus d’Élam ; l’Écriture confond souvent en effet les Élamites avec les Mèdes et les Perses. Les Élamites habitaient un pays qu’on appelait Élymaïde, du nom d’Élymaïs, leur ville principale (V. ÉLYMAÏDE). Au temps d’Abraham, ils avaient pour roi Chodorlahomor.

ÉLAPHÉBOLION, 9e mois de l’année athénienne, tirait son nom des Élaphébolies, fêtes qu’on célébrait en l’honneur de Diane et dans lesquelles on immolait un cerf (Έλαφος ) à cette déesse. Il avait 30 jours et répondait à la 2e moitié de fév. et à la 1re de mars.

EL-ARICH, château-fort d’Égypte. V. ARICH.

ÉLATÉE, Elatea, auj. Elefta, v. de l’anc. Phocide, la plus importante du pays après Delphes, était située au N. près du Céphise, et avait un temple d’Esculape fort célèbre. C’était la clef d’un défilé conduisant de Thessalie en Béotie. Xerxès s’en empara en 480 av. J.-C., et la détruisit. Philippe la prit l’an 338 av. J.-C., un peu avant la bataille de Chéronée. Titus Flaminius s’en empara au nom des Romains.

ELAVER, riv. de Gaule, auj. l’Allier.

ELBE, Albis, grand fleuve d’Allemagne, naît en Bohême, sur les confins de la Silésie, dans le Riesengebirge ; parcourt la Bohême, la prov. d’Anhalt, le roy. de Saxe, les prov. prussiennes de Brandebourg, de Saxe, le Hanovre ; passe à Kœnigingrætz, Leitmeritz, Dresde, Torgau, Wittenberg, Magdebourg, Lauenbourg, Hambourg, Altona, Stade, Glückstadt ; reçoit à gauche la Moldau, l’Eger, la Mulde, la Saale ; à droite l’Elster Noir, le Havel ; et, après un cours de 900 kil., tombe dans la mer du Nord, près de Cuxhaven.

ELBE (île d’), Ilva, plus anciennement Æthalia, île de la Toscane, dans la Méditerranée, vis-à-vis de Piombino, dont elle est séparée par un canal de 10 k., à 48 k. S. E. de la Corse ; elle a 26 k. de long sur 10 de large ; 18 000 h Villes princ., Porto-Ferrajo, ch.-l. ; Rio-Ferrajo et Porto-Longone. Climat agréable ; mines de fer célèbres, aimant, plomb, or, argent (qu’on n’exploite plus) ; marbre, amiante, ardoises, etc. Bons vins, pastèques, fruits, chênes-liéges, etc. — Les Romains eurent des établissements dans l’île d’Elbe pour l’exploitation de ses mines. Au XIe s., elle appartenait aux Pisans ; elle fut ensuite possédée tour à tour par les Génois, les Lucquois, les Espagnols, et enfin par les rois de Naples. Le traité d’Amiens l’assura à la France en 1802. Napoléon l’annexa successivement au roy. d’Étrurie, à la principauté de Piombino, et enfin à l’empire français. En 1814, les alliés la cédèrent en toute souveraineté à Napoléon qui venait d’abdiquer, et il y résida depuis le 3 mai 1814 jusqu’au 26 février suivant : c’est de là qu’il partit pour rentrer en France. En 1815, l’île d’Elbe fut donnée à la Toscane.

ELBÉE (GIGOT d’), général vendéen, né en 1752, à Dresde, de parents français, avait été lieutenant de cavalerie dans l’armée française avant la Révolution. Il se mit en 1793 à la tête des paysans de Chollet et de Beaupréau, servit d’abord sous Cathelineau, fut reconnu pour généralissime après la mort de ce chef, battit les Républicains à Coron et à Beaulieu, mais n’éprouva plus depuis que des revers : battu à Luçon, blessé à Chollet, il fut pris dans l’île Noirmoutiers et fusillé. Il était brave et pieux, mais peu capable. On le surnommait le général la Providence, parce qu’il avait coutume de dire en allant au combat : « Mes enfants, la Providence nous donnera la victoire. »

ELBERFELD, v. des États prussiens (Westphalie), à 27 k. E. de Dusseldorf ; 45 000 h. Chemin de fer pour Dusseldorf et Dortmund. Trib. de commerce, bourse. Cette v. est, avec la ville contiguë de Barmen, un des grands centres industriels de l’Allemagne : fabriques de velours, dentelles, coutils, siamoises, soieries, rubans, toiles peintes, teintureries en rouge de Turquie, etc.

ELBEUF, Elbovium, ch.-l. de c. (Seine-Inf.), à 21 k. S. O. de Rouen et à 126 de Paris, sur la r. g. de la Seine et sur le Puchot, dont les eaux sont excellentes pour la teinture ; 20 692 hab. Trib. de commerce, chambre consultative des manufactures. Elbeuf est une des villes de France les plus célèbres pour la fabrication du drap : elle rivalise avec Louviers et Sedan. Cette fabrication, déjà florissante, au XVIe s., y fut encouragée au XVIIe par Colbert ; mais la révocation de l’édit de Nantes en arrêta les progrès pendant près d’un siècle. — Elbeuf fut érigée en comté par Philippe VI en 1338 pour Guill. d’Harcourt ; elle échut à la maison de Lorraine en 1554, et fut dès lors érigée en marquisat : René de Lorraine, 7e fils de Claude, duc de Guise, prit le 1er le titre de marquis d’Elbeuf et fut la tige de cette nouvelle maison : il mourut en 1566. Le marquisat fut érigé en duché-pairie pour son fils Charles I en 1582. Le fils de celui-ci, Charles II, épousa en 1619 un fille légitimée de Henri IV et de Gabrielle, et prit part à des intrigues qui le firent disgracier. — Emmanuel Maurice, petit-fils de Charles II, duc d’Elbeuf, 1677-1763, prit du service en Allemagne et en Italie : il possédait près de Naples le château de Portici et fit faire les fouilles qui amenèrent la découverte d’Herculanum. — À sa mort le titre de duc d’Elbeuf passa dans la branche d’Harcourt ou d’Armagnac, issue d’un frère de Charles II. Le dernier personnage qui ait porté ce titre est Charles-Eugène (1754-1825), plus connu sous le nom de prince de Lambesc. V. LAMBESC.

ELBING, v. des États prussiens (Prusse), à 53 k. S. E. de Dantzick, sur la riv. d’Elbing, près de son embouch. dans la Baltique ; 22 000 hab. Ville industrielle : toile à voiles, cuirs, futaines, draps, cotonnades, soude, bleu de Prusse, amidon, savon, tabac, chapeaux. Chantiers de construction. Cette v. doit son origine à une forteresse bâtie en 1237 par les Chevaliers Teutoniques. Elle se mit sous la protection de la Pologne en 1454 et passa à la Prusse en 1772.

EL-BOSTAN, v. de Turquie. V. BOSTAN (EL-).

ELBOURZ ou ELBROUZ, grande mont. de l’Asie, dans la chaîne du Caucase, entre la Mingrélie et la Petite-Abasie, à 220 kil. N. O. de Tiflis ; par 43° 21′ 30″ lat. N., et 40° 5′ 14″ long. E. ; 5446m de haut. V. ALBORDJ et CAUCASE.

ELCHE, Ellice, v. d’Espagne, à 20 k S. O. d’Alicante ; 17 400 h. Savon, sparterie. Grand commerce de dattes. Florissante sous les Romains, saccagée par les Sarrasins, reprise par les Chrétiens en 1265.

ELCHINGEN, vge de Bavière (Danube), sur le Danube, à 9 kil. N. E. d’Ulm ; 800 hab. Anc. abbaye de Bénédictins fondée vers 1128. Ney y remporta sur les Autrichiens, le 14 oct. 1805, une grande victoire, qui lui valut le titre de duc d’Elchingen.

ELDON (John SCOTT, comte d’), vicomte d’Encombe, né en 1751, mort en 1838, était fils d’un simple marchand de charbon de Newcastle-sur-Tyne et parvint à force de travail et de patience aux emplois les plus élevés. Il se fit connaître des 1772 par un Essai sur l’utilité et l’inconvénient des voyages, qui fut couronné à l’Université d’Oxford, fut reçu avocat en 1776, fut nommé conseiller du roi en 1783, attorney général en 1788, puis chef des plaids-communs (1793), pair d’Angleterre (1799), et remplit les fonctions de lord chancelier de 1801 à 1827. Tory exalté, il combattit opiniâtrement la réforme parlementaire et l’émancipation des Catholiques. C’est lui qui dirigea les poursuites dans le procès de la reine Caroline.

ELDORADO, c.-à-d. le Pays d’or, pays imaginaire de l’Amérique du Sud, que l’on supposait situé entre l’Orénoque et le fleuve des Amazones, près du lac Parima. Un Espagnol, nommé Martinez, qui prétendait l’avoir découvert, lui avait donné le nom d’Eldorado à cause de l’immense quantité d’or et de métaux précieux qu’il disait avoir vus dans Manoa, capit. prétendue de cette contrée. Cette fable fut surtout accréditée par Orellana, compagnon de Pizarre. Malgré les recherches d’une foule de voyageurs, cette merveilleuse contrée est toujours restée introuvable. Toutefois, les découvertes récentes des trésors de la Californie semblent l’avoir réalisée ailleurs.

ÉLÉATES ou ÉLÉATIQUES, secte de philosophes grecs, fondée à Élée dans la Grande-Grèce par Xénophane, niait l’autorité des sens et de l’expérience pour n’accorder de crédit qu’à la raison ; regardait par suite comme impossibles tout changement et toute diversité, réduisait tout à un être unique et immuable, et tombait ainsi dans le panthéisme. Les principaux philosophes de cette école étaient Xénopnane, Parménide, Zénon d’Élée, Mélissus de Samos. Mullach a publié Fragmenta Eleaticorum, à la suite d’Ocellus Lucanus, Berlin, 1846.

On étend quelquefois le nom d’Éléatiques aux philosophes atomistiques, parce qu’on suppose que Leucippe, leur chef, séjourna à Élée et y eut pour maître Parménide. On distingue alors les É. physiciens ou atomistiques, et les É. métaphysiciens ou panthéistes.

ÉLÉAZAR, c-à-d. qui a l’appui de Dieu, nom de plusieurs Juifs, dont les plus connus sont : 1o  un frère de Judas Machabée, qui combattit courageusement contre Antioohus Eupator, et périt sous un éléphant qu’il venait d’éventrer en s’efforçant de faire le prince prisonnier (V. MACHABÉE) ; — 2o  un grand prêtre, fils d’Onias et frère de Simon le Juste, auquel il succéda : c’est lui, dit-on, qui envoya les Septante à Ptolémée Philadelphe ; — 3o  un saint vieillard qui, sous Antiochus Épiphane, aima mieux périr que de manger la chair de porc.

ÉLÉAZAR (S.). V. ELZÉAR.

ÉLECTEURS DE L’EMPIRE, princes d’Allemagne auxquels appartenait le droit d’élire les empereurs. Après l’extinction de la race carlovingienne en Allemagne, au Xe siècle, l’empire devint électif. Le nombre des électeurs, d’abord illimité, fut, vers le XIIIe s., réduit à sept, savoir, les archevêques de Mayence, de Trêves et de Cologne ; les ducs du Palatinat, de Brandebourg et de Saxe, et le roi de Bohême. La Bulle d’or, donnée par Charles IV en 1356, confirma ces sept électeurs dans le droit de choisir l’empereur ; cependant la Bohême fut plus tard privée du droit d’élection, ainsi que le Palatinat, qui fut remplacé par la Bavière. Par le traité de Westphalie, en 1648, le Palatinat recouvra ses droits. En 1692, la maison de Brunswick-Lunebourg fut élevée à l’électorat. En 1777, l’électorat de Bavière cessa par l’extinction de la famille régnante et fut réuni au Palatinat. Cet état de choses subsista, sauf l’addition des électeurs de Bade et de Hesse en 1803, jusqu’à la dissolution de l’empire en 1806. En 1814, on rétablit un instant le système de 3 électorats, mais la création de la Confédération germanique les abolit définitivement. Toutefois le prince de Hesse-Cassel continua à porter le titre d’électeur, quoiqu’il n’y eût plus rien à élire. V. ALLEMAGNE.

Lors de l’organisation de l’empire français, on créa un Grand électeur, chargé de convoquer les collèges électoraux et le Corps législatif. Joseph Bonaparte fut investi de cette dignité.

ÉLECTRE, sœur d’Oreste, le sauva de la fureur d’Égisthe après le meurtre d’Agamemnon, leur père, et l’aida à le venger. Elle épousa Pylade, l’ami de son frère. Eschyle, Sophocle et Euripide chez les Grecs, Crébillon et Longepierre chez nous ont mis sur la scène les aventures de cette princesse.

ÉLECTRYON, roi de Mycènes, père d’Alcmène et beau-père d’Amphytrion. V. AMPHITRYON.

ÉLÉE, Elea, Velia, auj. Castel-a-Mare delle Brucca, v. d’Italie (Lucanie), sur la mer Tyrrhénienne, à l’embouch. du ruisseau dit Hélès, fut fondée par les Phocéens en 536 av. J.-C., s’enrichit par le commerce et la navigation, et donna le jour à deux philosophes célèbres, Parménide et Zenon d’Élée, chefs de l’école dite éléatique. — V. de l’Asie-Mineure (Éolide), à l’embouch. du Caïque, en face de Lesbos.

ÉLÉONORE DE GUYENNE, fille et héritière de Guillaume X, dernier duc d’Aquitaine, née en 1122, épousa, à l’âge de 15 ans, Louis de France (Louis VII), et lui apporta en dot le duché de Guyenne, avec la Gascogne, la Saintonge et le Poitou. La légèreté de sa conduite et son goût pour les divertissements déplurent bientôt à Louis, La mésintelligence s’étant accrue pendant la 2e croisade, où Éléonore avait suivi son époux (1147), celui-ci obtînt le divorce du concile de Beaugency (1152). Six semaines après, Éléonore épousait Henri Plantagenet, comte d’Anjou et duc de Normandie, depuis roi d’Angleterre sous le nom de Henri II (1154), et par là faisait passer les riches provinces de l’Aquitaine sous la domination de l’Angleterre. Ce mariage ne fut pas plus heureux que le premier : Éléonore, jalouse de plusieurs dames de la cour, fit assassiner l’une d’elles, Rosemonde ; en outre, elle jeta le trouble dans la famille royale, et souleva même les enfants contre leur père. Henri, fatigué de sa conduite, la fit enfermer dans un couvent (1173) ; elle ne sortit de sa prison qu’à l’avénement de son fils Richard Cœur de Lion en 1189. Elle fut chargée du gouvernement pendant l’absence de ce dernier, lors de la 3e croisade. Quelque temps-après le retour du roi, elle se retira dans l’abbaye de Fontevrault, où elle mourut en. 1203. C’est elle qui fit rédiger les rôles d’Oléron, curieux monument de la jurisprudence maritime de l’époque.

ÉLÉONORE DE PROVENCE, connue sous le nom de Ste Éléonore, fille de Raymond Bérenger IV, comte de Provence, épousa Henri III, roi d’Angleterre, et devint célèbre par sa piété. Après la mort de son époux (1272), elle se retira dans l’abbaye d’Ambresbury, où elle mourut en 1292. On la fête le 1er juillet.

ÉLÉONORE DE GUZMAN, dame espagnole, était veuve de don Juan de Velasco, lorsqu’elle inspira le plus violent amour à Alphonse XI, roi de Castille, déjà marié à Constance de Portugal. Elle prit sur le roi le plus grand ascendant et jouit pendant 20 ans de toute l’autorité d’une reine. Elle donna le jour à deux jumeaux, dont l’un régna depuis sous le nom de Henri de Transtamare. Après la mort du roi (1350), elle fut arrêtée par les ordres de Constance, et malgré les efforts de ses fils, qui avaient pris les armes pour la sauver, elle fut étranglée à Séville, sous les yeux de cette princesse et du jeune roi son fils, Pierre le Cruel.

ÉLÉONORE TELLEZ, dame portugaise d’une grande beauté, était mariée à un seigneur du pays, don Juan d’Acunha, lorsque Ferdinand, roi de Portugal, en devint éperdument amoureux. Ce prince décida son mari à s’en séparer. l’épousa et la proclama reine en 1371, malgré le mécontentement général. Éléonore fit mettre à mort ses ennemis, combla de libéralités ses partisans, et eut même l’impudence d’élever au faîte des honneurs don Juan Andeiro, avec lequel on l’accusait d’avoir un commerce criminel. Après la mort du faible Ferdinand (1383), bien qu’elle eût été nommée régente en l’absence d’enfants mâles, elle ne put se soutenir : son favori fut massacré dans ses bras par l’infant don Juan, frère du feu roi, et elle-même fut enfermée par son gendre, don Juan, roi de Castille, dans le monastère de Tordesillas, près de Valladolid, où elle mourut en 1405.

ÉLÉONORE DE CASTILLE, fille de Henri II, roi de Castille, fut mariée en 1375 a Charles III, roi de Navarre. S'étant brouillée avec son époux, elle se retira en Castille, où elle excita quelques séditions contre Henri III, son neveu, qui y régnait. Celui-ci l'assiégea dans le château de Roa où elle avait réuni un parti puissant, la força de se rendre et la renvoya à son époux, 1395. Charles III la reçut avec bonté, et lui confia même la régence pendant un voyage qu'il fit à la cour de France en 1403. Elle mourut en 1416.

ÉLÉONORE D'AUTRICHE, fille de l'archiduc Philippe d'Autriche et de Jeanne de Castille, et sœur aînée de Charles-Quint, épousa en 1519 Emmanuel le Grand, roi de Portugal, et devint veuve dès 1521. En 1530, d'après une clause du traité de Cambrai, elle fut mariée à François I, et devint ainsi le gage de la réconciliation entre la France et l'Autriche. Le crédit de la duchesse d'Étampes, maîtresse du roi, réduisit celui de la reine à fort peu de chose. Redevenue veuve en 1547, sans avoir eu d'enfants de son second mariage, elle se retira dans les Pays-Bas, puis en Espagne (1556), et y mourut à Talavéra en 1558.

ÉLÉONORE D'ESTE. V. TASSE (LE).

ÉLÉPHANT (île de l'), dite aussi Morfil, île de la Sénégambie, dans la riv. de Gambie, à 160 k. de son embouch., a 350 k. de long sur 30 de large. Coton, indigo, tabac. La France y possède le fort Podor.

ÉLÉPHANT (Ordre de l'), ordre danois, institué, dit-on, à la fin du XIIe siècle, par Canut IV, pour perpétuer le souvenir de la bravoure d'un Croisé danois qui, dans une bat. contre les Sarrasins, avait tué un éléphant (1189). Il fut renouvelé en 1478 par Christian I, et reçut des statuts de Christian V en 1693. La décoration offre l'effigie d'un éléphant portant une tour : cet insigne, en émail blanc, est suspendu à un collier d'or ou à un ruban bleu moiré passé de l'épaule droite au côté gauche. Cet ordre n'est conféré qu'aux princes et aux plus hauts fonctionnaires; il n'admet que des Luthériens.

ÉLÉPHANT BLANC, objet de culte au Siam. V. ÉLÉPHANT au Dict. univ. des Sciences.

ELEPHANTA, Gharipour des Hindous, île de l'Inde anglaise (Bombay), dans le golfe de Bombay et à 9 kil. E. de cette ville, fut nommée Elephanta par les Portugais à cause d'un énorme éléphant en pierre qu'ils y trouvèrent en débarquant. Elle a 9 kil. de tour. Superbe temple creusé dans le roc, renfermant une Trimourti colossale.

ÉLÉPHANTINE (île), Djeziret-el-Sag des Arabes (c.-à-d. île des fleurs), île du Nil, dans la Hte-Égypte, vis-à-vis d'Assouan (Syène), et à 6 k. au-dessous des cataractes, est une de ces îles riantes qu'on a nommées les jardins du tropique. Jadis célèbre par ses monuments religieux, Éléphantine avait naguère encore 2 beaux temples qui remontaient au temps d'Aménophis III (vers 1690 av. J.-C.) : ils ont été démolis pour la construction des casernes d'Assouan. On y a trouvé un nilomètre et une coudée égyptienne. Magnifiques carrières de granit.

ÉLEUSINIES, fêtes de Cérès et de Proserpine célébrées à Éleusis. V. ci-après.

ÉLEUSIS, auj. Lefsina, bourg de l'Attique, sur le golfe Saronique, à 17 kil. N. O. d'Athènes, entre le Pirée et Mégare, est célèbre par le culte de Cérès : c'était comme le sanctuaire de la religion pélasgique, qui s'y était réfugiée après la défaite des Pélasges par les Ioniens. On y admirait le temple de Cérès, construit par Périclès. Le culte de la déesse dont on attribue l'origine à Triptolème ou à Érechthée, y reçut d'Eumolpe la forme de mystères : on n'y était admis que par initiation. Au culte de Cérès, on joignait ceux de Korê (la fille), c.-à.-d. de Proserpine, et de Triptolème. Ce culte avait d'intimes rapports avec le culte cabirique : il n'en différait que par les noms propres et par quelques attributs secondaires prêtés aux dieux. L'intendance des cérémonies était le privilège exclusif d'une famille d'Athènes, les Eumolpides. Les Éleusinies se célébraient tous les ans; elles duraient 9 jours, et consistaient en purifications, en processions ou théories (qui retraçaient les courses de Cérès à la recherche de sa fille et les aventures de Triptolème), en courses aux flambeaux, en jeux. L'initiation aux mystères se composait de deux degrés : au 1er on devenait myste ; au 2e on était éphore ou épopte, c.-à-d. voyant. Les cérémonies pratiquées devant les mystes se nommaient petits mystères ; et celles auxquelles participaient les époptes seuls, grands mystères. On suppose que l'explication des mythes par les phénomènes de la nature, surtout par ceux de la végétation et de l'agriculture, et l'enseignement de hautes vérités morales, telles que l'unité de Dieu, l'immortalité de l'âme, les récompenses et les punitions d'une autre vie, faisaient le fond de ces mystères. On doit à MM. Ste-Croix, Lobeck, Guigniaut et Ch. Lenormant de savantes recherches sur les Mystères d'Éleusis. — Suivant Pausanias, Ogygès serait le fondateur d'Éleusis. Lors des guerres médiques, les Éleusiniens se retirèrent dans l'île de Salamine avec les Athéniens. L'an 429 av. J.-C. Archidamus, roi de Sparte, qui ravageait l'Attique, pilla Éleusis; 25 ans après, les Trente tyrans, chassés d'Athènes par Thrasybule, se réfugièrent à Éleusis et massacrèrent une partie des habitants. Vers la fin du IVe siècle de notre ère, Théodose abolit le culte de Cérès. Peu après, les bandes d'Alaric détruisirent le temple de la déesse. Sur son emplacement s'éleva le monastère de Daphné, qu'on visite encore.

ÉLEUTHÈRE (S.), pape, élu en 177, gouverna l'Église sous les règnes de Marc-Aurèle et de Commode, combattit les erreurs de Valentin, envoya des missionnaires dans la Grande-Bretagne, et mourut en 192. On l'honore le 26 mai. — Un diacre, compagnon de S. Denys et de S. Rustique, a également porté le nom d'Éleuthère. Il subit le martyre avec ses compagnons. On le fête avec eux le 9 oct. On place communément le martyre de ce saint en 372, sous Valérien; quelquefois, sous Maximien-Hercule.

ÉLEUTHÈRE (S.), évêque de Tournai, fut un des premiers qui apportèrent les lumières de la foi dans la Gaule Belgique. Dix ans avant le baptême de Clovis, il convertit un grand nombre de Barbares. Il subit le martyre en 532. On le fête le 20 février.

ÉLEUTHÉRIES, nom donné par les Grecs aux fêtes de la Liberté (Eleutheria en grec) ; elles furent instituées après la bat. de Platée (479 av. J.-C.), pour conserver le souvenir de cette victoire qui avait assuré l'indépendance du pays. On les célébrait tous les ans, le 9 de Mémactérion, dans la plaine de Platée.

ELEUTHERIUS, en lat. Liber, surnom de Bacchus.

ÉLEUTHÉRO-LACONS, c.-à-d. Lacons libres, peuplade de la Laconie, sur la côte S. O. Ils furent appelés ainsi parce qu'ils furent affranchis par Auguste de la domination de Sparte. Leur pays, qui renfermait les villes de Gythium et de Leuctrum, est auj. occupé par les Maïnotes.

ELEUTHS, peuple asiatique. V. KALMOUKS.

ELFES, génies subalternes, dans la mythologie Scandinave, n'étaient que des personnifications de forces de la nature. On distinguait les Elfes de lumière, génies bienfaisants, et les Elfes de ténèbres, génies malfaisants. Les Elfes, dont s'est emparée la féerie du moyen âge, se confondent avec les Sylphes.

ELFRIDA. V. EDGAR et ÉDOUARD II.

ELFSBORG (gouvt d'), une des divisions de la Gothie, en Suède, au S. de la Suède propre: 240 kil. sur 105; 220 000 h.; ch.-l., Wenersborg.

ELGIN, v. et port d’Écosse, ch.-l. du comté d'Elgin, à 190 kil. N. d’Édimbourg, sur la Lossie, à 8 k. de son emb. dans la mer du Nord; 5000 hab. Jadis évêché. Ruines de la cathédrale et d'un grand château qui appartenait autrefois à la famille des Bruce. — Le comté, dit aussi comté de Murray, est situé entre ceux de Banff, d'Inverness, de Nairn, et la mer; il se compose de deux parties distinctes séparées par une enclave du comté d'Inverness; 38 000 hab.

ELGIN (Thomas BRUCE, lord), diplomate et antiquaire, né en Écosse, en 1766 mort en 1842, fut ambassadeur près des Pays-Bas (1792), puis à Constantinople (1799), puis voyagea pendant 6 ans dans toute la Grèce pour son propre compte, recueillant une foule de marbres, de vases, de statues, de médailles et de camées, et fit connaître les résultats de ses recherches dans un Memorandum publié à Londres en 1811. Ses précieuses collections, connues sous le nom de Marbres d'Elgin, furent achetées en 1816 par le gouvt anglais et déposées au British museum. On y remarque, entre autres, l'épitaphe des Athéniens morts à Potidée, des statues et des bas-reliefs tirés du Parthénon et du temple d'Égine.

ÉLIACIM, roi de Juda. V. JOACHIM.

ELIAS LEVITA, docteur juif, critique et grammairien, né en Italie en 1472, enseigna l'hébreu à Padoue, à Rome et à Venise, et mourut dans cette dernière ville en 1549. Ses ouvrages, écrits en hébreu, sont encore estimés. Le plus remarquable est la Massore, examen critique du texte sacré de l'Écriture, Venise, 1538; il y expose, sur les points voyelles, une doctrine nouvelle, qui a donné lieu à de vives disputes parmi les hébraïsants. Ses autres ouvrages sont : un Commentaire sur la Grammaire de Moïse Kimchi, grammairien du XIIe s., 1508; Explication des mots irréguliers du texte sacré, 1516; les Chapitres d'Elias, ou Traité des lettres serviles, 1529, tous trois traduits et publiés en latin par Munster.

ÉLIDE, Elis, Elea, contrée du Péloponèse, à l'O., sur la mer Ionienne, entre l'Achaïe et la Messénie, comprenait plusieurs petits États qui se gouvernaient par eux-mêmes, entre autres Pise, Élis, Pylos, la Triphylie. L'Alphée, le Pénée, le Ladon, étaient les rivières les plus remarquables de l'Élide. Olympie, si célèbre par ses jeux, et Élis, qui donna son nom à l'Élide, en étaient les deux villes les plus importantes. Ce pays fournissait des athlètes renommés et des chevaux estimés. — Selon la Fable, l'Élide avait reçu son nom d'Élée, fils de Neptune. Elle eut d'abord des rois, parmi lesquels on connaît Épéus, qui fit donner aux habitants le nom d'Épéens, et Augias, fameux par ses étables, La royauté y fut abolie au VIIIe s. av. J.-C. Ce pays fut depuis gouverné par un sénat de 90 membres et par deux, puis dix hellanodiques, chargés de la direction des jeux. — L'Élide ne joue qu'un rôle secondaire dans l'histoire de la Grèce. La possession d'Olympie, où se rendaient tous les peuples de l'Asie pour assister à des fêtes et à des jeux qui faisaient partie de la religion commune, lui donna le privilège d'être regardée comme un territoire sacré, et de rester neutre dans les guerres intestines qui désolèrent le reste de la Grèce. L'Élide forme auj. avec l'Achaïe une des dix nomarchies du royaume de Grèce; elle a pour ch.-l. Pyrgos.

ÉLIE, prophète juif, né à Thesbé, dans le pays de Galaad, prophétisait au temps d'Achab, roi d’Israël, et de Jézabel son épouse, vers 900 av. J.-C. Il chercha à les détourner du culte des faux dieux, et leur prédit en punition de leur idolâtrie une sécheresse de trois ans. Voulant ramener le roi par un prodige, il offrit un sacrifice au vrai Dieu en même temps que les faux prophètes en offraient un de leur côté à Baal : le feu céleste vint aussitôt consumer ses victimes, tandis que celles offertes aux idoles, restaient intactes; le peuple, témoin de ce miracle, égorgea tous les faux prophètes. Poursuivi par Achab après cet événement, Élie se réfugia dans le désert d'Horeb, où il fut nourri miraculeusement. Après le meurtre de Nahoth, il prédit à Achab une fin cruelle : après la mort de ce prince impie, il sacra Jéhu roi d’Israël. Enfin il choisit pour son propre successeur Élisée, auquel il donna son manteau de prophète. Il fut enlevé au ciel vers 880 av. J.-C. Pendant sa fuite, Élie avait ressuscité le fils d'une veuve de Sarepta qui lui avait donné asile. Les événements de sa vie sont racontés dans le IIIe livre des Rois.

ÉLIE DE BEAUMONT (J. B. Jacq.), avocat au parlement de Paris, né en 1732 à Carentan, mort à Paris en 1786, s'est acquis une réputation européenne par ses Mémoires judiciaires et ses Factums : il y fait preuve à la fois de logique, d'imagination et d'esprit, et sait tirer d'une cause tous les moyens qu'elle peut fournir. Le plus connu est le Mémoire pour les Calas, qu'il publia à Paris en 1762. Le célèbre géologue Armand ÉLIE DE BEAUMONT, né en 1798, membre de l'Institut, auteur de la théorie des soulèvements, appartient a la même famille.

ÉLIEN, Claudius Ælianus, écrivain du IIIe siècle, né à Préneste, vivait à Rome sous Héliogabale et Alexandre-Sévère, et enseignait la rhétorique à Rome. Quoique né en Italie, il écrivit en grec. On a de lui trois ouvrages: De Natura animalium, en 17 livres, traité plein de fables, mais aussi de faits curieux; Historiæ variæ, en 14 livres, compilation faite sans jugement, mais précieuse par les morceaux d'auteurs anciens qu'elle nous a conservés, et renfermant des faits curieux ; Epistolæ rusticæ. Ils ont été publiés ensemble par Conrad Gessner, Zurich, 1556, in-fol., gr.-lat., et reproduits dans la Biblioth. grecque de Didot, 1858. Le Traité des animaux a été publié à part par Gronovius, Londres, 1644; par Schneider, Leipsick, 1784; par Fr. Jacobs, Iéna, 1831, et trad. en français par Ajasson de Gransagne, Paris, 1832; les Histoires ont été publiées par Périzonius, 1701; Gronovius, 1731; par Coray, 1805; et trad. par Formey 1745, et par Dacier, 1772 et 1827.

Un autre Élien, qui vivait sous Adrien, est auteur d'une Tactique, dont la meilleure édition parut sous le titre de Cl. Æliani et Leonis imperatoris Tactica, gr.-lat., cum notis Sixti Arcerii et J. Meursii, Leyde, 1613, in-4, et qui a été trad. en français par Bouchaud de Bussy, 1757.

ÉLIÉZER, c.-à-d. en hébreu Dieu aide, serviteur d'Abraham, alla en Mésopotamie demander pour Isaac la main de Rébecca, et amena la jeune épouse. Les Musulmans lui attribuent la fondation de Damas.

ELIMBERRIS, v. de Gaule, auj. Auch.

ÉLIS, la principale v. de l'anc. Élide, au N. O., près du Pénée. Patrie de Pyrrhon et de Phédon. On en voit les ruines entre Paléopolis et Kalivia.

ÉLIS (École d'), école de philosophes grecs qui eut pour chefs Phédon, le disciple et l'ami de Socrate, et Ménédème d'Érétrie. Cette école conserva assez fidèlement les doctrines de Socrate, combattit les vaines subtilités de l'école de Mégare et plaça le vrai bien dans la force du caractère.

ELISA, ÉLISE, premier nom de Didon.

ÉLISA, sœur de Napoléon et grande duchesse de Toscane. V. BONAPARTE et BACIOCCHI (Élisa).

ÉLISABETH (Ste), cousine de la Vierge et épouse du prêtre Zacharie, devint, après une longue stérilité, mère de S. Jean-Baptiste, le précurseur du Messie.

ÉLISABETH DE HONGRIE (Ste), fille du roi de Hongrie André II, née en 1207, morte en 1231, épousa à 14 ans Louis IV, landgrave de Thuringe, et se distingua sur le trône par l'exercice de toutes les vertus. Veuve dès 1227, elle se vit privée de la régence par Henri Raspon, son beau-frère, et se retira chez l'évêque de Bamberg, son oncle, refusant les offres des barons de Thuringe, qui voulaient la replacer sur le trône. Elle passa le reste de ses jours dans un couvent de Marbourg, se livrant aux plus grandes austérités et soignant de ses mains les malades. On l'hon. le 19 nov. M. de Montalembert a écrit son Histoire, 1836. — Sa nièce, nommée aussi Élisabeth, fille de Pierre III d'Aragon, née en 1271, m. en 1336, épousa le roi de Portugal Denis, et se retira après la mort de ce prince dans un couvent de Clarisses qu'elle avait fondé à Coïmbre. Elle mérita également d'être canonisée : on l'hon. le 8 juillet.

ÉLISABETH, fille de Wladislas Lokietek, roi de Pologne, épousa en 1319 Charobert, roi de Hongrie. Après la mort de son frère Casimir, roi de Pologne, elle gouverna pendant dix ans ce pays au nom de son fils aîné, Louis, roi de Hongrie et de Pologne; mais les Polonais, mécontents de son administration, la forcèrent de se retirer, en 1380. On lui attribue le parfum dit Eau de la reine de Hongrie. ÉLISABETH DE BOSNIE, fille d’Étienne, roi de Bosnie, épousa Louis le Grand, roi de Hongrie et de Pologne. À la mort du roi, 1382, elle prit la régence et la tutelle de sa fille Marie. Elle fut détrônée et jetée en prison avec sa fille par Charles de Durazzo, roi de Naples. Après le meurtre de cet usurpateur, 1386, elle ressaisit la couronne, mais elle fut, la même année, renversée par Giornard, gouverneur de Croatie, partisan de Durazzo, qui la fit noyer.

ÉLISABETH WOODVILLE, fille de Richard Woodville, créé depuis lord Rivers, était dame d’honneur de Marguerite d’Anjou. Elle fut d’abord mariée à sir John Gray de Groby, partisan de la maison de Lancastre, qui fut tué à la 2e  bataille de St-Albans, en 1461. Élisabeth alla redemander les biens de son époux à Édouard IV, qui venait, en plaçant la couronne sur sa tête, de faire triompher le parti d’York : elle plut au roi, qui l’épousa, 1464. Ce mariage, désapprouvé par Warwick, prolongea la guerre civile. Élisabeth eut d’Édouard deux fils ; mais après la mort de leur père (1483), ils furent inhumainement arrachés des bras de leur mère et mis à mort par l’ordre du duc de Glocester (Richard III). La malheureuse Élisabeth fut accusée plus tard de conspirer contre le roi Henri VII, et renfermée en 1486 au couvent de Bardmonsey, où elle mourut deux ans après.

ÉLISABETH D’ANGLETERRE, fille d’Édouard IV et d’Élisabeth Woodville, née en 1466, était le dernier rejeton de la maison d’York. Elle épousa en 1486 le roi Henri VII, de la maison de Lancastre. Ce mariage, qui avait pour but d’éteindre les haines des deux familles rivales, en confondant leurs droits, fut accueilli avec joie par l’Angleterre ; mais Élisabeth, malgré ses vertus, ne put se concilier l’affection de Henri qui, jaloux des marques d’affection que le peuple lui prodiguait, ne voyait en elle qu’une rivale. Elle mourut en 1502, abreuvée de chagrins.

ÉLISABETH, reine d’Angleterre, fille de Henri VIII et d’Anne Boleyn, née en 1533. Son père l’avait d’abord déclarée illégitime et incapable de régner ; mais il révoqua cet arrêt par son testament, et Élisabeth fut reconnue sans contestation à la mort de Marie, sa sœur, en 1658. Vivant jusque-là dans une profonde retraite, elle s’était livrée avec ardeur à l’étude et avait acquis des connaissances au-dessus de son sexe : elle parlait et écrivait, non-seulement le français et l’italien, mais aussi le latin et le grec. A peine montée sur le trône, elle s’empressa de rétablir la religion protestante, que Marie avait proscrite : elle organisa l’Église anglicane, par le bill des 39 articles, 1562, et se constitua chef de cette église. Elle fit fleurir l’agriculture, le commerce, la marine, les lettres, et porta l’économie dans les finances ; mais elle souilla son règne par son acharnement contre le Catholicisme et par sa conduite barbare envers la reine d’Écosse, Marie Stuart. Irritée contre cette princesse, qui avait eu, il est vrai, l’imprudence de prendre le titre de reine d’Angleterre, mais dont le plus grand tort était d’être catholique et de l’emporter sur elle en beauté, elle excita des troubles dans ses États, l’attira en Angleterre où elle la retint prisonnière, l’impliqua dans une accusation d’attentat contre sa personne et la fit enfin décapiter (1587). Philippe II, roi d’Espagne, qui avait inutilement sollicité la main d’Élisabeth, arma contre l’Angleterre, sous le prétexte de venger cette mort, et équipa à cet effet une flotte formidable, l’invincible armada ; mais cette flotte fut en peu de temps détruite par la tempête et par les efforts de Drake et des autres marins anglais (1588). Élisabeth envoya ensuite des secours à Henri IV, occupé, à conquérir son royaume (1590), réprima les Irlandais que l’Espagne avait soulevés (1600), et soutint plusieurs fois les Pays-Bas attaqués par cette puissance. La main de cette princesse fut demandée par plusieurs souverains, et le Parlement la pressa plus d’une fois de faire un choix, mais elle ne voulut jamais se marier. Elle eut cependant plusieurs favoris : les plus célèbres sont Dudley, comte de Leicester, et Robert, comte d’Essex. Ce dernier s’étant révolté, elle le fit condamner à mort (1601) ; mais à peine la sentence était-elle exécutée qu’elle en conçut une vive douleur ; elle mourut peu après, en 1603. Elle désigna pour son successeur Jacques, roi d’Écosse, fils de Marie Stuart. Élisabeth gouverna avec un despotisme presque absolu et convoqua très-rarement le Parlement. Avec quelques-unes des qualités d’un grand roi, cette princesse eut toutes les faiblesses d’une femme : coquetterie, vanité, jalousie, fausseté.

ÉLISABETH STUART, fille de Jacques I, roi d’Angleterre, fut mariée en 1613 à l’électeur palatin, Frédéric V, à qui les États de Bohême déférèrent la couronne en 1619. Plus ferme et plus ambitieuse que Frédéric, elle le décida à accepter l’offre périlleuse qui lui était faite. Après la bataille de Prague (1620), qui leur enleva la couronne à tous deux, elle le suivit dans sa fuite et voulut partager tous ses dangers. Elle mourut à Londres en 1632.

ÉLISABETH, princesse palatine, fille de la préc. et du roi de Bohème Frédéric V, née en 1618, annonça de bonne heure un goût prononcé pour les sciences, et reçut à Leyde des leçons de Descartes. La crainte d’être distraite de ses études chéries lui fit refuser la main du roi de Pologne, Wladislas IV. Elle se retira en Allemagne, et y obtint l’abbaye luthérienne d’Hervorden, où elle mourut en 1680. Descartes, dans la dédicace des Principes, fait un grand éloge de l’intelligence de cette princesse ; il lui a adressé plusieurs de ses Lettres sur des sujets de morale.

ÉLISABETH DE FRANCE, reine d’Espagne, fille de Henri II et de Catherine de Médicis, née en 1545, morte en 1568. Philippe II, roi d’Espagne, l’avait demandée pour son fils don Carlos, mais il l’épousa lui-même en vertu du traité de Cateau-Cambrésis, 1559. Elle mourut en couches à 23 ans. On prétendit que sa fin prématurée était l’effet d’un crime, qu’aurait inspiré à Philippe sa jalousie contre son propre fils. Le marquis Duprat a écrit sa Vie, Paris, 1859. - Une autre Élisabeth de France, fille de Henri IV et de Marie de Médicis, née en 1602, morte en 1644, fut mariée en 1615 à l’infant d’Espagne (depuis Philippe IV), et fut mère de Marie-Thérèse, qu’épousa Louis XIV. Le duc d’Olivarès la fit écarter des affaires et elle n’obtint quelque influence qu’après la disgrâce de ce ministre, en 1640. — Mme Élisabeth, sœur de Louis XVI, née en 1764, s’est fait remarquer par son amour et son dévouement pour son frère : elle ne le quitta point dans les moments les plus périlleux et fut enfermée au Temple avec le reste de la famille royale. Conduite à l’échafaud en 1794, elle subit le supplice avec une admirable résignation. M. de Fort-Rion a publié des Mémoires de Mme Élisabeth.

ÉLISABETH FARNÈSE, nièce du dernier duc de Farnèse, épousa en 1714, à 22 ans, le roi d’Espagne Philippe V, peu après la mort de sa 1re  femme, prit un grand ascendant sur ce prince, fit exiler la princesse des Ursins, et donna toute sa confiance à Alberoni, à qui elle devait la couronne. Après la mort du dernier des Farnèse, elle réussit à faire donner successivement à ses deux fils, don Carlos et don Philippe (V. ces noms), les duchés de Parme et de Plaisance. Elle mourut en 1766, 20 ans après Philippe.

ÉLISABETH-PETROWNA, impératrice de Russie, fille de Pierre le Grand et de Catherine, née en 1709, monta sur le trône en 1741, par l’effet d’une révolution qui en fit descendre le jeune czar Iwan, et qui fut en partie conduite par le comte de Lestocq. Les partisans d’Iwan furent, les uns exilés, les autres enfermés dans des cachots ; mais aucun ne fut privé de la vie ; Élisabeth voulait que sous son règne nul de ses sujets ne fût puni de mort : aussi les Russes lui ont-ils donné le surnom de Clémente. Elle repoussa les Suédois et les contraignit, par le traité d’Abo, en 1743, à lui céder la Finlande. Elle déjoua à la même époque une conspiration tramée par le marquis de Botta, seigneur hongrois, et le lieutenant Lapoukin. dans le but de rétablir Iwan. En 1756, dans la Guerre de Sept ans, elle se déclara pour l'Autriche contre le grand Frédéric : après quelques combats, peu décisifs, ses troupes, sous la conduite de Soltikov, remportèrent sur Frédéric une mémorable victoire à Kunersdorf, en 1759. Élisabeth mourut en 1762, laissant la couronne à Pierre III, son neveu. On reproche à cette impératrice une vie des plus licencieuses : afin de se livrer plus librement à ses passions, elle ne voulut jamais faire choix d'un époux; elle eut pour favori et pour principal ministre Bestuchef, qu'elle finit par disgracier. Du reste, elle protégea les lettres : elle fonda l'Académie des beaux-arts de St-Pétersbourg et l'université de Moscou.

ÉLISABETH-CHARLOTTE de Bavière, femme de Monsieur, frère de Louis XIV. V. CHARLOTTE-ÉLISABETH.

ÉLISÉE, prophète juif, quitta la charrue pour suivre Élie, et reçut de lui, avec son manteau sacré, l'esprit prophétique et le don des miracles. Il rendit saines les eaux de la fontaine de Jéricho, qui étaient malfaisantes, maudit des enfants de Béthel qui l'insultaient, et qui furent aussitôt dévorés par des ourses, prédit à Joram et à Josaphat, qui se voyaient sur le point de périr de soif avec leur armée au milieu des déserts, qu'ils allaient trouver de l'eau en abondance et qu'ils battraient les Moabites ; fit cesser la stérilité d'une femme de Sunam, ressuscita quelques années après le fils que cette femme avait perdu, guérit Nahaman de la lèpre, frappa d'aveuglement les soldats de Ben-Adad, et prédit au roi Joas, assiégé dans Samarie, qu'il triompherait des Syriens. Il mourut à Samarie vers l'an 835 av. J.-C.

ÉLISÉE ou EGHICHÉ, écrivain arménien du Ve siècle, mort en 480, était aumônier et secrétaire, du général Vartan, prince des Mamigoniens. On lui doit une Histoire des Vartaniens, ou il raconte les luttes soutenues de son temps par les Arméniens et les Géorgiens contre les Perses pour la défense de la religion chrétienne (de 439 à 463). Cet ouvrage, publié à Constantinople en 1764, a été traduit en français par Garabed Kabaragy, mékhitariste, Paris, 1844.

ÉLISÉE (J. Franç. COPEL, dit le P.), prédicateur célèbre, né à Besançon en 1726, mort en 1783, prit l'habit des Carmes en 1745, et fut chargé pendant plusieurs années de l'instruction des novices. Envoyé à Paris en 1751, ce prêtre, inconnu jusque-là, eut le bonheur d'être entendu par Diderot, qui, frappé de son mérite, le préconisa avec chaleur; bientôt il se vit appelé devant les assemblées les plus brillantes, et fut chargé de prêcher devant la cour. Ses sermons et ses panégyriques ont été publiés avec une notice sur sa vie par le P. Césaire, son cousin, Paris, 1784-1786, 4 vol. in-12. Ses morceaux les plus estimés sont les sermons Sur la fausseté de la probité sans la religion; Sur la vie religieuse; Sur les afflictions; Sur la mort; et les Oraisons funèbres du grand Condé, de Stanislas I, roi de Pologne, et du Dauphin, père de Louis XVI. On y loue la méthode et la pureté du style, mais on y trouve peu d'élévation et de mouvement.

ELIZONDO, bourg d'Espagne (Navarre), sur la r. g. de la Bidassoa, à 32 k. N. de Pampelune, est le ch.-l. de la vallée de Bastan. Les Carlistes y furent battus par les Christinos le 27 sept. 1834.

ELLENBOGEN. V. ELNBOGEN,

ELLESMERE, v. d'Angleterre (Shrop), à 24 k. N. O. de Shrewsbury; 7000 hab. Canal navigable. Titre de baronnie : lord Egerton, avant d'être créé comte de Bridgewater, était baron d'Ellesmere.

ELLEVIOU, chanteur, né à Rennes en 1772, mort en 1842, était fils d'un chirurgien. Il débuta à la salle Favart en 1790, entra en 1801 au théâtre Feydeau comme sociétaire, joua les ténor, créa plusieurs rôles importants et obtint, par son excellent jeu et par les avantages de sa personne, autant que par son chant, une suite non interrompue de succès. Il réussissait surtout dans Richard Cœur de lion, le Prisonnier, le Calife de Bagdad, Adolphe et Clara, Joseph, etc. Il se retira dès 1813 et se livra depuis à l'agriculture.

ELLIOTT (G. Aug.), général anglais, d'une anc. famille de l’Écosse, né vers 1718, mort en 1790, s'est illustré par sa belle défense de Gibraltar contre les Français et les Espagnols alliés (1782) : elle lui valut les titres de lord Heatfield et de baron de Gibraltar.

ELLIOT (Ebenezer), dit le Forgeur de Sheffield, poëte anglais, né en 1781 à Marsbro près de Sheffield, mort en 1849, était fils d'un ouvrier fondeur et fut lui-même forgeur et marchand de fer. Il fit son éducation tout seul et attira d'abord l'attention par ses vers contre les lois des céréales (Corn-law rhymes), qui purent contribuer à faire rapporter ces lois impopulaires. Ses Poésies ont été publ. à Édimbourg, en 1840, et à Londres, en 1850, avec sa Vie par J. Watkins, son gendre.

ELLIS (John), naturaliste-anglais, membre de la Société royale de Londres, agent du gouvt. anglais dans la Floride occid., mort en 1776, entretint correspondance avec Linné, Solander et Fothergill. Ses principaux ouvrages sont : Histoire naturelle des coralines, trad. en français, La Haye, 1756; Hist. des zoophytes, publ. par Banks et Solander, Londres, 1786. Ce savant a établi que les coraux ne sont pas des végétaux, mais qu'ils sont la demeure de polypes. Il fit aussi connaître les moyens de conserver longtemps aux plantes leurs facultés germinatives.

ELLORE, v. du Décan. V. ELORA.

ELLWANGEN, v. du roy. de Wurtemberg, ch.-l. du cercle de l'Iaxt, sur l'Iaxt, à 64 kil. N. d'Ulm; 3500 hab. Il y avait été créé en 1812 une université qui fut réunie en 1817 à celle de Tubingue. Ellwangen doit son origine à une abbaye fondée au VIIIe s., et qui fut érigée en 1559 en un prieuré, dont le titulaire était prince de l'empire. Elle fut réunie au Wurtemberg en 1802.

ELMACIN, historien arabe, connu en Orient sous le nom d'Ibn-Amid, né en 1223, mort en 1273, était chrétien et remplissait la charge d'écrivain à la cour des sultans d’Égypte. Où a de lui une histoire qui commence à la création du monde et finit à l'an 1118, et qui a été publiée, avec trad. latine, par Erpenius, sous le titre de Historia saracenica, Leyde, 1625. La traduction d'Erpenius, qui ne commence qu'à la naissance de Mahomet, a été elle-même trad. en français par Vattier sous ce titre : Histoire mahométane, ou Les 49 kalifes du Macine, Paris, 1657,.

ELMINA. V. ST-GEORGE-DEL-MINA.

ELNBOGEN, v. de Bohême, ch.-l. de cercle, à 120 k. O. de Prague, sur la r. g. de l'Eger; 2500 hab. — Le cercle, borné à l'O. par la Bavière, au N. par la Saxe, au S. par le cercle de Pilsen, a 80 k. sur 58, et compte 250 000 hab. Nombreuses mines.

ELNE, Illiberis, puis Helena, v. de France (Pyrénées-Orient.), sur le Tech, à 13 k. S. E. de Perpignan; 2462 h. Elle doit son nom d’Helena à la mère de Constantin, qui la rebâtit. Jadis importante, elle fut ruinée par les siéges qu'elle a subis en 1285, 1474, 1641. L'emp. Constant y rat battu et tué par Magnence, 350. Helena eut dès le VIe s. un évêché qui fut transféré en 1602 à Perpignan. Il y fut tenu en 1027 un concile qui fixa les conditions de la trêve de Dieu.

ÉLOI (S.), Eligius, né à Cadillac près de Limoges vers 588, mort en 659, fut monétaire de Clotaire II, puis trésorier de Dagobert I. Investi de toute la confiance de ce dernier, il remplit les missions les plus importantes et réussit notamment à amener Judicaël, duc des Bretons, à faire sa soumission, 636. Éloi porta l'art de l'orfèvrerie à un degré de perfection extraordinaire pour son temps : les plus remarquables de ses ouvrages étaient les bas-reliefs du tombeau de S. Germain, évêque de Paris ; un grand nombre de châsses destinées à renfermer des reliques; deux sièges d'or enrichis de pierreries, qu'il exécuta pour Clotaire II ; on voyait encore plusieurs de ces ouvrages en 1789. Il contribua aussi pour une grande part à l'érection de plusieurs monuments religieux. Quoique étant encore laïque, il fut élevé en 640 sur le siège de Noyon. Il s'acquitta de ses nouvelles fonctions avec tant de piété qu'il mérita d'être mis au nombre des saints. On le fête le 1er décembre. Sa Vie a été écrite par S. Ouen, et trad. par l'abbé Laroque, 1693. Les ouvriers qui se servent du marteau reconnaissent S. Éloi pour patron.

ELORA, v. de l'Inde anglaise, dans le Décan, à 26 kil. N. O. d'Aurengabad. Ce lieu, habité par les Brahmes, est sacré pour les Hindous : on y voit les chefs-d'œuvre de l'architecture et de la sculpture indiennes, entre autres le temple de Siva et la statue de Bhavani. Ces monuments ont au moins 2500 ans d'antiquité; ils en auraient 7940 suivant les Brahmes.

ELPHINSTON (James), grammairien écossais, né à Édimbourg en 1721, mort en 1809, voulut réformer le système orthographique, en faisant écrire comme on prononce : mais ce projet n'eut aucun succès. Il a laissé : Analyse des langues française et anglaise, 1755; Principes raisonnés de la langue anglaise, 1764, et a trad. le poëme de L. Racine sur la Religion et les Épigrammes de Martial, 1782.

ELPHINSTONE (John), marin anglais, né en 1720, mort en 1755, sortait d'une anc. famille d’Écosse qui jouit depuis 1509 du titre de pair, et qui a fourni à l'Angleterre plusieurs amiraux. Il passa en 1768 au service de Catherine II, parvint au grade d'amiral de Russie, et se signala contre les Turcs, dont il détruisit la flotte dans la baie de Tchesmé et dans le golfe de Napoli de Romanie. Mal récompensé de ces exploits il revint dans sa patrie. — V. KEITH (lord G.).

ELSENEUR, Helsingœr en danois, v. et port du Danemark, dans l'île de Seeland, sur le bord occid. du Sund, à 50 k. N. de Copenhague ; 8000 h. Rade sûre, où les vaisseaux qui traversent le Sund viennent s'approvisionner et où ils payaient, jusqu'en 1857, un droit de passage; château fort de Krœnborg, construit de 1577 à 1585. Elseneur fut érigée en ville en 1425. Prise par les habitants de Lubeck en 1522, elle fut reconquise par Christian II en 1535.

EL-SENN, Cœne, v. de la Turquie d'Asie (Aldjézireh), à 133 k. S. E. de Mossoul; 8000 h.

ELSEVIER. V. ELZEVIR.

ELSTER, nom de deux riv. du royaume de Saxe : 1° l'Elster Blanc, qui sort du Voigtland en Bohême, se partage à Zwickau en 2 branches (dont l'une reçoit la Pleiss) et se jette dans la Saale près de Mersebourg, après un cours de 210 k. ; c'est en traversant ce fleuve que périt le prince Poniatowski le 18 sept. 1813; — 2° l'Elster Noir, qui naît dans la Hte-Lusace, près de Camenz, et se jette dans l'Elbe près d'une petite v. d'Elster, après un cours de 190 k.

ELUSA, auj. Eauze, v. de Gaule (Novempopulanie), ch.-l. des Élusates, entre les Ausci et les Sotiates. Patrie de Rufin.

ELVAS, Alba, v. forte de Portugal (Alentéjo), sur une hauteur, près de la Guadiana, à 193 k. E. de Lisbonne; 19 000 h. Place forte, citadelle, arsenal, fonderie de canons, fabrique d'armes. Évêché, cathédrale. Commerce interlope avec l'Espagne. — Prise par Junot en 1808.

ELVEN, ch.-l. de c. (Morbihan), à 14 k. N. E. de Vannes; 3467 h. Ruines d'un beau château du XIIe s. Cristaux blancs analogues aux cailloux du Rhin.

ELVEND, haute mont. de Perse, entre l'Irak et le Kourdistan, au S. d'Hamadan. Neiges éternelles.

ELY, v. d'Angleterre (Cambridge), à 25 k. N. E. de Cambridge, sur l'Ouse; 6500 hab. Évêché. Cathédrale antique, dont la tour, haute de 98m, offre le mélange des styles anglo-normand et anglais.

ÉLYMAÏDE, Élymaïs, contrée de l'anc. Perse, dans la Susiane, était située dans la partie mérid. de cette province, sur les deux rives de Choaspe. Elle tirait son nom des Élamites, premiers habitants de la Perse. Elle avait pour ch.-l. une ville du même nom, qui fut jadis la résidence de Chodorlahomor, roi contemporain d'Abraham. Élymaïs possédait un magnifique temple d'Anartis; Antiochus le Grand voulut piller ce temple pour s'acquitter du tribut par lui promis aux Romains, mais les habitants le tuèrent (186). L'Élymaïde répond à peu près au Louristan.

ELYMAS, c-à-d. magicien. V. BAR-JÉSU.

ÉLYSÉE, palais impérial, dit aussi Élysée Bourbon, Élysée Napoléon, situé à Paris entre les Champs-Élysées, l'avenue de Marigny et le faubourg St-Honoré. Bâti en 1728 par le comte d'Évreux, acheté depuis pour Mme de Pompadour, il fut acquis en 1765 par Louis XV, devint à la Révolution propriété nationale, fit partie de la liste civile sous Napoléon I et Louis-Philippe, et fut assigné en 1848 comme résidence au Président de la République, Louis-Napoléon, qui l'occupa jusqu'au rétablissement de l'Empire (1852), et qui depuis le restaura magnifiquement.

ÉLYSÉES (CHAMPS), partie des Enfers, où, selon la Fable, séjournaient les âmes vertueuses après la mort. Il y régnait un printemps éternel. Homère dans l’Odyssée (ch. XI) et Virgile dans l’Énéide (ch. VI) nous en ont laissé des descriptions, qui ont été imitées par Fénelon dans son Télémaque (ch. XIX). Les anciens les plaçaient tantôt au centre de la terre, en leur donnant un soleil et des astres particuliers, tantôt aux antipodes ; quelques-uns dans les îles Fortunées (Canaries), ou dans l'île Leucé à l'embouch. du Danube. Virgile dit que les âmes n'y restaient que mille ans, et qu'ensuite elles revenaient sur la terre pour animer d'autres corps — Le nom de Champs Élysées a été donné à une promenade de Paris, qui s'étend du jardin des Tuileries à l'Arc-de-Triomphe. Cette promenade, plantée en 1765 par Marigny, directeur des bâtiments, mérite son nom par les embellissements de toute espèce qu'elle a reçus depuis 100 ans. Elle faisait autrefois partie du domaine de la couronne, elle a été cédée en 1828 à la v. de Paris.

ELZÉAR (S.), de l'illustre maison de Sabran en Provence, né en 1285, mort en 1323, vécut dans la continence quoique marié, et dans la pauvreté quoique fort riche, devint à la mort de son père comte d'Ariano au roy. de Naples, fit l'éducation du jeune Charles, fils du roi de Naples Robert, devint dans la suite chef du conseil de ce prince, et se signala tellement par ses vertus qu'il mérita d'être canonisé. On l'honore, avec Ste Delphine, sa femme, le 27 sept.

ELZEVIR ou ELSEVIER, Elseverius, famille célèbre de libraires et d'imprimeurs hollandais, florissait aux XVIe et XVIIe s. Les plus connus sont Louis Elzevir, né à Louvain en 1540, m. en l617, qui s'établit à Leyde et commença la réputation de la maison; – Bonaventure, son fils, imprimeur à Leyde, de 1618 à 1653, et Abraham, frère et associé de Bonaventure : c'est à eux que l'on doit les chefs d'œuvre de typographie qui ont immortalisé le nom d'Elzevir; leurs éditions, presque toutes dans le petit format qui a reçu leur nom, brillent surtout par la beauté et la netteté du caractère. — Le dernier imprimeur de cette famille est Daniel, fils de Bonaventure, né en 1617, mort en 1680, qui s'était fixé à Amsterdam. —- M. Brunet a donné une bonne Notice sur les éditions des Elzevirs. On doit à M. Pieters les Annales de l'imprimerie elzévirienne, Gand, 1853 et 1858.

ÉMATH, v. de Syrie, la même qu'ÉMÈSE.

ÉMATHIE, Æmathia, prov. de Macédoine, avait pour bornes au N. l'Érigon, à l'E. l'Axius, À l'O. la Lyncestide, au S. l'Haliaomon ; Édesse en étant la v. principale. Cette prov. fut une des premières possessions de la maison de Caranus. Les poètes font souvent Émathie synonyme de Macédoine.

EMBA, riv. d'Asie, traverse le pays des Kirghis, sépare le Turkestan indépendant du gouvt russe d'Orenbourg, et tombe dans la mer Caspienne, après un cours d'env. 550 k.

EMBABEH, v. de la B.-Égypte (Djizeh), sur la r. g. du Nil, vis-à-vis de Boulak. C'est aux env. que se donna la bataille dite des Pyramides. V. ce mot.

EMBDEN, v. du Hanovre. V. EMDEN.

EMBERMÉNIL, vge du dêp, de la Meurthe, à 11 kil. E. de Lunéville; 410 h. Station du chemin de fer de l'Est. Eau minérale. L'abbé Grégoire était curé d'Emberménil.

EMBRUN, Ebrodunum, ch.-l. d'arr. (H.-Alpes), à 41 k. E. de Gap, sur un roc au bas duquel roule la Durance; 4736 h. Place forte. Trib., collège. Cathédrale antique qu'on attribue à Charlemagne, ou les anc. rois de France se rendaient en pèlerinage; anc. palais archiépiscopal qui sert de caserne. Maison centrale de détention. Fabriques de chapellerie, de rubans de laine, cuirs, draps, dont la plus grande partie se confectionne dans la maison de détention, fruits exquis. — Embrun, fondée avant la conquête romaine, devint au IVe siècle la métropole des Alpes maritimes, et fut une place militaire importante. Après avoir appartenu successivement au roy. d'Arles, au Dauphiné et à la Savoie, cette ville fut réunie avec son territoire (l’Embrunais) à la France en 1589. Plusieurs conciles se tinrent à Embrun. Cette v. avait jadis un archevêché, dont le titulaire était prince de l'Empire : il fut supprimé en 1789.

EMDEN, Amisia, v. et port du Hanovre (cercle d'Aurich), à 22 k. S. O. d'Aurich, sur l'Ems, près de son embouch. dans le golfe de Dollart; 15 000 n. Filatures de fil, bas, toiles à voiles. Cotonnades, aiguilles, tabac, chantiers de construction, etc. Pêche du hareng. Commerce considérable, surtout avec Hambourg, Brème et la Hollande, et favorisé par de nombreux canaux. Autrefois capit. de la Frise orient., Emden devint au XVIe s. ville libre impériale sous la protection de la Hollande. Elle appartint à la Prusse depuis 1744, fut adjugée à la Hollande en 1806, incorporée à l'empire français en 1809, et attribuée au Hanovre en 1815. — Emden a donné son nom à la confession belge réformée, qui, après avoir été rédigée dans le Brabant en français par Guy de Brès (1562), fut traduite en allemand et signée à Emden en 1571. Cette confession fut approuvée à Dordrecht en 1619, et à La Haye en 1651.

ÉMERAUDES (mont des). V. ZABARAH.

ÉMERIC ou HENRI, roi de Hongrie, fils de Béla III, lui succéda en 1196, porta plusieurs lois sévères contre le brigandage des seigneurs, réussit par son éloquence et son courage à étouffer une révolte de son armée, pardonna à son frère André, auteur de cette révolte, conclut avec Venise un traité, et mourut en 1204, laissant la couronne à son fils Ladislas, qui n'en jouit que six mois. — Un autre Émeric, fils de S. Étienne, roi de Hongrie au Xe siècle, est honoré comme saint et fêté le 4 nov. — V. DAVID (Émeric).

ÉMERIGON (Balth. Marie), jurisconsulte, né à Aix en 1725, m. en 1785, fut avocat au parlement d'Aix, puis Conseiller à l'amirauté de Marseille. On a de lui un Traité des Assurances et des Contrats à la grosse, Marseille, 1784, qui fait autorité en cette matière, et des Mémoires sur les contestations maritimes, 1780.

EMERITA AUGUSTA, auj. Mérida, v. de la Lusitanie, chez les Vettones et sur l'Anas, était renommée par la teinture de ses laines.

ÉMERY (Michel PARTICELLI, sieur d'), fils d'un paysan de Sienne, fut nommé en 1643 par Mazarin contrôleur général des finances et en 1648 surintendant. Il montra quelque habileté et eut la 1re idée de l'octroi; mais ses exactions lui attirèrent la haine du peuple en même temps que ses tentatives de réforme le rendaient odieux aux nobles : il fut sacrifié en 1648, mais rappelé dès l'année suivante. Il mourut en 1650. On a de lui : Histoire de ce qui s'est passé en Italie pour le regard des duchés de Mantoue et de Montferrat de 1628 à 1630, Bourg, 1632.

ÉMERY (Jacq. André), supérieur de St-Sulpice, né A Gex en 1732, mort à Issy en 1811, avait été élu dès 1782 supérieur général de la congrégation de St-Sulpice. Incarcéré sous la Terreur, délivré au 9 thermidor, il fut, dès le rétablissement du culte, choisi pour grand vicaire par M. de Juigné, archevêque de Paris, obtint de Napoléon la réouverture du séminaire de St-Sulpice et refusa un évêché. Napoléon le nomma conseiller de l'Université dès la fondation (1808). Il est auteur de plusieurs ouvrages estimés, où il invoque en faveur de la religion l'autorité des plus grands philosophes; ce sont : l'Esprit de Leibnitz, 1772 (réimprimé en 1803, sous le titre de Pensées de Leibnitz); le Christianisme de Bacon, l779; Pensées de Descartes, 1811. On lui doit aussi, l'Esprit de Ste Thérèse, 1772; la publication d’Opuscules de Fleury, 1807, et des écrits de circonstance.

ÉMÈSE, auj. Hems ou Homs, v. de Syrie, dans la Phénicie du Liban, sur l'Oronte, à l'O. de Palmyre, au N. E. de Sidon. Ses habitants adoraient le soleil sous la forme d'une pierre noire conique, qu'on disait tombée du ciel ; ils appelaient ce dieu Élagabal. Héliogabale était grand prêtre du Soleil à Émèse : c'est là qu'il fut proclamé empereur. Aurélien battit Zénobie aux env., 273. — Émèse fut dans les. temps les plus anciens la capit. d'un petit roy. indépendant. Elle passa successivement sous le joug du roi de Syrie, des Romains, des Arabes et des Ottomans. Au XIIe siècle, un tremblement de terre renversa ses monuments, dont on voit encore les ruines.

ÉMIGRÉS, nom donné spécialement pendant la Révolution aux Français qui sortirent de leur pays pour aller chercher un refuge à l'étranger. V. ÉMIGRATION au Dict. univ. des Sciences.

ÉMILE (PAUL-), L. Æmilius Paulus, dit le Macédonique, naquit l'an 227 av. J.-C., contribua pendant sa préture aux succès des Romains en Espagne (189), conquit la Ligurie pendant un premier Consulat (182), fut élu de nouveau en 168, et chargé de la guerre contre Persée, déploya la plus grande vigueur contre ce malheureux prince, le vainquit à Pydna, s'empara de toute la Macédoine, où il fit le plus riche butin, et prit Persée lui-même dans Samothrace. Il obtint à son retour les honneurs du triomphe : cette cérémonie dura trois jours, et les masses de numéraire, lingots et objets d'orfèvrerie apportés au trésor furent si considérables que les Citoyens romains ne payèrent plus, dit-on, d'impôt jusqu'à l'an 44 av. J.-C. Paul-Émile mourut en 158. Sa Vie a été écrite par Plutarque. — Le père de Paul-Émile, nommé aussi L. Æmilius Paulus, fut consul en 219 av. J.-C., fit heureusement la guerre à Démétrius, roi d'Illyrie, et obtint le triomphe; consul pour la 2e fois en 216, avec Varron, il ne put empêcher la défaite de Cannes et resta sur le champ de bataille. — Un des fils de Paul-Émile, adopté par le fils du grand Scipion, est connu sous le nom de Scipion-Émilien. V. SCIPION.

ÉMILE (PAUL-), Paolo Emili, historien moderne, né à Vérone vers 1460, mort en 1529, entra dans l'état ecclésiastique et vécut d'abord à Rome. Sur sa réputation de savoir, Louis XII l'attira en France et le chargea d'écrire notre histoire. Il publia son ouvrage on 1500, sous ce titre : De rébus gestis Francorum libri IV; il y ajouta dans la suite plusieurs livres et y travailla jusqu'à sa mort, en 1529. Le tout a été imprimé à Paris, 1539, et trad. par Renard, 1681. Cette histoire s'étend depuis les premiers temps de la monarchie jusqu'à la 5e année de Charles VIII. Elle est diffuse, mais assez bien écrite en latin.

ÉMILE (S.), un des tombés (c.-à-d. de ceux qui par crainte avaient consenti à apostasier), se releva bientôt, et subit le martyre en Afrique, sous Septime-Sévère, en 205. On l'hon. le 22 mai. — Un autre S. Émile subit le martyre dans la Byzacène en 484, par ordre du roi des Vandales. On l'hon. le 6 déc.

EMILIANI (S. Jérôme), V. JÉRÔME.

ÉMILIE (famille), Æmilia gens, une des plus anc. maisons patriciennes de Rome, a formé plusieurs branches (les Barbula, les Lepidus, les Mamercus, les Paulus, les Scaurus, les Regillus ou Regillensis), et a fourni à la République un grand nombre d'hommes célèbres. V. ÉMILE (Paul-), LEPIPUS, SCAURUS, etc.

ÉMILIE, Æmilia provincia, prov. de la Gaule Cisalpine, qui fut créée dans les derniers temps de l'empire, en 337, et qui formait une des prov. du diocèse d'Italie, était située au S. du Pô, entre la Flaminie à l'E., et la Ligurie à l'O., et répondait à peu près au grand-duché de Parme et Plaisance, à celui de Modène et à la partie occid. de la légation de Bologne. Elle avait pour villes princ. Placentia (Plaisance) et Bononia (Bologne). Elle devait son nom à la voie Émilienne qui la traversait. En 1796, on appela République Émilienne la république transpadane, créée par le général Bonaparte. Ce nom d’Émilie a été repris en 1859 pour désigner les États de l'Italie septentr., qui se déclarèrent indépendants sous la protection du roi de Sardaigne. La Nouv.-Émilie comprend les anc. prov. de Bologne, Ferrare, Forli, Massa et Carrara, Modène, Parme, Plaisance, Ravenne et Reggio.

ÉMILIEN (SCIPION-). V. SCIPION.

ÉMILIEN, M. J. Æmilius Æmilianus, empereur romain, natif de Mauritanie, commandait l'armée romaine contre les Perses, et venait de faire des prodiges de valeur quand il fut proclamé par ses soldats à la place de Trébonianus Gallus, 253. Mais peu après, Valérien, ayant pris la pourpre, vint l'attaquer près de Spolète, et ses soldats, fatigués d'avoir toujours à combattre, le massacrèrent. Son règne n'avait duré que quatre mois. — Un autre Émilien usurpa la pourpre en Égypte sous Gallien; il fut défait et mis à mort par Théodote, général de Gallien.

ÉMILIENNE (voie), Æmilia via, grande route qui conduisait de Rome à Ariminum en passant par Pise et Plaisance. Elle devait son nom à Æmilius Scaurus, qui la commença; Æmil. Lepidus l'acheva.

EMINEH, Hæmi extrema, cap de la Turquie d'Europe, sur la mer Noire, par 42° 42' lat. N., 25° 33' long. E., à l'extrémité de la chaîne des Balkans.

ÉMINENCE, titre d'honneur. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences, des Lettres et des Arts.

ÉMIR (c.-à-d. en arabe commandant), titre honorifique que portent tous les Musulmans qui se prétendent issus du sang de Mahomet; ces émirs, dont le nombre est considérable, ont seuls le droit de porter le turban vert; ils sont du reste répandus dans toutes les classes de la nation, sans jouir d'aucun privilège. — Émir se dit aussi de toute personne revêtue d'une autorité quelconque, comme des gouverneurs de province et des chefs de tribu. Tels sont l'émir des Druses en Syrie; tel était dans l'Algérie l'émir Abd-el-Kader. — Le mot émir entre encore dans la composition d'un grand nombre de noms de dignités : émir-al-mouménim, chef des croyants, titre autrefois porté par des califes comme chefs spirituels : il ne faut pas le confondre avec émir-al-moslemin ou chef des Musulmans, titre inférieur, que portèrent les princes almoravides, et dont les Espagnols ont fait le mot barbare miramolin ;émir-al-omra, ou émir des émirs, titre créé en 935 par Rhadi, calife de Bagdad, et que portèrent après lui les premiers ministres des califes abbassides ; cette charge importante devint héréditaire dans la famille des sultans seldjoucides; — émir-al-ma, émir de l'eau, d'où est venu notre mot amiral; — émir-za-deh, fils du prince, d'où s'est formée l'abréviation Mirza, nom que l'on donne en Perse aux princes de la famille royale; — émir-el-hadj, chef des pèlerins, chargé de commander les caravanes de Damas, d’Égypte et de Bagdad qui se rendent à La Mecque ; etc.

EMMA, v. de Syrie. V. IMMAE.

EMMA, fille de Charlemagne. V. EGINHARD.

EMMANUEL, nom hébreu qui signifie Dieu avec nous, est le nom sous lequel le prophète Isaïe désigne le Messie (VII, 14, et VIII, 8).

EMMANUEL, dit le Grand et le Très-Heureux, roi de Portugal, né en 1469, mort en 1521, était fils de Ferdinand, duc de Viseu, d'une branche cadette de la maison régnante, et porta d'abord le titre de duc de Béja. Il succéda en 1495 à Jean II, son cousin, mort sans enfants légitimes. Pour condescendre au vœu de son épouse Isabelle, il bannit du Portugal les Maures et les Juifs. Il bâtit le palais de Belem et fonda le monastère attenant, où sont les tombeaux des rois de Portugal. Ce prince donna un grand essor à la navigation, et son règne fut illustré par d'importantes découvertes : en 1497, Vasco de Gama doubla pour la première fois le cap de Bonne-Espérance ; en 1500, Alvarès de Cabral assura au Portugal la possession du Brésil ; Jacques Figueira s'empara de l'île de Sumatra en 1510, et Albuquerque des villes de Goa et de Malacca en 1511. Ce sont ces conquêtes qui lui valurent ses deux surnoms.

EMMANUEL-PHILIBERT, dit Tête de fer, duc de Savoie, fils de Charles III, né à Chambéry en l528, m. en 1580. Son père ayant été dépouillé de ses États par François I en 1544, il se mit au service de l'empereur Charles-Quint, qu'il servit avec zèle et courage. Il combattit la ligue de Smalkalde (1545), se distingua au siège de Metz en 1555, reçut en 1553 le commandement de l'armée impériale, et gagna en 1557 la bataille de St-Quentin sur les Français. Après la conclusion de la paix à Cateau-Cambrésis, 1559, il épousa Marguerite de France, fille de François I, et put rentrer avec honneur dans ses États, que la guerre avait démembrés. En 1574 il obtint de Henri III la restitution de Pignerol et de Savigliano, et en 1575 des Espagnols celle d'Asti. Il rétablit l'ordre de St-Maurice et le réunit à celui de St-Lazare. Ce prince a laissé un Journal militaire, récemment trouvé dans les archives de Turin. — V. CHARLES-EMMANUEL.

EMMAÜS, bourg de Judée, à 60 stades (11 kil.) N. O. de Jérusalem, où Jésus-Christ apparut pour la 1re fois à ses disciples après sa résurrection. Vespasien fit rebâtir ce bourg sous le nom de Nicopolis.

EMME, nom de deux riv. de Suisse : la Grande-Emme, qui naît dans le canton de Berne et tomba dans l'Aar, à 2 kil. de Soleure, après un cours de 80 k. ; la Petite-Emme, qui arrose le canton de Lucerne et se perd dans la Reuss à 3 k. N. O. de Lucerne ; cours, 44 k. Leurs eaux charrient de l'or.

EMMERICH, v. forte des États prussiens (Prov. du Rhin), à 7 kil. N. E. de Dusseldorf, sur la r. g. du Rhin; 5500 h. Toiles, mousselines, lainages; tanneries. Bateaux à vapeur pour Strasbourg et Deventer.

EMMERICH (Catherine), visionnaire, née en 1774 à Flansk (duché de Munster), morte en 1824, était religieuse augustine au couvent de Dulmen. Pendant ses visions son corps offrait, dit-on, l'empreinte de stigmates d'où coulait parfois du sang : ce qui la mit en grande vénération. Brentano a donné une relation: de ses visions, trad. en français par l'abbé Cazalès.

EMODI MONTES, auj. l’Himalaya. V. IMAUS.

EMOUI ou AMOY, île et V. de Chine (Fou-Kian), dans le détroit de Formose, par 115° 33' long. E., 24° 27' lat. N. Port spacieux. Les Espagnols de Manille pouvaient seuls fréquenter ce port autrefois; il a été ouvert à toutes les nations par le traité de Nankin, 1842.

EMPECINADO (don Juan DIAZ, dit EL), chef de guérillas, fils d'un laboureur, prit les armes en 1808 contre les Français, fut bientôt suivi d'une troupe de paysans, avec laquelle il harcela nos soldats dans la Castille et l'Aragon, fut élevé par la junte centrale au grade de brigadier général, et ne posa les armes que quand Ferdinand VII fut sur le trône. Il encourut cependant la disgrâce de ce prince pour s'être déclaré partisan de la constitution de 1812 : ayant pris part en 1820 au mouvement en faveur de cette constitution, il fut proscrit, tomba entre les mains des émissaires du roi et fut mis à mort en 1825. Sort surnom d’el Empecinodo, l’Empoissé, lui fut donné parce qu'il était d'un village de cordonniers, état où l'on fait, comme on sait, grand usage de la poix.

EMPÉDOCLE, célèbre philosophe d'Agrigente, florissait vers l'an 444 av. J.-C. Il reçut les leçons des Pythagoriciens, et excella à la fois dans la philosophie, la poésie, la médecine, et la musique. Il avait composé sur la Nature et les Principes des choses un poëme si beau qu'on le lut publiquement aux jeux olympiques. On dit que, voulant cacher sa mort et passer pour un dieu, il se précipita dans le cratère de l'Etna; mais que la montagne, rejetant ses sandales, déjoua son projet en démasquant sa vanité. Il est plutôt à croire qu'il périt, ainsi que Pline, victime de son zèle pour la science, en observant une éruption du volcan. Selon d'autres, il quitta sa patrie après la prise d'Agrigente par les Carthaginois (403), et alla mourir dans le Péloponèse. Empédocle admettait quatre éléments : le feu ou Jupiter, la terre ou Junon, l'air ou Pluton, l'eau ou Nestis; et deux causes primitives, l'amitié qui unit les éléments, la haine qui les sépare. Partant de ce principe, que le semblable ne peut être connu que par le semblable, il composait l'âme elle-même des 4 éléments. Il admettait un monde intelligible, type du monde sensible. On a sous le nom d'Empédocle un Traité de la Médecine (trouvé en 1846 par Dezeimeris parmi ceux d'Hippocrate). Il reste de lui des Fragments publiés par Sturz, Leips., 1806, et d'une manière plus complète par Karsten, Leips., 1838, et par H. Stein, Bonn, 1852. Ils ont été reproduits dans les Philos. græc. frag. Bibliothèque grecque de Didot, 1860.

EMPEREUR, du latin imperator. Dans l'origine ce titre était décerné par les soldats romains à tout général victorieux; depuis J. César et surtout depuis Auguste, il devint l'expression de l'autorité souveraine et la qualification du chef de l'État. Jusqu'au partage définitif de l'empire, en 395, il n'y avait eu le plus souvent qu'un empereur, mais, depuis cette époque, il y en eut deux, un en Occident et un en Orient. Le titre d'empereur disparut en Occident après la chute d'Augustule (476) ; en Orient, il fut conservé jusqu'à la prise de Constantinople par les Ottomans (1453), et même après cet événement il subsista encore quelque temps à Héraclée et à Trébizonde. En 800 Charlemagne rétablit le titre d'empereur romain : il se fit décerner ce titre à Rome par le pape Léon III et le transmit à ses descendants. Mais, des 888, après Charles le Gros, ce titre disparut ou fut sans cesse disputé. — Il fut attaché à celui de souverain de l'Allemagne de 962 à 1806 et a été renouvelé en 1871. Napoléon prit le titre d'empereur en 1804; le prince Louis-Napoléon l'a fait revivre en 1852. Il est en outre porté en Europe par les souverains,de l'Autriche, de la Russie; en Amérique, par le souverain du Brésil. En Asie il y a eu des empereurs du Mongol, et il y a encore des empereurs de la Chine et du Japon ; on décore parfois du nom d'empereur le souverain du Maroc.

EMPIRE (BAS-) et EMPIRE D'ORIENT. V. ORIENT.

EMPIRE D'OCCIDENT. V. ROMAIN (empire).

EMPIRE (SAINT-) ROMAIN, titre que porta l'anc. empire d'Allemagne depuis le Xe siècle jusqu'en 1806.

EMPIRICUS (SEXTUS). V. SEXTUS.

EMPIRIQUES, secte de médecins répandus surtout à Alexandrie dans les 3 premiers siècles av. J.-C., était opposée aux Dogmatiques ou Méthodistes, et prenait pour base l’expérience seule. Elle eut pour chef un certain Philinus de Cos, et compte parmi ses représentants Sextus Empiricus et Hécaclide de Tarante. — Secte de philosophes opposés aux Idéalistes ou Rationalistes. On comprend sous ce nom les Péripatéticiens, les disciples de Démocrite et d'Épicure, chez les anciens ; les disciples de Hobbes, de Locke, de Condillac, chez les modernes.

EMPOLI, Emporium, v. de Toscane, sur l'Arno, a 37 k. E. de Pise ; 3000 h. Pavée en dalles. Chapeaux de paille. Les Gibelins y tinrent une diète en 1260.

EMPORIES, Emporiæ, du grec emporion, marché, auj. Ampurias, v. d'Hispanie (Tarragonaise), chez les Indigetes, sur la Méditerranée, était une grande place commerciale. Colonie fondée par les Phocéens. Les invasions des Sarrasins la ruinèrent.

EMPUSA, spectre horrible qui, selon les superstitions vulgaires, était envoyé par Hécate aux hommes pour les effrayer et les punir. Il prenait toutes sortes de formes hideuses. V. LAMIES.

EMS, Amisus, riv. d'Allemagne, naît au mont Stapelag dans le Teutoburger-Wald (Westphalie); traverse la régence de Münster et le Hanovre; reçoit l'As, le Haase et la Leda; se divise près d'Emden en deux bras, l'Ems oriental et l'Ems occidental; puis, après avoir mêlé ses eaux à celles du Dollart, se jette dans la mer du Nord. Cours, 290 kil. Un canal le met en communication depuis 1818 avec la Lippe et par suite avec le Rhin. — L'Ems donnait son nom à 3 dép. de l'Empire français formés en 1810: l'Ems occid. (ch.-l. Groningue); l'Ems orient. (ch.-l. Aurich) ; et l'Ems super. (ch.-l. Osnabruck).

EMS, Embasis, bourg du duché de Nassau, à 10 k. N. O. de Nassau; 2500 hab. Eaux thermales carbo-chlorurées, célèbres et connues dès l'antiquité; elles sont recommandées contre les maladies des organes respiratoires et du foie, et contre les maladies des femmes. Parmi les établissements de bains on distingue ceux des Princes, du Landgrave, la source des Gamins (Bubenquelle) et cella de la Pièce-Ronde.

On connaît sous le nom de Punctation d'Ems un plan de réformes ecclésiastiques signé à Ems le 25 août 1786 par les archevêques de Mayence, Trêves, Cologne, et Saltzbourg, Ce plan, bien qu'approuvé par l'empereur Joseph II, fut rejeté par le pape Pie VI.

ÉNAMBUC (Blain d'), marin, d'une famille noble de Normandie, partit de Dieppe en 1625, prit possession pour la France de l'île St-Christophe, dont il devint gouverneur, fit occuper la Guadeloupe par un de ses lieutenants, occupa lui-même la Martinique en 1635, et y bâtit le fort St-Pierre. Il y m. en l636.

ENCELADE, géant redoutable, l'un de ceux qui firent la guerre aux dieux de l'Olympe, était fils du Tartare et de la Terre, et avait cent bras. Jupiter, après l'avoir foudroyé, le couvrit du poids énorme de l'Etna. C'est lui dont l'haleine embrasée, dit Virgile, exhale les feux que lance le volcan ; lorsque le géant essaye de se retourner, il fait trembler la Sicile, et vomit par le cratère de l'Etna une épaisse fumée qui obscurcit l'air d'alentour.

ENDLICHER (Ét. Ladisias), savant hongrois, né en 1804 à Presbourg, mort en 1849, était directeur du jardin botanique et conservateur du cabinet d'histoire naturelle de Vienne. Également versé dans la botanique, l'histoire et les langues, il a publié des ouvrages de genres très divers : Genera plantarum, secundum ordines naturales disposita, 1838-40 ; Iconographia generum plantarum 1838; Enchiridion botanicum, 1841 ; Atlas de la Chine d'après les missionnaires jésuites, 1843; Éléments de Grammaire chinoise, 1845; Rerum hungaricarum monumenta Arpadiana, 1849.

ENDOR, v. de Palestine (Issachar), près du Mont Thabor, au S. E. de Naïm, était la demeure d'une pythonisse, qui évoqua devant Saül l'ombre de Samuel avant la bat. de Gelboë et qui lui prédit sa mort. On montre encore la grotte où elle résidait.

ENDYMION, berger de Carie ou d'Élide, d'une grande beauté, avait été, selon la Fable, placé dans le ciel par Jupiter, qui l'en chassa parce qu'il avait voulu attenter à l'honneur de Junon, et le condamna à un sommeil perpétuel Diane s'éprit d'une vive passion pour lui pendant qu'il dormait, et le transporta dans son antre du mont Latmus en Carie, où elle venait souvent le visiter. Il est à croire qu'Endymion cultivait l'astronomie et passait les nuits à suivre le cours de la lune; c'est là ce qui l'aura fait passer pour l'amant de Diane. Ce mythe est représenté par un bas-relief antique au Capitole. Il a fourni le sujet d'un des meilleurs tableaux de Girodet.

ÉNÉE, Æneas, prince troyen, fils de Vénus et d'Anchise, épousa Créuse, fille de Priam, et en eut Ascagne, Il se distingua par son courage pendant la guerre de Troie, surtout dans la nuit fatale où la ville fut prise (1270). Après le sac de sa patrie, il s'enfuit portant sur ses épaules Anchise, son père, avec ses dieux Pénates, tenant par la main son fils Ascagne, et suivi de Créuse, son épouse, qui se perdit dans une forêt. Il s'embarqua avec un grand nombre de Troyens pour aller former un établissement dans une terre étrangère, après avoir été longtemps sur les mers le jouet des tempêtes, et avoir été jeté sur les côtes de Carthage où, selon Virgile, Didon le retint quelque temps, il aborda enfin en Italie après sept années de navigation. A Cumes, la Sibylle le conduisit aux enfers, où il visita l'ombre de son père. Arrivé dans le Latium, il fut bien reçu du roi Latinus, qui lui offrit la main de sa fille Lavinie ; mais Turnus, roi des Rutules, à qui la princesse avait été fiancée, lui déclara la guerre. Après des succès divers, le roi des Rutules fut vaincu et tué par Énée dans un combat singulier. Le vainqueur épousa Lavinie, bâtit en son honneur la ville de Lavinium, et régna plusieurs années sur le Latium (vers 1260). Il eut de Lavinie un fils nommé Sylvius, l'un des ancêtres de Romulus. — On sait que Virgile a fait d'Énée le héros de son Énéide ; il lui donne une piété sans égale.

ÉNÉE le Tacticien, l'un des plus anciens auteurs qui aient écrit sur l'art militaire, vivait, à ce qu'on croit, vers l'an 336 av. J.-C. Ses ouvrages sont perdus. Casaubon a publié sous le nom de cet écrivain un traité De toleranda obsidione, grec-latin, 1609 (réimpr. à Leips. par H. Kœchly, 1803), traduit en français par Beausobre, 1757 : ce n'est qu'un abrégé de l'ouvrage d'Énée, fait par Cinéas.

ÉNÉE de Gaza, philosophe platonicien du Ve siècle, mort en 521, était chrétien et disciple d'Hiéroclès. On a de lui, outre 27 Lettres publ. à Rome en 1499 par Ald. Manuce dans ses Épistolaires grecs, un dialogue sur l'immortalité de l'âme et la résurrection des corps, intitulé Théophraste, Zurich, 1559, qui fut traduit en latin par Ambroise le Camaldule dès 1516. Boissonade en a publié une nouvelle éd., avec la version latine d'Ambroise, Paris, 1836. M. E. Lévêque en a donné une analyse et des extraits, en français (dans le IIe v. de la trad. de Plotin, Par., 1859).

ÉNERVÉS DE JUMIÉGES (les), V. JUMIÉGES.

ÉNÉSIDÈME. V. ÆNÉSIDÈME.

ENFERS, Inferni loci, lieux souterrains où, selon les païens, se rendaient les âmes des morts ; ils avaient Pluton pour dieu et pour roi. L'entrée des Enfers était gardée par Cerbère, chien monstrueux à trois têtes. On y faisait couler 5 fleuves, l'Achéron, le Cocyte, le Styx, le Phlégéthon et le Léthé. Après avoir passé l'Achéron, les morts subissaient le jugement, et ils étaient envoyés soit dans le Tartare, séjour des méchants, qu'entourait le Styx, soit dans les Champs Élysées, séjour heureux des justes, qu'arrosait le Léthé. Les coupables subissaient dans le Tartare des peines variées, appropriées à leurs crimes : on connaît le supplice de Tantale, de Sisyphe, d'Ixion, des Danaïdes, etc. Les poëtes plaçaient généralement l'entrée des Enfers près du marais d'Achérusie en Épire, ou de l'Averne en Italie. Plusieurs héros descendirent aux Enfers et purent néanmoins revenir sur la terre : tels sont Hercule, Thésée, Orphée, Énée, etc. — On trouve chez tous les peuples l'idée d'un enfer : chez les Égyptiens, à qui les Grecs paraissent avoir emprunté leurs traditions à cet égard, il s'appelait l’Amenthès ; chez les Indiens, Patala et Naraka; chez les Juifs, Scheôl ; chez les Perses, Douzakh; chez les Scandinaves, Niftheim. Les Musulmans distinguent 7 enfers, affectés aux coupables des différentes religions, Mahométans, Chrétiens, Sabéens, Juifs, Guèbres, Idolâtres.

ENFIELD, v. d'Angleterre (Middlesex), à 16 k. K. de Londres ; 9500 h. Ruines d'un château royal, résidence d’Édouard VI. Manufacture royale d'armes.

ENFIELD (Will.), ministre anglican, né en 1741 à Sudbury (Suffolk), m. en 1797, était professeur de belles-lettres à Wanington (Lancaster). Il a publié pour l'instruction de la jeunesse : the Speaker (l'orateur), 1775, choix de morceaux oratoires ; Sermons biographiques ou Suite de discours sur les principaux personnages de l'Écriture sainte, 1777 ; Histoire de la philosophie, extraite de Brucker, 1790.

ENGADDI, v. de Palestine (tribu de Juda), à l'emb. du Jourdain dans le lac Asphaltite, donnait son nom à un désert voisin. Palmiers et vignobles estimés.

ENGADINE (c.-à-d. à la tête de l'Inn), vallée de Suisse (Grisons), formée au N. O. par les Alpes des Grisons et au S. E. par les Alpes Rhétiques, est traversée par l'Inn dans toute sa longueur, qui est d'env. 80 kil.; 9000 hab. Glaciers, forêts de pins, orge. Émigrations annuelles. — Au XIIe siècle, cette vallée appartenait à l'évêque de Coire; du XIIIe au XIVe, elle fit partie du Tyrol. Elle fut saccagée en 1621 par les Autrichiens, que le duc de Rohan chassa en 1626. De 1799 à 1801, il s'y livra plusieurs combats entre les Français et les Autrichiens

ENGEL (J. J.), né en 1741, dans le duché de Mecklembourg, mort en 1802, enseigna pendant 20 ans la morale et les belles-lettres à Berlin (1776-1787), fut chargé de l’éducation du prince de Prusse (Frédéric-Guillaume III), puis fut nommé directeur du théâtre de Berlin, 1787. On a de lui le Philosophe du monde, 1775, recueil où l'on trouve des observations pleines de finesse ; une Théorie de la mimique, 1785, ouvrage estimé, trad. en français par Jansen, 1788 ; des comédies et des drames, parmi lesquels on remarque le Fils reconnaissant, et le roman moral de Lorenz Starck. Ses OEuvres ont été publiées à Berlin, 1801-16, 12 v. in-8. Son style se fait remarquer par la pureté.

ENGELBERG, Angelorum mons, v. de Suisse (Unterwald), sur l'Aa, à 25 kil. S. de Stantz ; 1900 hab. Abbaye de Bénédictins, fondée en 1121 et possédant une riche bibliothèque.

ENGELMANN (Godefroy), lithographe, né en 1788 à Mulhouse, mort en 1839, alla étudier à Munich, dès 1815, les procédés de lithographie mis en usage par Senefelder, l'inventeur, les introduisit en France, fonda à Paris en 1816 un des premiers établissements lithographiques, et apporta dans cette industrie de nombreux perfectionnements : ses épreuves soutiennent la comparaison avec la gravure. Peu avant sa mort, il inventa la Chromolithographie ou Lithochromie, art d'imprinmer en couleur, au moyen duquel la lithographie rivalise avec le pinceau. Outre les belles planches qu'il a fournies au Voyage dans le Levant de Forbin, aux Antiquités de l'Alsace, au Voyage pittoresque dans le Brésil, au Voyage en Espagne, on lui doit le Manuel des dessinateurs lithographes, 1823, et un Traité de la Lithographie, 1839.

ENGEN, vge du grand duché de Bade, sur l'Aach, à 32 kil. N. O. de Constance ; 1200 hab. Moreau y battit les Autrichiens en 1800.

ENGER, v. des États prussiens (Westphalie), à 28 kil. S. O. de Minden ; 1400 h. Anc. résidence de Witikind, à qui un monument y fut élevé en 1377.

ENGHIEN, Angia, v. de Belgique (Hainaut), à 32 kil. N. de Mons ; 4500 hab. Château et parc. Dentelles, toiles, cotonnades. Cette ville appartint d'abord à la maison de Luxembourg ; elle passa en 1485 dans celle de Bourbon, par le mariage de Marie de Luxembourg avec François de Bourbon, comte de Vendôme, aïeul de Henri IV. Celui-ci la vendit en 1607 à Charles de Ligne, comte d'Aremberg. Cependant le titre de la baronnie d'Enghien resta en France. Louis de Bourbon, 1er prince de Condé, et 2e fils de François de Bourbon, voulant partager avec son frère aîné le titre de baron d'Enghien, fit transporter le nom d'Enghien à sa terre de Nogent-le-Rotrou; Henri II de Condé, son petit-fils, transporta ce même nom à la ville d'Issoudun ; depuis, il fut transféré une 3e fois au duché de Montmorency, qui porta depuis le nom de duché d'Enghien. Les fils aînés des princes de Condé portaient le titre de duc d'Enghien du vivant de leur père.

ENGHIEN-LES-BAINS ou ENGHIEN-MONTMORENCY, joli vge du dép. de Seine-et-Oise, à 1 kil. S. de Montmorency et à 12 N. de Paris ; 500 hab. Station du ch. de fer du Nord. Vaste étang, eaux sulfureuses froides; établissement de bains très-fréquenté. — Ce village s'est formé vers 1820 autour de l'étang. Le charme de la situation, les fêtes qui y sont données dans l'été y attirent beaucoup de Parisiens.

ENGHIEN (barons, comtes et ducs d'). Depuis 1485, que la baronnie d'Enghien passa dans la maison de Bourbon, quelque membre de cette famille en porta toujours le titre, même après que le domaine en eut été aliéné (V. ci-dessus, l'art, géographique). — On connaît surtout sous ce nom :

François de Bourbon-Vendôme, comte d'Enghien, frère d'Antoine de Bourbon, roi de Navarre, et, du prince Louis I de Condé, né à La Fère en 1519 : il fut gouverneur du Hainaut, du Piémont et du Languedoc; prit Nice en 1543 et s'illustra en gagnant sur les troupes de Charles-Quint la bataille de Cérisoles, 1544. Malheureusement il mourut dès l'année suivante par suite d'un accident.

2° Le grand Condé dans sa jeunesse : il n'était encore que duc d'Enghien quand il remporta la victoire de Rocroy, 1643 (V. CONDÉ).

Louis Antoine Henri de Bourbon, duc d'Enghien, le dernier des Condés, né à Chantilly en 1772. Il était fils de Henri Louis Joseph, duc de Bourbon, et de Louise Thérèse d'Orléans. Il suivit dans l'émigration le prince de Condé, son grand-père, fut chargé d'un commandement de cavalerie dans l'armée de Condé, et déploya la plus grande valeur dans tous les combats livrés contre les troupes républicaines. L'armée de Condé ayant été licenciée en 1801, le duc d'Enghien se retira à Ettenheim, dans le grand-duché de Bade, où habitait la princesse Charlotte de Rohan-Rochefort, qu'il aimait. Soupçonné de conspirer contre la République, il fut arrêté dans cette retraite par l'ordre de Bonaparte quoiqu'il fût en pays neutre et en paix. Conduit au château de Vincennes, il y fut jugé par une commission militaire, condamné comme ayant entretenu des relations secrètes avec les royalistes en France, et fusillé la nuit même de son arrivée (21 mars 1804). Napoléon, dans ses Mémoires, a essayé de justifier l'arrestation du duc d'Enghien comme une nécessité politique mais il blâme sévèrement ceux qui, par un zèle aveugle, n'attendirent pas ses ordres avant d'exécuter le jugement.

ENGINA ou ENGIA. V. ÉGINE.

ENGORNOU, v. de Nigritie, dans l’État de Bournou, à 23 k. S. E. de Kouka. On y compte environ 30 000 hab. Grands marchés d'esclaves ; commerce d'ambre et de corail.

ENGOYO, État de la Guinée, entre l'Océan à l'O. et le Congo au N. et au S., a pour ch.-l., Cabinda.

ENGUERRAND DE COUCY, DE MARIGNY, de MONSTHELET. V. COUCY, MARIGNY, etc.

ÉNIANES, Ænianes, peuplade grecque qui habita successivement la Perrhébie orient., dans l'Épire mérid. ; la Thessalie, près de la Locride Épionémidienne, et les côtes du golfe Maliaque. Ils avaient voix au conseil des Amphictyons.

ÉNIPÉE, Enipeus, nom commun à diverses riv. de l'anc. Grèce, dont une en Élide et une en Thessalie : celle-ci, nommée auj. Carissa, coulait à Pharsale et se jetait dans le Pénée.

ENKHUYSEN, Enchusa, ville forte du roy. de Hollande (Nord-Hollande), à 46 k. N. E. d'Amsterdam ; 8000 h. Port sur le Zuydersée (à demi comblé); digues. Anc. hôtel de l'amirauté; hôtel de la monnaie; hôtel des Indes. Chantiers de construction, fonderies de cloches; armements pour la pêche du hareng et de la morue.

ENNA, auj. Castrogiovanni, v. de la Sicile anc., sur le fl. Himère, était, selon les anciens, au centre de l'île. Elle est célèbre dans la Fable comme étant le lieu près duquel fut enlevée Proserpine. C'est dans Enna et Agrigente que commença la 1re guerre des esclaves (138 ans av. J.-C.) ; cette ville fut reprise la dernière, en 132. Les env. étaient très-fertiles.

ENNEZAT, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), sur la riv. d'Eubenne, à 9 k. E. de Riom; 2500 hab. Église du XIe siècle. Fabriques de sucre indigène.

ENNIS, v. d'Irlande, capit. du comté de Clare, sur le Fergus, à 31 kil. N. O. de Limerick; 10 000 hab. Anc. couvent de Franciscains, fondé en 1240.

ENNISCORTHY, v. d'Irlande, dans le comté de Wexford, à 16 k. N. O. de Wexford. Une insurrection y éclata en 1798 contre le gouvernement anglais.

ENNISKILLEN, v. d'Irlande, ch.-l. du comté de Fermanagh, à 137 kil. N. O. de Dublin; 6000 hab. Fondée en 1641 par sir W. Cole, à la famille duquel elle a fait donner le titre de comte. Elle se défendit bien en 1689 contre Jacques II.

ENNIUS (QUINTUS), poète latin, né à Rudies en Calabre 240 ans av. J.-C., mort vers 169, suivit d'abord la carrière militaire, fut amené à Rome par Caton l'Ancien, qui avait remarqué son mérite, y enseigna les lettres grecques et latines et se concilia l'estime et la faveur des plus grands personnages : il était l'ami des Scipions. Ennius composa des comédies, des tragédies, des satires et un poème intitulé : les Annales de la république, en 18 chants. Bien que son style se sentit de la rudesse qu'avait encore la langue dans le siècle où il vivait, il renfermait un grand nombre de beautés. Virgile lui faisait de fréquents emprunts : aussi Horace dit-il (Odes, IV, 8) que ce poëte tirait des perles du fumier d'Ennius. Les fragments qui restent de lui se trouvent dans le Corpus poetarum de Maittaire, dans le Théâtre des Latins publié par Levée et ont été publiés à part par J. Wahlen, Leips., 1854.

ENNODIUS MAGNUS, écrivain ecclésiastique latin, d'une famille illustre d'Arles, né vers 473, mort en 621, jouit de la faveur du roi Théodoric, fut consul en 511, puis renonça aux dignités civiles pour entrer dans le clergé, devint évêque de Pavie, fut deux fois choisi pour légat par le pape Hormisdas, et mérita d'être canonisé : on le fête le 17 juillet. Ses principaux ouvrages, écrits d'un style déclamatoire, sont un Panégyrique de Théodoric; la Vie de S. Épiphane, celle de S. Antoine. Ils ont été publiés par Sirmond, 1612.

ÉNOCH ou HÉNOCH, fils de Caïn, bâtit, avec son père, la première ville et la nomma Énochie. Il était né vers l'an 4729 av. J.-C.

Patriarche, fils de Jared et père de Mathusalem, naquit vers l'an 4342 av. J.-C., vécut 365 ans, et fut enlevé au ciel, sans avoir subi la mort. Il existe sous le nom d’Énoch un recueil de prophéties apocryphes.

ÉNOPÉE, nom primitif d'Égine.

ÉNOS, Ænos, V. de la Turquie d'Europe (Roumélie), à 58 k. N. O. de Gallipoli, sur le golfe d'Énos; 8000 h. Port sûr, mais ensablé. Laines, coton, soie, cuirs, cire, safran, etc.

ENS, Anisus ou Anesus, riv. des États autrichiens, prend sa source dans la Hte-Autriche (cercle de Saltzbourg), passe à Rastadt, arrose en partie le duché de Styrie, rentre dans la Haute-Autriche, passe à Steyer et à Ens, et se jette dans le Danube après 250 kil. de cours. Elle reçoit la Salza et la Steyer. Cette riv. sert de limite à la Haute et à la Basse-Autriche, dites aussi Pays au-dessus et Pays au-dessous de l'Ens.

ENS, Anisia, Ensium civitas, v. de là Hte-Autriche (cercle de Traun) sur l'Ens, à 19 k. N. de Steyer; 4000 hab. — Ville très-ancienne : elle existait déjà du temps des Romains et fut rebâtie aux Xe siècle sous le nom d’Ensburg (bourg de l'Ens). L'Autriche et la Bohême y signèrent un traité de paix en 1336.

ENSENADA (Zénon Silva, marquis de LA), né en 1690 à Seca près de Valladolid, mort en 1762, fut porté par son seul mérite aux plus hauts emplois, gagna la confiance de Ferdinand VI, qui le nomma ministre des finances, et sut, par une sage administration, rétablir les finances épuisées et faire fleurir le commerce et les colonies, A l'avénement de Charles III, il fut renversé par des cabales de cour, 1759.

ENSISHEIM, Urunca, ville d'Alsace-Lorraine, à 23 kil. S. E. de Colmar, sur l'Ill; 2734 hab. Anc. collége des Jésuites, qui sert auj. de maison de détention. Hôtel de ville dans le genre gothique. Calicots, chapeaux de paille. — Cette v. était jadis le ch.-l. de la Hte-Alsace ou Alsace autrichienne; le conseil souverain d'Alsace y a siégé de 16S7 à 1674. Un traité y fut conclu en 1444 entre le Dauphin Louis et les Suisses qu'il venait de vaincre à la bataille de St-Jacques. Ensisheim fut prise et reprise par les Suédois, les Impériaux et les Français pendant la guerre de Trente ans. Elle fut cédée à la France par la paix de Munster, 1648, et perdue en 1871.

ENTELLE, athlète. V. DARÈS.

ENTIUS. V. ENZO

ENTRAGUES ou ENTRAYGUES (Henriette DE BALZAC d'), marquise de Verneuil, fille de François d'Entragues, gouverneur d'Orléans, et de Marie Touchet, qui avait été maîtresse de Charles IX. Après la mort de Gabrielle d'Estrées, elle inspira une vive passion à Henri IV, qui alla jusqu'à lui signer une promesse de mariage, promesse que Sully eut le courage de déchirer. Elle montra un vif ressentiment lors du mariage de Henri avec Marie de Médicis : le roi pour la calmer lui fit don du marquisat de Verneuil et de 100 000 écus ; néanmoins elle entra quelque temps après dans une conspiration dont son père et son frère, le comte d'Auvergne, furent les principaux agents. Tous deux furent condamnés à mort; mais elle obtint leur grâce. Elle se retira de la cour et mourut en 1633, à 50 ans. Elle avait eu de Henri IV un fils, le duc de Verneuil, qui fut évêque de Metz, et une fille, qui fut mariée au duc d'Épernon.

ENTRAYGUES, ch.-l. de c. (Aveyron), sur le Lot et la Trueyre, à 21 kil. N. O. d'Espalion; 1830 hab.

ENTRECASTEAUX (Jos. Antoine BRUNI d'), né à Aix en 1740, fils d'un président du parlement de Provence, entra de bonne heure dans la marine royale, fit ses premières armes sous le bailli de Suffren, son parent, devint en 1785 commandant des forces navales dans l'Inde, et en 1787 gouverneur de l'île de France. En 1791, il fut chargé d'aller avec deux frégates à la recherche de Lapérouse, et en outre de parcourir les côtes que ce navigateur avait encore à explorer. Malgré tous ses efforts, il ne put remplir que la seconde partie de sa mission : il reconnut la côte occidentale de la Nouv.-Calédonie, de l'île de Bougainville, et près de 1300 kil. de côtes dans la partie sud-ouest de la Nouv.-Hollande, et explora, sur la côte S. E. de la Tasmanie, un canal auquel il laissa son nom. Il mourut en mer (1793) près de l'île de Java. M. de Rossel, qui faisait partie de l'expédition en qualité de capitaine de pavillon, en a publié une relation fort intéressante, sous le titre de Voyage à la recherche de Lapérouse, Paris, 1808.

ENTRE-DEUX-MERS (l'), partie de l'anc. Bordelais, entre la Garonne et la Dordogne, ainsi nommée parce que la mer remonte très-haut dans l'une et l'autre riv. Places principales : Créon et Artigues.

ENTRE-DOURO-E-MINHO, anc. prov. du Portugal, à l'angle N. O., bornée au N. par le Minho, qui la sépare de la Galice, et au S. par le Douro, qui la sépare de la Beira, à l'E. par le Tras-os-Montes et à l'O. par l'Atlantique, comptait 900 000 hab. et avait pour ch.-l. Braga. Elle forme auj. les deux prov. de Douro et de Minho. Climat délicieux et très-fertile. Vins, fruits, etc.

ENTREMONT, vallée de la Suisse, dans le Valais, arrosée par la Drance et traversée par la route du grand St-Bernard. Belle cascade de la Valsorey.

ENTRE-RIOS (c.-à-d. entre rivières), un des États de la Confédération du Rio-de-la-Plata, entre ceux de Corrientes au N., l'Uruguay à l'E., l'État de Buenos-Ayres au S., celui de Santa-Fé à l'O. Env. 80 000 h.; ch.-l., Parana (depuis 1856). Il doit son nom à sa position entre l'Uruguay et le Parana qui forment les frontières orientale et occidentale. Pays plat et fertile; gras pâturages; beaucoup de bétail.

ENTREVAUX, Intervalles, ch.-l. de c. (Basses-Alpes), à 40 k. N. E. de Castellane, près la r. g. du Var, 1800 h. Jadis évêché. Petite place forte, prise par Charles-Quint en 1536.

ENVERMEU, ch.-l. de c. (Seine-Inf.), à 14 k. E. de Dieppe; 1300 h. Grains.

ENVIE, divinité allégorique, fille du Styx et de la Nuit, est représentée sous les traits d'une femme vieille et décharnée, entourée de serpents, dont un lui ronge le cœur, le teint livide, l'œil enfoncé, le regard louche et sombre. Elle sert de guide à la Calomnie. Les poëtes et les peintres ont plusieurs fois peint son portrait : on admire surtout l’Envie de Rubens, ainsi que celles du Poussin et de J. Jouvenet.

ENYO, nom grec de Bellone.

ENZERSDORF, village d'Autriche, à 13 k. E. de Vienne, sur le Danube, r. g., en face de l'île Lobau; 800 hab. Pris et brûlé par les Français le 5 juill. 1809 (ler jour de la bataille de Wagram).

ENZO ou ENTIUS (Henri ou Han dit), bâtard de l'empereur Frédéric II, né à Palerme en 1224, fut nommé par son père roi de Sardaigne après avoir épousé la veuve d'Ubaldo Visconti, qui possédait la plus grande partie de l'île. Il se signala dans les guerres que son père eut à soutenir contre les papes et contre les Génois, dispersa les galères génoises près de la Melloria, et conquit une partie du Milanais avec l'aide des Gibelins; mais fut pris par les Bolonais à la bataille de Fossalto, 1249. Il mourut en captivité, en 1272, au bout de 23 ans, à 48 ans.

ÉOLE, Æolus, dieu des vents, fils de Jupiter ou, selon d'autres, de Neptune, et de Mélanippe, régnait sur les lies Éoliennes (V. ce mot), mais obéissait à Neptune. Lorsque les vents jetèrent Ulysse dans les États d'Éole, ce dieu l'accueillit favorablement, et lui fit présent d'outres qui renfermaient les Vents contraires à sa navigation : les compagnons du héros, cédant à la curiosité, ouvrirent ces outres; mais les Vents s'en échappèrent aussitôt, et causèrent une tempête furieuse qui submergea tous les vaisseaux : Ulysse put seul échapper.

ÉOLE, un des fils d'Hellen, régna après lui sur une partie de la Thessalie : c'est de lui que les Éoliens ont reçu leur nom.

ÉOLIDE ou ÉOLIE, partie de la côte occid. de l'Asie-Mineure colonisée par les Éoliens, était située au N. de l'Ionie et comprenait tout le littoral de la Mysie, depuis Cyzique jusqu'au fleuve Caïcus. On y compte onze villes principales : la plus importante était Cume. Les îles de Lesbos, de Ténédos et d'Hécatonnèse étaient aussi peuplées de colonies éoliennes.

ÉOLIENNES (îles), dites aussi vulcaniennes, auj. les îles Lipari, petites îles situées au N. E. de la Sicile, étaient au nombre de 7 : Lipara, Phénicade, Éricode, Hiéra, Évonyme, Strongyle, Didyme.

ÉOLIENS, peuple grec, formait une des 4 grandes divisions de la race hellénique, et tirait son nom d’Æolus, fils d'Hellen et petit-fils de Deucalion, dont il était issu. Les Éoliens habitèrent d'abord le nord de la Thessalie, puis, se répandant de proche en proche vers le S., ils pénétrèrent en Béotie et jusque dans le Péloponèse. De 1189 à 1120 av. J.-C., les Éoliens, chassés du Péloponèse par les Ioniens, puis par les Doriens, quittèrent la Grèce et vinrent s'établir dans la partie nord-ouest de l'Asie-Mineure qui prit d'eux le nom d'Éolide. Le dialecte éolien est celui qui s'écarte le moins de la langue primitive; aussi a-t-il beaucoup d'affinité avec le latin : ce qui le distingue surtout, c'est l'aspiration, des voyelles initiales figurée par le digamma dit éolique (F). Alcée, Sapho et Corinne ont écrit dans le dialecte éolien, ainsi que Pindare. En musique, les Éoliens avaient adopté un mode particulier, moins grave que le dorien, moins efféminé que les modes lydien et ionien.

ÉON DE L'ÉTOILE, imposteur du XIIe siècle, fils d'un gentilhomme de Loudéac (Côtes-du-Nord), s'annonça comme fils de Dieu, se fit suivre d'une troupe de fanatiques qui commirent les plus grands désordres, fut traduit en 1148 devant le concile de Reims où il fut reconnu pour fou, et fut jeté dans une prison où il mourut peu après. Abusant de la similitude du nom d'Éon avec le mot latin eum, il s'appliquait ces mots de la liturgie ; per eum qui venturus est, etc.

ÉON DE BEAUMONT (le chevalier), personnage que l'ambiguïté de son sexe a rendu célèbre, né en 1728 à Tonnerre, était fils d'un avocat au parlement. D'une jolie figure et n'ayant pas de barbe, il put se faire passer pour femme. Chargé par Louis XV d'une mission secrète en Russie auprès de l'impératrice Élisabeth, il se présenta avec le vêtement féminin, réussit à l'aide de son déguisement à voir l'impératrice en secret, gagna sa faveur, et opéra ainsi un utile rapprochement entre la Russie et la France (1756). Ayant repris ensuite les habits de son sexe, il servit avec distinction, comme capitaine de dragons, pendant la guerre de Sept ans. A la paix il fut envoyé à Londres comme secrétaire d'ambassade du duc de Nivernais et prit part au traité de 1763; mais il eut avec le successeur du duc de Nivernais, le comte de Guerchy, des démêlés qui lui firent perdre son emploi. Il revint en France en 1777, mais le roi lui imposa l'obligation de prendre et de conserver jusqu'à sa mort les habits de femme : on prétendit que cette métamorphose était commandée par la nécessité de voiler certaines intrigues dans lesquelles se trouvaient compromis de grands personnages. Il mourut à Londres en 1810. Outre des Mémoires contre le comte de Guerchy, le chev. d'Éon a écrit plusieurs ouvrages d'histoire, de politique et d'économie financière, qui ont été réunis sous le titre de Loisirs du chev. d'Éon (13 vol. in-8, Amst., 1779). La Vie militaire, politique et privée de Mlle d'Éon, publ. en 1779 sous le nom de La Portelle, est du chevalier même. Les Mém. du chev. d'Éon, publ. en 1836 par M. Gailardet, ne sont qu'un roman historique.

ÉONS, êtres intermédiaires émanés de Dieu, selon les Gnostiques, remplissaient la distance qu'ils disaient exister entre le Dieu suprême et le Jéhovah des Juifs (dont ils faisaient une divinité secondaire), entre le Père et le Fils, enfin entre ce dernier et les hommes. Ces êtres, purement spirituels, n'étaient autre chose que des abstractions réalisées : la Sagesse, la Foi, la Prudence, etc. Ils étaient appelés Éons, du grec aion, durée, éternité, parce qu'on leur attribuait une existence éternelle. Leur nombre variait selon les sectes : Basilide en comptait 365, autant que de jours; Valentin n'en admettait que 30.

ÉPACTE (du grec epactos, ajouté, intercalé), nombre qui indique combien il faut ajouter de jours à l'année lunaire pour l'égaler à l'année solaire. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

ÉPAMINONDAS, célèbre général thébain, né l'an 411 av. J.-C., s'était d'abord appliqué à l'étude des lettres et de la philosophie. S'étant lié avec Pélopidas, il l'aida à chasser de Thèbes les Lacédémoniens qui s'étaient emparés de la ville par trahison. Nommé général dans la guerre qui s'alluma entre sa patrie et les Lacédémoniens, il gagna sur ceux-ci la célèbre bataille de Leuctres (l'an 371 av. J.-C), où périt Cléombrote, roi de Sparte ; envahit la Laconie, releva Messène et fonda Mégalopolis en Arcadie, opposant ainsi une barrière à l'ambition de Sparte ; mais il se vit, au retour, près d'être condamné à mort par ses compatriotes pour avoir excédé de 4 mois la durée de son commandement. Cependant, il fut quelque temps après replacé à la tête des armées thébaines, obtint plusieurs avantages en Thessalie sur Alexandre de Phères, équipa une flotte avec laquelle il battit Lachès, commandant de la flotte athénienne, puis porta de nouveau la guerre dans le Péloponèse, et remporta sur les Lacédémoniens, à Mantinée, une 2e victoire, 363 av. J.-C. Il reçut dans le combat une blessure mortelle ; mais apprenant que l'ennemi était en déroute : « J'ai assez vécu, dit-il, puisque je meurs sans avoir été vaincu. » Comme on regrettait qu'il n'eût pas de postérité : « Je laisse, dit-il, deux filles immortelles, Leuctres et Mantinée. » Épaminondas donna l'exemple de toutes les vertus ; il n'avait pas moins de frugalité et de désintéressement que de génie et de courage. Avec lui s'éclipsa la gloire de Thèbes. Cornélius Népos a écrit sa Vie.

ÉPAPHRODITE, affranchi et secrétaire de Néron, fut condamné à mort par Domitien pour avoir aidé son maitre à s'ôter la vie. Épictète avait été son esclave.

EPAPHUS, fils de Jupiter et d'Io, fut enlevé après sa naissance par la jalouse Junon, et livré aux Curètes; mais Jupiter irrité tua ses gardiens et le délivra. Devenu grand, Epaphus eut querelle avec Phaéton, prétendant que celui-ci n'était pas fils du Soleil, comme il s'en vantait : ce fut là l'origine du malheur de Phaéthon (V. PHAÉTON). Selon quelques mythologues, il devint roi d'Égypte, fonda Memphis et fut adoré comme dieu : le mot Epaphus est en effet le nom grec du dieu égyptien Apis.

ÉPÉE (Ordre de l'), ordre suédois, créé dès 1622 par Gustave I, reconstitué par Frédéric I en 1748, pour récompenser la fidélité au roi et à la religion (luthérienne), a pour signe une croix de St-André formée par des épées croisées ayant au milieu un globe d'azur avec 3 couronnes. Le ruban est jaune moiré. — Un ordre de chevalerie avait été institué sous le même nom en 1449 par Alphonse V, roi de Portugal.

ÉPÉE (l'abbé DE L'), V. L'ÉPÉE.

ÉPÉENS, nom que l'on donne quelquefois aux habitants de l'Élide. V. ÉPÉUS.

ÉPÉRIES, v. libre royale de Hongrie, ch.-l. du comitat de Saros, à 230 kil. N. E. de Bude; 9000 h. Évêché grec-catholique, collège luthérien. Jolie ville; belle cathédrale, hôtel de ville. Eaux minérales. En 1687 y fut établi le tribunal de sang, qui mit à mort nombre de patriotes hongrois.

ÉPERNAY, Sparnacum, ch.-l. d'arr. (Marne), sur la Marne, à 33 kil. N. O. de Châlons, et à 137 kil. E. de Paris par la route, 142 par ch. de fer; 9346 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce, collége. Station. Grand commerce de vins-de Champagne. Vastes cave creusées dans le tuf, où se conservent les vins en bouteille. Épernay appartint à l'église de Reims depuis Clovis jusqu'à Hugues-Capet. François I brûla cette ville en 1544 pour l'empêcher de tomber au pouvoir de Charies-Quint, puis il la fit reconstruire. Assignée en douaire à Marie Stuart, elle fut vendue en 1569 pour payer sa rançon. Elle fut prise sur les Ligueurs en 1592 par Henri IV; le maréchal Biron fut tué à ce siège. En 1642 le duc de Bouillon la reçut en échange du comté de Sedan.

ÉPERNON, Sparno, petite v. du dép. d'Eure-et-Loir, à 8 kil. E. de Maintenon et à 28 N. E. de Chartres; 1650 hab. Station du ch. de fer de l'Ouest. Hugues-Capet y fit bâtir un château que les Anglais détruisirent sous Charles, VI. La ville d'Épernon était autrefois une baronnie, qui fut érigée en duché par Henri III en faveur de Jean Louis Nogaret de la Valette (V. ci-après). Le litre de duc d'Épernon, après avoir été porté par les descendants directs de Jean Louis, passa aux fils d'Hélène, sa sœur, et s'éteignit de bonne heure en la personne de Mlle d'Épernon, fille du dernier gouverneur de la Guyenne.

ÉPERNON (J. L. NOGARET DE LA VALETTE, duc d'), un des mignons de Henri III, né en 1654, d'une famille noble des environs de Toulouse, mort en 1642, fut comblé de faveurs pour prix de ses indignes complaisances. Après quelques actions d'éclat, il fut créé duc et pair, gouverneur de Metz, du Boulonnais et de la Normandie (1581-84), et devint amiral de France en 1587. Il fut un des derniers à reconnaître Henri IV ; il obtint cependant de ce prince le gouvernement de la Provence, et fut chargé par lui de missions importantes; mais il n'en conspirait pas moins avec l'Espagne. Il se trouvait dans la carrosse du roi quand ce prince fut assassiné; on l'accusa de complicité, mais l'affaire fut étouffée. Il fit donner la régence à Marie de Médicis et jouit auprès d'elle d'un grand crédit; mais Richelieu le fit disgracier par Louis XIII. On lui donna, pour l'éloigner, le gouvt de la Guyenne : là il eut une violente querelle avec Sourdis, archevêque de Bordeaux, auquel il se vit obligé de faire des excuses. Partout le duc d'Épernon s'était rendu odieux par sa hauteur et sa violence. — L'aîné de ses fils, [[w:Bernard_de_Nogaret_de_La_Valette_d'Épernon|]] Bernard de Foix et de La Valette, lui succéda dans le titre de duc, ainsi que dans le gouvt de la Guyenne ; le cadet embrassa l'état ecclésiastique : ce dernier est connu sous le nom de cardinal de La Valette.

ÉPERON D'OR (Ordre de l'), ordre romain, créé par Paul III en 1534 ou par Pie IV en 1559, aurait été, selon quelques-uns, fondé par Constantin dès 312 en mémoire de sa victoire sur Maxence, et approuvé dès lors par le pape S. Sylvestre. Quelques familles princières de Rome et quelques hauts fonctionnaires pouvaient conférer cet ordre, ce qui ne tarda pas à donner lieu à de graves abus. Grégoire XVI le réforma en 1841, lui donna le nom d’ordre de S. Sylvestre ou de l’Éperon d'or réformé et se réserva les nominations. Les chevaliers portent une croix d'or à 8 pointes émaillée de blanc, offrant l’effigie de S. Sylvestre, et suspendue à un ruban rayé rouge et noir; entre les branches de la croix pend un petit éperon d'or.

ÉPERONS (Journée des). On a donné ce nom à deux batailles funestes aux Français : celle de Courtray, en 1302, où les chevaliers français tués dans l'action laissèrent sur le champ de bataille plus de 4000 éperons, et celle de Guinegate, en 1513, où, disait-on, l'on fit plus d'usage des éperons que de l'épée.

ÉPÉUS, fils d'Endymion et d'Hyperimné, régna sur les Éléens qui prirent de lui le nom d'Épéens.

ÉPÉUS, habile ingénieur grec, fils de Panopée, amena des Cyclades au siège de Troie 30 navires et construisit le fameux cheval de bois, à l'aide duquel les Grecs pénétrèrent dans la ville.

ÉPHÈSE, auj. Aïa-Solouk, v. de l'Asie-Mineure, la principale de la Confédération ionienne, était située sur la côte de la Méditerranée, au bord du Caystre et à 60 k. S. S. E. de Smyrne. Elle est surtout célèbre par un magnifique temple de Diane : ce temple, d'ordre ionique, avait été construit avec le produit de dons faits par toutes les villes de l'Asie : il était au nombre des 7 merveilles du monde. Il fut incendié par Érostrate le jour même de la naissance d'Alexandre (356 av. J. C); mais il fut rebâti depuis avec plus de magnificence encore. Ce nouveau temple fut pillé par les Scythes en 203 de J.-C., et rasé sous Constantin. — Éphèse fut fondée par les Cariens. Les Ioniens s'en emparèrent sous la conduite d'Androclès, fils de Codrus. Plusieurs fois prise et souvent soumise, elle recouvra toujours son indépendance. Vers la fin de la guerre du Péloponèse, Lysandre y avait établi son quartier général et comptait en faire le centre de sa domination particulière. Après la mort d'Alexandre, elle tomba au pouvoir de Lysimaque, qui l'appela Arsinoé. Les Romains s'en emparèrent en 130 av. J.-C. Le philosophe Héraclite, le poète Hipponax, les peintres Apelle et Parrhasius y naquirent. Le Christianisme y établit une de ses premières églises. S. Paul y prêcha l'an 57 de l'ère chrétienne, et son disciple Timothée en fut le 1er évêque. Selon quelques-uns, cette église aurait d'abord été dirigée par S. Jean l'Évangéliste : on fait même dériver le nom moderne Aïa-solouk des mots grecs agios theologos, c.-à-d. le saint théologien, nom que l'on donnait à S. Jean. C'est à Éphèse que fut réuni en 431 le 3e concile œcuménique, qui anathématisa le Nestorianisme. En 449, il s'y tint un autre concile, qui se déclara pour l'Eutychianisme et qui a été flétri du nom de brigandage d'Éphèse, à cause des violences qui s'y commirent. Éphèse n'est auj. qu'un village, où réside un métropolitain grec suffragant du siège de Constantinople.

ÉPHESTION. V. HÉPHESTION.

ÉPHIALTES, géant, l'un des Aloïdes. V. ce mot.

ÉPHORE, orateur et historien grec (363-300 av. J.-C.), natif de Cume en Éolie, disciple d'Isocrate et rival de Théopompe, avait composé des harangues, qui ne nous sont pas parvenues, et une Histoire du Péloponèse en 30 livres, qui comprenait les temps écoulés depuis la conquête des Héraclides (1104 av. J.-C.) jusqu'à la 20e année du règne de Philippe (340 av, J.-C.). Marx a publié les fragments qui nous restent de cet historien, Carlsruhe, 1815 ; ils se trouvent aussi dans les Fragm. historic. græc. de la collection Didot (1841). Éphore avait peu de verve et de mouvement : ce qui faisait dire à Isocrate qu'il avait besoin de l'éperon, tandis que son condisciple Théopompe avait besoin de la bride.

ÉPHORES, c.-à-d. inspecteurs (du grec ephorao, observer), magistrats de Lacédémone créés pour surveiller les rois et contre-balancer leur autorité, étaient au nombre de cinq et étaient élus annuellement. Ils pouvaient mettre les rois à l'amende, les arrêter, les déposer et les faire mettre à mort. De plus, ils convoquaient, prorogeaient et dissolvaient à leur gré les assemblées du sénat, disposaient du trésor et même envoyaient des armées en campagne; mais leurs décisions devaient être prises à l'unanimité : l'opposition d'un seul neutralisait la volonté des quatre autres. Cette magistrature fut instituée par Lycurgue vers 884 av. J.-C.; mais elle n'eut d'abord qu'un pouvoir très-limité; le roi Théopompe l'augmenta (770) ; c'est au temps de la guerre du Péloponèse que son influence fut le plus redoutable. Elle fut abolie par Cléomène III. — V. ÉPOPTES.

ÉPHRAÏM, 2e fils de Joseph, fut le chef d'une des douze tribus. Cette tribu habitait entre le Jourdain à l'E., la Méditerranée à l'O., les tribus de Dan et de Benjamin au S., et la demi-tribu occid. de Manassé au N., et avait pour v. princip. Sichem.

EPHRATA, premier nom de Bethléem.

ÉPHREM (S.), Père de l'église syriaque; né à Nisibis en Mésopotamie vers 320, mort en 379, était né païen. Instruit dans le Christianisme par S. Jacques, évêque de sa ville natale, il embrassa l'état monastique et se retira dans une solitude voisine. Il se lia avec S. Basile, fit un grand nombre de conversions, et combattit les hérésies de Bardesane, Marcion, Manès. Il refusa l'épiscopat. On a de lui, outre ses écrits contre les hérétiques, des Commentaires sur l'Écriture sainte et des poésies sacrées. Ses ouvrages sont écrits en syriaque; ils ont été de bonne heure traduits en grec Ils ont été publiés par Gérard Vossius en 3 v. in-fol., Rome, 1589-97; réimprimés à Rome par Assemani, de 1732 à 1746, syriaque, grec et latin, et reproduits dans la collection de l'abbé Migne. L’Explication des Épîtres de S. Paul, de S. Éphrem, retrouvée dans une trad. arménienne, a été publ. à Venise en 1833. Une trad. française, des ouvrages de ce Père, faite sur le grec, a paru à Paris en 1840. On l'honore le 1er février et le 9 juillet.

EPHTALITES (HUNS). V. HUNS.

ÉPHYRE, ancien nom de Corinthe.

ÉPICHARIS, affranchie et courtisane romaine, entra dans la conspiration de Pison contre Néron. Ayant été prise, elle refusa, même au milieu des tortures, de nommer ses complices ; enfin, craignant de laisser échapper son secret, elle s'étrangla. Legouvé a fait une tragédie d’Épicharis et Néron.

ÉPICHARME, poëte et philosophe pythagoricien, né dans l'île de Cos, vint fort jeune à Syracuse, et vécut à la cour d'Hiéron I. Il florissait vers l'an 470 av. J.-C., et mourut à 75 ans selon les uns, à 99 selon les autres. On le regarde comme l'inventeur de la comédie régulière : Plaute l'imitait souvent, au dire d'Horace. On lui attribue divers traités de philosophie et de médecine. Il était aussi grammairien : Aristote lui fait honneur de l'introduction du θ et du χ dans l'alphabet grec. Kruseman a publié : Epicharmi fragmenta, Leyde, 1834; ces fragments ont aussi été publiés par Meinecke dans la collection Didot, 1855. On doit à Schmidt De philosophia Epicharmi, Bonn, 1847, et à M. Artaud de savantes recherches sur Épicharme, 1861.

ÉPICNÉMIDIENS (LOCRIENS). V. LOCRIDE.

ÉPICTÈTE, philosophe stoïcien, né à Hiérapolis en Phrygie, fut d'abord esclave à Rome et eut pour maître Épaphrodite, affranchi de Néron. Exilé de Rome lorsque Domitien chassa tous les philosophes, vers l'an 90 de J.-C., il se retira à Nicopolis en Épire, où il ouvrit une école. Il put dans la suite revenir à Rome, et s’y concilia l’estime d’Adrien et de Marc-Aurèle. Ce philosophe était d’une patience inaltérable : un jour, son maître Épaphrodite lui ayant cassé la jambe en la frappant, il se contenta de lui dire : « Je vous avais bien dit que vous me la casseriez. » Il ne reste aucun ouvrage écrit par Épictète lui-même ; mais Arrien, son disciple, a rédigé des Dissertations sur sa vie et sa philosophie, en 8 livres, dont 4 liv. nous sont parvenus, ainsi qu’un Manuel de sa doctrine, connu sous le nom grec d’Enchiridion, et commenté par Simplicius. La morale d’Épictète, toute négative, se réduisait à deux mots : Abstiens-toi, résigne-toi. On a donné une foule d’éditions du Manuel. On trouve cet opuscule réuni aux Dissertations, dans une édit. de Jér. Wolf. gr.-lat., Bâle, 1560. Il a été trad. en français plus de vingt fois, notamment par Duvair (1606), Gilles Boileau (1655), Dacier (1715), Lévesque, Lefebvre de Villebrune (1782), Belin de Ballu (1790), Pillot (1814), Chédieu (1847). Les Dissertations ou Entretiens ont été trad. par Thurot, 1839, et par Courdaveaux, 1862. Schweighæuser a recueilli tout ce qui reste d’Épictète, sous ce titre : Epicteteæ philosophiæ monumenta, Leipsick, 1799-1800, 5 vol. in-8. Il se trouve aussi dans la Bibliothèque grecque des Didot.

ÉPICURE, célèbre philosophe grec, né au bourg de Gargettos, près d’Athènes, en 341 av. J.-C., m. en 270, était fils d’un maître d’école. Il lut de bonne heure Démocrite pour lequel il se passionna, étudia ensuite les principaux systèmes enseignés de son temps, et se crut bientôt en état de former une secte nouvelle. Il enseigna d’abord à Mitylène, puis à Lampsaque et transporta son école à Athènes en 309. Il fit dans cette ville l’acquisition d’un jardin où se réunissaient ses disciples, qui y vivaient en commun. En morale, Épicure enseignait que le plaisir est le souverain bien de l’homme et que tous nos efforts doivent tendre à l’obtenir ; mais il faisait consister le plaisir dans les jouissances de l’esprit et du cœur tout autant que dans celles des sens. En physique, il expliquait tout par le concours fortuit des atomes ; il niait l’immortalité de l’âme ; il admettait des dieux, êtres d’une nature supérieure à l’homme, mais il leur refusait toute action sur le monde et niait la Providence, prétendant ainsi détruire par la racine toute superstition. Il avait composé, selon Diogène Laërce, près de 300 ouvrages, dont aucun ne nous est parvenu. On a seulement de lui deux Lettres, publiées par Schneider (Leipsick, 1813) ; des fragments des livres II et XI d’un Traité sur la nature, retrouvés à Herculanum et publiés par Orellius, Leipsick, 1818. On trouve de nombreux renseignements sur la vie et la doctrine d’Épicure dans Diogène Laërce, livre X. Lucrèce a exposé la physique de ce philosophe dans son poème De Natura rerum. Gassendi s’est efforcé de réhabiliter sa mémoire dans l’ouvrage intitulé : De Vita, moribus et doctrina Epicuri, et de rajeunir sa philosophie dans son Syntagma philosophiæ epicureæ, 1655. Le Batteux a donné en 1758 la Morale d’Épicure.

ÉPIDAMNE, V. d’Illyrie. V. DYRRACHIUM.

ÉPIDAURE, Epidaurus, nom commun à 3 villes grecques : la 1re en Dalmatie, chez les Enchéléens, auj. Ragusi-Vecchio ; - la 2e en Laconie, sur le golfe Argolique, à 5 k. N. de Napoli de Malvoisie ;la 3e et la plus célèbre, en Argolide, sur le golfe Saronique, à 35 k. E. de Nauplie : c’est auj. Pidavro. Esculape en était la divinité principale, et y avait un temple magnifique avec une statue d’or, et un oracle renommé, que l’on venait consulter de toutes les parties de la Grèce. L’Épidaure actuelle possède un métropolitain grec. Il s’y tint en 1822 un congrès national qui proclama l’indépendance de la Grèce.

ÉPIGONES, c.-à-d. nés après, descendants, nom donné aux fils des Sept chefs qui étaient morts au 1er siège de Thèbes. Ces princes, qui étaient aussi au nombre de sept, et dont les principaux étaient : Thersandre, fils de Polynice ; Égialée, fils d’Adraste ; Alcméon, fils d’Amphiaraüs ; Diomède, fils de Tydée ; Sthénélus, fils de Capanée, vinrent, 10 ans après la guerre de Thèbes, mettre de nouveau le siège devant cette ville, s’en emparèrent et mirent Thersandre sur le trône. Cet événement est placé en 1303 av. J.-C. par les uns, vers 1217 ou même 1197 par les autres.

ÉPIMÉNIDE, Crétois, de la v. de Cnosse, contemporain de Solon, avait une grande réputation de piété et passait pour communiquer avec les Dieux. Solon l’appela à Athènes pour purifier la ville, qui avait été affligée de la peste, et pour réformer le culte, 596 av. J.-C. Il mourut vers 538, dans un âge très-avancé. On a débité sur Épiménide des contes ridicules : on prétendait qu’il avait vécu près de 300 ans, qu’il avait dormi pendant cinquante ans dans une caverne, qu’il avait le pouvoir de prédire l’avenir, etc. On lui attribuait plusieurs ouvrages entre autres un poème sur les Argonautes et un traité des sacrifices usités en Crète. Heinrich, dans son Epimenides (Leips., 1801), a réuni tout ce qu’on sait sur sa vie, ses doctrines et ses écrits.

ÉPIMÉTHÉE, fils de Japet et frère de Prométhée, épousa Pandore, et eut l’imprudence d’ouvrir la boîte fatale que cette femme avait reçue de Jupiter, et que Prométhée avait refusée (V. PANDORE). Il fut père de Pyrrha, femme de Deucalion.

ÉPINAC, d’abord Monestoy, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), à 16 k. N. E. d’Autun ; 1000 hab. Houillère, verrerie. Anc. fief relevant de l’évêché d’Autun.

ÉPINAL, ch.-l. du dép. des Vosges, sur la Moselle, à 377 k. E. de Paris ; 12 000 h. Trib., collége, bibliothèque, musée. Chemin de fer, belle promenade dite le Jardin Doublat ; statue de Cl. Lorrain, né près de là. Commerce de plantes oléagineuses ; fabriques de papiers ; imageries, merceries, etc. - Fondée en 980 par un évêque de Metz, sous le nom de Spinalium, cette ville se donna en 1446 au duc de Lorraine. Charles le Téméraire s’en empara en 1473 ; René II de Lorraine la reprit en 1476. Le maréchal de Créqui la prit pour le roi de France en 1760.

ÉPINAY, vge du dép. de la Seine, sur la r. g. du fleuve, à 4 k. N. N. O. de St-Denis, à 11 k. de Paris : 1200 h. Anc. résidence royale, où mourut Dagobert. Lieu natal du maréchal Maison.

ÉPINAY (Mme  d’), fille de M. Tardieu des Clavelles, officier distingué, née vers 1725, morte en 1783, épousa M. de La Live d’Épinay, riche fermier général, son cousin, dont les prodigalités la forcèrent à une séparation. Elle était liée avec les hommes de lettres les plus célèbres, J. J. Rousseau, Grimm, Duclos, Diderot, d’Holbach ; elle combla de bienfaits J. J. Rousseau, qu’elle appelait plaisamment son Ours, et fit bâtir pour lui, auprès de son parc de la Chevrette, dans la vallée de Montmorency, la jolie maison de l’Hermitage ; mais celui-ci, après avoir senti pour elle une vive passion, devint jaloux de Grimm, et ne la paya plus que d’ingratitude. On a de Mme  d’Epinay : Mes Moments heureux (1752) ; Lettres à mon fils (1758) : Conversations d’Émilie (1781), ouvrage fait pour l’enfance et qui obtint en 1783 le prix d’utilité (prix Montyon). On a publié en 1818 : Mémoires et correspondance de Mme  d’Épinay (réimpr. en 1859 d’une manière plus complète par G. Brunet), et postérieurement : Anecdotes inédites, pour faire suite aux Mémoires ; Correspondance inédite de l’abbé Galiani avec Mme  d’Épinay.

ÉPIPHANE (S.), docteur de l’église grecque, archevêque de Constance (l’anc. Salamine) en Chypre, né vers 310 près d’Éleuthéropolis en Palestine, mort en 403, était issu d’une famille juive. Entraîné par l’exemple des solitaires de la Thébaïde, il se retira lui-même dans une solitude près de sa ville natale et y fonda un monastère. C’est de là qu’il fut tiré malgré lui pour être fait évêque (367). Profondément versé dans les Écritures, il ne l’était pas moins dans l’étude des langues : il savait l’hébreu, le syriaque, l’égyptien, le latin et le grec. Il combattit avec le plus grand zèle les erreurs d'Arius et d'Origène : sans se laisser arrêter par aucune considération humaine, il alla à Jérusalem, à Antioche et à Constantinople, accuser les évêques et les solitaires qu'il soupçonnait d'hérésie. On le fête le 12 mai. On a de lui : Panarion ou Antidote contre les hérésies, dans lequel il donne l'histoire et la réfutation d'un grand nombre d'hérésies; un traité des Poids et mesures des Juifs ; Anchora ou l'Ancre, destiné à confirmer les esprits dans la foi. Son style est grossier, incorrect, mais vigoureux. Ses œuvres ont été publiées par le P. Pétau, grec-latin, 1662, 2 vol. in-fol., et dans la collection Migne, l858. Œhler a donné le Panarion à part, Leips. 1860. — Un autre S. Épiphane, évêque de Pavie, né à Pavie en 438, mort en 496, est honoré le 21 janvier. Ennodius a écrit sa vie.

ÉPIPHANE, le Scholastique, vivait en Italie vers l'an 510. A la prière de Cassiodore, il traduisit du grec en latin les histoires ecclésiastiques de Socrate, de Sozomène et de Théodoret, et en fit un abrégé en 12 livres sous le titre d’Historia tripartita (publié à Bâle par Beatus Rhenanus, 1523, traduit en français par L. Cyaneus, Paris, 1568). On lui attribue la trad. latine des Antiquités juives de Josèphe (Oxford, 1700), et de quelques autres ouvrages grecs.

ÉPIPHANE, surnom d'ANTIOCHUS IV, roi de Syrie et de PTOLÉMÉE V, roi d'Égypte. V. ces noms.

ÉPIPHANIE (du grec épiphaneia, manifestation), fête qui se célèbre le 6 janvier, en mémoire du jour où la divinité du Christ fut manifestée aux Gentils par l'adoration des rois Mages. V. MAGES.

ÉPIRE, Epirus (du grec épeiros, continent), auj. l’Albanie merid., contrée de l'anc. Grèce, bornée au N. par l’Illyrie, à l'O. par la mer Ionienne, à l'E. par la Thessalie et au S. par le golfe d'Ambracie et l'Acarnanie, se divisait en Chaonie et Thesprotide à l'O., Athamanie à l'E., Molosside au milieu. Les habitants de l'Épire étaient Pélasges, et cette contrée garda toujours son caractère pélasgique; aussi passait-elle aux yeux des Grecs pour barbare. Elle avait pour v. princ. Ambracie, Buthrotum, Larta, Dodone, qui en était le ch.-l. religieux. — Sous l'empire romain, au IVe siècle, on donna le nom d'Épire à une des 6 provinces du diocèse de Macédoine : elle se subdivisait en Anc.-Épire, formée de l'Épire propre, de l'Ambracie et de l'Acarnanie, ch.-l. Nicopolis; et Nouv.-Épire, répondant à l'Illyrie proprement dite, ch.-l. Dyrrachium. Les Pélasges vinrent occuper l'Épire vers le XIXe siècle av. J.-C., sous la conduite des fils de Lycaon. Vers 1280, des princes héraclides envahirent cette contrée; peu après, Néoptolème ou Pyrrhus, fils d'Achille, chassé de Thessalie, vint en Épire fonder le roy. des Molosses (1270); des rois inconnus régnèrent après lui jusqu'à Adméte (480). Sous ce dernier et ses successeurs le roy. des Molosses s'agrandit peu à peu, et enfin en 342, sous Alexandre I, il comprit l'Épire tout entière. L'aventureux Pyrrhus (295-272), jeta un instant quelque éclat sur l'Épire. En 229, ce pays voulut se constituer en république, mais il ne tarda pas à tomber sous l'influence de la Macédoine. Après que Persée eut été vaincu à Pydna, Paul-Émile soumit l'Épire, en 167, et la réduisit en prov. romaine. Elle fit partie de l'empire grec jusqu'à l'invasion des Turcs, qui en firent la conquête en 1435; Scanderbeg lui rendit un instant l'indépendance (1444), mais elle retomba dès 1467 sous le joug des turcs, qui la possèdent encore. Auj. l'Épire, habitée principalement par les Arnautes, forme la partie S. de l'Albanie ou pachalik de Janina. Elle compte env. 375 000 h., dont 311 000 chrétiens.

Rois d'Épire
Admète, 480 Alcétas II, 312
Tarrutas, 479 Pyrrhus II, d'abord avec Néoptolème III, puis seul, 295
Alcétas I, 395 Alexandre II, 272
Arymbas, et Néoptolème II, 361 Pyrrhus III, avec Ptolémée, 242-229
Alexandre I, 342
Éacide, 331

ÉPISCOPAUX, adhérents de l'église anglicane, sont ainsi nommés par opposition aux Presbytériens, parce qu'ils admettent des évêques, tandis que les Presbytériens rejettent toute hiérarchie ecclésiastique.

ÉPISCOPIUS (Simon BISSCHOP, dit), Arminien zélé, né à Amsterdam en 1583, mort en 1643, étudia sous Arminius, professa la théologie à Leyde en 1612, et remplit cette chaire jusqu'au synode de Dordrecht en 1618. La doctrine qu'il soutenait ayant été condamnée dans ce synode, il fut forcé de s'expatrier : il se retira en France, où il fut fort bien accueilli par Grotius, alors ambassadeur de Suède. En 1626 il rentra en Hollande, et il professa la théologie à Amsterdam depuis 1634 jusqu'à sa mort. Il a laissé un assez grand nombre d'ouvrages de théologie, parmi lesquels on remarque ses Institutiones theologicæ et l’Apologie des Remontrants (ou Arminiens), qui ont été réunis en 2 v. in-fol., Amsterdam, 1650. Bossuet a attaqué Épiscopius comme entaché de semi-pélagianisme et de socinianisme. Zélé partisan de la tolérance, il recommandait, avec Lactance, de convertir les incrédules verbis, non verberibus. Ses ouvrages sont condamnés à Rome.

ÉPOISSES, bourg de la Côte-d'Or, à 11 kil. O. de Semur; 1200 hab. Fromages renommés. Les Mérovingiens avaient une résidence dans ce bourg; il fut érigé en marquisat en 1613.

ÉPONINE, femme de J. Sabinus, est célèbre par son dévouement conjugal. V. SABINUS.

ÉPOPTES, c.-à-d. Voyants, nom donné dans les mystères d'Éleusis aux initiés aux grands mystères.

EPOREDIA, V. de Gaule Cisalpine, auj. Ivrée.

ÉPRÉMESNIL (J. J. DUVAL d'), conseiller au parlement de Paris, né en 1746 à Pondichéry, se rendit populaire par la violence avec laquelle il attaqua la cour, qui exigeait du parlement l'enregistrement de divers édits repoussés par cette compagnie, demanda avec instance la convocation des États généraux, et fit partie de l'Assemblée nationale; mais bientôt il recula devant cette Révolution qu'il avait appelée. Il devint dès lors l'objet de la haine du peuple dont il avait eu un instant la faveur : traduit devant le tribunal révolutionnaire, il fut condamné à mort, et exécuté en 1794.

ÉPREUVES JUDICIAIRES. V. JUGEMENTS DE DIEU.

EPSOM, bourg d'Angleterre (Surrey), à 22 kil. S. O. de Londres; 3200 hab. Eaux minérales découvertes en 1613 et dont on extrait un sel purgatif dit sel d'Epsom. Il se fait à Epsom le 21 mai de chaque année, depuis 1779, de célèbres courses de chevaux.

EPTE, petite riv. de France, naît à 3 k. N. de Forges (Seine-Inf.), passe par Gournay, Gisors, St-Clair, Bray, et se perd dans la Seine à 4 kil. au-dessus de Vernon; cours, 85 kil. L'Epte séparait autrefois la Normandie de l'Île-de-France.

ÉPULONS (du lat. epulæ, repas), prêtres de l'anc. Rome, chargés de faire préparer et servir les banquets sacrés offerts aux dieux dans leurs temples, ou donnés à la suite de jeux publics. Ils furent créés l'an 188 av. J.-C., au nombre de 3, pour remplacer les pontifes dans cet office, qui leur avait jusqu'alors été dévolu. Vers le temps de Sylla, leur nombre fut porté à 7, d'où leur vint le nom de Septemviri epulones. Ils formaient un des 4 collèges sacerdotaux et portaient la robe prétexte. Ils étaient élus à vie.

ÉQUATEUR, grand cercle de la sphère. V. cet article au Dictionnaire univ. des Sciences.

ÉQUATEUR (République de l'), contrée de l'Amérique mérid., située presque tout entière sous l'équateur, d'où elle a pris son nom, forme un État indépendant, borné au N. par la Nouv.-Grenade, à l'E. par le Brésil, au S. par le Pérou, et à l'O. par l'Océan Pacifique; env. 1200 kil. de l'E. à l'O., et 840 du N. au S.; 700 000 hab.; capit., Quito ; port principal, Guayaquil. Cet État est traversé par la chaîne des Andes et renferme les célèbres montagnes de Chimborazo, Cayambe, Antisana, Guamani, Imbabura, Cotopaxi, Pichincha. Il est arrosé par la Mira, le RioSantiago, l’Esmeraldas et le Daule, tributaires de l’Océan Pacifique ; par le haut Maragnon et plusieurs de ses affluents, le Marona Moscas, le Pastaça, le Napo, le Putumayo, le Yupura dont les eaux se rendent à l’Océan Atlantique. Grâce à l’élévation du sol, le climat est tempéré, sain et très beau, surtout dans la vallée de Quito. Belles forêts, récolte abondante de grains, pommes de terre, riz, quinquina, fruits des tropiques, cacao, vanille, indigo, coton, tabac, canne à sucre. Mines très-riches, mais peu exploitées. Industrie peu développée. — Ce pays faisait jadis partie de l’empire du Pérou ; depuis la conquête, il appartint à l’Espagne. Affranchi en 1822 par Bolivar (V. ce nom), il fit pendant quelques années partie de la Confédération des États-Unis de l’Amérique du Sud ou Colombie : il y formait les trois dép. de l’Équateur, de Guayaquil et de l’Assuay. Il s’en détacha en 1831 pour former un État indépendant. Il se divise en 7 prov. : Pichincha, Chimboraço, Imbabura, Guayaquil, Manabi, Cuença, Loxa. La constitution, rédigée en 1835, modifiée en 1838, a été refaite en 1850. Ce pays n’en est pas moins agité par des troubles continuels.

ÈQUES, Æqui ou Æquicolæ, petit peuple du Latium, d’origine osque, au N. des Herniques et des Volsques. Præneste (auj. Palestrine), Carseoli, Treba, étaient leurs villes principales. Ils firent à Rome naissante une guerre acharnée, de l’an 473 à 401 av. J.-C., tantôt seuls, tantôt unis avec les peuples voisins, Latins, Sabins, Étrusques ou Volsques ; et quelquefois, notamment en 463 et 458, ils la mirent en danger. En 305, ils reprirent les armes pendant la Guerre du Samnium et furent écrasés.

ÉQUESTRE (ordre). V. chevaliers.

EQUICOLA (Mario), écrivain italien, né au bourg d’Alveto, dans le pays des anc. Èques, vécut à la cour des princes de Ferrare et de Mantoue, et publia en 1521 une Histoire estimée de Mantoue, Ferrare, 1521. On a aussi de lui un livre célèbre : Della natura d’Amore, 1525, trad. par Chappuis, Lyon, 1584.

ÉQUINOXES, époque de l’année où la durée du jour et celle de la nuit sont égales. V. cet art. au Dictionnaire univ. des Sciences.

ÉQUINOXIALE (Ligne). V. ÉQUATEUR au Dict. univ. des Sciences.

ÉQUINOXIALES (Régions), régions comprises entre le 10° ou 12° degré au-dessus de l’équateur et le 10 ou 12° degré au-dessous. Ce sont le N. de l’Amérique mérid., le milieu de l’Océan Pacifique, les îles Salomon, la Nouv.-Guinée, les îles Moluques, les îles de la Sonde, le N. de la mer des Indes, l’Afrique intérieure, une partie de la Guinée et le milieu de l’Océan Atlantique. C’est la partie la plus chaude de la zone torride.

On appelle Océan équinoxial la partie du grand Océan qui s’étend du tropique du Cancer au tropique du Capricorne, entre l’Asie et l’Amérique, baignant la plupart des îles de l’Océanie.

EQUOTUTICUM, Ariano, v. du Samnium, chez les Hirpini, au N. E. de Bénévent, avait été fondée par Diomède. C’est d’elle qu’Horace a dit :

Oppidulo quod versu dicere non est (Sat. 1, 5).

ÉRARD (Sébastien), facteur de pianos, né à Strasbourg en 1752, mort en 1831, était fils d’un fabricant de meubles. Il vint dès 1768 Paris, y établit en 1780 une fabrique de pianos qui obtint bientôt la vogue, allas fonder à Londres un établissement du même genre, et se fixa définitivement à Paris à partir de 1812. Érard perfectionna le piano, l’orgue et la harpe. Il construisit les premiers pianos à queue (1796) et à double échappement (1823) ; inventa les harpes à fourchettes (1789) et le mécanisme à double mouvement pour harpe (1810) ; il réussit à rendre expressif le jeu de l’orgue au moyen de la seule pression du doigt 1827). — Son neveu, Pierre E. (1794-1855), étendit encore la réputation de sa maison par de nouvelles inventions et d’heureux perfectionnement.

ÉRARIC, roi des Ostrogoths, était d’abord le chef des Rugiens, peuple du Nord qui avait accompagné Théodoric en Italie. Il fut élevé sut le trône en 541. Voyant la domination des Ostrogoths en Italie ébranlée par les conquêtes de Bélisaire, il traita avec l’empereur Justinien pour lui livrer ses États ; mais il fut tué par ses soldats avant la fin de là négociation.

ÉRASISTRATE, médecin grec du IIIe s. av. J.-C, né à Iulis dans l’île de Céos, m. en 257, était, selon Pline, un descendant d’Aristote. Appelé par le roi de Syrie, Séleucus Nicator, pour traiter son fils, la jeune Antiochus, qu’on croyait attaqué d’une maladie incurable, il découvrit que son mal venait uniquement de l’amour sans espoir qu’il avait conçu pour Stratonice, 2e femme ds son propre père. Il dévoila au roi la cause de la maladie de son fils, et lui persuada de lui céder la reine. Érasistrate est, dit-on, le premier qui ait disséqué des corps humains. Il fut le chef de la secte dite des Méthodistes, opposée à celle des Empiriques. Il avait écrit des ouvrages qui sont perdus ; mais Galien, qui le cite souvent, fait assez bien connaître ses doctrines.

ÉRASME, Desiderius Erasmus, célèbre écrivain du XVe siècle, né à Rotterdam en 1467, était fils naturel. Il fut d’abord enfant de chœur, entra jeune dans l’état monastique, dont il se dégoûta bientôt. Vint terminer ses études au collège de Montaigu à Paris, et alla prendre le bonnet de docteur en théologie à Bologne (1506). Il fut quelque temps précepteur d’un fils de Jacques IV, roi d’Écosse, avec lequel il voyagea en Italie. Il se fit bientôt une telle réputation par ses écrits, que plusieurs princes voulurent l’attirer auprès d’eux : il visita Rome, où Léon X tenta de le retenir ; passa en Angleterre, où il fut fort bien accueilli par Henri VIII et où il se lia avec Thomas Morus ; enseigna quelque temps le grec à Oxford et à Cambridge ; refusa les offres de François I, qui voulait le placer à la tête du Collége de France, et reçut de Charles-Quint, dans les États duquel il était né, le titre de conseiller, avec une pension, En 1521 il se fixa à Bâle auprès de l’imprimeur Froben son ami, pour surveiller l’impression de ses ouvrages. Il mourut dans cette v. en 1536. Le pape Paul III pensait à le faire cardinal. Érasme, était à la fois l’homme le plus savant, l’écrivain le plus pur, le plus élégant, le plus spirituel, et l’un des hommes les plus sages de son temps. Il était partisan, d’une prudente réforme dans le clergé, et eut à ce sujet une correspondance avec Luther ; mais il s’éloigna de lui quand il le vit recourir à la violence ; n’aimant pas, disait-il, la vérité séditieuse ; il le réfuta même dans son Traité du libre arbitre. Toutefois, il se fiait trop à ses propres lumières en matière de religion : ce qui l’entraîna dans quelques erreurs et fit mettre plusieurs de ses ouvrages à l’Index par le concile de Trente. Ses principaux écrits, tous en latin, sont : De Copia verborum et rerum ; les Adages ; les Apophthegmes ; les Colloques, dialogues satiriques dans le genre de Lucien ; l’Éloge de la Folie, piquante satire de tous les états de la vie. Ses Lettres fournissent de précieux renseignements sur sa personne et son époque. Érasme contribua puissamment à la renaissance des lettres par ses écrits et par la publication d’auteurs anciens : on lui doit l’éd. princeps du texte grec de la Géographie de Ptolémée, celle de la trad. grecque du Nouveau Testament, qu’il accompagna d’une version latine et d’une Paraphrase, et des éd. de S. Jérôme, S. Athanase, S. Basile, S. Jean Chrysostôme, etc. Ses œuvres ont été réunies en 8 vol. in fol., Bâle, 1540, et 10 vol. in-fol., Leyde, 1703-6. Les Colloques et l’Éloge de la Folie on été plusieurs fois trad. en français, notamment par Lavaux, 1780, et Barrett, 1789. L. de Burigny a écrit une Hist. de la vie et des ouvrages d’Érasme, 1757. M. D. Nisard lui a consacré un chapitre étendu dans ses Études sur la Renaissance.

ÉRATO (du grec ératos, aimable), muse qui présidait à la poésie lyrique et anacréontique. C’est une jeune nymphe, vive et enjouée, couronnée de myrte et de roses; de la main gauche, elle tient une lyre, et de l'autre un archet (plectrum); près d'elle est un Amour, avec un flambeau allumé.

ÉRATOSTHÈNE, savant grec à la fois géomètre, astronome, géographe, philosophe, grammairien et poëte, était né à Cyrène vers l'an 276 av. J.-C., et fut bibliothécaire d'Alexandrie sous Ptolémée Évergète. Ayant perdu la vue, il se laissa, dit-on, mourir de faim à l'âge de 82 ans (194). Ératosthène sut le premier mesurer un degré du méridien et évaluer la grandeur de la terre, qu'il estima à 252 000 stades de circonférence ; il démontra l'inclinaison de l'écliptique sur l'équateur et fixa cette inclinaison à 23° 51' ; il inventa la sphère armillaire et construisit le premier observatoire. Il laissa une carte générale qui fut longtemps l'unique base de la géographie : il y donnait à l'arc du méridien compris entre les deux tropiques 47° 42' ; vingt siècles après lui, l'Académie des sciences de Paris retrouvait à très peu près la même mesure (47° 40'). Comme mathématicien, il inventa une méthode, dite crible d'Ératosthène, pour connaître par exclusion tous les nombres premiers, résolut le problème de la duplication du cube, et imagina le mésolabe, instrument propre à connaître les moyennes proportionnelles. En histoire, il continua les recherches de Manéthon sur l’Égypte ancienne, et dressa une chronologie des rois thébains. Il avait composé une description de la Grèce, un précis des conquêtes d'Alexandre, et avait même écrit sur la vieille comédie attique. Malheureusement il ne reste de lui que quelques fragments, publiés par Car. Seidel, Gœttingue, 1798, grec-latin, et d'une manière plus complète par Gott. Bernhardy, sous le titre: d’Eratosthenica, Berlin, 1822.

ERBACH, ville du grand-duché de Hesse-Darmstadt, à 41 kil. S. E. de Darmstadt; 2000 hab. Elle possède un vieux château et un musée où se voit entre autres antiquités le tombeau d'Éginhard. Restes d'une maison de Templiers. Cette v. a donné son nom aux comtes d'Erbach, qui prétendent descendre d'Éginhard et d'Emma, fille de Charlemagne, qui avait, dit-on, épousé Éginhard.

ERBIL, l'anc. Arbela, v. forte de la Turquie d'Asie (Mossoul), ch.-l. d'un livah, à 85 k. S. E. de Mossoul; 4000 h., la plupart Kourdes

ERCHINOALD, seigneur neustrien, parent, par sa mère, du roi Dagobert I, remplaça Éga dans la mairie de Neustrie (640) et y joignit en 641 la mairie de Bourgogne,. Après la disparition du jeune Dagobert en Austrasie (657), il réunit sur la tête de Clotaire III, fils aîné de Clovis II, les 3 couronnes de Neustrie, de Bourgogne et d'Austrasie et gouverna au nom de ce prince. M. en 659.

ERCILLA (don Alonzo d'), poëte épique et guerrier espagnol, né à Madrid en 1533, mort en 1596, accompagna en qualité de page l'infant don Philippe (Philippe II) dans ses voyages en France, en Italie, en Allemagne, en Angleterre ; s'embarqua en 1547 pour aller combattre au Chili des peuplades révoltées, se couvrit de gloire dans une expédition contre les Araucans, et chanta lui-même ses exploits dans le poème de l’Araucana. Il revint en Espagne en 1564, et y publia son poëme, en 3 parties, qui parurent en 1569, 1578 et 1590. Cet ouvrage, plusieurs fois réimprimé en Espagne, a été trad. et abrégé par M. Gilibert de Merlhiac, Paris, 1824. On est partagé sur le mérite de l’'Araucana; Cervantès l'égale aux chefs-d'œuvre de l'Italie; cependant il pèche par le plan : on peut le placer à côté de la Henriade.

ERDRE, riv. de France, naît à 11 kil. E. de Gandé (Maine-et-Loire), passe à Nort et se perd dans la Loire à Nantes; cours, 90 kil.

ÈRE. Les principales ères sont :

L'ère chrétienne, qui commence à la naissance de J.-C., ou plutôt, par une erreur consacrée, 4 ans ou, selon d'autres, 7 ans après la véritable époque de cette naissance. C'est par rapport à cette ère que l'on compte les années, soit en remontant pour les événements antérieurs à la naissance de J.-C., soit en descendant, pour les événements postérieurs. C'est aussi à elle qu'on rapporte toutes les autres ères.

Ères antérieures à J.-C.
L'ère mondaine des Juifs ou de la création :
Suivant l'Église grecque, 5508 av. J.-C.
Suivant l'Art de vérifier les dates, 4963
Suivant Usserius et la chronologie vulgaire, 4004
indoue de Kaliouga, 3101
des Chinois (selon de Guignes), 2697
des Olympiades, 776
de la fondation de Rome, selon Varron, 753
selon les Marbres Capitolins, 752
selon Caton, 752
de Nabonassar (selon Cl.Ptolémée), 747
d'Alexandre (à partir de sa mort), ou Ère des Lagides, 323
des Séleucides, 312
julienne, 45
d'Actium, 31
des Augustes ou de l'Empire, 27
Ères postérieures à J.-C.
de Dioclétien ou des Martyrs, 284
des Arméniens, 532
de l'hégire ou fuite de Mahomet, 622
persane d'Yezdedgerd, 632
du concile de Constantinople (établie par l'Église grecque), 680
américaine, 4 juillet, 1774
de la République française, 22 sept. 1792

ÉRÈBE, c.-à-d. en. grec ténèbres, fils du Chaos, frère et époux de la Nuit, et père du Jour, fut métamorphosé en fleuve; et précipité dans les Enfers pour avoir secouru les Titans. — Le nom d'Érèbe se prend aussi chez les poëtes pour l'Enfer.

ÉRECHTHÉE, roi fabuleux d'Athènes, qu'on fait régner de 1525 à 1460, était fils de Pandion. Les Thraces ayant envahi l'Attique et pris Éleusis, il immola sa fille Chthonie, pour obtenir sur eux la victoire. Il tua dans le combat Eumolpe, fils de Neptune, et fut en punition frappé de la foudre. On lui attribue l'institution des mystères d'Éleusis. Une tribu de l'Attique portait son nom. V. ÉRECHTHONIUS.

ÉREKLI, Heraclea ou Perinthus chez les anc., v. et port de la Turquie d'Europe (Roumélie); sur la mer de Marmara, à 85 kil. O. de Constantinople. Évêché grec. — Heraclea Pontica, v. de la Turquie d'Asie,, dans l'Anatolie, sur un golfe de la mer Noire, à 198 kil. E. N. E. de Constantinople et à 67 k. N. O. de Boli ; 5000 hab. Port, murailles. Soie, châles, cire, bois de construction, riz, sucre, café, tabac.

ÉRÉSICHTHON, fils de Triopas, roi de Thessalie. Ayant profané une forêt consacrée à Cérès en y abattant un chêne, la déesse l'en punit en l'exposant à une faim insatiable; il expira dans de cruels tourments, après avoir dévoré ses propres membres. Sa fille Métra, qui était douée du pouvoir de se métamorphoser, employa inutilement les moyens, les plus ingénieux pour assouvir sa faim, en se transformant de mille manières. Ovide, dans ses Métamorphoses, et Callimaque, dans son Hymne à Cérès, ont admirablement décrit le supplice d'Érésichthon.

ERÆSOS, Erissi, v. de l'île de Lesbos, sur la côte S. O. Patrie de Théophraste.

ÉRÉTRIE, Eretria, auj. Paleo-Castro, une des princip. v. de l'île d'Eubée, sur la côte occid., au S. E. de Chalcis, fut saccagée par les Perses 490 av. J.-C. Patrie du philosophe Ménédème, un des chefs de l'école d'Élis, dite aussi école d'Érétrie.

ERFURT, Erfordia, v. des États prussiens (Saxe), dans l'anc. Thuringe, ch.-l. du gouvt d'Erfurt, à 280 kil. S. O. de Berlin; 32 000 hab. : elle en comptait 58 000 au XVIe siècle. Place-forte de second rang, avec deux citadelles faites des restes de deux anc. abbayes. Jardins nombreux à l'intérieur;, 5 grandes places; cathédrale gothique, possédant une cloche de 275 quintaux. Soc. des sciences utiles, biblioth., établissements d'instruction, anc. université (créée en 1389, supprimée en 1816). Industrie active, tissus, tanneries, distilleries et brasseries ; boutons de métal, moulins à poudre, à papier, à huile, etc. — Erfurt était une v. importante dès le VIIIe siècle. S. Boniface y fonda un évêché en 741. Au temps de Charlemagne, c'était une des cités les plus commerçantes de l'Allemagne. Pendant les XIVe, XVe et XVIe siècles, cette ville, protégée par les électeurs de Saxe, fut l'entrepôt du commerce entre la Haute et la Basse-Allemagne. En 1648, elle fut cédée à l'archevêque électeur de Mayence. En 1759, elle fut occupée par les Prussiens. En 1803, elle fut cédée à la Prusse : de 1806 à 1813 elle fut au pouvoir des Français. Il s'y tint en 1808 un célèbre congrès connu sous le nom d’entrevue d'Erfurt, où assistèrent les empereurs Napoléon et Alexandre et les souverains de l'Allemagne, à l'exception du roi de Prusse et de l'empereur d'Autriche. En 1813, Erfurt fut prise par les Prussiens, auxquels les traités de 1815 en assurèrent la possession. En 1850, il s'y tint une assemblée qui entreprit, mais sans résultat, de réviser la constitution fédérale. — Le gouvt d'Erfurt a sa partie principale située entre le Hanovre, le duché de Brunswick et le gouvt de Merseburg, et possède deux enclaves dans les duchés de Saxe et de Brunswick ; il compte 325 000 hab.

ÉRIC (d’Ehrenreich, riche en honneur), nom de plusieurs rois de Suède et de Danemark.

I. Suède.

La Suède compte 14 princes de ce nom ; l'histoire des 8 premiers, qui régnèrent du VIIIe au Xe siècle, est fabuleuse ou incertaine. Avec l’Art de vérifier les dates, nous ne mentionnerons ces princes qu'à partir d'Éric IX : ils régnèrent dans les IXe et Xe siècles.

ÉRIC IX (S.), élu en 1150, était fils d'un seigneur puissant nommé Iwar. Il réunit la Suède et la Gothie, qui avaient été jusque-là séparées, conquit la Finlande, essaya d'introduire le Christianisme en Suède, créa plusieurs institutions sages et donna un code à ses sujets. Il fut tué en 1161 à Upsal, par Magnus Éricson, prince danois, qui avait fait une invasion dans ses États. On l'honore le 18 mai.

ÉRIC X, Canutson, petit-fils de S. Éric, et fils de Canut Ericson, régna de 1210 à 1216. Il est le 1er qui ait été couronné solennellement roi de Suède.

ÉRIC XI, le Bègue, parvint au trône en 1222, après Jean I, le dernier des Swerker, et mourut en 1250. Il ne laissa point d'enfants, et la couronne de Suède passa dans la maison des Folkungar.

ÉRIC XII fut mis par les Suédois révoltés à la place de son père Magnus II, puis partagea le trône avec lui, de 1344 à 1350, mais ce partage fit naître une guerre entre le père et le fils; celui-ci m. empoisonné, dit-on, par sa propre mère, Blanche de Namur (1359).

ÉRIC XIII (IXe en Danemark), né en 1382. était fils de Wratislas, duc de Poméranie, et de Marie, nièce de la fameuse Marguerite de Waldemar, dite la Sémiramis du Nord. Nommé en 1397 par cette dernière princesse héritier des couronnes de Danemark, de Suède et de Norwége, il régna quelque temps conjointement avec elle. A la mort de Marguerite (1412), il resta seul maître du trône ; mais dénué de talents, lâche et cruel à la fois, il échoua dans une guerre qu'il avait entreprise contre le Holstein et fut déposé en 1439 ; il mourut dix ans après, dans la Poméranie, où il s'était retiré.

ÉRIC XIV, fils de Gustave Wasa, né en 1533, succéda à son père en 1560. Il épousa Catherine Mansdoter, fille d'un simple caporal, ce qui indisposa tous les grands du royaume. Quelques revers qu'il essuya dans une guerre contre le Danemark, et le choix qu'il fit pour favori d'un homme vil et cruel, Jœran Pehrson, portèrent le mécontentement à son comble. Ses deux frères, Jean et Charles, dont les jours étaient menacés, se révoltèrent contre lui, et il fut forcé en 1568 de résigner sa couronne entre les mains du premier. Il fut jeté dans un cachot, et périt en 1577, assassiné par des émissaires de son frère Jean. Ce prince était sujet à des attaques de folie.

II. Danemark.

ÉRIC III, le Bon, 1095-1103, fit avec succès la guerre aux Vandales, renonça au droit de faire la guerre sans le consentement des États, et se fit chérir du peuple par sa bonté. Il se rendit cependant coupable d'un meurtre : il allait, en expiation, à Jérusalem, lorsqu'il mourut, en 1103, dans l'île de Chypre.

ÉRIC IV, 1134-1137, battit les pirates de l'île de Rugen, et périt assassiné au retour de cette expédition.

ÉRIC V, l'Agneau, 1137-1147, mourut à Odensée, dans un monastère où il s'était retiré. — Les règnes d'Éric VI (1241-50), VII (1259-86), VIII (1286-1320), n'offrent rien de remarquable. Éric VI fut mis à mort par son frère Abel, qui le remplaça sur le trône. Éric VII fut également assassiné en 1286. Éric VIII, son fils, eut une minorité orageuse sous la tutelle de sa mère Agnès de Brandebourg, et mourut en 1319, laissant le royaume en proie aux dissensions. — Éric IX est le même que Éric XIII, roi de Suède.

ERICHTHONIUS, roi d'Athènes, régna de 1573 à 1556 av. J.-C.; il avait les jambes contrefaites, ce qui le fit passer pour fils de Vulcain. On lui attribue l'invention des chars. — Roi de Troie, fils de Dardanus et frère d'Ilus, régnait vers 1416 av. J.-C. Il fut père de Tros.

ERICUSA ou ERICODES, auj. Alicuri, une des îles Éoliennes, la plus occidentale. V. LIPARI.

ÉRIDAN, un des noms du Pô chez les anciens.

ÉRIÉ, grand lac de l'Amérique du Nord, entre 76° 30-80° 40' long. O., 41° 50'-43° lat. N., sépare le haut Canada des États-Unis. Il est de forme ovale et a 450 kil. sur 100. A l'O. il communique par l'intermédiaire de la rivière Détroit avec le lac Huron, à l'E. avec le lac Ontario par le Niagara ; un canal de 500 kil., construit de 1823 à 1825, l'unit au fleuve Hudson. Le lac Érié reçoit une infinité de rivières, dont les principales sont le Huron, le Black-River, la Rocky et la Guyahoga. Il renferme aussi plusieurs îles peu importantes. Ses principaux ports, situés sur la Côte S., sont Buffalo, Érié, Cleveland, Sandusky. La navigation de ce lac est peu sûre : il y règne de violentes tempêtes. Une flotte anglaise y fut défaite et prise par les Américains le 10 sept. 1813.

ÉRIÉ, v. des États-Unis (Pensylvanie), ch.-l. de comté, sur la côte mérid. du lac qui en prend son nom, à 180 kil. de Pittburg ; 6000 hab. Port, batteries et blochkaus ; chemin de fer, canal. Cette ville fut fondée en 1794.

ÉRIGÈNE (SCOT), V. SCOT ÉRIGÈNE.

ERIGON, auj. Vistritza, riv. de l'anc. Macédoine, coule de l'O. au S. E., arrose l'Émathie et se jette dans l'Axius, après un cours d'env. 60 kil.

ÉRIGONE, fille de l'Athénien Icarius, qui avait introduit dans ses États le culte de Bacchus, fut aimée du dieu, qui, pour la séduire, se transforma en grappe de raisin. Apprenant la mort de son père, qui avait été massacré par des bergers ivres, elle se pendit de désespoir. Jupiter, pour récompenser sa piété filiale, la plaça dans la constellation de la Vierge.

ÉRIN, ancien nom de l’Irlande.

ÉRINNE, jeune femme poëte, compatriote, disciple et amie de Sapho, mourut dès l'âge de 18 ans. On a d'elle quelques fragments, dont le principal est le début d'une Ode à la Force (dans les Carmina novem poetarum fæminarum, Anvers, I568, et les Poetæ lyrici de Bergk, 1843).

ÉRINNYS, une des Furies. V. FURIES.

ÉRIPIHYLE, femme du devin Amphiaraüs, trahit son époux qui s'était caché pour ne pas aller à la guerre de Thèbes, où son art lui avait appris qu'il devait périr. Un collier et un voile qu'elle reçut de Polynice furent le prix de cette trahison. Alcméon, fils d'Amphiaraüs, chargé par celui-ci du soin de sa vengeance, immola sa mère. Ce meurtre, que Sophocle avait mis sur la scène dans une pièce auj. perdue, est le sujet de l’Ériphyle de Voltaire. — Le fatal collier d'Ériphyle fut depuis donné par Alcméon à Alphésibée, fille du roi Phégée, qu'il avait épousée.

ÉRISTIQUE (École), V. EUCLIDE de Mégare.

ÉRIVAN, Eroanum, v. forte de la Russie d'Asie, autrefois dans l'Arménie, ch.-l. du gouvt d'Érivan ou Arménie Russe, sur le Zenghi, à 55 kil. N. E. du mont Ararat; 12 000 hab. Archevêché arménien ; églises gréco-russes et arméniennes, mosquées. Fonderie de canons, casernes, etc. Commerce assez actif en tanneries, poterie, tissus de coton, avec la Russie et la Turquie. — Érivan occupe la place du champ de bataille où Érovant, qui avait chassé Ardaschès du trône d'Arménie, fut défait par les Perses à la fin du 1er siècle de notre ère. Déjà puissante au VIIe s., elle devint au XVIe la résidence des Sophis de Perse. Les Turcs la prirent en 1553 et 1582. Abbas le Grand la recouvra en 1604. Les Turcs s'en emparèrent de nouveau en 1635; ils la perdirent, pour la reprendre en 1724. Thamas Rouli-khan s'en rendit maître en 1735; elle se soumit à la Perse en 1769. Les Russes l'assiégèrent en vain en 1808; mais en 1827, le général Paskévitsch s'en empara, ce qui lui valut le titre d'Érivansky. Par le traité de Tourkmank-tchaï, 1828, la Perse l'a cédée définitivement à la Russie. — Le gouvt d'Érivan, dit aussi Arménie russe, situé entre la Géorgie, l'Aderbaïdjan et la Turquie d'Asie, est formé de l'anc. province persane d'Érivan et de la presque totalité du pachalik turc d'Akhal-tsikhé et compte 180 000 h. Il est arrosé par le Kour, l'Aras, l'Arpatchai, et contient un grand lac, le Sevanga ou Goktcha. Habitants : Arméniens, Tadjiks, Kourdes et Russes.

ERIZZO (Séb.), Erycius, antiquaire et littérateur vénitien, né en 1522, mort en 1585, était membre du Conseil des Dix. Il a publié un Traité sur les médailles et les monnaies des anciens, Venise, 1559, ouvrage estimé. On a aussi de lui un recueil de nouvelles morales, intitulé les Six Journées, qui n'a été publié qu'en 1794 (Livourne, 1 v. in-4); et une trad. italienne de plusieurs Dialogues de Platon, Ven., 1574.

ERIZZO, doge de Venise de 1632 à 1645, équipa une flotte pour délivrer Candie assiégée par les Turcs, mais mourut au moment du départ.

ERLACH, Cerlier en français, petite v. de Suisse (Berne), sur le lac de Bienne, à 27 kil. N. O. de Berne; 1100 h. Château seigneurial, berceau de la famille d'Erlach, famille originaire de Bourgogne, qui depuis le XIIe siècle joua un rôle important soit à Berne, soit en France. Les Bernois occupèrent le château en 1474, au commencement de la guerre contre la Bourgogne, et ils l'ont gardé depuis.

ERLACH (Rod. d'), noble bernois, illustre au XIVe s., défendit Berne contre le comte de Nydau et plusieurs autres seigneurs voisins, et gagna sur eux en 1339 la bataille de Laupen qui assura l'indépendance des Bernois. Il mourut en 1360 assassiné par son gendre. — J. Louis d'Erlach, lieutenant général, né en 1595, mort en 1650, servit avec gloire pendant la guerre de Trente ans sous Gustave-Adolphe et Bernard de Saxe. Après la mort de ce dernier, il entra au service de la France, eut une grande part à la victoire de Lens, 1648, et fut en récompense nommé gouverneur de Brisach et maréchal de France — Charles Louis d'Erlach, né en 1725 à Berne, servit d'abord en France, revint dans sa patrie en 1789, y reçut le commandement en chef de l'armée suisse lors de l'invasion des Français en 1798, et résista courageusement aux généraux Brune et Schauenbourg, mais ne put empêcher la prise de Berne et périt dans une sédition, assassiné par ses propres soldats. — Rodolphe Louis d'Erlach, 1749-1817, tenta vainement en 1801 de rétablir l'anc. constitution du pays et commanda l'armée fédérale en 1802; voyant ses efforts inutiles, il rentra dans la vie privée.

ERLANGEN, v. de Bavière (Franconie centrale), sur la Regnitz, à 15 k. N. de Nuremberg: 12 000 h. Elle se divise en Vieille-Ville et Nouv.-Ville ou Christian-Erlangen : celle-ci fut fondée en 1688, après la révocation de l'édit de Nantes, par les émigrés français. Université, instituée en 1743 par Frédéric de Brandebourg-Bayreuth ; 2 bibliothèques, jardin botanique, etc. L'Académie Léopoldine-Caroline, transférée depuis 1808 à Bonn, était jadis établie à Erlangen. Toiles, lainages, passementerie, miroiterie, papeteries, distilleries, etc.

ERLAU, Eger en hongrois, Agria en latin moderne, v. de Hongrie, ch.-l. du comitat de Hevesch, à 130 k. N. E. de Bude; 20 000 h. Archevêché catholique, université, observatoire, bibliothèque; quelques édifices. Eaux thermales; bons vins. — Fondée en 1010 par le roi Étienne. Les Mongols la saccagèrent en 1256. Elle soutint en l552 un siège célèbre contre les Turcs; en 1596, elle fut prise par eux. Après la paix de 1606, elle appartint tantôt à la Turquie, tantôt aux princes de Transylvanie.

ERLON (DROUET d'), V. ERLON.

ERMELAND, anc. pays de la Pologne, auj. à la Prusse, est compris dans le gouvt de Kœnig-berg. Évêché fondé en l244 et dont le titulaire était prince d'Empire. L’évêque réside à Frauenburg.

ERMENONVILLE, vge du dép. de l'Oise, à 12 k. S. E. de Senlis et à 50 N. E. de Paris, sur un affluent de la Nonnette; 500 h. Anc. vicomte. Ce village est célèbre par le château et le parc où J. J. Rousseau, recueilli en 1778 par le comte de Girardin, passa ses derniers moments; on y voit son tombeau dans l'île des Peupliers; le corps du philosophe en fut tiré en 1794 pour être transféré au Panthéon. Grétry mourut aussi à Ermenonville. — La terre d'Ermenonville fut en 1603 érigée en vicomte par Henri IV, en faveur de son ami de Vic, gouverneur de Calais. Le château fut habité un instant par Gabrielle d'Estrées.

ERMITAGE (l'), coteau sur les bords du Rhône (Drôme), au-dessous de Tain. Vins estimés, dont les crus les plus célèbres sont ceux de Bessas, Greffieu, Méal, Rocoulé. — On connaît aussi sous le nom de l'Ermitage une jolie retraite offerte par Mme d'Épinay à J. J. Rousseau dans la vallée de Montmorency.

ERMITES, pieux solitaires. V. ce mot dans notre Dictionn. univ. des Sciences.

ERNE, riv. et lac d'Irlande (Ulster), dans le comté de Fermanagh. La riv. tombe dans la baie de Donegal, à 4 kil. au-dessous de Ballyshannon, après 110 kil. de cours; bords pittoresques.

ERNÉE, ch.-l. de c. (Mayenne), sur l'Ernée (affluent de la Mayenne), à 23 k. O. de Mayenne; 4000 hab. Collége.

ERNEST, princes des maisons de Saxe, de Hesse, de Hanovre, etc. V. ces noms et ERNESTINE.

ERNEST-AUGUSTE, roi de Hanovre de 1837 à 1851, né en 1771, était le dernier des fils du roi d'Angleterre George III et fut connu avant son avènement sous le titre de duc de Cumberland. Il annula en montant sur le trône la constitution que le Hanovre avait obtenue en 1833 et en octroya en I840 une nouvelle, toute favorable à la noblesse. Toutefois il se vit forcé en 1848 d'accorder quelques réformes.

ERNESTI, famille qui a donné à l'Allemagne plusieurs philologues. J. Auguste, né à Tennstadt (Thuringe) en 1707, mort en 1781, devint en 1781 recteur de l'école St-Thomas à Leipsick ; fut nommé en 1742 professeur de littérature ancienne à l'université de cette ville, en 1758, professeur de théologie, et se distingua également dans ces deux branches de l'enseignement. La pureté de son style latin l'a fait surnommer le Cicéron de l'Allemagne. On a de lui des éd. estimées d’Homère, Leipsick, 1759-65, de Callimaque, 1761; de Polybe, 1763; de Cicéron, cum clave, 1737 et 1775; de Suétone, 1748 et 1775; de Tacite, 1752 et 1801. Il a publié aussi des œuvres diverses, parmi lesquelles on remarque un excellent cours de littérature, Initia doctrinæ solidioris, 1736-83; et une Explication du Nouveau Testament, classique parmi ses coreligionnaires. — Aug. Guill., neveu du préc., professeur de philosophie et d'éloquence à Leipsick, né en 1733, m. en 1801, a donné des éd. estimées de Tite-Live, Leipsick, 1801-1804; de Quintilien, 1769; d’Ammien-Marcellin, 1773; de Pomponius Mela, 1773. — J. Christ. Théophile, professeur de philosophie et d'éloquence à Leipsick, né en 1756, m. en 1802, était frère d'Aug. Guillaume. Il a édité Ésope, Leipsick, 1781; Hesychius, 1785; Suidas, 1786; Silius Italicus, 1791; a rédigé Lexicon technologiæ Græcorum rhetoricæ, 1795 ; Lexicon technologiæ Romanorum rhetoricæ, 1797, et a trad. en allemand une partie des écrits de Cicéron, 1799-1802.

ERNESTINE (ligne), branche aînée de la maison de Saxe, a pour chef l'électeur Ernest, fils aîné de l'électeur de Saxe Frédéric II, auquel il succéda en 1464. En 1485, Ernest partagea l'héritage de son père avec son jeune frère Albert, et par suite ils devinrent chefs, l'un de la tige Ernestine, qui règne dans les duchés de Saxe, et l'autre de la branche Albertine à laquelle appartient le roy. actuel de Saxe.

ÉROLÈS (le baron d'), général espagnol, né en Catalogne vers 1785, mort en 1815, fut nommé en 1822 par Ferdinand VII capitaine général des troupes destinées à combattre les constitutionnels insurgés, et membre de la régence suprême établie à Urgel; il contribua puissamment à réduire l'insurrection. Ce fut le plus habile adversaire de Mina.

ÉROPE, Ærope, femme d'Atrée, fut séduite par Thyeste, son beau-frère, et devint mère de deux enfants, qu'Atrée égorgea par vengeance et dont il fit servir les membres à son frère dans un horrible festin.

ÉROS, nom grec de l'Amour.

ÉROSTRATE, Éphésien de naissance obscure, voulant s'illustrer par quelque moyen que ce fût, imagina de brûler le temple de Diane à Éphèse, l'une des sept merveilles du monde (356 av. J.-C.). Cet événement eut lieu la nuit même de la naissance d'Alexandre. Érostrate fut condamné au feu.

EROTIANUS, médecin grec du temps de Néron, est auteur d'un Glossaire d'Hippocrate, imprimé par H. Etienne, Paris, 1564, et reproduit par Fréd. Franz dans Erotiani, Galeni et Herodoti glossaria in Hippocratem, grec-latin, Leipsick, 1780.

ERPENIUS (Thomas), orientaliste, professeur à l'Université de Leyde, né à Gorcum (Hollande) en 1584, mort en 1624, a laissé plusieurs ouvrages propres à faciliter l'étude des langues orientales, entre autres: une Grammaire arabe, Leyde, 1613 : c'est 1re qui ait été publiée en Europe; une Grammaire syriaque et chaldéenne, 1626; Proverbiorum arabicorum centuriæ, 1614; Locmani sapientis fabulæ, 1615. Il prépara aussi une édition arabe-lat. de l’Historia Saracenica d'Elnacin, Leyde, 1625 (posthume).

ERQUELINES, vge de Belgique (Hainaut), sur la frontière de France, à 27 kil. S. O. de Charleroi; 500 hab. Station du ch. de fer du Nord.

ERSCH (Jean Samuel), savant bibliographe, né en 1766 à Glogau en Silésie, mort à Iéna en 1828, fut d'abord le collaborateur de Meusel et de Fabri pour divers recueils, publia en son propre nom des ouvrages bibliographiques qui établirent sa réputation dans toute l'Allemagne, fut successivement professeur d'histoire et de géographie et bibliothécaire à Iéna, 1800, professeur de géographie et de statistique à Halle, 1803, et directeur de la bibliothèque de l'université de cette ville, 1808. Ses principales publications sont : Répertoire des journaux et recueils périodiques sur la géographie et l'histoire, Lemgow, 1790-92 ; Répertoire universel de bibliographie de 1785 à 1790, Iéna, 1790-1807; la France savante ou Dictionnaire des écrivains français de 1771 à 1796, Hambourg, 1797-98; Manuel de la littérature allemande depuis le milieu du XVIIIe siècle, Leipsick, 1812-14; enfin l’Encyclopédie générale des arts et des sciences, publiée avec J. G. Gruber, in-4, Leips., 1818 et années suivantes, ouvrage immense, qui offre des articles succincts, mais substantiels, avec l'indication des meilleures sources.

ERSE, langue que pariaient les anciens Irlandais, et qui, se parle encore dans quelques parties de l'Irlande, est un des dialectes du celtique ; elle possède des caractères d'écriture particuliers, contemporains de ceux des Grecs. — On en possède de nombreux monuments (histoire, poésie, théologie); un recueil de poésies erses a été publ. à Dublin en 1789 par miss Brooke.

ERSKINE (lord), orateur et jurisconsulte, né en 1750 à Édimbourg, mort en 1823, était le 3e fils du comte de Buchan. Il servit tour à tour sur terre et sur mer jusqu'à l'année 1774, puis se livra à l'étude des lois, fut reçu avocat en 1778, et jeta dès ses débuts le plus vif éclat au barreau de Londres. En 1783, il fut élu membre de la Chambre des Communes. En 1806, il entra avec le titre de lord chancelier dans le ministère de Fox, mais il en sortit dès l'année suiv.; néanmoins, il fut élevé à la pairie et appelé au conseil privé. Dans sa carrière politique, il eut plusieurs fois l'occasion de déployer son talent oratoire, et il ne resta point au-dessous de la réputation qu'il s'était faite au barreau. Ami sincère de l'humanité et des idées libérales, il appuya l'abolition de la traite des nègres, plaida la cause des Catholiques d'Irlande, demanda la réformation des lois pénales, défendit la liberté de la presse, le jugement par jury, et parla en faveur des Grecs opprimés par les Turcs. Ses Discours furent publiés en 1816 par ses amis. En 1797 il avait publié, sous forme de brochure, des Considérations sur la guerre avec la France, qui eurent 40 éditions en peu de mois.

ERSTEIN, v. d'Alsace-Lorraine, sur l'Ill, à 24 k. N. E. de Schelestadt,; 3554 hab. Station. Anc. résidence de rois francs; anc. couvent de Bénédictines.

ERVY, ch.-l. de c. (Aube), sur l'Armance, à 3l k. S. O. de Troyes; 2000 hab. Toiles, coutil, poterie.

ERWIN de Steinbach, architecte, né à Steinbach (Bade) dans le XIIIe siècle, mort en 1318, fit construire la célèbre cathédrale de Strasbourg. — Son fils Jean, m. en 1339, en continua les constructions.

ERYCIUS. V. ERIZZO et Henri BUPUY.

ÉRYMANTHE, Erymanthus, auj. Olonos, mont. au N. O. de l'Arcadie (2224m), se liait aux monts Pholoé au S. C'est dans les forêts qui couvraient cette montagne qu'Hercule tua le fameux sanglier d'Érymanthe. — Une petite riv. du même nom sortait de cette montagne, séparait l'Arcadie de l'Élide et se jetait dans l'Alphée.

ÉRYSICHTHON. V. ÉRÉSICHTHON.

ERYTHRÆUS (Janus). V. ROSSI (J. Victor).

ÉRYTHRÉE (mer), Erythræum mare, nom sous lequel les anciens comprenaient, outre le golfe Arabique ou mer Rouge actuelle, le golfe Persique, plus le golfe Avalite et toute cette mer qui va de la côte d'Afrique à Taprobane (Ceylan) dans l'Inde. Arrien a donné un Périple de la mer Érythrée.

ÉRYTHRES, Erythræ, auj. Érétri, anc. v. de l'Ionie, sur la mer, au fond de la presqu'île de Clazomène, avait été fondée par des Crétois. Érythres eut une sibylle fameuse, nommée Hérophile.

ÉRYX, fils de Butès et de Vénus. Fier de sa force prodigieuse, il luttait contre les passants, et les terrassait, mais il fut tué par Hercule. On l'enterra dans un temple de Vénus, sa mère, sur la-montagne qui prit de lui le nom de mont Éryx.

ÉRYX, auj. Catalfano, v. de la Sicile anc., près du mont Éryx (auj. mont San-Giuliano), au N. O. de Drépane, possédait un temple de Vénus. C'était une place très-forte : elle fut le quartier général d'Amilcar Barca pendant les 4 dernières années de la 1re guerre punique, 246-42 av. J.-C.

ERZEROUM ou ARZ-ROUM (d’arzen-erroum, corruption d’arx Romanorum), v. forte de la Turquie d'Asie, ch.-l. du pachalik d'Erzeroum et de d'Arménie turque, à 1100 kil. E. de Constantinople, par 39° '26' long. E., 39° 5' lat. N., au pied d'une haute montagne nommée Labas ou Egarli-Dagh, et non loin des sources de l'Euphrate; env. 40 000 hab. Archevêché arménien; consulats anglais, autrichien, russe et français. Ville grande, mais sale et mal bâtie. Elle se compose d'une vaste citadelle et de 4 faubourgs ; elle est dominée à l'O. par une autre citadelle, l’Itsch-Kaleh. On y remarque 12 mosquées, les églises arméniennes, les caravanséraïs, les bazars et les bains publics. Industrie : soieries, cotons, cuir, travail du bronze et de l'acier : les sabres d'Erzeroum passent pour les meilleurs de l'empire. Cette ville était, avant la découverte du cap de Bonne-Espérance, un des grands entrepôts du commerce de l'Occident avec l'Orient; elle est encore le centre du commerce entre le Caucase, la Perse et les Indes, et le rendez-vous de plusieurs caravanes. — Fondée en 415 par l'emp. Théodose II sous le nom de Theodosiopolis, elle fut prise par les Seldjoucides au XIe siècle, par les Ottomans en 1571. Les Russes s'en emparèrent en 1829, mais dès l'année suivante ils la rendirent à la Porte. Elle fut ruinée en 1859 par un tremblement de terre. — Le pachalik a pour bornes au N. le pachalik de Kars, au S. les pachaliks de Van et de Diarbékir, à l'O. ceux de Roum et de Trébizonde; 310 kil. sur 60; env. 400 000 h. Pays montagneux et froid, mais sain.

ERZGEBIRGE (c.-à-d. montagnes au minerai de fer), chaîne de mont. située entre la Saxe et la Bohême, au N. E. de la Bavière, s'étend depuis les sources de la Saale et de l'Eger jusqu'à la r. g. de l'Elbe, par 60° 7'-50° 50' lat. N. et 9° 32'-l1° 52' long. E. Au S. O. elle se joint au Fichtelberg, et au N. E. elle n'est séparée des monts de la Lusace que par le cours de l'Elbe. Nulle part l'Erzgebirge n'atteint plus de 1300m de hauteur. Il est composé de granit et de gneiss et renferme d'abondantes mines d'argent, de fer, de cuivre, de plomb, d'étain, de cobalt, d'arsenic, etc., fructueusement exploitées. — Jusqu'en 1835, il y eut dans le roy. de Saxe un cercle d’Erzegebirge qui avait pour ch.-l. Freyberg. Il est auj. compris pour la plus grande partie dans le cercle de Zwickau.

ÉSAÜ, fils aîné d'Isaac et frère de Jacob, naquit vers 1836 av. J.-C. selon la chronologie usuelle (ou 2206 selon les Bénédictins). Étant un jour pressé de la faim au retour de la chasse, il céda son droit d'aînesse à son frère pour un plat de lentilles. Jacob réussit par ruse à le frustrer de la dernière bénédiction de son père : comme Ésaü était très-velu, il se couvrit d'une peau de bête, et, se présentant à la place de son frère, trompa ainsi Isaac, qui était aveugle. Ésaü chercha quelque temps à se venger, mais il finit par se réconcilier avec Jacob. On le nomme aussi Édom (c.-à-d. roux], et on le regarde comme le père des Iduméens. Le nom d’Ésaü veut dire homme fait : il lui fut donné parce qu'il était venu au monde tout velu.

ESCARBOTIN, vge du dép. de la Somme, à 35 k. O. d'Abbeville; 1000 h. Fabrique de cylindres pour filatures et d'objets de quincaillerie.

ESCARÈNE (l'), ch.-l. de c. (Alpes-Maritimes), dans l'arr. de Nice, sur le Paillon ; 2000 h. Vins estimés (rouge, muscat et mousseux).

ESCAUT, Scaldis, riv. de France, de Belgique et Hollande, naît à 7 k. S. E. du Catelet (Aisne), baigne en France, Vaucelles, Cambray, Bouchain, Valenciennes, Condé; en Belgique, Tournay, Oudenarde, Gand, Dendermonde, Rupelmonde, Anvers; reçoit le canal de St-Quentin, la Sensée, la Scarpe, la Lys, la Dendre et la Kupel; puis se partage en 2 branches : la plus septentr. (Escaut oriental) longe le territoire hollandais et se jette dans la mer du Nord entre les îles Schouwen et Beveland ; la branche mérid. (Escaut occid.) tombe dans la mer entre les îles Walcheren et de Kadsand. Les 2 emb. ont de 10 à 12 k. de large. Longtemps la Hollande s'arrogea le droit de fermer l'ouverture de l'Escaut, mais depuis la prise de la citadelle d'Anvers (1832), la navigation du fleuve est libre, moyennant l'acquittement d'un léger droit perçu à l'embouchure.

ESCAUT (dép. de l'), anc. dép. de l'empire français, formé en 1801, était situé entre ceux des Bouches-de-l'Escaut, des Deux-Nèthes, de la Dyle, de Jemmapes et de la Lys, et avàit pour ch.-l.Gand. Il fut restitué aux Pays-Bas en 1814.

ESCAYRAC (maison d'), l'une des plus anc. du Quercy, comptait plusieurs chevaliers à la 2e croisade de S. Louis (1250) et avait (depuis 1631) des liens d’affinité avec les maisons de Lorraine et de Bourbon. Elle a fourni plusieurs hommes distingués, entre autres Henri, marquis d'Escayrac et de Lauture, colonel du régiment de Guyenne sous Louis XVI, député par la noblesse du Quercy aux États généraux, qui périt en 1791 au château de Buzet en Languedoc, en combattant l'émeute. — Cette famille est auj. représentée par le marquis H. Léonce d'Escayrac, anc. pair de France, et par son fils, intrépide voyageur, connu par ses explorations du Kordofan et du Soudan, accomplies de 1850 à 1855, et par les tortures que lui tirent subir les Chinois, qui l'avaient pris traîtreusement pendant notre expédition.

ESCHENBACH (Wolfram d'), minnesinger ou trouvère allemand du XIIIe siècle, né au château d'Eschenbach dans le Haut-Palatinat, près de Bayreuth, vécut à la cour du landgrave Hermann de Thuringe, et assista en 1107 au célèbre combat poétique de Wartbourg, où il mérita le prix. Ses principaux poèmes sont le Titurel et le Parcival, histoire mystique des gardiens du saint Gréal (V. ce mot) imprimés à Strasbourg dès 1477, et dont M. Lachmann a donné une nouvelle éd. à Berlin en 1833. Ils ont été mis en allemand moderne par San-Marte, 1841, et Simrock, 1842. Ce poëte imite le plus souvent les trouvères et les troubadours français; cependant il est parfois original et déploie beaucoup d'imagination et d'esprit.

ESCHINE, Æschines, philosophe grec, disciple de Socrate, eut toute sa vie à lutter contre la pauvreté. Diogène Laërce lui attribue l’Axiochus et quelques autres dialogues. Toutefois les dialogues que nous possédons sous son nom n'ont rien d'authentique. Ces dialogues, que l'on joint ordinairement à ceux de Platon, ont été publiés séparément par Leclerc, grec-latin, Amsterdam, 1711, par Bœckh, Heidelb., 1810, et par Hermann, Gœtt., 1830.

ESCHINE, Æschines, orateur athénien, né vers 889 av. J.-C., avait été greffier, puis comédien. Envoyé en ambassade auprès de Philippe, il se laissa corrompre : accusé à ce sujet par Démosthène, il réussit à se faire absoudre. Pour se venger, il accusa Ctésiphon, qui avait proposé de décerner une couronne d'or à Démosthène, et attaqua violemment dans son discours Démosthène lui-même (338 av. J.-C.) ; celui-ci prit la défense de son ami et en même temps la sienne propre. Alors s'engagea entre les deux rivaux cette lutte célèbre qui a produit le discours Pour la couronne. La mort de Philippe fit différer le jugement jusqu'en 330. Eschine fut déclaré calomniateur et condamné à une forte amende : ne pouvant la payer, il fut réduit à s'exiler; il se retira à Rhodes où il fonda une école de rhétorique. Il y mourut à 75 ans. Ses discours forment les vol. III et IV des Oratores græci de Reiske, Leipsick, 1771, et le vol. III de ceux de Bekker, et se trouvent dans les Oratores attici de la collection Didot. Bremi en a donné une éd. séparée, Zurich, 1823. Ils ont été trad. en français par Auger (avec ceux de Démosthène), par Ricard, par l'abbé Jageret par M. Stiévenart. On lui attribue aussi 12 Lettres (imprimées à Leips., 1771), mais elles sont apocryphes. Comme orateur, Eschine occupe le premier rang chez les Grecs après Démosthène : son éloquence se distingue par l'abondance et la clarté des idées, et son style par l'heureux choix des expressions. Du reste, il reconnaissait lui-même la supériorité de son rival : ayant un jour lu son discours Sur la Couronne aux Rhodiens assemblés, tous s'étonnaient qu'après avoir si bien parlé il eût pu succomber : « Vous n'en seriez pas étonnés, dit-il, si vous aviez entendu Démosthène. »

ESCHYLE, Æschylus, tragique grec, né à Éleusis près d'Athènes, l'an 525 av. J.-C. s'était d'abord distingué comme guerrier aux batailles de Marathon, de Salamine et de Platée. Il commença en 499 à faire représenter des tragédies. On peut le considérer comme le véritable créateur de la tragédie grecque : non-seulement il fit les premières pièces régulières, mais il constitua véritablement le théâtre ; au chariot ambulant de Thespis, il substitua une salle de spectacle fixe, employa le premier les décorations, le costume, la musique, en un mot tout le matériel de l'art dramatique, et perfectionna la déclamation ; en outre, il abrégea le rôle du chœur, augmenta l'importance des personnages et concentra l'intérêt sur une seule tète. Dans sa vieillesse, il eut le chagrin de se voir préférer Sophocle, et se retira en Sicile auprès d'Hiéron pour n'être pas témoin des succès de son jeune rival. Il mourut l'an 456 av. J.-C., à 69 ans : on dit qu'il fut écrasé par une tortue qu'un aigle laissa tomber sur sa tête chauve. Des 70 ou 80 tragédies qu'il avait composées, il ne nous en reste que sept : Prométhée enchaîné, les Perses, les Sept Chefs devant Thèbes, Agamemnon, les Choéphores, les Euménides, les Suppliantes. Le sujet en est le plus souvent tiré de l'histoire nationale ; le plan y est de la plus grande simplicité ; l'idée d'un destin inexorable y domine. Les éd. les plus estimées d'Eschyle sont celles de Canter, Anvers, 1580; de Stanley, avec trad. latine, Londres, 1663, de Paw, La Haye, 1745; de Schütz, Halle, 1782-1821; de Wellauer, Leipsick. 1823-1830, de Dindorf, Oxford, 1834; de G. Hermann, Leipsick, 1852 ; de Weil, 1858 et suiv. Il a été trad. en prose par Lefranc de Pompignan, 1770; Laporte-Dutheil, 1771 et 1794; Pierron, 1841; en vers par Biard, 1837, Fr. Robin, 1846, etc. M. Puech a mis en vers les Choéphores et Prométhée, 1836-38. M. Patin, dans ses Études sur les tragiques grecs, a parfaitement apprécié Eschyle.

ESCLAVAGE. V. le Diction. univ. des Sciences.

ESCLAVE (lac de l'), lac de l'Amérique anglaise (Nouv.-Bretagne), entre 112' 30'-120° 50' long. O., 60° 30'-BS" lut. N., a 450 k. sur 250. Il est navigable dans toute son étendue ; mais pendant six mois il est couvert de glaces. Il reçoit les eaux de la riv. de l'Esclave, qui vient du S. E. et qui, après l'avoir traversé, en sort sous le nom de fleuve Mackenzie.

ESCLAVES (Côte des), en Guinée. V. CÔTE.

ESCLAVES (Guerres des). On donne ce nom à trois guerres que les Romains eurent à soutenir contre leurs esclaves révoltés. Dans la 1re, qui éclata en Sicile l'an 134 av. J.-C., les esclaves se soulevèrent sous la conduite d'Eunus et de Cléon, défirent quatre préteurs et s'emparèrent d'Euna, de Tauromenium, d'Agrigente et de Messine. Il fallut les efforts de trois consuls pour les réduire ; ils furent battus par le consul Pison l'an 132. — Dès l'an 102, Salvius, dit Tryphon, Satyrus et Athénion excitèrent une 2e guerre en faisant de nouveau révolter les esclaves de Sicile : ils ravagèrent toute l'île, et assiégèrent Lilybée. Lucullus et Manius Aquilius les écrasèrent en 69. Plus d'un million d'esclaves périrent dans cette guerre. — La 3e dura de 73 à 71 av. J.-C. et eut l'Italie pour théâtre. Le gladiateur Spartacus souleva les esclaves à Capoue, ravagea la Campanie. défit le consul Lentulus, plusieurs préteurs, ainsi que le proconsul Cn. Cassius, et menaça Rome même. Crassus, plus heureux, repoussa Spartacus jusque dans la Lucanie, battit ses lieutenants, le défit lui-même près du Sdarus, et tua dans cette seule bataille plus de 40 000 esclaves : Spartacus y périt.

ESCLAVONIE ou SLAVONIE, grande prov. des États autrichiens, bornée au N. E. par la Hongrie, dont elle est séparée par la Drave et le Danube ; à l'E. par la Theiss, qui la sépare du banat de Temeswar ; à l'O. par la Croatie, au S. par la Turquie d'Europe ; capit., Eszek. Elle a de l'E. à l'O. 280 kil.; du N. au S. sa largeur varie de 20 à 80 kil. ; 700 000 hab. Elle se divise en deux parties : la partie civile ou Royaume d'Esclavonie, et la partie militaire ou Généralat d'Esclavonie. — Le Royaume d'Esclavonie, situé à l'O., se compose de 3 comitats, Werowitz ou Verœcze, Posega et Syrmie, administrés chacun par un grand palatin, et qui ont pour ch.-l. Eszek, Posega, et Vukovar. Le Généralat d'Esclavonie, à l'E., formé une des 4 parties du gouvt des Confins-Militaires ; il est divisé en 3 régiments placés sous les ordres d'un général commandant, et a pour ch.-l. Petervaradin. De hautes montagnes richement boisées traversent l'Esclavonie de l'O. à l'E., mais il s'y trouve, surtout aux env. d'Eszek, de vastes marais. La température y est douce et le sol très-fertile ; le gibier y abonde. Un étang près de Velika fournit de superbes perles. L'industrie est nulle ; le peuple, ignorant et barbare, est faux et rusé. La race dominante est celle des Slaves ou Esclavons auxquels sont mêlés des Allemands et des Madgyars. Le Catholicisme est la religion de la majorité, mais l'église grecque a aussi beaucoup d'adhérents. — L'Esclavonie faisait, sous les Romains, partie de la Pannonie ; elle dut son nom aux Slavi, peuple sarmate qui vint s'y établir au VIIe siècle. Les Slaves vécurent d'abord sous la domination des Avares ; après la destruction du royaume des Avares par Charlemagne, 799, ils reconquirent leur liberté ; au IXe siècle, ils repoussèrent l'invasion des Bulgares. C'est alors que se formèrent les deux roy. distincts de Croatie et d'Esclavonie. L'Esclavonie fut soumise par las rois de Croatie au commencement du XIe siècle ; mais de 1088 à 1091, le roi de Hongrie Ladislas I conquit les deux pays ; il donna en 1091 à son fils Almus le titre de duc de Croatie et d'Esclavonie. Depuis ce temps, l'Esclavonie, sauf quelques interruptions, a toujours fait partie du roy. de Hongrie, avec lequel elle passa aux mains de l'Autriche. Les Turcs l'envahirent plusieurs fois, de 1417 à 1476, puis en 1484 et en 1524, et ils la possédèrent même quelque temps. Depuis 1867 elle fait partie des pays trans-leithans de l'Autriche, et a une Diète en commun aveu la Croatie.

ESCOBAR-Y-MENDOZA (Ant.), Célèbre casuiste espagnol, plus connu sous le seul nom d’Escobar, né en 1689 à Valladolid, mort en 1669, appartenait à l'ordre des Jésuites. Il eut pendant sa vie une grande réputation comme prédicateur, et fut un modèle de piété. Cependant on lui reproche d'avoir enseigné une morale relâchée, et d'avoir excusé certaines fautes en alléguant la pureté des intentions et en recourant à des distinctions subtiles, qui pourraient favoriser la mauvaise foi. Pascal a, dans ses Provinciales (surtout dans la 5e et la 6e lettre), livré au ridicule quelques-unes des opinions soutenue par ce casuiste, et depuis, son nom est devenu, quoique injustement peut-être, le symbole de ce genre de détours et d'équivoques qu'on appelle escobarderie. Parmi les nombreux ouvrages d'Escobar, qui forment environ 40 vol. in-fol, on remarque un poëme latin sur Ignace de Loyola, 1614, œuvre de sa 1re jeunesse ; un abrégé des Cas de Conscience (Summula casuum conscientiæ), 1626, et une Théorie morale, en 7 vol. in-fol., 1643. C'est son traité des Cas de conscience qui a été le plus attaqué.

ESCOIQUIZ (don Juan), ministre d'État espagnol, né en 1762 dans la Navarre, mort en 1820, était chanoine de Saragosse quand il fut nommé précepteur du prince des Asturies (Ferdinand VII). Ennemi mortel du prince de la Paix, qui l'avait fait exiler à Tolède, il fut un des premiers moteurs de la révolution qui chassa du trône Charles IV pour y mettre son fils Ferdinand. Ce fut aussi lui qui décida ce prince en 1808 à se rendre à l'entrevue de Bayonne avec Napoléon ; il l'y accompagna, mais il le dissuada d'abdiquer. Après la fatale issue du voyage, il tenta vainement de faire rendre là liberté aux princes espagnols, mais il fut retenu lui-même et fut interné à Bourg. Il rentra en Espagne avec Ferdinand VII en 1814, mais il ne tarda pas à perdre la faveur de ce prince ingrat. On a de lui un Exposé des motifs qui ont engagé Ferdinand VII à se rendre à Bayonne.

ESCUALDANAC. V. BASQUES. ESCULAPE, en grec Asclepias, dieu de la médecine, fils d'Apollon et de Coronis, fut confié aux soins du centaure Chiron qui lui apprit l'art de guérir. Il suivit les Argonautes en Colchide. A son retour il rendit la vie à Hippolyte, fils de Thésée; mais, à la prière de Pluton qui se plaignait de se voir enlever sa proie, Jupiter le frappa de la foudre. Cependant pour consoler Apollon de la perte de son fils, il le plaça dans le ciel, où il forme la constellation du Serpentaire. Ce dieu était adoré principalement à Épidaure, à Athènes, à Pergame, à Cos et à Smyrne. Le coq et le serpent, symboles de vigilance et de prudence, lui étaient consacrés. Homère lui donne pour fils Machaon et Podalire, dont les descendants sont connus sous le nom d’Asclépiades.

ESCURIAL (l'), petite v. d'Espagne (Ségovie), à 35 kil. N. O. de Madrid, sur le versant S. E. du Guadarrama: 3000 hab. Elle n'a de remarquable que le célèbre édifice dit aussi l’Escurial, palais et monastère à la fois, qui fut bâti par Philippe II en mémoire de la bataille de St-Quentin (l557), et pour satisfaire à un vœu qu'il avait fait à S. Laurent, ayant remporté la victoire le jour de la fête de ce saint (10 août). L'édifice a la forme d'un gril : les bâtiments en sont alignés comme les barres de cet instrument, par allusion au gril qui servit au martyre du saint; en outre, le gril y est sculpté partout. On trouve dans l'intérieur de l'Escurial 17 cloîtres, des jardins, un immense parc, une galerie de tableaux, une bibliothèque célèbre, riche surtout en manuscrits arabes, enfin des caveaux où sont les tombeaux des rois d'Espagne, notamment ceux de Charles-Quint et de Philippe II. L'édifice est entouré d'un parc immense et de belles promenades avec des bassins d'eaux vives. L'Escurial est une des trois résidences royales d'Espagne: la cour y passe l'arrière saison. — Jean-Baptiste de Tolède fit les plans de l'Escurial et commença les travaux en 1563; à sa mort, 1567, Jean de Herrera les continua; il les termina en 1584.

ESCUROLLES, ch.-l. de c. (Allier), à 7 kil. N. E. de Gannat; 1200 hab. Justice de paix.

ESDRAS, docteur juif, de la race sacerdotale, vivait au Ve siècle av. J.-C., pendant la captivité de Babylone. Il se rendit agréable au roi de Perse Assuérus (Artaxerce Longue-Main?), qui le chargea, vers 458 av. J.-C., de reconduire dans leur pays ceux qui n'avaient pas suivi Zorobabel, et de hâter la reconstruction du temple. Arrivé à Jérusalem, Esdras fit la dédicace du temple et rétablit dans sa pureté le culte, qui s'était altéré pendant la captivité. Il réunit en un seul corps les livres canoniques, les purgea des fautes qui s'y étaient glissées, et les expliqua avec tant de talent qu'il fut surnommé le Prince des docteurs de la loi. Il y ajouta lui-même deux livres intitulés : Livre d'Esdras et Livre de Néhémie, qui contiennent un espace de 113 ans. Esdras passe aussi pour l'auteur des Paralipomènes et des deux derniers livres des Rois. Il les a du moins revus.

ESI, Æsis, riv. d'Italie, prend sa source dans l'Apennin, arrose les délégations de Macerata et d'Ancône, et se jette dans l'Adriatique entre Ancône et Sinigaglia, après un cours d'env. 70 k.

ESKI-CHEHR, Dorylæum, v. de la Turquie d'Asie (Anatolie), à 40 k. N. E. de Kutaieh; ch.-l. du livah de Sultan-Euni. Mosquées et tombeaux de saints musulmans. Eaux thermales.

ESKI SAGRA ou ZAGRA, Berœa, v. de la Turquie d'Europe (Roumélie), sur le versant S. du Balkan, à 110 k. N. O. d'Andrinople; env. 20 000 hab. Eaux thermales très-fréquentées. Cuirs, tapis.

ESKI-STAMBOUL, Alexandria-Troas, v. de la Turquie d'Asie (Anatolie), à 8 k S. E. de l'île Ténédos. Port sur la Méditerranée, barré par les sables; nombreuses ruines.

ESMÉNARD, poëte français, né en 1770 à Pélissane en Provence, m. en 1812, était fils d'un avocat au parlement d'Aix. Il émigra en 1792, voyagea dans toute l'Europe, et rentra en France après le 18 brumaire. Il accompagna le général Leclerc à St-Domingue, publia à son retour en 1805 la Navigation, poëme que lui avait inspiré le spectacle de l'Océan, et donna en 1807 l'opéra de Trajan (musique de Lesueur), qui eut 100 représentations. L'année suivante il composa en société avec De Jouy l'opéra de Fernand Cortez (musique de Spontini). Il fut admis en 1810 à l'Académie française. Dévoué à l'Empire, il fut nommé censeur des théâtres, puis chef d'une division de la police impériale; néanmoins Napoléon l'exila en 1811 pour avoir écrit une satire contre l'empereur Alexandre ; il revenait d'Italie en France après trois mois d'exil, lorsqu'il périt malheureusement à Fondi, renversé de voiture par des chevaux emportés. Esménard fut un versificateur correct et harmonieux, mais sans verve.

ESMERALDAS, v. et port de l’Équateur, à 164 k. N. O. de Quito, à l'embouch. de la riv. de las Esmeraldas, ainsi appelée parce qu'elle roule des émeraudes. On recueille aux env. le meilleur cacao connu et d'excellent tabac.

ESMERALDAS (SERRA DAS), Chaîne de mont. du Brésil, entre les prov. de Minas-Geraes et de Porto-Seguro, doit son nom aux émeraudes qu'on y trouve.

ESNEH, Latopolis, v. de la Hte-Égypte, ch.-l. de prov., sur la r. g. du Nil, à 44 k. S. des ruines de Thèbes, par 30° 14' long. E., 25° 17' lat. N.; 4000 h. Évêché copte. Jolie ville, qui est l'entrepôt de commerce entre la Nubie et le Sennaar, Étoffes de coton, poterie, pressoirs à huile de laitue; fabriques de châles dits milayeh. Nombreuses ruines : on y voit les débris d'un grand temple construit sous les derniers rois égyptiens et sous les empereurs romains, et qui est surtout célèbre par ses sculptures mythologiques; on y remarque un zodiaque plus moderne que celui de Denderah. Davout battit les Mamelouks près d'Esneh, 1799.

ÉSON, Æson, roi d'Iolcos, frère de Pélias, et père de Jason. A la mort de son père, il monta sur le trône : mais il en fut chassé par son frère. Quand il fut devenu vieux, la magicienne Médée, femme de Jason son fils, le rajeunit à la prière de celui-ci.

ÉSOPE, Æsopus, fabuliste grec, né à Amorium en Phrygie dans le VIe siècle av. J.-C., fut d'abord esclave d'un certain Jadmon de Samos, dont il gagna l'amitié et qui l'affranchit. Selon la tradition reçue, Ésope était difforme et contrefait, mais il brillait par la sagesse et l'esprit et il se fit une grande réputation par son talent pour l'apologue. Crésus l'appela à sa cour, le traita fort bien et lui confia plusieurs missions. Envoyé par ce prince à Delphes pour consulter l'oracle, il fut révolté par les impostures et la cupidité des prêtres et irrita les habitants par la liberté de son langage : il fut arrêté sous un faux prétexte (on l'accusait d'avoir dérobé une coupe d'or), et précipité du haut d'un rocher, vers 550 av. J.-C. Il existe une Vie d'Ésope, attribuée à Planude, qui n'est qu'un tissu de traditions rassemblées sans critique et de contes le plus souvent invraisemblables. On a sous son nom des fables qui, dans leur rédaction actuelle, ne sont pas son propre ouvrage ; les Grecs se sont emparés de ses apologues et les ont arrangés sous diverses formes, soit en prose, soit en vers. Ces Fables, déjà connues de Socrate, qui en mit quelques-unes en vers, furent recueillies pour la 1re fois par Démétrius de Phalère, env. 230 ans après la mort d'Ésope. Elles furent mises en vers grecs par Babrius. Le recueil le plus généralement répandu est en prose et est l’œuvre de Planude, moine grec du XIVe s. Parmi les nombreuses éd. des fables d'Ésope, on distingue, après l'édition princeps, due à Buonocorso de Pise (Milan, 1479?), celle de Robert Étienne, Par., 1546; l'édit. beaucoup plus complète de Fr. de Furia (Florence, 1809;, reproduite par Coray, Paris, 1810 ; celles de Schneider, Breslau, 1813 (d'après un manuscrit trouvé à Augsbourg), et de Halm, Leips., 1852. Elles ont été traduites dans toutes les langues, notamment en français par P. Millot, 1646; par Gail, dans les frais FabuUslvs. 1796, et par Fleutelot, dans la collection Nisard; elles ont été imitées par Phèdre, par La Fontaine; trad. en vers français par G. Corrozet, 1542, et mises en quatrains par Benserade.

ÉSOPE, célèbre acteur romain, contemporain et ami de Cicéron, rival de Roscius, excella dans la tragédie et amassa d'immenses richesses.

ESPAGNE, Iberia, Hesperia et Hispania chez les anc., roy. de l'Europe mérid., comprend la plus grande partie de la péninsule hispanique et est situé entre 36°-44 lat. N., et 1° long. E.– 11°30' long. O. Il a pour bornes au N. E. la France, dont il est séparé par les Pyrénées; au N. O. l'Océan Atlantique, à l'O. le Portugal, au S. l'Afrique, dont le sépare le détroit de Gibraltar: au S. E. et à l'E. la mer Méditerranée. Superficie, 1100 k. du N. au S., et 600 de l'E. à l'O. Popul. env. 21 millions. Capit., Madrid. L'Espagne possède dans la Méditerranée les Baléares ; dans l'Atlantique les Canaries ; en Amérique, Cuba, Porto-Rico; en Asie, les Philippines, et en Afrique plusieurs présides; la pop. des colonies s'élève à 3 600 000 h. — Depuis le XVe siècle jusqu'en 1833, l'Espagne fut divisée en 15 grandes prov., dont quelques-unes avaient le titre de royaume ou de couronne; ce sont :

Provinces. Chefs-lieux.
Biscaye, Bilbao.
Roy. de Navarre, Pampelune.
Vieille-Castille, Burgos.
Nouvelle-Castille, Madrid.
Roy. d'Aragon, Saragosse.
Catalogne, Barcelone.
Roy. de Valence, Valence.
Roy. de Majorque, Palma.
Roy. de Murcie, Murcie.
Roy. de Grenade, Grenade.
Andalousie, Séville.
Estramadure espagnole, Badajoz.
Roy. de Léon, Léon.
Asturies, Oviédo.
Galice, La Corogne.

En 1833, tout le territoire fut divisé, sous le rapport militaire, en 12 capitaineries générales, et sous le rapport administratif en 48 provinces ou intendances.


Voici les noms des 12 capitaineries générales avec les 48 intendances civiles qu'elles comprennent :

Nouv.-Castille. Cadix.
Madrid. Cordoue.
Guadalaxara. Jaën.
Tolède. Roy. de Grenade.
Cuença. Grenade.
Ciudad-Réal. Almeria.
Vieil.-Cast. et Léon. Malaga.
Burgos. Valence et Murcie.
Logrono. Valence.
Santander. Alicante.
Oviédo. Castellon-de-la-Plana.
Soria. Murcie.
Ségovie. Albacète.
Avila. Catalogne.
Léon. Barcelone.
Palencia. Tarragone.
Valladolid. Lérida.
Salamanque. Girone.
Zamora. Aragon.
Galice. Saragosse.
La Corogne. Huesca.
Lugo. Teruel.
Orense. 10° Roy. de Navarre.
Pontevedra. Navarre (Pampelune).
Estramadure. 11° Guipuscoa.
Badajoz. Alava (Vittoria).
Cacérès. Biscaye (Bilbao).
Andalousie. Guipuscoa (St-Sébastien).
Séville. 12° Les Baléares.
Huelva. Palma.

L'Espagne est un pays très montagneux : on y distingue 6 grandes chaînes principales : 1° les Pyrénées, qui la séparent de la France au N. E., puis se continuent à l'O. sous le nom de Pyrénées Cantabriques ; 2° la chaîne ibérique, qui sépare le bassin des rivières tributaires de la Méditerranée des tributaires de l'Océan; 3° la chaîne carpétano-vettonique, entre le Duero et le Tage; 4° la chaîne lusitanique, entre le Tage et la Guadiania; 5° la Sierra Morena, entre la Guadiana et le Guadalquivir ; 6° la chaîne bétique, entre le Guadalquivir et la mer. L'Espagne a cinq grands fleuves, l'Èbre, le Duero, le Tage, la Guadiana, le Guadalquivir ; et 4 fleuves de moindre dimension, le Minho, le Xucar, le Guadalaviar, la Ségura. Elle est en général fort bien arrosée. L'art y a tracé peu de canaux ; les routes sont rares et mal entretenues. Quelques lignes de chemins de fer, partant de Madrid, ont été tout récemment établies. Le climat est tempéré dans l'intérieur et sur les côtes de l'Océan, très-chaud et brûlant dans le roy. de Grenade et l'Andalousie. Le sol, généralement fertile, fournit au nord les productions de la France méridionale; au midi, d'excellents vignobles, qui donnent des vins liquoreux, des orangers, des citronniers, des lauriers gigantesques, le palmier nain, la canne à sucre, le cactus à cochenille, le cotonnier, etc.; malheureusement, l'agriculture est négligée. Le marbre abonde en Espagne ; on y trouve aussi plusieurs mines de mercure (on exploite surtout celles d'Almaden), ainsi que du cobalt, de l'étain, du plomb, du fer, des pierres précieuses et de l'argent. Au temps des anciens, les mines d'or de l'Espagne étaient très-riches; elles sont à peu près épuisées aujourd'hui. On élève dans ce pays beaucoup de bétail, et surtout des brebis à laine fine dites mérinos; c'est de là quelles ont été importées en France. Les mulets y sont très-multipliés. Les principales industries sont la métallurgie, la fabrication des soieries, des étoffes de laine, des cuirs, des glaces, des armes à feu et des armes blanches (à Tolède et dans le Guipuscoa). — Le gouvt espagnol a été une monarchie absolue depuis, Charles-Quint jusqu'à l'invasion française de 1808; constitutionnel de 1808 à 1814, il redevint absolu de cette dernière époque à 1820, constitutionnel de 1820 à 1823, absolu de 1823 à 1832; enfin le gouvt constitutionnel paraît aujourd'hui affermi. Les provinces vascongades ont toujours joui de franchisés locales fort étendues, connues sous le nom de fueros. La religion catholique est seule permise : pendant longtemps elle fut sauvegardée par l'Inquisition (V. ce mot). On compte en Espagne 8 archevêchés (Santiago, Burgos, Saragosse, Tarragone, Valence, Grenade, Séville, Tolède), et 54 évêchés. L'Espagne possède 10 universités (Madrid, Barcelone, Grenade, Oviédo, Salamanque, Séville, Santiago, Valence, Valladolid, Saragosse). — Les lettres et les arts y fleurirent surtout aux XVIe et XVIIe siècles : c'est alors que brillèrent Cervantès, Lope de Véga, Calderon, Mariana, Herrera; les peintres Velasquez, Murillo, Ribera, dit l'Espagnolet, etc. — Pour la géographie ancienne de l'Espagne, V. HISPANIE.

Histoire. Les premiers habitants connus de l'Espagne furent les Ibères, dont on ignore l'origine, et les Celtes venus de la Gaule : les Ibères occupaient surtout le S. et l'E.; les Celtes, le N. et l'O.; de leur fusion naquirent les Celtibères, qui habitèrent le centre. Cette contrée reçut aussi plusieurs colonies : les Phéniciens y abordèrent les premiers ; après eux vinrent les Grecs, puis les Carthaginois, qui soumirent presque tout le pays et y fondèrent une Carthage nouvelle (Carthagène). Arrêtés sur les bords de l'Èbre par les Romains, 227, ils se virent, pendant la 2e guerre punique (219-204), arracher leur conquête. Après la prise de Numance (133), les Romains furent entièrement maîtres de l'Espagne : ils la possédèrent jusqu'au Ve siècle de notre ère. En 410 les Vandales, les Suèves et les Alains dévastèrent l'Espagne et s'y établirent; mais dès 428 les Vandales avaient cédé la place aux Visigoths, qui bientôt se trouvèrent maîtres de la Gaule méridionale et de l'Espagne entière, sauf le petit royaume des Suèves au N. O., dont ils firent même la conquête en 586. En 621, les Visigoths, ayant évincé les Grecs, qui, sous le règne de Justinien, avaient repris pied en Espagne et en avaient occupé les côtes méridionales, se trouvèrent maîtres de toute la Péninsule. Les Arabes vinrent à leur tour en 710 : ils refoulèrent les Visigoths vers le nord et les renfermèrent dans les montagnes des Asturies; en 719, ceux-ci ne possédaient plus que le petit royaume d'Asturie (nommé plus tard roy. d'Oviédo, et ensuite de Léon). L'Espagne fut alors une province du grand empire des califes de Damas; mais en 756, elle forma un empire à part, connu sous le nom de califat de Cordoue (du nom de sa capitale) on califat ommiade (du nom de la dynastie des Ommiades, qui, détrônée en Orient, s'était réfugiée en Espagne). Le califat de Cordoue cessa d'exister en l031, après 275 ans d'existence et se démembra en plusieurs principautés indépendantes. On en compta jusqu'à 19 : Cordoue, Séville, Jaën, Carmone, Niebla, l'Algarve, Algésiras, Murcie, Orihuela, Valence, Denia, Tortose, Lérida, Saragosse, Huesca, Tolède, Badajoz, Lisbonne, Majorque. Pendant ces trois siècles, le petit royaume goth du nord s'était accru aux dépens des califes : il possédait au XIIIe siècle tout le pays qui s'étend jusqu'au Duéro; des comtes chrétiens, vassaux des rois de Léon, avaient repris la Vieille-Castille; d'un autre côté. Pépin et Charlemagne avaient conquis la Septimanie et tout le pays compris entre les Pyrénées et l'Èbre, dont ils avaient fait la Marche d'Espagne. En 831, un lieutenant de Pépin, roi d'Aquitaine, Aznar, se rendit indépendant dans l'ouest de cette Marche, et fonda le roy. de Navarre, tandis qu'à l'est se formait le comté de Barcelone, qui resta feudataire de la France jusqu'en 1258. La maison de Navarre finit par absorber les autres en 1037; mais elle s'était divisée en trois lignes, pourvues chacune d'un royaume: 1° Castille (dite aussi Castille-et-Léon); 2° Aragon; 3° Navarre. Ces trois lignes s'éteignirent successivement en 1109, 1134, 1234; mais les trois royaumes n'en subsistèrent pas moins; seulement ils passèrent à trois dynasties françaises (dites de Bourgogne, de Barcelone, de Champagne), et l'Aragon se trouva alors aux mêmes mains que le comté de Barcelone; de plus, il s'était formé de 1095 à 1139 un 4e état chrétien, le comté, ensuite royaume de Portugal, appartenant à une ligne bâtarde de Bourgogne. Ces 4 États étaient sans cesse en guerre avec les Maures, qui avaient succédé à la puissance des Arabes. En 1086, l'Espagne méridionale fut envahie par les Almoravides venus du Maroc, qui, après la victoire de Zélaka, restèrent maîtres du pays jusqu'en 1145; vinrent ensuite les Almohades (1146-1269), puis les Mérinites (1267-1344). Au milieu de ces révolutions successives les Musulmans perdaient chaque jour du terrain : vaincus en cent combats, notamment à Las Navas de Tolosa (1212) et à Tarifa (1340), ils eussent été promptement chassés sans les dissensions des princes chrétiens : à la fin du XIIIe siècle, le royaume maure de Grenade était le seul État musulman qui subsistât encore. Les deux roy. de Castille et d'Aragon devenaient de plus en plus puissants, le ler par ses conquêtes en Espagne même, le 2e par l'acquisition des Baléares et de la Sardaigne. Ces deux États se trouvèrent réunis en 1479 par suite du mariage contracté dès 1469 par Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille; et en 1492, le roy. de Grenade put enfin être conquis par Ferdinand. La Navarre espagnole fut ajoutée en 1512 à ses possessions. De la mort de Ferdinand et de l'avénement de son petit-fils Charles-Ouint, en 1516, date la réunion de toute l'Espagne en un même État : cette réunion, la possession de la Sicile, de la Sardaigne, du royaume de.Naples, de la Franche-Comté, des Pays-Bas, et un peu plus tard l'acquisition du Milanais, la découverte et la conquête du Mexique, du Pérou, de la Nouvelle-Grenade, du Chili, de Buénos-Ayres, enfin l'acquisition du Portugal en 1680, firent de l'Espagne au XVIe siècle la puissance prépondérante de l'Europe. Mais des fautes de tout genre, l'expulsion des Juifs (1492) et des Maures (1609), les rigueurs de l'Inquisition, l'émigration d'une foule d'Espagnols qui allaient chercher fortune en Amérique et dans les autres colonies, les guerres continuelles, amenèrent bientôt sa ruine : elle se vit enlever successivement : en 1609, sept des 18 prov. des Pays-Bas; en 1640, le Portugal; en 1659, le Roussillon; la Franche-Comté de 1674 à 1679; elle perdit aussi sa population, son industrie, sa vigueur. La guerre de la succession d'Espagne, 1701-1714, qui plaça sur le trône un petit-fils de Louis XIV, donna aux puissances jalouses l'occasion de lui enlever toutes ses possessions européennes hors de la Péninsule. En 1808, Napoléon, profitant des dissensions de la famille royale, plaça sur le trône d'Espagne son frère Joseph. Il en résulta une guerre acharnée, avec la France (1808-1814), qui fut une des causes de la chute de l'Empereur. Pendant cette guerre les Cortès donnèrent au pays en 1812 une constitution libérale qui fut accueillie avec enthousiasme. Le 22 mars 1814 les Bourbons rentrèrent en Espagne : Ferdinand VIII y rétablit le pouvoir absolu. Une révolution, qui éclata en 1820 à l'île de Léon, établit un gouvernement constitutionnel, dit gouvernement des Cortès ; mais une armée française, appelée par Ferdinand et commandée par le duc d'Angoulême, le renversa en 1823 pour rétablir le pouvoir absolu. C'est sous Ferdinand VII qu'éclatèrent en Amérique, à partir de 1817, les révolutions qui ont enlevé successivement à l'Espagne toutes les colonies qu'elle possédait sur ce vaste continent. Ce prince termina son règne (1833) en abolissant la loi d'hérédité qui, depuis l'avénement de la maison de Bourbon, excluait les femmes du trône, et légua sa couronne à sa fille Isabelle encore enfant, sous la tutelle de Christine sa mère. Celle-ci, après une longue lutte contre don Carlos, frère du dernier roi, qui ne fut expulsé qu'en 1839, et contre le parti révolutionnaire, se vit forcée en 1840 d'abdiquer la régence, qui fut déférée par les Cortès au général Espartero. Ce dernier fut renversé en 1843, et Isabelle proclamée majeure. Elle épousa en 1846 son cousin, l'infant don François. Son règne fut troublé par de nombreuses révoltes ou insurrections militaires, dont la dernière (sept. 1868) la déclara déchue, ainsi que sa famille. Des Cortès constituantes, nommées par le suffrage universel, appelèrent au trône Amédée, duc d'Aoste, qui abdiqua après moins de trois ans de règne (déc. 1870-févr. 1873). La république fut alors proclamée, mais le fils aîné d'Isabelle (Alphonse XII) fut reconnu roi en 1875. L'hist. de l'Espagne a été écrite par Mariana, Ferreras, Golmenar Ortiz, Romey, Rossew Saint-Hilaire. etc.


Rois d'Espagne (dep. la réunion des div. États).
Ferdinand V d'Aragon et Isabelle de Castille, 1479 Louis I, 1724
Maison d'Autriche. Philippe V de nouveau, 1724
Charles I (Charles-Quint), 1516 Ferdinand VI, 1746
Philippe II, 1556 Charles III, 1759
Philippe III, 1598 Charles IV, 1788
Philippe IV, 1621 Joseph Bonaparte, 1808
Charles II, 1665 Ferdinand VII, 1813
Maison de Bourbon. Isabelle II, 1833
Philippe V, 1700 Alphonse XII, 1875

ESPAGNE (Charles et Louis d'). V. LA CERDA.

ESPAGNE (le cardinal d'). V. MENDOZA (P. de).

ESPAGNE (J. L. d'), général français sous la République et sous l'Empire, commandait sa 1805, sous le maréchal Masséna, la division des chasseurs à cheval de l'armée d'Italie et se distingua dans toute cette campagne. En 1806, il passa au service du roi de Naples et battit les insurgés calabrais. Dans la campagne de Prusse, il se signala à la tête d'une division de cuirassiers : il fut blessé au combat de Heilsberg en 1807, et fut tué en 1809 à la bat. d'Essling. Il avait été fait comte en 1808.

ESPAGNE (le comte d'), chef de partisans espagnol, fils d'un émigré français, joua un rôle important dans la campagne de 1813 contre les Français, prit parti pour don Carlos en 1833, se signala parmi les chefs royalistes par ses brigandages et sa férocité, et périt assassiné par les siens mêmes en 1839.

ESPAGNOLET (RIBÉRA, dit L'), peintre. V. RIBÉRA.

ESPALION, ch.-l. d'arr. (Aveyron), sur le Lot, à 33 kil. N. E. de Rhodez, dans une étroite et pittoresque vallée; 5515 hab. Trib. de 1re inst., collège. Burats et autres lainages, maroquins, etc.

ESPARBÈS (d') DE LUSSAN, famille noble de l'Armagnac, connue dans l'histoire dès le XIIe siècle, a formé les branches de Lafitte, de Feuga, de Lamothe, d'Aubeterre, de Jonzac, de Belloc. Les personnages les plus illustres de cette famille sont : François d'Esparbès, seigneur d'Aubeterre, qui servit sous Henri IV, devint gouverneur de Blaye, sénéchal de l'Agénois, maréchal de France (1620), et mourut en 1628; — J. H. Bouchard d'Esparbès, marquis d'Aubelerre (1714-88), qui se distingua à la bat. de Dettingen, à l'attaque du Château-Dauphin en Piémont, fut ambassadeur à Vienne, à Madrid, à Rome, où il déploya des talents éminents, devint en 1775 gouverneur de la Bretagne, où il tint une conduite conciliante et reçut le bâton de maréchal en 1783. — Trois branches de la famille d'Esparbès subsistent encore : celles de Feuga, de Lamothe et de Belloc.

ESPELETTE, ch.-l. de c. (B.-Pyrénées), à 25 kil. S. de Bayonne; 7851 hab. Commerce de bétail.

ESPENCE (Claude d'), Espencæus, docteur de la Sorbonne, né en 1511 près de Châlons-sur-Marne, mort en 1571, fut recteur de l'université de Paris en 1540, s'attacha au cardinal de Lorraine, fut député au concile de Trente; assista aux États d'Orléans (1560), au colloque de Poissy, 1561, et finit sa vie dans la retraite. Il a laissé un grand nombre d'ouvrages soit en latin, soit en français, entre autres, l’Institution d'un prince chrétien, De la Continence, Commentaire sur l'Épitre de S. Paul à Tite : ces 2 derniers sont à l’Index. Il a aussi compose en latin des poésies pieuses et mystiques.

ESPÉRANCE, déesse allégorique, resta seule sur la terre pour consoler les hommes quand tous les maux se furent échappés de la boîte de Pandore. On la représente sous la figure d'une jeune nymphe souriant avec grâce et tenant des fleurs à la main; les modernes ont ajouté une ancre à ses attributs.

ESPICHUL, cap du Portugal. V. SPICHEL.

ESPINASSE (Mlle de L'). V. L'ESPINASSE.

ESPINEL (Vincent), poëte espagnol, né en 1544 à la Ronda (roy. de Grenade), mort en 1634, fut lié avec Cervantès, qui l’appelle le meilleur ami d'Apollon. Ce poëte est regardé comme l'inventeur des decimas ou stances de dix vers. On a de lui un poëme intitulé la Casa de Memoria, où il met en scène les poëtes les plus illustres de son temps; des traductions en vers des Odes et de l'Art poétique d'Horace, et un roman célèbre, la Vie de l'écuyer Obrégon, dans lequel on a prétendu trouver le modèle de Gil Blas de Lesage. Espinel cultivait aussi la musique; il a ajouté une cinquième corde à la guitare. Malgré tous ces talents, ce poète vécut et mourut pauvre. Ses OEuvres ont été imprimées à Madrid. l59l, in-8.

ESPINOSA-DE-LOS-MONTEROS, v. d'Espagne (Burgos), à 70 kil. de Burgos; 2500 hab. Lefebvre et Victor y battirent les Espagnols le 11 nov. 1808.

ESPIRITO-SANTO, prov. du Brésil, entre celles de Rio-Janeiro au S. et de Bahia au N., sur la mer, qui forme sur ses côtes une baie dite aussi d'Espirito-Santo : 220 k. sur 110; env. 80 000 h.; ch.-l. , Nossa-Senhora-da-Victoria. Beaucoup de montagnes qui donnent naissance à une foule de riv., dont les principales sont le Rio-Doce et le Guarapary.

ESPRIT (le Saint). V. SAINT-ESPRIT.

ESPRIT (Jacques), dit l'abbé Esprit, quoiqu'il n'ait jamais reçu les ordres, né à Béziers en 1611, mort en 1678, resta 4 ans à l'Oratoire, puis chercha fortune dans le monde. Il gagna par ses talents la faveur du duc de La Rochefoucauld, auteur des Maximes, et du prince de Conti, qui lui firent des pensions, lui procurèrent le titre de conseiller du roi et le marièrent avantageusement. Il fut admis à l'Académie française en 1639. On a de lui la Fausseté des vertus humaines, 1678, 2 vol., abrégé par Desbans, sous le titre de l'Art de connaître les hommes : c'est un commentaire des Maximes de La Rochefoucauld.

ESQUILIN (mont), auj. le mont de Ste-Marie-Majeure, une des sept colline de Rome, au S. du Quirinal, au N. du mont Crelius, fut renfermé dans la v. par Tullus Hostilius. C'est là qu'un exécutait les criminels. – Il donnait son nom à la Porte Esquiline.

ESQUILINE (Porte), une des portes occidentales de Rome, est auj. la Porte Saint-Laurent,

ESQUILLACE (BORGIA, prince d'). V. BORGIA.

ESQUIMAUX (c.-à-d. mangeurs de poisson cru), peuple de l'Amérique septentrionale, habite les régions les plus froides du continent. On les divise, selon leur.pays, en 4 groupes : 1° Groënlandais; 2° Labradoriens ou Esquimaux orientaux, dits aussi Petits-Esquimaux; 3° Esquimaux occid. ou Grands-Esquimaux (vers les embouch. du Mackenzie, du fl. dit Mine-de-Cuivre, et dans l'archipel Baffin-Parry) ; 4° Aléoutes (dans les îles de ce nom, entre l'Amérique et l'Asie). Les Esquimaux ont la taille médiocre, la tête ronde, démesurément grande, la face large et plate, les pommelles saillantes, le nez petit et écrasé, la bouche grande, la barbe rare, les cheveux noirs, longs et raides, la chair molle et lâche, les mains et les pieds très-petits, les jambes grêles, la peau d'un jaune noirâtre; ils sont fréquemment affligés d'ophthalmies et décimés par la petite vérole. Leur naturel est très-sauvage et leur saleté extrême. Ils s'écartent peu des côtes et vivent surtout du produit de leur pêche, qu'ils dévorent avec une gloutonnerie qui leur a valu leur nom. Peu d'entre eux ont su dompter le renne; ils n'ont d'autre animal domestique que le chien, qu'ils attellent à leurs traîneaux. Leurs bateaux sont ingénieusement construits avec des peaux de veau marin sur une carcasse de bois ou un dos de baleine. Ils vivent dans une indépendance complète et n'obéissent à aucune sorte de gouvernement; ils avaient à peine une notion de la Divinité avant l'arrivée des Frères Moraves, qui, en 1733, vinrent leur prêcher la foi.

ESQUIROL (le Dr). médecin philanthrope, né en 1772 à Toulouse, mort en 1844. Élève de Pinel, il se consacra, comme son maître, à l’amélioration du sort des aliénés, substitua un régime de douceur et de liberté aux violences dont ces malheureux étaient l'objet, fonda de ses deniers une maison modèle à Ivry, devint médecin en chef de la Salpêtrière en 1810, de la maison de Charenton en 1829, et acquit une réputation européenne. Il fut admis à l'Académie de médecine et à celle des sciences morales. Il a laissé un traité des Maladies mentales, 1838, où il a déposé le fruit de 40 années d'observations. Panset a prononcé son Éloge à l'Académie de médecine.

ESSARTS (Les), ch.-l. de c. (Vendée), à 8 kil. N. O. de Napoléon-Vendée; 730 h. Foires tous les mois. Ruines d'un château du XIIe s. qui appartint aux familles de Clisson et de Vivonne. — V. DESESSARTS.

ESSÉENS, les mêmes que les Esséniens.

ESSEN, v. des États prussiens (prov. Rhénane), 31 k. N. E. de Dusseldorf; 8000 h. Riches mines de houille occupant 3500 ouvriers; armes blanches.

ESSEN (J. Henri, comte d'), feld-maréchal suédois, né en 1755 dans la Westgothie, mort en 1824, devint le favori de Gustave III et conserva un grand crédit auprès de Gustave-Adolphe IV, qui le nomma gouverneur de Stockholm en 1795 et de Poméranie en 1800. En 1807, il soutint contre les Français un siège mémorable dans Stralsund. Après l'abdication du roi, 1809, il fut appelé au conseil d'État par son successeur Charles XIII et fut envoyé en ambassade à Paris. En 1814, il commanda un corps d'armée dans l'invasion de la Norvège; il gouverna ce pays jusqu'en 1816, puis fut nommé grand maréchal de Suède.

ESSÉNIENS, sectaires juifs, se distinguaient par des vertus austères, proscrivaient le mariage, la servitude et la guerre; proclamaient l'égalité des hommes, recommandaient l'amour de Dieu et du prochain et enseignaient l'immortalité de l'âme; ils formaient une sorte de communauté ou d'institut moral et religieux, et vivaient autour de Jérusalem et sur les bords de la mer Morte, dans des espèces de monastères, mettant leurs biens en commun, et se livrant à l'agriculture. Ils étaient opposés aux Saducéens, qui niaient l'immortalité de l'âme. On trouve entre cette secte et les premiers chrétiens une frappante analogie. — On ne commence à faire mention des Esséniens que vers le temps des Machabées, env. 150 ans av. J.-C. V. THÉRAPEUTES.

ESSEQUEBO, riv. de l'Amérique du Sud, sort de la Sierra de Aracua, naît dans la Guyane brésilienne, coule au N. O., puis au N. E., sépare la Guyane anglaise de la Colombie, et se perd dans l'Océan Atlantique, après un cours de 700 k. — V. DÉMÉRARY.

ESSEX (pour East-Seaxe, Saxe orientale), comté de l'Angleterre, borné à l'E. par la mer du Nord, au N. par les comtés de Suffolk et de Cambridge, à l'O. par ceux d'Hertford et de Middlesex, au S. par celui de Kent, dont le sépare la Tamise; 80 k. sur 70; 380 000 h.; ch.-l. Colchester. Les assises se tiennent à Chelmsford. Marais au S. Beaucoup de grains et de bétail. Pêche des huîtres.

ESSEX (Roy. d'), un des roy. de l'Heptarchie anglo-saxonne, fut fondé en 526 par Erkenwin, qui le détacha du roy. de Kent, et disparut avec l'Heptarchie (V. ce mot). Il comprenait les comtés actuels d'Essex, de Middlesex, la parties S. du Hertford et avait pour capit. Londres.

ESSEX (Robert DEVEREUX, comte d'), favori de la reine Élisabeth, né en 1567, était fils de Walter Devereux, premier comte d'Essex, et parent de la reine par sa mère; il avait pour beau-père le comte de Leicester. Présenté à la cour dès l'âge de 21 ans, il plut à la reine et obtint en peu de temps les premières places et les plus grands honneurs. Après la mort de Leicester (1588), il lui succéda dans la faveur de la reine; mais il la garda peu de temps. Envoyé en Irlande, à la tête de plus de 20 000 hommes pour soumettre cette île qui s'était révoltée, il laissa dépérir son armée et parut pactiser avec les rebelles (l599). Élisabeth, qui avait déjà eu plusieurs fois à se plaindre de sa hauteur et qu'avait irritée son mariage secret avec une fille de Walsingham, le suspendit de ses dignités et lui défendit l'entrée de la cour. Essex résolut de se venger : il porta l'audace jusqu'à tenter de détrôner sa bienfaitrice, noua des intelligences avec Jacques VI, roi d'Écosse, et provoqua une émeute dans Londres. Il fut arrêté, se reconnut coupable, et fut condamné à mort (1601). La reine balança longtemps entre la justice et la clémence; mais enfin croyant, sur de faux rapports, que le coupable dédaignait de lui demander grâce, elle signa l'arrêt fatal, et d'Essex fut exécuté. Il n'avait que 34 ans. Ce personnage avait dû sa faveur à ses qualités extérieures bien plus qu'à un mérite réel. Sa fin tragique a été mise sur la scène par Boyer, La Calprenède. Th. Corneille, etc. — Il laissa un fils, né en 1592, et nommé aussi Robert, qui fut rétabli dans les prérogatives de sa famille par Jacques I, mais qui, sous Charles I, entra dans l'opposition et combattit l'armée royale à la tête des Parlementaires. Il livra aux troupes royales les 2 bat. de Edge Hill (1642) et Newbury (1643), restées indécises, et mourut en 1646, avant la fin de la guerre. Il ne laissait pas d'enfants.

ESSEX (Arthur CAPEL, comte d'), chef d'une nouvelle maison d'Essex. V. CAPEL.

ESSLING, v. d'Autriche, à 9 kil. E. de Vienne. Napoléon y remporta sur les Autrichiens les 21 et 22 mai 1809 une victoire chèrement achetée : elle valut à Masséna, qui y avait eu la plus grande part, le titre de prince d'Essling. Lannes y perdit la vie. Les Autrichiens donnent à cette bataille le nom de bataille d'Aspern, du nom d'un village voisin.

ESSLINGEN, v. murée du roy. de Wurtemberg, à 11 k. S. E. de Stuttgard; 6000 hab. Cour d'appel, école normale et polytechnique; riche hôpital. Anc. ville libre et impériale, florissante sous les Hohenstaufen, réunie au Wurtemberg en 1802.

ESSONNE, vge du dép. de Seine et Oise, sur la rivière du même nom, à 2 k. S. O. de Corbeil. Fonderies de fer et de cuivre, ateliers de construction. manufact. d'indiennes et de toiles peintes; papeteries, les plus anc. de France, etc. Sous les Mérovingiens Essone était un domaine royal; on y battait monnaie. La riv. d'Essone sort de la forêt d'Orléans et tombe dans la Seine à Corbeil après 90 k. de cours.

ESSOYES, ch.-l. de c. (Aube), sur l'Ource, à 16k. S. E. de Bar-sur-Seine, 1800 h.

ESTAÇO (Achille), dit Achilles Statius, écrivain portugais, 1524-1581, fut secrétaire du concile de Trente et du pape Pie V. On a de lui : Comment. in Ciceronis librum de Fato, l551; — in Artem poet Horatii, 1553; — in Catullum, Tibullum et Propertium, 1604; — in Suetonium (De claris grammaticis), 1610, etc. Dans ses appréciations, il paraît avoir pris Denys d'Halicarnasse pour modèle.

ESTAGEL, v. des Pyrénées-Orient., à 21 k. O. N. O. de Perpignan, sur la Gly; 2306 hab. Miel, eau-de-vie, huile d'olive, marbre gris. Patrie d'Arago.

ESTAING, ch.-l. de c. (Aveyron), à 9 kil. N. O. d'Espalion; 1000 hab. Fabrique de burats, tanneries. Ruines du château des comtes d'Estaing.

ESTAING (Charles Hector, comte d'), amiral français, d'une noble et anc. famille du Rouergue, né en 1729 au château de Ruvel (Cantal), servit d'abord dans l'armée de terre comme colonel d'infanterie, et combattit dans les Grandes-Indes ; mais il fut pris par les Anglais au siège de Madras en 1759. Rendu lors de la paix de 1763, il fut nommé lieutenant général des armées navales. Il se signala dans plusieurs combats contre les Anglais sur terre et sur mer pendant la guerre d'Amérique, leur prit St-Vincent et la Grenade, et battit l'amiral Byron, 1778. Partisan de la Révolution, il fut élu membre de l'Assemblée des Notables en 1787, fut nommé en 1789 commandant de la garde nationale de Versailles, et obtint le grade d'amiral en 1792. Malgré ses principes, et sa conduite, il n'en fut pas moins poursuivi comme noble et il périt sur l'échafaud en 1794. Il est auteur d'un petit poème intitulé le Rêve, d'une tragédie des Thermopyles, pièce de circonstance, 1791, et d'un ouvrage sur les colonies.

ESTAIRES, petite ville du dép. du Nord, sur la Lys, à 16 kil. S. E. de Hazebrouk ; 3210 h. Collège.

ESTANGLIE, un des roy. de l'Heptarchie anglo-saxonne, fondé en 571 par Offa, chef d'une troupe d'Angles, comprenait les comtés actuels de Norfolk, de Suffolk, de Cambridge, et l'île d'Ely, et avait pour capit. Dunwich, v. du comté actuel de Suffolk, auj. ruinée. Il disparut avec l'Heptarchie. V. ce mot.

ESTE, Ateste chez les Romains, v. de Vénétie, au pied des monts Euganéens et sur le canal de Monselice, à 26 k. S. O. de Padoue; 9000 hab. Évêché. Belle cathédrale ronde. Porcelaine, faïence; moulineries de soie. — Cette ville a donné son nom à l'illustre maison d'Este.

ESTE (maison d'), famille noble et antique, ainsi nommée de la v. d'Este, près de Padoue, qui faisait partie de ses possessions, a régné sur Este, Padoue, Ferrare, Modène, Reggio, et a produit plusieurs branches illustres, entre autres celle des ducs de Brunswick, qui règne encore auj. sur le Hanovre et l’Angleterre (V. HENRI LE LION). Elle descendait des ducs de Toscane Gui et Lambert, fils d’Adalbert II, qui gouvernaient la Toscane pour les princes carlovingiens, et qui, en 926, avaient été dépouillés de leurs États par les rois d’Italie. Voici les membres les plus importants de cette famille, célèbre surtout par la protection qu’elle accorda aux lettres et aux arts.

Albert Azzo d’Este, petit-fils d’Oberto II (qui lui-même était le petit-fils de Gui ou de Lambert, et qui possédait plusieurs fiefs en Toscane vers 972), né vers l’an 1020, mort en 1117, est le premier qui ait possédé la v. d’Este. Il fut en grande faveur auprès des empereurs Henri III et Henri IV, épousa Cunégonde, héritière des Guelfes d’Altdorf, et en eut Guelfe, qui, en 1071, obtint la Bavière à titre de fief et qui mourut dans l’île de Chypre en 1101 ; c’est de celui-ci qu’est issue la branche allemande de la maison d’Este, celle des ducs de Brunswick-Hanovre.

Obizzo I, fils de Foulques, né lui-même d’un second mariage d’Albert Azzo avec Hermengarde, fille d’un comte du Maine, prit le premier le titre de marquis d’Este. Il fut nommé en 1182 podestat de Padoue, puis marquis de Milan et de Gênes, et entra dans la ligue lombarde contre Frédéric-Barberousse.

Azzo V, marquis d’Este, fils d’Obizzo I, épousa vers 1176 Marchesella des Adelards, fille et héritière de Guillaume, chef des Guelfes de Ferrare, et acquit ainsi la souveraineté de Ferrare. Il fut le chef de tous les Guelfes de la Vénétie.

Azzo VI, fils du préc., podestat de Ferrare (1196) et de Padoue (1199), battit Eccelin et Salinguerra, chefs des Gibelins, et se fit reconnaître en 1208 souverain de Vérone. Il m. en 1212.

Azzo VII, son 2e fils, régna de 1215 à 1264. Dépouillé d’abord, à cause de sa jeunesse, de la plus grande partie de ses États, il les recouvra en combattant Salinguerra et Eccelin, qu’il fit prisonniers.

Obizzo II, petit-fils d’Azzo VII, joignit à la possession d’Este et de Ferrare celle des villes de Modène (1288) et de Reggio (1290), dont la souveraineté lui fut déférée par les habitants. Il aida Charles d’Anjou contre Manfred dans la conquête du roy. de Naples.

Hercule I, fils de Nicolas III, prince ami des lettres, régna à Ferrare et à Modène de 1471 à 1505, et se vit obligé d’abandonner aux Vénitiens la Polésine de Rovigo. Il prit le premier le titre de duc de Ferrare. Il attira près de lui Bolardo et l’Arioste.

Alfonse I, fils d’Hercule, épousa en 1502 la célèbre Lucrèce de Borgia, et régna de 1505 à 1534. Il entra, à la sollicitation de Jules II, dans la ligue de Cambrai contre Venise (1509) et eut ensuite de vifs démêlés avec ce pape ainsi qu’avec son successeur, Léon X, qui mit ses États en interdit : ce n’est qu’après le sac de Rome (1527) que Charles-Quint lui rendit sa souveraineté. Il résidait à Ferrare et protégeait les lettres : l’Arioste vécut à sa cour.

Hippolyte, cardinal d’Este, fils d’Hercule et frère d’Alfonse, né en 1479, m. en 1520, embrassa le parti de Louis XII contre la Sainte-Ligue. Il fut l’ami et le protecteur de l’Arioste.

Hippolyte d’Este, dit le Cardinal de Ferrare, fils d’Alfonse I, né on 1509, fut envoyé de bonne heure à la cour de France, jouit de la faveur de de François I, de Henri II et de ses fils ; fut nommé cardinal en 1539, obtint successivement les archevêchés de Milan, de Lyon, de Narbonne ; gouverna pendant deux ans le duché de Parme pour la France, 1552-54 ; assista au colloque de Poissy, 1561, et mourut à Rome en 1572 ; Il protégea Paul Manuce, Muret et d’Ossat.

Alfonse II, petit-fils d’Alfonse I, régna à Ferrare et à Modène de 1559 à 1597. Élevé en France, à la cour de Henri II, il en rapporta le goût des fêtes et des tournois. Il tenta, mais sans succès, d’obtenir la couronne de Pologne. Sa cour réunissait les premiers peintres et les hommes les plus célèbres de l’Italie, à la tête desquels brillait le Tasse ; mais l’infortuné poëte, ayant offensé le prince par sa passion pour la duchesse Éléonore, sa sœur, fut enfermé par ses ordres (V. TASSE). Alfonse II ne laissa pas d’enfants.

César, fils naturel d’un fils d’Alfonse I et cousin d’Alfonse II, se laissa enlever Ferrare par la pape Clément VIII, qui refusait de le reconnaître pour héritier légitime, et se retira à Modène, où il régna de 1597 à 1628. — Son fils, Alphonse III, abdiqua au bout d’un an pour s’enfermer dans un couvent.

François I, duc de Modène et de Reggio, fils d’Alphonse III, né en 1610, m. an 1658, acheta de l’Espagne, en 1636, la principauté de Correggio, fut l’allié de la France contre l’Autriche et fit épouser à son fils Alphonse IV une nièce de Mazarin. Il commença le palais ducal de Modène.

Renaud d’Este, un des fils du duc François I, né en 1655, duc de Modène en 1694, m. en 1737, ajouta à ses États le duché de la Mirandole, qu’il acheta en 1718. Il se déclara pour la maison d’Autriche dans la guerre de la succession. La France s’empara de ses États en 1703 ; mais il les recouvra en 1736. Il avait épousé en 1695 une princesse de Brunswick, issue comme lui de la famille d’Este, et parce mariage il réunit les deux branches de cette maison, séparées depuis le XIe siècle.

Hercule III, duc de Modène, petit-fils de Renaud, né en 1727, régna de 1780 à 1797, et se vit enlever ses États pendant la Révolution : le traité de Campo-Formio (1797) consacra cet état de choses. Une laissa qu’une fille, Marie Béatrix, qui épousa en 1779 l’archiduc Ferdinand d’Autriche ; ce qui fit entrer dans la maison impériale les biens de la maison d’Este. - Marie-Béatrix d’Este eut de son mariage plusieurs enfants ; en faveur desquels on a fait revivre le nom d’Este. L’aîné, François IV d’Este, archiduc d’Autriche, né en 1779, fut réintégré en 1815 dans le duché de Modène et eut pour successeur, en 1846, François V, dépossédé en 1859, pour avoir combattu contre les Italiens dans les rangs des Autrichiens.

ESTEPA, Astapa, v. d’Espagne (Séville), près du Xénil, à 70 kil. E. S. E. de Séville ; 10 000 hab.

ESTERHAZY, château des princes d’Esterhazy, situé en Hongrie, près d’Eisanstadt. Voy. ce nom.

ESTERHAZY (famille d’), une des plus illustres familles de la monarchie autrichienne, est hongroise et se prétend issue de Paul d’Esteras, descendant d’Attila, qui fut baptisé en 969. Sous Ferdinand II et Léopold I elle a puissamment contribué à affermir la dynastie des Habsbourg en Hongrie, ce qui lui concilia leur faveur. Elle aoquit en 1421 la seigneurie de Galantha (comitat de Presbourg), y joignit en 1622 celle de Forclitenstein, obtint en 1625 le rang de comte, en 1687 celui de prince d’empire, et enfin siégea à la diète comme état d’empire de 1804 à 1806. Cette maison a env. 4 000 000 fr. de revenu, et possède à titre héréditaire la charge de Ban d’Œdenbourg. Elle est catholique et réside à Eisenstadt et à Vienne. Elle a fourni des hommes d’État et des généraux distingués, entre autres, le feld-maréchal Paul d’E., 1635-1713, qui contribua sous Montecuculli a la victoire du St-Gothard sur les Turcs en 1664, combattit en Hongrie l’insurrection de Tékéll, repoussa les séductions du rebelle Ragotzki, participa à la défense de Vienne contre le Turcs en 1683, leur enleva Budé en 1686, et reçu en récompense la vice-royauté de Hongrie. - Nic. d’E., 1765-1833, refusa en 1809 la couronne de Hongrie que lui offrait Napoléon ;

: il est surtout connu par son goût pour les arts : c’est lui qui créa la belle galerie de tableaux dit Gartenpalast à Vienne. - Son fils, Paul Ant. d’E., né en 1786, fut ambassadeur d’Autriche à Londres de 1830 à 1838 et membre du ministère hongrois de Batthyani en 1848.

ESTERNAY, ch.-l. de c. (Marne), à 45 k. S. O. d’Épernay. ; 500. h. Manufact. de porcelaine.

ESTHER, c.-à-d. Cachée, Juive de la tribu de Benjamin, nièce de Mardochée, était née en Perse pendant la captivité de Babylone. Elle plut par sa beauté et sa douceur au roi de Perse Assuérus (V. ce nom), qui en fit son épouse, après avoir répudié l’altière Vasthi. Elle sauva la vie à Mardochée et au peuple juif, qu’Aman, favori d’Assuérus, voulait faire périr, irrité de ce que Mardochée ne consentait pas à fléchir le genou devant lui. Les Juifs ont institué la fête des Purim en mémoire de cet événement. Racine l’a mise sur la scène dans sa tragédie d’Esther. Un des livres canoniques de la Bible porte le nom d’Esther ; on l’attribue à Mardochée.

ESTHONIE, gouvt de la Russie, borné au N. par le golfe de Finlande, à l’O. par la mer Baltique, au S. par le golfe et le gouvt de Livonie, à l’E. par le gouvt de St-Pétersbourg ; 275 k. de l’E. à l’O., sur 80 du N’au S. ; 330 000 h. ; ch.-l. Revel. Les îles de Dagœ, Roghe, Vouko et Nargen en dépendent. Pays peu fertile dont les forêts couvrent la plus grande partie. Élève considérable de bœufs, brebis, chèvres et chevaux. — L’Esthonie doit son nom aux Æstys, peuple sarmate, d’origine finnoise, qui l’habitait jadis. Le roi de Danemark Canut IV les soumit en 1080 et leur imposa le Christianisme. À la fin du XIIe siècle, les Chevaliers teutoniques et les Porte-Glaive de Livonie s’emparèrent du pays et le partagèrent avec les évêques d’Ungannie et de Riga. L’Esthonie se révolta en 1218 et appela le roi de Danemark Waldemar II, 1219 ; celui-ci enleva une partie du pays aux Chevaliers teutons ; mais en 1347, par le traité de Marienbourg, Waldemar IV vendit aux Chevaliers teutons de Livonie tout ce qu’il possédait de l’Esthonie, et jusqu’en 1559, ce pays partagea les destins de la Livonie. Attaquée par la Russie, l’Esthonie se donna en 1561 à la Suède, à laquelle elle fut assurée par les traités suivants, notamment par celui d’Oliva en 1660 ; mais, après la guerre entre Charles XII et Pierre le Grand, la paix de Nystadt (1721) réunit l’Esthonie à la Russie. Les paysans esthoniens étaient tous serfs avant 1816 : l’empereur Alexandre les émancipa à cette époque.

ESTIENNE. V. ÉTIENNE.

ESTISSAC, ch.-l. de c. (Aube), à 20 kil. S. O. de Troyes ; 1200 h. Bonneteries, papeteries, etc.

ESTOILE. V. ÉTOILE.

ESTOUTEVILLE (Guill. d'), cardinal, né en 1403, d’une des plus illustres familles de Normandie, m. en 1483, entra dans l’ordre de St-Benoît, et s’éleva aux premières dignités de l’Église : il fut sacré archevêque de Rouen en 1453, après avoir précédemment occupé six évêchés. Il avait été nommé cardinal dès 1437 et devint en 1477 camerlingue de l’Église romaine. En 1451 il fut envoyé par le pape auprès de Charles VII, afin de l’engager à s’unir aux Anglais pour tourner leurs forces contre les Turcs, mais il échoua dans ce projet. Il est surtout célèbre par la réforme qu’il introduisit dans l’Université de Paris, de concert avec des commissaires tirés du clergé et du parlement. Il fit élever à ses frais les deux tours qui décorent la cathédrale de Rouen et le palais des archevêques de cette ville.

ESTRADES (Geoffroy, comte d'), guerrier et diplomate, né à Agen en 1607, mort en 1686, défendit Dunkerque contre les Espagnols en 1652, fit avec distinction la campagne de Catalogne en 1655 et remplit plusieurs missions importantes en Allemagne, en Hollande, en Angleterre, où il obtint la cession de Dunkerque à la France (1662). Dans une dispute engagée au sujet de la préséance, il reçut à Londres du baron de Watteville, représentant de l’Espagne, une insulte dont Louis XIV exigea une réparation éclatante. Ambassadeur en Hollande en 1667, il signa le traité de Bréda avec le Danemark. Il suivit Louis XIV à la conquête de la Hollande et gagna le bâton de maréchal de France en 1675 par la prise de Liège ; Il fut un des plénipotentiaires pour la paix de Nimègue en 1678. Il a laissé des Lettres et Mémoires. impr. à. La Haye, 1743, 9 vol in 12.

ESTRAMADURE, nom donné à deux prov. de la péninsule hispanique, l’une portugaise, l’autre espagnole, parce qu’au temps où les Maures possédaient une partie de la Péninsule, elles formaient la prov. extrême ou la plus mérid. des roy. chrétiens, celle qui était le plus au delà du Duéro (extrema Durii).

L’Estramadure espagnole a pour bornes au N. l’anc. roy. de Léon, au S. l’Andalousie, à l’E. la Castille, à l’O. le Portugal. Elle forme une capitainerie générale qui comprend les intendances civiles de Cacerès et de Badajoz. Elle a 270 kil. sur 150 ; 680 000 hab. ; ch.-l., Badajoz. Beaucoup de mont., sol en général fertile, mais mal exploité ; nombreux troupeaux de mérinos transhumants. Peu de commerce et d’industrie.

L’Estramadure portugaise a pour bornes au N. la Beira, au S. et à l’E. l’Alentéjo, à l’O. l’Océan ; 200k. sur 130 ; 900 000 hab. ; ch.-l., Lisbonne. Mont. nombreuses, surtout au N. ; les principales sont celles d’Estrella et de Cintra. L’E. est arrosée par le Tage, le Zezere, la Soure. Climat très-chaud, tremblements de terre. Pays très-fertile : grains et fruits ; huiles et vins recherchés pour l’exportation. Mines de cuivre, fer, houille, marbre. Commerce de sel.

Les deux Estramadures firent jadis partie de la Lusitanie et étaient habitées par les Vettones. Les Alains s’en emparèrent en 411, les Suèves en 420, les Visigoths en 477 et enfin les Maures en 712. Elles furent comprises dans le califat de Cordoue depuis 756 jusqu’au commencement du XIe siècle. Mérida en était alors la principale ville. En 1016, Badajoz devint la capit. d’un petit État maure indépendant qui comprenait les deux Estramadures, l’Alentéjo et l’Algarve ; cet État devint en 1094 la proie des Almoravides ; en 1161 il fut conquis par Abdel-Moumen, fondateur des Almohades ; celui-ci défit en plusieurs rencontres Alphonse Henriquez, roi de Portugal, qui avait soumis en grande, partie les deux Estramadures ; mais après sa mort en 1184, l’Estramadure portugaise resta définitivement annexée au roy. de Portugal. Quant à l’Estramadure espagnole, Alphonse IX, roi de Léon, en conquit une partie : il prit Alcantara, Mérida (1229), Cacerès, Badajoz et Mérida (1230) ; son fils, Ferdinand III, roi de Castille, acheva de la soumettre (1236-1240).

ESTRÉES-SAINT-DENIS, ch.-l. de cant. (Oise),, à 17 k. O. de Compiègne ; 1200 hab. Fil de lin, toiles, cordages. Commerce de blé et de chevaux.

ESTRÉES (famille d'), maison noble de France,, originaire de l’Artois, a pris son nom de la petite, v. d’Estrées en Cauchie, près de Béthune, et a formé un grand nombre de branches. Elle est surtout, célèbre pour avoir donné le jour à la belle Gabrielle.

ESTRÉES (Gabrielle d'), maîtresse de Henri IV, née vers 1670, était fille d’Antoine d’Estrées, grand maître de l’artillerie, gouverneur de l’Île-de-France. Le hasard ayant conduit Henri, vers la fin de 1%90, au château de Cœuvres qu’habitait Gabrielle, il conçut pour elle une vive passion. Il la maria pour la forme (à Damerval de Liancourt), puis la fit divorcer pour la rendre libre, l’appela à la cour, créa pour elle le duché de Beaufort, et combla d’honneurs tous ses parents : il songeait même à divorcer pour l’épouser, lorsque Gabrielle mourut subitement, en 1599, après avoir mangé une orange. On soupçonna qu’elle avait été empoisonnée. Douce et bonne autant que belle, Gabrielle était aimée de tous ; cependant Sully ne cessa de combattre son influence. Elle avait eu de Henri IV, entre autres enfants, César, chef de la maison de Vendôme.

Annibal d’Estrées, frère de Gabrielle, né en 1573, m. en 1670, devint maréchal de France sous Louis XIII et fut ambassadeur à Rome, où il déploya une grande fermeté ; il a laissé des Mém. sous la régence de Marie de Médicis, 1666. — Jean, comte d’Estrées, fils du préc, 1628-1707, fut fait vice-amiral en 1670, maréchal en 1681, battit l’amiral hollandais Binks à Tabago en 1677, reprit cette île aux Hollandais et devint vice-roi des Colonies d’Amérique. — Victor Marie d’Estrées, 1660-1737, fils du préc., commanda les armées navales réunies de Louis XIV et de Philippe V en 1703, et contribua puissamment à assurer la couronne d'Espagne au petit-fils de Louis XIV; il fut fait maréchal de France par Louis XIV et grand d'Espagne par Philippe V, et fit partie du conseil de régence en 1715. après la mort de Louis XIV. Il était de l'Académie française et de l'Académie des sciences. — César d'Estrées, né en 1628, mort en 1714, fils cadet d'Annibal, fut de bonne heure évêque de Laon et fut fait cardinal en 1674 : par son caractère conciliant, il travailla à pacifier l'Église, et par son esprit il mérita d'être reçu membre de l'Académie. Ses Négociations avec Rome de 1617 à 1687 sont conservées en mss. à la Bibliothèque impériale. – Louis Letellier, comte d'Estrées, fils d'une sœur du maréchal Victor Marie, né en 1695, mort en 1771 : il se distingua à Fontonoy (1745) et à Raucoux (1746), devint maréchal en 1756, commanda en chef en Allemagne, et battit le duc de Cumberland à Hastenbeck (1757). Le nom de d'Estrées s'éteignit avec lui.

ESTRÉES (l'abbé D'). V. DESTRÉES.

ESTRELLA (SIERRA DA), chaîne de mont. du Portugal, dans les prov. de Beira et d'Estramadure, s'étend vers l'E. jusqu'aux frontières d'Espagne où elle se lie aux monts de Gata, s'unit vers l'O. aux monts de Cintra, et court au S. O., encadrant du côté oriental le cours du Zezere.

ESTREMOZ, Extrema ou Stremontium, v. forte de Portugal (Alentéjo) , à 40 kil. N. E. d'Évora; 5300 hab. Citadelle, arsenal. On y fabrique des vases en terre poreuse pour rafraîchir l'eau (Alcarazas). Les Espagn. y battirent les Portugais en 1665.

ESTRITHIDES, dynastie danoise qui occupa le trône de 1047 à 1375, tire son nom d'Estritha, fille de Suénon I, et mère de Suénon II. V. DANEMARK.

ESTYES, Æstyi, peuple de la Sarmatie européenne, Finnois d'origine, habitait près de la mer des Suèves (Baltique), et a donné son nom à l'Esthonie.

ESZEK, Mursa, v. des États autrichiens, capit. de l'Esclavonie, sur la r. dr. de la Drave, près de son confluent avec le Danube, à 218 kil. S. de Bude; 13 000 hab. Place forte, arsenal, casernes, etc. La ville proprement dite ne contient que 80 maisons bourgeoises : mais en dehors des ouvrages qui la défendent s'étendent de vastes faubourgs. La forteresse a été bâtie au XVIIe siècle par Léopold I après la conquête de l'Esclavonie.

ÉTABLES, ch.-l. de c. (Côtes-du-Nord), à 13 k. N. O. de St-Brieuc, sur la Manche; 263 hab.

ÉTABLISSEMENTS DE S. LOUIS, recueil d'ordonnances et règlements publiés par Louis IX en 1269, et qui s'appliquaient spécialement à l'Île-de-France. Quelques-uns croient que ce recueil a été fait par des légistes après la mort du roi. C'est le 1er code promulgué en France depuis les Capitulaires de Charlemagne. On y trouve une double législation, l'une toute féodale, pour les nobles; l'autre tirée des lois romaines, pour les roturiers. Ces Établissements ont été publiés par Ducange, en 1668, à la suite de Joinville; par Laurière, en 1723, dans la collection des Ordonnances; par St-Martin, en 1786, avec une version en langue moderne; et de nos jours par M. Isambert, dans le Recueil des anciennes lois françaises.

ÉTAIN, ch.-l. de c. (Meuse), à 20 kil N. E. de Verdun; 2494 hab. Autrefois ville forte. Collège.

ÉTAMPES, Stampæ, ch.-l. d'arr. (Seine-et-Oise), à 52 kil. S. de Versailles, sur les riv. d'Étampes et de Juine; 7650 hab. Trib. de 1re inst., collège. Tour de Guinette, où fut enfermée la reine Ingeburge : c'est le seul reste de l'ancienne forteresse bâtie par le roi Robert. Tanneries, mégisseries, plus de 50 moulins. Grand commerce de grains, farines, légumes. Patrie d'E. Geoffroy-St-Hilaire, qui y a une statue. — La v. d’Étampes est fort ancienne : elle est citée dès le VIe siècle. Plusieurs conciles s'y sont tenus, notamment en 1130. Elle a beaucoup souffert pendant les guerres religieuses des XVIe et XVIIe s. Henri IV la prit en 1590 et en rasa les fortifications. Étampes fut érigée en comté en 1327 par Charles IV. François I en fit un duché en faveur d'Anne de Pisseleu, sa maîtresse (1536). Ce duché a été possédé en dernier lieu par Gabrielle d'Estrées.

ÉTAMPES (Anne de PISSELEU, duchesse d'), dite d'abord Mlle d'Heilly, maîtresse de François I, née vers 1508, était fille d'honneur de Louise de Savoie, duchesse d'Angoulême, mère de François I, et avait dix-huit ans lorsque ce Prince la connut. Il la maria à un certain Jean de Brosse et lui donna le comté d'Étampes, qu'il érigea pour elle en duché. La duchesse domina François I pendant 22 ans : elle combla les siens de faveurs, troubla la cour et porta la désunion dans la famille royale par sa haine contre Diane de Poitiers, maîtresse du Dauphin; elle favorisa, en livrant des secrets d'État, les succès de Charles-Quint et de Henri VIII en France, dans l'intention de rabaisser le Dauphin qui était chargé de les combattre, et fit signer à François I le honteux traité de Crespy. Après la mort de François I, en 1547, elle fut reléguée dans ses terres et embrassa le Protestantisme. Elle mourut dans l’obscurité vers 1576. D'un esprit brillant et cultivé, elle passait à la cour pour « la plus savante des belles et la plus belle des savantes. »

ÉTAMPES-VALANÇAY (Achille d'). V. VALANÇAY.

ÉTAMPES (Jacques d'). V. la FERTÉ-IMBAULT.

ÉTAPLES, Stapulæ, ch.-l. de c. (Pas-de Calais), à l'embouchure de la Canche, à 10 kil. N. O. de Montreuil; 1800 hab. Station. Raffineries, entrepôt de sel, eau-de-vie, bière. Pêche. Cette ville possédait autrefois un port, auj. envahi par les sables. Un traité de paix y fut signé entre Henri VII et Charles VIII en 1492, au moment où ce dernier partait pour l'Italie.

ÉTATS (Terre des), île de l'Océan Atlantique méridionale, à l'E. de la Terra de Feu, dont le détroit de Lemaire la sépare : 70 kil. sur 20. Stérile et déserte.

ÉTATS GÉNÉRAUX. On donna ce nom jusqu'en 1789 aux assemblées générales de la nation, composées de la réunion des députés des trois ordres, c'est-à-dire de la noblesse, du clergé et du tiers état.

La 1re assemblée qui prit ce titre fut convoquée en 1302 par Philippe IV, dit le Bel, à l'occasion du différend qui s'était élevé entre ce prince et le pape Boniface VIII ; la réunion eut lieu à Notre-Dame de Paris : les 3 ordres prononcèrent en faveur du roi.

Les principales assemblées des États généraux qui suivirent eurent lieu :

En 1308, à Tours, sous Philippe le Bel, au sujet de l'abolition des Templiers;

En 1313, pour voter la levée des tailles;

En 1317 et en 1328, pour le couronnement de Philippe V et Philippe VI, à l'exclusion des femmes, par application de la loi salique;

En 1356 et 1357, à Paris, pendant la captivité du roi Jean, pour voter des subsides et traiter de la délivrance du roi (cette assemblée est célèbre par les troubles qu’excita dans Paris le prévôt Étienne Marcel);

En 1420, à Paris: ils ratifièrent le traité de Troyes, et votèrent un subside sous l'empire des menaces du roi d'Angleterre Henri VI;

En 1468, à Tours: ils s'opposèrent à ce que la Normandie fût démembrée pour le frère du roi, et décidèrent que l'apanage des princes ne consisterait désormais qu'en un revenu fixe de 12 000 liv. de rente;

En 1484, convoqués à Tours par Anne de Beaujeu, régente : ils déclarèrent la majorité de Charles VIII, dont la garde fut néanmoins confiée à sa sieur Anne de Beaujeu, et demandèrent l'abolition d'un grand nombre d'abus. Cette assemblée est la première où il y ait eu des formes d'assemblée législative. Le Journal des États de 1484 a été publié dans les Documents inédits de l'histoire de France,

En 1506, à Tours : ils se prononcèrent contre le mariage de Claude de France, fille de Louis XII, avec Charles d'Autriche, et pour son union avec le duc d’Angoulême (François I);

En 1560, à Orléans, pendant la minorité de Charles IX : ils donnèrent la régence à Catherine de Médicis, et préparèrent des lois commerciales qui furent en vigueur jusqu'en 1789;

En 1576 et 1588, à Blois : dans les premiers, l'édit de pacification accordé par Henri III aux Huguenots fut révoqué, et le roi, après avoir inutilement tenté de s'opposer à la Ligue, s'en déclara lui-même le chef : — aux seconds, qui furent convoqués à la suite de la journée des Barricades, les Ligueurs exprimèrent le vœu de déférer la couronne au duc de Guise : Henri III prévint l'effet de ce vœu en faisant assassiner le duc ;

En 1593, à Paris, tenus par la Ligue pendant le siège de Paris, pour exclure du trône Henri (IV) et y appeler l'infante d'Espagne. Ces États n'eurent aucun résultat. La satire Ménippée couvrit les députés de ridicule. Les procès-verbaux de ces États ont été publiés dans les Documents inédits de l'hist. de France;

En 1614, tenus à Paris, au moment de la majorité de Louis XIII : ils restèrent sans résultat à cause des querelles entre les trois ordres, et furent dissous;

En 1789, à Versailles. Ils sont appelés Assemblée nationale et Assemblée constituante. V. ASSEMBLÉE.

MM. Thibaudeau (1843), Rathery (1845) et Boullée (1850) ont donné l’Hist. des États généraux de France.

ÉTATS GÉNÉRAUX. On désigne souvent par ce nom les anciennes Provinces-Unies ou États de Hollande.

ÉTATS-UNIS (les), grande république fédérale de l'Amérique sept., entre l'Amérique anglaise au N., l'Océan Pacifique à l'O., la Confédération mexicaine au S. O., le golfe de Mexique au S., l'Atlantique à l'E., s'étend de 25° à 52° lat. N., et de 70° à 127° long. O., ayant env. 4500 kil. de l'E. à l'O. et 2200 du N. au S. ; capit., Washington. La population totale, qui en 1783 n'était que de 2 500 000 hab., est auj. d'env. 30 000 000 (dont plus de 3 millions d'esclaves). La population est en grande partie accumulée à l'E. et le long des côtes de l'Océan Atlantique; à l'O. (sauf en Californie) et dans l'intérieur des terres s'étendent de vastes solitudes à peine peuplées par quelques tribus indiennes, dont le nombre total ne s'élève guère qu'à 300 000. La République est divisée en États (states) qui sont indépendants et se gouvernent par eux-mêmes; en Territoires (territories), qui sont régis par le gouvernement fédéral, et en Districts qui sont annexés soit à un État, soit à un territoire. Elle compte auj. 36 États.

États. Chefs-lieux.
Au N. E. Maine, Augusta, Portland.
New-Hampshire, Concord.
Vermont, Montpellier.
Massachusetts, Boston.
Rhode-Island, Providence et New-port.
Connecticut, Hartford et New-Haven.
Au milieu New-York, Albany.
New-Jersey, Trenton.
Pensylvanie, Harrisburg.
Delaware, Dover.
Maryland, Annapolis.
Au S. Virginie, div. depuis 1862 en V. orient., et V. occidentale. Richmond.
Caroline du Nord, Raleigh.
Caroline du Sud, Columbia.
Géorgie, Milledgeville.
Floride, Tallahassee.
Alabama, Tuscaloosa, puis Montgomery.
Mississipi, Jackson.
Louisiane, Nouv.-Orléans, puis Bâton-Rouge.
Texas, Austin.
A l'O. Tennessee, Nashville.
Kentucky, Frankfort.
Ohio, Columbus.
Indiana, Indianapolis.
Illinois, Springfield.


États. Chefs-lieux.
Missouri, Jefferson.
Arkansas, Little-Rock.
Iowa, Iowa-city.
Minnesota, St-Paul.
Wisconsin, Madison.
Californie, S.-Francisco, S.-José.
Oregon, Oregon-city, puis Salem.
Kanzas, Lawrence.
Nouv.-Mexique, Santa-Fé.

On y compte en outre le district de Columbia, et 7 territoires : Utah, Washington, Nébraska, Colorado, Névada, Dakota, Aliaska.

Parmi les 35 États, 15 admettent des esclaves : ce sont les 2 Carolines, l'Alabama, le Texas, la Floride, la Géorgie, la Louisiane, le Mississipi, l'Arkansas, la Virginie, le Tennessée, le Missouri, le Kentucky, le Maryland, le Delaware.

Les treize États suivants : New-Hampshire, Massachusetts, Rhode-Island, Connecticut, New-York, New-Jersey, Pensylvanie, Delaware, Maryland, Virginie, les deux Carolines et la Géorgie, formaient seuls le territoire des États-Unis au moment de la déclaration d'indépendance, en 1776. Voici l'ordre dans lequel les États nouveaux ou territoires vinrent s'y associer : Vermont, détaché de New-York, 1791 ; Tennessee, détaché de la Caroline du Nord, 1796; Kentucky, détaché de la Virginie, 1799; Ohio, par création, 1802; Louisiane, achetée à la France en 1803 (État en 1812); Indiana, créé en 1816; Mississipi, séparé de la Géorgie, 1817; Illinois, par création, 1818; Alabama, détaché de la Géorgie, 1819; Maine, détaché de Massachusetts, 1820; Missouri, détaché de la Louisiane, 1821 ; Michigan et Arkansas, 1836; Floride et Iowa, 1845; Texas et Wisconsin, 1846, N.-Mexique et Californie, 1848; Minnesota, territoire en 1849, État en 1858; Oregon et Utah, 1850; Washington, formé de la partie N. E. de l'Oregon, 1853; Nébraska, 1854; Kanzas, 1856 (État en 1860); Virginie occidentale, 1862.

Les États-Unis sont traversés par plusieurs chaînes de montagnes. Les principales sont, à l'E., les Alleghany et les mont. Bleues, qui s'étendent parallèlement aux côtes de l'Océan, et à l'O. les mont. Rocheuses, qui séparent les États-Unis du Mexique. Le Mississipi, le Columbia, l'Apalachicola, la Mobile, qui en descendent, sont les plus grands fleuves des États-Unis. Le St-Laurent est commun aux États-Unis et à l'Amérique anglaise.

Le climat varie avec la latitude et suivant qu'on marche vers l'ouest, où il est infiniment plus froid. La partie sud est très-chaude et extraordinairement fertile; de vastes savanes occupent les bords du golfe de Mexique; d'immenses forêts remplissent les vastes espaces à l'O. des monts Alleghany. La région du nord, à l'O. des monts Alleghany, s'appelle région des Lacs à cause des lacs nombreux dont elle est remplie et dont quelques-uns sont comme des mers; plusieurs d'entre eux, les lacs Supérieur, Huron, Érié, Ontario, sont communs aux États-Unis et aux possessions anglaises; le lac Michigan est compris tout entier dans les États-Unis. Presque tout le pays a été couvert longtemps d'immenses forêts vierges, qui disparaissent peu à peu devant les empiétements continuels du pionnier et du cultivateur. Les forêts des États-Unis sont peuplées par un grand nombre d'animaux sauvages et féroces, dont plusieurs particuliers à l'Amérique : le cougar ou puma, le mouton des mont. Rocheuses, l'élan, le moose ou daim d'Amérique, le castor, l'opossum, etc. ; parmi les oiseaux, on y remarque les pigeons ramiers, l'oiseau moqueur, le colibri ; on y trouve aussi de nombreux reptiles, des serpents à sonnettes, des alligators et un grand nombre de tortues. Le sol est partout fort riche en productions de toute espèce : froment, maïs, riz, tabac, canne à sucre, indigo, coton de qualité supérieure. En cuire, on trouve en abondance de la houille, du sel, de l'alun, du soufre. L’État de Missouri renferme d'immenses mines de plomb; on trouve l'or en abondance dans la Virginie, dans les Carolines et surtout dans la Californie. — L'industrie et le commerce ont pris une extension prodigieuse dans les États-Unis : d'immenses manufactures ont été fondées de toutes parts ; des canaux, des chemins de fer sillonnent le pays en tous sens; la marine marchande est la première après celle de l'Angleterre : la pêche, surtout la pêche de la baleine, occupe des milliers de matelots. La population des États-Unis se compose en grande partie d'Européens dont les quatre cinquièmes sont d'origine anglaise; ces derniers se partagent en deux types distincts, le virginien et le yankee; les premiers forment en quelque sorte l'aristocratie noble; les seconds, la Bourgeoisie commerçante. Les Français dominent dans les États du S. O. (Louisiane, Mississipi, Missouri, Illinois), pays autrefois français : les colons allemands sont devenus très-nombreux depuis quelques années. Outre les Européens, on compte un grand nombre de métis et de nègres, soit libres, soit esclaves (les esclaves sont encore très-nombreux dans plusieurs États du Sud, notamment dans la Virginie, les Carolines et la Géorgie); enfin les indigènes, dont le chiffre décroît tous les jours, sont de plus en plus refoulés vers le nord et vers l'ouest. — Le gouvernement des États-Unis est une république fédérative. Il se compose d'un président, nommé pour quatre ans, d'un vice-président, d'un sénat et d'une chambre de représentants ; il siège à Washington. Les territoires sont régis immédiatement par le gouvernement fédéral; mais quand le chiffre de leur population dépasse 60 000 hab., ils ont le droit de prendre le rang d'État. Le district fédéral dépend du gouvernement fédéral. — Tous les cultes sont tolérés aux États-Unis, mais la religion réformée y domine; parmi les nombreuses sectes dans lesquelles elle se divise, celles des Presbytériens, des Anglicans, des Méthodistes, sont les plus nombreuses. Viennent ensuite les Catholiques, les Congrégationalistes, les Quakers, les Moraves, etc. Les Catholiques ont 7 archevêchés (Baltimore, Cincinnati, San-Francisco, St-Louis de Missouri, la Nouv.-Orléans, New-York, Oregon-city) et une vingtaine d'évêchés.

Histoire. L'existence des États-Unis comme État indépendant ne date que de 1776 : mais l'histoire du pays remonte plus haut. Les Vénitiens Jean et Sébastien Cabot en reconnurent les premiers les côtes en 1497 ; Ponce de Léon découvrit la Floride en 1512 ; Verazzani visita en 1524 toute la côte septentrionale jusqu'au 34° de lat. De 1562 à 1565 les Français essayèrent vainement de coloniser la Floride ; en 1584 des Anglais s'établirent en Virginie. B. Gosnold en 1602, Hudson en 1607, Jean Smith en 1614, firent d'importantes découvertes dans le nord. Les Hollandais, marchant sur leurs traces, colonisèrent en 1614 l’État de New-York, auquel ils donnèrent le nom de Nouv.-Pays-Bas. Des Puritains, émigrés de la Grande-Bretagne, vinrent en 1620 s'établir dans le Massachusetts. Le New-Hampshire fut colonisé en 1621, et porta d'abord le nom de Laconie; en 1627 le Delaware reçut une colonie suédoise ; le Maryland fut colonisé en 1632, le Connecticut en 1635, le Rhode-Island en 1638 : tous ces pays durent leurs premiers habitants aux persécutions religieuses. Charles II, roi d'Angleterre, donna en 1662 au comte Clarendon et à sept autres seigneurs le pays qui forma depuis les deux Carolines, et en 1681 au quaker Guillaume Penn la contrée appelée de son nom Pensylvanie. Une compagnie anglaise s'établit dans la Géorgie en 1732 sous le règne de Georges II. Tandis que les côtes se peuplaient ainsi, l'intérieur des terres recevait également de nouveaux habitants. En 16S3, le Français De la Salle, parti du Canada, descendant le Mississipi, avait pris possession de la Louisiane au nom de Louis XIV; en 1699, une colonie française s'y était établie. En 1717, la compagnie française d'Occident fonda la Nouv.-Orléans ; en 1735, elle éleva la v. de Vincennes, dans l'État d'Indiana. Un territoire ainsi partagé entre deux nations rivales ne pouvait tarder à devenir le théâtre de guerres sanglantes : en 1754 la guerre éclata entre les Français et les Anglais : elle dura sept ans. Les Français perdirent le Canada, l'Açadie, l'île du Cap-Breton ; ces pertes furent consommées par le traité de 1763. C'est à la suite de cette guerre que commença la mésintelligence entre le gouvernement anglais et ses colonies. Ces dernières ayant acquis un accroissement considérable, le gouvernement se crut autorisé à les charger de nouveaux impôts, et, malgré des représentations réitérées, des droits onéreux furent établis, sans le consentement des colons, sur le timbre, le papier, le verre, le thé, etc. (1764-67). La fermentation fut bientôt générale, et en 1773 Boston donna le signal de la révolte. En 1775 se livra la bataille de Bunker's Hill où les Anglais furent défaits. Un congrès s'établit à Philadelphie et donna à Georges Washington le commandement suprême de l'armée américaine. Le 4 juillet 1776, les treize colonies anglaises (V. leurs noms ci-dessus) se déclarèrent indépendantes. Après une guerre opiniâtre, qui offrit des chances diverses, la victoire de Saratoga (1777) et la reddition du général Burgoyne donnèrent aux insurgés une supériorité décidée. En 1778, la France fit un traité d'alliance avec les États-Unis, et les aida puissamment, tant sur mer que sur terre, à combattre les Anglais : Lafayette, Rochambeau et une foule d'autres officiers français s'illustrèrent dans ces combats. Un traité fut également conclu par les insurgés avec l'Espagne en 1779. Enfin la capitulation de Cornwallis, en 1781, força l'Angleterre à reconnaître l’indépendance des États-Unis, et à accepter la paix, qui fut signée à Paris, le 3 sept. 1783. La guerre terminée, le congrès s'occupa d'établir une constitution qui fut acceptée par tous les États en 1787, et en 1789 Washington fut appelé à la présidence. Pendant la guerre qui éclata bientôt après entre la France et l'Angleterre, le président s'empressa de déclarer la neutralité des États-Unis (1793). A l'abri de cette neutralité, d'importantes améliorations purent s'établir dans le pays; le territoire s'agrandit par l'achat de vastes terres que vendirent les tribus indiennes et par l'acquisition de la Louisiane (1803) Mais depuis 1809 de nouvelles difficultés s'élevèrent entre l'Angleterre et les États-Unis, surtout à l'occasion de la question de la liberté des mers, et la guerre fut déclarée en 1812 : elle dura jusqu'en 1815, et se termina encore à l'avantage de la République. Depuis, les États-Unis n'ont point cessé de vivre en bonne intelligence avec les puissances européennes, et la paix n'a été troublée que par de courtes expéditions contre le Mexique, qui s'est vu enlever le Texas, le Nouv.-Mexique, la Californie (1845-1848). A la fin de 1860, à l'occasion de l'élection d'un président abolitioniste, Abr. Lincoln, il se fit une grande scission entre les États du Sud, partisans de l'esclavage, et les États du Nord, opposés à cette institution. Dix États, les deux Carolines, la Floride, la Géorgie, l'Alabama, le Mississipi, la Louisiane, le Texas, l'Arkansas, le Tennessee, et une partie de la Virginie, déclarèrent successivement (20 déc. 1860-12 juin 1861) se détacher de l'Union, se constituèrent en Confédération séparée, élurent un président, Jefferson Davis, adoptèrent une nouvelle capitale (Richmond), et opposèrent une armée à celle de l'Union. Pendant 4 ans, les Confédérés, commandés par Beauregard, Jackson et Lee, livrèrent aux Fédéraux, commandés par Scott Mac Clellan, Burnside, Sherman et Grant, une suite de batailles meurtrières, où les succès et les revers se balancèrent longtemps ; enfin la cause de l'Union l'emporta : la prise et l'incendie de Richmond (avril 1865) amenèrent la capitulation des divers corps d'armée confédérés. Bancroft, Hildreth, Tucker, Batton, écrivains nationaux, ont écrit l’histoire des États-Unis ; M. Ed. Laboulaye a donné leur Histoire (3 vol. in-8o 1866).

Présidents des États-Unis :
Georges Washington, élu en 1789
et pour la 2e fois, 1793
John Adams, 1797
Thomas Jefferson, 1801
et pour la 2e fois, 1805
James Madison, 1809
et pour la 2e fois, 1813
James Monroë, 1817
et pour la 2e fois 1821
John Quincy Adams, 1825
A. Jackson, 1829 et pour la 2e fois, 1833
Martin Van-Buren, 1837
W. Harrison (J. Tyler, vice-présid.), 1841
James Polk, 1845
Z. Taylor (Fillmore, vice-président), 1849
Franklin Pierce, 1853
Buchanan, 1857
Abr. Lincoln, 1861 et pour la 2e fois, en 1865
A. Johnson, 1865
Grant, 1869 et pour la 2e fois, en 1872

ÉTATS-UNIS DE L’AMÉRIQUE CENTRALE. V. GUATIMALA.

ÉTATS-UNIS DE L’AMÉRIQUE DU SUD. V. COLOMBIE.

ÉTATS-UNIS DU RIO DE LA PLATA. V. RIO DE LA PLATA.

ETCHMIADZINE, v. de la Russie mérid (Érivan), à 16 kil. O. d’Érivan, à 50 kil. N. O. de l’Ararat. Fameux monastère, résidence du patriarche arménien grec. On y prépare l’huile sainte.

ÉTÉOCLE, fils aîné d’Œdipe et de Jocaste, et frère de Polynice. À la mort de leur père, il fut convenu qu’ils régneraient alternativement sur Thèbes pendant un an. Étéocle monta le premier sur le trône ; mais, l’année expirée, il ne voulut pas en descendre. Polynice, soutenu par Adraste, roi d’Argos, son beau-père, vint à la tête d’une armée d’Argiens revendiquer ses droits. Les deux frères se livrèrent un combat singulier, et dans leur acharnement ils se tuèrent réciproquement. V. POLYNICE.

ETHELBALD, roi d’Angleterre de la dynastie saxonne (857-60), fils d’Ethelwolf. enleva la couronne à son père, pendant que celui-ci était à Rome (V. ETHELWOLF). Après la mort de son père, il épousa la veuve de ce prince, mais il fut bientôt obligé par le cri public de rompre ce mariage incestueux.

ETHELBERT, roi d’Angleterre de la dynastie saxonne (860-66), avait d’abord partagé le pouvoir avec son frère Ethelbald. Il eut à repousser plusieurs invasions des Danois.

ETHELRED I, roi d’Angleterre de la dynastie saxonne (866-71), frère d’Ethelbald et d’Ethelbert. Son règne fut perpétuellement troublé par les incursions des Danois : il périt des suites d’une blessure qu’il avait reçue en les combattant. Il eut pour successeur Alfred le Grand, son frère. — II, de la dynastie saxonne (978-1016), succéda à son frère Édouard le Martyr. Sous son règne, les Danois firent les plus grands progrès et vinrent mettre le siège devant Londres. Il fit massacrer tous les Danois qui s’étaient établis en Angleterre (le 13 nov. 1002, jour de St-Brice) : Suénon, roi de Danemark, vengea ses concitoyens, et chassa Ethelred (1013), qui ne put remonter sur le trône qu’à la mort de ce prince. Il vit ses États envahis de nouveau par Canut, (1016) et en mourut de douleur.

ETHELWOLF, roi d’Angleterre de la dynastie saxonne (836-58). Pendant que son royaume était ravagé par les Danois, établis à Thanet, ce roi pieux allait faire un pèlerinage à Rome ; il rendit ses sujets tributaires du St-Siége, et imposa une dîme au profit du clergé. En son absence, son fils Ethelbald s’était fait décerner la couronne ; à son retour, Ethelwolf la résigna sans opposition. Ce prince avait épousé en secondes noces Judith, fille de Charles le Chauve.

ETHICUS (HISTER), géographe latin que l’on ne connaît que par trois extraits informes sur la géographie du monde romain, vivait vers le VIe ou le VIIe s. de notre ère et était probablement originaire de l’Istrie, comme l’indique son nom. Les extraits d’Ethicus ont été imprimés sous le nom de Cosmographie d’Ethicus, d’abord à Venise, 1513, puis à Bâle, 1535, à Leyde, 1722, par Gronovius, et à Paris, 1852, par M. d’Avezac, avec un savant Mémoire sur l’auteur.

ÉTHIOPIE, Æthiopia, nom donné vaguement dans les temps les plus anciens à toute la région qui s’étendait au sud de l’Égypte. Dans la suite, le nom d’Éthiopie s’appliqua plus spécialement à tout le bassin du Haut-Nil, depuis les cataractes jusqu’au cap Delgado, comprenant les pays nommés auj. Nubie, Abyssinie, Kordofan, Dar-Four, Adel, Magadoxo, Mélinde, etc. Le vague de cette dénomination provient du sens même du mot Éthiopicus, qui veut dire visage brûlé (du grec aithô, brûler, et ops, visage) . Parmi les tribus nombreuses qui habitaient l’Éthiopie, on distinguait : les Éthiopiens de Méroë, qui habitaient entre le Nil et l’Atbarah : leur capit. était Méroë ( V. ce nom) ; les Blemmyes, à l’E. de Méroë ; les Nubes ou Nubiens, à l’O. de Méroë ; les Sembrites, au S. de Méroë, dans le territoire desquels se trouvaient Sembobitis et Axum. Viennent ensuite les Éléphantophages, les Strouthiophages, les Ophiophages (mangeurs d’éléphants, d’autruches, de serpents), qui habitaient l’intérieur des terres ; les Troglodytes, qui s’étendaient sur la côte depuis la frontière de l’Égypte jusqu’au détroit de Bab-el-Mandeb ; le port d’Adulis était chez eux. Plus au S. se trouvaient les Ichthyophages, les Créophages, les Chélonophages (c.-à-d. mangeurs de poissons, de viande et de tortues), et les Macrobiens, qui vivaient, dit-on, de 120 à 150 ans. — On ne sait presque rien sur l’histoire de l’Éthiopie. La Bible appelle ce pays la Terre de Chus, ce qui la suppose peuplée par les descendants de Chus, fils de Cham et frère de Misraïm : les tribus qui l’habitent paraissent en effet originaires d’Arabie. Les Juifs et les Phéniciens y vinrent de bonne heure pour y faire le commerce. On voit fleurir en Éthiopie dès les temps les plus anciens l’empire de Méroë, d’où l’on croit que sortirent les colonies qui civilisèrent l’Égypte. Vers le XVe siècle av. J.-C., les Éthiopiens furent soumis par Sésostris ; mais au commencement du VIIIe s., ils conquirent l’Égypte à leur tour et ils la gardèrent jusqu’en 713 av. J.-C. : la 25e dynastie des rois d’Égypte (Sabacon, Sua, Tharaca) est une dynastie éthiopienne. Ptolémée et les Romains tentèrent vainement de soumettre cette contrée ; cependant les Romains finirent par s’emparer de quelques portions de la partie la plus septentrionale, qu’ils annexèrent au gouvernement d’Égypte sous le nom de Æthiopia supra Ægyptum. Les Éthiopiens eurent plusieurs reines du nom de Candace : l’une d’elles fut tributaire d’Auguste. Le Christianisme fut introduit dans leur pays au IVe siècle ; il s’y est conservé jusqu’à nos jours. V. ABYSSINIE.

ÉTHRA, fille de Pitthée, roi de Trézène, fut séduite |iar Égée, roi d’Athènes, qui la rendit mère de Thésée. Dans la suite, elle alla à Athènes avec son fils et le fit reconnaître par son père. V. THÉSÉE.

ÉTIENNE (S.), Stephanus (c.-à-d. couronné), Juif de naissance, était un des 7 diacres choisis par les Apôtres. Il fut accusé par les Juifs d’avoir blasphémé contre Dieu et contre Moïse en disant que Jésus de Nazareth détruirait le lieu saint, et fut lapidé à Jérusalem, environ 9 mois après la mort de J.-C. : il est le premier martyr. On le fête le 26 décembre.

ÉTIENNE I (S.), pape de 253 à 257, était Romain. Il combattit les Novatiens, condamna Martial, évêque de Léon, entaché d’hérésie, soutint contre S. Cyprien la validité du baptême donné par les hérétiques et souffrit le martyre en 257. On le fête le 2 août.

ÉTIENNE II, Romain, pape de 752 à 757, se trouvant menacé par Astolphe, roi des Lombards, vint en France demander secours à Pépin le Bref et le sacra (754). Pépin, ayant enlevé à Astolphe l’exarchat de Ravenne et la Pentapole, qu’il avait usurpés sur les empereurs d’Orient, en fit don au St-Siége (765) ; ce fut là le premier noyau des États de l’Église, et l’origine de la puissance temporelle des papes.

ÉTIENNE III, Sicilien, pape de 708 à 772, fut élu après une vacance de 13 mois. Il fit condamner dans un concile les antipapes Constantin et Philippe.

ÉTIENNE IV, Romain, pape de 816 à 817, vint en France sacrer Louis le Débonnaire.

ÉTIENNE V, Romain, pape de 885 à 891, fit des prodiges de charité pour soulager le peuple pendant une cruelle famine.

ÉTIENNE VI, Romain, pape de 896 à 897, fit exhumer le corps de Formose, son prédécesseur, qu’il accusait d’avoir usurpé, présenta dans un concile ce cadavre revêtu des habits pontificaux, l’accusa d’avoir usurpé le siège de Rome, lui fit trancher la tête par le bourreau et le fit jeter dans le Tibre. Cette vengeance atroce ayant soulevé le peuple, Étienne fut chargé de fers et jeté dans une prison où il périt étranglé.

ÉTIENNE VII, Romain, régna de 929 à 931, sans rien faire de remarquable.

ÉTIENNE VIII, Allemand, pape de 939 à 942, était parent de l’empereur Othon. Il fut élevé sur le St-Siége par la protection de Hugues, roi d’Italie. Sa qualité d’étranger le fit détester des Romains.

ÉTIENNE IX, pape de 1057 à 1058, d’abord abbé du Mont-Cassin, était frère de Godefroi le Barbu, duc de Lorraine. Il réforma les mœurs, et mourut à Florence en odeur de sainteté, après 8 mois de règne.

ÉTIENNE, empereur d’Orient, fils de Romain I, fut associé par son père à l’empire en 919, avec ses 2 frères Christophe et Constantin, et régna jusqu’en 945, époque à laquelle il fut exilé.

ÉTIENNE I (S.), roi de Hongrie, succéda en 997 à son père Geysa, 4e  duc de Hongrie, réforma les mœurs barbares de ses peuples, fit venir des missionnaires qui prêchèrent l’Évangile, publia un code, et reçut du pape Sylvestre II, en l’an 1000, le titre de roi, avec celui d’apôtre de la Hongrie. Il mourut en 1038. La couronne que lui donna le pape sert encore auj. pour le sacre des rois de Hongrie. Il est honoré le 2 sept. - L’impératrice Marie-Thérèse institua en son honneur, en 1764, l’Ordre de S. Étienne, destiné à récompenser le mérite civil. On n’y admet que des nobles. La décoration est une croix pattée verte, bordée d’or, avec un écusson portant, outre les lettres M. T. (Marie-Thérèse), la couronne de Hongrie surmontée d’une croix blanche et entourée des mots : Publicum meritorum præmium. Au revers on lit en abrégé : S. Stephano regi apostolico.

ÉTIENNE II, roi de Hongrie, dit le Foudre ou l’Éclair, succéda en 1114 à Coloman II, son père, fit la guerre, avec des succès divers, aux Vénitiens, aux Polonais, aux Russes et aux Bohémiens, et fut vaincu par Jean Comnène, empereur de Constantinople. Il se rendit odieux par ses cruautés. N’ayant point d’enfants, il résigna sa couronne à Béla, son cousin, et se fit moine. Il mourut en 1131.

ÉTIENNE III, fils de Geysa II, lui succéda en 1161 et secourut l’emp. Manuel Comnène contre Venise. En son absence, ses oncles Ladislas et Étienne usurpèrent ; il fut rétabli dès 1163, et régna jusqu’en 1172.

ÉTIENNE IV, le Cuman, succéda en 1270 à Béla IV, son père ; s’illustra par ses victoires sur Ottokar, roi de Bohême, et rendit la Bulgarie tributaire. Il mourut en 1272.

ÉTIENNE BATHORI, roi de Pologne. V. BATHORI.

ÉTIENNE DE BLOIS, roi d’Angleterre, de la maison de Blois, né en 1105, avait pour mère une fille de Guillaume le Conquérant, qui avait épousé un comte de Blois. À la mort de Henri I (1135), il usurpa le trône sur Mathilde, fille et légitime héritière de ce prince. Il eut longtemps à combattre contre Mathilde et Henri son fils (Henri II), que soutenait la roi d’Écosse David, oncle de Mathilde ; il finit cependant par rester tranquille possesseur du trône, mais à la condition de reconnaître Henri pour son successeur. Il mourut en 1154. Il avait épousé l’héritière des comtes de Boulogne

ÉTIENNE DE BYZANCE, grammairien grec, natif de Constantinople, qui vivait vers la fin du Ve siècle, avait composé, sous le titre d’Ethnica, un Dict. géographique et historique, ouvrage précieux pour l’étude de l’antiquité ; il ne nous en reste qu’un extrait fait par le grammairien Hermolaüs, contemporain de Justinien, et quelques fragments, publiés par Berkelius et Gronovius, Leyde, 1688, in-fol. ; par G. Dindorf, Leipsik, 1825, 4 vol. in-8, et par Meinecke, Leipsik, 1849, 2 vol. in-8.

ÉTIENNE ou ESTIENNE, Célèbre famille d’imprimeurs et de savants français, a pour chef Henri Étienne, né à Paris vers 1460, mort en 152l, et a surtout été illustrée par Robert et Charles, fils de Henri et par H. Étienne II, fils de Robert, L’hist. des É. a été écrite par Maittaire, Lond. 1709, par Renouard, 1837, et par A. F. Didot, 1856 (dans la Biogr. gén.).

ÉTIENNE (Robert), né à Paris en 1503, mort à Genève en 1559, fut à la fois le plus habile imprimeur et un des plus savants hommes de son temps. Il penchait vers la Réforme, ce qui lui suscita des difficultés de la part des théologiens ; mais il fut longtemps protégé par François I. Inquiété à la mort de ce prince pour une traduction de la Bible, qu’on accusait d’infidélité, il se retira à Genève (1552), et y embrassa ouvertement le Calvinisme. Parmi ses éd. on remarque sa Bible latine, 1532, in-fol., un des chefs-d’œuvre de la typographie ; le Nouveau Testament grec, 1550 ; Eusèbe, Denys d’Halicarnasse, Dion Cassius, auteurs dont il imprima le premier les ouvrages ; parmi ses écrits originaux, le Thesaurus linguæ latinæ, Paris, 1532, souvent réimprimé ; et un Dictionarium latino-gallicum, 1543, 2 vol. in-fol. Robert Étienne était gendre de Simon de Colines, habile imprimeur de Paris, et fut d’abord son associé.

ÉTIENNE (Henri II), fils de Robert, né à Paris en 1532, eut de bonne heure une vive passion pour l’étude du grec, parcourut l’Italie pour y découvrir des manuscrits, suivit son père à Genève et embrassa comme lui le Calvinisme, puis vint s’établir imprimeur à Paris. Ayant épuisé sa fortune dans de savantes investigations à l’étranger, il fut longtemps soutenu par un riche protecteur, Ulrich Fugger. Il employa douze ans à préparer et à imprimer un grand Dictionnaire de la langue grecque, qui parut sous le titre de Thesaurus græcæ linguæ Paris, 1572 (réimpr. à Londres de 1816 à 1828 en 7 v. in-f., et à Paris par les frères Didot, 1840 et ann. suiv.) ; mais cet ouvrage admirable n’ayant pas obtenu tout le succès qu’il méritait, Henri Étienne se trouva ruiné et fut forcé de quitter Paris. Il erra longtemps de ville en ville, poursuivi par ses créanciers et mourut aliéné, à l’hôpital de Lyon, en 1598. Il a publié presque tous les ouvrages grecs, prosateurs et poëtes ; a donné entre, autres les éditions princeps d’Anacréon (avec une trad. en vers latins, qui est un chef-d’œuvre}, d’Appien, de Maxime de Tyr, etc., et a trad. en latin Théocrite, Pindare, Sextus Empiricus, etc. Ses éd. les plus célèbres sont : Poetæ græci principes heroici carminis, 1556, in-fol. ; Pindari et cæterorum octo Lyricorum carmina, l560, in-24 ; Artis medicæ principes, 1567, 2 vol. in-fol. ; Platonis opera, 1578, 3 vol. in-fol. Il a en outre rédigé un Ciceronianum Lexicum, 1557, et a laissé quelques ouvrages écrits en français, parmi lesquels on remarque la Conformité des merveilles anciennes avec les nouvelles ou Apologie pour Hérodote, 1556, un Traité de la Conformité du français avec le grec, 1565, et celui De la Précellence du langage français, 1579, réimprimés tous deux en 1853 par Léon Feugère.

ÉTIENNE (Charles), frère de Robert, né en 1604, se fit recevoir médecin, fut précepteur chez l’ambassadeur Baïf, puis s’établit imprimeur (1551) et publia aussi d’excellentes éditions. Il mourut en 1584, endetté. Outre des Dictionnaires latin et grec, on lui doit un Dictionarium historico-geographico-poeticum, 1553, qui jouit d’une grand vogue, et le Prædium rusticum, 1554, mis en français par Liébault, son gendre, sous le titre de Maison rustique, ouvrage qui devint promptement populaire.

Plusieurs autres membres de cette famille exercèrent avec honneur leur profession à Paris et à Genève jusqu'à la fin du XVIIe siècle : le dernier, Antoine Étienne, 1592-1674. imprimeur à Paris, a donné de belles éd. de S. Jérôme, 1609, de Plutarque, 1624, d’Aristote, 1629. Ruiné, infirme et aveugle, il mourut à l'Hôtel-Dieu.

ÉTIENNE (Charles Guillaume), écrivain dramatique et pubiciste, né en 1778 à Chamouilley (Hte-Marne), mort en 1845, occupait un modeste emploi à l'armée, lorsqu'une pièce de circonstance qu'il fit pour le camp de Boulogne appela sur lui l'attention de Napoléon. Le ministre Maret le prit pour secrétaire et se chargea de sa fortune : il devint en 1810 chef de la division littéraire au ministère de la police, puis censeur. Il donnait à la même époque des comédies qui obtinrent du succès : il fut admis à l'Académie française en 1811. Privé de ses emplois par les Bourbons en 1814, exclu même de l'Académie, où il ne rentra qu'en 1829, il se jeta dans la politique et fit une rude guerre à la Restauration dans le Constitutionnel et la Minerve : ses Lettres sur Paris, dans ce dernier recueil, eurent une grande vogue. Élu député en 1820 par le dép. de la Meuse, il prit place parmi les défenseurs de la cause libérale et fut en 1830 un des rédacteurs de l'adresse des 221; il fut quelques années plus tard élevé à la pairie. Ses œuvres les plus connues sont : parmi ses comédies, les Maris en bonne fortune (1803), en 3 actes et en prose; Brueys et Palaprat (1807), en 1 acte et en vers; les Deux Gendres (1810), en 5 actes et en vers (l'envie l'accusa d'avoir, dans cette comédie, copié une pièce inconnue d'un jésuite, intitulée Conaxa, avec laquelle la sienne avait seulement quelque analogie par le sujet); l’Intrigante (1813), en 5 actes et en vers, dont les représentations furent défendues à cause de prétendues allusions blessantes pour la cour impériale; parmi ses opéras-comiques, Gulistan, 1805; Cendrillon, 1810: Joconde, 1814; Jeannot et Colin, 1814; le Rossignol, 1817 ; Aladin ou la Lampe merveilleuse, 1822. Il a aussi composé, soit seul, soit en société, de charmants vaudevilles et une Histoire du Théâtre-Français depuis la Révolution. Étienne brille par un esprit fin et délicat ; il a porté dans la comédie une gaieté vive et de bon goût, une grande vérité d'observation et a su soutenir l'intérêt sans blesser la raison ni les bienséances. Une éd. de ses OEuvres a paru en 1846-47, 4 vol, in-8. M. A. de Vigny, son successeur à l'Académie, y a fait son Éloge.

ÉTIGNY (Ant. MÉGRET, baron d'), administrateur, né à Paris en 1720, mort en 1761, fut appelé en 1751 à l'intendance d'Auch et de Pau, introduisit dans la province qui lui était confiée d'importantes améliorations, malgré l'opposition des parlements et des villes elles-mêmes, et fit exécuter, en grande partie à ses propres frais, 200 lieues de routes (800 k.), La v. d'Auch lui a élevé une statue.

ETNA ou GIBEL, de l'arabe djebel, montagne; célèbre volcan de Sicile, au N. E., dans la prov. de Catane (Val di Demone), par 37° 46' lat. N., 12° 41' long. E., a une base circulaire de 180 k. de circuit, et s'élève à près de 3250m. On y distingue une foule de cratères éteints, sans compter ceux qui sont en activité, dont le principal a près de 5 kil. de circonférence. Les éruptions de l'Etna sont connues de temps immémorial : la Fable nous montre les géants Encelade et Typhon ensevelis vivants sous l'Etna; c'est là aussi que Vulcain et les Cyclopes forgeaient les foudres de Jupiter. Les v. anc. de Naxos, Inessa, Hybla, et plusieurs autres ont été détruites par les éruptions du volcan. Les plus terribles dans les temps modernes sont celles de 1183, qui fit périr 15 000 h.; de 1669, qui en détruisit 20 000; de l693. 60 000; les plus récentes sont de 1809, 1830 et 1843. Plusieurs fois la lave a été sur le point de submerger Catane. — Empédocle voulut, dit-on, descendre dans le cratère de l'Etna; il y périt. Dans ces derniers temps divers voyageurs s'y sont fait descendre avec des cordes, mais il a fallu bientôt les remonter. — La végétation à la base et sur les flancs de l'Etna est magnifique : c'est sur cette montagne que se trouve le châtaigner di cento caralli, sous lequel 100 chevaux tiennent à l'aise : il a 37m de circonférence.

ÉTOILE (l'), bourg du dép. de la Drôme, à 10 k. S. de Valence, 1000 hab. Vin estimé. — Autrefois place forte. Le château, occupé auj. par des établissements industriels, fut embelli par Diane de Poitiers qui prenait le titre de Dame de l'Étoile.

ÉTOILE (Pierre de l'), grand audiencier de la chancellerie de France, né à Paris en 1540, mort en 1611. Profitant de sa position qui le mettait en relation avec les grands et lui permettait d'apprendre bien des particularités curieuses, il rédigea depuis 1574 jusqu'à sa mort un journal de tout ce qui venait à sa connaissance. Ce recueil, qui formait 5 vol. in-fol., et qui n'avait jamais été destiné à être publié, est une source précieuse de renseignements sur les règnes de Henri III et de Henri IV; c'est l'œuvre d'un homme consciencieux, impartial et d'une rare indépendance. On en a extrait le Journal de Henri III, publié en 1621 par Servin, et en 1744 par Lenglet-Dutresnoy; et le Journal de Henri IV, dont l'éd. la plus complète a paru à La Haye, 1741 (reprod. dans les coll. de Mémoires de Petitot et de Michaud), — Son fils, Claude de l'Étoile, né à Paris en 1597, m. en 1652, homme d'esprit et de goût, fut un des premiers membres de l'Académie française. Il a laissé des poésies et quelques pièces de théâtre composées pour le cardinal Richelieu. Quand l'Académie entreprit la critique du Cid, il en fut chargé avec Chapelain,

ÉTOILE (Ordre de l'), ordre de chevalerie créé en France en 1351 par Jean le Bon, à l'imitation de l'ordre de la Jarretière, créé en 1349 en Angleterre par Édouard III. Les chevaliers juraient de ne pas reculer de quatre pas. Les insignes étaient un collier et une étoile blanche sur émail rouge avec cette devise : Monstrant regibus astra viam. Cette décoration fut tellement prodiguée que dès le temps de Charles V elle avait perdu toute valeur.

ÉTOILE-POLAIRE (Ordre de l'), ordre suédois destiné aux ministres, aux ambassadeurs, aux magistrats, aux savants et aux littérateurs. L'insigne est une croix d'or à huit pointes, émaillée de blanc, ayant au centre un médaillon d'azur qui porte une étoile polaire et la devise : Nescit occasum. Cet ordre, dont l'origine est incertaine, fut réorganisé en 1748 par le roi de Suède Frédéric I.

ÉTOLIE, Ætolia, contrée de la Grèce propre, séparée de l'Acarnanie à l'O. par l'Achéloüs, avait à l'E. les Locriens Ozoles, le Parnasse et l'Œta; au N. l'Épire et la Thessalie, au S. le golfe d'Ambracie et la mer de Corinthe. Thermus et Calydon en étaient les principales places. Thermus était le siège du Panætolium, ou assemblée générale des Étoliens. Les Étoliens étaient grossiers, violents et querelleurs; ils furent sans cesse en guerre, soit avec leurs voisins, soit entre eux. — On donne à l'Étolie pour premiers habitants les Curètes; elle tire son nom d'Ætolus, frère d'Épéus, roi d'Élide, qui s'y réfugia après avoir commis un meurtre involontaire. C'est en Étolie que la Fable place Méléagre et Diomède, Pendant la guerre du Péloponèse, les Étoliens se déclarèrent pour Lacédémone. Après la mort d'Alexandre, ils firent la guerre sans grandes pertes à Cratère et à Antipater, 323-22; puis, s'étant alliés avec Antigone Gonatas (280-243), ils tentèrent de dominer la Grèce occidentale et formèrent une ligue dans laquelle entrèrent l'Acarnanie, l'Élide, la Messénie, Après la mort d'Antigone, ils perdirent l'alliance des rois de Macédoine, mais ils n'en persévérèrent pas moins dans leurs projets d'agrandissement : de là une guerre avec la Ligue Achéenne, dite Guerre des deux Ligues (220-217 av. J.-C.); les Achéens secondés par le roi de Macédoine, Philippe V, eurent le dessus. Les Étoliens, pour se venger, firent alliance avec les Romains contre Philippe, lors des deux premières guerres de Macédoine, et leur rendirent des services essentiels; mais bientôt, mécontents de ces alliés, ils appelèrent en Grèce le roi de Syrie Antiochus, 192. Après la défaite de ce prince (190), ils furent soumis par Fulvius Nobilior, 189, et réunis à la prov. romaine d'Achaïe. Ils conservèrent néanmoins leurs lois. Sous Constantin, l'Étolie fut comprise dans la Nouv.-Épire et fit partie de la préfecture d'Illyrie. Après la prise de Constantinople par les Latins, Théodore l'Ange, de la famille impériale grecque, forma une principauté indépendante dans l'Épire et l'Étolie; mais la discorde s'étant mise entre ses descendants, le sultan Amurath II s'empara du pays en 1432; Scanderbeg chassa un instant les Turcs de l'Étolie, et il la laissa en mourant aux Vénitiens; mais ceux-ci ne purent la conserver, et elle retomba bientôt sous le joug ottoman. A la fin du dernier siècle, une peuplade étolienne, les Souliotes (V. ce nom), opposa une héroïque résistance aux agressions d'Ali-Pacha: mais ce n'est que lors de l'insurrection de 1821 que l'Étolie recouvra son indépendance. Auj. l'Étolie est partagée entre la Turquie et le nouveau royaume de Grèce : une petite fraction est comprise dans la Basse-Albanie, et fait partie de l'eyalet de Roumélie; le reste forme la nomarchie d’Étolie et Acarnanie, qui a pour ch.-l. Missolonghi.

ETON, v. d'Angleterre (Buckingham), sur la Tamise, à 30 k. N. O. de Londres et à 55 k. S. E. de Buckingham, vis-à-vis de Windsor, avec laquelle elle communique par un pont; 3500 h. Eton est célèbre par une grande école, dite King's College, fondée en 1440, où l'on fait d'excellentes études.

ÉTREPAGNY, ch.-l. de canton (Eure), à 26 kil. N. E. des Andelys; 386 hab. Les Mérovingiens y eurent un manoir. Ce fut plus tard une seigneurie qui appartint aux comtes de Melun, aux ducs de Longueville et enfin à la famille Turgot.

ÉTRETAT, vge du dép. de la Sefne-lnf., sur la Manche, à 23 kil. N. E. du Havre ; 1600 hab. Église Notre-Dame, qui reproduit en petit l'abbaye de Fécamp. Bains de mer. Pêche d'huîtres et de homards renommés; rochers à pic et percés à jour qui s'élèvent comme des pyramides au milieu de la mer.

ÉTRURIE, Etruria, auj. Toscane et patrimoine de S. Pierre, région de l'Italie, entre l'Apennin, la mer Tyrrhénienne, la Ligurie, le Latium, avait pour bornes la Macra au N., le Tibre au S. On la divisait en 12 lucumonies, qui avaient pour ch.-l. Cæré, Tarquinies, Veies, Vulsinies, Cortone, Vétulonies, Clusium, Perusia, Ruselles, Arretium, Volaterres, Populonie. Plus tard, elle eut pour v. principales Florence, Pise, Lucques. Ses hab., qu'on nomme indifféremment Étrusques, Tyrrhéniens et Tusques, paraissent descendre des Pélasges. C'est à tort qu'une tradition les faisait venir de la Lydie. Au XIe siècle avant J.-C., ils furent asservis par les Rasena, qu'on croit venus de la Rhétie. Ceux-ci fondèrent dans leur pays une confédération de 12 cités (nommées plus haut) ; ils en avaient déjà auparavant fondé une autre plus au N., dans le bassin du Padus (Brixia, Vérone, Mantoue, Felsine ou Bononia, Melpum, Hadria, etc.), et vers 800 avant J.-C. ils en fondèrent une 3e, plus au S., entre le Vulturne et le Silare (Nole, Vulturne, Atelle, Acerres, etc.). Les 3 ligues, bien qu'indépendantes, étaient unies par un lien fédéral. Vulsinies était le chef-l. général de la conféd. : c'est là que se tenaient les assemblées générales. Les trois conféd. avaient longtemps fleuri, celle du N. par l'agriculture, celles du centre et du sud par le commerce maritime. L'opulence, la mollesse, les vices qui en sont inséparables, préparèrent leur chute. De 587 à 521 les invasions gauloises brisèrent la conféd. du nord et ne laissèrent indépendantes que quelques cités des Rasena. À partir de 424, les Samnites rompirent de même la conféd. du sud en prenant Vulturne (Capoue). La ligue du centre fut celle qui résista le plus longtemps. Une de ses lucumonies, Tarquinies, donna deux rois à Rome (Tarquin l'Ancien, et Tarquin le Superbe), et même, le lars (ou roi) de Clusium, Porsenna, conquit Rome un instant, 507 av. J.-C.; une autre des cités étrusques, Véies, la mit à deux doigts de sa perte, 485-77; mais enfin Rome prit le dessus, conquit Véies, 395; assujettit Faléries. Tarquinies, Cæré, 385-352, et soutint trois grandes guerres contre les Étrusques unis aux Samnites ou aux Gaulois, 313-309, 302-299, 296-383 : après avoir subi de sanglantes défaites à Sutrium, à Pérouse, au lac Vadimon, l'Étrurie fut contrainte à subir le joug. Au IVe siècle de l'empire, l’Étrurie, sous le nom de Tuscie ou Toscane, fut une des huit prov. du diocèse d'Italie. Elle forma au IXe siècle un duché particulier. Voy. TOSCANE. — Le peuple étrusque est un des plus singuliers de l'antiquité. Ses prêtres avaient une haute réputation de science : ils employaient certaines formules secrètes; ils inventèrent les augures, l'art des aruspices, l'art des expiations; c'est d'eux que les Romains empruntèrent les noms de leurs dieux et presque toute leur religion, surtout les cérémonies du culte. Leur religion semble avoir été cruelle et sanguinaire : ils immolaient des victimes humaines, qui pour la plupart étaient des prisonniers de guerre. Les sépultures étaient très soignées, et l'on a retrouvé dans les tombeaux des Étrusques nombre d'antiquités précieuses, qui prouvent que chez eux l'industrie était portée très-loin, surtout pour l'an de la poterie, du vernis, de la teinture : on estime particulièrement les vases étrusques, le plus souvent rouges et ornés de peintures noires. Les constructions de ce peuple, solides et colossales, ont donné naissance à l’ordre toscan, qui a pour caractère des pilastres carrés un peu lourds. On a beaucoup d'inscriptions, non encore déchiffrées, en langue étrusque. L'empereur Claude avait écrit une Histoire d'Étrurie, dont on regrette la perte. On doit à Ottfried Muller (1828) et à Lepsius (1842), d'intéressants travaux sur les Étrusques. Voir, Sur l'art étrusque, L’Étrurie et les Étrusques, ou Dix ans de fouilles, par Noël Des Vergers, 1864, 2 vol. in-8.

ÉTRURIE (Royaume d'). Par le traité de Lunéville, 1801, l'ancien grand-duché de Toscane fut enlevé à Ferdinand III, de la maison d'Autriche, pour être érigé en royaume sous le titre de Royaume d'Étrurie, et fut donné par échange au fils unique de l'infant Ferdinand, duc de Parme, au jeune Louis de Parme, que la guerre avait privé de ses États. Ce prince fut installé la même année (1801), mais il mourut bientôt après (1803). Après la mort de Louis, le roy. d’Étrurie fut gouverné par sa veuve, Marie-Louise, fille de Charles IV, roi d'Espagne, qui administrait comme tutrice de son-fils en bas âge, Louis II. En 1807, la roy. d'Étrurie fut absorbé dans l'empire français, et forma les 3 dép. de l'Arno, de l'Ombrone et de la Méditerranée : en 1809, ce pays fut donné à Élisa, sœur de Napoléon, qui prit le titre de grande-duchesse de Toscane. En 1814, il fut restitué à l'archiduc Ferdinand III. V. TOSCANE.

ETTENHEIM, v. du grand-duché de Bade, à 30 k. N. de Fribourg-en-Brisgau, et près de la frontière de France (25 kil. S.-E. de Strasbourg); 2700 hab, Château, qui était une des résidences des évêques de Strasbourg. C'est de là que fut enlevé le duc d'Enghien pour être amené à Vincennes, 1804.

ETTLINGEN, v. du Grand-duché de Bade, sur l'Alb, à 7 kil. S. de Carlsruhe; 3000 hab. Les lignes d'Ettingen furent forcées en 1734 par le maréchal de Berwick. Les Français y battirent les Autrichiens le 9 juillet 17S16.

ETYMANDER. auj. Helmend, fleuve d'Asie, descendait du Paropamise, arrosait la Drangiane et se jetait dans le lac Arien (Aria palus).

EU, Alga ou Auga, ch.-l. de cant. (Seine-Infér.), sur la Bresle, à 31 kil. N. E. de Dieppe, à 3 kil. de la mer, au milieu d'une vaste forêt: 3609 hab. Trib. de commerce, collége. Biscuit, serges, dentelles, toile de lin, etc. Très-beau château, bâti originairement par Rollon, le ler duc normand : restauré par Louis-Philippe ; riche galerie de portraits historiques, parc magnifique ; église très-ancienne, renfermant les tombeaux des anciens comtes d’Eu.— La v. d’Eu fut érigée en comté l’an 996, en faveur d’un fils naturel de Richard I, duc de Normandie. Au XIIIe siècle, ce comté passa dans la maison de Brienne ; il fut confisqué en 1350, après la mort du comte d’Eu, connétable de France, condamné comme coupable de trahison, et fut donné à Jean d’Artois. Il échut en 1472 au comte de Nevers, et passa depuis dans la maison de Guise par le mariage de Henri le Balafré avec Catherine de Clèves, veuve d’Antoine de Croï, de la maison de Bourgogne-Nevers. En 1657,le comté fut vendu à Marie-Louise d’Orléans, qui le donna au duc du Maine, fils de Louis XIV. Il passa ensuite à la famille de Penthièvre et enfin, par mariage, à celle d’Orléans qui le posséda jusqu’en 1848. — Louis XI fit brûler la ville d’Eu en 1475, pour l’empêcher de tomber aux mains des Anglais. Louis-Philippe reçut en 1843, dans le château d’Eu, la reine Victoria. Ce château fut réuni en 1852 au domaine de la couronne.

EUBAGES, devins gaulois. Voy. DRUIDES.

EUBÉE, Eubœa, auj. Négrepont ou Egribo, grande île de la mer Egée, de forme oblongue, s’étendait le long des côtes de l’Attique, de la Béotie et de la Locride, depuis le cap Sunium jusqu’à la Thessalie. Elle porta successivement les noms de Chalcis (c.-à-d. airain, parce que c’est de là, dit-on, que le premier airain fut tiré), de Macris (à cause de sa longueur). d’Abantis (à cause des Abantes, ses premiers habitants). Elle avait trois v. principales : Chalcis, Érétrie et Caryste. Après les Abantes, l’Eubée fut habitée par des Histiéens, puis par des Ioniens. Athènes s’en empara de bonne heure et la garda malgré diverses révoltes jusqu’à l’an 404 av. J.-C., époque où elle passa sous la domination des Lacédémoniens ; mais plus tard l’influence d’Athènes s’y rétablit ; Philippe II, roi de Macédoine, détruisit cette influence et y substitua la sienne. L’Eubée passa avec le reste de la Grèce sous la domination des Romains. — L’Eubée était séparée de la Béotie par un détroit appelé Euripe (V. ce nom). M. J. Girard a donné dans les Archives des miss. scientif. un Mémoire sur l’Eubée.

EUBULIDE, philosophe de la secte mégarique, né à Milet vers 360 av. J.-C., disciple et successeur d’Euclide de Mégare, n’est connu que par son esprit subtil ; il inventa plusieurs arguments captieux, nommés dans l’école le menteur, le sorite, etc.

EUCHER (S.), évêque de Lyon, au Ve siècle, sortait d’une famille illustre de la Gaule et était sénateur lorsqu’il quitta le monde pour la solitude. Il fut fait évêque en 434 et assista au premier concile d’Orange, en 441. On a de lui : Éloge du désert de Lérins ; Traité du mépris du monde, en latin (ces deux ouvrages ont été trad. par Arnauld d’Andilly, 1672) ; Histoire des martyrs de la légion thébaine, trad. par J. Am. Dubourdier, 1705. On l’hon. le 16 nov.

EUCLIDE de Mégare, philosophe, qui florissait vers 400 av. J.-C., reçut d’abord les leçons de Parménide et ensuite celles de Socrate. On dit qu’il était si avide d’entendre Socrate que, malgré la loi qui défendait aux Mégariens, sous peine de mort, d’entrer dans Athènes, il s’introduisait dans la ville déguisé en femme pour assister aux leçons de ce philosophe. Après la mort de son maître, à laquelle il assista, selon Platon, il se retira à Mégare et y ouvrit l’école qui fut nommée école mégarique. On s’y attachait surtout à la dialectique, ce qui la fit nommer aussi école éristique, c.-à-d. disputante.

EUCLIDE, célèbre géomètre grec, enseigna les mathématiques à Alexandrie sous Ptolémée, fils de Lagus, vers 320 av. J.-C., et compta le roi lui-même au nombre de ses disciples. On raconte que le roi, rebuté des difficultés que lui offrait l’étude de la géométrie, lui demanda s’il n’y avait pas une voie plus facile pour l’apprendre, « Non, lui répondit le maître, il n’y a pas de route royale en mathématiques. » Euclide avait rédigé, sous le titre d’Éléments, en 15 livres, une sorte d’encyclopédie des sciences mathématiques de cette époque ; la partie, qui traite de la géométrie sert encore auj. de base de l’enseignement. On a en outre de ce grand géomètre : Data (Données), traité fort goûté par Newton ; Introductio harmonica, où il traite de la musique ; Optica, Catoptrica ; De Divisionibus (de la division des polygones), ouvrage contesté et dont il ne reste qu’une version latine, et les Porismes, restitués d’après l’analyse laissée par Pappus et publiés en 1860 à Paris par M. Chasles. Ses OEuvres complètes ont été données par Grégory, Oxford, 1703, gr.-lat., et trad. en français par F. Peyrard, Paris, 1814-1818, 3 vol. in-4, avec texte grec et trad. latine.

EUDÆMON-JEAN (André), jésuite, né à la Canée (Candie), mort à Rome en 1625, était issu des Paléologues. Amené très-jeune en Italie, il entra dans la Société de Jésus en 1581, professa la philosophie à Rome, la théologie à Padoue, et fut chargé de plusieurs missions par le pape. On a de lui plusieurs ouvrages de controverse : Epistola monitoria ad Joann. Barclaium, Cologne, 1613, où il défend l’autorité du pape ; Apologia pro Henrico Garneto, 1610, où 11 présente comme un martyr de la foi Henri Garnet, condamné à mort en 1606 à Londres pour n’avoir pas révélé la conspiration des Poudres, dont il avait eu connaissance. On lui attribue aussi une violente diatribe contre Louis XIII.

EUDAMIDAS, roi de Sparte. V. SPARTE.

EUDES, duc d’Aquitaine de 681 à 736, était fils de Boggis et descendait de Clotaire I. Il enleva aux rois de Neustrie et d’Austrasie les pays nommés depuis Nivernais, Vivarais et Provence arlésienne, 687-715, soutint Rainfroy, maire de Neustrie, contre Charles-Martel, 717-19, triompha de l’émir Al-Zamah entre Toulouse et Carcassonne, 721, et mit aussi deux fois en déroute l’émir Ambiza, 725 et 726. Cependant, menacé dans ses États par Charles-Martel, il appela à son aide les Musulmans qu’il venait de vaincre. Mais bientôt, épouvanté des dévastations commises par ses alliés, il se réconcilia avec Charles et concourut à la victoire de Poitiers, 732. Il eut pour fils et successeur le célèbre Hunald.

EUDES, fils aîné de Robert le Fort, duc de France, porta d’abord les titres de comte de Paris et de Troyes, et devint duc de France à la mort de son père. De concert avec l’évêque Goslin, il défendit courageusement Paris, assiégé par les Normands en 885 ; il fut en reconnaissance nommé roi de France par les grands vassaux, après la déposition de Charles le Gros (887), et à l’exclusion de Charles le Simple, dernier rejeton de la race carlovingienne. De 893 à 896, il eut à combattre Charles le Simple : il finit par traiter avec ce prince ; il lui laissa tout le pays entre le Rhin et la Seine, et se réserva Paris avec toute la France occidentale. Il mourut en 898.

EUDES, comte de Champagne. V. CHAMPAGNE.

EUDES DE MONTREUIL, architecte. V. MONTREUIL.

EUDISTES, congrégation de prêtres séculiers fondée à Caen en 1643, par Jean Eudes, prêtre de l’Oratoire, et frère de l’historien Mézeray ; elle avait pour but l’éducation des ecclésiastiques et des missionnaires, et dirigeait plusieurs séminaires. On la connaît aussi sous le nom de Congrégation de Jésus et de Marie. Elle existe encore (à Rennes).

EUDOXE de Cnide, mathématicien, astronome et géographe grec, né vers 409 av. J.-C., mort vers 356, avait été disciple de Platon. Il alla en Égypte s’instruire dans la science des prêtres du pays et ouvrit une école à Cnide. Il établit dans cette ville un observatoire, fit de nombreuses observations, donna à l’année 365 jours et un quart, perfectionna l’octaétéride, période de huit ans ; inventa un nouveau cadran solaire (l’araignée), trouva en géométrie plusieurs théorèmes nouveaux, avança la théorie des sections coniques, et composa plusieurs ouvrages qui ne nous sont point parvenus. Cependant son traité des Phénomènes se retrouve presque tout entier dans le poëme d’Aratus. Ideler (1830) et Letronne (1841) ont écrit sur les travaux d’Eudoxe.

EUDOXE de Cyzique, navigateur du IIe siècle av J.-C., soupçonna que l’Afrique était entourée par l’Océan, et proposa au roi d’Égypte. Ptolémée Évergète II, d’en faire le tour. Selon les uns, il exécuta ce voyage ; selon une version plus probable, adoptée par Strabon, ce projet ne reçut pas d’exécution.

EUDOXIE, Ælia Eudoxia, femme d’Arcadius, empereur d’Orient, était fille du comte franc Bauton, général de Théodose. Elle aida le ministre Eutrope à se défaire de son rival Rufin, puis se défit de ce ministre pour être elle-même maîtresse absolue. Elle persécuta S. Jean Chrysostôme et l’envoya dans l’exil où il succomba. Elle était montée sur le trône en 395 et m. en 404, d’une fausse couche.

EUDOXIE, Athenais Eudoxia, femme de Théodose II, empereur d’Orient, était fille de Leontius, philosophe d’Athènes, et se nommait d’abord Athenaïs. Elle fut placée sur le trône, en 421, par Pulchérie, sœur de Théodose, qui avait remarqué sa beauté et son esprit, et fut d’abord aimée avec passion ; mais dans la suite, son mari, la croyant à tort infidèle, l’exila en Palestine. Elle mourut à Jérusalem en 460. Elle avait mis en vers les huit premiers livres de l’Ancien Testament. On a d’elle un poëme en 3 livres sur le martyre de S. Cyprien ; on lui attribue, mais avec peu de fondement, un Centon d’Homère (dans la Bibliothèque des Pères) : c’est une vie de J.-C. faite avec des vers de l’Iliade et de l’Odyssée.

EUDOXIE, Licinia Eudoxia, femme de Valentinien III, empereur d’Occident, et fille d’Athénaïs Eudoxie, fut forcée, après le massacre de son époux, d’épouser Maxime, meurtrier de ce prince. Pour se venger, elle appela en Italie Genséric, roi des Vandales, qui saccagea Rome (455), mais qui l’emmena elle-même en Afrique. Elle ne recouvra sa liberté que sept ans après.

EUDOXIE MACREMBOLITISSA, femme de Constantin Ducas, empereur d’Orient (1059), resta maîtresse de l’empire à la mort de ce prince (1067) ; épousa Romain Diogène qu’elle fit empereur, et fut, après la mort de ce dernier, reléguée dans un couvent par Michel Ducas, l’un des fils issus de son premier mariage, qui venait d’être placé sur le trône (1071). On a d’elle, sous le titre d’Ionia (champ de violettes). un précieux recueil polygraphique publié par Villoison (Anecdota græca), Venise, 1781, 2 vol. in-4.

EUGANEI, peuple de la Haute-Italie, sur les confins de la Rhétie, près de la Vénétie, habitait les bords du Haut-Adige, occupés depuis par les Vénètes et les Cénomans. Leur nom s’est conservé dans celui des monts Euganéens, au S. O. de Padoue.

EUGÈNE, Eugenius, rhéteur et grammairien, professait la rhétorique à Vienne (en Dauphiné), lorsque, après le meurtre de Valentinien II, il fut salué empereur par le comte gaulois Arbogaste, dont il était le secrétaire. Vaincu et pris par Théodose près d’Aquilée, il fut décapité en 394.

EUGÈNE (S.), évêque de Carthage en 481, fut persécuté sous les rois vandales Hunéric et Thrasimond, et mourut l’an 505 dans un monastère du Languedoc. On a de lui une Exhortation aux fidèles de Carthage ; Evpositio fides catholicæ ; Apologeticus pro fide ; Altercatio cum Arianis, ouvrage dont il ne reste que des fragments. On l’hon. le 13 juillet.

EUGÈNE I (S.), pape de 854 à 827, natif de Rome, fut élu du vivant de Martin I, que l’empereur Constantin II avait déposé, et tenta inutilement de ramener les Monothélites. On le fête le 27 août.

EUGÈNE II, romain, pape de 814 à 827, au temps de Louis le Débonnaire, tint un concile à Rome pour la réforme du clergé. Sa charité lui mérita le titre de Père des pauvres. On lui attribue l’institution de l’épreuve par l’eau froide.

EUGÈNE III, pape de 1145 à 1153, né à Pise, avait été moine à Clairvaux. Forcé de s’éloigner de Rome, où dominait Arnaud de Brescia, il erra en Italie, en Allemagne, en France, et ne put rentrer que momentanément à Rome. Pendant son séjour en France, il tint à Paris un concile pour examiner les erreurs de Gilbert de la Porée et visita Clairvaux (1146). Il convoqua la 2e croisade.

EUGÈNE IV, pape de 1431 à 1447, Vénitien de naissance, était neveu de Grégoire XII. Il eut de longs démêlés avec le concile de Bâle, qui prétendait s’élever au-dessus de lui, fut déposé par ce concile, qui lui opposa Félix V, prononça la dissolution de cette assemblée factieuse, convoqua un autre concile à Ferrare, puis à Florence (1438 et 39), et réalisa un moment l’union des Grecs et des Latins ; malheureusement cette union dura trop peu. Eugène IV protégea les lettres et les sciences : Rome lui doit un gymnase pour l’enseignement gratuit des sciences humaines.

EUGÈNE (Eugène de SAVOIE-CARIGNAN, appelé vulgairement le Prince), généralissime des armées impériales, né à Paris en 1663, mort an 1736, était fils d’Eugène Maurice, duc de Savoie-Carignan et comte de Soissons, et d’Olympe Mancini, nièce de Mazarin. Louis XIV n’ayant pas voulu l’employer, il entra comme volontaire au service de l’Autriche, (1683), obtint bientôt un régiment, se distingua dans une foule d’actions, fut nommé feld-maréchal en 1687 et feld-maréchal général en 1693. Chargé en 1697 du commandement de l’armée impériale, il gagna sur les Turcs la bataille décisive de Zenta, qui fut suivie de la paix de Carlowitz. Lors de la guerre de la succession à la monarchie d’Espagne, il n’hésita pas à combattre contre la France. En Italie, dans la campagne de 1701, il repoussa Catinat, battit Villeroi à Chiari et s’empara de presque tout le Mantouan. En Allemagne, en 1704, il remporta avec Marlborough la mémorable victoire de Hochstett sur les Français et les Bavarois. De retour en Italie en 1705, il fut repoussé par le duc de Vendôme à la journée de Cassano, mais dans les deux années suivantes, il fit rentrer tout le Milanais et la Lomhardie sous l’obéissance de l’empereur. En 1708, sur les bords de l’Escaut, il mit les Français en déroute à Oudenarde : en 1709 il les vainquit encore à Malplaquet ; mais en 1712 il fut à son tour battu par Villars à la bataille décisive de Denain. Plénipotentiaire au congrès de Rastadt, il négocia avec beaucoup d’habileté. Il remporta sur les Turcs à Peterwaradin (1716) et à Belgrade (1717) deux grandes victoires, qui les forcèrent une seconde fois à demander la paix (traité de Passarowitz, 1718). La paix avec la France ayant été rompue en 1733 au sujet de la succession au trône de Pologne, Eugène reprit le commandement ; mais il ne montra pas cette fois les mêmes talents ; après avoir laissé prendre Philisbourg, il se hâta de signer la paix et se retira à Vienne. Ce général dut ses succès à d’heureuses inspirations, a la rapidité de son coup d’œil et à sa prodigieuse activité plutôt qu’à une méthode positive et sûre. Il a laissé quelques écrits politiques. L’Histoire du prince Eugène a été écrite par Dumont et Rousset, 1729, par Mauvillon, 1740, par Ferrari (en latin), 1747, et par Zamarsky, Vienne, 1858. Il a été publié à Paris en 1810 une Vie du prince Eugène par lui-même, qui a pour auteur le prince de Ligne : ce n’est qu’une mystification.

EUGÈNE DE BEAUHARNAIS. V. BEAUHARNAIS,

EUGÉNIE (Ste), abbesse d’Hohenbourg en Alsace de 720 à 735, était fille d’un duc d’Alsace et sœur de Ste Odile. Elle est hon. le 16 sept.

EUGUBIUM, Eugubio ou Gubbio, petite v. de l’État de l’Église, dans l’Ombrie. On y découvrit en 1444 sept tables d’airain chargées d’inscriptions fort anciennes en langues étrusque, ombrienne et latine ; elles sont connues sous le nom de Tables Eugubines. Elles ont été récemment publ. par Husschke, Leip., 1859, avec lexique et commentaires. Elles ont été commentées depuis par Lepsius (Berlin, 1833) et par M. Bréal (Paris, 1875).

EULALIE. (Ste), vierge et martyre, née à Augusta Emerita (auj. Merida, en Estramadure), n’avait que douze ans lors de la persécution de Dioclétien. D’une piété ardente, elle s’échappa de la maison paternelle pour aller braver le juge et renversa les idoles en sa présence. On tenta inutilement de la ramener par la douceur, et on finit par la livrer aux tortures : elle fut brûlée vive en 308. On la fête le 10 déc.

EULÉE, Eulæus, fleuve. V. CHOASPE.

EULER (Léonard), célèbre géomètre, né à Bâle en 1707, m. en 1783, reçut les leçons de J. Bernouilli, fut appelé par Catherine II en Russie en 1727, professa les mathématiques à St Pétersbourg, vint en 1741 se fixer à Berlin, et retourna en 1775 à St-Pétersbourg où il finit ses jours. Il avait perdu la vue dès l’âge de 59 ans, mais il ne s’en livrait pas avec moins d’assiduité à l’étude. Il était membre des Académies de St-Pétersbourg, de Berlin, associé de l’Académie des sciences de Paris, et fut pensionné par la Prusse et la Russie. Cet homme infatigable a produit un nombre prodigieux d’ouvrages. Embrassant les sciences mathématiques dans leur universalité, il leur a fait faire de grands pas, surtout au calcul différentiel et intégral ; il appliqua l’analyse à la mécanique, à la construction des vaisseaux, et donna la démonstration de plusieurs théorèmes énoncés par Fermat. Il est à regretter qu’il ait eu avec d’Alembert, son rival de science, des démêlés où le bon droit ne paraît pas avoir été de son côté. Entre ses nombreux écrits, presque tous rédigés en latin, on doit remarquer : sa Mécanique exposée analytiquement, St-Pétersbourg, 1736 ; l’Introduction à l’analyse de l’infini, Lausanne, 1748 ; la Science navale, 1749 ; les Institutions de calcul différentiel, 1755 ; — de calcul intégral, 1768 ; les Lettres à une princesse d’Allemagne (la princesse d’Anhalt-Dessau, nièce du roi de Prusse), écrites en français, de 1760 à 1762, publiées à St-Pétersbourg en 1768, 3 vol. in-8. Ce dernier ouvrage, où l’auteur traite à la foi de physique, de métaphysique et de logique, a été plusieurs fois réimprimé, notamment à Paris en 1787, par les soins de Condorcet, qui en a retranché les passages antiphilosophiques ; par Labey en 1812, par M. Cournot en 1842, par M. Saisset en 1843. Euler a en outre fourni à l’Académie de St-Pétersbourg une foule de mémoires. L’Éloge d’Euler a été prononcé par Condorcet. — Euler eut plusieurs enfants qui presque tous marchèrent sur ses traces. L’aîné, Jean Albert, né en 1734 à St-Pétersbourg, mort en 1800, partagea plusieurs prix à l’Académie des sciences avec Bossut et Clairaut, et enseigna la physique à St-Pétersbourg. – Le 2e, Charles, né en 1740, m. aussi en 1800, remporta également plusieurs prix à l’Académie des sciences ; il exerça la médecine à St-Pétersbourg et fut médecin de l’empereur. - Le 3e, Christophe, né en 1743 à Berlin, m. vers 1805, appliqua avec succès les mathématiques au génie militaire.

EUMATHIUS, romancier grec, dont la patrie est incertaine et que l’on suppose être du xiie s., est auteur des Amours d’Ismène et d’Isménias, roman mal écrit et de mauvais goût, qu’on avait à tort attribué à Eustathe de Constantinople. Ce roman a été publié avec une trad. latine et des notes par G. Gaulmin, Paris, 1617, par Teucher, Leipsick, 1792, et par Ph. Lebas, dans le Erotici scriptores de la Biblioth. grecq. de Didot, 1866 ; il a été trad. en franç. par Beauchamps, 1729, et par Ph. Lebas, 1828.

EUMÉE, Eumæus, fidèle serviteur d’Ulysse, avait d’abord été gardien des troupeaux du héros. Ulysse lui confia l’administration de ses biens pendant son absence. Après le retour de son maître à Ithaque, il l’aida à se défaire des poursuivants de Pénélope et à se remettre en posession de son royaume.

EUMÈNE, Eumenes, un des lieutenants d’Alexandre, né de parents obscurs à Cardie, dans la Chersonèse de Thrace, avait d’abord été secrétaire de Philippe. Sous Alexandre, il commanda le corps des Hétères (c.-à-d. Compagnons). A la mort du conquérant, il reçut en partage la Paphlagonie et la Cappadoce, et eut sans cesse à combattre les autres généraux, soit pour protéger la veuve et les enfants d’Alexandre et empêcher le démembrement des États macédoniens, soit pour défendre Ses propres provinces. Trahi par les siens, il fut battu par Antigone à Orcinium en Cappadoce (320 av. J.-C.) : il soutint un long siège dans Nora (319) et tomba enfin entre les mains de son ennemi qui le jeta en prison et l’y fit égorger (315). Plutarque et Cornélius Népos ont écrit sa vie.

EUMÈNE I, roi de Pergame de 263 à 241 av J.-C, fit quelques conquêtes sur les rois de Syrie, et encouragea les lettres ; mais il se déshonora par son intempérance et mourut d’un excès de vin.

EUMÈNE II, son neveu, fils d’Attale I, monta sur le trône l’an 198 av J.-C., fit alliance avec les Romains, auxquels il conserva toujours la foi jurée, soutint avec avantage différentes guerres contre Persée, roi de Macédoine, contre Prusias, roi de Bithynie, et mourut en 157. Eumène II est célèbre par son amitié pour ses frères Attale et Philétère. Ce prince cultivait les lettres et augmenta beaucoup la bibliothèque de Pergame, où il introduisit l’usage du parchemin. - Il laissa un fils en bas âge, qui ne figura qu’un instant sur le trône sous le nom d’Eumène III (157) : il m. au bout d’un an.

EUMÉNIDES, c.-à-d. propices, nom donné aux Furies par antiphrase. Une fête était célébrée tous les ans à Athènes en leur honneur : on leur immolait des brebis pleines. Eschyle les a mises sur la scène.

EUMÉNIUS, rhéteur du iiie siècle, né vers 260 à Autun. mort vers 311, professa l’éloquence dans sa ville natale et fut secrétaire de Constance Chlore. Chargé de diriger les écoles des Gaules, il prononça à cette occasion un discours Pro restaurandis scholis, le plus important de ses écrits. Il reste de lui quatre panégyriques, que l’on trouve dans la collection des Panegyrici veteres (Paris, 1643) et qui ont été trad. par l’abbé Landriot, 1854. Sa latinité est supérieure à celle des auteurs de son siècle.

EUMOLPE, roi d’Éleusis, à la fois guerrier, barde et prêtre, était, selon les uns, né en Attique et petit-fils de Triptolème, ou, selon d’autres, originaire de Thrace, et gendre de Tégyrius, roi de ce pays. Il disputa le trône d’Athènes à Érechthée, et périt en le combattant à la tête des Éleusiniens. Il institua (vers 1374 ?) les mystères d’Éleusis. Ses descendants, les Eumolpides, eurent pendant 1200 ans le privilège de présider à ces mystères.

EUNAPE, Eunapius, né à Sardes en Lydie au IVe siècle, parent et disciple de l’éclectique Chrysanthius, alla se perfectionner à Athènes, puis retourna en Lydie où il exerça la médecine. Contemporain et zélé partisan de Julien, il se montra ardent adversaire des Chrétiens. Aussi ses opinions sont-elles trop passionnées pour être impartiales. On a de lui des Vies des Philosophes, où il donne des détails intéressants sur plusieurs philosophes éclectiques, sur des médecins et des rhéteurs de son temps. Cet ouvrage, publié pour la 1re fois en 1569 à Anvers par Junius, puis en 1596, à Heidelberg, par Commelin, grec-latin, a été édité de nouveau avec des améliorations par Boissonade, Amst., 1822, 2 vol.  in-8. et réimpr. à la suite de Philostrate dans la Biblioth. grecque de Didot, 1849. Eunape avait aussi écrit une Histoire des Césars en 14 livres (depuis Claude II, en 268, jusqu’aux fils de Théodose, 407), dont il ne reste que des fragments (on les trouve à la suite de l’édition de 1822). On doit à M. Cousin de savantes recherches sur Eunape (dans ses Nouveaux Fragments).

EUNOME, hérésiarque du IVe siècle, né en Cappadoce, adopta les opinions d’Aétius, devint en 360 évêque de Cyzique par la protection d’Eudoxe, patriarche arien de Constantinople, fut dans la suite déposé et exilé en Mauritanie, et mourut dans sa patrie en 393. Il niait que le Fils de Dieu se fût fait homme, faisait procéder le S.-Esprit du Fils seul, rejetait les miracles attribués aux martyrs et le culte des reliques. Ses disciples sont nommés Eunomiens. Ses erreurs ont été réfutées par S. Basile, Grégoire de Nazianze et Grégoire de Nysse. Sa vie a été écrite en allemand par W. Klose, Kiel, 1832.

EUNUS, chef de 1re révolte des esclaves contre les Romains, était un esclave natif de Syrie. Il réussit par des prestiges à acquérir une grande influence sur ses compagnons d’esclavage, se mit à la tête de 50 000 d’entre eux en Sicile, et défit plusieurs généraux romains. Ayant été pris par Perpenna, il fut mis en croix, 136 av. J.-C.

EUPATOR. V. ANTIOCHUS et MITHRIDATE VII.

EUPATORIA, la Kozlov des Tartares, v. et port de Crimée, sur la côte occid., par 45° 14′ lat. N. ; env. 9000 hab. Bonne rade, belle mosquée. Kozlov était l’entrepôt du commerce des Tartares avec l’Anatolie. Prise en 1736 et 1771 par les Russes, à qui la possession en fut confirmée en 1783, elle reçut d’eux le nom d’Eupatoria en souvenir de l’antique Eupatoria, v. fondée en Tauride par Mithridate Eupator et située dans le voisinage, sur la baie actuelle de Sébastopol, à l’E. de Cherson. Eupatoria a été occupée de 1854 à 1856 par l’armée anglo-française.

EUPATRIDES, c.-à-d. nés de pères illustres, nobles. On donnait ce nom à Athènes aux plus anciennes familles, celles qui descendaient de ces Ioniens que la conquête dorienne avait chassés du Péloponèse et qui s’étaient réfugiés en Attique : tels étaient les Alcméonides, les Pisistradites, les Mélanthides, les Pæonides. On opposait les Eupatrides aux Montagnards et aux Paraliens (habitants de la côte).

EUPEN, Neaux en français, v. des États prussiens (Prov. rhénane), à 16 kil. S. O. d’Aix-la-Chapelle ; 12 000 hab. Manufactures renommées de draps et de casimirs (fondées par des réfugiés français). — Cette ville appartenait jadis aux Pays-Bas autrichiens : elle fut cédée à la Prusse en 1815.

EUPHÉMIE (Ste), vierge de Chalcédoine, souffrit le martyre vers 307. On la fête le 16 sept.

EUPHORBE, guerrier troyen qui porta le premier coup à Patrocle et fut tué par Ménélas. Son bouclier fut suspendu dans le temple de Junon à Mycènes. On conte que Pythagore, pour appuyer sa doctrine de la métempsycose, disait avoir vécu sous le nom d’Euphorbe et prétendait reconnaître son bouclier.

EUPHRANOR, peintre et sculpteur grec, né à Corinthe, contemporain et rival de Parrhasius et de Phidias, florissait vers l’an 350 av. J.-C. On admire surtout de lui un tableau de la bataille de Mantinée, des statues de Minerve, de Latone, de Pâris.

EUPHRASIE (Ste), religieuse solitaire de la Thébaïde, morte vers 410, était fille d’Antigone, gouverneur de la Lycie et parent de Théodose l’Ancien. On la fête le 13 mars. — Une autre Ste Euphrasie, d’Alexandrie, née en 413, m. vers 467, quitta la maison paternelle pour s’enfermer dans un monastère où elle resta jusqu’à sa mort cachée sous des habits d’homme et se livrant aux pratiques les plus rigides. Les Grecs l’hon. le 25 nov. et les Latins le 11 févr.

EUPHRATE, le Pherat des Hébreux, le Frat des Turcs, riv. de la Turquie d’Asie, naît dans les montagnes de l’Arménie mérid., près de Diadin, arrose le pachalik d’Erzeroum, sépare celui de Diarbekir de ceux de Sivas et de Marach, et traverse les pachaliks de Bagdad et de Bassora ; il baigne les villes de Semisat, Bir, Rakka, Kerkisieh, Annah, Hit, Hillah, Samava, reçoit le Kara-Sou, l’Erzen, le Mourad-Tchaï, le Khabour, s’unit au Tigre à Corna, et prend, à partir de ce point, le nom de Chat-el-Arab ; reçoit ensuite le Kerkah, passe à Bassora, et tombe enfin dans le golfe Persique par 5 bouches, après un cours d’env. 1850 k. Ce fleuve éprouve comme le Nil des crues périodiques et dépose sur les terres un limon qui les fertilise. L’anc. Babylone, Samosate, Nicéphorie, Circesium, Cunaxa, étaient jadis sur ses rives. Le vaste pays compris entre l’Euphrate et le Tigre, qui se nomme auj. Aldjezireh (c.-à-d. les îles), portait, chez les anciens, le nom de Mésopotamie, qui signifie entre les fleuves. L’Euphrate commence à être sillonné par les bateaux à vapeur ; il offre par là à l’Europe, et surtout à l’Angleterre, un moyen de communications promptes avec l’Inde.

EUPHROSYNE, une des Grâces. V. GRÂCES.

EUPOLIS, poëte comique d’Athènes, contemporain d’Alcibiade et rival d’Aristophane, né vers 446 av. J.-C., m. vers 410, appartenait à l’ancienne comédie. Il s’attira de fâcheuses aventures par la hardiesse de ses critiques. On ne sait du reste que fort peu de chose sur la via de ce poëte : il périt, à ce qu’on croit, dans un combat naval contre les Lacédémoniens. On trouva quelques fragments d’Eupolis dans Stobée, Athénée, Pollux, etc. Ils ont été recueillis par Runkel, Leipsick, 1829, dans les Poetæ comici de Meinecke, i839, et dans les Comicorum fragm. de la collection Didot, 1855.

EURE, Ebura, Autura, riv. de France, naît à 20 k. N. E. de Mortagne (Orne) : baigne Courville, Chartres, Maintenon, Nogent-le-Roy, Anet, Ivry, Pacy ; devient navigable à St Georges, reçoit la Blaise, l’Avre et l’Iton, et tombe dans la Seine près de Pont-de-l’Arche, après un cours de 180 kil env.

EURE (dép. de 1'), entre ceux de la Seine-inf. au N., d’Eure-et-Loir et de l’Orne au S., du Calvados à l’O., de S.-et-Oise et de l’Oise à l’E. ; 5811 k. c., 398 661 h. ; ch.-l., Évreux. Il est formé de l’ancien Vexin normand, d’une partie du Perche et du comté d’Évreux. Sol plat ; fer, grès à paver, pierre meulière, pierre de taille ; eaux minérales ; bonnes terras à blé ; cidre, légumes, fourrages ; belles forêts ; culture bien entendue. Belle race de chevaux normands, vaches, mules, ânes, mérinos, gros porcs, etc. Forges et fourneaux ; draps fins et autres (surtout à Louviers), tissus de coton, bonneterie, filatures, papeteries. — Ce dép. a 5 arr. (Évreux, Louviers, Pont-Audemer, Bernay, les Andelys), 36 cant. et 794 comm. ; il dépend de la 2e division militaire, de la cour impériale de Rouen, et forme le diocèse d’Évreux.

EURE-ET-LOIR (dép. d'), un des dép. de l’intérieur, au N. de celui de Loir-et-Cher, au S. de celui de Seine-et-Oise, à l’E. des dép. de la Sarthe et de l’Orne, à l’O. de celui du Loiret : 6028 kil. carrés : 290 455 h. ; ch.-l., Chartres. Il est formé en partie de la Beauce, du Dunois, du Perche, du comté de Dreux et du Thimerais. Sol plat ; quelques collines et vallées, étangs. Fer, belles pierres de taille, grès à paver, marne, terre à faïence, à porcelaine, à poterie, Blés excellents ; lin chanvre, vin, fruits à cidre. Gros bétail, mérinos, beaucoup d’abeilles. Assez d’industrie (usines à fer, toiles, filatures, gros lainages, bonneteries, papeteries. etc.). Commerce de grains et farines, bestiaux, volaille, laines, etc. — Ce dép. a 4 arr. (Chartres, Châteaudun, Dreux, Nogent-le-Rotrou) ; 24 cant. et 437 communes ; il fait partie de la 1re division militaire, dépend de la cour imp. de Paris et forme le diocèse de Chartres.

EURIC ou ÉVARIC, roi des Visigoths de 466 à 484, succéda à Théodoric II, son frère, après l’avoir fait assassiner. Le sénat romain lui ayant abandonné les provinces au delà des Alpes, il ravagea la Gaule, prit Bourges, Clermont, Arles, en 480, puis Marseille, en 481, et contraignit Odoacre à lui céder ses droits sur l’Espagne et sur les Gaules. Son royaume finit par embrasser toute la Gaule entre la Loire et la Méditerranée et toute l’Espagne. Arien zélé, il eut à lutter contre la population orthodoxe de ses États. Il recueillit les anciennes lois et en rédigea de nouvelles. Il m. à Arles, laissant le trône à son fils Alaric.

EURIPE, auj. Canal de Négrepont, détroit qui séparait l’île d’Eubée de l’Attique et de la Béotie, était célèbre à cause des flux et reflux qui s’y manifestaient, phénomène dû à de violents courants se dingeant en sens contraires et que l’on ne remarque nulle part ailleurs dans la Méditerranée.

EURIPIDE, célèbre poëte tragique grec, naquit à Salamine l'an 480 av. J.-C., le jour même où les Athéniens remportèrent une victoire sur les Perses à l'embouchure de l'Euripe (d'où lui vint son nom d’Euripide). Il se livra d'abord à l'athlétique, puis étudia la philosophie sous Anaxagore, et se consacra enfin à la poésie. Il devint le rival de Sophocle et fut couronné cinq fois. Cependant, se voyant en butte à des accusations d'impiété et à des attaques personnelles, il quitta Athènes et se retira en Macédoine auprès du roi Archélaüs qui l'éleva aux plus hautes dignités. Il y mourut à l'âge de 78 ans : on dit que se promenant dans un bois, il fut déchiré par une meute de chiens. Euripide opéra dans le théâtre une révolution importante : il réduisit le rôle du chœur et ne le fit intervenir que d'une manière conforme à la vraisemblance ; en outre, à l'aveugle loi du Destin il substitua l'empire des passions. Ce poëte, dont le style est un modèle d'élégance, brille surtout par le pathétique, ce qui l'a fait proclamer par Aristote le plus tragique des tragiques. Il règne dans ses tragédies une philosophie hardie, ce qui lui a valu le surnom de Philosophe du théâtre ; mais il abuse quelquefois des sentences et des tirades philosophiques. Il dirige souvent de dures attaques contre les femmes. Aristophane l'a déchiré lui-même dans plusieurs de ses pièces, notamment dans les Grenouilles. Euripide avait composé, dit-on, 84 tragédies; il ne nous en est parvenu que 18, plus un drame satirique, le Cyclope. Les plus estimées de ses tragédies sont : Hécube, les Phéniciennes, les Troyennes, Médée, Alceste, Hippolyte, Iphigénie, Iphigénie en Tauride. Plusieurs ont été imitées par Racine, dont Euripide était le poëte favori, par Voltaire, Crébillon et Guimond de La Touche. On estime les éditions de Barnès, Cambridge, 1694; de Musgrave, Oxf., 1778, 4 vol. in-4; de Beck, Leips., 1779-88, 3 vol. in-4; l'éd. Variorum de Glasgow, 1821, 9 vol. in-8; celles de Matthiæ, 10 vol. in-8, Leips., 1831-37 (avec un Lexicon Euripideum, 1841); de Boissonade, 1825-27, 5 vol. in-l2; de Dindorf, Leips., 3 vol. in-8, 1833-40; de Fix, coll. Didot, 1843; de R. Klotz et Pflugk, Goth., 1859: de Weil, Paris, 1868. Euripide a été traduit en partie par Brumoy et par Prévost de Genève, 4 vol., Paris, 1782-97, et en totalité par M. Artaud, 2 v. in-12, 1842. Quelques-unes de ses tragédies ont été mises en vers français (Hécube, par Drouet, 1840; les Phéniciennes et Hippolyte, par H. Halévy, 1845; Alceste, par M. Romtain, (1860). M. Patin l'a parfaitement apprécié dans ses Tragiques grecs.

EUROPE, fille d'Agénor, roi de Phénicie, et sœur de Cadmus, fut aimée de Jupiter, qui l'enleva sous la forme d'un taureau, et l'emmena dans la partie du monde qui depuis porta son nom. Il la rendit mère de Minos, d'Éaque et de Rhadamanthe.

EUROPE, Europa, une des cinq parties du monde, la plus petite pour la superficie, mais la plus riche, la plus éclairée et la plus puissante : s'étend de 36° 20' à 76° 58' lat. N., et de 27° 5' long. O. à 60° long. E. Ses bornes sont au N. la mer Glaciale, à l'O. l'Atlantique, au S. la Méditerranée, à l'E. l'Asie, dont elle est séparée par la rivière Kara, les monts Ourals, le fleuve Oural, la mer Caspienne, le Caucase, la mer Noire et la mer de Marmara. Elle a environ 4000 kil. de long sur 3500 de large. Sa population est d'env. 270 000 000 d'hab.

Géographiquement, l'Europe est divisée en 16 contrées principales, dont 4 au N.: Iles Britanniques, Danemark, Suède et Russie ; 7 au centre : France, Belgique, Hollande, Suisse, Allemagne, Autriche et Prusse; 5 au S. : Espagne, Portugal, Italie, Turquie et Grèce. — Politiquement, l'Europe est partagée en États indép. dont le nombre a souvent varié. Ce sont actuellement le Roy. uni de la Grande-Bretagne , le roy. de Suède et Norvége, celui de Danemark; l'empire de France, les roy. de Belgique, de Hollande et de Prusse, la Confédération germanique, la Confédération suisse et l'empire d'Autriche; les roy. de Portugal et d'Espagne (avec la république d'Andorre) ; les États italiens, divisés jusqu'en 1860 en États sardes, principauté de Monaco, grand duché de Toscane, duchés de Parme, Modène et Lucques, États de l’Église (avec la république de St-Marin), roy. des Deux-Siciles, et réunis pour la plupart en 1861 sous le nom de Royaume d'Italie; l'empire de de Russie, l'empire ottoman, les principautés unies de Moldavie et de Valachie, celles de Servie, le roy. de Grèce et la République des îles Ioniennes.

L'Europe est découpée profondément par plusieurs mers intérieures et par des golfes nombreux. Les mers intérieures sont : la mer Blanche, la mer Baltique, la mer du Nord, la Manche, la mer Adriatique ou golfe de Venise, la mer de Marmara, la mer Noire, la mer d'Azov. Les principaux golfes sont ceux de Botnie, de Finlande, le Zuyderzée, les golfes de Gascogne, de Lion, de Gênes, de Lépante. Les détroits principaux sont : le Skager-Rack, le Cattégat, le Sund et les deux Belts, entre le Danemark et la Suède, le Pas-de-Calais entre la France et l'Angleterre, le détroit de Gibraltar entre l'Espagne et l'Afrique, le détroit de Bonifacio entre la Corse et la Sardaigne, le détroit de Messine entre l'Italie et la Sicile, le détroit des Dardanelles ou Hellespont, et le canal de Constantinople ou Bosphore, entre la Turquie d'Europe et la Turquie d'Asie. Parmi les îles qui font partie de l'Europe, nous citerons : la Nouv.-Zemble et le Spitzberg dans l'Océan Glacial; la Grande-Bretagne, l'Irlande, les îles Hébrides, Orcades, Shetland, Færoë entre l'Océan Atlantique et la mer du Nord; les îles Wight, Jersey, Guernesey, dans la Manche; Belle-Isle et les îles de Noirmoutiers, de Ré, d'Oléron, dans l'Atlantique; les Baléares, la Sardaigne, la Corse, la Sicile, les îles Ioniennes, les Cyclades et les Sporades, Candie et Chypre, dans la Méditerranée. — Le sol de l'Europe orientale est plat, surtout au nord; elle n'offre que peu de montagnes, sauf sur les frontières, où les monts Ourals et le Caucase s'élèvent à d'assez grandes hauteurs. Partout ailleurs, l'Europe est hérissée de hautes montagnes : au centre, s'élèvent les Alpes d'où sortent de nombreuses ramifications, formant elles-mêmes de nouvelles chaînes, et portant des noms particuliers : tels sont en Italie, les Apennius; en France, le Jura, les Vosges, les Cévennes; en Espagne, les Pyrénées, les monts de Gata, d'Estrella, la Sierra-Morena, les Alpuxaras; en Allemagne, le Harz, le Bœhmerwald, l'Erzgebirge, le Riesengebirge, les Sudètes; en Hongrie, les Carpathes; en Turquie, le Glioubotiu, le Tchardagh, le Balkan : entre la Norvège et la Suède s'étendent les Dofrines ou Alpes Scandinaves ; dans la Grande-Bretagne les monts Cheviot et Grampians. — Les principaux fleuves, outre l'Oural, commun à l'Europe et à l'Asie, sont : le Volga, le Don, le Dniepr, le Dniestr, les deux Dwina, le Danube, la Vistule, l'Oder, l'Elbe, la Meuse, le Rhin, l'Escaut, la Seine, la Loire, la Garonne, le Rhône, l'Èbre, le Tage, le Pô, l'Arno, le Tibre. — L'Europe est presque tout entière comprise dans la zone tempérée; aussi le climat y est-il en général doux et sain. L'aspect de cette contrée est moins brillant, moins riche que celui des belles contrées de l'Amérique et de l'Asie ; le sol y est moins productif; mais l'agriculture, bien mieux dirigée, fait produire immensément à la terre; nulle part il n'y a moins de jachères, de steppes et de lieux inhabitables; nulle part les animaux féroces ne sont devenus plus rares. — On trouve en Europe quelques mines d'or et d'argent, notamment en Transylvanie, en Hongrie, en Valachie, et dans les monts Ourals; le cuivre, l'étain, le platine, y sont plus communs; tous les autres métaux, surtout le fer, s'y trouvent en abondance, ainsi que la pierre à bâtir, les marbres, le sel gemme, la houille, etc. — Presque tous les habitants de l'Europe sont de la race blanche caucasienne; ceux qui habitent le Nord appartiennent à la famille finnoise; au centre se sont répandues les familles celte, germaine et slave; au S., les familles ibère, thraco-pélasgique, turque, sémitique. — La religion dominante est le Christianisme, mais il se divise en plusieurs églises : l’É. catholique romaine (Italie, France, Espagne, Portugal, Autriche, Irlande, Belgique) ; l’E. grecque (Grèce et Russie) ; l’É. luthérienne, réformée ou calviniste (Allemagne, Suisse, Suède, Norvège, Hollande et partie de la France) ; l’É. anglicane (Angleterre) ; l’É. presbytérienne (Écosse). On y trouve encore le Judaïsme, professé par les restes du peuple juif répandus dans toute l’Europe, surtout en Allemagne et en Pologne, et l’Islamisme pratiqué par les Turcs. — La plupart des gouvernements de l’Europe sont monarchiques ; mais les uns sont des monarchies absolues : Turquie, Russie ; les autres des monarchies représentatives : France, Angleterre, Prusse, Autriche (depuis 1861), Suède, Danemark, Hollande, Belgique, Saxe, Bavière, Wurtemberg, Bade, Grèce, Portugal, Espagne, Italie. Quelques-uns sont des républiques : Suisse, Francfort, Brême. Hambourg, Lubeck ; îles Ioniennes, St-Marin, Andorre : ces 3 dernières sont sous la protection de puissances voisines, et n’ont qu’une ombre d’indépendance. Il y a en Europe cinq puissances prépondérantes, desquelles dépendent surtout les destinées de l’Europe, ce sont la France, l’Angleterre, la Russie, l’Autriche et la Prusse.

Histoire. L’Europe a reçu ses premiers habitants de l’Asie : tandis que de vastes et puissants empires florissaient dans cette partie du monde, l’Europe était encore plongée dans la barbarie ; la Grèce on sortit la première et elle s’éleva bientôt au plus haut degré de civilisation : elle répandit en même temps ses colonies dans l’Italie méridionale et sur les côtes de l’Espagne et de la Gaule. Rome, fondée au VIIIe siècle avant J.-C., conquit peu à peu toute l’Italie, et finit par étendre sa domination sur l’Europe presque entière. Après la chute de l’empire romain, des Barbares, venus pour la plupart d’Asie, envahirent l’Europe, et pendant plusieurs siècles il régna dans cette contrée une anarchie effroyable. On vit s’élever alors l’empire des Visigoths en Espagne, ceux des Francs dans les Gaules, des Lombards en Italie, des Saxons au nord de la Germanie, des Avares au sud. L’empire grec, seul reste de la grandeur romaine, subsista néanmoins dans l’Europe orientale. La fin du VIIIe siècle vit Charlemagne créer un puissant empire, qui occupait la plus grande partie de l’Europe occidentale : mais un siècle ne s’était pas écoulé que ce vaste empire était démembré. De ses ruines, sortirent les royaumes particuliers de France, d’Allemagne, d’Italie, de Lotharingie ou Lorraine, de Provence, de Bourgogne, etc. Au Xe siècle les puissances du Nord sortent de leur obscurité : la Russie, la Suède, la Norwége et le Danemark prennent rang parmi les États européens ; en même temps les Maures, qui avaient envahi la péninsule hispanique du VIIIe au Xe siècle, commencent à reculer devant les rois chrétiens de Léon, de Castille, d’Aragon et de Portugal. Au XVe siècle, après la prise de Constantinople par les Ottomans (l453), tous les grands États de l’Europe se trouvaient à peu près fondés. On n’a plus guère à citer parmi les nouveaux États nés depuis cette époque que les Provinces-Unies, ou Pays-Bas, détachées de la monarchie espagnole au XVIe siècle, et le roy. de Prusse, créé au XVIIIe siècle. La guerre générale qui éclata après la révolution de 1789 changea un instant la face de l’Europe ; l’empire français en embrassa presque toute la partie occident. ; mais après la chute de l’Empire, l’ancien ordre de choses fut en grande partie rétabli. Les délimiations des États fixées par les traités de 1815 sont celles qui subsistent encore aujourd’hui, à l’exception de celles du royaume des Pays-Bas, partagé depuis 1831 en royaume de Belgique et royaume de Hollande ; de l’empire ottoman, duquel la Grèce s’est définitivement séparée en 1827 ; des États sardes, qui, de 1859 à 1861, se sont accrus de la Lombardie, de l’Émilie, de la Toscane et des États de Naples ; et de la France, qui a recouvré en 1860 la Savoie et le comté de Nice.

EUROPE ANCIENNE. L’Europe connue des anciens était bornée au N. par l’Océan Sarmatique, le Codanus Sinus et l’Océan Germanique ; à l’O par l’Océan Atlantique, au S. par B détroit de Gad’s et la mer Intérieure ; à l’E. par la mer Égée, l’Hellespont, la Propontide, le Bosphore de Thrace, le Pont Euxin, le Bosphore Cimmérien, le Palus-Méotide et le Tanaïs. — On peut diviser l’Europe ancienne en 19 parties : au N. les îles Britanniques, la Chersonèse Cimbrique, la Scandinavie, au N. E. de vastes contrées peu connues et désignées sous le nom de Sarmatie ou Scythie européenne ; au centre, la Gaule, la Germanie, la Vindélicie, la Rhétie, le Norique, la Pannonie, la Dacie et l’Illyrie ; au S. l’Hispanie, l’Italie, la Mœsie, la Thrace, la Macédoine et la Grèce.

EUROTAS (l'), dit auj. Iri et Vasili-potamo, petite riv. de Laconie, arrosait Sparte et se jetait dans le golfe Laconique. Les Spartiates l’adoraient comme un dieu et lui donnaient le nom de Fleuve-Roi (Basileus potamos), d’où son nom moderne. Le laurier rose, le myrte, l’olivier ornaient ses bords.

EUROTAS, roi. Voy. sparte.

EURUS, dieu du vent d’Est, chez les Grecs.

EURYALE. Troyen, ami de Nisus. Voy. NISUS.

EURYBIADE, général spartiate, commandait avec Thémistocle à Salamine (480 av. J.-C.). Effrayé à la vue de la multitude des vaisseaux de Xerxès, il voulait s’éloigner au moment du combat ; et comme, Thémistocle s’y opposait, il s’emporta au point de lever sur lui le bâton : « Frappe, lui dit Thémistocle, mais écoute. » Ramené par ce trait de modération et de grandeur d’âme, Eurybiade se rendit à l’avis du général athénien. D’accord avec Thémistocle, il dissuada les Grecs, après leur victoire, de couper la retraite aux troupes de Xerxès, en détruisant le pont que ce prince avait jeté sur l’Hellespont.

EURYDICE, femme d’Orphée, remarquable par sa beauté. Elle fut, selon la Fable, piquée par un serpent pendant qu’elle fuyait les poursuites du berger Aristée et péril de cette blessure. Orphée descendit aux Enfers pour l’y chercher ; mais trop impatient de la posséder, il la perdit au moment même où elle allait revoir le jour. Voy. ORPHÉE.

EURYDICE, reine de Macédoine, femme d’Amyntas, était Illyrienne. Cette princesse ambitieuse et déréglée, voulant placer sur le trône Ptolémée Aloritès, son beau-frère, pour lequel elle éprouvait une passion incestueuse, fit périr son époux (369 av. J.-C.) et un de ses propres enfants. Philippe, le 3e de ses fils, sut se soustraire à ses embûches.

EURIDYCE, femme de Philippe Arrhidée, qui fut reconnu roi de Macédoine après la mort d’Alexandre, son frère, gouverna quelque temps sous le nom de son faible époux. Elle s’opposa à Olympias et à Roxane, qui, soutenues par l’olysperchon, voulaient faire reconnaître Alexandre ; mais elle se vit abandonnée au moment du combat et se réfugia dans Amphipolis. Olympias lui envoya un poignard, un lacet et du poison, lui laissant le choix du genre de mort : elle s’étrangla, 316 av. J.-C.

EURYMÉDON, riv. de Pamphylie, se jetait dans le golfe de Pamphylie, près de Side. Cimon y battit les Perses, 470 av. J.-C. C’est auj. le Capsi-Sou.

EURYPON, roi de Sparte, 1028-21, donna son nom aux Eurypontides, dits aussi Proclides. V. PROCLÈS.

EURYSTHÉE, fils de Sthélénus, régna sur Mycènes vers 1369 av. J.-C. et eut toute sa vie, dit la Fable, le droit de commander à Hercule, parce qu’il était né quelques heures avant lui (Voy. HERCULE). Il imposa au héros les pénibles entreprises connues sous le nom des Douze travaux d’Hercule. Après la mort d’Hercule, il persécuta ses enfants ; il périt dans un combat livré contre Hyllus, l’un d’eux, près de l’isthme de Corinthe.

EURYSTHÈNE et PROCLÈS, fils jumeaux d’Aristodème, l’un des trois chefs héraclides qui conquirent le Péloponèse (1180 av. J.-C.), montèrent ensemble sur le trône de Sparte, et régnèrent simultanément, le 1er  43 ans, le 2e 42. Il y eut toujours depuis à Lacédémone deux rois, un de chacune des deux branches : les Eurysthénides (dits aussi Agides), et les Proclides (ou Eurypontides).

EURYSTHÉNIDES, Voy. EURYSTHÈNE et SPARTE.

EURYTUS, roi d’Œchalie, ville de Thessalie, avait promis sa fille Iole à celui qui le surpasserait dans art de tirer de l’arc Vaincu par Hercule, il voulut éluder sa promesse ; mais celui-ci assiégea Œchalie, enleva Iole et força Eurytus à s’enfuir dans l’île d’Eubée où il fut tué.

EUSÈBE, surnommé Pamphile, célèbre évêque de Césarée (en Palestine), dit le Père de l’histoire ecclésiastique, né vers 270, mort vers 338, se lia de bonne heure avec le vertueux Pamphile, dont il joignit le nom au sien en preuve d’affection ; visita les solitaires de l’Égypte et de la Thébaide, fut fait évêque de Césarée en 315 et refusa le siége d’Antioche que lui offrait l’empereur Constantin. Il assista au concile de Nicée (325) et eut part à la rédaction du symbole qui y fut rédigé. Cependant on lui reproche d’avoir penché vers l’Arianisme. Il contribua en effet avec les évêques ariens à faire déposer Eustathe au concile d’Antioche (330) et sollicita de Constantin, dans les conciles de Césarée et de Tyr (334), l’exil de S. Athanase et le rappel d’Arius. D’anciennes chroniques le placent au nombre des saints, mais l’Église ne le reconnaît pas pour tel. Eusèbe était un des hommes les plus savants de l’antiquité : il a laissé un grand nombre d’ouvrages précieux pour l’histoire, surtout pour celle de l’Église primitive ; tous sont écrits en grec. Les principaux sont : Histoire ecclésiastique, en 10 livres, depuis J.-C. jusqu’à la défaite de Licinius (publiée par Valois, grec-latin, Paris, 1659, in-fol., dans sa Collection des historiens ecclésiastiques grecs, et séparément par Reading, Cambridge, 1720 ; par Heinichen, Leipsick, 1829, 3 v. in-8, et par Schwegler, Leips., 1852 ; trad. en français par le président Cousin, 1675) ; Préparation et Démonstration évangéliques (publ. par Fr. Vigier, Paris, 1628, gr.-lat., 2 vol. in-fol., et par Th. Gaisford, Oxford, 1852, 2 vol. in-8, et trad. en franç. par Séguier de St-Brisson, 1846, 2 vol. in-8) ; on y trouve un fragment attribué à Sanchoniathon ; Vie de l’empereur Constantin et Panégyrique de ce prince (publiés par Heinichen, Leipsick, 1830) ; Apologie d’Origène ; Topographie de la Terre-Sainte, trad. par S. Jérôme ; quelques ouvrages de théologie ; enfin une célèbre Chronique, qui va depuis le commencement du monde jusqu’à la 20e année du règne de Constantin : l’original grec de cet ouvrage s’est perdu, mais nous en possédons une trad. latine avec continuation par S. Jérôme, publiée par Scaliger en 1606 ; on en a retrouvé en 1784 une trad. arménienne qui a été publiée par Zohrab et Mai, Milan, 1818, et par J. B. Aucher, avec les fragments grecs, Venise, 1819. Tous les ouvrages d’Eusèbe ont été réunis dans la Patrologie de M. Migne, 1857.

Le nom d’Eusèbe, qui en grec veut dire pieux, a été porté par plusieurs autres personnages, entre autres : Eusèbe de Nicomédie, évêque de Constantinople, mort en 342, qui fut un fauteur déclaré de l’Arianisme et un adversaire acharné de S. Athanase ; - un évêque de Samosate, sous Théodose, qui, au contraire, combattit les Ariens ; - un évêque de Dorylée, qui combattit l’Hérésie de Nestorius ; - un pape, élu en 310, mort la même année ; - un pieux évêque de Verceil, mort en 370, qui fut canonisé, et qu’on fête le 15 décembre ; - enfin un prêtre romain, martyr au IVe siècle, honoré le 14 août.

EUSTACHE (S.), martyr à Rome, portait d’abord le nom de Placide et reçut après sa conversion le nom d’Eustache ou Eustathe (c.-à-d. constant). Il souffrit la mort sous Adrien, vers l’an 130 de J.-C., avec sa femme et ses deux fils. On le fête le 20 sept. Les actes de ce saint ont été publiés en grec par Combefis, Paris, 1660 et trad. en français par le P. Lesueur. Ils renferment des contes incroyables.

EUSTACHE, nom de plusieurs comtes de Boulogne dont le plus célèbre est Eustache III, frère de Godefroy de Bouillon, mort en 1125. Il eut pour fille et pour héritière Mathilde, qui épousa Étienne de Blois, depuis roi d’Angleterre. Eustache IV, son petit-fils, m. en 1153, disputa la Normandie à Geoffroy V, puis à Henri Plantagenet.

EUSTACHE DE SAINT-PIERRE. V. SAINT-PIERRE.

EUSTACHE (Barthélemy), Eustachi en italien, savant anatomiste et médecin, né vers 1510 à San-Severino dans la Marche d’Ancône, mort en 1574, fut archiâtre et professeur du collège de la Sapience à Rome. On lui doit une foule de découvertes anatomiques dans le système des os, des muscles, des nerfs, des veines, entre autres celle du canal de communication de l’oreille interne avec l’arrière-bouche, canal qui a conservé le nom de trompe d’Eustache. Il a publié le Lexicon d’Érotien, Venise, 1556 ; des dissertations De Renibus, 1563, De Dentibus, 1563, quelques Opuscules, 1564, parmi lesquels se trouve la description de l’organe de l’ouïe. Il laissa des Tables anatomiques d’une admirable exactitude, qui n’ont été publiées qu’en 1714, par Lancisi.

EUSTATHE (S.), évêque de Bérée, puis d’Antioche en Syrie, né à la fin du IIIe siècle à Side en Pamphylie, fut le premier à combattre la doctrine d’Arius. Les Ariens parvinrent à le faire déposer et exiler vers l’an 337. Léon Allacci a publié sous le nom de ce prélat un Traité sur la Pythonisse, Lyon, 1629, in-4. On le fête le 16 juillet.

EUSTATHE de Constantinople, archevêque de Thessalonique au XIIe siècle, mort vers 1198, fut le plus savant grammairien de son temps. Avant d’être élevé au siège épiscopal, il avait été maître des orateurs, c.-à-d. chargé d’expliquer au peuple les livres saints, et s’était fait connaître par de nombreux ouvrages. On a de lui des Commentaires sur l’Iliade et l’Odyssée, qui renferment des extraits des scholiastes antérieurs (Rome, l542 ; Bâle, 1559 ; Leipsick, 1825-30, 5 vol. in-8) ; des Remarques sur Denys le Périégète (dans les éd. de Denys) ; des notes sur S. Jean Damascène, des fragments d’un Commentaire sur Pindare et divers Opuscules, publ. par Tafel, Francfort, 1832. On lui a attribué à tort le roman d’Ismene et Isménias, qui est l’œuvre d’Eumathius. V. ce nom.

EUTERPE, c.-à-d. Qui charme, une des neuf Muses, présidait à la musique et à la poésie lyrique. On la représente une flûte à la main ou à la bouche.

EUTHYDÈME, roi de la Bactriane de 220 à 196 av. J.-C., fut quelque temps en guerre avec Antiochus III, qui voulait rentrer en possession de cette contrée, autrefois soumise aux rois de Syrie ; mais il réussit à faire reconnaître son indépendance.

EUTIN, v. du grand-duché d’Oldenbourg, à 13 k de la mer du Nord, à 31 k. de Lübeck ; 3000 h. Anc. évêché. Vieux château, palais moderne. Eutin a donné son nom à une branche de la maison de Holstein-Gottorp. Cette branche s’est ensuite divisée en trois rameaux, dont le 1er  a occupé le trône de Suède de 1751 à 1818, et n’est pas encore éteint ; le 2e, dit Holstein-Eutin-Oldenbourg, a possédé le grand-duché d’Oldenbourg jusqu’en 1823 ; le 3e, nommé Holstein-Eutin proprement dit ou Eutin-Eutin, a succédé au 2e dans la possession de ce duché depuis 1823.

EUTOCIUS d’Ascalon, géomètre grec, qui vivait vers l’an 540 de J.-C., est auteur de Commentaires sur Apollonius de Perge (dans l’éd. d’Apollonius par Halley. 1710), et sur Archimède (Bâle, 1544).

EUTROPE, Flavius Eutropius, historien latin du IVe siècle, florissait sous Constantin et sous Julien, avec lequel il marcha contre les Perses, et vivait encore sous Valens. Ou a de lui un abrégé d’histoire romaine, sec et aride, mais clairet commode, le Breviarium rerum Romanarum, en 10 livres, qui va depuis la fondation de Rome jusqu’à l’empereur Valens, auquel il est dédié. Les meilleures éditions de cet ouvrage sont celles d'Havercamp, Leyde, 1729; de Zell, Stuttgard, 1829; il a été trad. par l'abbé Paul, 1809, par N. A. Dubois, 1843 (dans la Biblioth. lat. franç. de Panckoucke), et par M. Baudement (collection Nisard). On ne sait si cet historien est le même qu'un Eutrope préfet du prétoire en 381.

EUTROPE, célèbre eunuque, natif d'Arménie, favori d'Arcadius, empereur d'Orient, réussit, en 395, à l'aide de l'impératrice Eudoxie, à renverser le ministre Rufin, qui avait été longtemps tout-puissant, mais révolta bientôt lui-même le peuple par ses cruautés et ses débauches et fut renversé par Eudoxie. Il eut été massacré aussitôt par la multitude sans l'intervention de S. Jean Chrysostôme, qui apaisa le peuple par un de ses plus beaux discours (398). Néanmoins il fut condamné à mort l'année suivante.

EUTYCHÉENS. V. EUTYCHÈS.

EUTYCHÈS, hérésiarque grec, était archimandrite d'un monastère près de Constantinople lorsque s'éleva l'hérésie de Nestorius, qui supposait deux personnes en J.-C. Il sortit de sa retraite pour défendre la foi; mais il tomba lui-même dans une hérésie nouvelle, qu'il commença à répandre en 448 : il enseignait qu'il n'y avait qu'une nature en J.-C., la nature divine, par laquelle avait été absorbée la nature humaine comme une goutte d'eau l'est par la mer. Accusé dès 449 par Eusèbe de Dorylée et par Flavien, patriarche de Constantinople, il comparut dans un concile tenu à Éphèse et qui reçut le nom de brigandage d'Éphèse, à cause des violences qui s'y commirent. Secrètement soutenu par l'empereur Théodose II, il fut absous ; mais après la mort de ce prince il fut condamné dans le concile de Chalcédoine en 451. Il mourut vers 454, âgé d'env. 75 ans. Son hérésie prit de grands accroissements après sa mort. Ses partisans sont nommés Eutychéens on Monophysites (partisans d'une seule nature). Cette hérésie subsiste encore en Orient, en Égypte et en Abyssinie.

EUTYCHIUS, nommé en arabe Said-ibn-Batrich, patriarche d'Alexandrie en Égypte, né en 876 à Fostat (Vieux-Caire), m. en 940, devint en 933 patriarche melchite d'Alexandrie. Il était versé, non-seulement dans la théologie, mais aussi dans la médecine et l'histoire, et il écrivit sur ces différentes sciences. On a de lui, entre autres écrits, une histoire universelle en arabe, qu'il intitula Rangée de pierres précieuses et qui est connue sous le nom d’Annales. Ces annales, qui vont jusqu'en 937, ont été traduites en latin par Pockock, Oxford, 1658, 2 vol. in-8.

EVAGORAS, nom de deux rois de Salamine en Chypre, dont le 1er, issu de Teucer, s'éleva sur le trône vers l'an 410 av. J.-C., conquit presque toute l'île de Chypre, accueillit Conon à sa cour après la défaite d'Ægos Potamos (405), et résista longtemps au roi de Perse. Il périt assassiné en 374, victime d'une vengeance particulière. Isocrate a fait de ce prince un pompeux panégyrique. — Le 2e, petit-fils du préc., succéda à Nicoclès son père, fut détrôné par son oncle Protagoras, trouva un refuge à la cour du roi de Perse Artaxerce-Ochus, qui le replaça sur le trône, mais fut renversé de nouveau.

ÉVAGRE le Scholastique, Evagrius, historien grec, né vers 536 à Épiphanie (Syrie), fut avocat à Antioche, questeur sous Tibère Constantin, et garde des dépêches du préfet sous Maurice. On a de lui une Histoire ecclésiastique, en 6 liv., qui va depuis l'an 431, époque de la condamnation de Nestorius par le concile d’Éphèse, jusqu'en 593; elle a été trad. en latin par W. Musculus, Christophorson et Adr. de Valois, imprimée avec celles d'Eusèbe, de Socrate, de Sozomène et de Théodoret, Paris, 1544, in-fol., et trad. en franç. par le président Cousin.

Un autre ÉVAGRE, moine du IVe siècle, professeur de littérature sacrée à Constantinople, a laissé quelques écrits : Monachus, Gnosticus, Sententiæ, qu'on trouve dans les collections des Pères grecs.

ÉVANDRE, prince arcadien, conduisit une colonie dans le Latium vers 1300 av. J.-C., fut accueilli par Faunus, roi des Aborigènes, civilisa ces peuples, et bâtit près de l'Aventin la v. de Pallantée, qu'il appela ainsi du nom de son fils Pallas ; Il donna l'hospitalité à Hercule et secourut Énée contre les Rutules.

ÉVANGÉLIQUE (Église), église formée par la fusion qui, en 1817, se fit entre les Luthériens et les Calvinistes dans le duché de Nassau, Cette fusion eut lieu la même année à Francfort-sur-le-Mein, puis à Weimar, à Hanau et dans la Bavière rhénane (1818), dans la principauté d'Anhalt-Bernbourg (1819), dans celle de Waldek et le grand-duché de Bade (1821), dans la Hesse (1822), ainsi que dans une partie du Wurtemberg. En Prusse, cette fusion a éprouvé une grande résistance.

ÉVANGÉLISTES (les Quatre), On nomma ainsi les écrivains sacrés qui ont rédigé la vie et la doctrine de J.-C. : ce sont S. Mathieu, S. Marc, S. Luc et S. Jean. Ils sont désignés par les quatre animaux de l'Apocalypse, le ler par l'ange, le 2e par le lion, le 3e par le taureau, le 4e par l'aigle.

ÉVANGILE ou NOUVEAU TESTAMENT. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences, des Lettres et des arts.

EVANS (Olivier), mécanicien des États-Unis, né en 1755 près de Philadelphie, mort en 1811, est l'inventeur des machines à vapeur à haute pression. Il avait précédemment imaginé une machine à fabriquer des cardes (1777), et avait apporté des perfectionnements importants aux moulins de meunier (1782). Il exposa en 1797 ses idées sur les machines à vapeur à haute pression ; mais il trouva peu d'approbateurs et mourut avant d'avoir vu son invention prendre le rang qu'elle occupe, aujourd'hui.

ÉVARIC, roi des Visigoths. V. EURIC.

ÉVAUX, ch.-l. de c. (Creuse), à 33 k. N. E. d'Aubusson; 2000 h. Grains, bétail, grosses toiles. Tanneries, mégisseries. Eaux thermales renommées. Aux env., ruines du château de La Roche-Aymon. Évaux était jadis la ch.-l. du pays de Combrailles.

ÈVE, la première femme, mère du genre humain, fut créée après Adam. Selon la Genèse, Dieu la tira du corps de l'homme et la plaça avec lui dans le paradis terrestre. S'étant laissé séduire par le démon, caché sous la forme d'un serpent, elle mangea du fruit défendu et en fit manger à son époux; cette désobéissance les fit chasser tous deux du paradis et entacha toute la race humaine du péché, originel. Le nom d'Ève veut dire en hébreu mère des vivants.

ÉVÊQUE, chef d'un diocèse, V. ce mot au Dict. univ. des Sciences, des Lettres et des Arts.

EVEREST (mont), le plus haut pic de l'Himalaya (8836m), entre le Kunchinginga et la v. de Catmandou, par 27° 59' lat. N. et 84° 37' long. E. Il a été ainsi appelé du nom d'un arpenteur anglais qui le mesura.

EVESHAM, v. d’Angleterre (Worcester), à 24 k. S. E. de Worcester, sur l'Avon; 4000 hab. Anc. abbaye. Il se livra en 1265, près de cette ville, une bataille entre Simon de Montfort, comte de Leicester, et le prince Édouard, qui devint roi sous le nom d’Édouard I. Simon de Montfort y fut tué.

ÉVHÉMÈRE, philosophe grec, natif de Messène ou plus probablement d'Agrigente, vivait dans le IVe siècle av J.-C. Il fut ami de Cassandre, roi de Macédoine, qui le chargea de missions importantes, et visita pour ce prince l'Océan Indien. On le regarde comme l’auteur du système qui explique la mythologie par l'histoire. Suivant lui, Jupiter, Saturne, et tous les dieux de l'Olympe, n'étaient que d'anciens rois, ou des personnages puissants attachés à leur suite, qui avaient autrefois vécu dans l'île de Panchaïe, pays fabuleux qu'il place sur la côte orientale de l'Arabie. Ses écrits, parmi lesquels l’Histoire sacrée occupait la principale place, furent vantés par les Épicuriens. Ennius les traduisit en latin. Il reste quelques fragments de cette traduction, placés à la suite de ceux d'Ennius, recueillis par Colomna, 1591, et par Hesselius, 1707. L'abbé Sevin, Fourmont et Foucher ont inséré de savantes dissertations sur Évhémère dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions. EVIAN, Aquianum, bourg-de France (Hte-Savoie), dans l'anc. Chablais, sur le lac de Genève, à 10 k. N. E. de Thonon; 2500 h. Petit port, eaux minérales alcalines, dites d’Amphion; bains fréquentés.

ÉVILMÉRODACH, roi de Babylone (562-60), fils et successeur de Nabuchodonosor II, rendit la liberté à Joachim II, roi de Juda, et périt victime d'une conspiration tramée par son beau-frère Nériglissor. Il protégea Daniel.

EVISA, ch.-l. de c. (Corse), à 36 kil. N. d'Ajaccio; 1370 h. Toile de lin.

EVORA, Ebura, puis Liberalitas Julia, v. de Portugal, ch.-l. de l'Alentéjo, à 128 k. E. de Lisbonne; 15 000 hab. Place forte, citadelle. Archevêché. Anc. université. Monuments antiques : restes d'un temple de Diane, dont on attribue la fondation à Sertorius ; aqueduc construit par les Romains. — Sertorius résida à Evora ; J. César érigea cette ville en municipe. Prise par les Maures en 715, elle leur fut enlevée en 1166. Il s'y tint en 1482 une diète où le roi Jean II dépouilla les nobles d'une partie de leurs privilèges. Les Espagnols s'en emparèrent en 1663; mais le maréchal de Schomberg la reprit peu après. En 1828, elle se souleva pour don Miguel ; mais elle fut prise par l'armée constitutionnelle.

ÉVRAN, ch.-l. de c. (Côtes-du-Nord), à 11 k. S. de Dinan, sur le canal d'Ille-et-Rance ; 339 hab. Landes aux environs.

ÉVRECY, ch.-l. de c (Calvados), à 16 kil. S. O. de Caen; 500 hab.

ÉVREUX, Mediolanum Aulercorum, puis Eburovices chez les anciens, Ebroïcum au moyen âge, ch.-l. du dép. de l'Eure, sur l'Iton. à 104 kil. N. O. de Paris par route, à 107 par chemin de fer; 12 877 h. Évêché, suffragant de Rouen; trib. de 1re inst. et de commerce; lycée, école normale, bibliothèque, jardin botanique, théâtre. Belle cathédrale, église St-Taurin, palais de l'évêque, hôtel de la préfecture, lourde l'Horloge, bâtie en 1417 par les Anglais. A 2 k. de la ville était le célèbre château de Navarre, auj. détruit (V. NAVARRE). Draps, coutils, bonneterie, étoffes de coton. Commerce très-actif. — Évreux, capit. des Aulerci Eburovices, portait primitivement le nom de Mediolanum, qu'elle changea contre celui du peuple dont elle était le ch.-l.; elle devint en 989 la capit. du comté d'Évreux (V. ci-après). Les Normands la prirent en 892, Lothaire la pilla en 962. Elle fut saccagée par Henri I, roi d'Angleterre en 1120, et brûlée par Philippe-Auguste en 1105. En 1793, Buzot essaya vainement de faire de cette ville un centre de résistance contre la Convention.

ÉVREUX (comtes d'), Le comté d'Évreux fut formé en 989 pour Robert, fils de Richard I, duc de Normandie. Richard, fils de Robert (1037-1067), et Guillaume, son petit-fils (1067-1118) lui succédèrent. Sous ce dernier, le comté devint fief vassal de l'Angleterre (1104). Philippe-Auguste, après avoir pris eux fois la ville d'Évreux, se fit céder tout le comté par Jean sans Terre en 1200; toutefois, le nom d'Évreux resta, avec une légère corruption (Devereux), à une famille anglaise, issue probablement des anciens possesseurs du comté (Voy. ESSEX). Quant au comté lui-même, il resta quelque temps réuni au domaine de la couronne; mais en 1298 Philippe le Bel le donna en apanage à Louis, 5e fils de Philippe le Hardi. En 1317 Philippe le Long l'érigea en pairie. En 1328, Philippe le Sage, fils de Louis, devint roi de Navarre par son mariage avec Jeanne II, fille unique de Louis le Hutin, et n'en conserva pas moins le comté d'Évreux; Charles II le Mauvais, son fils, lui succéda sur le trône de Navarre, mais il perdit le comté d'Évreux qui fut confisqué en 1378 par le roi de France Charles V. Il fut cédé définitivement à la France en 1404 par Charles III, dit le Noble, fils de Charles le Mauvais. En 1569, Charles IX le donna à son frère le duc d'Alençon, qui le posséda jusqu'à sa mort, 1584. Enfin, en 1642, Louis XIII le donna à Frédéric-Maurice, duc de Bouillon, en échange de la principauté de Sedan. La maison de Bouillon le conserva jusqu'en 1789.

EVRIPO. V. EURIPE, EGRIBO et NÉGREPONT.

EVRON, ch.-l. de cant. (Mayenne), 35 k. N. E. de Mayenne ; 2854 h. Collège ; station, hospice de la Charité, anc. abbaye de Bénédictins, dont l'église sert auj. de paroisse. Collège. Toile, linge de table. Commerça en vins, eau-de-vie, fil, laine, grains et volailles.

EXARCHAT. Voy. EXARQUE et RAVENNE.

EXARQUE, mot grec qui signifie Celui qui commande au dehors (par rapport à Constantinople), servait à désigner dans l'empire romain d'Orient de grands dignitaires civils et ecclésiastiques.

Les exarques civils étaient de véritables vice-rois, à qui l'on confiait le gouvernement de plusieurs provinces. L'histoire fait surtout mention des exarques de Rome, d'Afrique, d'Italie et de Ravenne; ces derniers sont les plus connus, Voy. RAVENNE.

Les exarques ecclésiastiques étaient des délégués du patriarche de Constantinople ou du St-Synode, chargés de visiter les diocèses, et de surveiller la discipline et les mœurs du clergé : aujourd'hui même on donne en Orient le titre d’exarques à des évêques chargés de fonctions semblables à celles des légats de la cour de Rome.

EXCELLENCE, titre d'honneur. V. le Dict. univ. des Sciences, des Lettres et des Arts.

EXCIDEUIL, ch.-l. de cant. (Dordogne), sur l'Isle, à 37 kil. N. E. de Périgueux : 1632 hab. Belle fontaine, due au maréchal Bugeaud. Vins et truffes. — En 1615, cette petite ville fût érigée en marquisat pour Daniel de Talleyrand, prince de Châlais.

EXELMANS (Isidore, comte), l'un de nos plus brillants généraux de cavalerie, né à Bar-le-Duc en 1775, s'enrôla dès 1791, à peine âgé de 16 ans, devint en 1801 aide de camp de Murat, fut nommé colonel en 1805, après le combat de Wertingen, où il avait eu trois chevaux tués sous lui; général de brigade en 1807, après la bataille d'EyIau, à laquelle il eut une part glorieuse; passa en Espagne en 1808, fut pris eu pleine paix par les guérillas espagnols et conduit en Angleterre, mais parvint à s'échapper en se jetant dans une barque avec laquelle il traversa la Manche (1811); fit l'expédition de Russie, et fut nommé général de division en 1812, après la bataille de la Moscowa. Pendant les Cent-Jours, quelques jours avant la bataille de Waterloo, il surprit une division prussienne qui déjà marchait sur la capitale, et la détruisit entièrement. Exilé au retour des Bourbons, il ne put rentrer en France qu'en 1823. Il prit part en 1830 aux journées de Juillet, et seconda le général Pajol dans sa marche sur Rambouillet. Nommé pair de France, sous Louis-Philippe, il devint en 1849 grand chancelier de la Légion d'honneur, et en 1851 maréchal de France. Il périt en 1852, d'une chute de cheval. M. J. Nollet a écrit sa Vie.

EXETER, Isca, v. d'Angleterre, cité-comté, et ch.-l. du comté de Devon, sur l'Ex, à 258 k. O. S. O. de Londres; 33 000 hab. Évêché, fondé en 1050. Port pour les bâtiments de 150 tonneaux; beau quartier de Southernbay; cathédrale de construction anglo-normande, dont l'origine remonte à 932. Fabriques de toile; grand commerce de laine. Isca était le ch.-l. des Dumnonii; deux fois les Danois la détruisirent. Les Cécils sont marquis d'Exeter

EXETER, v. et port des États-Unis (New-Hampshire), à 17 kil. S. O. de Portsmouth; 5000 hab. École classique (Philip's academy). Fonderie de canons, chantiers de construction.

EXHAM, v. d'Angleterre. Voy. HEXHAM.

EXILI, empoisonneur. Voy. BRINVILLIERS.

EXILLES, vge d'Italie (Piémont), à 65 kil. O. de Turin et à 10 k. O. de Suse, dans un défilé, près de la Dora Riparia; 1500 h. Fort qui commande la vallée de Houlx, démantelé en 1796, rétabli en 1825. Le chev. de Belle-Isle y fut défait et tué en 1746.

EXMES, Oximum, ch.-l. de cant. (Orne), sur la Dives, à 18 kil. E. d’Argentan; 500 hab. Fondé par les Romains ; pris au moyen âge par les Anglais à qui il fut repris par Dunois.

EXMOUTH, v. d’Angleterre (Devon), à 13 k. S. E. d'Exeter, et à l'emb. de l'Exe dans la Manche; 3000 h. Bains de mer. Patrie de Walter Raleigh.

EXMOUTH (Édouard PELLEW, lord), amiral anglais, né à Douvres en 1737, m. en 1833, se distingua ans plusieurs combats contre la marine française en Amérique et dans les Indes, devint contre-amiral en 1804, vice-amiral en 1808. fut chargé en 1815 du commandement de la flotte britannique dans la Méditerranée, châtia l'insolence des Algériens en bombardant Alger et força le dey à lui remettre 1200 esclaves. Il consacra le reste de sa carrière à l'instruction des marins.

EXODE, c.-à-d. sortie, un des livres de la Bible, contient l'histoire des Hébreux depuis ta sortie d’Égypte jusqu'à la dédicace du tabernacle dans le désert.

EXPILLY (l'abbé Jean Joseph), né à St-Rémy [Provence), en 1719, m. en 1793, fut successivement secrétaire d'ambassade du roi de Sicile, examinateur et auditeur général de l’évêché de Sagona en Corse, chanoine de Tarascon. Il parcourut une partie de l'Europe en recueillant de précieuses observations sur les pays qu'il visitait, et laissa des ouvrages qui sont encore estimés pour l'exactitude des détails sur le climat, les mœurs, la population et les rapports politiques des diverses contrées : Cosmographie (en 5 parties), 1749; Géographe manuel, 1757. souvent réimprimé; Description historique et géographique de l’Angleterre, de l’Écosse et de l’Irlande, 1759; De la population de la France, 1765, écrit d'économie politique, supérieur à tous les ouvrages de ce genre qui avaient paru jusque-là; Dictionnaire géographique des Gaules et de la France, 1762-70, 6 vol. in-fol. : ce dernier ouvrage est très estimé. quoiqu'il ne soit pas terminé (il va jusqu'à la lettre S).

EXSUPERANTIUS (Julius), historien latin qu'on croit être du Ve siècle, passe pour être l'auteur d'un livre intitulé : De Marii, Lepidi ac Sertorii bellis civilibus, qui se trouve souvent à la suite de Salluste (notamment dans les éd. d'Havercamp, 1742, et de Gerlach, 1823), et qu'on suppose tiré des histoires de cet écrivain.

EXTRAVAGANTES. On appelle ainsi les constitutions des papes postérieures aux Clémentines (bulles de Clément V), et dont la plupart ont été publiées par Jean XXII. On leur donna ce nom, parce qu'elles furent longtemps dispersées et en dehors des recueils du droit canon (extra vagantes). V. DÉCRÉTALES.

EXUMA ou GRANDE EXUMA, une des îles Lucayes, par 78° 20' long. O., 23° 30' lat. N. : 40 kil. sur 4; 1500 hab. Au S. est une île plus petite qu'on appelle la Petite-Exuma. On y cultive le coton. — On donne le nom de Cayes-d’Exuma à la chaîne d'îlots qui s'étend au N. O. de l'île jusqu'à 24° 38' lat. N.; et celui de Canal d’Exuma au détroit qui sépare l'île de San-Salvador de celles d'Exuma et de Stocking.

EXUPÈRE (S.), évêque de Toulouse à la fin du Ve s., mort vers 410, contemporain et ami de S. Jérôme, acheva la basilique commencée par S. Saturnin, changea le temple de Minerve en une église dédiée à la Ste Vierge (auj. la Dorade), et vendit tous les biens, ainsi que les vases sacrés de son église, pour soulager le peuple, ruiné par les invasions des barbares. On le fête le 28 sept, et le 14 juin.

EYALET, du grec aigialos, littoral, est, dans la division de l'empire ottoman, synonyme du pachalik, mais n'est guère dit que des trois pachaliks primitifs, la Roumélie, l’Anatolie, et l’Al-Djezair ou gouvt du capitan pacha. L'eyalet est gouverné par un pacha et se divise en livalis ou sandjakats.

EYBAR, v. d'Espagne (Guypuzcoa), à 35 kil. O. S. O. de St-Sébastien; 2000 hab. Forges pour la construction des navires; manufactures d'armes.

EYCK (VAN), peintre. V. VAN EYCK.

EYCKENS (Pierre), dit le Vieux, peintre d'histoire, né vers 1599 à Anvers, mort vers 1649. Ses tableaux les plus remarquables sont : La dispute de Ste Catherine contre les docteurs païens ; la Cène, S. Jean prêchant dans le désert.

EYDER, Ægidora, ou Egidora, rivière qui naît dans le duché de Holstein, et se jette dans la mer du Nord.

EYGUIÈRES, ch.-l. de c. (Bouches-du-Rhône), à 33 kil. E. d' Arles; 2581 hab. Oliviers, mûriers.

EYGURANDE, ch.-l. de C. (Corrèze), à 24 kil. N. E. d'Ussel; 215 hab.

EYLAU, Preussich-Eylau, ville des États prussiens (Prusse orient.), à 44 kil. S. E. de Kœnigsberg ; 2700 hab. Il s'y livra les 7 et 8 février 1807 une bataille sanglante et acharnée où Napoléon défit les Russes et les Prussiens. On appelle Deutsch-Eylau, une autre ville de Prusse, à 50 kil. S. de Marienwerder.

EYMET, ch.-l. de c. (Dordogne), sur le Dropt, à 24 kil. S. O. de Bergerac; 1500 hab. Jadis fortifié.

EYMOUTIERS, ch.-l. de c. (Hte-Vienne), à 40 k. E. S. E. Limoges, sur la Vienne; 1600 h. Jadis fortifié. Collège. Filatures de soie, fabriques de cire.

EYNARD (J. Gabriel), philhellène genevois 1775-1863. Après s'être enrichi dans la banque, il organisa, et souvent fit à ses frais, les envois de vivres et d'argent à la Grèce soulevée contre les Turcs (1825-l829); il ne cessa depuis d'aider les Grecs de ses libéralités ou de son influence.

EYRAGUES, (bourg des Bouches-du-Rhône), arr. d'Arles, à 4 kil. S. de Château-Renard, 2272 hab Hôtel de ville ; remparts construits en 1560. Vin blanc.

EYRIÈS (J. B.), géographe, né à Marseille en 1767, m. en 1846 ; fut l'un des fondateurs de la Société de géographie, a rendu service à la science an traduisant de l'anglais, de l'allemand, du suédois et du russe, plusieurs bons ouvrages. Il a publié d'utiles compilations, l’Abrégé de Géographie moderne, avec Pinkerton et Walcknaer, et l’Abrégé des Voyages modernes depuis 1780, 14 vol. in-8, 1822-1824, qui fait suite à l’Hist. générale des voyages de Laharpe.

EYSSE, Excisum, vge du dép. de Lot-et-Garonne, dépendant de Villeneuve d'Agen; 1600 hab. Anc. abbaye de Bénédictins, auj. maison de détention.

ÉZÉCHIAS, roi de Juda, 723-694 av. J.-C., fils et successeur d'Achaz, rétablit le culte du vrai Dieu, battit les Philistins, et tenta de délivrer la Judée du tribut qu'elle payait aux Assyriens. Leur roi Senna-chérib allait s'emparer de Jérusalem, lorsqu'un ange exterminateur fit périr 185 000 hommes de son armée. Ézéchias, attaqué d'un ulcère, était sur le point de mourir, lorsque Dieu, touché de ses prières, lui accorda encore 15 ans de vie. Ézéchias, après sa guérison, composa un célèbre cantique d'actions de grâces qu'Isaïe nous a conservé (ch. XXXVIII), et que J. B. Rousseau a mis en vers français. C'est sous le règne d'Ézéchias que prophétisa Isaïe.

ÉZÉCHIEL, (c.-à-d. que Dieu fortifie), un des quatre grands prophètes des Juifs, appartenait par sa naissance à la race sacerdotale. Il fut emmené en captivité à Babylone avec Jéchonias, roi de Juda, vers 599 av. J.-C., et relégué sur les bords du fleuve Chaboras en Mésopotamie. Il prédit, sous des formes allégoriques, la fin dé la captivité, le retour des Juifs à Jérusalem, le rétablissement du temple, le règne du Messie et la vocation des Gentils ainsi que la mort de Sédécias; et toutes ses prédictions furent accomplies. Le recueil de ses prophéties étincelle de beautés ; les images en sont vives et variées, les descriptions frappantes, le style énergique ; mais elles sont quelquefois obscures. Ézéchiel prophétisa depuis la 5e année de la captivité de Joachim jusqu'à la 27e. On ne sait rien sur la fin de sa vie.

AZRAËL, l'ange de la mort suivant les Mahométans, est chargé de conduire les âmes des morts devant le souverain juge.



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